Rien entendu de la Fête de la Musique, un jeune couple qui peut-être en revient, assis sur le banc de la Halte Ferroviaire Saint-Joseph, attendant comme moi le train de sept heures trente-deux terminus Metzeral, se fait apporter deux pizzas par un livreur à bicyclette juste avant l’arrivée du train.
Avec ce petit train Fluo qui trace son chemin en écartant les branches, je rejoins Munster ce dimanche matin. Je lis Balzac dans le Parc Hartmann en attendant neuf heures vingt-cinq, le départ du car Fluo qui rejoint la Navette des Crêtes au Col de la Schlucht. Ce car ne s’arrête pas là, il redescend de l’autre côté des Vosges, terminus Gérardmer. C’est mon objectif en ce jour annoncé très chaud. Un pic tape dans un tronc voisin tandis que je lis mais je ne le vois pas.
Une vieille avec une canne, un groupe de retraités réjouis, de la jeunesse allemande et française (pas ensemble) attendent aussi ce car. J’apprends à deux jolies filles françaises à gros sacs à dos la gratuité du car avec leur billet de train.
« Merci monsieur, vous êtes d’ici ? », me dit l’une lorsque, comme moi, elles ont pu monter sans payer. « Non, je l’ai appris, mais pas tout de suite. » Tout le monde s’arrête au Col de la Schlucht sauf la vieille à canne et moi-même. Après, c’est la descente de l’autre côté avec au passage une belle vue sur le Lac de Longemer puis vient le terminus Boulevard d’Alsace.
Il fait fort chaud. Je me procure un plan à l’Office du Tourisme. Les deux rues du centre ville à gauche. Le Lac tout droit. Je vais tout droit et retrouve tout de suite l’impression que j’avais gardée de Gérardmer, un endroit pas terrible. Le Lac petit, six kilomètres de tour, la promenade poussiéreuse et le bord de l’eau envahi par des animations nautiques pour les familles.
Le seul endroit où prendre un café s’appelle Rives du Lac. Il ne propose que des tables au soleil. Celles à l’ombre sont en voie d’être dressées par une matrone qui le prend mal quand je lui demande si on peut déjeuner maintenant. « On fait ça pour pas être en retard. » Il est vrai qu’on est lent dans l’Est. En témoigne la durée des feux rouges à Colmar.
J’achète un café allongé à un euro cinquante à un kiosque et trouve un des rares bancs avec un peu d’ombre pour le boire. A peine y suis-je assis qu’une famille me demande de laisser ma place pour l’ancêtre qui risque de faire un malaise. Je les envoie bouler. Le seul endroit pimpant au bord de ce lac est derrière moi, c’est le Casino. Devant moi, c’est le défilé des familles : « Ah non, tu viens de faire du pédalo et maintenant tu veux une glace ! » Je ne comprends pas d’où vient la notoriété touristique du Lac de Gérardmer. Peut-être parce qu’ici on est loin de la mer et loin d’un lac aménagé digne de ce nom. Les locations de pédalos font des affaires et les adultes mangent des glaces dès onze heures du matin.
Je laisse le lac et rejoins le petit centre ville. A l’entrée de la première rue commerçante est un bar tabac, Le Palais de la Bière, avec des tables à l’ombre et un léger vent rafraîchissant. J’y bois un expresso verre d’eau à un euro quatre-vingt-dix. Où vais-je pouvoir déjeuner ? Je demande à la serveuse. Elle m’indique le San Remo, un restaurant italien, un peu plus haut.
Je vais voir. Il y a déjà une file d’attente devant à midi moins dix, alors je m’y mets. Devant moi, une vieille à cheveux roses et son mari enceint de huit mois. Derrière, une éprouvante famille avec un moutard à flûte. Quand ça ouvre et que c’est mon tour, je demande à l’accueillante une table loin des familles. Elle m’en trouve une au coin sous la véranda, près de celle d’un autre solitaire. Je choisis les lasagnes bolognaises et une carafe d’eau. D’où je suis, j’ai vue sur toute la clientèle. Les cheveux collés par la sueur de ceux qui enlèvent leur casquette. Le gros mari de la femme aux cheveux roses qui s’est endormi après avoir bu une bière et la moitié au moins de la bouteille de rosé qu’ils ont commandée (ça n’empêche pas sa femme de continuer à manger sa pizza). Mes lasagnes sont excellentes. Je les fais suivre d’un tiramisu classique. J’en ai pour vingt-trois euros vingt.
Retour au Palais de la Bière pour le café, puis direction ce qui est pompeusement appelé la Gare Routière, un alignement d’abribus. Ne montent dans le car Fluo de quatorze heures quinze pour Munster que la vieille à canne du matin et moi-même. Au Col de la Schlucht s’ajoutent quelques randonneurs encombrés de sacs et de bâtons.
Nous arrivons à la Gare de Munster à quinze heures. Le petit train Fluo pour Colmar avec arrêt à Saint-Joseph est dans vingt-sept minutes. Chacun cherche de l’ombre où il peut en l’attendant. Il n’a jamais fait aussi chaud qu’aujourd’hui depuis que je suis en Alsace. J’arrive à mon logis Air Bibi épuisé.
*
L’hiver prochain, trente-troisième Festival International du Film Fantastique de Gérardmer. Que ce festival ait lieu ici me semble fantastique. Je dirais même que ça fait peur.
*
Gérardmer, c’est aussi le pays du linge de maison, fabrication et vente directe. Qui pour s’intéresser au linge de maison ? Il fallait être Balzac pour se préoccuper de ce genre de chose.
*
Ne jamais commettre l’erreur de villégiaturer à Gérardmer.
Avec ce petit train Fluo qui trace son chemin en écartant les branches, je rejoins Munster ce dimanche matin. Je lis Balzac dans le Parc Hartmann en attendant neuf heures vingt-cinq, le départ du car Fluo qui rejoint la Navette des Crêtes au Col de la Schlucht. Ce car ne s’arrête pas là, il redescend de l’autre côté des Vosges, terminus Gérardmer. C’est mon objectif en ce jour annoncé très chaud. Un pic tape dans un tronc voisin tandis que je lis mais je ne le vois pas.
Une vieille avec une canne, un groupe de retraités réjouis, de la jeunesse allemande et française (pas ensemble) attendent aussi ce car. J’apprends à deux jolies filles françaises à gros sacs à dos la gratuité du car avec leur billet de train.
« Merci monsieur, vous êtes d’ici ? », me dit l’une lorsque, comme moi, elles ont pu monter sans payer. « Non, je l’ai appris, mais pas tout de suite. » Tout le monde s’arrête au Col de la Schlucht sauf la vieille à canne et moi-même. Après, c’est la descente de l’autre côté avec au passage une belle vue sur le Lac de Longemer puis vient le terminus Boulevard d’Alsace.
Il fait fort chaud. Je me procure un plan à l’Office du Tourisme. Les deux rues du centre ville à gauche. Le Lac tout droit. Je vais tout droit et retrouve tout de suite l’impression que j’avais gardée de Gérardmer, un endroit pas terrible. Le Lac petit, six kilomètres de tour, la promenade poussiéreuse et le bord de l’eau envahi par des animations nautiques pour les familles.
Le seul endroit où prendre un café s’appelle Rives du Lac. Il ne propose que des tables au soleil. Celles à l’ombre sont en voie d’être dressées par une matrone qui le prend mal quand je lui demande si on peut déjeuner maintenant. « On fait ça pour pas être en retard. » Il est vrai qu’on est lent dans l’Est. En témoigne la durée des feux rouges à Colmar.
J’achète un café allongé à un euro cinquante à un kiosque et trouve un des rares bancs avec un peu d’ombre pour le boire. A peine y suis-je assis qu’une famille me demande de laisser ma place pour l’ancêtre qui risque de faire un malaise. Je les envoie bouler. Le seul endroit pimpant au bord de ce lac est derrière moi, c’est le Casino. Devant moi, c’est le défilé des familles : « Ah non, tu viens de faire du pédalo et maintenant tu veux une glace ! » Je ne comprends pas d’où vient la notoriété touristique du Lac de Gérardmer. Peut-être parce qu’ici on est loin de la mer et loin d’un lac aménagé digne de ce nom. Les locations de pédalos font des affaires et les adultes mangent des glaces dès onze heures du matin.
Je laisse le lac et rejoins le petit centre ville. A l’entrée de la première rue commerçante est un bar tabac, Le Palais de la Bière, avec des tables à l’ombre et un léger vent rafraîchissant. J’y bois un expresso verre d’eau à un euro quatre-vingt-dix. Où vais-je pouvoir déjeuner ? Je demande à la serveuse. Elle m’indique le San Remo, un restaurant italien, un peu plus haut.
Je vais voir. Il y a déjà une file d’attente devant à midi moins dix, alors je m’y mets. Devant moi, une vieille à cheveux roses et son mari enceint de huit mois. Derrière, une éprouvante famille avec un moutard à flûte. Quand ça ouvre et que c’est mon tour, je demande à l’accueillante une table loin des familles. Elle m’en trouve une au coin sous la véranda, près de celle d’un autre solitaire. Je choisis les lasagnes bolognaises et une carafe d’eau. D’où je suis, j’ai vue sur toute la clientèle. Les cheveux collés par la sueur de ceux qui enlèvent leur casquette. Le gros mari de la femme aux cheveux roses qui s’est endormi après avoir bu une bière et la moitié au moins de la bouteille de rosé qu’ils ont commandée (ça n’empêche pas sa femme de continuer à manger sa pizza). Mes lasagnes sont excellentes. Je les fais suivre d’un tiramisu classique. J’en ai pour vingt-trois euros vingt.
Retour au Palais de la Bière pour le café, puis direction ce qui est pompeusement appelé la Gare Routière, un alignement d’abribus. Ne montent dans le car Fluo de quatorze heures quinze pour Munster que la vieille à canne du matin et moi-même. Au Col de la Schlucht s’ajoutent quelques randonneurs encombrés de sacs et de bâtons.
Nous arrivons à la Gare de Munster à quinze heures. Le petit train Fluo pour Colmar avec arrêt à Saint-Joseph est dans vingt-sept minutes. Chacun cherche de l’ombre où il peut en l’attendant. Il n’a jamais fait aussi chaud qu’aujourd’hui depuis que je suis en Alsace. J’arrive à mon logis Air Bibi épuisé.
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L’hiver prochain, trente-troisième Festival International du Film Fantastique de Gérardmer. Que ce festival ait lieu ici me semble fantastique. Je dirais même que ça fait peur.
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Gérardmer, c’est aussi le pays du linge de maison, fabrication et vente directe. Qui pour s’intéresser au linge de maison ? Il fallait être Balzac pour se préoccuper de ce genre de chose.
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Ne jamais commettre l’erreur de villégiaturer à Gérardmer.