Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Wilde avant Berneval

9 janvier 2021


Voyageur, puis marié, tel est le jeune Oscar Wilde, celui d’avant la rencontre avec Bosie, d’avant la prison, d’avant l’exil à Berneval. Quelques prélèvements dans ses missives d’avant les ennuis, tirées de Lettres d’Oscar Wilde, cinq cent quarante-neuf pages publiées chez Gallimard :
Après leur mariage, les femmes italiennes dégénèrent atrocement, mais les jeunes gens et les jeunes filles sont magnifiques. Milan le jeudi vingt-quatre juin mil huit cent soixante-quinze à Lady Wilde
Jusqu’à présent je n’ai pris qu’un saumon, mais j’ai pêché des tas de truites de mer, ce qui est fameusement amusant. Je n’ai point passé un jour creux. Les grouses sont rares, mais j’ai abattu quantité de lièvres, aussi me suis-je prodigieusement diverti. Illaunroe Lodge (Connemara) le vingt-huit août mil huit cent soixante-seize à William Ward
J’ai une énorme malle et un valet, mais il ne faut pas qu’ils vous dérangent. Je peux les envoyer à l’hôtel. Comme on s’encombre en voyage ! Il n’est pas dans la bonne harmonie des choses que je possède un carton à chapeaux, un secrétaire, une trousse de toilette, une malle, une valise et un valet qui me suivent toujours. Augusta (Georgie)  le six juillet mil huit cent quatre-vingt-deux à Julia Ward Howe
Elle s’appelle Constance et elle est très jeune, très grave et mystique ; elle a des yeux merveilleux et des nattes châtain foncé ; absolument parfaite… Royal Victoria Hotel, Sheffield, le vingt-sept janvier mil huit cent quatre-vingt-quatre à Waldo Story
… je vais me marier avec une ravissante jeune fille nommée Constance Lloyd, une petite Artémis aux yeux violets, fine et grave, avec de lourdes tresses de cheveux châtains qui font que sa tête se penche telle une fleur, et de merveilleuses mains d’ivoire qui font naître au piano des sons musicaux si doux que, pour l’écouter, les oiseaux cessent de chanter. Royal Victoria Hotel, Sheffield, le vingt-deux janvier mil huit cent quatre-vingt-quatre à Lily Langtry (le voyage de noce s’effectuera à Paris et à Dieppe)
Il faut être commissaire-priseur pour admirer toutes les écoles d’art. Début février mil huit cent quatre-vingt-quatre au directeur de la Pall Mall Gazette
Je regrette que vos avertissements soient aussi perturbants et contiennent d’aussi terribles menaces. Une amende de cinquante livres sterling produit sur moi le même effet qu’un vestige des tortures médiévales. Votre obéissant serviteur. Avril mil huit cent quatre-vingt-neuf à un inspecteur des contributions
A Londres nous n’avons que des vendeurs de journaux en haillons, dont la voix, malgré les efforts admirables du Collège Royal de Musique pour faire de l’Angleterre une nation réellement musicienne, est toujours fausse et dont les hardes, mal coupées et mal portées, ne donnent qu’une pénible note de misère disgracieuse, sans apporter cette impression de pittoresque, la seule chose qui rende supportable le spectacle de la pauvreté d’autrui. Paris début décembre mil huit cent quatre-vingt-onze au directeur du Speaker