Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Saint-Raphaël (treize) : Port-Fréjus

14 avril 2025


Je sors après qu’il a plu ce dimanche, vers sept heures vingt, et trouve la Boulangerie du Soleil démunie de pains au chocolat et de croissants. Cette boutique fait partie d’une chaîne régionale et ici une seule et même personne est au four et au magasin, d’où cette lacune. Un peu plus loin est la Maison Cochet « Saint Raphael depuis 1932 » qui ne manque ni de personnel, ni de pains au chocolat, mais où il est à un euro quatre-vingts.
Est-il meilleur que l’autre ? Non, me dis-je au Café Kro d’où j’observe l’installation du marché. Va-t-il repleuvoir ? Je n’en sais rien.
Cette incertitude ne m’empêche pas de longer la plage de Fréjus jusqu’à atteindre Port-Fréjus, une création des années Quatre-Vingt, de style marina les pieds dans l’eau, une succession de bassins à angle droit bordés de constructions privilégiant le balcon avec vue. Cela ne manque pas de charme et me donne d’autant plus à photographier que le soleil n’est pas un obstacle. De temps en temps, je croise une coureuse. Une équipe de plongeurs part en mer. Un pont vénitien marque l’extrémité d’un canal à l’autre bout duquel la vieille ville de Fréjus se fait voir sur sa butte. On y trouve deux bateaux de jouteurs plus sommaires que ceux des Sétois. Arrivé au bout de ce Port-Fréjus, je distingue au loin parmi les nuages le Massif des Maures.
Je reviens sur mes pas et au marché. Le Coq Hardi m’offre une place en terrasse sous son auvent. Un euro trente, tel est le prix étonnant du café dans ce vaste établissement de bord de mer. A la table voisine, des gars du pays sont formels « A dix heures, il pleut ». Ce n’est pas le cas mais les gars du pays ne sont plus là pour le constater. Je lis Balzac un bon moment. Un serveur du Coq Hardi interpelle son collègue : « Ouah, qui c’est qui passe l’aspirateur ? » « C’est la voisine. » « Dis-lui qu’elle achète un aspirateur Tesla, qui fait pas de bruit. » La voisine, c’est la Moule Joyeuse.
Moules gratinées, filets de rouget à la provençale, glace rhum raisin et pistache chocolat, La Bocca propose son menu à vingt-quatre euros quatre-vingt-dix même le dimanche. Les familles se succèdent à l’entrée du restaurant, dont l’une où tous les membres se lavent les mains avec du gel hydro-alcoolique avant de commencer leur repas.
Sitôt le mien terminé, je marche sous une petite pluie jusqu’au Coq Hardi. Tandis que le marché se termine, je m’installe à l’intérieur, sous la véranda, pour mon café verre d’eau lecture.
                                                                       *
Sur la plage de Fréjus, un monument aux morts « A l’Armée Noire » avec sur son socle ceci (qui porte à discussion) :
« Passant,
ils sont tombés fraternellement unis
pour que tu restes Français.
Léopold Sedar Senghor. »
                                                                      *
Quelques-uns se promènent avec une branche à la main. « Ah oui, c’est les Rameaux », disent d’autres.
Souvenir de mon père, en équilibre instable sur une chaise, changeant le branchage derrière tous les crucifix de la maison. Il y en avait un dans chaque pièce.