Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Quand meurt le Jean-Pierre de L’Armitière

20 février 2020


Ce mardi matin, Matthieu de Montchalin, patron de L’Armitière, annonce la mort de son prédécesseur. Encore un, me dis-je, songeant que disparaissent les uns après les autres ceux que j’ai côtoyés lorsque j’étais jeune.
L'Armitière, sise rue de l’Ecole, était à l’origine (décembre mil neuf cent soixante-deux) une galerie d'art, créée par un certain Gérard Moulin. Il y proposait aussi des livres, mais je n’étais pas là, et la vendit à celui qui vient de mourir.
 « Lorsque Jean-Pierre Paroche rachète L'Armitière en 1972, il construit son développement dans le sillage de Mai 68 en s'appuyant sur la littérature et les sciences humaines et en captant le public universitaire et intellectuel. » écrivait Livres Hebdo en deux mille douze. C’est exactement ça et c’est à ce moment-là que j’en fis la connaissance.
Je fréquentais l’endroit le mercredi, venant d’Evreux où j’étais à l’Ecole Normale puis des différentes écoles de l’Eure où je faisais l’instituteur. C’était relativement petit mais on y trouvait sur les tables tout ce qui faisait l’époque : écologie, féminisme, gauchisme, science-fiction, érotisme. Jouxtaient ces livres, le meilleur de la musique folk et les affiches de Mordillo ou de Druillet.
Outre Jean-Pierre, dont je n’ai appris le patronyme que lorsqu’il a pris sa retraite, travaillaient à la librairie deux jeunes femmes, l’une qui était le sosie de Catherine Le Forestier et dont j’étais vaguement amoureux, et l’autre, brune et hautaine, prénommée Catherine (si je me souviens bien), qui resta en poste jusqu’à sa propre retraite. Tous trois se vouvoyaient.
J’ai dépensé une petite fortune rue de l’Ecole jusqu’en mil neuf cent soixante-dix-neuf. A cette date, celle qui ressemblait à Catherine Le Forestier n’était plus là depuis longtemps et L’Armitière déménagea rue des Basnage dans une ancienne imprimerie. Ce fut le début de la fin.
J’y allais encore, fréquentant notamment l’étage où se trouvait les livres de poche et au milieu d’eux le petit bureau de Jean-Pierre. « Tous les livres achetés seront-il lus ? », me demanda-t-il un jour où ma pile était particulièrement haute. Ils le furent
Plus tard Matthieu de Montchalin devint l'associé de Jean-Pierre Paroche, puis il le remplaça. L’Armitière déménagea encore une fois pour s’installer rue de la Jeanne. Le choix exigeant d’autrefois fut progressivement remplacé par la logique commerciale. Sur les tables s’épanouirent meilleures ventes, tourne-pages, ouvrages de développement personnel et autres livres dans l’air du temps. Je n’y entre plus.
Devenu retraité, le prénommé Jean-Pierre fréquenta, en tant qu’abonné, l’Opéra de Rouen pendant deux ou trois ans, puis il disparut, ayant sans doute quitté la ville.
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« Pour celles et ceux d’entre vous qui connaissez l’Armitière depuis longtemps, vous savez ce que la librairie doit à celui qui en assura la direction et le développement pendant plus de 30 ans. » écrit Matthieu de Montchalin dans une syntaxe toute personnelle.
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Matthieu de Montchalin qui figure en bonne place sur la liste de Nicolas Mayer-Rossignol, Socialiste, pour la prochaine élection municipale rouennaise. En regard de son nom, sa profession : « Commerçant ». Et non pas « Libraire ».