Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
16 septembre 2023
Retour à l’arrêt de bus Base des Mottets ce vendredi matin d’où je rejoins pédestrement le Hameau de Terre Nue où je prends le chemin lacustre (comme il est écrit sur un panneau). Je suis déjà allé l’autre fois jusqu’à la sorte de demi-lune à bancs et à baignade. Cette fois je la dépasse, longeant, sur cette voie goudronnée partagée entre bicyclistes et piétons, le lac du Bourget d’un côté et la route de l’autre (hélas). Une sculpture d’homme creux indique la hauteur des différentes crues. Pour certaines, j’ai de l’eau au-dessus de la tête.
Le lac et la montagne sont plaisants dans le petit matin. Au bout d’un moment, j’arrive à la Plage du Lido où se trouve un restaurant du même nom ouvert sept sur sept toute l’année, commune de Tresserve. Le village est de l’autre côté de la route. Il ne présente pas d’intérêt particulier. Le catholique Daniel-Rops y a vécu et y est mort, auteur d’une flopée de livres oubliés.
Le ciel qui était partagé entre nuages et éclaircies devient de plus en plus bleu. Aussi quand je reviens sur mes pas je dois ôter ma veste et un peu plus tard, installé au soleil sur un banc de la demi-lune, je lis Saint-Simon, distrait par deux filles qui font des exercices de gymnastique puis se baignent, par un garçon qui dégonfle son bateau pneumatique puis le range dans un grand sac et par un autre qui regonfle son pneu de bicyclette après une crevaison. Bientôt, j’ai trop chaud.
Je reviens au Hameau de Terre Nue avec l’intention de m’asseoir sur le banc à l’ombre de la Plage des Dames mais dans le jardin d’une maison voisine se fait entendre le bruit du taille-haie que manie un homme. Aussi je poursuis jusqu’à la Plage des Mottets où enfin je suis à l’ombre et au calme.
A midi je déjeune encore une fois à l’Hôtel de Viviers avec en plat du jour de la morue chips salade. C’est toujours décevant. Un bus numéro Un me conduit ensuite à Grand Port où je m’assois sur un banc sous les platanes pour lire. Un homme passe le carcheur sur son bateau mais s’arrête assez vite heureusement.
En Savoie, comme ailleurs, un lieu paisible est toujours sous la menace d’un mâle ayant envie de se livrer à une activité bruyante.
*
Je pensais en avoir fini avec le bruit du ventilateur mais rentré en milieu d’après-midi il me faut le remettre à tourner. Il fait trop chaud après quatorze heures dans mon studio Air Bibi exposé au soleil. Il y a bien le volet roulant électrique mais je ne le descends pas jusqu’en bas quand j’y suis car en cas d’incendie et donc de coupure de courant cela devient un piège mortel, impossible de se réfugier sur le balcon pour attendre les pompiers.
*
Une autre précaution que je prends, à Rouen ou en villégiature. Je ne laisse pas la clé dans la serrure afin que si je meurs on puisse entrer sans être obligé de défoncer la porte ou une fenêtre. Je procède ainsi depuis quelques années. Quand il m’est apparu que cette éventualité était de moins en moins négligeable.
*
Dans l’un des bus pris ce jour tous les sièges sont occupés, sauf un, à côté de moi. Aucun(e) des debout n’y vient s’asseoir. Je dois avoir une tête qui fait peur.
Le lac et la montagne sont plaisants dans le petit matin. Au bout d’un moment, j’arrive à la Plage du Lido où se trouve un restaurant du même nom ouvert sept sur sept toute l’année, commune de Tresserve. Le village est de l’autre côté de la route. Il ne présente pas d’intérêt particulier. Le catholique Daniel-Rops y a vécu et y est mort, auteur d’une flopée de livres oubliés.
Le ciel qui était partagé entre nuages et éclaircies devient de plus en plus bleu. Aussi quand je reviens sur mes pas je dois ôter ma veste et un peu plus tard, installé au soleil sur un banc de la demi-lune, je lis Saint-Simon, distrait par deux filles qui font des exercices de gymnastique puis se baignent, par un garçon qui dégonfle son bateau pneumatique puis le range dans un grand sac et par un autre qui regonfle son pneu de bicyclette après une crevaison. Bientôt, j’ai trop chaud.
Je reviens au Hameau de Terre Nue avec l’intention de m’asseoir sur le banc à l’ombre de la Plage des Dames mais dans le jardin d’une maison voisine se fait entendre le bruit du taille-haie que manie un homme. Aussi je poursuis jusqu’à la Plage des Mottets où enfin je suis à l’ombre et au calme.
A midi je déjeune encore une fois à l’Hôtel de Viviers avec en plat du jour de la morue chips salade. C’est toujours décevant. Un bus numéro Un me conduit ensuite à Grand Port où je m’assois sur un banc sous les platanes pour lire. Un homme passe le carcheur sur son bateau mais s’arrête assez vite heureusement.
En Savoie, comme ailleurs, un lieu paisible est toujours sous la menace d’un mâle ayant envie de se livrer à une activité bruyante.
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Je pensais en avoir fini avec le bruit du ventilateur mais rentré en milieu d’après-midi il me faut le remettre à tourner. Il fait trop chaud après quatorze heures dans mon studio Air Bibi exposé au soleil. Il y a bien le volet roulant électrique mais je ne le descends pas jusqu’en bas quand j’y suis car en cas d’incendie et donc de coupure de courant cela devient un piège mortel, impossible de se réfugier sur le balcon pour attendre les pompiers.
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Une autre précaution que je prends, à Rouen ou en villégiature. Je ne laisse pas la clé dans la serrure afin que si je meurs on puisse entrer sans être obligé de défoncer la porte ou une fenêtre. Je procède ainsi depuis quelques années. Quand il m’est apparu que cette éventualité était de moins en moins négligeable.
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Dans l’un des bus pris ce jour tous les sièges sont occupés, sauf un, à côté de moi. Aucun(e) des debout n’y vient s’asseoir. Je dois avoir une tête qui fait peur.
15 septembre 2023
Par le même moyen que la première fois je rejoins Chambéry ce jeudi matin. De l’arrêt de bus Halles je marche jusqu’à la place Saint-Léger. Mon objectif est d’errer dans les passages couverts qui permettaient autrefois aux habitant(e)s de fuir l’ennemi et de se réfugier derrière les remparts.
Je veux d’abord trouver celui qui mène à l’endroit où ont vécu Jean-Jacques et Maman. Prendre à droite de la boutique Yves Rocher, ai-je lu quelque part, et ce sera au fond de la cour. Ce que je fais, mais rien n’est indiqué dans cette cour. Une jeune femme fait le ménage. Je l’interroge. Elle connaît Les Charmettes mais ignorait que Rousseau a vécu aussi ici. « Vous êtes peut-être au bon endroit », me dit-elle. Ajoutant que des traboules, il y en a beaucoup.
Par une autre cour, j’atteins un passage parallèle à celui pris précédemment. Au fond, je trouve une autre cour et là, bingo, sur le mur de droite une plaque indique que « Dans cette maison du Comte de St-Laurent Mme de Warens hébergea Jean-Jacques Rousseau de 1732 à 1740 ». Je veux l’annoncer à la jeune femme d’à côté mais elle a disparu. Quand je rejoins la place par la bonne traboule, je constate qu’elle démarre à droite du Tabac. C’est là qu’il faut se repérer. Rien n’y indique ce que je cherchais mais une plaque émaillée à demi-usée m’apprend que dans ce passage il y eut un Cercle Alain-Fournier avec une permanence tous les jours de dix-huit à dix-neuf heures (on y pratiquait l’éducation populaire).
Je continue à déambuler dans le labyrinthe. La plupart de ces passages sont couverts et ressemblent à des tunnels. Certains sont très étroits et éclairés en permanence. Quelques-uns sont étayés et deux sont condamnés pour risque d’effondrement. Les anciens hôtels particuliers qu’ils desservent sont gris sale, peu entretenus, et tels quels à mon goût. Je ne sais où donner de la photo.
Quand j’ai à peu prés tout vu, je m’installe à la terrasse du Café de l’Horloge et y lis Saint-Simon jusqu’à ce que midi approche. Pour déjeuner, je retourne au Café Chabert, cédant à l’appel de son plat du jour, bien qu’il s’agisse encore de porc. Des travers caramélisés accompagnés d’une purée maison. Avec un quart de vin blanc de Savoie et un creumebeule aux poires, cela fait vingt-trois euros cinquante. Encore une fois, personne d’autre que moi-même pour y manger à l’extérieur dans ce qui est aussi un passage. Quelques-un(e)s l’empruntent sans se risquer à me souhaiter bon appétit.
Je prends le café sous l’Horloge, presque en face du Tabac d’où part le passage qui mène à Rousseau. Ce commerce est au rez-de-chaussée de la Maison Dieulefis dont le Routard est enthousiaste : « superbe façade Renaissance construite en fragile molasse », un bâtiment remarquable que je trouve laid. Jean-Jacques y donnait des leçons de musique à une jeune voisine qu’il redoutait de trouver « en déshabillé ».
*
En mil sept cent vingt-huit, Jean-Jacques Rousseau, alors âgé de quinze ans, fugue de la ville de Genève où il est né et rencontre sur son chemin, à Annecy, Madame de Warens.
Grâce à elle, quelques années plus tard, il est engagé au service du cadastre de Chambéry installé dans la Tour Trésorerie du Château des Ducs de Savoie. J’avais vingt ans passés, près de vingt et un… Je n’allais plus à mon bureau qu’à contre-cœur, la gêne et l’assiduité au travail m’en firent un supplice insupportable, et j’en vins enfin à vouloir quitter mon emploi pour me livrer totalement à la musique.
Il donne alors des leçons de musique aux jeunes filles de la ville et vit avec sa maîtresse qu’il appelle Maman au fond d’un passage couvert dans la maison du Comte de Saint-Laurent. La maison qu’elle occupait était sombre et triste, et ma chambre était la plus sombre et la plus triste de la maison.
J'engageai Maman à vivre à la campagne. Une maison isolée au penchant d'un vallon fut notre asile, et c'est là que dans l'espace de quatre ou cinq ans j'ai joui d'un siècle de vie et d'un bonheur pur et plein... Cette maison a pour nom Les Charmettes et Madame de Warens l’occupera surtout l’été, conservant sa maison de ville.
Jean-Jacques Rousseau quittera la Savoie pour Paris en mil sept cent quarante-deux quand il sera supplanté auprès de Maman par un plus jeune homme.
*
S’il est une petite ville au monde où l’on goûte la douceur de la vie dans un commerce agréable et sûr, c’est Chambéry. La noblesse de la province qui s’y rassemble n’a que ce qu’il faut de bien pour vivre, elle n’en a pas assez pour parvenir. Les femmes sont belles et pourraient se passer de l’être, elles ont tout ce qui peut faire valoir la beauté et même y suppléer. Il est singulier qu’appelé par mon état à voir beaucoup de jeunes filles, je ne me rappelle pas d’en avoir vu à Chambéry une seule qui ne fut pas charmante. (Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, livre Cinq)
*
Jean-Jacques Rousseau, ce grand nigaud.
Je veux d’abord trouver celui qui mène à l’endroit où ont vécu Jean-Jacques et Maman. Prendre à droite de la boutique Yves Rocher, ai-je lu quelque part, et ce sera au fond de la cour. Ce que je fais, mais rien n’est indiqué dans cette cour. Une jeune femme fait le ménage. Je l’interroge. Elle connaît Les Charmettes mais ignorait que Rousseau a vécu aussi ici. « Vous êtes peut-être au bon endroit », me dit-elle. Ajoutant que des traboules, il y en a beaucoup.
Par une autre cour, j’atteins un passage parallèle à celui pris précédemment. Au fond, je trouve une autre cour et là, bingo, sur le mur de droite une plaque indique que « Dans cette maison du Comte de St-Laurent Mme de Warens hébergea Jean-Jacques Rousseau de 1732 à 1740 ». Je veux l’annoncer à la jeune femme d’à côté mais elle a disparu. Quand je rejoins la place par la bonne traboule, je constate qu’elle démarre à droite du Tabac. C’est là qu’il faut se repérer. Rien n’y indique ce que je cherchais mais une plaque émaillée à demi-usée m’apprend que dans ce passage il y eut un Cercle Alain-Fournier avec une permanence tous les jours de dix-huit à dix-neuf heures (on y pratiquait l’éducation populaire).
Je continue à déambuler dans le labyrinthe. La plupart de ces passages sont couverts et ressemblent à des tunnels. Certains sont très étroits et éclairés en permanence. Quelques-uns sont étayés et deux sont condamnés pour risque d’effondrement. Les anciens hôtels particuliers qu’ils desservent sont gris sale, peu entretenus, et tels quels à mon goût. Je ne sais où donner de la photo.
Quand j’ai à peu prés tout vu, je m’installe à la terrasse du Café de l’Horloge et y lis Saint-Simon jusqu’à ce que midi approche. Pour déjeuner, je retourne au Café Chabert, cédant à l’appel de son plat du jour, bien qu’il s’agisse encore de porc. Des travers caramélisés accompagnés d’une purée maison. Avec un quart de vin blanc de Savoie et un creumebeule aux poires, cela fait vingt-trois euros cinquante. Encore une fois, personne d’autre que moi-même pour y manger à l’extérieur dans ce qui est aussi un passage. Quelques-un(e)s l’empruntent sans se risquer à me souhaiter bon appétit.
Je prends le café sous l’Horloge, presque en face du Tabac d’où part le passage qui mène à Rousseau. Ce commerce est au rez-de-chaussée de la Maison Dieulefis dont le Routard est enthousiaste : « superbe façade Renaissance construite en fragile molasse », un bâtiment remarquable que je trouve laid. Jean-Jacques y donnait des leçons de musique à une jeune voisine qu’il redoutait de trouver « en déshabillé ».
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En mil sept cent vingt-huit, Jean-Jacques Rousseau, alors âgé de quinze ans, fugue de la ville de Genève où il est né et rencontre sur son chemin, à Annecy, Madame de Warens.
Grâce à elle, quelques années plus tard, il est engagé au service du cadastre de Chambéry installé dans la Tour Trésorerie du Château des Ducs de Savoie. J’avais vingt ans passés, près de vingt et un… Je n’allais plus à mon bureau qu’à contre-cœur, la gêne et l’assiduité au travail m’en firent un supplice insupportable, et j’en vins enfin à vouloir quitter mon emploi pour me livrer totalement à la musique.
Il donne alors des leçons de musique aux jeunes filles de la ville et vit avec sa maîtresse qu’il appelle Maman au fond d’un passage couvert dans la maison du Comte de Saint-Laurent. La maison qu’elle occupait était sombre et triste, et ma chambre était la plus sombre et la plus triste de la maison.
J'engageai Maman à vivre à la campagne. Une maison isolée au penchant d'un vallon fut notre asile, et c'est là que dans l'espace de quatre ou cinq ans j'ai joui d'un siècle de vie et d'un bonheur pur et plein... Cette maison a pour nom Les Charmettes et Madame de Warens l’occupera surtout l’été, conservant sa maison de ville.
Jean-Jacques Rousseau quittera la Savoie pour Paris en mil sept cent quarante-deux quand il sera supplanté auprès de Maman par un plus jeune homme.
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S’il est une petite ville au monde où l’on goûte la douceur de la vie dans un commerce agréable et sûr, c’est Chambéry. La noblesse de la province qui s’y rassemble n’a que ce qu’il faut de bien pour vivre, elle n’en a pas assez pour parvenir. Les femmes sont belles et pourraient se passer de l’être, elles ont tout ce qui peut faire valoir la beauté et même y suppléer. Il est singulier qu’appelé par mon état à voir beaucoup de jeunes filles, je ne me rappelle pas d’en avoir vu à Chambéry une seule qui ne fut pas charmante. (Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, livre Cinq)
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Jean-Jacques Rousseau, ce grand nigaud.
14 septembre 2023
Un ciel gris qui ne semble pas aller vers la pluie ce mercredi au lever du jour et une fraîcheur bienvenue. Pour la première fois depuis mon arrivée à Aix-les-Bains je mets ma veste avant de sortir. Je petit-déjeune à la terrasse de Chez Fanny. Elle est surtout fréquentée au féminin par des personnes qui semblent toutes se connaître et boivent un café avant d’aller travailler dans le quartier.
Sitôt terminé, je prends le bus Un jusqu’à Grand Port. De l’autre côté du lac la montagne joue avec les nuages, ou c’est l’inverse. Je longe ce port vers le nord, roseaux pédalos poules d’eau, et marche tout au bout de la digue où un flûtiste donne l’aubade aux poissons.
Revenu sur mes pas, j’entre dans le Jardin Vagabond, vaste parc de verdure qui longe l’eau et je le remonte jusqu’au Port de Mémard. Là aussi je vais au bout de la digue. On y trouve les pontons d’un cleube de ski nautique. Je crois que c’est ici que, peu de temps après mon arrivée, la jeune femme de vingt-neuf ans a eu une jambe déchiquetée par l’hélice d’un bateau, avant d’en mourir durant son transport à l’hôpital.
Revenu sur le chemin, je décide de ne pas aller plus loin pour cette fois et reviens vers l’embarcadère de Grand Port pour un café lecture en terrasse au Skiff. Cela ne fait pas cinq minutes que je suis assis que le ciel vire au gris sombre tandis que le vent se lève. Une gentille serveuse m’aide à rentrer. Bientôt une grosse pluie se déverse, accompagnée d’éclairs et de tonnerre. Comme j’ai été bien inspiré de ne pas marcher plus loin ce matin. Deux travailleurs se sont refugiés ici également, ne pouvant charger leur camion tant que ça tombe comme ça. Deux filles complètement drachées entrent à leur tour puis près de moi s’installe un trio (femme mari amant ?) qui déprime : « Marcher, on va se faire tremper. » « En ville, on connaît rien. » « Tu veux retourner à l’hôtel ? ».
Tandis que je lis Saint-Simon l’orage passe doucement mais il pleut encore quand je vais attendre le bus. Celui-ci est empli de collégien(ne)s tranquilles qui cèdent leur place aux « personnes âgées ». Je traverse tout Aix et descends peu avant midi prés de l’Hôtel Le Viviers. Je négocie avec la patronne une formule buffet d’entrées à volonté et dessert, sans vin ni café, pour quatorze euros. Ce jour le dessert est un tiramisu plutôt bon.
Il pleut toujours lorsque je vais attendre le bus à l’arrêt Alliu. Aucun café n’étant susceptible de m’accueillir dans une salle où j’y puisse lire, je rentre directement à mon cinquième étage.
*
Presque personne ce mercredi matin, le poison des promeneurs de chiens et des types seuls qui viennent jusqu'au bout de la digue avec leur bicyclette.
*
Des curistes parfois dans le bus, reconnaissables à leur sac bleu ValVital.
Sitôt terminé, je prends le bus Un jusqu’à Grand Port. De l’autre côté du lac la montagne joue avec les nuages, ou c’est l’inverse. Je longe ce port vers le nord, roseaux pédalos poules d’eau, et marche tout au bout de la digue où un flûtiste donne l’aubade aux poissons.
Revenu sur mes pas, j’entre dans le Jardin Vagabond, vaste parc de verdure qui longe l’eau et je le remonte jusqu’au Port de Mémard. Là aussi je vais au bout de la digue. On y trouve les pontons d’un cleube de ski nautique. Je crois que c’est ici que, peu de temps après mon arrivée, la jeune femme de vingt-neuf ans a eu une jambe déchiquetée par l’hélice d’un bateau, avant d’en mourir durant son transport à l’hôpital.
Revenu sur le chemin, je décide de ne pas aller plus loin pour cette fois et reviens vers l’embarcadère de Grand Port pour un café lecture en terrasse au Skiff. Cela ne fait pas cinq minutes que je suis assis que le ciel vire au gris sombre tandis que le vent se lève. Une gentille serveuse m’aide à rentrer. Bientôt une grosse pluie se déverse, accompagnée d’éclairs et de tonnerre. Comme j’ai été bien inspiré de ne pas marcher plus loin ce matin. Deux travailleurs se sont refugiés ici également, ne pouvant charger leur camion tant que ça tombe comme ça. Deux filles complètement drachées entrent à leur tour puis près de moi s’installe un trio (femme mari amant ?) qui déprime : « Marcher, on va se faire tremper. » « En ville, on connaît rien. » « Tu veux retourner à l’hôtel ? ».
Tandis que je lis Saint-Simon l’orage passe doucement mais il pleut encore quand je vais attendre le bus. Celui-ci est empli de collégien(ne)s tranquilles qui cèdent leur place aux « personnes âgées ». Je traverse tout Aix et descends peu avant midi prés de l’Hôtel Le Viviers. Je négocie avec la patronne une formule buffet d’entrées à volonté et dessert, sans vin ni café, pour quatorze euros. Ce jour le dessert est un tiramisu plutôt bon.
Il pleut toujours lorsque je vais attendre le bus à l’arrêt Alliu. Aucun café n’étant susceptible de m’accueillir dans une salle où j’y puisse lire, je rentre directement à mon cinquième étage.
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Presque personne ce mercredi matin, le poison des promeneurs de chiens et des types seuls qui viennent jusqu'au bout de la digue avec leur bicyclette.
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Des curistes parfois dans le bus, reconnaissables à leur sac bleu ValVital.
13 septembre 2023
Ce mardi matin, je vais jusqu’à Technolac, terminus du bus Un Ondéa Grand Lac, au Bourget-du-Lac, Quelques minutes après arrive un bus A Grand Chambéry dont c’est le point de départ. J’achète à son chauffeur un billet aller et retour dans la même journée pour deux euros soixante. Il m’explique comment le valider quand je reviendrai.
Nous ne sommes que trois voyageurs dans ce bus qui mène au centre de Chambéry à une dizaine de kilomètres. J’en descends à l’arrêt Les Halles et me dirige vers le Château, dont certaines parties datent des ducs de Savoie. Il est actuellement occupé par la Préfecture et par le Conseil Départemental. On ne peut donc pas y entrer. Pas même dans la Sainte Chapelle attenante qui possède un beau carillon.
Devant l’une des portes de cet ensemble architectural hétéroclite se trouve la statue de deux enfants du pays, les frères de Maistre, Joseph et Xavier, vert-de-grisés, peu visibles devant les feuilles vertes des arbres derrière eux. Sur leurs marches est assise de la jeunesse lycéenne, questionnaire sur la ville en main. Un professeur tente de motiver ce petit groupe d’élèves puis s’en va. Contrairement à toute attente, l’un me dit bonjour, « Vous avez l’air de vous emmerder », leur dis-je. « Un peu, oui », me répond un autre. « Bon courage », leur dis-je. « Merci », me répondent en chœur les filles.
Chambéry est bien pratique pour qui veut la visiter. Son centre est piétonnier et à chaque carrefour des flèches indiquent les monuments à voir. Je passe par l’Horloge solaire de la place Saint-Léger, la Cathédrale Saint-François-de-Sales et, le meilleur pour la fin, la Fontaine des Eléphants érigée en hommage au Général de Boigne, bienfaiteur de la cité. Quatre moitiés d’éléphants crachent l’eau par leur trompe. Les autochtones les appellent les Quatre Sans Cul.
Revenu place Saint-Léger, au centre du centre, je m’installe à la terrasse du Café de l’Horloge pour ma lecture du matin, un bel établissement où le café ne coûte qu’un euro soixante-dix. Mon Guide du Routard Alpes de deux mille six conseille de déjeuner au Café Chabert, un lieu qui a résisté à tout même à un incendie, Je demande au garçon s’il existe toujours. Oui, me répond-il après s’être renseigné auprès de son patron.
Je le trouve à proximité, dans la rue Basse-du-Château qui possède une sorte de Pont des Soupirs. Il n’y a évidemment plus de menu à douze euros cinquante. Il n’y a même plus de menu, m’explique la serveuse, ce n’est pas le même propriétaire. Donc un simple plat du jour à treize euros cinquante, une côte de porc, que je boude, préférant à la carte les diots de Savoie polenta à quinze euros. Je les accompagne d’un verre de vin blanc de Savoie. C’est fort bon et le vin aussi, qui n’est qu’à deux euros cinquante, je le découvre au moment de payer. En deux mille six, cet endroit était vivant dès le matin, raconte le Routard. Aujourd’hui, on s’y ennuie. Une femme seule mange à l’intérieur et j’étais seul sous l’arcade.
Je retourne au Café de l’Horloge pour en boire un puis poursuis ma lecture des Mémoires de Saint-Simon jusqu’à quatorze heures. Le bus A du retour est bien chargé car il conduit des étudiant(e)s à l’Université du Bourget. A son arrivée au terminus je n’ai que dix minutes à attendre pour que démarre le bus Un qui me ramène à Aix où rentrent d’autres étudiant(e)s. Je referai ce voyage aller et retour : Chambéry est bien plus belle qu’Aix-les-Bains, il ne lui manque qu’un lac.
Selon Météo France, c’était le dernier jour de forte chaleur. Je l’espère. J’en ai assez d’avoir dans mon studio Air Bibi un ventilateur posé sur la chaise haute à côté de celle où je suis assis quand j’écris.
*
A l’Office de Tourisme d’Aix-les-Bains, l’employée qui m’a donné le plan de Chambéry que je lui demandais ne m’a pas dit que je pouvais y aller en bus. Il a fallu une rencontre de hasard avec une femme d’ici pour que je l’apprenne. Sans cela j’aurais pris le train, bien plus cher. Je ne sais si c’est incompétence ou indifférence.
*
Chambéry, visite guidée pour un groupe d’aveugles italiens. Celle qui les cornaque leur parle aussi fort que s’ils étaient sourds.
*
… c’est ce que j’ai vu de mes yeux, et ouï de mes oreilles, comme écrivait Saint-Simon.
Nous ne sommes que trois voyageurs dans ce bus qui mène au centre de Chambéry à une dizaine de kilomètres. J’en descends à l’arrêt Les Halles et me dirige vers le Château, dont certaines parties datent des ducs de Savoie. Il est actuellement occupé par la Préfecture et par le Conseil Départemental. On ne peut donc pas y entrer. Pas même dans la Sainte Chapelle attenante qui possède un beau carillon.
Devant l’une des portes de cet ensemble architectural hétéroclite se trouve la statue de deux enfants du pays, les frères de Maistre, Joseph et Xavier, vert-de-grisés, peu visibles devant les feuilles vertes des arbres derrière eux. Sur leurs marches est assise de la jeunesse lycéenne, questionnaire sur la ville en main. Un professeur tente de motiver ce petit groupe d’élèves puis s’en va. Contrairement à toute attente, l’un me dit bonjour, « Vous avez l’air de vous emmerder », leur dis-je. « Un peu, oui », me répond un autre. « Bon courage », leur dis-je. « Merci », me répondent en chœur les filles.
Chambéry est bien pratique pour qui veut la visiter. Son centre est piétonnier et à chaque carrefour des flèches indiquent les monuments à voir. Je passe par l’Horloge solaire de la place Saint-Léger, la Cathédrale Saint-François-de-Sales et, le meilleur pour la fin, la Fontaine des Eléphants érigée en hommage au Général de Boigne, bienfaiteur de la cité. Quatre moitiés d’éléphants crachent l’eau par leur trompe. Les autochtones les appellent les Quatre Sans Cul.
Revenu place Saint-Léger, au centre du centre, je m’installe à la terrasse du Café de l’Horloge pour ma lecture du matin, un bel établissement où le café ne coûte qu’un euro soixante-dix. Mon Guide du Routard Alpes de deux mille six conseille de déjeuner au Café Chabert, un lieu qui a résisté à tout même à un incendie, Je demande au garçon s’il existe toujours. Oui, me répond-il après s’être renseigné auprès de son patron.
Je le trouve à proximité, dans la rue Basse-du-Château qui possède une sorte de Pont des Soupirs. Il n’y a évidemment plus de menu à douze euros cinquante. Il n’y a même plus de menu, m’explique la serveuse, ce n’est pas le même propriétaire. Donc un simple plat du jour à treize euros cinquante, une côte de porc, que je boude, préférant à la carte les diots de Savoie polenta à quinze euros. Je les accompagne d’un verre de vin blanc de Savoie. C’est fort bon et le vin aussi, qui n’est qu’à deux euros cinquante, je le découvre au moment de payer. En deux mille six, cet endroit était vivant dès le matin, raconte le Routard. Aujourd’hui, on s’y ennuie. Une femme seule mange à l’intérieur et j’étais seul sous l’arcade.
Je retourne au Café de l’Horloge pour en boire un puis poursuis ma lecture des Mémoires de Saint-Simon jusqu’à quatorze heures. Le bus A du retour est bien chargé car il conduit des étudiant(e)s à l’Université du Bourget. A son arrivée au terminus je n’ai que dix minutes à attendre pour que démarre le bus Un qui me ramène à Aix où rentrent d’autres étudiant(e)s. Je referai ce voyage aller et retour : Chambéry est bien plus belle qu’Aix-les-Bains, il ne lui manque qu’un lac.
Selon Météo France, c’était le dernier jour de forte chaleur. Je l’espère. J’en ai assez d’avoir dans mon studio Air Bibi un ventilateur posé sur la chaise haute à côté de celle où je suis assis quand j’écris.
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A l’Office de Tourisme d’Aix-les-Bains, l’employée qui m’a donné le plan de Chambéry que je lui demandais ne m’a pas dit que je pouvais y aller en bus. Il a fallu une rencontre de hasard avec une femme d’ici pour que je l’apprenne. Sans cela j’aurais pris le train, bien plus cher. Je ne sais si c’est incompétence ou indifférence.
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Chambéry, visite guidée pour un groupe d’aveugles italiens. Celle qui les cornaque leur parle aussi fort que s’ils étaient sourds.
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… c’est ce que j’ai vu de mes yeux, et ouï de mes oreilles, comme écrivait Saint-Simon.
12 septembre 2023
Le pain au chocolat acheté à la boulangerie de l'avenue de Verdun (ouverte le lundi) coûte un euro trente mais il est encore meilleur que celui de celle devenue mon habituelle rue du Temple (fermée le lundi). Je le constate en le mangeant au bout de cette rue de Verdun à la terrasse de L’Escapade. La clientèle d’habitué(e)s de ce troquet est particulièrement choisie. « Moi le tremblement de terre au Maroc ça me fait de la peine, en même temps j’me dis… », déclare l’une. « Macron, c’qui lui faut, c’est une balle dans la tête, mais les Français y zont pas d’couilles », dit un autre. Personne ne bronche, aucun(e) autre habitué(e), ni la patronne, ni moi. Quand je vais payer j’ai la surprise de ne devoir qu’un euro cinquante.
Je rejoins l’arrêt de bus Boulevard Wilson et prends encore une fois le Un vers Le Bourget-du-Lac (ce n’est pas le chauffeur d’hier matin). Ce bus se remplit à la Gare, d’étudiantes à valises qui toutes ont un chignon bien serré. Je ne peux demander pourquoi à la plus proche de moi, elle a des écouteurs dans les oreilles.
Descendu à Base des Mottets, je rejoins le Hameau de Terre Nue, fais quelques photos du Port des Quatre Chemins puis continue celui goudronné partagé entre bicyclistes et piétons qui a pour nom Promenade du Lac. Il longe la rive en direction d’Aix. La lumière dans les montagnes de l‘autre côté de l’eau est superbe. Après une roselière, une avancée en demi-lune permet à certain(e)s de se baigner. Il y a là un banc qui devient mien. Pour la première fois, je suis assis au soleil pour lire Saint-Simon.
Vers onze heures je laisse ma place et constate que dès qu’on s’éloigne du lac la chaleur est toujours accablante. Notamment quand je descends du bus à l’arrêt Alliu de Viviers-du-Lac. Je réserve une table pour midi à l’Hôtel Le Viviers puis entre en face au Crédit à Bricoles. L’une des tirettes autorise encore le retrait de quarante euros en billets de vingt et dix, l’autre oblige aux cinquante euros.
A l’ombre du toit de la table de pique-nique de la Mairie, je reprends ma lecture puis à midi m’installe à la même table de restaurant que vendredi. Le buffet d’entrées est à l’identique. Le plat du jour est araignée de porc sauce moutarde riz aux légumes (vraiment pas terrible). Pour dessert, une glace deux boules caramel mangue, un café, et je laisse les trois quarts de mon quart de vin rouge non bu (il est infect).
J’attends le bus avec une dizaine de lycéen(ne)s dont pas un(e) ne me dit bonjour en arrivant. Ici, on n’est pas dans les Côtes-d’Armor ou dans le Pas-de-Calais, ça ne se fait pas, c’est comme en Normandie. Toute cette jeunesse monte dans un bus Cent qui va au Lycée Marlioz. Le Un suit qui m’emmène à Grand Port pour mon après-midi lecture sous les platanes, l’assurance de retrouver une température supportable.
*
Et toujours chez les couples de bicyclistes, l’homme devant et la femme derrière.
Lui : « On descend par le passage ? »
Elle : « Comme tu veux. »
Je rejoins l’arrêt de bus Boulevard Wilson et prends encore une fois le Un vers Le Bourget-du-Lac (ce n’est pas le chauffeur d’hier matin). Ce bus se remplit à la Gare, d’étudiantes à valises qui toutes ont un chignon bien serré. Je ne peux demander pourquoi à la plus proche de moi, elle a des écouteurs dans les oreilles.
Descendu à Base des Mottets, je rejoins le Hameau de Terre Nue, fais quelques photos du Port des Quatre Chemins puis continue celui goudronné partagé entre bicyclistes et piétons qui a pour nom Promenade du Lac. Il longe la rive en direction d’Aix. La lumière dans les montagnes de l‘autre côté de l’eau est superbe. Après une roselière, une avancée en demi-lune permet à certain(e)s de se baigner. Il y a là un banc qui devient mien. Pour la première fois, je suis assis au soleil pour lire Saint-Simon.
Vers onze heures je laisse ma place et constate que dès qu’on s’éloigne du lac la chaleur est toujours accablante. Notamment quand je descends du bus à l’arrêt Alliu de Viviers-du-Lac. Je réserve une table pour midi à l’Hôtel Le Viviers puis entre en face au Crédit à Bricoles. L’une des tirettes autorise encore le retrait de quarante euros en billets de vingt et dix, l’autre oblige aux cinquante euros.
A l’ombre du toit de la table de pique-nique de la Mairie, je reprends ma lecture puis à midi m’installe à la même table de restaurant que vendredi. Le buffet d’entrées est à l’identique. Le plat du jour est araignée de porc sauce moutarde riz aux légumes (vraiment pas terrible). Pour dessert, une glace deux boules caramel mangue, un café, et je laisse les trois quarts de mon quart de vin rouge non bu (il est infect).
J’attends le bus avec une dizaine de lycéen(ne)s dont pas un(e) ne me dit bonjour en arrivant. Ici, on n’est pas dans les Côtes-d’Armor ou dans le Pas-de-Calais, ça ne se fait pas, c’est comme en Normandie. Toute cette jeunesse monte dans un bus Cent qui va au Lycée Marlioz. Le Un suit qui m’emmène à Grand Port pour mon après-midi lecture sous les platanes, l’assurance de retrouver une température supportable.
*
Et toujours chez les couples de bicyclistes, l’homme devant et la femme derrière.
Lui : « On descend par le passage ? »
Elle : « Comme tu veux. »
11 septembre 2023
Le dimanche à huit heures, il n’y a que le café Les Halles d’ouvert, prés d’icelles, qui sont sinistres lorsque, comme ce jour, le marché n’y est pas. Tous les esseulés du coin et de plus loin sont là, certains déjà au verre de rosé. Ce troquet des plus banals fait néanmoins payer son allongé deux euros.
C’est le jour où je vais découvrir le centre ville. Je passe par le Casino Grand Cercle, un peu prétentieux, l’Hôtel de Ville, assez beau, l’église Notre-Dame, dont le parvis sert de parquigne, le Musée Faure, dans le jardin duquel prospèrent des clochards (on y voit aussi une statue de femme nue représentant la naissance de la terre selon son auteur, Alfred Boucher).
Cette exploration est vite terminée. Aix-les-Bains, c’est un peu Evreux avec un lac.
Sans l’avoir vraiment voulu, je me trouve à l’arrêt de bus Gare peu de temps avant le premier passage de celui du dimanche, baptisé Dim, qui ne circule que toutes les heures. Il a l’avantage d’aller jusqu’à la plage du Bourget-du-Lac, inatteignable par ce moyen en semaine. J’y monte donc, rejoint par quelques autres en chemin, dont des femmes à chariot qui descendent au Leclerc ou au Grand Frais.
Soudain, à l’arrêt Rochettes, le conducteur annonce qu’il n’ira pas plus loin à cause d’un triathlon au Bourget et que ce sera comme ça jusqu’à midi. Ce n’est pas un problème pour celles et ceux qui vont à la Base des Mottets toute proche. Nous sommes deux qui voulions aller au bout de la ligne. L’autre, un trentenaire, choisit de rejoindre la plage à pied, ce qui est désagréable, on marche près des voitures, et surtout c’est loin, trop loin pour moi. Je n’ai plus qu’à traverser la route pour attendre que ce bus reparte à Aix dans vingt minutes.
-Vous auriez dû nous avertir que vous n’iriez pas jusqu’à la plage, dis-je au chauffeur quand j’y remonte. Je suppose que pour se plaindre, c’est sur Internet ?
-Si vous voulez.
-Vous vous en foutez ?
-Je ne suis pas responsable de cette course.
-Vous aviez la responsabilité de prévenir vos passagers à la montée, de leur dire que le terminus serait à cet endroit.
Il ne répond pas. Je vais m’asseoir et revois plus tôt que prévu les quartiers inintéressants par où l’on passe.
A l’arrivée à Aix, je vais à la boulangerie acheter mon repas du midi, un sandouiche caillette (spécialité ardéchoise) et une tartelette aux abricots, le tout pour six euros soixante-dix.
Un repas que je prends sur mon balcon où une table et deux chaises sont à disposition. J’ai vue sur les appartements d’en face dont la plupart des volets roulants sont baissés et sur un peu de montagne de part et d’autre de l’immeuble.
Inutile de chercher à boire un café quelque part, je vais lire Saint-Simon au parc du Théâtre de Verdure où il fait moins frais qu’au bord du lac. On y trouve un restaurant, La Rotonde, où le dimanche midi déjeune la bourgeoisie bourgeoisante de la ville.
*
Les bus Ondéa Grand Lac d’Aix-les-Bains sont gérés par la Régie Autonome des Transports Parisiens. Dans la capitale, les conducteurs préviennent lorsque le bus est dévié ou ne va pas jusqu’au terminus.
C’est le jour où je vais découvrir le centre ville. Je passe par le Casino Grand Cercle, un peu prétentieux, l’Hôtel de Ville, assez beau, l’église Notre-Dame, dont le parvis sert de parquigne, le Musée Faure, dans le jardin duquel prospèrent des clochards (on y voit aussi une statue de femme nue représentant la naissance de la terre selon son auteur, Alfred Boucher).
Cette exploration est vite terminée. Aix-les-Bains, c’est un peu Evreux avec un lac.
Sans l’avoir vraiment voulu, je me trouve à l’arrêt de bus Gare peu de temps avant le premier passage de celui du dimanche, baptisé Dim, qui ne circule que toutes les heures. Il a l’avantage d’aller jusqu’à la plage du Bourget-du-Lac, inatteignable par ce moyen en semaine. J’y monte donc, rejoint par quelques autres en chemin, dont des femmes à chariot qui descendent au Leclerc ou au Grand Frais.
Soudain, à l’arrêt Rochettes, le conducteur annonce qu’il n’ira pas plus loin à cause d’un triathlon au Bourget et que ce sera comme ça jusqu’à midi. Ce n’est pas un problème pour celles et ceux qui vont à la Base des Mottets toute proche. Nous sommes deux qui voulions aller au bout de la ligne. L’autre, un trentenaire, choisit de rejoindre la plage à pied, ce qui est désagréable, on marche près des voitures, et surtout c’est loin, trop loin pour moi. Je n’ai plus qu’à traverser la route pour attendre que ce bus reparte à Aix dans vingt minutes.
-Vous auriez dû nous avertir que vous n’iriez pas jusqu’à la plage, dis-je au chauffeur quand j’y remonte. Je suppose que pour se plaindre, c’est sur Internet ?
-Si vous voulez.
-Vous vous en foutez ?
-Je ne suis pas responsable de cette course.
-Vous aviez la responsabilité de prévenir vos passagers à la montée, de leur dire que le terminus serait à cet endroit.
Il ne répond pas. Je vais m’asseoir et revois plus tôt que prévu les quartiers inintéressants par où l’on passe.
A l’arrivée à Aix, je vais à la boulangerie acheter mon repas du midi, un sandouiche caillette (spécialité ardéchoise) et une tartelette aux abricots, le tout pour six euros soixante-dix.
Un repas que je prends sur mon balcon où une table et deux chaises sont à disposition. J’ai vue sur les appartements d’en face dont la plupart des volets roulants sont baissés et sur un peu de montagne de part et d’autre de l’immeuble.
Inutile de chercher à boire un café quelque part, je vais lire Saint-Simon au parc du Théâtre de Verdure où il fait moins frais qu’au bord du lac. On y trouve un restaurant, La Rotonde, où le dimanche midi déjeune la bourgeoisie bourgeoisante de la ville.
*
Les bus Ondéa Grand Lac d’Aix-les-Bains sont gérés par la Régie Autonome des Transports Parisiens. Dans la capitale, les conducteurs préviennent lorsque le bus est dévié ou ne va pas jusqu’au terminus.
10 septembre 2023
Pour l’allongé de ce samedi matin, je ne prends pas de risque, je vais au Murano, où il est quand même à un euro soixante-dix. La patronne est de mon avis, les pains au chocolat de la Boulangerie Parisienne sont excellents. Son mari ne les trouve pas assez cuits. « Elle s’est fait piquer par le bourdon », dit-il en parlant d’elle. Elle est effectivement enceinte. Pour aller aux toilettes dans ce troquet, il faut en sortir et monter au premier étage de l’immeuble où on les trouve près d’un appartement.
Après ce petit-déjeuner, je prends la direction de Grand Port avec le bus Un mais j’en descends avant, à l’arrêt Camping. Celui-ci est complet, un écriteau l’annonce en cinq langues. Ce n’est pas la rentrée pour tout le monde. Pour ma part, après le temps mitigé de juin en Bretagne puis le temps moyen de juillet août en Normandie, j’ai l’impression que c’est le début de l’été. Un été trop chaud hélas.
Le ciel est donc bleu tous les jours depuis que je suis arrivé à Aix-les-Bains. Je traverse la route pour rejoindre ce qu’on appelle l’Esplanade, une longue allée rectiligne bordée de platanes qui longe le lac. J’y marche à l’ombre, avec Grand Port dans le dos et Petit Port en ligne de mire. Ce dernier est au bout de l’allée.
Il est charmant, composé de plusieurs bassins, dont l’un réservé aux barques de pêche. Malheureusement, il est jouxté par des gargotes et des attractions foraines. Heureusement, elles sont encore fermées. Au-delà, c’est la plage, où sont déjà présentes quelques baigneuses.
Revenu sur mes pas, je m’assois sur le premier banc de l’Esplanade et ouvre les Mémoires de Saint-Simon. Avec quelle méchanceté cet aristocrate décrit-il les aspects physiques et moraux de ses contemporains, c’est réjouissant, et ça m’incite à chercher des noises à autrui. Ainsi quand je reprends l’allée m’en prends-je à deux bicyclistes qui y pédalent alors qu’elle est réservée aux piétons. C’est écrit dessus tous les cent mètres.
Je marche jusqu’à rejoindre Grand Port. Un café à deux euros quarante au Skiff me donne un alibi pour lire en terrasse jusqu’à ce qu’il soit presque midi. Je vais alors voir ce que propose la crêperie d’à côté. Les galettes y sont à quatorze ou quinze euros. Déjà que la crêpe c’est le degré zéro de la cuisine, s’il faut en plus se faire estamper de la sorte.
Je rejoins l’abribus où je discute avec une autochtone en attendant le prochain. Elle m’apprend que le terminus de la ligne Un, au Bourget-du-Lac, est aussi le point de départ d’un bus de Chambéry, le A, qui permet de rejoindre le centre de cette ville.
Revenu au centre d‘Aix, je cherche un restaurant possible près du marché. Je n’y vois que des troquets, dont l’un nommé Le Troquet. Aussi je repasse à la Boulangerie Parisienne, où ce matin la boulangère a bien voulu m’échanger mon billet de cinquante contre deux de vingt et un de dix, et achète un sandouiche à quatre euros que je vais manger à mon cinquième étage, complétant avec du fromage et des fruits achetés l’autre jour au Franprix d’en face la Gare.
*
Peu de claque-sons dans la nuit pour la victoire des joueurs de l’équipe de France de rugby. Pas entendu de cris de voisinage à l’heure du match. Ça n’a pas l’air de passionner les gens d’ici, même si Aix-les-Bains semble concernée par la compétition. Des banderoles « Bienvenue à la Namibie » sont présentes en ville.
Après ce petit-déjeuner, je prends la direction de Grand Port avec le bus Un mais j’en descends avant, à l’arrêt Camping. Celui-ci est complet, un écriteau l’annonce en cinq langues. Ce n’est pas la rentrée pour tout le monde. Pour ma part, après le temps mitigé de juin en Bretagne puis le temps moyen de juillet août en Normandie, j’ai l’impression que c’est le début de l’été. Un été trop chaud hélas.
Le ciel est donc bleu tous les jours depuis que je suis arrivé à Aix-les-Bains. Je traverse la route pour rejoindre ce qu’on appelle l’Esplanade, une longue allée rectiligne bordée de platanes qui longe le lac. J’y marche à l’ombre, avec Grand Port dans le dos et Petit Port en ligne de mire. Ce dernier est au bout de l’allée.
Il est charmant, composé de plusieurs bassins, dont l’un réservé aux barques de pêche. Malheureusement, il est jouxté par des gargotes et des attractions foraines. Heureusement, elles sont encore fermées. Au-delà, c’est la plage, où sont déjà présentes quelques baigneuses.
Revenu sur mes pas, je m’assois sur le premier banc de l’Esplanade et ouvre les Mémoires de Saint-Simon. Avec quelle méchanceté cet aristocrate décrit-il les aspects physiques et moraux de ses contemporains, c’est réjouissant, et ça m’incite à chercher des noises à autrui. Ainsi quand je reprends l’allée m’en prends-je à deux bicyclistes qui y pédalent alors qu’elle est réservée aux piétons. C’est écrit dessus tous les cent mètres.
Je marche jusqu’à rejoindre Grand Port. Un café à deux euros quarante au Skiff me donne un alibi pour lire en terrasse jusqu’à ce qu’il soit presque midi. Je vais alors voir ce que propose la crêperie d’à côté. Les galettes y sont à quatorze ou quinze euros. Déjà que la crêpe c’est le degré zéro de la cuisine, s’il faut en plus se faire estamper de la sorte.
Je rejoins l’abribus où je discute avec une autochtone en attendant le prochain. Elle m’apprend que le terminus de la ligne Un, au Bourget-du-Lac, est aussi le point de départ d’un bus de Chambéry, le A, qui permet de rejoindre le centre de cette ville.
Revenu au centre d‘Aix, je cherche un restaurant possible près du marché. Je n’y vois que des troquets, dont l’un nommé Le Troquet. Aussi je repasse à la Boulangerie Parisienne, où ce matin la boulangère a bien voulu m’échanger mon billet de cinquante contre deux de vingt et un de dix, et achète un sandouiche à quatre euros que je vais manger à mon cinquième étage, complétant avec du fromage et des fruits achetés l’autre jour au Franprix d’en face la Gare.
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Peu de claque-sons dans la nuit pour la victoire des joueurs de l’équipe de France de rugby. Pas entendu de cris de voisinage à l’heure du match. Ça n’a pas l’air de passionner les gens d’ici, même si Aix-les-Bains semble concernée par la compétition. Des banderoles « Bienvenue à la Namibie » sont présentes en ville.
9 septembre 2023
Nouvelle terrasse pour mon petit-déjeuner de ce vendredi, celle de la Maison Trois, place Carnot, entourée de beaux édifices. Mon allongé m’est servi avec une petite bouteille d’eau en verre fermée par un gros bouchon de liège. Sympathique. Le prix l’est aussi, deux euros cinquante. On ne m’y verra plus.
Une nouvelle fois, je prends le bus Un direction le bas du lac. J’en descends à l’arrêt Avenue du Lac, commune du Bourget-du-Lac.
Par une voie partagée entre piétons et bicyclistes je longe cette avenue puis bifurque au jugé vers la droite où devraient être les ruines du Château de Thomas le Deuxième. Je crains d’être perdu quand apparaît une pancarte l’indiquant. Le sentier suit la Leysse, une rivière de peu d’énergie, puis entre dans les marais du Domaine du Buttet. Soudain, derrière des arbres, je l’aperçois. Ce qu’il en reste du moins, une haute tour carrée, un bout de mur, une entrée fermée.
Un peu plus loin j’arrive à l’Observatoire des Aigrettes. Pas plus de dix-neuf à chaque étage, est-t-il inscrit à l’entrée. Je pense être seul quand je monte les marches mais au premier et seul étage je trouve trois hommes à gros téléobjectifs qui visent des oiseaux au loin que je ne vois pas. Je redescends, me demandant ce qui conduit certains (ce sont toujours des hommes) à ce genre d’activité et comment on peut tenir à dix-neuf dans ce réduit.
Ayant fait demi-tour, je m’applique à suivre l’itinéraire qui ramène à l’arrêt Avenue du Lac et, à une hésitation près, y parviens facilement. Du bus pris je descends à Viviers-du-Lac à l’arrêt Alliu où j’ai repéré un restaurant d’aspect modeste qui annonce par voie de banderole un changement de propriétaire.
C’est celui de l’Hôtel Le Viviers. Un menu du jour y est servi : buffet d’entrées, plat, dessert, quart de vin et café pour dix-sept euros. Voilà enfin de quoi me satisfaire.
Je réserve pour midi, y bois un café dont le prix m’estomaque (un euro trente) puis vais voir le centre de ce mignon village où sont concentrées école, église, mairie, bibliothèque et maisons typiques. Une table de pique-nique à l’ombre me permet de lire Saint-Simon jusqu’à l’heure du déjeuner.
La salle de restaurant de l’Hôtel Le Viviers est assez gaie et plus ou moins climatisée. Dans le choix d’entrées, je privilégie le saumon fumé et la tomate mozzarella. Le plat du jour est une brandade de morue dont j’espérais beaucoup et qui me déçoit. Pour dessert, je choisis une glace deux boules, vanille fraise. La clientèle est composée d’une moitié de travailleurs et d’une moitié de touristes aussi vieux que moi, dont un couple où la femme s’occupe d’une association et en est bisbille avec « le national ». Son mari fait semblant de l’écouter.
Mes dix-sept euros payés, je reprends le bus Un et en descends à Grand Port pour une nouvelle session lecture banc platanes. A ma gauche, un homme chante pouille à deux femmes bavardes qui se sont assises sur son banc. « Je n’ai pas envie de vous entendre, vous me fatiguez » Elles se lèvent en se gaussant et vont s’asseoir ailleurs. A ma droite, deux femmes Témoins de Jéhovah restent debout près de leur petite charrette. Elles sont heureusement silencieuses.
*
A la tirette du Crédit à Bricoles, près de la place Carnot, le retrait minimal est de cinquante euros. En raison des prix pratiqués à Aix-les-Bains, sans doute.
Je crois que c’est la première fois que j’ai un billet de cinquante euros (je retire toujours quarante euros, un billet de vingt et deux de dix).
A qui vais-je pouvoir le faire accepter ?
Une nouvelle fois, je prends le bus Un direction le bas du lac. J’en descends à l’arrêt Avenue du Lac, commune du Bourget-du-Lac.
Par une voie partagée entre piétons et bicyclistes je longe cette avenue puis bifurque au jugé vers la droite où devraient être les ruines du Château de Thomas le Deuxième. Je crains d’être perdu quand apparaît une pancarte l’indiquant. Le sentier suit la Leysse, une rivière de peu d’énergie, puis entre dans les marais du Domaine du Buttet. Soudain, derrière des arbres, je l’aperçois. Ce qu’il en reste du moins, une haute tour carrée, un bout de mur, une entrée fermée.
Un peu plus loin j’arrive à l’Observatoire des Aigrettes. Pas plus de dix-neuf à chaque étage, est-t-il inscrit à l’entrée. Je pense être seul quand je monte les marches mais au premier et seul étage je trouve trois hommes à gros téléobjectifs qui visent des oiseaux au loin que je ne vois pas. Je redescends, me demandant ce qui conduit certains (ce sont toujours des hommes) à ce genre d’activité et comment on peut tenir à dix-neuf dans ce réduit.
Ayant fait demi-tour, je m’applique à suivre l’itinéraire qui ramène à l’arrêt Avenue du Lac et, à une hésitation près, y parviens facilement. Du bus pris je descends à Viviers-du-Lac à l’arrêt Alliu où j’ai repéré un restaurant d’aspect modeste qui annonce par voie de banderole un changement de propriétaire.
C’est celui de l’Hôtel Le Viviers. Un menu du jour y est servi : buffet d’entrées, plat, dessert, quart de vin et café pour dix-sept euros. Voilà enfin de quoi me satisfaire.
Je réserve pour midi, y bois un café dont le prix m’estomaque (un euro trente) puis vais voir le centre de ce mignon village où sont concentrées école, église, mairie, bibliothèque et maisons typiques. Une table de pique-nique à l’ombre me permet de lire Saint-Simon jusqu’à l’heure du déjeuner.
La salle de restaurant de l’Hôtel Le Viviers est assez gaie et plus ou moins climatisée. Dans le choix d’entrées, je privilégie le saumon fumé et la tomate mozzarella. Le plat du jour est une brandade de morue dont j’espérais beaucoup et qui me déçoit. Pour dessert, je choisis une glace deux boules, vanille fraise. La clientèle est composée d’une moitié de travailleurs et d’une moitié de touristes aussi vieux que moi, dont un couple où la femme s’occupe d’une association et en est bisbille avec « le national ». Son mari fait semblant de l’écouter.
Mes dix-sept euros payés, je reprends le bus Un et en descends à Grand Port pour une nouvelle session lecture banc platanes. A ma gauche, un homme chante pouille à deux femmes bavardes qui se sont assises sur son banc. « Je n’ai pas envie de vous entendre, vous me fatiguez » Elles se lèvent en se gaussant et vont s’asseoir ailleurs. A ma droite, deux femmes Témoins de Jéhovah restent debout près de leur petite charrette. Elles sont heureusement silencieuses.
*
A la tirette du Crédit à Bricoles, près de la place Carnot, le retrait minimal est de cinquante euros. En raison des prix pratiqués à Aix-les-Bains, sans doute.
Je crois que c’est la première fois que j’ai un billet de cinquante euros (je retire toujours quarante euros, un billet de vingt et deux de dix).
A qui vais-je pouvoir le faire accepter ?
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