Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

En lisant Lettres intimes d’Eugène Delacroix

18 juillet 2019


Pendant ma lecture de Lettres intimes d’Eugène Delacroix (L’Imaginaire/Gallimard), missives écrites dans sa jeunesse, adressées à des amis connus au lycée et à son frère Charles, j’ai prélevé ceci :
On trouve en province de certaines beautés qui ne manquent ni de tournure ni d’agréments de toute espèce. Il n’est pas rare d’y trouver au milieu de ces troupeaux de niaises prétentieuses qui y fourmillent, quelques caractères singuliers et saillants dans de jolis petits corps. A Félix Guillemardet, Paris, le premier décembre mil huit cent vingt-trois
Il y avait quinze ans à peu près que j’y étais venu. Juge de mon étonnement d’y trouver tout si peu changé qu’il pouvait me sembler que je ne l’avais pas quitté un instant. C’est une chose incroyable ou qui l’était pour moi jusqu’à ce jour ; c’est combien les choses changent peu et combien nous autres nous changeons. Si j’ai tout trouvé à la même place et avec la même figure, en revanche n’ai-je pas été reconnu par un seul des individus qui m’y avaient vu autrefois. Quelques-uns de ceux qui y étaient alors sont furieusement changés, car ils sont morts… A Félix Guillemardet, Valmont (où il passa ses vacances à quinze ans chez son cousin propriétaire de l’abbaye), le deux novembre mil huit cent vingt-neuf
Au reste, bien que tout aille de travers, nous n’avons pas le droit de crier plus haut que tous les humains qui nous ont précédés. De tout temps, on a dit que cela allait mal, que le monde touchait à sa fin et que tout était épuisé. Nos neveux sont encore destinés à nous trouver plus heureux qu’eux. A Félix Guillemardet, Paris, le quinze février mil huit cent trente et un
Encore ce matin en me levant, je me disais : où est le bon temps, celui où j’étais malheureux. A Charles Soulier, Paris, mil huit cent vingt-neuf
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De tout temps, on a dit que cela allait mal, que le monde touchait à sa fin et que tout était épuisé. Delacroix a trente-deux ans lorsqu’il écrit cela au début du dix-neuvième siècle. Les temps et le temps ont changé depuis.