Sur le banc de la halte ferroviaire Saint-Joseph, je petit-déjeune ce samedi d’un pain au chocolat et d’un café long de chez Eric Colle (trois euros quatre-vingts le tout) en attendant le petit train Fluo de sept heures trente et une, terminus Metzeral. La journée est annoncé chaude, trente-trois degrés en Alsace. Pour l’instant, c’est la fraîcheur matinale. Une fille en tenue de coureuse et une fille à trottinette électrique montent également dans le train. Tout au long du trajet, dans les prés, par-ci par-là, des cigognes.
Je descends à Muhlbach-sur-Munster devant le Musée de la Schlitte qui fête ses cinquante ans et n’ouvre qu’en été au moment où une montgolfière se pose dans un champ près de la Gare. Je monte voir les deux églises reconstruites après les destructions de la Première Guerre Mondiale, la catholique à clocher à bulbe et la protestante de style néo roman.
Après cette dernière se trouve Au Petit Schlitteur, une boulangerie pâtisserie salon de thé qui ouvre chaque jour à quatre heures trente (six heures le dimanche), un horaire fait pour moi. J’y prends un second petit-déjeuner à trois euros quatre-vingts en terrasse face à la montagne dans laquelle sont des ferme-auberges. Je demande à deux naturels du pays qui fument à côté si elles sont vraiment loin. « Deux heures et demie, trois heures à pied, et ça grimpe ! » Un panneau prévient les bicyclistes que la pente est de cinq virgule vingt pour cent. C’est le meilleur pain au chocolat que j’ai mangé depuis le début de mon séjour.
Je ne sais pas si j’en ai le droit, mais je décide de fractionner mon retour. Il fait déjà chaud quand je redescends jusqu’à la Gare de Muhlbach. J’attends le petit train Fluo de neuf heures vingt et une à une table de pique-nique près d’une basse-cour où un dindon fait la roue. Sur cette table traîne un livre de Musso Que serais-je sans toi ?, titre volé à Aragon, des mots entendus au moins deux fois en ce qui me concerne, et puis …
Le petit train Fluo passe d’abord dans l’autre sens, puis revient. Y monte aussi une femme à panier d’osier. Je suppose qu’elle va au marché à Saint-Joseph. En quoi je me trompe car elle descend comme moi à Munster où c’est aussi jour de marché sur la place devant l’église. J’achète des bananes à deux euros quatre-vingt-dix le kilo puis suis découragé par la file devant le fromager. Ce n’est pas à regretter car un fromage se serait transformé dans mon sac en cervelle de Sancho Pança.
A la terrasse de l’Hôtel Restaurant de la Cigogne, heureusement à l’ombre, je demande un expresso (deux euros dix). Il m’est servi par une dame aimable. Je lis là Balzac Aussitôt La Cousine Bette finie, je vous irai voir, et je reviendrai faire Les Paysans. Beaucoup trop de voitures traversent la ville vers « Toutes directions », parmi lesquelles des Mercedes de collection sérigraphiées « Tour d’Elsass », une giclée de décapotées garnies de passagères à chapeaux.
A onze heures, je me transfère au Parc Hartmann, où je pelais l’autre jour, où j’ai trop chaud aujourd’hui. Je poursuis ma lecture sur un banc à l’ombre. Le surnom que donnent à Balzac Madame Hanska, sa fille Anna et son futur gendre : Bilboquet. Lui-même, quand il parle de lui à la troisième personne se nomme le Noré.
« L’artiste ! », c’est par ce nom que m’accueille l’une des serveuses à l’entrée de Côté Gare. « C’est ce que je vous ai déjà dit l’autre jour. » « Je n’avais pas entendu. » Je déjeune d’une pizza montagnarde à seulement onze euros, vraiment bonne, la meilleure que j’ai mangée depuis longtemps. La serveuse qui me prend pour un artiste me gratifie de son plus beau sourire lorsque je m’en vais. Elle ne manque pas de charme malgré son visage un peu ridé. Elle a du être jolie quand elle était plus jeune.
J’ai une heure pour lire au Parc avant mon petit Fluo de retour. Tous ne s’arrêtent pas à Saint-Joseph. Il ne faut pas se louper, sous peine d’avoir à rentrer à pied de la Gare de Colmar sous le soleil ardent. Je me suis fait raser la tête (…) La chaleur me rendait mes cheveux longs insupportables. raconte le Noré. Je ne suivrai quand même pas cet exemple.
*
Comme partout, la nuisance sonore des groupes de motards du ouiquennede. Leurs regards méprisants lorsque vrombissent les moteurs d’une autre tribu. Même dans leur groupe, ils ne s’aiment pas : « Faut toujours que t’attendes le dernier moment pour aller pisser ! ».
*
Aucun personnel de bord dans le train Colmar Metzeral. Je ne sais, parmi celles et ceux qui l’empruntent, qui a un billet, qui n’en a pas. Ça n’incite pas à payer.
Je descends à Muhlbach-sur-Munster devant le Musée de la Schlitte qui fête ses cinquante ans et n’ouvre qu’en été au moment où une montgolfière se pose dans un champ près de la Gare. Je monte voir les deux églises reconstruites après les destructions de la Première Guerre Mondiale, la catholique à clocher à bulbe et la protestante de style néo roman.
Après cette dernière se trouve Au Petit Schlitteur, une boulangerie pâtisserie salon de thé qui ouvre chaque jour à quatre heures trente (six heures le dimanche), un horaire fait pour moi. J’y prends un second petit-déjeuner à trois euros quatre-vingts en terrasse face à la montagne dans laquelle sont des ferme-auberges. Je demande à deux naturels du pays qui fument à côté si elles sont vraiment loin. « Deux heures et demie, trois heures à pied, et ça grimpe ! » Un panneau prévient les bicyclistes que la pente est de cinq virgule vingt pour cent. C’est le meilleur pain au chocolat que j’ai mangé depuis le début de mon séjour.
Je ne sais pas si j’en ai le droit, mais je décide de fractionner mon retour. Il fait déjà chaud quand je redescends jusqu’à la Gare de Muhlbach. J’attends le petit train Fluo de neuf heures vingt et une à une table de pique-nique près d’une basse-cour où un dindon fait la roue. Sur cette table traîne un livre de Musso Que serais-je sans toi ?, titre volé à Aragon, des mots entendus au moins deux fois en ce qui me concerne, et puis …
Le petit train Fluo passe d’abord dans l’autre sens, puis revient. Y monte aussi une femme à panier d’osier. Je suppose qu’elle va au marché à Saint-Joseph. En quoi je me trompe car elle descend comme moi à Munster où c’est aussi jour de marché sur la place devant l’église. J’achète des bananes à deux euros quatre-vingt-dix le kilo puis suis découragé par la file devant le fromager. Ce n’est pas à regretter car un fromage se serait transformé dans mon sac en cervelle de Sancho Pança.
A la terrasse de l’Hôtel Restaurant de la Cigogne, heureusement à l’ombre, je demande un expresso (deux euros dix). Il m’est servi par une dame aimable. Je lis là Balzac Aussitôt La Cousine Bette finie, je vous irai voir, et je reviendrai faire Les Paysans. Beaucoup trop de voitures traversent la ville vers « Toutes directions », parmi lesquelles des Mercedes de collection sérigraphiées « Tour d’Elsass », une giclée de décapotées garnies de passagères à chapeaux.
A onze heures, je me transfère au Parc Hartmann, où je pelais l’autre jour, où j’ai trop chaud aujourd’hui. Je poursuis ma lecture sur un banc à l’ombre. Le surnom que donnent à Balzac Madame Hanska, sa fille Anna et son futur gendre : Bilboquet. Lui-même, quand il parle de lui à la troisième personne se nomme le Noré.
« L’artiste ! », c’est par ce nom que m’accueille l’une des serveuses à l’entrée de Côté Gare. « C’est ce que je vous ai déjà dit l’autre jour. » « Je n’avais pas entendu. » Je déjeune d’une pizza montagnarde à seulement onze euros, vraiment bonne, la meilleure que j’ai mangée depuis longtemps. La serveuse qui me prend pour un artiste me gratifie de son plus beau sourire lorsque je m’en vais. Elle ne manque pas de charme malgré son visage un peu ridé. Elle a du être jolie quand elle était plus jeune.
J’ai une heure pour lire au Parc avant mon petit Fluo de retour. Tous ne s’arrêtent pas à Saint-Joseph. Il ne faut pas se louper, sous peine d’avoir à rentrer à pied de la Gare de Colmar sous le soleil ardent. Je me suis fait raser la tête (…) La chaleur me rendait mes cheveux longs insupportables. raconte le Noré. Je ne suivrai quand même pas cet exemple.
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Comme partout, la nuisance sonore des groupes de motards du ouiquennede. Leurs regards méprisants lorsque vrombissent les moteurs d’une autre tribu. Même dans leur groupe, ils ne s’aiment pas : « Faut toujours que t’attendes le dernier moment pour aller pisser ! ».
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Aucun personnel de bord dans le train Colmar Metzeral. Je ne sais, parmi celles et ceux qui l’empruntent, qui a un billet, qui n’en a pas. Ça n’incite pas à payer.