Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Une nouvelle vie pour Elvira et sa fille Victoria

18 juillet 2018


Ce seize juillet, et non pas le six au plus tard comme l’avait annoncé le Président du Tribunal Administratif de Rouen lorsque, avec beaucoup d’autres, j’étais allé soutenir Elvira, cette jeune femme russe que son mari, retourné depuis dans son pays, battait et avait continué à battre lorsqu’elle était enceinte, arrive enfin la bonne nouvelle : l’Obligation de Quitter le Territoire Français est annulée et la Préfecture se voit enjoindre de lui délivrer une carte Vie Privée et Familiale. C’est le début d’une nouvelle vie pour Elvira et sa fille Victoria.
Juste avant d’apprendre cet heureux dénouement, j’étais au jardin et lisais dans les Dodascalies de Doda Conrad (Actes Sud) une anecdote qui n’est pas sans rapport avec ce qui précède. Dans ce livre, sous-titré Ma chronique du XXe siècle, Doda Conrad raconte sa carrière de chanteur lyrique, évoquant ses nombreuses rencontres avec des artistes renommés. Il est ainsi question, page cent quatre-vingt-dix, d’un compositeur bien connu.
Doda Conrad, qui souvent parle de lui à la troisième personne du singulier, est en voiture du côté de Los Angeles avec Arnold Schönberg qui a modifié l’orthographe de son patronyme en Schoenberg depuis qu’il vit aux Etats-Unis. La femme de celui-ci, enceinte, est au volant. Leur fille de cinq ans, Nuria, est également présente. Ils cherchent une maternité et n’en trouve pas le chemin :
Gertrude tourna à droite, puisqu’à gauche c’était interdit. Nous voilà revenus au même point. A nouveau : descente de la colline. On tourna à droite.
-A gauche ! hurla Schoenberg.
-Je t’ai dit que c’était interdit.
Schoenberg la gifla :
-Ça t’apprendra à être insolente !
Elle éclata en sanglots. Nuria pleurait.
-Du freches luder ! crie Schoenberg, et il regifla sa femme enceinte.
Mme Schoenberg hoqueta :
-C’est comme ça que les gens vont parler de toi !
Tout le monde criait, les freins aussi ! La voiture s’était enfin arrêtée. Doda, olympien :
-Je descends. Je n’admets pas et ne supporte pas qu’un homme gifle une femme devant moi, même s’il s’appelle Arnold Schoenberg !
Je n’ai jamais revu ces gens-là.