« Défense d’introduire bicyclettes et vélomoteurs à l’intérieur du marché », est-il écrit sur un panneau à l’entrée du Marché Saint-Joseph. Cette formulation devenue désuète me réjouit. J’attends encore une fois le bus F pour rejoindre la Gare en vue d’une troisième incursion en Pays Welche. Après Orbey et Le Bonhomme, Lapoutroie, avec le même car Fluo.
Le bus F arrive avec « Service non commencé » sur sa girouette. Je le dis au néo barbu qui conduit. Il corrige sans un merci. La journée la plus chaude de la semaine, c’est aujourd’hui. Trente-six degrés annoncés en Alsace où les orages arriveront demain.
Ça discute entre chauffeurs de cars Fluo ce samedi matin, lesquels me saluent comme une personne connue. Celui au petit chapeau rentre chez lui. Celui qui conduit le sept heures quarante aujourd’hui est aussi serviable. Je lui dis que je veux descendre à l’arrêt Girardin en haut de Lapoutroie.
Ainsi en est-il, ce qui me permet de visiter cette commune pentue tout en longueur en descendant. Lapoutroie est un beau bourg de montagne. Pas de circulation de camions ici par bonheur. Je passe successivement devant des grilles Art Nouveau, un joli ruisseau, Le Musée des Eaux de Vie, la Médiathèque, l’église Sainte-Odile, la Mairie d’architecture contemporaine jouxtée des plus belles toilettes publiques (gratuites) que j’ai utilisées depuis mon arrivée en Alsace, une Gendarmerie fermée, l’Hôtel du Faudé ouvert.
Arrivé à l’autre bout du pays, je remonte jusqu’à l’église au joli contraste entre la pierre rose du clocher et le vert jaune des murs latéraux. Non loin est la boulangerie Kieffer où se trouvent plus de femmes bavardes que de viennoiseries. J’obtiens le dernier pain au chocolat (un euro quarante). Je l’emporte un peu plus loin, près de l’église, en face de la Médiathèque, où un café est ouvert, un café qui cache son nom, fréquenté par des vieux d’ici. J’ai une table à l’ombre en terrasse où souffle un vent chaud, pour un café à seulement un euro cinquante. Les Pompiers partent en manœuvre. Un homme installe une pancarte fléchée pour le Repair Café. L’église est de celles qui sonnent l’heure deux fois pour qui n’a pas compris la première. Je reprends Balzac. Le premier décembre mil huit cent quarante-six, il est au plus bas. Madame Hanska vient de perdre leur futur enfant, Victor, à six mois de grossesse.
Ce café sans nom fait restaurant, bien que ce ne soit indiqué nulle part. La patronne affiche le menu du jour : entrée escalope milanaise dessert, treize euros. Je lui réserve une table pour tester son menu mystère puis je reprends la découverte du village malgré la température trop élevée. Je passe devant le fabricant de munster Dodin et une belle école maternelle bleue, puis entre dans l’église qui, de chaque côté du chœur, bénéficie d’une fresque de Maurice Denis narrant la vie de Sainte-Odile. Cette fresque est malheureusement peu visible faute d’éclairage. Plein de courage, je monte au cimetière par un chemin de bois pentu interdit à tout véhicule à roue. De ce cimetière, la vue est belle sur l’église. Redescendu sur le parvis, je fais une dernière photo : celle de bâtiments presque jumeaux, un blanc à gauche où se tient le café, qui s’appelle le Café Central bien que son nom ne soit pas affiché, et un ocre à droite où se pratique la vente des fromages Dodin (il y a un distributeur automatique quand c’est fermé).
Je mange à l’intérieur au Café Central. Au-dessus de ma table, une photo montre l’énorme crèche qu’on installe ici à Noël « A Lapoutroie découvrez la Crèche du Café Central. Ouvert tous les jours. » Je prends un quart d’edelzwicker. L’entrée, je la connais quand elle est posée devant moi : crudités melon charcuterie. En face de moi sont quatre hommes de la même famille et une jeune femme qui est l’amie de l’un d’eux. Chorte et débardeur, plantureuse, crumbienne, elle s’ennuie et a toujours les doigts dans la bouche. L’escalope milanaise est accompagnée de frites et salade. La patronne et le patron font la cuisine ensemble et le service ensemble, d’où une attente qui nuit aux nerfs de l’impatient que je suis. Mon dessert surprise arrive enfin : une mousse au chocolat.
Je règle au patron dix-huit euros cinquante, treize euros pour le repas, quatre euros pour le vin et un euro cinquante pour un café que je vais prendre sur la terrasse. Encore un établissement qui fermera dans quelques années lorsque viendra l’heure de la retraite, me dis-je.
Un arrêt de car Fluo est de l’autre côté devant l’église. J’attends qu’approche treize heures cinquante-quatre pour traverser. Je descends une nouvelle fois à l’arrêt Manufacture. A Colmar, la chaleur est accablante.
Le bus F arrive avec « Service non commencé » sur sa girouette. Je le dis au néo barbu qui conduit. Il corrige sans un merci. La journée la plus chaude de la semaine, c’est aujourd’hui. Trente-six degrés annoncés en Alsace où les orages arriveront demain.
Ça discute entre chauffeurs de cars Fluo ce samedi matin, lesquels me saluent comme une personne connue. Celui au petit chapeau rentre chez lui. Celui qui conduit le sept heures quarante aujourd’hui est aussi serviable. Je lui dis que je veux descendre à l’arrêt Girardin en haut de Lapoutroie.
Ainsi en est-il, ce qui me permet de visiter cette commune pentue tout en longueur en descendant. Lapoutroie est un beau bourg de montagne. Pas de circulation de camions ici par bonheur. Je passe successivement devant des grilles Art Nouveau, un joli ruisseau, Le Musée des Eaux de Vie, la Médiathèque, l’église Sainte-Odile, la Mairie d’architecture contemporaine jouxtée des plus belles toilettes publiques (gratuites) que j’ai utilisées depuis mon arrivée en Alsace, une Gendarmerie fermée, l’Hôtel du Faudé ouvert.
Arrivé à l’autre bout du pays, je remonte jusqu’à l’église au joli contraste entre la pierre rose du clocher et le vert jaune des murs latéraux. Non loin est la boulangerie Kieffer où se trouvent plus de femmes bavardes que de viennoiseries. J’obtiens le dernier pain au chocolat (un euro quarante). Je l’emporte un peu plus loin, près de l’église, en face de la Médiathèque, où un café est ouvert, un café qui cache son nom, fréquenté par des vieux d’ici. J’ai une table à l’ombre en terrasse où souffle un vent chaud, pour un café à seulement un euro cinquante. Les Pompiers partent en manœuvre. Un homme installe une pancarte fléchée pour le Repair Café. L’église est de celles qui sonnent l’heure deux fois pour qui n’a pas compris la première. Je reprends Balzac. Le premier décembre mil huit cent quarante-six, il est au plus bas. Madame Hanska vient de perdre leur futur enfant, Victor, à six mois de grossesse.
Ce café sans nom fait restaurant, bien que ce ne soit indiqué nulle part. La patronne affiche le menu du jour : entrée escalope milanaise dessert, treize euros. Je lui réserve une table pour tester son menu mystère puis je reprends la découverte du village malgré la température trop élevée. Je passe devant le fabricant de munster Dodin et une belle école maternelle bleue, puis entre dans l’église qui, de chaque côté du chœur, bénéficie d’une fresque de Maurice Denis narrant la vie de Sainte-Odile. Cette fresque est malheureusement peu visible faute d’éclairage. Plein de courage, je monte au cimetière par un chemin de bois pentu interdit à tout véhicule à roue. De ce cimetière, la vue est belle sur l’église. Redescendu sur le parvis, je fais une dernière photo : celle de bâtiments presque jumeaux, un blanc à gauche où se tient le café, qui s’appelle le Café Central bien que son nom ne soit pas affiché, et un ocre à droite où se pratique la vente des fromages Dodin (il y a un distributeur automatique quand c’est fermé).
Je mange à l’intérieur au Café Central. Au-dessus de ma table, une photo montre l’énorme crèche qu’on installe ici à Noël « A Lapoutroie découvrez la Crèche du Café Central. Ouvert tous les jours. » Je prends un quart d’edelzwicker. L’entrée, je la connais quand elle est posée devant moi : crudités melon charcuterie. En face de moi sont quatre hommes de la même famille et une jeune femme qui est l’amie de l’un d’eux. Chorte et débardeur, plantureuse, crumbienne, elle s’ennuie et a toujours les doigts dans la bouche. L’escalope milanaise est accompagnée de frites et salade. La patronne et le patron font la cuisine ensemble et le service ensemble, d’où une attente qui nuit aux nerfs de l’impatient que je suis. Mon dessert surprise arrive enfin : une mousse au chocolat.
Je règle au patron dix-huit euros cinquante, treize euros pour le repas, quatre euros pour le vin et un euro cinquante pour un café que je vais prendre sur la terrasse. Encore un établissement qui fermera dans quelques années lorsque viendra l’heure de la retraite, me dis-je.
Un arrêt de car Fluo est de l’autre côté devant l’église. J’attends qu’approche treize heures cinquante-quatre pour traverser. Je descends une nouvelle fois à l’arrêt Manufacture. A Colmar, la chaleur est accablante.