Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Nous autres de Zamiatine au Théâtre des Deux Rives

18 mai 2015


Dix-huit heures ce samedi, entouré d’autres d’âges divers, je suis à ma place préférée au Théâtre des Deux Rives après avoir déboursé la modique somme de cinq euros. Au fond de la salle est installé un impressionnant matériel technique. C’est pour Nous autres d’après le roman d’Ievgueni Zamiatine que j’ai lu il y a bien longtemps dans la traduction publiée chez Gallimard, collection L’Imaginaire.
Ici, la traduction est d’Hélène Henry-Safier et l’adaptation et la mise en scène sont d’Ilya Shagalov, venu de Russie pour ce faire, un jeune homme, comme je le découvre quand il se présente devant la scène, né en mil neuf cent quatre-vingt-six à Krasnovar. Il est doublé en français par une jeune traductrice et tient surtout à préciser que ce que l’on va voir n’est que le résultat d’un laboratoire théâtral de douze jours.
Les comédien(ne)s sont sept, trois professionnel(le)s : Catherine Dewitt, Lisa Peyron et Pierre Delmotte, quatre apprenti(e)s du Conservatoire : Clémentine Marin, Harold Batola, Romain Collard et Victor Oligne. Ils nous narrent le monde parfait dans lequel ils doivent vivre, où avoir une âme est une maladie comme le constatera D-503 (joué par Pierre Delmotte) après avoir été débauché par I-330, jeune femme sensuelle, buveuse et fumeuse (jouée par Lisa Peyron, à qui ça va bien), celle-ci étant toujours en relation avec l’ancien monde par le biais de sa grand-mère, l’habitante de la vieille maison (Catherine Dewitt, pas très à l’aise).
L’image enregistrée ou filmée et travaillée en direct est souvent mise à contribution avec efficacité. Shagalov n’est pas seulement metteur en scène, il est aussi « designer de vidéo et vidéo jockey ».
Nous autres est la première dystopie. Ecrite en mil neuf cent vingt, elle préfigure ce que deviendra l’Union Soviétique et vaudra l’exil à son auteur. Le texte en est ici modernisé avec référence aux réseaux dits sociaux d’Internet. Je ne sais comment Ilya Shagalov qui ne connaît pas le français, s’y est pris pour se faire comprendre. J’aurais bien aimé être là pour voir ça.
C’est une belle réussite qui vaut son lot d’applaudissements aux comédien(ne)s, aux techniciens et au jeune Russe talentueux.
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« L’oracle Zamiatine scrutant les brumes de l’Histoire de demain pousse un hurlement solitaire. Lui-même, en nos temps de surdité, condamné au silence et à l’exil, étouffé par l’angoisse, mourra à Paris en 1937 à l’âge de 53 ans. » (Yvon Hecht, cité dans le texte de présentation)
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Le matin de ce samedi, encore des vide greniers : Saint-Pierre-du-Vauvray (Eure) et Oissel Les Landaus (Seine-Maritime), encore une fois : que dalle.