Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Au premier apéro vinyle de l’Ubi

27 février 2015


Ce jeudi matin quand je me réveille Tewfik Hakem (Un nouveau jour est possible sur France Culture) a pour invité Claude Mollard, « expert culturel et consultant » du Panorama Asisi. L’inviteur n’est pas venu à Rouen voir de quoi il s’agit. Il ne sait pas de quoi il parle. Son invité, zélateur de Laurent le Fabuleux et de son œuvre, fait la promotion. L’équivalent à la radio de ce qu’on appelle dans la presse écrite un publi-reportage, mais là c’est gratuit.
L’après-midi, après avoir été rassuré par les résultats de l’analyse parisienne de mon urine et de celle rouennaise de mon sang qui ne révèlent rien d’anormal, j’apprends, à l’Ubi, qu’on peut être sexagénaire, se sentir soudain très fatigué, consulter, découvrir que l’on a un cancer généralisé et mourir trois mois plus tard alors qu’on n’avait pas été malade antérieurement, ce qui me donne bien à penser.
Le premier apéro vinyle de l’Ubi, qui se tient à partir de dix-neuf heures, pourrait être le bienvenu pour me changer les idées (comme on dit) mais il est surtout fréquenté par la jeunesse habituée du lieu et ses connaissances du même âge.
Les deux ou trois esseulés plus âgés ne savent quoi faire d’eux-mêmes. L’un se découvre le besoin d’inventorier les livres de la bibliothèque, un autre se prend d’une passion subite pour les gerbilles. Ils disparaissent rapidement.
Je persévère et observe, un verre de vin à la main. Les trois garçons qui se relaient aux platines semblent y prendre un plaisir inestimable. Je me demande pourquoi passer des disques en public est une occupation exclusivement masculine. La musique est bonne et de la meilleure qualité qui soit puisque venue de disques vinyles. Chacun sait que l’on n’a rien fait de mieux que ce plastique noir pour stocker les notes, comme l’inscrirait Flaubert dans son dictionnaire s’il vivait aujourd’hui.
A bâbord, chez Jabran Productions, où l’on ne compte pas ses heures, on est encore au bureau. A tribord, dans la MAM Galerie, on s’affaire au montage de la prochaine exposition. Il est toujours agréable de regarder ceux qui travaillent, mais cela finit pas lasser, aussi mon verre fini, je me casse.
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Plaisanterie récurrente à l’Ubi, l’après-midi quand j’y suis : « Parlons moins fort sinon Michel va raconter ça dans son blog ». J’ai beau dire que lorsque je suis là, je suis ailleurs, régulièrement j’y ai droit. Il y a aussi les fois où l’on y baisse vraiment la voix. Méfiance, méfiance.
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« De mon côté c'était bien, lecture de Bukowski avec du vin, comme il se doit. » m’écrit dans la nuit celle qui vit à Paris, et sans doute aurais-je dû suivre son exemple au lieu d’aller m’ennuyer à l’Ubi.