Le soir de mon retour de Colmar, dépité par ce qui arrive à mon ordinateur, je me couche tôt et m’endors. Vers dix heures, je suis réveillé par des bruits bizarres en provenance du jardin. Je regarde par la fenêtre. La vieille voisine d’origine anglaise du duplex de deuxième et troisième étages en face du mien jette tout par la fenêtre du troisième.
Cette femme a toujours été étrange. Une quinzaine d’années qu’elle est là, derrière ses fenêtres aux rideaux toujours fermés au deuxième et obturées par des cartons au troisième. Elle ne sort que le soir, et surtout la nuit, comme ses chats.
Je ne la vois pas. Elle jette. Je me dis qu’un(e) voisin(e) a déjà appelé les Pompiers ou la Police. La fille de cette dame arrive en compagnie d’une amie à elle. Elle crie : « Cette fois, c’est l’HP, c’est l’HP ! »
Elle ne monte pas. Elle fait des photos et filme. Plusieurs fois, j’ai vu cette fille brusquer sa mère. On ne peut pas dire que ce soit un modèle d’amour filial. Elle est au téléphone avec je ne sais qui. « T’as entendu ? T’as entendu ? » Un objet en verre vient de se casser en arrivant au sol.
Elle finit par monter. Une voisine et son fils sortent. La vieille femme descend. Le fils de la voisine lui crie qu’elle pouvait blesser quelqu’un ou tuer un de ses chats. Si elle avait jeté des oreillers ou ses vêtements, cela aurait été aussi grave, me dis-je. Personne ne semble prendre conscience qu’on a affaire à une malade en pleine crise. Je fais le Dix-Huit.
Je tombe sur un centre d’appel où celui qui me répond met un certain temps à situer l’endroit. Il me demande ce que fait la fille de cette dame. « Elle lui crie dessus. » Ma vieille voisine ramasse ce qu’elle a jeté par la fenêtre et le met dans la poubelle. « T’es en train de ruiner le tri des déchets. » « Si tu veux jeter du papier, il faut aller rue de la République. » « Je vais transférer votre appel à la Police, ne quittez pas », me dit le Pompier.
Suit une musique classique qui s’éternise. C’est le même Pompier qui reprend la conversation. Il me dit que quelqu’un d’autre a appelé et que comme la famille est sur place le Samu arrive.
Deux grands costauds. « C’est vous ? » dit l’un à l’amie de la fille. Elle fait un bond en arrière. La vieille voisine a regagné son appartement. Ils montent avec la fille. Au bout d’un moment, la fille redescend. « Je vais partir avec eux, dit-elle, sinon elle va leur raconter n’importe quoi et ils vont la relâcher. »
La vieille voisine se laisse emmener. L’amie de la fille et le fils de la voisine mettent dans les poubelles tout ce qui a été jeté, dont un ordinateur qui m’aurait été utile.
*
Au matin du vendredi, les chats sont toujours dehors, des plastiques sont accrochés aux fenêtres du voisin du premier absent, la fenêtre par laquelle tout a été jeté est restée ouverte malgré la pluie, des objets bouchent la gouttière.
Cette femme a toujours été étrange. Une quinzaine d’années qu’elle est là, derrière ses fenêtres aux rideaux toujours fermés au deuxième et obturées par des cartons au troisième. Elle ne sort que le soir, et surtout la nuit, comme ses chats.
Je ne la vois pas. Elle jette. Je me dis qu’un(e) voisin(e) a déjà appelé les Pompiers ou la Police. La fille de cette dame arrive en compagnie d’une amie à elle. Elle crie : « Cette fois, c’est l’HP, c’est l’HP ! »
Elle ne monte pas. Elle fait des photos et filme. Plusieurs fois, j’ai vu cette fille brusquer sa mère. On ne peut pas dire que ce soit un modèle d’amour filial. Elle est au téléphone avec je ne sais qui. « T’as entendu ? T’as entendu ? » Un objet en verre vient de se casser en arrivant au sol.
Elle finit par monter. Une voisine et son fils sortent. La vieille femme descend. Le fils de la voisine lui crie qu’elle pouvait blesser quelqu’un ou tuer un de ses chats. Si elle avait jeté des oreillers ou ses vêtements, cela aurait été aussi grave, me dis-je. Personne ne semble prendre conscience qu’on a affaire à une malade en pleine crise. Je fais le Dix-Huit.
Je tombe sur un centre d’appel où celui qui me répond met un certain temps à situer l’endroit. Il me demande ce que fait la fille de cette dame. « Elle lui crie dessus. » Ma vieille voisine ramasse ce qu’elle a jeté par la fenêtre et le met dans la poubelle. « T’es en train de ruiner le tri des déchets. » « Si tu veux jeter du papier, il faut aller rue de la République. » « Je vais transférer votre appel à la Police, ne quittez pas », me dit le Pompier.
Suit une musique classique qui s’éternise. C’est le même Pompier qui reprend la conversation. Il me dit que quelqu’un d’autre a appelé et que comme la famille est sur place le Samu arrive.
Deux grands costauds. « C’est vous ? » dit l’un à l’amie de la fille. Elle fait un bond en arrière. La vieille voisine a regagné son appartement. Ils montent avec la fille. Au bout d’un moment, la fille redescend. « Je vais partir avec eux, dit-elle, sinon elle va leur raconter n’importe quoi et ils vont la relâcher. »
La vieille voisine se laisse emmener. L’amie de la fille et le fils de la voisine mettent dans les poubelles tout ce qui a été jeté, dont un ordinateur qui m’aurait été utile.
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Au matin du vendredi, les chats sont toujours dehors, des plastiques sont accrochés aux fenêtres du voisin du premier absent, la fenêtre par laquelle tout a été jeté est restée ouverte malgré la pluie, des objets bouchent la gouttière.