De la pluie toute la nuit mais au matin de ce mardi c’est terminé. Météo France prévoit le retour des précipitations dans la soirée. Je décide de lui faire confiance et monte dans le bus Quatre de sept heures cinquante, terminus Coopérative, qui dessert le centre de Roquebrune-sur-Argens, c’est-à-dire la partie haute de cette vaste commune qui descend jusqu’à la mer aux Issambres.
Ce bus se remplit vite, plus qu’aucun que j’aie pris. Une moitié de ses passagers descend au Centre Commercial des Arènes, tellement étendu qu’il est desservi par quatre arrêts. L’autre moitié, composée de bizarres, fait de même à l’entrée de Puget où doit se trouver un hôpital de jour. Je reste seul avec le chauffeur et, après quarante minutes de trajet, descends à l’arrêt Roquebrune Village.
Il suffit de monter à droite pour être au cœur du bourg. Il est fort beau, peu pentu, agréable à visiter. Ses ruelles et placettes sont décorées de fleurs géantes en plastique. Je passe par les Portiques (imposantes maisons à arcades), la Fontaine Vieille, la Fontaine Neuve et son Lavoir, la Tour de l’Horloge, l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, le Castrum de Roca Brunae, la Maison du Chocolat et du Cacao et la Chapelle Saint-Michel puis j’atteins la sortie du village et sa Chapelle Sainte-Anne, point de départ des randonnées.
Revenu sur mes pas, j’entre à l’Office de Tourisme et demande un plan qui ne me servira pas à grand-chose à celle qui me reçoit. Je l’interroge sur Le Café de Roquebrune, à côté, qui devrait être ouvert depuis un quart d’heure. « Il ouvre quand il veut », me répond-elle.
De quoi me laisser le temps d’un nouveau tour du bourg alors qu’un peu de ciel bleu est visible à travers les nuages. Des oiseaux chantent. Le rocher rouge qui domine Roquebrune (« On se croirait dans le Colorado », s’excite Le Routard) est un peu caché par la brume.
A neuf heures et demie c’est bon, le Café de Roquebrune est ouvert. « Eh bonjour ! » Les gens du pays arrivent un par un. « Oh, lui, il a mis la tenue de combat, il va partir en Ukraine. » « Ça va Nino ? » « Allez, salut Aldo ! » « Eh bien, il est là le soleil. Pourtant y avait le chapeau ce matin. » Une camionnette de location France Cars arrive dont le conducteur répand par terre des sacs de colis Mondial Relay que le patron du troquet réceptionne. Le livreur en reprend d’autres. « Ne fais pas ça, l’entend-je dire au cafetier, il serait dévoyé. » Il n’y a pas que certains humains qui soient dévoyés, des colis aussi.
Trouver où manger est toujours un défi. Ce sera la pizzeria Robinson pour une formule lasagnes fondant au chocolat à seize euros. Je retourne ensuite au Café de Roquebrune pour un café lecture en terrasse. Rien n’a bougé ici depuis des décennies, sauf le prix du café, un euro quatre-vingt-dix. En redescendant vers l’arrêt de bus, je croise une équipe télé de l’Agence France Presse.
Dans le car du retour, alors qu’il commence à pleuvoir, monte un tas de jeunesse. Près de moi est un treize ans et demi qui raconte à ses copains qu’hier, il est allé faire des courses avec sa daronne. Il lui a dit « Tu peux laisser les clés de la voiture, je ne veux pas t’accompagner dans le magasin, je reste ici. » « Tandis qu’elle faisait ses achats, j’ai fait cinq fois le tour du parking et je me suis garé à la même place. Elle n’a rien vu. »
*
C'est à Roquebrune-sur-Argens, le quinze avril deux mille onze, qu’a été vu pour la dernière fois, sortant de l’Hôtel Formule Un où il avait passé la nuit, Xavier Dupont de Ligonnès.
Début janvier deux mille dix-huit, une intervention de la Police Judiciaire a eu lieu au Monastère Saint-Désert de Roquebrune-sur-Argens où quelqu’un pensait l’avoir reconnu.
Présent dans la commune le jour anniversaire de sa disparition, je n’ai aucune information d’actualité à donner sur cette affaire, si ce n’est que l’Hôtel Formule Un est toujours là près d’un rond-point donnant accès à l’autoroute.
Ce bus se remplit vite, plus qu’aucun que j’aie pris. Une moitié de ses passagers descend au Centre Commercial des Arènes, tellement étendu qu’il est desservi par quatre arrêts. L’autre moitié, composée de bizarres, fait de même à l’entrée de Puget où doit se trouver un hôpital de jour. Je reste seul avec le chauffeur et, après quarante minutes de trajet, descends à l’arrêt Roquebrune Village.
Il suffit de monter à droite pour être au cœur du bourg. Il est fort beau, peu pentu, agréable à visiter. Ses ruelles et placettes sont décorées de fleurs géantes en plastique. Je passe par les Portiques (imposantes maisons à arcades), la Fontaine Vieille, la Fontaine Neuve et son Lavoir, la Tour de l’Horloge, l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, le Castrum de Roca Brunae, la Maison du Chocolat et du Cacao et la Chapelle Saint-Michel puis j’atteins la sortie du village et sa Chapelle Sainte-Anne, point de départ des randonnées.
Revenu sur mes pas, j’entre à l’Office de Tourisme et demande un plan qui ne me servira pas à grand-chose à celle qui me reçoit. Je l’interroge sur Le Café de Roquebrune, à côté, qui devrait être ouvert depuis un quart d’heure. « Il ouvre quand il veut », me répond-elle.
De quoi me laisser le temps d’un nouveau tour du bourg alors qu’un peu de ciel bleu est visible à travers les nuages. Des oiseaux chantent. Le rocher rouge qui domine Roquebrune (« On se croirait dans le Colorado », s’excite Le Routard) est un peu caché par la brume.
A neuf heures et demie c’est bon, le Café de Roquebrune est ouvert. « Eh bonjour ! » Les gens du pays arrivent un par un. « Oh, lui, il a mis la tenue de combat, il va partir en Ukraine. » « Ça va Nino ? » « Allez, salut Aldo ! » « Eh bien, il est là le soleil. Pourtant y avait le chapeau ce matin. » Une camionnette de location France Cars arrive dont le conducteur répand par terre des sacs de colis Mondial Relay que le patron du troquet réceptionne. Le livreur en reprend d’autres. « Ne fais pas ça, l’entend-je dire au cafetier, il serait dévoyé. » Il n’y a pas que certains humains qui soient dévoyés, des colis aussi.
Trouver où manger est toujours un défi. Ce sera la pizzeria Robinson pour une formule lasagnes fondant au chocolat à seize euros. Je retourne ensuite au Café de Roquebrune pour un café lecture en terrasse. Rien n’a bougé ici depuis des décennies, sauf le prix du café, un euro quatre-vingt-dix. En redescendant vers l’arrêt de bus, je croise une équipe télé de l’Agence France Presse.
Dans le car du retour, alors qu’il commence à pleuvoir, monte un tas de jeunesse. Près de moi est un treize ans et demi qui raconte à ses copains qu’hier, il est allé faire des courses avec sa daronne. Il lui a dit « Tu peux laisser les clés de la voiture, je ne veux pas t’accompagner dans le magasin, je reste ici. » « Tandis qu’elle faisait ses achats, j’ai fait cinq fois le tour du parking et je me suis garé à la même place. Elle n’a rien vu. »
*
C'est à Roquebrune-sur-Argens, le quinze avril deux mille onze, qu’a été vu pour la dernière fois, sortant de l’Hôtel Formule Un où il avait passé la nuit, Xavier Dupont de Ligonnès.
Début janvier deux mille dix-huit, une intervention de la Police Judiciaire a eu lieu au Monastère Saint-Désert de Roquebrune-sur-Argens où quelqu’un pensait l’avoir reconnu.
Présent dans la commune le jour anniversaire de sa disparition, je n’ai aucune information d’actualité à donner sur cette affaire, si ce n’est que l’Hôtel Formule Un est toujours là près d’un rond-point donnant accès à l’autoroute.