Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Quand Caroline est effacée au profit de Gustave

17 janvier 2023


Discrimination sexiste, voilà de quoi on pourrait accuser l’éditeur rennais La Part Commune pour le livre dont la couverture porte comme auteur Gustave Flaubert et pour titre Lettres à sa sœur, alors qu’il contient également les lettres de Caroline à son frère et que celles-ci valent bien celles-là. Pour la réédition, il serait bon d’inscrire sur la couverture : Caroline et Gustave Flaubert Correspondance.
Quelques échantillons notés lors de ma lecture :
Mais enfin tu n’es pas à Rouen et c’est tout ce qui suffit pour être heureux. Caroline à Gustave, Rouen, dimanche onze avril mil huit cent quarante et un
Car après-demain il y a tournois, joutes, carrousels, courses, feux d’artifices, etc. et nous ne voulons rien perdre. Que je nous trouve tous bêtes, mon pauvre vieux ! et que j’abandonnerais tout cela pour un quart d’heure de baisoteries comme nous en avons passé deux un certain jour dans le grand fauteuil. Maman a eu la migraine hier, elle est déjà couchée et moi, cher Gus, je vais bientôt aller reposer ma grosse mine coiffée de mon bonnet d’enfant sur ton traversin. Je rêverai de toi, bien sûr. Caroline à Gustave, Rouen, trois mai mil huit cent quarante-trois
Il est impossible d’entrer n’importe où sans qu’on entende des gens qui disent : « Ah ! je m’en vais à Rouen, je viens de Rouen, irez-vous à Rouen ? » Jamais la capitale de la Neustrie n’avait fait autant de bruit à Lutèce. On en est tanné. Gustave à Caroline, Paris, douze mai mil huit cent quarante-trois (on vient d’inaugurer la ligne de chemin de fer)
Si tu savais, vieux rat, combien je pense à cette bienheureuse fin du mois et à la manière dont je me précipiterai hors l’Ecole de Droit quand je serai reçu ! – Quelles bêtises je dirai et ferai dans la voiture avec toi ! quelles grimaces et quelles bouffonneries ! je te promets un rire comme tu n’en as jamais entendu. Gustave à Caroline, Paris, dimanche matin neuf juillet mil huit cent quarante-trois
                                                                     *
Pauvre Caroline, le mariage lui sera vite obligatoire et suivi de l’enfantement qui la tuera.
 


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