A mon arrivée dans le centre de Colmar avec mon pain au chocolat de chez Schwartz à la main, une Japonaise m’appelle à l’aide rue des Boulangers (où il n’y en a pas). Sa clé est coincée dans sa porte. Elle ne peut pas l’ouvrir. Après plusieurs essais, je réussis à ouvrir mais je dois l’abandonner avec la clé coincée dans la serrure.
Le ciel est redevenu bleu ce dimanche après l’orage d’hier en fin d’après-midi, de l’eau et quelques coups de tonnerre. Moins de bruit qu’en ont fait dans la nuit les feux d’artifice et les claque-sons des fanatisés fêtant la victoire à Munich de l’équipe parisienne du Qatar. A mon lever, à la télé, c’était un défilé de mâles excités par ce qu’ils disent être leur victoire. Je me réjouis de ne pas être à Paris.
J’attends sur un banc de la place de la Cathédrale qu’il soit huit heures. Quand la cloche sonne, je m’installe à la terrasse du Jupiter Café pour un rallongé verre d’eau. Deux Japonaises s’y assoient aussi, simplement pour se faire photographier par leurs maris. Le cafetier d’en face finit d’installer la sienne. A Colmar, on ne peut pas se permettre de laisser les terrasses dehors la nuit, comme à Saint-Raphaël
C’est le premier jour de juin, celui où commence mon abonnement d’un mois aux bus Trace. Je prends le premier B pour Wintzenheim, commune limitrophe de Colmar, à huit heures trente-neuf, près du Théâtre, au quai Deux. Ce bus emporte des évangélistes vers leur lieu de culte. J’y suis seul quand je descends à l’arrêt Mairie.
L’église Saint-Laurent est là aussi, que je photographie. Je remonte ensuite la rue principale quasi déserte. Elle est bordée de temps à autre de bâtiments remarquables. D’autres sont étranges, un Bar Américain (fermé), l’Hôtel Restaurant Cristal doté d’une pancarte « Ouvert par décision du Tribunal », dans lequel j’entre. Une affichette annonce « Restaurant fermé faute de personnel ». Une vieille femme portant un masque anti-Covid bien qu’elle soit seule m’indique son concurrent, Le Bon Coin, près de l’église.
Je continue à monter jusqu’à atteindre la Chapelle Notre-Dame-du-Bon-Secours puis je redescends. Aucun Bon Coin n’est visible près de l’église. Je vais plus bas où est un Péhemmu avec terrasse ombragée nommé Dart’s Café (va savoir pourquoi). J’y bois un café verre d’eau à un euro soixante. Il fait chaud, lourd. Les nuages montent. Un autochtone m’indique comment trouver Le Bon Coin qui est dans un coin un peu caché. Ce n’est pas loin, il faut prendre la route indiquant Logelbach à trois kilomètres.
« C’est déjà complet », m’apprend la dame dont la tête m’apparaît par une sorte de passe-plat donnant sur la rue. Avec un menu du dimanche à dix-sept euros cinquante, ce n’est guère étonnant. En plus, cette winstub est toute petite.
J’attends donc, sur le banc face à la Mairie, le bus retour d’onze heures vingt et une, regardant passer les bicyclistes du dimanche et une anorexique avec un sac Palais de Tokyo. « Je trace en mode sans contact », est-il écrit dans les bus Trace. Les chauffeurs et les passagers sont émoustillés par le passage du ticket en carton à la carte à biper. Je descends à l’arrêt Champ-de-Mars et, faute de force pour aller plus loin, déjeune au Café Rapp d’un bœuf gros sel à dix-neuf euros que je dois payer en liquide car l’orage hier a fait sauter le Tépéheu.
Le bus F qui dessert mon logis Air Bibi ne circule pas le dimanche. Un nouvel orage menace. La chaleur m’épuise. J’ai les pieds gonflés. Il faut pourtant que je rentre.
*
Logelbach est un quartier excentré de Wintzenheim. C’est là que Tomi Ungerer a vécu quand il était enfant. Une salle communale porte aujourd'hui son nom, laquelle peut être louée pour les fêtes de famille.
Avant de partir, j’ai trouvé au Clos Saint-Marc, acheté dix euros au bouquiniste fils de bouquiniste, Mon Alsace, texte de Paul Boeglin, dessins de Tomi Ungerer, paru à La Nuée Bleue, où il est bien sûr question de son enfance à Wintzenheim.
Le ciel est redevenu bleu ce dimanche après l’orage d’hier en fin d’après-midi, de l’eau et quelques coups de tonnerre. Moins de bruit qu’en ont fait dans la nuit les feux d’artifice et les claque-sons des fanatisés fêtant la victoire à Munich de l’équipe parisienne du Qatar. A mon lever, à la télé, c’était un défilé de mâles excités par ce qu’ils disent être leur victoire. Je me réjouis de ne pas être à Paris.
J’attends sur un banc de la place de la Cathédrale qu’il soit huit heures. Quand la cloche sonne, je m’installe à la terrasse du Jupiter Café pour un rallongé verre d’eau. Deux Japonaises s’y assoient aussi, simplement pour se faire photographier par leurs maris. Le cafetier d’en face finit d’installer la sienne. A Colmar, on ne peut pas se permettre de laisser les terrasses dehors la nuit, comme à Saint-Raphaël
C’est le premier jour de juin, celui où commence mon abonnement d’un mois aux bus Trace. Je prends le premier B pour Wintzenheim, commune limitrophe de Colmar, à huit heures trente-neuf, près du Théâtre, au quai Deux. Ce bus emporte des évangélistes vers leur lieu de culte. J’y suis seul quand je descends à l’arrêt Mairie.
L’église Saint-Laurent est là aussi, que je photographie. Je remonte ensuite la rue principale quasi déserte. Elle est bordée de temps à autre de bâtiments remarquables. D’autres sont étranges, un Bar Américain (fermé), l’Hôtel Restaurant Cristal doté d’une pancarte « Ouvert par décision du Tribunal », dans lequel j’entre. Une affichette annonce « Restaurant fermé faute de personnel ». Une vieille femme portant un masque anti-Covid bien qu’elle soit seule m’indique son concurrent, Le Bon Coin, près de l’église.
Je continue à monter jusqu’à atteindre la Chapelle Notre-Dame-du-Bon-Secours puis je redescends. Aucun Bon Coin n’est visible près de l’église. Je vais plus bas où est un Péhemmu avec terrasse ombragée nommé Dart’s Café (va savoir pourquoi). J’y bois un café verre d’eau à un euro soixante. Il fait chaud, lourd. Les nuages montent. Un autochtone m’indique comment trouver Le Bon Coin qui est dans un coin un peu caché. Ce n’est pas loin, il faut prendre la route indiquant Logelbach à trois kilomètres.
« C’est déjà complet », m’apprend la dame dont la tête m’apparaît par une sorte de passe-plat donnant sur la rue. Avec un menu du dimanche à dix-sept euros cinquante, ce n’est guère étonnant. En plus, cette winstub est toute petite.
J’attends donc, sur le banc face à la Mairie, le bus retour d’onze heures vingt et une, regardant passer les bicyclistes du dimanche et une anorexique avec un sac Palais de Tokyo. « Je trace en mode sans contact », est-il écrit dans les bus Trace. Les chauffeurs et les passagers sont émoustillés par le passage du ticket en carton à la carte à biper. Je descends à l’arrêt Champ-de-Mars et, faute de force pour aller plus loin, déjeune au Café Rapp d’un bœuf gros sel à dix-neuf euros que je dois payer en liquide car l’orage hier a fait sauter le Tépéheu.
Le bus F qui dessert mon logis Air Bibi ne circule pas le dimanche. Un nouvel orage menace. La chaleur m’épuise. J’ai les pieds gonflés. Il faut pourtant que je rentre.
*
Logelbach est un quartier excentré de Wintzenheim. C’est là que Tomi Ungerer a vécu quand il était enfant. Une salle communale porte aujourd'hui son nom, laquelle peut être louée pour les fêtes de famille.
Avant de partir, j’ai trouvé au Clos Saint-Marc, acheté dix euros au bouquiniste fils de bouquiniste, Mon Alsace, texte de Paul Boeglin, dessins de Tomi Ungerer, paru à La Nuée Bleue, où il est bien sûr question de son enfance à Wintzenheim.