Allez Zou ! En train cette fois. Impossible d’aller le matin en bus sur la Corniche d’Or au-delà d’Agay et je veux atteindre Anthéor (commune de Saint-Raphaël). Un train Zou ! pas donné : cinq euros trente pour treize kilomètres (aucune réduction pour la Carte Avantage).
C’est le train qui va à Menton, départ à huit heures dix-sept. Ma gare d’arrivée sera Anthéor Cap Roux. Avant lui s’arrête le train de nuit Paris Austerlitz Nice, un vieux Corail tout tagué, dont descendent quelques mal réveillés. Des Parisiens attendent leur Tégévé de retour, lundi c’est la rentrée scolaire. Au téléphone, ils disent qu’il fait moins beau qu’hier, ce qui n’est pas vrai. « Oh, le Musée Louis de Funès, on aurait pu y aller. » Trop tard.
Mon petit train Zou ! s’arrête partout : Boulouris, Le Dramont (avec vue de haut sur l’Ile d’Or), Agay. Je suis le seul à descendre à Anthéor Cap Roux. Sans avoir été contrôlé. Ce qui me fait regretter de ne pas avoir osé voyager sans billet.
Il faut traverser les voies pour descendre au bord de la mer. Il y a là un viaduc remarquable mais je ne le remarque qu'à peine. A ma gauche c’est le Cap Roux et à ma droite c’est la route qui ramène à Agay. Je dois la suivre car des propriétés privées s’accaparent le littoral. Heureusement, chaque calanque est une ouverture sur la mer. L’une d’elles donne sur l’Ile des Vieilles. Je m’arrête à chacune pour photographier. « Ça vaut cher une photo ici », me dit un riverain sur sa terrasse. « Moins cher que chez vous », lui réponds-je.
Quand j’aperçois le Dramont et son Sémaphore, je sais que j’approche du but. Je passe devant le Phare d’Agay dont on ne peut s’approcher. Sur son mur d’enceinte, ceci : « Plaque rappelant que le Phare d’Agay sert de stèle au souvenir commémoratif d’Antoine de Saint-Exupéry ».
L’arrêt de bus La Bastide d’Agay n’est pas loin où j’attends le bus Vingt et Un de dix heures quinze. C’est le départ de la ligne, dont le terminus est Gare Routière de Saint-Raphaël. Sous l’abribus, je suis en compagnie de deux charmantes dames à valises pour qui c’est fini les vacances et qui elles aussi trouvent qu’il y a trop de propriétés privées en bord de mer à Anthéor.
Ce bus est à l’heure comme ils le sont toujours ici. A chaque arrêt montent de nouvelles valises et des sacs à dos. Je descends à Tour Vadon, longe le Vieux-Port, réserve une table aux Sablettes et vais attendre midi sur un banc face à la mer. Les familles sont de sortie. « Vous allez la rendre teubée, la gamine. » Ce n’est pas moi qui dis ça.
Sur la plage privée des Sablettes, les parasols sont déployés. Sur la soixantaine d’emplacements, peu sont occupés. On n’y échappe pas aux enfants qui courent partout. Certains choisissent d’y déjeuner. Je ne vois pas le plaisir qu’on peut avoir à manger les pieds dans le sable sur un emplacement minimal semblable à des dizaines d’autres en voyant à peine la mer derrière une forêt de parasols.
Je la vois bien, cette mer Méditerranée, de ma table en terrasse tandis que je mange mon tournedos sauce poivre frites salade, une viande fort tendre et copieuse. A la table voisine deux vieux couples de rockeurs harleyeurs parisiens. Les hommes aux longs cheveux blancs noués en catogan et aux lunettes noires. L’un avec un ticheurte « Harley Davidson of Bangkok ». L’autre, un ticheurte « Route 66 ». Leurs femmes semblables à des vieilles banales, avec lunettes noires. Leur conversation : les soucis de la copropriété et la sécurité des appartements. Quand on s’absente, on confie ses clés à Monsieur Rodriguez. J’en suis au tiramisu quand arrive une famille à bouquet de fleurs, une dizaine de personnes sur leur trente et un, dont une nymphette à cheveux nattés portant une casquette « Follow Me ». Est-ce raisonnable ?
Chez Au Coq Hardi la machine à café n’est pas en maintenance. Je reprends la lecture de Lettres à Madame Hanska tandis que le ciel se couvre du côté des Issambres. Page après page, je m’achemine vers la fin du premier volume. Des habitués retraités prennent place dans un coin de la salle du fond pour y faire comme chaque jour un rami deux contre deux. Ici, quand on commande un rosé piscine, c’est un verre de rosé avec des glaçons.
*
A Anthéor, au dessus d’une calanque, un banc est dédié à Monique M, née en mil neuf cent trente, qui devait s’y asseoir souvent, morte en deux mille vingt-quatre.
C’est le train qui va à Menton, départ à huit heures dix-sept. Ma gare d’arrivée sera Anthéor Cap Roux. Avant lui s’arrête le train de nuit Paris Austerlitz Nice, un vieux Corail tout tagué, dont descendent quelques mal réveillés. Des Parisiens attendent leur Tégévé de retour, lundi c’est la rentrée scolaire. Au téléphone, ils disent qu’il fait moins beau qu’hier, ce qui n’est pas vrai. « Oh, le Musée Louis de Funès, on aurait pu y aller. » Trop tard.
Mon petit train Zou ! s’arrête partout : Boulouris, Le Dramont (avec vue de haut sur l’Ile d’Or), Agay. Je suis le seul à descendre à Anthéor Cap Roux. Sans avoir été contrôlé. Ce qui me fait regretter de ne pas avoir osé voyager sans billet.
Il faut traverser les voies pour descendre au bord de la mer. Il y a là un viaduc remarquable mais je ne le remarque qu'à peine. A ma gauche c’est le Cap Roux et à ma droite c’est la route qui ramène à Agay. Je dois la suivre car des propriétés privées s’accaparent le littoral. Heureusement, chaque calanque est une ouverture sur la mer. L’une d’elles donne sur l’Ile des Vieilles. Je m’arrête à chacune pour photographier. « Ça vaut cher une photo ici », me dit un riverain sur sa terrasse. « Moins cher que chez vous », lui réponds-je.
Quand j’aperçois le Dramont et son Sémaphore, je sais que j’approche du but. Je passe devant le Phare d’Agay dont on ne peut s’approcher. Sur son mur d’enceinte, ceci : « Plaque rappelant que le Phare d’Agay sert de stèle au souvenir commémoratif d’Antoine de Saint-Exupéry ».
L’arrêt de bus La Bastide d’Agay n’est pas loin où j’attends le bus Vingt et Un de dix heures quinze. C’est le départ de la ligne, dont le terminus est Gare Routière de Saint-Raphaël. Sous l’abribus, je suis en compagnie de deux charmantes dames à valises pour qui c’est fini les vacances et qui elles aussi trouvent qu’il y a trop de propriétés privées en bord de mer à Anthéor.
Ce bus est à l’heure comme ils le sont toujours ici. A chaque arrêt montent de nouvelles valises et des sacs à dos. Je descends à Tour Vadon, longe le Vieux-Port, réserve une table aux Sablettes et vais attendre midi sur un banc face à la mer. Les familles sont de sortie. « Vous allez la rendre teubée, la gamine. » Ce n’est pas moi qui dis ça.
Sur la plage privée des Sablettes, les parasols sont déployés. Sur la soixantaine d’emplacements, peu sont occupés. On n’y échappe pas aux enfants qui courent partout. Certains choisissent d’y déjeuner. Je ne vois pas le plaisir qu’on peut avoir à manger les pieds dans le sable sur un emplacement minimal semblable à des dizaines d’autres en voyant à peine la mer derrière une forêt de parasols.
Je la vois bien, cette mer Méditerranée, de ma table en terrasse tandis que je mange mon tournedos sauce poivre frites salade, une viande fort tendre et copieuse. A la table voisine deux vieux couples de rockeurs harleyeurs parisiens. Les hommes aux longs cheveux blancs noués en catogan et aux lunettes noires. L’un avec un ticheurte « Harley Davidson of Bangkok ». L’autre, un ticheurte « Route 66 ». Leurs femmes semblables à des vieilles banales, avec lunettes noires. Leur conversation : les soucis de la copropriété et la sécurité des appartements. Quand on s’absente, on confie ses clés à Monsieur Rodriguez. J’en suis au tiramisu quand arrive une famille à bouquet de fleurs, une dizaine de personnes sur leur trente et un, dont une nymphette à cheveux nattés portant une casquette « Follow Me ». Est-ce raisonnable ?
Chez Au Coq Hardi la machine à café n’est pas en maintenance. Je reprends la lecture de Lettres à Madame Hanska tandis que le ciel se couvre du côté des Issambres. Page après page, je m’achemine vers la fin du premier volume. Des habitués retraités prennent place dans un coin de la salle du fond pour y faire comme chaque jour un rami deux contre deux. Ici, quand on commande un rosé piscine, c’est un verre de rosé avec des glaçons.
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A Anthéor, au dessus d’une calanque, un banc est dédié à Monique M, née en mil neuf cent trente, qui devait s’y asseoir souvent, morte en deux mille vingt-quatre.