Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
20 mars 2022
Sept heures vingt-quatre, un horaire de train qui m’est familier. Ce samedi, celui-ci quitte la massive et symétrique Gare de La Rochelle en direction de Bordeaux Saint-Jean. Il longe la mer jusqu’à Châtelaillon, traverse Rochefort et j’en descends à Saintes.
Je marche d’abord jusqu’à l’Abbaye aux Dames, trouve en face d’icelle une petite boulangerie sympathique, descends vers la Charente, la longe de l’Arc de Germanicus à la statue de Bernard de Palissy puis traverse cette paisible rivière. Une jeune femme me signale un café, le Burger Palace. Il n’est pas encore neuf heures, le patron sort ses tables mais j’y suis bien accueilli et bientôt il me sert un allongé à un euro cinquante.
Requinqué, je poursuis ma visite des monuments de la ville. Elle consiste à m’en approcher sans désirer y entrer. D’ailleurs, hormis les lieux de culte, ils sont fermés. De l’église Saint-Eutrope, chef-d’œuvre de l’architecture romane, je ne m’approche même pas, isolée qu’elle est sur une butte lointaine. Je la considère de la terrasse de l’ancien hôpital qui offre également une belle vue sur les toits de tuiles roses et l’ébouriffant clocher de la Cathédrale Saint-Pierre.
Au pied de cette Cathédrale s’étale un marché où certains distribuent des tracts pour Macron que personne ne veut prendre. Une passerelle me permet de repasser sur l’autre rive. Là, place Bassompierre, est un Marché aux Livres hebdomadaire composé de six bouquinistes dont l’un n’a pas encore déballé. Ceux qui ne vendent pas de la daube pratiquent des prix rédhibitoires.
Revenu côté Cathédrale, je m’installe à une table au soleil sur une terrasse dominant la Charente. Des gens du marché tiennent là un café temporaire. La serveuse porte un ticheurte jaune « Le plus beau des marchés de France est à Saintes ». Avec le Cul Air Code qu’elle a dans le dos, on peut voter afin que ce marché Saint-Pierre gagne la compétition cette année. Mon café bu (un euro quarante), je reste longtemps à lire Choses vues en ce dernier jour de l’hiver.
Dans les rues piétonnières je déniche le restaurant qu’il me faut. Il a nom Le Procopio et propose un menu à quinze euros quatre-vingt-dix, quart de vin inclus. J’y réserve une table puis me balade encore un peu, croisant un groupe d’adeptes de la poésie en pleine déclamation. C’est le Printemps des Poètes. Une femme tente de m’arrêter pour que j’écoute. Je préfère aller voir le Palais de Justice.
A midi, je découvre que Le Procopio dispose d’une seconde terrasse dans la cour d’un beau bâtiment en face. Voilà qui me ravit. J’y choisis une table isolée. J’opte pour le flan d’aubergine à l’italienne et la paella de la mer. Un peu plus loin est un jeune prof qui offre un repas en amoureux à sa copine. Pour son malheur arrivent à la table voisine l’un de ses collègues et sa femme.
Après mon dessert, un entremets fraise basilic, je rejoins le Burger Palace pour le café. Des commerçantes y mangent, qui se plaignent de ne voir personne. « Remarque, dit l’une, c’est la fin du mois ». « La fin du mois ? lui répond l’autre, on est le dix-neuf ». Je lis Hugo jusqu’à ce qu’il soit l’heure de retourner à la Gare.
Quand j’y suis, j’apprends que le train pour La Rochelle Ville aura trente-cinq minutes de retard en raison d’une intervention des forces de l’ordre à la Gare de Jonzac.
*
Outre Bernard de Palissy qui y a œuvré, Saintes a pour connu (il y est né) le docteur Guillotin.
*
Sur un panneau d’affichage de la Gare de La Rochelle, je vois le nom de La Crèche, un village près de Niort.
Souvenir de la prune que j’y pris pour l’avoir traversé avec ma petite Cent Six blanche à cent six kilomètres heure, au lieu de soixante-dix. « Heureusement que tu n’as pas une Deux Cent Cinq », m’avait dit mon beauf.
Une photo où je suis bien visible avec celle qui m’accompagnait, témoigne de l’évènement. Envoyée à ma demande par la Police.
Je marche d’abord jusqu’à l’Abbaye aux Dames, trouve en face d’icelle une petite boulangerie sympathique, descends vers la Charente, la longe de l’Arc de Germanicus à la statue de Bernard de Palissy puis traverse cette paisible rivière. Une jeune femme me signale un café, le Burger Palace. Il n’est pas encore neuf heures, le patron sort ses tables mais j’y suis bien accueilli et bientôt il me sert un allongé à un euro cinquante.
Requinqué, je poursuis ma visite des monuments de la ville. Elle consiste à m’en approcher sans désirer y entrer. D’ailleurs, hormis les lieux de culte, ils sont fermés. De l’église Saint-Eutrope, chef-d’œuvre de l’architecture romane, je ne m’approche même pas, isolée qu’elle est sur une butte lointaine. Je la considère de la terrasse de l’ancien hôpital qui offre également une belle vue sur les toits de tuiles roses et l’ébouriffant clocher de la Cathédrale Saint-Pierre.
Au pied de cette Cathédrale s’étale un marché où certains distribuent des tracts pour Macron que personne ne veut prendre. Une passerelle me permet de repasser sur l’autre rive. Là, place Bassompierre, est un Marché aux Livres hebdomadaire composé de six bouquinistes dont l’un n’a pas encore déballé. Ceux qui ne vendent pas de la daube pratiquent des prix rédhibitoires.
Revenu côté Cathédrale, je m’installe à une table au soleil sur une terrasse dominant la Charente. Des gens du marché tiennent là un café temporaire. La serveuse porte un ticheurte jaune « Le plus beau des marchés de France est à Saintes ». Avec le Cul Air Code qu’elle a dans le dos, on peut voter afin que ce marché Saint-Pierre gagne la compétition cette année. Mon café bu (un euro quarante), je reste longtemps à lire Choses vues en ce dernier jour de l’hiver.
Dans les rues piétonnières je déniche le restaurant qu’il me faut. Il a nom Le Procopio et propose un menu à quinze euros quatre-vingt-dix, quart de vin inclus. J’y réserve une table puis me balade encore un peu, croisant un groupe d’adeptes de la poésie en pleine déclamation. C’est le Printemps des Poètes. Une femme tente de m’arrêter pour que j’écoute. Je préfère aller voir le Palais de Justice.
A midi, je découvre que Le Procopio dispose d’une seconde terrasse dans la cour d’un beau bâtiment en face. Voilà qui me ravit. J’y choisis une table isolée. J’opte pour le flan d’aubergine à l’italienne et la paella de la mer. Un peu plus loin est un jeune prof qui offre un repas en amoureux à sa copine. Pour son malheur arrivent à la table voisine l’un de ses collègues et sa femme.
Après mon dessert, un entremets fraise basilic, je rejoins le Burger Palace pour le café. Des commerçantes y mangent, qui se plaignent de ne voir personne. « Remarque, dit l’une, c’est la fin du mois ». « La fin du mois ? lui répond l’autre, on est le dix-neuf ». Je lis Hugo jusqu’à ce qu’il soit l’heure de retourner à la Gare.
Quand j’y suis, j’apprends que le train pour La Rochelle Ville aura trente-cinq minutes de retard en raison d’une intervention des forces de l’ordre à la Gare de Jonzac.
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Outre Bernard de Palissy qui y a œuvré, Saintes a pour connu (il y est né) le docteur Guillotin.
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Sur un panneau d’affichage de la Gare de La Rochelle, je vois le nom de La Crèche, un village près de Niort.
Souvenir de la prune que j’y pris pour l’avoir traversé avec ma petite Cent Six blanche à cent six kilomètres heure, au lieu de soixante-dix. « Heureusement que tu n’as pas une Deux Cent Cinq », m’avait dit mon beauf.
Une photo où je suis bien visible avec celle qui m’accompagnait, témoigne de l’évènement. Envoyée à ma demande par la Police.
19 mars 2022
Ce vendredi matin, je choisis la briocherie Sicart, au Gabut, quai de la Georgette, pour un « petit-déjeuner détente » à quatre euros vingt (deux viennoiseries, un grand café, un jus d’orange) puis je me mets en marche.
Aquarium, Musée Maritime, Université, et me voici au bout de trois kilomètres à la pointe des Minimes où se trouve les pieds dans l’océan la réplique du Phare du Bout du Monde de Patagonie.
Ce dernier était détruit mais ses vestiges ont été retrouvés par André Bronner, dit Yul Vernes, un aventurier rochelais qui a décidé de le faire reconstruire à l’identique en mil neuf cent quatre-vingt-quatorze puis d'en ériger, en mer et sur pilotis, une copie à La Rochelle face à la pointe des Minimes. Cette dernière a été inaugurée le premier janvier deux mille. Ce phare en bois de forme octogonale projette à vingt-sept kilomètres la lumière produite par sept lampes fonctionnant à l'huile de colza, mais à cette heure il est éteint, contrairement aux deux phares érigés dans la ville de La Rochelle qui eux fonctionnent vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Que peut-on faire quand on est arrivé là ? Les trois kilomètres dans l’autre sens jusqu’à L’Amiral Café où je récupère à l’abri d’un vent froid qui souffle de plus en plus fort.
A midi, le temps ne me permet pas de déjeuner dehors. Je choisis de me sustenter chez Cuisine Yuri, un restaurant japonais du quai de Marans, dont le menu à volonté est à douze euros quatre-vingts.
Puis je poursuis ma lecture de Choses vues sous un pâle soleil au Bistro du Gabut où je fais maintenant figure d’habitué. Lire, c’est voyager ; voyager, c’est lire. écrit Victor Hugo.
*
Je ne sais qui était cette Georgette du quai du Gabut, un bateau sans doute. Ce prénom ne m’est pas indifférent. C’était celui de ma mère, celui d’usage, car le vrai, jamais employé, était Jeanne.
Son père, mort bien avant ma naissance, voulait un garçon, qu’il aurait prénommé Georges, d’où ce Georgette dont il gratifia sa fille Jeanne.
Aquarium, Musée Maritime, Université, et me voici au bout de trois kilomètres à la pointe des Minimes où se trouve les pieds dans l’océan la réplique du Phare du Bout du Monde de Patagonie.
Ce dernier était détruit mais ses vestiges ont été retrouvés par André Bronner, dit Yul Vernes, un aventurier rochelais qui a décidé de le faire reconstruire à l’identique en mil neuf cent quatre-vingt-quatorze puis d'en ériger, en mer et sur pilotis, une copie à La Rochelle face à la pointe des Minimes. Cette dernière a été inaugurée le premier janvier deux mille. Ce phare en bois de forme octogonale projette à vingt-sept kilomètres la lumière produite par sept lampes fonctionnant à l'huile de colza, mais à cette heure il est éteint, contrairement aux deux phares érigés dans la ville de La Rochelle qui eux fonctionnent vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Que peut-on faire quand on est arrivé là ? Les trois kilomètres dans l’autre sens jusqu’à L’Amiral Café où je récupère à l’abri d’un vent froid qui souffle de plus en plus fort.
A midi, le temps ne me permet pas de déjeuner dehors. Je choisis de me sustenter chez Cuisine Yuri, un restaurant japonais du quai de Marans, dont le menu à volonté est à douze euros quatre-vingts.
Puis je poursuis ma lecture de Choses vues sous un pâle soleil au Bistro du Gabut où je fais maintenant figure d’habitué. Lire, c’est voyager ; voyager, c’est lire. écrit Victor Hugo.
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Je ne sais qui était cette Georgette du quai du Gabut, un bateau sans doute. Ce prénom ne m’est pas indifférent. C’était celui de ma mère, celui d’usage, car le vrai, jamais employé, était Jeanne.
Son père, mort bien avant ma naissance, voulait un garçon, qu’il aurait prénommé Georges, d’où ce Georgette dont il gratifia sa fille Jeanne.
18 mars 2022
Ce jeudi c’est au Pazza Notté, quai Duperré, face aux deux tours d’entrée du Vieux Port parfois cachées par les camions du chantier de voirie voisin que je bois mon allongé du matin. Il est au même prix qu’à la Grand’ Rive, deux euros dix.
Cela fait, je me dirige vers cette entrée de port, passe près de la tour de la Chaîne, grimpe les marches pour atteindre la rue Sur Les Murs qui mène à la troisième tour, nommée de la Lanterne et dite des Quatre Sergents, poursuis le long de la mer par la porte des Deux Moulins et arrive à la plage de la Concurrence. En face c’est le port de plaisance des Minimes. Au loin dans la brume un cargo fait son chemin. Je continue par les allées du Mail puis par l’allée Aimé Césaire jusqu’à ce que je me heurte à des maisons cossues sous surveillance électronique. Ces riches qui ont privatisé le bord de mer me dissuadent d’aller plus loin.
Je fais demi-tour et reviens tranquillement vers mon point de départ, découvrant au passage près de la tour de la Chaîne une courte promenade qui porte le nom de « Balade Jean-Louis Foulquier ».
Le Vieux Port contourné pour revenir au Gabut, je bois un café à L’Amiral Café alors que souffle un vent trop frais. Dans le bassin, suite à une petite pluie hier au soir, certains grands yachts sont à nouveau couverts de sable orangé venu du Sahara. J’ai un peu froid pendant ma lecture de Choses vues.
C’est pire à midi. Bien qu’abrité du vent, je me pèle lorsque je déjeune quai Duperré à la terrasse du Cham, une gargote à touristes dont la formule plat dessert est à seize euros quatre-vingt-dix. Une jeune serveuse gentillette m’apporte sa cuisse de canard et le patron se charge du tiramisu tout en discutant avec un buveur de bière. « Je suis journaliste parallèlement », lui dit-il. Ce restaurateur fait des intervious aux avant-premières de cinéma et aux Francofolies pour une télé du ouaibe. Il a déjà été en soirée avec Orelsan et il a déjà discuté avec Angèle, les deux têtes d’affiche de cette année. Il est catégorique, pour elle, ça ne va pas durer.
Frigorifié, je rentre à mon studio provisoire où la télé m’informe des dernières atrocités commises par cette ordure de Poutine.
Vers quinze heures, je ressors pour boire un café au Bistrot du Gabut. Dans Choses vues, j’en suis à l’année mil huit cent quarante-trois. Le jeudi sept septembre, Victor Hugo est avec Juliette Drouet à Rochefort. En attendant la diligence pour La Rochelle, il ouvre un journal au Café de l’Europe et y apprend la noyade de Léopoldine. A leur arrivée à La Rochelle, ils prennent une chambre à l’Hôtel de France rue Gargoulleau. Cette rue qui mène au marché est parallèle à la rue du Collège.
Cela fait, je me dirige vers cette entrée de port, passe près de la tour de la Chaîne, grimpe les marches pour atteindre la rue Sur Les Murs qui mène à la troisième tour, nommée de la Lanterne et dite des Quatre Sergents, poursuis le long de la mer par la porte des Deux Moulins et arrive à la plage de la Concurrence. En face c’est le port de plaisance des Minimes. Au loin dans la brume un cargo fait son chemin. Je continue par les allées du Mail puis par l’allée Aimé Césaire jusqu’à ce que je me heurte à des maisons cossues sous surveillance électronique. Ces riches qui ont privatisé le bord de mer me dissuadent d’aller plus loin.
Je fais demi-tour et reviens tranquillement vers mon point de départ, découvrant au passage près de la tour de la Chaîne une courte promenade qui porte le nom de « Balade Jean-Louis Foulquier ».
Le Vieux Port contourné pour revenir au Gabut, je bois un café à L’Amiral Café alors que souffle un vent trop frais. Dans le bassin, suite à une petite pluie hier au soir, certains grands yachts sont à nouveau couverts de sable orangé venu du Sahara. J’ai un peu froid pendant ma lecture de Choses vues.
C’est pire à midi. Bien qu’abrité du vent, je me pèle lorsque je déjeune quai Duperré à la terrasse du Cham, une gargote à touristes dont la formule plat dessert est à seize euros quatre-vingt-dix. Une jeune serveuse gentillette m’apporte sa cuisse de canard et le patron se charge du tiramisu tout en discutant avec un buveur de bière. « Je suis journaliste parallèlement », lui dit-il. Ce restaurateur fait des intervious aux avant-premières de cinéma et aux Francofolies pour une télé du ouaibe. Il a déjà été en soirée avec Orelsan et il a déjà discuté avec Angèle, les deux têtes d’affiche de cette année. Il est catégorique, pour elle, ça ne va pas durer.
Frigorifié, je rentre à mon studio provisoire où la télé m’informe des dernières atrocités commises par cette ordure de Poutine.
Vers quinze heures, je ressors pour boire un café au Bistrot du Gabut. Dans Choses vues, j’en suis à l’année mil huit cent quarante-trois. Le jeudi sept septembre, Victor Hugo est avec Juliette Drouet à Rochefort. En attendant la diligence pour La Rochelle, il ouvre un journal au Café de l’Europe et y apprend la noyade de Léopoldine. A leur arrivée à La Rochelle, ils prennent une chambre à l’Hôtel de France rue Gargoulleau. Cette rue qui mène au marché est parallèle à la rue du Collège.
17 mars 2022
Après une première nuit calme au Gabut, je constate qu’à La Rochelle boulangeries et cafés ne sont pas aussi matinaux qu’à Nice. Quand même je réussis à acheter des viennoiseries plus ou moins artisanales et les mange avec un allongé à deux euros dix à la terrasse de la Grand’ Rive quai Duperré, face au Vieux Port où ne sont garés que des petits voiliers, cela sous un ciel gris, dans une fraîcheur un peu ventée.
Vers neuf heures, je passe sous la Grosse Horloge et remonte la belle rue à arcades jusqu’à la place de Verdun où se trouve la Maison de la Mobilité. J’y achète des cartes dix voyages, une pour l’agglomération (onze euros), une pour la région proche (dix-huit euros quarante).
Cette place est proche de la rue du Collège. Je la prends jusqu’au numéro vingt-six. C’est dans ce petit immeuble blanc qu’a vécu et est mort, il y a presque vingt-sept ans, Frère Jacques.
De retour dans le quartier du Gabut, je lis Choses vues jusqu’à midi en terrasse à l’Amiral Café puis à midi trouve place à la petite terrasse d’avant saison du Café du Nord « depuis mil huit cent soixante-deux ». J’opte pour l’assiette de crevettes aïoli gravelax de saumon, le filet mignon de cochon à la moutarde à l’ancienne avec écrasé de pommes de terre et la carafe d’eau. C’est plutôt bon et ça fait seize euros quatre-vingt-dix.
La Rochelle est la ville la plus ensoleillée de France après celles de Méditerranée mais ce jour le rond jaune n’arrive pas à percer les nuages chargés de sable du Sahara. Il fait frais, presque froid, quand je prends un café à un euro soixante en lisant Hugo au Bistrot du Gabut qui jouxte l’Amiral Café. A la table voisine sont deux femmes quinquagénaires. L’une parle du livre « coup de cœur de la Médiathèque » : « C’est un Suédois qui a fait une erreur médicale et qui est parti se réfugier dans une petite ile de là-bas ». L’autre évoque sa fille qui a failli appeler son garçon Wenceslas : « T’imagines si Josserand s’était appelé Wenceslas ? » Je n’en crois pas mes oreilles.
*
Deux points communs entre Quimper et La Rochelle : carence de boulangeries, abondance de zonards.
Vers neuf heures, je passe sous la Grosse Horloge et remonte la belle rue à arcades jusqu’à la place de Verdun où se trouve la Maison de la Mobilité. J’y achète des cartes dix voyages, une pour l’agglomération (onze euros), une pour la région proche (dix-huit euros quarante).
Cette place est proche de la rue du Collège. Je la prends jusqu’au numéro vingt-six. C’est dans ce petit immeuble blanc qu’a vécu et est mort, il y a presque vingt-sept ans, Frère Jacques.
De retour dans le quartier du Gabut, je lis Choses vues jusqu’à midi en terrasse à l’Amiral Café puis à midi trouve place à la petite terrasse d’avant saison du Café du Nord « depuis mil huit cent soixante-deux ». J’opte pour l’assiette de crevettes aïoli gravelax de saumon, le filet mignon de cochon à la moutarde à l’ancienne avec écrasé de pommes de terre et la carafe d’eau. C’est plutôt bon et ça fait seize euros quatre-vingt-dix.
La Rochelle est la ville la plus ensoleillée de France après celles de Méditerranée mais ce jour le rond jaune n’arrive pas à percer les nuages chargés de sable du Sahara. Il fait frais, presque froid, quand je prends un café à un euro soixante en lisant Hugo au Bistrot du Gabut qui jouxte l’Amiral Café. A la table voisine sont deux femmes quinquagénaires. L’une parle du livre « coup de cœur de la Médiathèque » : « C’est un Suédois qui a fait une erreur médicale et qui est parti se réfugier dans une petite ile de là-bas ». L’autre évoque sa fille qui a failli appeler son garçon Wenceslas : « T’imagines si Josserand s’était appelé Wenceslas ? » Je n’en crois pas mes oreilles.
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Deux points communs entre Quimper et La Rochelle : carence de boulangeries, abondance de zonards.
16 mars 2022
Lever à quatre heures ce mardi matin, il s’agit de ne pas manquer le premier train pour Paris, le six heures quinze qui me rassure en étant ponctuel au départ et à l’arrivée. Le métro de la ligne Treize que je craignais bondé ne l’est pas du tout. Il me permet de rejoindre la Gare Montparnasse où j’attends que soit affiché le Tégévé de neuf heures quinze pour La Rochelle Ville.
Lui aussi part au moment prévu et avec peu de monde. Il se traîne mais c’est normal. Christophe est notre chef de bord. Pascal est notre conducteur. J’ignore le prénom de ma voisine, une demoiselle tranquille (Guy de Maupassant dans la nouvelle Ce cochon de Morin raconte l’histoire de ce mercier arrêté pour « outrage aux bonnes mœurs » car il a embrassé de force une jeune fille dans un train faisant le trajet Paris La Rochelle.) La grisaille et la monotonie du paysage ne donne pas envie de regarder par la fenêtre. Cela manque d’éoliennes. A partir de Saint-Maixent-l’Ecole, le soleil cherche à percer le ciel bas et un peu jaune mais n’y parvient pas.
De la Gare de La Rochelle j’ai peu à marcher pour rejoindre mon studio Air Bibi situé dans le quartier du Gabut où les maisons de pêcheurs ont été remplacées dans les années quatre-vingt-dix par des maisons colorées en bois reliées par des passerelles. Cela veut évoquer les pays scandinaves. Il est treize heures. La boîte à clé s’ouvre sans problème. Me voici provisoirement logé quai Georges Simenon, pas loin du Vieux Port, au premier étage. Ma fenêtre donne sur le Bassin des Grands Yachts.
Mon bagage posé, je redescends sur le quai et déjeune au plus près, à la terrasse du Safran, de moules marinières frites avec un quart de vin blanc pour dix-neuf euros. « Le temps est couvert mais c’est agréable quand même », déclare une des onze jeunes femmes de la table voisine (c’est l’anniversaire de Karine). Un vieux couple est à ma droite, lui ne comprend rien à ce que met leur petite-fille anorexique sur Effe Bé, « J’écoute l’oiseau qui luit » ça veut dire quoi ? C’est de la poésie, lui répond-elle.
A l’issue de ce bref repas, je passe à l’Office de Tourisme au bout du quai puis me balade succinctement jusqu’aux deux tours bien connues avant de revenir vers mon nouveau chez moi. Sous ma fenêtre sont deux troquets, dont L’Amiral Café à la terrasse duquel je commence une relecture du premier volume de Choses vues de Victor Hugo dans l’édition Folio. Le café est à un euro soixante-dix et la clientèle locale.
Parmi les choses entendues : « C’est une gastroentérite qu’elle a ma mère, j’ai préparé une cuvette le long du lit. » « T’as vu le sable du Sahara partout ce matin, le con y croyait que c’était du souffre envoyé par Poutine. » « C’est sûr, l’ectricité va encore augmenter. » « J’suis plus près des quatre planches que d’la poussette. »
*
Souventes fois je suis venu à La Rochelle. Bien accompagné ou seul. Aussi quand mon frère Jacques y est mort.
Lui aussi part au moment prévu et avec peu de monde. Il se traîne mais c’est normal. Christophe est notre chef de bord. Pascal est notre conducteur. J’ignore le prénom de ma voisine, une demoiselle tranquille (Guy de Maupassant dans la nouvelle Ce cochon de Morin raconte l’histoire de ce mercier arrêté pour « outrage aux bonnes mœurs » car il a embrassé de force une jeune fille dans un train faisant le trajet Paris La Rochelle.) La grisaille et la monotonie du paysage ne donne pas envie de regarder par la fenêtre. Cela manque d’éoliennes. A partir de Saint-Maixent-l’Ecole, le soleil cherche à percer le ciel bas et un peu jaune mais n’y parvient pas.
De la Gare de La Rochelle j’ai peu à marcher pour rejoindre mon studio Air Bibi situé dans le quartier du Gabut où les maisons de pêcheurs ont été remplacées dans les années quatre-vingt-dix par des maisons colorées en bois reliées par des passerelles. Cela veut évoquer les pays scandinaves. Il est treize heures. La boîte à clé s’ouvre sans problème. Me voici provisoirement logé quai Georges Simenon, pas loin du Vieux Port, au premier étage. Ma fenêtre donne sur le Bassin des Grands Yachts.
Mon bagage posé, je redescends sur le quai et déjeune au plus près, à la terrasse du Safran, de moules marinières frites avec un quart de vin blanc pour dix-neuf euros. « Le temps est couvert mais c’est agréable quand même », déclare une des onze jeunes femmes de la table voisine (c’est l’anniversaire de Karine). Un vieux couple est à ma droite, lui ne comprend rien à ce que met leur petite-fille anorexique sur Effe Bé, « J’écoute l’oiseau qui luit » ça veut dire quoi ? C’est de la poésie, lui répond-elle.
A l’issue de ce bref repas, je passe à l’Office de Tourisme au bout du quai puis me balade succinctement jusqu’aux deux tours bien connues avant de revenir vers mon nouveau chez moi. Sous ma fenêtre sont deux troquets, dont L’Amiral Café à la terrasse duquel je commence une relecture du premier volume de Choses vues de Victor Hugo dans l’édition Folio. Le café est à un euro soixante-dix et la clientèle locale.
Parmi les choses entendues : « C’est une gastroentérite qu’elle a ma mère, j’ai préparé une cuvette le long du lit. » « T’as vu le sable du Sahara partout ce matin, le con y croyait que c’était du souffre envoyé par Poutine. » « C’est sûr, l’ectricité va encore augmenter. » « J’suis plus près des quatre planches que d’la poussette. »
*
Souventes fois je suis venu à La Rochelle. Bien accompagné ou seul. Aussi quand mon frère Jacques y est mort.
14 mars 2022
Ce lundi est le jour de l’abandon du passe vaccinal et du masque (sauf dans les transports). Est-ce bien raisonnable ? Déjà ce masque n’était plus de mise dans les lieux de stagnation collective (cinémas, théâtres, etc.). C’est sans doute une coïncidence mais le taux d’incidence remonte depuis une semaine, et sérieusement.
Parmi les nouveaux malades du Covid, ma sœur et mon beauf, dont la vie est plus sédentaire et tranquille que la mienne. Pas de bars, pas de restaurants, pas de librairies, pas de bus, de trains ou de métros pour eux et ils n’ont reçu personne ces derniers temps. Hormis pour faire des courses, ils ne sont sortis que pour aller à un rendez-vous hospitalier.
Ce n’est pas de nature à me faire remiser le masque. Je vais continuer à le porter à l’intérieur. Quant au passe vaccinal, je garde le mien en poche et en mets une copie dans ma valise. Afin de n’être pas hors-jeu s’il venait à être réactivé dans les semaines à venir.
*
Une quatrième dose de vaccin pour les plus de quatre-vingt ans. Une nouveauté à laquelle je n’ai donc pas droit (pas assez vieux).
Depuis le début de la guerre du Covid, je suis dans la mauvaise cohorte. Pas eu le droit d’être vacciné parmi les premiers. Pas eu le droit à autre chose qu’à AstraZeneca pour les deux premières doses. Pas eu le droit à la troisième avant que se soient écoulés six mois, alors que pour les suivants ce fut cinq mois, puis quatre mois, puis trois mois.
Parmi les nouveaux malades du Covid, ma sœur et mon beauf, dont la vie est plus sédentaire et tranquille que la mienne. Pas de bars, pas de restaurants, pas de librairies, pas de bus, de trains ou de métros pour eux et ils n’ont reçu personne ces derniers temps. Hormis pour faire des courses, ils ne sont sortis que pour aller à un rendez-vous hospitalier.
Ce n’est pas de nature à me faire remiser le masque. Je vais continuer à le porter à l’intérieur. Quant au passe vaccinal, je garde le mien en poche et en mets une copie dans ma valise. Afin de n’être pas hors-jeu s’il venait à être réactivé dans les semaines à venir.
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Une quatrième dose de vaccin pour les plus de quatre-vingt ans. Une nouveauté à laquelle je n’ai donc pas droit (pas assez vieux).
Depuis le début de la guerre du Covid, je suis dans la mauvaise cohorte. Pas eu le droit d’être vacciné parmi les premiers. Pas eu le droit à autre chose qu’à AstraZeneca pour les deux premières doses. Pas eu le droit à la troisième avant que se soient écoulés six mois, alors que pour les suivants ce fut cinq mois, puis quatre mois, puis trois mois.
12 mars 2022
En mil huit cent cinquante-six, le grand Metternich voit son fils Richard épouser sa petite-fille Pauline. L’oncle et la nièce n’ont que sept ans de différence et elle en est amoureuse depuis l’enfance. Pauline von Metternich suit son mari à Paris où il est nommé ambassadeur d’Autriche. Elle et lui fréquentent assidûment Napoléon le Troisième et sa cousine la Princesse Mathilde. « Je ne suis pas jolie, je suis pire », où Pauline narre en français ses souvenirs, est paru au Livre de Poche. Certaines scènes sont d’anthologie, ainsi l’ascension de la Rune et la promenade en mer entre Biarritz et Fontarabie.
Tiré de la préface signée Georges Poisson, ce que disaient d’elle certains l’ayant rencontré en France :
Nez en trompette, des lèvres en rebord de pot de chambre, très pâle, l’air d’un masque de Venise dans les tableaux de Longhi. (Goncourt Journal)
Pour le bouquet, la princesse de Metternich en figurante de l’Opéra : maillot, jupon court, tunique de gaze. Elle dansa, cabriola, montra tout ce qu’il y avait sous cette tunique, but trois verres de champagne. Bien que laide comme un singe, elle fut si espiègle, si étourdie qu’elle s’en alla en plein succès. (Prosper Mérimée)
Tiré de ses souvenirs, ce qu’elle écrit de quelques contemporains rencontrés en France :
Sur Louis-Napoléon Bonaparte : Il était franchement laid de figure, et sa tournure laissait beaucoup à désirer ! Le haut du corps semblait trop lourd pour les jambes, et il marchait mal ; cependant, malgré tout, il plaisait et, mieux que cela, il charmait.
Sur Alexandre Dumas père : Le père Dumas était énorme et avait l’air d’un mulâtre, sans cependant qu’il eût la peau noire ! Ses cheveux étaient crépus comme ceux des nègres. Il faisait l’impression d’un bon gros homme tout rond, sans prétention, plutôt familier, quoique sa familiarité aurait presque pu passer pour de l’aisance, car elle n’était pas vulgaire.
Sur Adolphe Thiers : M. Thiers (…) était au physique un tout petit homme un peu ventru qui avait une figure fine et intelligente. Derrière ses lunettes en or brillaient des yeux qui lançaient des éclairs. Ses cheveux blancs formaient au sommet de sa tête un petit toupet comme une crête de coq ; il ressemblait étonnamment au fameux type du bourgeois parisien crée par Henri Monnier sous la dénomination de « M. Prudhomme ». Cependant il n’aurait jamais dit comme celui-ci en recevant un sabre d’honneur de ses concitoyens : « Ce sabre est le plus beau jour de ma vie. »
*
Heureuse époque où pour parler du physique de quelqu’un(e) l’autocensure était inconnue.
Tiré de la préface signée Georges Poisson, ce que disaient d’elle certains l’ayant rencontré en France :
Nez en trompette, des lèvres en rebord de pot de chambre, très pâle, l’air d’un masque de Venise dans les tableaux de Longhi. (Goncourt Journal)
Pour le bouquet, la princesse de Metternich en figurante de l’Opéra : maillot, jupon court, tunique de gaze. Elle dansa, cabriola, montra tout ce qu’il y avait sous cette tunique, but trois verres de champagne. Bien que laide comme un singe, elle fut si espiègle, si étourdie qu’elle s’en alla en plein succès. (Prosper Mérimée)
Tiré de ses souvenirs, ce qu’elle écrit de quelques contemporains rencontrés en France :
Sur Louis-Napoléon Bonaparte : Il était franchement laid de figure, et sa tournure laissait beaucoup à désirer ! Le haut du corps semblait trop lourd pour les jambes, et il marchait mal ; cependant, malgré tout, il plaisait et, mieux que cela, il charmait.
Sur Alexandre Dumas père : Le père Dumas était énorme et avait l’air d’un mulâtre, sans cependant qu’il eût la peau noire ! Ses cheveux étaient crépus comme ceux des nègres. Il faisait l’impression d’un bon gros homme tout rond, sans prétention, plutôt familier, quoique sa familiarité aurait presque pu passer pour de l’aisance, car elle n’était pas vulgaire.
Sur Adolphe Thiers : M. Thiers (…) était au physique un tout petit homme un peu ventru qui avait une figure fine et intelligente. Derrière ses lunettes en or brillaient des yeux qui lançaient des éclairs. Ses cheveux blancs formaient au sommet de sa tête un petit toupet comme une crête de coq ; il ressemblait étonnamment au fameux type du bourgeois parisien crée par Henri Monnier sous la dénomination de « M. Prudhomme ». Cependant il n’aurait jamais dit comme celui-ci en recevant un sabre d’honneur de ses concitoyens : « Ce sabre est le plus beau jour de ma vie. »
*
Heureuse époque où pour parler du physique de quelqu’un(e) l’autocensure était inconnue.
10 mars 2022
« Commençons par le marché d’Aligre », me dis-je, arrivé ce mercredi dans le onzième arrondissement après un voyage sans histoire. Les marchands de livres y sont, dont celui de tout à deux euros. Beaucoup de daube dans laquelle m’attend La Bibliothèque qui brûle, recueil d’essais d’Edmund White (Plon).
Ce livre en sac, j’entre au Café du Faubourg où m’accueille une nouvelle serveuse, une aimable brune, souriante et efficace, qui me propose Le Parisien avec mon café. J’y lis la double page consacrée à l’histoire de Depardieu et de l’apprentie comédienne anorexique qui l’accuse de viol.
-Vous remplacez l’autre serveuse ou vous la complétez ? demandé-je à la nouvelle venue lorsque je lui paie un euro vingt.
-Elle est partie, me répond-elle.
-C’est une bonne nouvelle.
A côté, chez Book-Off, parmi les livres à un euro, je choisis le numéro sept des Cahiers Edmond & Jules de Goncourt et Sténo sauvage (La vie et la mort d’Isaac Babel) de Jerome Charyn (Mercure de France).
Je rejoins ensuite la rue de Charonne pour voir ce que devient le coin livres de la boutique Emmaüs où je n’ai pas mis le pied depuis le début de la guerre du Covid. Il est méconnaissable. Y règne un ordre quasiment obsessionnel. Les livres de poche qui représentent l’essentiel du stock sont tous classés par éditeur. Je regrette le désordre passé où se cachait parfois de quoi me rendre content et je ne m’attarde pas.
Revenu rue du Faubourg Saint-Antoine, j’opte pour mon habituel menu au Péhemmu chinois où je comprends pourquoi la gentille serveuse a grossi. Désormais cela se voit bien, elle est enceinte. J’ignore qui est le coupable. « Je serai absente à partir de mi-avril jusqu’au mois d’août », me dit-elle. Près de moi mangent deux employées de l’atelier couture, dont une Chinoise. « Le mec, il est devenu fou. Il était déjà fou, mais maintenant il sait qu’il est malade et il se fout de tout », dit-elle. Elle parle de Poutine.
A l’issue de ce repas rituel, je rejoins pédestrement la rue du Chemin Vert et la remonte jusqu’à La Petite Rockette où je ne suis pas revenu depuis la pandémie. Il est près de treize heures. Comme par le passé, une file où se mêlent nécessiteux et commerçants avides de bonnes affaires encombre le trottoir qui fait face à La Musardine. Avant l’ouverture des portes, un jeune homme sort pour annoncer que désormais tous les chariots, cabas et sacs à dos doivent obligatoirement entre mis en consigne. Cela a pour effet d’enclencher une embrouille entre deux femmes, l’une ayant mal regardé la mère de l’autre, qui n’est pas une voleuse, je t’f’rai dire. La remontée du rideau calme les esprits. Peu de monde est là pour les livres. J’y trouve un exemplaire de Bien à vous, Sandro de Zvi Yanai (Christian Bourgois) dont le soir au lit je lis celui trouvé il y a peu chez Book-Off. Au comptoir, je le paie un euro. On ne me remet pas de ticket et je me dis que rien ne n’empêchait de récupérer mon sac sans être passé payer. Il va falloir s’améliorer si on veut lutter contre le vol.
A la station Père Lachaise, je prends le métro Trois. J’en descends à Quatre Septembre. Au second Book-Off c’est parmi les livres à cinq euros que je trouve de quoi me plaire : les Lettres familiales de Juliette Drouet, une édition des Presses Universitaires Rouen Le Havre, texte établi et présenté par Gérard Pouchain, chercheur associé à l’Université de Rouen et 222 autobiographies de Robert Kaplan par ses amis, un projet dans lequel Bernard Heidsieck est impliqué (Association Locus Solus). Ce qui me décide à acheter ce dernier ouvrage est la photo d’un trio nu page cent deux. Une femme allongée sur le dos se fait lécher par une autre tandis qu’elle suce un homme agenouillé près d’elle.
*
Chez Book-Off, à un euro : Le Guide du Routard de l’investissement boursier. Fichtre !
*
Une mère s’adressant à son deux ans à la gare : « Dis bonjour à monsieur le train. »
*
Lecture de train : « Je ne suis pas jolie, je suis pire », les souvenirs de la Princesse de Metternich (Le Livre de Poche).
Ce livre en sac, j’entre au Café du Faubourg où m’accueille une nouvelle serveuse, une aimable brune, souriante et efficace, qui me propose Le Parisien avec mon café. J’y lis la double page consacrée à l’histoire de Depardieu et de l’apprentie comédienne anorexique qui l’accuse de viol.
-Vous remplacez l’autre serveuse ou vous la complétez ? demandé-je à la nouvelle venue lorsque je lui paie un euro vingt.
-Elle est partie, me répond-elle.
-C’est une bonne nouvelle.
A côté, chez Book-Off, parmi les livres à un euro, je choisis le numéro sept des Cahiers Edmond & Jules de Goncourt et Sténo sauvage (La vie et la mort d’Isaac Babel) de Jerome Charyn (Mercure de France).
Je rejoins ensuite la rue de Charonne pour voir ce que devient le coin livres de la boutique Emmaüs où je n’ai pas mis le pied depuis le début de la guerre du Covid. Il est méconnaissable. Y règne un ordre quasiment obsessionnel. Les livres de poche qui représentent l’essentiel du stock sont tous classés par éditeur. Je regrette le désordre passé où se cachait parfois de quoi me rendre content et je ne m’attarde pas.
Revenu rue du Faubourg Saint-Antoine, j’opte pour mon habituel menu au Péhemmu chinois où je comprends pourquoi la gentille serveuse a grossi. Désormais cela se voit bien, elle est enceinte. J’ignore qui est le coupable. « Je serai absente à partir de mi-avril jusqu’au mois d’août », me dit-elle. Près de moi mangent deux employées de l’atelier couture, dont une Chinoise. « Le mec, il est devenu fou. Il était déjà fou, mais maintenant il sait qu’il est malade et il se fout de tout », dit-elle. Elle parle de Poutine.
A l’issue de ce repas rituel, je rejoins pédestrement la rue du Chemin Vert et la remonte jusqu’à La Petite Rockette où je ne suis pas revenu depuis la pandémie. Il est près de treize heures. Comme par le passé, une file où se mêlent nécessiteux et commerçants avides de bonnes affaires encombre le trottoir qui fait face à La Musardine. Avant l’ouverture des portes, un jeune homme sort pour annoncer que désormais tous les chariots, cabas et sacs à dos doivent obligatoirement entre mis en consigne. Cela a pour effet d’enclencher une embrouille entre deux femmes, l’une ayant mal regardé la mère de l’autre, qui n’est pas une voleuse, je t’f’rai dire. La remontée du rideau calme les esprits. Peu de monde est là pour les livres. J’y trouve un exemplaire de Bien à vous, Sandro de Zvi Yanai (Christian Bourgois) dont le soir au lit je lis celui trouvé il y a peu chez Book-Off. Au comptoir, je le paie un euro. On ne me remet pas de ticket et je me dis que rien ne n’empêchait de récupérer mon sac sans être passé payer. Il va falloir s’améliorer si on veut lutter contre le vol.
A la station Père Lachaise, je prends le métro Trois. J’en descends à Quatre Septembre. Au second Book-Off c’est parmi les livres à cinq euros que je trouve de quoi me plaire : les Lettres familiales de Juliette Drouet, une édition des Presses Universitaires Rouen Le Havre, texte établi et présenté par Gérard Pouchain, chercheur associé à l’Université de Rouen et 222 autobiographies de Robert Kaplan par ses amis, un projet dans lequel Bernard Heidsieck est impliqué (Association Locus Solus). Ce qui me décide à acheter ce dernier ouvrage est la photo d’un trio nu page cent deux. Une femme allongée sur le dos se fait lécher par une autre tandis qu’elle suce un homme agenouillé près d’elle.
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Chez Book-Off, à un euro : Le Guide du Routard de l’investissement boursier. Fichtre !
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Une mère s’adressant à son deux ans à la gare : « Dis bonjour à monsieur le train. »
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Lecture de train : « Je ne suis pas jolie, je suis pire », les souvenirs de la Princesse de Metternich (Le Livre de Poche).
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