Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

En relisant le Journal de Jules Renard (quatre)

3 mars 2015


Quatrième livraison de mon meilleur du Journal de Jules Renard (Bouquins Laffont) relu l’été deux mille quatorze :
Jamais je ne demande de nouvelles des absents : je les suppose morts. (quatorze janvier mil neuf cent deux)
L’oiseau en cage ne sait pas qu’il ne sait pas voler. (quinze avril mil neuf cent deux)
Style. Quand « améthyste » arrive, « topaze » n’est pas loin derrière. (quinze avril mil neuf cent deux)
Aux innocents les mains pleines de sang. (dix-sept octobre mil neuf cent deux)
Il ne parle pas, mais on sait qu’il pense des bêtises. (dix-neuf janvier mil neuf cent trois)
Les jeunes filles n’ont pas le droit de tout lire, mais elles peuvent passer leur après-midi, au Jardin d’acclimatation, à regarder les singes. (vingt-six janvier mil neuf cent trois)
Beauté de la littérature. Je perds une vache. J’écris sa mort, et ça me rapporte de quoi acheter une autre vache. (vingt-six septembre mil neuf cent trois)
Je me suis arrangé avec le facteur : il me garantit une lettre par jour. (dix octobre mil neuf cent trois)
Quel admirable animal que le cochon ! Il ne lui manque que de savoir faire lui-même son boudin. (deux mars mil neuf cent quatre)
Jarry et sa carabine. Les balles tombent de l’autre côté du mur.
-Vous allez tuer mes enfants !
-Nous vous en ferons d’autres, madame. (dix-huit avril mil neuf cent quatre)
Qu’importe que le paysan ne paie plus d’impôts, s’il reste imbécile. (trente août mil neuf cent quatre)
Charité hypocrite qui donne dix sous pour avoir vingt francs de gratitude. (six mai mil neuf cent cinq)
Je ne me lie avec personne à cause de la certitude que j’ai que je devrai me brouiller avec tout le monde. (en juillet mil neuf cent cinq)
(À suivre, une dernière fois)
                                                             *
Un aspect franchement antipathique de la personnalité de Jules Renard : sa misogynie épaisse. Exemple :
Que de femmes ! Dire qu’elles pensent, que leur bonne répond : « Madame travaille » ! Elles sont presque toutes laides, et ne doivent pas sentir bon ! (trente et un mars mil neuf cent un)
                                                             *
Par ailleurs troublé par les toutes jeunes filles, comme une grande majorité des écrivains de ma connaissance :
Une veste rouge sur un gilet breton. Des yeux qui se baissent et se relèvent à chaque instant. Si peu petite fille que tout à coup on s’aperçoit qu’on lui parle comme à une femme. Une bouche rouge de femme, et bonne à cueillir, et un sourire d’enfant. Des cheveux frais. Une innocence qui ne peut pas durer. Des gestes qui gêneraient, et que l’amour règlera. (six janvier mil huit cent quatre-vingt-dix-huit)