Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
26 octobre 2023
Après une dernière nuit dans le petit studio Air Bibi au sixième étage de l’immeuble bourgeois du début de la rue Sommeiller (où j’ai apprécié l’absence de bruit de voisinage, on n’y entend que les clés qui tournent dans les serrures), je prends un dernier café allongé pain au chocolat (deux euros quatre-vingt-quinze) à La Panière puis y achète à emporter un sandouiche rond et un moelleux au chocolat (neuf euros quarante).
Vers neuf heures, je laisse la clé dans la boîte à lettres de ma logeuse puis traverse la rue alors qu’il se remet à pleuvoir et me voici à la Gare. Mon Tégévé pour Paris est celui de neuf heures vingt-neuf. Il est mis en place au moment où j’arrive.
Je suis assis hélas près d’un carré famille. Il est occupé par un quatuor (mère père trois ans nourrisson) qui m’amène vite à me dire « Putain de famille ». « Pourquoi ça démarre pas ? », ne cesse de demander le moutard. Ça démarre quand il est l’heure. Christelle est notre conductrice. Constant est notre chef de bord.
Le moutard : « On est où là ? » On est à Chambéry où il pleut bien. Juste après, j’ai une dernière vision de la montagne et du Lac du Bourget Nous nous arrêtons une dernière fois à Macon Tégévé puis nous filons à trois cents à l’heure. Il est midi, je déjeune en regardant le plat paysage dans la brume. Le moutard : « C’est où Mamie Marie ? » La campagne est toujours aussi déprimante quand elle n’est pas ensoleillée. Elle est même lugubre dans le brouillard. Le moutard : « Pourquoi on n’est pas arrivé à Paris ? » Peu avant d’y être on passe près des tours de Créteil. Dans l’une dormira ce cher bambin dans le lit de papa quand il était petit.
La ligne Quatorze du métro étant à l’arrêt pendant les vacances de la Toussaint, je dois emprunter les lignes Une et Douze pour rejoindre Saint-Lazare. Cette ligne Une est difficile à trouver. Une aimable vendeuse de sandouiches vient à mon aide. Ce métro Un est évidemment bondé. Il est automatisé mais n’en fonctionne pas mieux car la voix nous annonce qu’à la suite d’un problème technique il n’ira pas plus loin que la prochaine station. J’ai de la chance, c’est la mienne, Concorde. Tout le monde descend. Les étrangers ne comprenant pas le français sont complètement perdus. Aucun souci avec la ligne Douze, j’ai le temps de prendre un café au comptoir de L’Atlantique (un euro quarante). Il pleut à Paris.
Mon train Nomad pour Rouen est celui de quatorze heures quarante. Délaissant ma place réservée, j’en trouve une dans la voiture Cinq où ne s’épanouit aucune famille et arrive à mon logis juste avant une belle averse.
Vers neuf heures, je laisse la clé dans la boîte à lettres de ma logeuse puis traverse la rue alors qu’il se remet à pleuvoir et me voici à la Gare. Mon Tégévé pour Paris est celui de neuf heures vingt-neuf. Il est mis en place au moment où j’arrive.
Je suis assis hélas près d’un carré famille. Il est occupé par un quatuor (mère père trois ans nourrisson) qui m’amène vite à me dire « Putain de famille ». « Pourquoi ça démarre pas ? », ne cesse de demander le moutard. Ça démarre quand il est l’heure. Christelle est notre conductrice. Constant est notre chef de bord.
Le moutard : « On est où là ? » On est à Chambéry où il pleut bien. Juste après, j’ai une dernière vision de la montagne et du Lac du Bourget Nous nous arrêtons une dernière fois à Macon Tégévé puis nous filons à trois cents à l’heure. Il est midi, je déjeune en regardant le plat paysage dans la brume. Le moutard : « C’est où Mamie Marie ? » La campagne est toujours aussi déprimante quand elle n’est pas ensoleillée. Elle est même lugubre dans le brouillard. Le moutard : « Pourquoi on n’est pas arrivé à Paris ? » Peu avant d’y être on passe près des tours de Créteil. Dans l’une dormira ce cher bambin dans le lit de papa quand il était petit.
La ligne Quatorze du métro étant à l’arrêt pendant les vacances de la Toussaint, je dois emprunter les lignes Une et Douze pour rejoindre Saint-Lazare. Cette ligne Une est difficile à trouver. Une aimable vendeuse de sandouiches vient à mon aide. Ce métro Un est évidemment bondé. Il est automatisé mais n’en fonctionne pas mieux car la voix nous annonce qu’à la suite d’un problème technique il n’ira pas plus loin que la prochaine station. J’ai de la chance, c’est la mienne, Concorde. Tout le monde descend. Les étrangers ne comprenant pas le français sont complètement perdus. Aucun souci avec la ligne Douze, j’ai le temps de prendre un café au comptoir de L’Atlantique (un euro quarante). Il pleut à Paris.
Mon train Nomad pour Rouen est celui de quatorze heures quarante. Délaissant ma place réservée, j’en trouve une dans la voiture Cinq où ne s’épanouit aucune famille et arrive à mon logis juste avant une belle averse.
25 octobre 2023
De foutues draches se succèdent pour ma dernière journée à Annecy. Pas annoncées hier par la météo en qui on ne peut avoir confiance qu’un jour sur deux.
J’abandonne mon projet de marcher une nouvelle fois de Chavoires à Annecy avec passage devant l’Impérial Palace. Je ne reverrai pas le lac et ses montagnes à l’endroit où ces dernières sont les plus belles, là où se succèdent les professionnel(le)s de la photo.
Vers dix heures, j’affronte la pluie et, m’abritant le plus possible sous les arcades, vais sur l’île du Palais où je fais deux photos du Café des Arts fermé avec les peintures servant de volets, puis longeant le Thiou, j’arrive au Café des Ducs.
Installé sous l’auvent sur une chaise haute, je commande un café verre d’eau et termine ma lecture du troisième volume Folio des Mémoires de Saint-Simon. Des hommes et des femmes participent à un rallye emballés dans du plastique. « On serait pas mieux là ? », dit l’une en passant devant le café. Je demande au serveur qui s’occupe en nettoyant les vitres ce que sont les tas de planches posés sur le sol de l’autre rive. « Dans pas longtemps, on va avoir les chalets », me dit-il. « Pour Noël ? » « Oui, si ça continue ils les mettront en septembre. »
Vers onze heures et demie, je suis au Centre Bonlieu où se cache Culture Trock, une sorte de Book-Off de province, sans les prix bas. La patronne est peu aimable et l’employée éteinte. Au rayon Littérature, je trouve Ceux qui s’aiment se laissent partir de Lisa Balavoine (Gallimard). J’en lis un peu mais ne l’achète pas. Il est à onze euros quatre-vingt-dix au lieu de seize euros cinquante. C’est trop. Lisa, avec qui je suis ami sur le réseau social Effe Bé et aussi un peu dans la vraie vie, ne m’en voudra pas. Ou plutôt, elle ne le saura pas car elle ne me lit pas.
A midi, je déjeune à l’étage au Bistrot du Pâquier. L’entrée du moment est une tourte aux poireaux et la grillade du jour une pluma de porc frites salade. Je demande à la serveuse ce que c’est. « C’est là », me dit-elle en posant la main sous son sein. Ne surtout pas demander si on peut tâter pour voir si c’est tendre. Le penser, c’est tout. Ces deux plats sont excellents. Avec mon verre de vin rouge habituel, j’en ai pour vingt et un euros cinquante.
Il pleut toujours terriblement quand je vais boire un café pas loin, à la terrasse du Regann, avec vue sur le vieux carrousel immobile et sur la vendeuse longiligne du petit magasin de vêtements nommé sœur qui s’ennuie faute de clientèle.
C’est toujours la même pluie quand je vais photographier des endroits remarquables de la ville en me disant que j’aurais dû le faire plus tôt.
*
Ces averses me rappellent l’orage évité de peu quand je campais ici avec celle qui travaille à Paris du temps où elle me tenait la main. On avait plié la tente tôt le matin juste avant qu’il se déchaîne. En ville, les cafetiers se réjouissaient que cette pluie ait chassé des rues ceux qui avaient trop bu pendant la Fête de la Musique.
Rien de bien à cette Fête de la Musique d’Annecy, sauf un garçon et une fille. Je me souviens d’elle, de son « Bonjour, je m’appelle Cindy et j’aime les dauphins ». Elle le faisait très bien.
*
Les ivrognes ne sont pas les seuls à disparaître les jours de forte pluie. Il y a aussi les bicyclistes, les familles et les coureurs à pied. Les chiens et leurs propriétaires sont toujours là, on sait pourquoi.
*
Le plat savoyard que je n’ai pu manger : la fondue, classique ou aux cèpes. Il faut être au minimum deux pour la demander. Interdite à qui marche seul.
*
La pluma de porc, ce n’est pas du tout là, apprends-je une fois rentré, c’est dans le dos.
J’abandonne mon projet de marcher une nouvelle fois de Chavoires à Annecy avec passage devant l’Impérial Palace. Je ne reverrai pas le lac et ses montagnes à l’endroit où ces dernières sont les plus belles, là où se succèdent les professionnel(le)s de la photo.
Vers dix heures, j’affronte la pluie et, m’abritant le plus possible sous les arcades, vais sur l’île du Palais où je fais deux photos du Café des Arts fermé avec les peintures servant de volets, puis longeant le Thiou, j’arrive au Café des Ducs.
Installé sous l’auvent sur une chaise haute, je commande un café verre d’eau et termine ma lecture du troisième volume Folio des Mémoires de Saint-Simon. Des hommes et des femmes participent à un rallye emballés dans du plastique. « On serait pas mieux là ? », dit l’une en passant devant le café. Je demande au serveur qui s’occupe en nettoyant les vitres ce que sont les tas de planches posés sur le sol de l’autre rive. « Dans pas longtemps, on va avoir les chalets », me dit-il. « Pour Noël ? » « Oui, si ça continue ils les mettront en septembre. »
Vers onze heures et demie, je suis au Centre Bonlieu où se cache Culture Trock, une sorte de Book-Off de province, sans les prix bas. La patronne est peu aimable et l’employée éteinte. Au rayon Littérature, je trouve Ceux qui s’aiment se laissent partir de Lisa Balavoine (Gallimard). J’en lis un peu mais ne l’achète pas. Il est à onze euros quatre-vingt-dix au lieu de seize euros cinquante. C’est trop. Lisa, avec qui je suis ami sur le réseau social Effe Bé et aussi un peu dans la vraie vie, ne m’en voudra pas. Ou plutôt, elle ne le saura pas car elle ne me lit pas.
A midi, je déjeune à l’étage au Bistrot du Pâquier. L’entrée du moment est une tourte aux poireaux et la grillade du jour une pluma de porc frites salade. Je demande à la serveuse ce que c’est. « C’est là », me dit-elle en posant la main sous son sein. Ne surtout pas demander si on peut tâter pour voir si c’est tendre. Le penser, c’est tout. Ces deux plats sont excellents. Avec mon verre de vin rouge habituel, j’en ai pour vingt et un euros cinquante.
Il pleut toujours terriblement quand je vais boire un café pas loin, à la terrasse du Regann, avec vue sur le vieux carrousel immobile et sur la vendeuse longiligne du petit magasin de vêtements nommé sœur qui s’ennuie faute de clientèle.
C’est toujours la même pluie quand je vais photographier des endroits remarquables de la ville en me disant que j’aurais dû le faire plus tôt.
*
Ces averses me rappellent l’orage évité de peu quand je campais ici avec celle qui travaille à Paris du temps où elle me tenait la main. On avait plié la tente tôt le matin juste avant qu’il se déchaîne. En ville, les cafetiers se réjouissaient que cette pluie ait chassé des rues ceux qui avaient trop bu pendant la Fête de la Musique.
Rien de bien à cette Fête de la Musique d’Annecy, sauf un garçon et une fille. Je me souviens d’elle, de son « Bonjour, je m’appelle Cindy et j’aime les dauphins ». Elle le faisait très bien.
*
Les ivrognes ne sont pas les seuls à disparaître les jours de forte pluie. Il y a aussi les bicyclistes, les familles et les coureurs à pied. Les chiens et leurs propriétaires sont toujours là, on sait pourquoi.
*
Le plat savoyard que je n’ai pu manger : la fondue, classique ou aux cèpes. Il faut être au minimum deux pour la demander. Interdite à qui marche seul.
*
La pluma de porc, ce n’est pas du tout là, apprends-je une fois rentré, c’est dans le dos.
24 octobre 2023
Il pleut ce lundi pendant que je petit-déjeune à La Panière. Un responsable de cette chaîne régionale est de passage et participe à la vente. Pour l’occasion, l’employé qui fabrique les sandouiches a enfilé des gants en plastique, lui qui d’ordinaire manipule la nourriture sans en mettre.
La météo annonce une amélioration à partir de huit heures. Je lui fais confiance et monte dans le bus Cinquante terminus Duingt de huit heures dix. J’en descends à l’entrée de Sevrier, arrêt Regina. Il ne pleut plus.
De là, il est possible de regagner Annecy pédestrement au plus près du lac en passant par le quartier des Marquisats. Une fois de plus, le paysage se révèle très photogénique et je suis seul sur le chemin. A un moment, un monument en forme de menhir signale qu’« Au large de ce lieu, la milice de Vichy immergea le corps de Raymond François, 35 ans, Résistant, mort sous la torture le 14 février 1944 ».
Quand j’arrive au panneau qui annonce l’entrée d’Annecy, je vois que cette ville est jumelée avec Bayreuth. Cela me fait penser à l’ami de Stockholm qui vient de m’envoyer un mail où il me parle entre autres de sa présence l’été dernier (avec compagne et enfants) au Festival de cette ville où était notamment donné Tannhäuser. Il y a si longtemps qu’il ne m’avait écrit que j’en étais à me demander s’il le referait un jour.
Arrivé au centre d’Annecy, je bifurque à angle droit pour longer le Thiou et découvre un gros nuage noir au-dessus du Château et des églises. J’ai à peine le temps de faire quelques photos de la terrasse inoccupée du Café des Arts qui sera fermé demain et de m’y asseoir qu’il se remet à pleuvoir.
« Bonjour, tu vas bien ? » me dit Maïwenn en m’apportant un café verre d’eau. Un peu plus tard, elle me dit qu’elle n’a pas encore lu ce que j’écris, qu’elle ne veut pas faire ça dans la précipitation, qu’elle a besoin de temps. Je lui demande si elle-même écrit. Non, son domaine, c’est la photo. Elle en publie sur Instagram.
C’est le début des vacances de la Toussaint. Dans une salle annexe du Palais de l’Ile, des moutards, pris en charge par une animatrice, fabriquent des déguisements pour Allo Ouine. A une table de la terrasse arrivent une mère et sa cinq ans qui ronchonne. « Si on faisait le jeu du jour où on ne dit pas non, on est en vacances, tranquilles », suggère la génitrice complètement stressée. Le froid les fait migrer vers l’intérieur, ce qui ne me désole pas. Elles sont remplacées par une apprentie comédienne de dix-huit ans et un metteur en scène local à qui elle demande des conseils pour s’inscrire dans une école de théâtre. Cette fille qui paraît moins que son âge a un an d’avance dans ses études et fait preuve d’une maturité étonnante. Ce qui m’étonne encore plus, c’est qu’elle commande une tisane, n’importe laquelle. Ce sera une verveine.
Dans Saint-Simon, j’en suis où il détaille, avec la précision d’un entomologiste, l’emploi du temps quotidien de Louis le Quatorzième. De savoir quand le roi mettoit un chapeau et quand il n’en mettoit pas, je m’en tape.
A midi, je déjeune sans incident au Bistrot du Pâquier, sauté de porc aux champignons de Paris et pâtes, tarte au citron et verre de vin rouge, dix-neuf euros. Après être sorti de ce restaurant, je bois le café au Café des Arts, servi par Maïwenn. Margot ne travaille pas cette journée. Elle passe cependant sans se soucier de qui que ce soit, requise par un rendez-vous au Bloomer.
Du passage de l’Ile surgissent des familles qui semblent se croire dans un parc d’attraction, parfois aussi hagardes que si elles étaient dans un labyrinthe dont elles ne trouvaient pas la sortie. Cela énerve mon voisin aux cheveux blancs de devant, arrivé là avec quatre ou cinq quotidiens à lire et qui envoie paître deux moutardes trop curieuses.
Vers quinze heures, je dis au revoir à Maïwenn qui me souhaite une bonne vie. Le peu qu’il m’en reste, ne lui dis-je pas. Elle m’a dit qu’elle était timide. Je le suis aussi. Elle me dit qu’elle m’écrira un message quand elle aura lu. « Peut-être t’enverrai-je une lettre ici », lui dis-je.
La météo annonce une amélioration à partir de huit heures. Je lui fais confiance et monte dans le bus Cinquante terminus Duingt de huit heures dix. J’en descends à l’entrée de Sevrier, arrêt Regina. Il ne pleut plus.
De là, il est possible de regagner Annecy pédestrement au plus près du lac en passant par le quartier des Marquisats. Une fois de plus, le paysage se révèle très photogénique et je suis seul sur le chemin. A un moment, un monument en forme de menhir signale qu’« Au large de ce lieu, la milice de Vichy immergea le corps de Raymond François, 35 ans, Résistant, mort sous la torture le 14 février 1944 ».
Quand j’arrive au panneau qui annonce l’entrée d’Annecy, je vois que cette ville est jumelée avec Bayreuth. Cela me fait penser à l’ami de Stockholm qui vient de m’envoyer un mail où il me parle entre autres de sa présence l’été dernier (avec compagne et enfants) au Festival de cette ville où était notamment donné Tannhäuser. Il y a si longtemps qu’il ne m’avait écrit que j’en étais à me demander s’il le referait un jour.
Arrivé au centre d’Annecy, je bifurque à angle droit pour longer le Thiou et découvre un gros nuage noir au-dessus du Château et des églises. J’ai à peine le temps de faire quelques photos de la terrasse inoccupée du Café des Arts qui sera fermé demain et de m’y asseoir qu’il se remet à pleuvoir.
« Bonjour, tu vas bien ? » me dit Maïwenn en m’apportant un café verre d’eau. Un peu plus tard, elle me dit qu’elle n’a pas encore lu ce que j’écris, qu’elle ne veut pas faire ça dans la précipitation, qu’elle a besoin de temps. Je lui demande si elle-même écrit. Non, son domaine, c’est la photo. Elle en publie sur Instagram.
C’est le début des vacances de la Toussaint. Dans une salle annexe du Palais de l’Ile, des moutards, pris en charge par une animatrice, fabriquent des déguisements pour Allo Ouine. A une table de la terrasse arrivent une mère et sa cinq ans qui ronchonne. « Si on faisait le jeu du jour où on ne dit pas non, on est en vacances, tranquilles », suggère la génitrice complètement stressée. Le froid les fait migrer vers l’intérieur, ce qui ne me désole pas. Elles sont remplacées par une apprentie comédienne de dix-huit ans et un metteur en scène local à qui elle demande des conseils pour s’inscrire dans une école de théâtre. Cette fille qui paraît moins que son âge a un an d’avance dans ses études et fait preuve d’une maturité étonnante. Ce qui m’étonne encore plus, c’est qu’elle commande une tisane, n’importe laquelle. Ce sera une verveine.
Dans Saint-Simon, j’en suis où il détaille, avec la précision d’un entomologiste, l’emploi du temps quotidien de Louis le Quatorzième. De savoir quand le roi mettoit un chapeau et quand il n’en mettoit pas, je m’en tape.
A midi, je déjeune sans incident au Bistrot du Pâquier, sauté de porc aux champignons de Paris et pâtes, tarte au citron et verre de vin rouge, dix-neuf euros. Après être sorti de ce restaurant, je bois le café au Café des Arts, servi par Maïwenn. Margot ne travaille pas cette journée. Elle passe cependant sans se soucier de qui que ce soit, requise par un rendez-vous au Bloomer.
Du passage de l’Ile surgissent des familles qui semblent se croire dans un parc d’attraction, parfois aussi hagardes que si elles étaient dans un labyrinthe dont elles ne trouvaient pas la sortie. Cela énerve mon voisin aux cheveux blancs de devant, arrivé là avec quatre ou cinq quotidiens à lire et qui envoie paître deux moutardes trop curieuses.
Vers quinze heures, je dis au revoir à Maïwenn qui me souhaite une bonne vie. Le peu qu’il m’en reste, ne lui dis-je pas. Elle m’a dit qu’elle était timide. Je le suis aussi. Elle me dit qu’elle m’écrira un message quand elle aura lu. « Peut-être t’enverrai-je une lettre ici », lui dis-je.
23 octobre 2023
Une fidèle lectrice ayant habité Annecy me propose une quinzaine de tickets de bus qu’elle vient de retrouver dans son portefeuille. C’est gentil, mais trop tard. Avec la journée bus gratuits d’hier, je ne vais même pas pouvoir utiliser complètement ma troisième carte dix voyages.
Le dimanche, le premier bus Soixante pour Talloires part à huit heures trente de la Gare Routière. Cette fois, j’en descends à l’arrêt Talloires Angon après l’arrêt Talloires Ecoles. Angon est un hameau de bord du lac situé au-delà du bourg de Talloires. Plusieurs campignes y sont présents dont certains vont jusqu’au lac, empêchant de le longer.
Dès que c’est possible, je marche le long de ce lac jusqu’au bourg déjà vu deux fois, bénéficiant d’un paysage que je ne sais qualifier que par le mot magnifique. Je repasse par la plage, dois contourner des écoles de voile et d’autres activités nautiques pour rejoindre le port. Ma dernière photo à Talloires est un autoportrait à la maison boudeuse. Il s’ajoute à ma collection de photos de mon ombre.
Au centre du bourg, Café Gisèle est ouvert, avec aux commandes deux Gigi qui ne sont pas les mêmes que la dernière fois. La terrasse est au soleil. Il y fait presque chaud. J’y bois un café entouré de locaux français et anglais.
Un quadragénaire m’a précédé à l’arrêt de bus Ecoles. Il confond les bus au départ d’Annecy avec ceux au départ de Talloires. Je dois lui expliquer comment lire l’horaire sur papier que lui a donné sa copine. Quand il a compris, une voiture s’arrête. Ce sont des amis à lui. Ils lui proposent de l’emmener. Voilà une leçon de perdue.
Le car de retour est à dix heures cinquante-cinq. J’en descends à la Gare Routière d’où je rejoins la rue du Pâquier. Presque tous ses restaurants sont fermés le dimanche. La Cuisine des Amis propose du déjà vu. Je tente le menu savoyard de la Brasserie du Théâtre, le premier restaurant de la rue, avec vue sur le Centre Bonlieu et la montagne au loin.
Ce menu savoyard se compose d’un croustillant de tome des Bauges en salade, d’une tartiflette et d’une faisselle au coulis de fruits rouges. Je m’installe à une table haute sous les arcades, éloigné des familles. Le croustillant de tome des Bauges en salade devrait s’appeler salade avec tout petit croustillant de tome des Bauges. La tartiflette est bonne (il fallait bien que j’en mange une avant de quitter la région). Le dessert est passable. Le service ne lambine pas. Bien que je ne mange pas vite, à treize heures j’ai terminé. Avec mon verre d’Apremont Vieille Vigne, j’en ai pour vingt-cinq euros.
Je réussis à avoir une table au Café des Arts, ce qui n’est pas facile le dimanche. Dans un premier temps, il me semble que Margot et Maïwenn me battent froid, puis, longtemps après mon arrivée, la première me dit : « Ça va ? Tu es triste de nous quitter, bien sûr. », et la seconde, encore plus tard, me signale d’un pouce levé qu’elle a aimé ce qu’elle a lu.
Le nombre de personnes sur qui j’ai écrit d’une façon que je jugeais positive et qui l’ont mal pris. Ce pourquoi, sauf en réponse à une question précise sur le sujet, je ne parle pas, à qui est évoqué dans mes écritures, de cette activité quasi quotidienne.
*
Le genre de plaisanterie que l’on doit entendre ce dimanche à Thorens Glières. « Ah, te voilà, on voit bien que c’est la Fête de la Courge. »
Le dimanche, le premier bus Soixante pour Talloires part à huit heures trente de la Gare Routière. Cette fois, j’en descends à l’arrêt Talloires Angon après l’arrêt Talloires Ecoles. Angon est un hameau de bord du lac situé au-delà du bourg de Talloires. Plusieurs campignes y sont présents dont certains vont jusqu’au lac, empêchant de le longer.
Dès que c’est possible, je marche le long de ce lac jusqu’au bourg déjà vu deux fois, bénéficiant d’un paysage que je ne sais qualifier que par le mot magnifique. Je repasse par la plage, dois contourner des écoles de voile et d’autres activités nautiques pour rejoindre le port. Ma dernière photo à Talloires est un autoportrait à la maison boudeuse. Il s’ajoute à ma collection de photos de mon ombre.
Au centre du bourg, Café Gisèle est ouvert, avec aux commandes deux Gigi qui ne sont pas les mêmes que la dernière fois. La terrasse est au soleil. Il y fait presque chaud. J’y bois un café entouré de locaux français et anglais.
Un quadragénaire m’a précédé à l’arrêt de bus Ecoles. Il confond les bus au départ d’Annecy avec ceux au départ de Talloires. Je dois lui expliquer comment lire l’horaire sur papier que lui a donné sa copine. Quand il a compris, une voiture s’arrête. Ce sont des amis à lui. Ils lui proposent de l’emmener. Voilà une leçon de perdue.
Le car de retour est à dix heures cinquante-cinq. J’en descends à la Gare Routière d’où je rejoins la rue du Pâquier. Presque tous ses restaurants sont fermés le dimanche. La Cuisine des Amis propose du déjà vu. Je tente le menu savoyard de la Brasserie du Théâtre, le premier restaurant de la rue, avec vue sur le Centre Bonlieu et la montagne au loin.
Ce menu savoyard se compose d’un croustillant de tome des Bauges en salade, d’une tartiflette et d’une faisselle au coulis de fruits rouges. Je m’installe à une table haute sous les arcades, éloigné des familles. Le croustillant de tome des Bauges en salade devrait s’appeler salade avec tout petit croustillant de tome des Bauges. La tartiflette est bonne (il fallait bien que j’en mange une avant de quitter la région). Le dessert est passable. Le service ne lambine pas. Bien que je ne mange pas vite, à treize heures j’ai terminé. Avec mon verre d’Apremont Vieille Vigne, j’en ai pour vingt-cinq euros.
Je réussis à avoir une table au Café des Arts, ce qui n’est pas facile le dimanche. Dans un premier temps, il me semble que Margot et Maïwenn me battent froid, puis, longtemps après mon arrivée, la première me dit : « Ça va ? Tu es triste de nous quitter, bien sûr. », et la seconde, encore plus tard, me signale d’un pouce levé qu’elle a aimé ce qu’elle a lu.
Le nombre de personnes sur qui j’ai écrit d’une façon que je jugeais positive et qui l’ont mal pris. Ce pourquoi, sauf en réponse à une question précise sur le sujet, je ne parle pas, à qui est évoqué dans mes écritures, de cette activité quasi quotidienne.
*
Le genre de plaisanterie que l’on doit entendre ce dimanche à Thorens Glières. « Ah, te voilà, on voit bien que c’est la Fête de la Courge. »
22 octobre 2023
Ce samedi, malgré un ciel noir, je monte dans le bus Quatre-Vingt dont le terminus est Thorens Glières. Une jeune femme fait de même. « C’est gratuit aujourd’hui, nous dit la conductrice, pour tous les bus du réseau. » Elle ne sait pas pourquoi. A huit heures huit, elle démarre. Ce bus en forme de car est électrique et annonce ses arrêts. On y entend France Musique.
Faubourgs d’Annecy, pont de Brogny, Dassault Aviation, Charvoneix et son église pointue sur un coteau, la jeune femme descend quelque part, Collège de Parmelan, ça monte, Gare de Groisy, ça redescend, un torrent, ça remonte doucement, La Combe d’en Bas, le terminus est déplacé à cause de la préparation de la fête de dimanche. Je me mets d’accord avec la conductrice sur le lieu précis où la retrouver à dix heures quarante-cinq.
Ce bourg n’a rien de touristique. Je vois son église, sa statue de Saint François de Sales qui est sur l’espace public, son ébouriffant local pour les jeunes, sa Mairie à tapis rouge en briques, ses quelques chalets sortant du lot. Une flèche indique le Château de Thorens mais d’une part, la distance n’est pas précisée, d’autre part, ça descend et il faudra remonter. J’abandonne l’idée d’aller le voir.
J’achète un pain au chocolat à la boulangerie (un euro vingt) et vais le manger au Phyanne avec un café (un euro quarante). Le Phyanne est un vrai troquet de campagne tenu par une dame plus toute jeune nommée Françoise. Elle salue chaque habitué(e) par son prénom, Olivier, Christine, Gilbert, Laurent, des gens du coin qui parlent des champignons qu’on n’aurait pas dû manger après Tchernobyl. Quand elle n’a personne à servir, Françoise épluche des châtaignes. Le fond sonore est fourni par O Déesse, « la première radio des Alpes ».
La conductrice du bus est garée là où elle m’avait dit. Elle me laisse monter avant l’heure du départ. Trois filles qui ne sont pas ensemble l’attendent là où elle ne doit pas s’arrêter à cause de la fête de demain. Elles peuvent monter quand même. Un peu de monde fait de même en chemin. Sur France Musique, Brigitte Engerer joue deux Nocturnes de Chopin. Je me souviens de ses concerta à l’Opéra de Rouen, notamment de celui où sa tourneuse de pages s’était plantée.
A midi pile, j’entre au Bistrot du Pâquier, bientôt rejoint par les familles et les ami(e)s du samedi. Je commande le plat du jour à onze euros, chou farci et sa potée de légumes. Il n’arrive pas. Cela me saoule, d’autant que la famille d’à côté, papa, maman, une trois ans, un bébé, tonton, papy, m’horripile.
Je n’aime pas faire des reproches dans les restaurants, mais quand mon plat arrive après quarante minutes d’attente, je m’en plains. Il y a eu un problème en cuisine, vient me dire celle que je sais maintenant être la patronne, la farce n’était pas assez cuite. Elle en tiendra compte sur l’addition. Ce plat n’est pas exceptionnel mais la tarte au citron qui suit est excellente. J’en ai pour quinze euros car le verre de vin à quatre m’est offert.
Sitôt sorti je trouve une table au Café des Arts. « Comment va la fille de Vernon Giverny ? » dis-je à Margot quand elle vient me voir. « Tu m’as entendu parler ? » me demande-t-elle. Cela aurait été difficile de ne pas l’entendre quand hier elle a dit que c’est là que vit sa maman. Je lui dis que je connais bien cet endroit, que je suis né dans l’Eure. « Ah bon, où ça ? » « A Louviers. » « Je connais, on m’y a envoyée passer le rattrapage de mon bac au lycée. » Moi aussi, j’ai passé mon bac dans ce lycée, mais un peu plus tôt que toi. » « Oh, l’année d’avant. » Elle me demande depuis combien de temps je suis à Annecy. « Presque un mois, je rentre mercredi à Rouen. » « Tu reviendras ? » « Je ne pense pas, j’ai épuisé tous ses charmes, mon endroit préféré c’est ici. » « Bon alors, on va encore se voir dimanche et lundi, oh ça va ! ».
Mon café bu, je reprends la lecture des Mémoires de Saint-Simon, cherchant par-ci par-là ce qui peut me plaire, comme cette phrase pour décrire une servante de Madame de Maintenon : Elle était très raisonnablement sotte.
« Je peux t’encaisser s’il te plaît ?, me demande une serveuse qui n’est pas Margot mais semble elle aussi échappée des années Soixante-Dix. Quand je paie, elle me dit qu’elle me voit écrire dans ce carnet et qu’elle se demande ce que c’est. Je lui montre mes gribouillis et lui dis que je m’en sers pour raconter mes journées sur Internet, que je parle notamment du Café des Arts. Elle a envie de lire ça. Elle s’intéresse à l’écriture. Je lui écris mon nom derrière la note, qu’elle n’aura qu’à taper sur Gougueule. Elle s’appelle Maïwenn.
Non, il n’est pas interdit d’avoir deux serveuses préférées.
*
Ce dimanche à Thorens Glières, c’est la Fête de la Pomme et de la Courge. La pomme est habituée à ce qu’on la fête. Même Hervé Morin, Duc de Normandie, le fait. La courge, elle, doit être vachement contente.
*
Au restaurant ou ailleurs, ce n’est pas que je sois pressé, mais je déteste attendre.
Faubourgs d’Annecy, pont de Brogny, Dassault Aviation, Charvoneix et son église pointue sur un coteau, la jeune femme descend quelque part, Collège de Parmelan, ça monte, Gare de Groisy, ça redescend, un torrent, ça remonte doucement, La Combe d’en Bas, le terminus est déplacé à cause de la préparation de la fête de dimanche. Je me mets d’accord avec la conductrice sur le lieu précis où la retrouver à dix heures quarante-cinq.
Ce bourg n’a rien de touristique. Je vois son église, sa statue de Saint François de Sales qui est sur l’espace public, son ébouriffant local pour les jeunes, sa Mairie à tapis rouge en briques, ses quelques chalets sortant du lot. Une flèche indique le Château de Thorens mais d’une part, la distance n’est pas précisée, d’autre part, ça descend et il faudra remonter. J’abandonne l’idée d’aller le voir.
J’achète un pain au chocolat à la boulangerie (un euro vingt) et vais le manger au Phyanne avec un café (un euro quarante). Le Phyanne est un vrai troquet de campagne tenu par une dame plus toute jeune nommée Françoise. Elle salue chaque habitué(e) par son prénom, Olivier, Christine, Gilbert, Laurent, des gens du coin qui parlent des champignons qu’on n’aurait pas dû manger après Tchernobyl. Quand elle n’a personne à servir, Françoise épluche des châtaignes. Le fond sonore est fourni par O Déesse, « la première radio des Alpes ».
La conductrice du bus est garée là où elle m’avait dit. Elle me laisse monter avant l’heure du départ. Trois filles qui ne sont pas ensemble l’attendent là où elle ne doit pas s’arrêter à cause de la fête de demain. Elles peuvent monter quand même. Un peu de monde fait de même en chemin. Sur France Musique, Brigitte Engerer joue deux Nocturnes de Chopin. Je me souviens de ses concerta à l’Opéra de Rouen, notamment de celui où sa tourneuse de pages s’était plantée.
A midi pile, j’entre au Bistrot du Pâquier, bientôt rejoint par les familles et les ami(e)s du samedi. Je commande le plat du jour à onze euros, chou farci et sa potée de légumes. Il n’arrive pas. Cela me saoule, d’autant que la famille d’à côté, papa, maman, une trois ans, un bébé, tonton, papy, m’horripile.
Je n’aime pas faire des reproches dans les restaurants, mais quand mon plat arrive après quarante minutes d’attente, je m’en plains. Il y a eu un problème en cuisine, vient me dire celle que je sais maintenant être la patronne, la farce n’était pas assez cuite. Elle en tiendra compte sur l’addition. Ce plat n’est pas exceptionnel mais la tarte au citron qui suit est excellente. J’en ai pour quinze euros car le verre de vin à quatre m’est offert.
Sitôt sorti je trouve une table au Café des Arts. « Comment va la fille de Vernon Giverny ? » dis-je à Margot quand elle vient me voir. « Tu m’as entendu parler ? » me demande-t-elle. Cela aurait été difficile de ne pas l’entendre quand hier elle a dit que c’est là que vit sa maman. Je lui dis que je connais bien cet endroit, que je suis né dans l’Eure. « Ah bon, où ça ? » « A Louviers. » « Je connais, on m’y a envoyée passer le rattrapage de mon bac au lycée. » Moi aussi, j’ai passé mon bac dans ce lycée, mais un peu plus tôt que toi. » « Oh, l’année d’avant. » Elle me demande depuis combien de temps je suis à Annecy. « Presque un mois, je rentre mercredi à Rouen. » « Tu reviendras ? » « Je ne pense pas, j’ai épuisé tous ses charmes, mon endroit préféré c’est ici. » « Bon alors, on va encore se voir dimanche et lundi, oh ça va ! ».
Mon café bu, je reprends la lecture des Mémoires de Saint-Simon, cherchant par-ci par-là ce qui peut me plaire, comme cette phrase pour décrire une servante de Madame de Maintenon : Elle était très raisonnablement sotte.
« Je peux t’encaisser s’il te plaît ?, me demande une serveuse qui n’est pas Margot mais semble elle aussi échappée des années Soixante-Dix. Quand je paie, elle me dit qu’elle me voit écrire dans ce carnet et qu’elle se demande ce que c’est. Je lui montre mes gribouillis et lui dis que je m’en sers pour raconter mes journées sur Internet, que je parle notamment du Café des Arts. Elle a envie de lire ça. Elle s’intéresse à l’écriture. Je lui écris mon nom derrière la note, qu’elle n’aura qu’à taper sur Gougueule. Elle s’appelle Maïwenn.
Non, il n’est pas interdit d’avoir deux serveuses préférées.
*
Ce dimanche à Thorens Glières, c’est la Fête de la Pomme et de la Courge. La pomme est habituée à ce qu’on la fête. Même Hervé Morin, Duc de Normandie, le fait. La courge, elle, doit être vachement contente.
*
Au restaurant ou ailleurs, ce n’est pas que je sois pressé, mais je déteste attendre.
21 octobre 2023
Mon escapade du jour est à l’eau. Ce vendredi, il pleut à fond. Je n’ai qu’une rue à traverser pour entrer à La Panière. Elle ressemble à un ruisseau.
Mon petit-déjeuner pris, je remonte au sixième étage. Cette nuit, l’ampoule unique du plafonnier a claqué. Je ne suis éclairé que par la salle d’eau dont je laisse la porte ouverte. J’envoie un message à ma logeuse pour l’informer de ma situation.
Vers dix heures, la pluie ayant un peu diminué, je file au Café des Arts où il n’y a pas beaucoup de volontaires pour s’asseoir en terrasse. Quand je m’y retrouve seul, alors que la pluie est redevenue battante, ma serveuse préférée, chorte blanc sur ses collants, passe la tête par la porte : « Tu m’appelles s’il y a un problème, tu cries Margot. »
Grâce aux rues à arcades, je peux aller du Café des Arts au Bistrot du Pâquier sans me faire mouiller. A ma table habituelle de l’étage, je déjeune d’un excellent velouté de légumes et d’une bonne andouillette de Troyes sauce à la moutarde frites maison salade. Il règne ici dans le personnel une atmosphère assez comparable à celle du Café des Arts mais elle reste confinée au rez-de-chaussée où nul client n’est présent. A l’étage, les serveuses redeviennent sérieuses. Plus question de « Non mais toi, t’as menti l’autre jour quand t’as dit que t’avais pas de préservatif » quand on s’occupe de la clientèle. Laquelle est très mince ; en plus de moi, trois couples ou duos. Avec un verre de vin rouge, j’en ai pour dix-neuf euros cinquante.
La pluie est toujours aussi forte quand, par le même chemin sous les arcades, je retourne au Café des Arts pour en boire un et continuer à lire Saint-Simon qui à nouveau m’ennuie. Elle s’arrête précisément à treize heures quarante.
Vers seize heures trente, ma sympathique logeuse arrive avec une ampoule.
*
Au Café des Arts, des œuvres d’art servent de volets quand c’est fermé. A l’ouverture, elles sont posées contre le mur d’en face, là où se trouve la série de portraits siglée Les Soulèvements de la Terre.
Sur ce mur également : « Jusqu’à ce que l’amour nous sépare » signé Falco.
Mon petit-déjeuner pris, je remonte au sixième étage. Cette nuit, l’ampoule unique du plafonnier a claqué. Je ne suis éclairé que par la salle d’eau dont je laisse la porte ouverte. J’envoie un message à ma logeuse pour l’informer de ma situation.
Vers dix heures, la pluie ayant un peu diminué, je file au Café des Arts où il n’y a pas beaucoup de volontaires pour s’asseoir en terrasse. Quand je m’y retrouve seul, alors que la pluie est redevenue battante, ma serveuse préférée, chorte blanc sur ses collants, passe la tête par la porte : « Tu m’appelles s’il y a un problème, tu cries Margot. »
Grâce aux rues à arcades, je peux aller du Café des Arts au Bistrot du Pâquier sans me faire mouiller. A ma table habituelle de l’étage, je déjeune d’un excellent velouté de légumes et d’une bonne andouillette de Troyes sauce à la moutarde frites maison salade. Il règne ici dans le personnel une atmosphère assez comparable à celle du Café des Arts mais elle reste confinée au rez-de-chaussée où nul client n’est présent. A l’étage, les serveuses redeviennent sérieuses. Plus question de « Non mais toi, t’as menti l’autre jour quand t’as dit que t’avais pas de préservatif » quand on s’occupe de la clientèle. Laquelle est très mince ; en plus de moi, trois couples ou duos. Avec un verre de vin rouge, j’en ai pour dix-neuf euros cinquante.
La pluie est toujours aussi forte quand, par le même chemin sous les arcades, je retourne au Café des Arts pour en boire un et continuer à lire Saint-Simon qui à nouveau m’ennuie. Elle s’arrête précisément à treize heures quarante.
Vers seize heures trente, ma sympathique logeuse arrive avec une ampoule.
*
Au Café des Arts, des œuvres d’art servent de volets quand c’est fermé. A l’ouverture, elles sont posées contre le mur d’en face, là où se trouve la série de portraits siglée Les Soulèvements de la Terre.
Sur ce mur également : « Jusqu’à ce que l’amour nous sépare » signé Falco.
20 octobre 2023
Il me reste à voir une dernière commune du bord du lac d’Annecy. Elle se nomme Saint-Jorioz et se trouve entre Sevrier et Duingt. Seulement ce jeudi matin, il pleut bien. Le bus Cinquante de huit heures dix part sans moi. J’envisage même de renoncer mais cette pluie cesse et des coins de ciel bleu apparaissent. Aussi je monte dans le huit heures cinquante et une et en descends à l’arrêt Collège de Saint-Jorioz.
Ce bourg est vaste, il faut marcher longtemps depuis la départementale pour atteindre le lac, mais ce trajet est plat. Ma crainte est que la pluie revienne. Le ciel est tourmenté.
Le chemin me fait passer prés d’une pâture à vaches. C’est un plaisir d’entendre à nouveau un concert de cloches. Peu après, j’arrive au bord de l’eau. Un bâtiment, devant lequel se trouvent des dizaines d’arceaux pour les bicyclettes, annonce « Entrée Plage Municipale ». Elle est payante en été. Je ne peux y entrer. Je photographie par-dessus la clôture sa ressemblance circulaire avec celle de Veyrier-du-Lac.
A gauche de cette Plage, ce sont les Marais de l’Enfer (le mercredi quatre octobre au matin, on y a découvert le corps d’un quinquagénaire, un ancien Policier qui s’est suicidé). A droite, après une sorte de Pont des Amours, c’est le Port, avec le même embarcadère à abri vert que dans les autres. Au bout de son ponton est un pêcheur. Ce port contient beaucoup de bateaux mais n’est guère animé. En face, un voile blanc court sur la montagne. Il laisse apparaître le Château de Menthon-Saint-Bernard.
Avant de m’engager sur une petite route plate qui devrait me ramener à la départementale, je demande confirmation à la factrice. Elle me dit que je vais arriver au marché, prés de la Mairie où est un arrêt de bus.
Effectivement, et le prochain bus Cinquante est dans huit minutes. Je ne vois donc l’église que de loin, content d’avoir rempli mon objectif du jour sans avoir été draché.
Il fait doux. Je déjeune pour seize euros en terrasse sous l’arcade du restaurant Les Retrouvailles, langue de bœuf sauce pimentée pommes vapeur et crème brûlée, puis je vais boire le café et lire au Café des Arts où j’apprends que ma serveuse préférée se prénomme Margot. Si elle est vêtue sobrement ce jeudi, elle n’en est pas moins exubérante.
J’ai près de moi deux trentenaires, un garçon et une fille qui ne se connaissent pas. Je soupçonne un rendez-vous d’application de rencontres. Elle et lui parlent de leur travail, puis de leurs voyages, rien qui mène au rapprochement que la commande d’un verre de vin par elle permettait d’envisager.
Je retrouve ponctuellement de l’intérêt à lire Saint-Simon qui fait le procès du Château de Versailles, ce chef-d’œuvre si ruineux et de si mauvais goût.
Quand je quitte les lieux, mon voisin et ma voisine n’ont guère progressé malgré la commande d’un deuxième verre de vin, un peu poussés par Margot.
*
Obsèques à Notre-Dame de la Liesse, peut-être qu’ils ont choisi cet endroit parce qu’ils sont contents d’être débarrassés du défunt.
*
Un jeune homme qui cherche comment fêter son anniversaire : « Une salle des fêtes pour mes dix-huit ans, je trouve que ça fait un peu… »
*
Ceux qui se font photographier un sac plastique à la main.
*
Entendu dans la rue : « Ce n’est pas parce que tu avances en âge qu’on doit te pardonner tes crasses. »
Ce bourg est vaste, il faut marcher longtemps depuis la départementale pour atteindre le lac, mais ce trajet est plat. Ma crainte est que la pluie revienne. Le ciel est tourmenté.
Le chemin me fait passer prés d’une pâture à vaches. C’est un plaisir d’entendre à nouveau un concert de cloches. Peu après, j’arrive au bord de l’eau. Un bâtiment, devant lequel se trouvent des dizaines d’arceaux pour les bicyclettes, annonce « Entrée Plage Municipale ». Elle est payante en été. Je ne peux y entrer. Je photographie par-dessus la clôture sa ressemblance circulaire avec celle de Veyrier-du-Lac.
A gauche de cette Plage, ce sont les Marais de l’Enfer (le mercredi quatre octobre au matin, on y a découvert le corps d’un quinquagénaire, un ancien Policier qui s’est suicidé). A droite, après une sorte de Pont des Amours, c’est le Port, avec le même embarcadère à abri vert que dans les autres. Au bout de son ponton est un pêcheur. Ce port contient beaucoup de bateaux mais n’est guère animé. En face, un voile blanc court sur la montagne. Il laisse apparaître le Château de Menthon-Saint-Bernard.
Avant de m’engager sur une petite route plate qui devrait me ramener à la départementale, je demande confirmation à la factrice. Elle me dit que je vais arriver au marché, prés de la Mairie où est un arrêt de bus.
Effectivement, et le prochain bus Cinquante est dans huit minutes. Je ne vois donc l’église que de loin, content d’avoir rempli mon objectif du jour sans avoir été draché.
Il fait doux. Je déjeune pour seize euros en terrasse sous l’arcade du restaurant Les Retrouvailles, langue de bœuf sauce pimentée pommes vapeur et crème brûlée, puis je vais boire le café et lire au Café des Arts où j’apprends que ma serveuse préférée se prénomme Margot. Si elle est vêtue sobrement ce jeudi, elle n’en est pas moins exubérante.
J’ai près de moi deux trentenaires, un garçon et une fille qui ne se connaissent pas. Je soupçonne un rendez-vous d’application de rencontres. Elle et lui parlent de leur travail, puis de leurs voyages, rien qui mène au rapprochement que la commande d’un verre de vin par elle permettait d’envisager.
Je retrouve ponctuellement de l’intérêt à lire Saint-Simon qui fait le procès du Château de Versailles, ce chef-d’œuvre si ruineux et de si mauvais goût.
Quand je quitte les lieux, mon voisin et ma voisine n’ont guère progressé malgré la commande d’un deuxième verre de vin, un peu poussés par Margot.
*
Obsèques à Notre-Dame de la Liesse, peut-être qu’ils ont choisi cet endroit parce qu’ils sont contents d’être débarrassés du défunt.
*
Un jeune homme qui cherche comment fêter son anniversaire : « Une salle des fêtes pour mes dix-huit ans, je trouve que ça fait un peu… »
*
Ceux qui se font photographier un sac plastique à la main.
*
Entendu dans la rue : « Ce n’est pas parce que tu avances en âge qu’on doit te pardonner tes crasses. »
19 octobre 2023
Il fait encore nuit désormais quand je monte à huit heures dans le bus Soixante terminus Talloires. Comme il traîne un peu dans Annecy-le-Vieux, j’arrive de jour à l’arrêt Chef-Lieu de Veyrier-du-Lac.
Il s’agit pour moi d’aller découvrir le port et la plage de cette commune sise entre Annecy et Menthon-Saint-Bernard. C’est facile, le chemin du Chapitre y descend tout droit depuis l’arrêt de bus. Il descend même beaucoup et j’y vais prudemment.
Comme souvent le matin tôt, le lac est magnifique. Ce mercredi, le temps est mitigé mais je vois au loin qu’Annecy est dans le soleil. Arrivé au bord de l’eau, c’est l’abri de l’embarcadère qui m’apparaît en premier, semblable à ceux des autres ports du lac, une installation qui est utilisée en juillet et août par les navires qui transportent les touristes d’une commune du lac à une autre.
Ce sont ensuite différents pontons et quelques bateaux dont certains bâchés. Rien qui bouge dans ce port. Je suis seul sur le chemin qui mène à la plage. Elle possède une jolie esthétique circulaire. Les cafés sont fermés pour longtemps, dont un nommé Le Pêcheur qui mérite une photo.
Impossible d’aller plus loin en restant au bord du lac, je reprends le chemin du Chapitre, m’arrêtant plusieurs fois lors de cette rude montée. Arrivé sur la départementale, je passe voir la Mairie et l’église puis constate qu’il manque un bar susceptible de m’accueillir. Je reviens donc devant l’arrêt de bus. Bientôt se présente un car de la Région. Ma carte de bus dix voyages me donne le droit d’y monter dans cette zone. J’en descends à la Gare Routière.
Je fais quelques courses et les monte à mon sixième étage. Je constate que j’avais laissé Saint-Simon à la maison. C’est révélateur, comme on dit. Je le glisse dans mon sac à dos et par la rue Carnot vais tout droit au Café des Arts. Ma serveuse préférée m’accueille chaleureusement, pantalon multi poches un peu grand, manteau ouvert sur un crop top qui dévoile un nombril percé. Elle explique à des Américains qu’elle a appris l’anglais en Nouvelle-Zélande où elle est allée pour ce faire après avoir travaillé au Cleube Med en Nouvelle-Calédonie. Voilà d’où lui vient son sens du contact.
Je lis Saint-Simon jusqu’à l’heure du déjeuner. Comme la température redescend, je prends place à l’étage au Bistrot du Pâquier où je suis servi par une jeune femme elle aussi extravertie. Mon choix se porte sur le rôti de porc aux chanterelles accompagné de sa polenta crémeuse au parmesan et un gâteau savoyard dont j’oublie de noter le nom, l’un et l’autre fort bons. Avec un verre de vin rouge, j’en ai pour dix-neuf euros.
Il pleut quand je remets le pied dans la rue. C’est là que les arcades des rues d’Annecy montrent leur utilité. Je suis à peine mouillé quand je reprends place à la terrasse du Café des Arts sous l’auvent. Des Balinais quinquagénaires, dont certains arrivés là en mini vélo pliable, trouvent eux aussi beaucoup de charme à la serveuse, d’autant qu’elle leur montre son tatouage au mollet fait dans leur pays.
Pendant ce temps, la pluie a cessé et un agent de sécurité installe une table de fouille à l’extérieur du Palais de l’Ile à côté du café, une nouveauté sans doute inspirée par la situation actuelle.
*
Un hôpital bombardé à Gaza, des centaines de morts, on ne sait pas encore par qui, Israël ou le Jihad islamique. J’en entends parler en ville.
Ce dont je suis sûr, c’est que cet hôpital n’aurait jamais été bombardé si le Hamas ne s’était pas livré à son agression barbare contre des civils de tout âge. Le Hamas est responsable de tout ce qui arrive depuis son attaque initiale.
Il s’agit pour moi d’aller découvrir le port et la plage de cette commune sise entre Annecy et Menthon-Saint-Bernard. C’est facile, le chemin du Chapitre y descend tout droit depuis l’arrêt de bus. Il descend même beaucoup et j’y vais prudemment.
Comme souvent le matin tôt, le lac est magnifique. Ce mercredi, le temps est mitigé mais je vois au loin qu’Annecy est dans le soleil. Arrivé au bord de l’eau, c’est l’abri de l’embarcadère qui m’apparaît en premier, semblable à ceux des autres ports du lac, une installation qui est utilisée en juillet et août par les navires qui transportent les touristes d’une commune du lac à une autre.
Ce sont ensuite différents pontons et quelques bateaux dont certains bâchés. Rien qui bouge dans ce port. Je suis seul sur le chemin qui mène à la plage. Elle possède une jolie esthétique circulaire. Les cafés sont fermés pour longtemps, dont un nommé Le Pêcheur qui mérite une photo.
Impossible d’aller plus loin en restant au bord du lac, je reprends le chemin du Chapitre, m’arrêtant plusieurs fois lors de cette rude montée. Arrivé sur la départementale, je passe voir la Mairie et l’église puis constate qu’il manque un bar susceptible de m’accueillir. Je reviens donc devant l’arrêt de bus. Bientôt se présente un car de la Région. Ma carte de bus dix voyages me donne le droit d’y monter dans cette zone. J’en descends à la Gare Routière.
Je fais quelques courses et les monte à mon sixième étage. Je constate que j’avais laissé Saint-Simon à la maison. C’est révélateur, comme on dit. Je le glisse dans mon sac à dos et par la rue Carnot vais tout droit au Café des Arts. Ma serveuse préférée m’accueille chaleureusement, pantalon multi poches un peu grand, manteau ouvert sur un crop top qui dévoile un nombril percé. Elle explique à des Américains qu’elle a appris l’anglais en Nouvelle-Zélande où elle est allée pour ce faire après avoir travaillé au Cleube Med en Nouvelle-Calédonie. Voilà d’où lui vient son sens du contact.
Je lis Saint-Simon jusqu’à l’heure du déjeuner. Comme la température redescend, je prends place à l’étage au Bistrot du Pâquier où je suis servi par une jeune femme elle aussi extravertie. Mon choix se porte sur le rôti de porc aux chanterelles accompagné de sa polenta crémeuse au parmesan et un gâteau savoyard dont j’oublie de noter le nom, l’un et l’autre fort bons. Avec un verre de vin rouge, j’en ai pour dix-neuf euros.
Il pleut quand je remets le pied dans la rue. C’est là que les arcades des rues d’Annecy montrent leur utilité. Je suis à peine mouillé quand je reprends place à la terrasse du Café des Arts sous l’auvent. Des Balinais quinquagénaires, dont certains arrivés là en mini vélo pliable, trouvent eux aussi beaucoup de charme à la serveuse, d’autant qu’elle leur montre son tatouage au mollet fait dans leur pays.
Pendant ce temps, la pluie a cessé et un agent de sécurité installe une table de fouille à l’extérieur du Palais de l’Ile à côté du café, une nouveauté sans doute inspirée par la situation actuelle.
*
Un hôpital bombardé à Gaza, des centaines de morts, on ne sait pas encore par qui, Israël ou le Jihad islamique. J’en entends parler en ville.
Ce dont je suis sûr, c’est que cet hôpital n’aurait jamais été bombardé si le Hamas ne s’était pas livré à son agression barbare contre des civils de tout âge. Le Hamas est responsable de tout ce qui arrive depuis son attaque initiale.
© 2014 Michel Perdrial - Design: Bureau l’Imprimante