Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
8 septembre 2023
Moins chaude cette nuit pour ce qui est de moi. Pas pour d’autres, car par la baie vitrée ouverte, avant de m’endormir, j’entends une voisine qui jouit copieusement. « Allez, vas-y ! », lui crie-t-elle en guise d’ultime encouragement.
Au matin, mon pain au chocolat au lait de la Boulangerie Parisienne en main, je m’installe à la terrasse de L’Arbre à Palabres, place du Revard, où l’allongé est à deux euros « tout rond », me dit la patronne. Sa fille l’aide à installer les pancartes de rue avant de partir au Collège. « Je t’aime », lui dit sa mère quand elle s’en va. « Maman t’aime ! », reprend bien fort une habituée moqueuse. La jouvencelle file en rougissant.
Devant la Gare, je prends le bus Un dans l’autre sens et en descends à l’arrêt Base des Mottets, commune de Viviers-du-Lac, laquelle est située en bas de celui-ci. Un chemin passe entre un chenal à bateaux et des étangs à roselières. Il se termine en impasse par la Plage des Mottets qui est privée en saison. Une affichette met en garde les baigneurs contre la puce du canard. Assis sur le seul banc à l’ombre, je poursuis la lecture des Mémoires de Saint-Simon. Il va encore faire chaud, trop chaud.
Un autre chemin mène à la Plage des Dames. De là est fléché le Hameau de Terre Nue au centre duquel je découvre un imposant hôtel bar restaurant nommé Les Pieds Dans l’Eau. Sur sa terrasse dominant le Port des Quatre Chemins, je bois un café à deux euros, regardant les petits avions qui décollent à bâbord et écoutant trois vieux et deux vieilles qui sont membres d’une association désirant « prendre l’attache » des élus. Ça argumente à qui mieux mieux, ça note dans son cahier. Je sens qu’au fond ils se détestent. Deux tablées de bicyclistes font connaissance et comparent leurs exploits. C’est à qui éblouira les autres. Je sais qu’eux aussi se détestent. Je demande la carte à la jeune serveuse. « Carte de visite ou carte du restaurant ? », me répond-elle avec un petit accent étranger. Comme je m’y attendais, ce n’est pas donné. Pour déjeuner, ce sera ailleurs.
Je reprends le bus Un et en descends avant la Gare car j’ai repéré à l’aller un restaurant d’aspect assez minable, la Brasserie du Revard. Las, ses prix sont pires que ceux des restaurants de centre ville. Je rejoins donc La Cantine à Papa pour son agréable terrasse à l’ombre et comme le plat du jour est une escalope à la normande, je commande une pizza Tiflette à douze euros quatre-vingt-dix. Ma voisine de derrière a un emploi du temps bien arrêté : « Samedi, on s’marie. Dimanche, baptême du p’tit ».
Bientôt, la serveuse dépose ma pizza sur la table de ma voisine de gauche, une touriste qui étudie le plan de la ville. « C’est pas moi qui ai commandé ça ! », s’écrie-t-elle horrifiée. Quand cette serveuse revient la voir avec une salade César, je comprends que nous ne vivons pas dans le même monde.
Décidé à retourner lire à l’ombre des platanes de Grand Port, je vais attendre le bus Un à l’arrêt Boulevard Wilson. Parmi les personnes déjà là se trouve la salade César.
Il y a de plus en plus de monde au bord de l’eau, beaucoup d’Anglais(e)s notamment. Les bateaux à promenade ne désemplissent pas. Je vais prendre un café à deux euros quarante à la terrasse du Skiff, la partie café de la Brasserie du Mont Blanc. A deux reprises, des couples assis à une table qui étudiaient la carte partent sans commander, les prix je suppose.
*
Une journée qui se sera passée sans que j’aie à chanter pouille à quiconque (pour reprendre une expression de Saint-Simon).
Au matin, mon pain au chocolat au lait de la Boulangerie Parisienne en main, je m’installe à la terrasse de L’Arbre à Palabres, place du Revard, où l’allongé est à deux euros « tout rond », me dit la patronne. Sa fille l’aide à installer les pancartes de rue avant de partir au Collège. « Je t’aime », lui dit sa mère quand elle s’en va. « Maman t’aime ! », reprend bien fort une habituée moqueuse. La jouvencelle file en rougissant.
Devant la Gare, je prends le bus Un dans l’autre sens et en descends à l’arrêt Base des Mottets, commune de Viviers-du-Lac, laquelle est située en bas de celui-ci. Un chemin passe entre un chenal à bateaux et des étangs à roselières. Il se termine en impasse par la Plage des Mottets qui est privée en saison. Une affichette met en garde les baigneurs contre la puce du canard. Assis sur le seul banc à l’ombre, je poursuis la lecture des Mémoires de Saint-Simon. Il va encore faire chaud, trop chaud.
Un autre chemin mène à la Plage des Dames. De là est fléché le Hameau de Terre Nue au centre duquel je découvre un imposant hôtel bar restaurant nommé Les Pieds Dans l’Eau. Sur sa terrasse dominant le Port des Quatre Chemins, je bois un café à deux euros, regardant les petits avions qui décollent à bâbord et écoutant trois vieux et deux vieilles qui sont membres d’une association désirant « prendre l’attache » des élus. Ça argumente à qui mieux mieux, ça note dans son cahier. Je sens qu’au fond ils se détestent. Deux tablées de bicyclistes font connaissance et comparent leurs exploits. C’est à qui éblouira les autres. Je sais qu’eux aussi se détestent. Je demande la carte à la jeune serveuse. « Carte de visite ou carte du restaurant ? », me répond-elle avec un petit accent étranger. Comme je m’y attendais, ce n’est pas donné. Pour déjeuner, ce sera ailleurs.
Je reprends le bus Un et en descends avant la Gare car j’ai repéré à l’aller un restaurant d’aspect assez minable, la Brasserie du Revard. Las, ses prix sont pires que ceux des restaurants de centre ville. Je rejoins donc La Cantine à Papa pour son agréable terrasse à l’ombre et comme le plat du jour est une escalope à la normande, je commande une pizza Tiflette à douze euros quatre-vingt-dix. Ma voisine de derrière a un emploi du temps bien arrêté : « Samedi, on s’marie. Dimanche, baptême du p’tit ».
Bientôt, la serveuse dépose ma pizza sur la table de ma voisine de gauche, une touriste qui étudie le plan de la ville. « C’est pas moi qui ai commandé ça ! », s’écrie-t-elle horrifiée. Quand cette serveuse revient la voir avec une salade César, je comprends que nous ne vivons pas dans le même monde.
Décidé à retourner lire à l’ombre des platanes de Grand Port, je vais attendre le bus Un à l’arrêt Boulevard Wilson. Parmi les personnes déjà là se trouve la salade César.
Il y a de plus en plus de monde au bord de l’eau, beaucoup d’Anglais(e)s notamment. Les bateaux à promenade ne désemplissent pas. Je vais prendre un café à deux euros quarante à la terrasse du Skiff, la partie café de la Brasserie du Mont Blanc. A deux reprises, des couples assis à une table qui étudiaient la carte partent sans commander, les prix je suppose.
*
Une journée qui se sera passée sans que j’aie à chanter pouille à quiconque (pour reprendre une expression de Saint-Simon).
7 septembre 2023
Une mauvaise nuit à cause de la chaleur malgré la baie vitrée ouverte. Mon lieu de couchage s’apparente à un lit clos à la bretonne mais en béton. Cela ne facilite pas la baisse nocturne de la température.
Au matin, j’achète un pain au chocolat au lait à la Boulangerie Parisienne au coin de la rue (un euro quinze) et vais le manger avec un allongé à la terrasse du café Chez Fanny rue de Genève (un euro soixante-dix).
Avant huit heures et demie, j’arrive devant les locaux d’Ondéa Grand Lac prés de la Gare. J’aurais dû venir encore plus en avance car devant moi sont des parents qui font établir des cartes de bus pour leur progéniture et ça en prend du temps. Quand c’est mon tour, c’est vite réglé, une carte de bus à volonté, vingt jours pour vingt-cinq euros.
Je l’inaugure illico en montant dans le bus Un direction Grand Port où sont garés les bateaux de plaisance. L’endroit est beau, avec vue sur la Dent du Chat, sommet remarquable de l’autre côté du lac. On y trouve des cafés restaurants. Le mieux placé est la Brasserie du Mont Blanc où je bois un café verre d’eau à deux euros quarante sous les platanes. Il y fait bon pour lire Saint-Simon. Près de moi est une chasseuse, c’est elle qui le dit. Elle tente de convaincre un vieux couple de l’engager car il n’y a qu’elle qui sera capable de trouver la maison dont ils rêvent. Une serveuse parle avec des habitués de l’événement d’hier soir sur le lac, un peu plus haut. Une jeune femme a eu la jambe déchiquetée par l’hélice d’un bateau. Elle est morte avant son arrivée à l’hôpital. C’est horrible, concluent-ils.
Vu les prix pratiqués au bord de l’eau, je reprends le bus Un et cherche un restaurant possible au centre ville. Peu de choix, j’opte pour la terrasse ombragée de La Cantine à Papa place Carnot. La formule plat dessert est à seize euros quatre-vingt-dix, guère moins chère qu’au Grand Port, échine de porc frites maison et tiramisu. Le service est impersonnel et faussement aimable.
Je retourne au Grand Port où je lis Saint-Simon sur un banc au frais sous les platanes pendant un long moment.
Revenu à la Gare, toujours avec le bus Un, je veux boire un café au Terminus. « On ne sert pas de café l’après-midi, me dit le patron, on a arrêté la machine ». Je lui dis ce que je pense de lui et remonte rue de Genève. Au Clos des Bauges, je demande à aller aux toilettes avant que l’on fasse couler mon café, ce qu’accepte le serveur, mais la patronne qui fait des crêpes au fond me crie que pour aller aux toilettes, on consomme d’abord. Je lui dis ma façon de penser et traverse la rue. En face au Zanzibar on sert des cafés et on peut aller aux toilettes avant de les boire.
Aix-les-Bains n’est pas une ville sympathique, dis-je à l’aimable patron de cet établissement en lui racontant les pratiques de ses concurrents.
*
Il existe des cars régionaux à Aix-les-Bains, desservant des lieux intéressants, mais ils ne circulent qu’en juillet et août, apprends-je à l’Office de Tourisme.
*
« Aix-les-Bains Riviera des Alpes », pour les prix qu’on y pratique, certainement.
Au matin, j’achète un pain au chocolat au lait à la Boulangerie Parisienne au coin de la rue (un euro quinze) et vais le manger avec un allongé à la terrasse du café Chez Fanny rue de Genève (un euro soixante-dix).
Avant huit heures et demie, j’arrive devant les locaux d’Ondéa Grand Lac prés de la Gare. J’aurais dû venir encore plus en avance car devant moi sont des parents qui font établir des cartes de bus pour leur progéniture et ça en prend du temps. Quand c’est mon tour, c’est vite réglé, une carte de bus à volonté, vingt jours pour vingt-cinq euros.
Je l’inaugure illico en montant dans le bus Un direction Grand Port où sont garés les bateaux de plaisance. L’endroit est beau, avec vue sur la Dent du Chat, sommet remarquable de l’autre côté du lac. On y trouve des cafés restaurants. Le mieux placé est la Brasserie du Mont Blanc où je bois un café verre d’eau à deux euros quarante sous les platanes. Il y fait bon pour lire Saint-Simon. Près de moi est une chasseuse, c’est elle qui le dit. Elle tente de convaincre un vieux couple de l’engager car il n’y a qu’elle qui sera capable de trouver la maison dont ils rêvent. Une serveuse parle avec des habitués de l’événement d’hier soir sur le lac, un peu plus haut. Une jeune femme a eu la jambe déchiquetée par l’hélice d’un bateau. Elle est morte avant son arrivée à l’hôpital. C’est horrible, concluent-ils.
Vu les prix pratiqués au bord de l’eau, je reprends le bus Un et cherche un restaurant possible au centre ville. Peu de choix, j’opte pour la terrasse ombragée de La Cantine à Papa place Carnot. La formule plat dessert est à seize euros quatre-vingt-dix, guère moins chère qu’au Grand Port, échine de porc frites maison et tiramisu. Le service est impersonnel et faussement aimable.
Je retourne au Grand Port où je lis Saint-Simon sur un banc au frais sous les platanes pendant un long moment.
Revenu à la Gare, toujours avec le bus Un, je veux boire un café au Terminus. « On ne sert pas de café l’après-midi, me dit le patron, on a arrêté la machine ». Je lui dis ce que je pense de lui et remonte rue de Genève. Au Clos des Bauges, je demande à aller aux toilettes avant que l’on fasse couler mon café, ce qu’accepte le serveur, mais la patronne qui fait des crêpes au fond me crie que pour aller aux toilettes, on consomme d’abord. Je lui dis ma façon de penser et traverse la rue. En face au Zanzibar on sert des cafés et on peut aller aux toilettes avant de les boire.
Aix-les-Bains n’est pas une ville sympathique, dis-je à l’aimable patron de cet établissement en lui racontant les pratiques de ses concurrents.
*
Il existe des cars régionaux à Aix-les-Bains, desservant des lieux intéressants, mais ils ne circulent qu’en juillet et août, apprends-je à l’Office de Tourisme.
*
« Aix-les-Bains Riviera des Alpes », pour les prix qu’on y pratique, certainement.
6 septembre 2023
C’est reparti. Avec le train de huit heures deux en direction de Paris. J’ai de la marge pour ne pas me retrouver en difficulté en cas de retard sur la ligne normande. Il n’y en a pas, bien que ce soit un vieux train à sièges colorés au lieu du moderne prévu. Je voyage en première, sans voisinage immédiat. Je croise là une de ma connaissance, pas vue depuis longtemps. On s’est rarement parlé et fort peu, mais j’ai écrit autrefois un texte narrant un jour particulièrement éprouvant de sa vie, qu’elle affrontait sans se départir de son joli sourire. Elle l’a lu à l’époque, quand il a été publié en revue. Bien sûr, elle aussi a vieilli mais elle n’a pas perdu tout son charme. Nous nous disons bonjour avec un sourire triste.
Ensuite, c’est le métro Quatorze jusqu’à la Gare de Lyon. Je bois un café verre d’eau au Bistrot de la Gare (deux euros soixante-dix) et commence ma lecture d’escapade à l’Est, les Mémoires de Saint-Simon. Précisément, les extraits donnés chez Folio en trois volumes. Je trouve ensuite une place assise dans la Gare pour déjeuner de mes sandouiches triangles.
Dans le Tégévé qui a pour terminus Annecy, j’ai pour voisine une vieille qui lit Le livre du rire et de l’oubli de Kundera mais elle me saoule quand même car elle trifouille dans ses papiers, tousse, baille et parfois parle toute seule. Collines, vignobles, Gare de Macon Tegévé au milieu de nulle part, autoroute, aiguillage, montagne, autoroute encore, montagne encore, long tunnel, scieries, Chambéry d’où l’on repart dans l’autre sens, Aix-les-Bains. C’est là que je descends. Il est seize heures. J’ai rendez-vous pas loin, prés du Temple, avec ma première logeuse Air Bibi. Le studio est au cinquième avec ascenseur. J’en fais le tour avec elle.
Il fait très chaud ce mardi. Malgré cela je décide d’aller voir le lac (du Bourget et de Lamartine). C’est bien loin, par une route désagréable. Arrivé épuisé au bord de l’eau, j’y trouve un petit bout de plage mais pas trace d’un café.
Je dois remonter, bien crevé, et ne trouve prés de mon logis provisoire qu’un troquet minuscule, Le Murano, où boire enfin un café verre d’eau, lequel me coûte un euro soixante. Il va falloir que je m’organise.
*
La veille de mon départ, jour de rentrée scolaire, dernier passage au Sacre. Ma voisine trentenaire au téléphone : « L’enfant est à l’école. Je peux lire mon petit bouquin en terrasse. »
Ensuite, c’est le métro Quatorze jusqu’à la Gare de Lyon. Je bois un café verre d’eau au Bistrot de la Gare (deux euros soixante-dix) et commence ma lecture d’escapade à l’Est, les Mémoires de Saint-Simon. Précisément, les extraits donnés chez Folio en trois volumes. Je trouve ensuite une place assise dans la Gare pour déjeuner de mes sandouiches triangles.
Dans le Tégévé qui a pour terminus Annecy, j’ai pour voisine une vieille qui lit Le livre du rire et de l’oubli de Kundera mais elle me saoule quand même car elle trifouille dans ses papiers, tousse, baille et parfois parle toute seule. Collines, vignobles, Gare de Macon Tegévé au milieu de nulle part, autoroute, aiguillage, montagne, autoroute encore, montagne encore, long tunnel, scieries, Chambéry d’où l’on repart dans l’autre sens, Aix-les-Bains. C’est là que je descends. Il est seize heures. J’ai rendez-vous pas loin, prés du Temple, avec ma première logeuse Air Bibi. Le studio est au cinquième avec ascenseur. J’en fais le tour avec elle.
Il fait très chaud ce mardi. Malgré cela je décide d’aller voir le lac (du Bourget et de Lamartine). C’est bien loin, par une route désagréable. Arrivé épuisé au bord de l’eau, j’y trouve un petit bout de plage mais pas trace d’un café.
Je dois remonter, bien crevé, et ne trouve prés de mon logis provisoire qu’un troquet minuscule, Le Murano, où boire enfin un café verre d’eau, lequel me coûte un euro soixante. Il va falloir que je m’organise.
*
La veille de mon départ, jour de rentrée scolaire, dernier passage au Sacre. Ma voisine trentenaire au téléphone : « L’enfant est à l’école. Je peux lire mon petit bouquin en terrasse. »
4 septembre 2023
Ça va ça vient dans la copropriété. C’est le chassé-croisé du samedi de la rentrée. Un jeune homme emménage avec l’aide de ses amis dans l’appartement du rez-de-chaussée où vivaient l’anomalie et sa famille (dont le lanceur d’œufs) En même temps, le jeune couple qui occupe le logement où vivaient Abrutus et Aboyus déménage doucement avec moins d’amis. Dans l’appartement au-dessus de ce dernier, une visite collective effectuée il y a peu par un agent immobilier cornaquant des étudiants et leurs parents me donne à penser que ses occupants vont bientôt s’en aller. Par ailleurs, la locataire à la santé précaire de l’appartement du premier étage qui fait angle avec le mien a disparu. Je ne l’ai pas vue partir. Je l’ai compris quand je n’ai plus vu passer l’infirmière qui lui donnait ses médicaments deux fois par jour et la personne qui lui apportait son repas quotidien. Par trois fois durant sa présence ici sa fenêtre a été cassée par les pompiers quand elle ne répondait pas aux coups de sonnette. Ça n’a pas été le cas cette fois. Je préférerais qu’elle revienne car elle ne faisait aucun bruit. Ma nouvelle voisine de derrière ma chambre n’en fait pas davantage. Son chien s’est calmé. Quand elle le laisse seul, il n’aboie plus, se contentant de pleurer de temps à autre, ce qui est supportable. Ce vendredi premier septembre, jour de prérentrée scolaire, semble avoir été son premier jour de travail, ce qui me donne à penser qu’elle en est.
*
Je n’en reviens pas de la façon dont certaines et certains ont retourné leur veste sur la question de l’islamisme. Naguère d’accord avec Charlie Hebdo les voilà devenus hostiles aux unes de ce journal et soutiens de ceux et celles qui systématiquement tentent d’affaiblir la laïcité à la française.
Si on voyait des élèves catholiques se présenter à l’entrée des collèges et des lycées en soutane, leur point de vue ne serait pas le même.
Là, c’est comme s’il fallait être indulgent avec ces jeunes musulmans parce qu’ils sont les descendants des colonisés et parce que la plupart vivent dans des cités. Cette nouvelle forme de paternalisme et de maternalisme peut cacher un racisme inconscient.
Ou alors leur ralliement est une nouvelle occurrence du Syndrome de Stockholm.
*
Je n’en reviens pas de la façon dont certaines et certains ont retourné leur veste sur la question de l’islamisme. Naguère d’accord avec Charlie Hebdo les voilà devenus hostiles aux unes de ce journal et soutiens de ceux et celles qui systématiquement tentent d’affaiblir la laïcité à la française.
Si on voyait des élèves catholiques se présenter à l’entrée des collèges et des lycées en soutane, leur point de vue ne serait pas le même.
Là, c’est comme s’il fallait être indulgent avec ces jeunes musulmans parce qu’ils sont les descendants des colonisés et parce que la plupart vivent dans des cités. Cette nouvelle forme de paternalisme et de maternalisme peut cacher un racisme inconscient.
Ou alors leur ralliement est une nouvelle occurrence du Syndrome de Stockholm.
31 août 2023
Aucun doute, c’est la fin d’août. Le train pour Paris est quasiment complet. Le bus Vingt-Neuf aux trois quarts plein dès son départ. Dans les rues, c’est de nouveau la lutte entre camions, voitures, deux roues motorisés, deux roues non motorisés et piétons. Il n’y a que dans les Book-Off que la fréquentation reste la même. J’y vends cinq livres pour quatre euros soixante-dix et en achète autant pour cinq euros.
Le moment fort du jour est mon rendez-vous avec celle qui vit à Montreuil et travaille près de la Bastille. Il est fixé à midi trente au Paris. J’y suis dès midi avec pour lecture un livre qui me déçoit, Portraits d’automne de Roger Wallet (Le Dilettante) que j’ai payé un euro la semaine dernière. Cette autobiographie romancée narre les débuts d’un instituteur natif de Carcassonne dans un village de Picardie. Tous les clichés sur cette région défilent et chaque femme qui passe couche immédiatement avec le jeune enseignant bien qu’on soit dans les années cinquante soixante.
J’en ai terminé avec ce livre à l’heure où elle devrait être là. Je patiente impatiemment sans rien avoir à faire. A treize heures, ne sachant si elle va arriver ou non, je passe commande. Mon entrée est à peine servie qu’elle fait la sienne, s’excusant du retard, bloquée qu’elle a été dans une réunion de travail. Elle m’a envoyé un texto pour me prévenir, qu’a reçu à Rouen mon téléphone portatif qui ne vient jamais à Paris.
Nous parlons de sa récente petite semaine de vacances dans la canicule du milieu de la France, de mon prochain départ en vadrouille et d’autres choses durant cet agréable déjeuner.
Le repas terminé, vers quatorze heures trente, nous marchons ensemble sur le boulevard Richard-Lenoir. Jusqu’au métro pour moi. Jusqu’au bureau pour elle.
En rentrant à Rouen je me rends compte que j’ai oublié de lui demander pourquoi et comment elle s’est remise à fumer.
*
Les cinq livres achetés : Lettres à Auguste Perret de Le Corbusier (Editions du Linteau), De la route de Serge Tribolet (Fondation Colas), Journal de la marelle de Marc Le Gros (Calligrammes), Quais de tous les départs de Pierre Mac Orlan (Phébus) et Le murmure de Paris d’Anna-Maria Ortese (Terrain Vague Losfeld).
Le moment fort du jour est mon rendez-vous avec celle qui vit à Montreuil et travaille près de la Bastille. Il est fixé à midi trente au Paris. J’y suis dès midi avec pour lecture un livre qui me déçoit, Portraits d’automne de Roger Wallet (Le Dilettante) que j’ai payé un euro la semaine dernière. Cette autobiographie romancée narre les débuts d’un instituteur natif de Carcassonne dans un village de Picardie. Tous les clichés sur cette région défilent et chaque femme qui passe couche immédiatement avec le jeune enseignant bien qu’on soit dans les années cinquante soixante.
J’en ai terminé avec ce livre à l’heure où elle devrait être là. Je patiente impatiemment sans rien avoir à faire. A treize heures, ne sachant si elle va arriver ou non, je passe commande. Mon entrée est à peine servie qu’elle fait la sienne, s’excusant du retard, bloquée qu’elle a été dans une réunion de travail. Elle m’a envoyé un texto pour me prévenir, qu’a reçu à Rouen mon téléphone portatif qui ne vient jamais à Paris.
Nous parlons de sa récente petite semaine de vacances dans la canicule du milieu de la France, de mon prochain départ en vadrouille et d’autres choses durant cet agréable déjeuner.
Le repas terminé, vers quatorze heures trente, nous marchons ensemble sur le boulevard Richard-Lenoir. Jusqu’au métro pour moi. Jusqu’au bureau pour elle.
En rentrant à Rouen je me rends compte que j’ai oublié de lui demander pourquoi et comment elle s’est remise à fumer.
*
Les cinq livres achetés : Lettres à Auguste Perret de Le Corbusier (Editions du Linteau), De la route de Serge Tribolet (Fondation Colas), Journal de la marelle de Marc Le Gros (Calligrammes), Quais de tous les départs de Pierre Mac Orlan (Phébus) et Le murmure de Paris d’Anna-Maria Ortese (Terrain Vague Losfeld).
29 août 2023
Si, chez les touristes, les troupeaux de retraité(e)s suivant un(e) guide encombrent toujours la ruelle, laquelle est rendue sans issue à chaque pluie intense par l’apparition d’une grosse flaque d’eau à son extrémité côté rue Saint-Nicolas, les familles à enfants sont en voie de disparation. La rentrée scolaire approche. Bien que je ne sois plus concerné depuis longtemps par cet évènement, j’en suis encore affecté, comme si ce traumatisme était inscrit dans mes gènes.
Aux terrasses des cafés où je me risque entre deux averses, c’est l’heure des souvenirs de vacances que racontent les un(e)s à d’autres qui s’en fichent un peu. « Il faisait tellement moche que c’était génial », s’exclame l’une.
Hormis mes escapades du mercredi à Paris je n’aurai guère bougé ces deux mois d’été. Je les aurai passés à lire sans jamais parler à qui que ce soit.
Pour la deuxième année consécutive, aucune rencontre Rouen Stockholm n’aura eu lieu. L’an dernier, il y avait encore la perspective qu’elle se produise si les obligations diverses des exilé(e)s le permettaient. J’ai attendu en vain. Cette année, il n’en a même pas été question. Je n’ai pu en parler avec l’homme au chapeau (et à la barbe de prophète). Deux fois, alors que je lisais à la terrasse du Sacre, je l’ai surpris à passer tout droit, marchant vers ses pénates. Peut-être ne m’a-t-il pas vu. Peut-être que si, mais que, me voyant penché sur mon livre, il ait pensé que je ne le voyais pas et qu’il pouvait filer. Je ne saurais lui en vouloir. Quand nous sommes face à face, nous avons si peu à nous dire.
*
Rentrée sur France Culture. Désormais, les émissions du jour ne commencent qu’à six heures trente et se terminent à vingt-deux heures. Le reste, ce sont des rediffusions, de la radio en conserve.
Au moins, Marie Richeux retrouve-t-elle un horaire compatible avec ma pratique de la radio, et pour parler littérature.
*
Rentrée politique également. D’abord l’épisode Médine reçu sur canapé par la cheffe des Ecolos (ce Médine adulé par Mélenchon). Et maintenant, ces gens de Gauche qui prennent la défense des tenues islamiques à l’école, qamis pour les garçons, abaya pour les filles
Pour qui vais-je pouvoir voter aux Européennes ?
Aux terrasses des cafés où je me risque entre deux averses, c’est l’heure des souvenirs de vacances que racontent les un(e)s à d’autres qui s’en fichent un peu. « Il faisait tellement moche que c’était génial », s’exclame l’une.
Hormis mes escapades du mercredi à Paris je n’aurai guère bougé ces deux mois d’été. Je les aurai passés à lire sans jamais parler à qui que ce soit.
Pour la deuxième année consécutive, aucune rencontre Rouen Stockholm n’aura eu lieu. L’an dernier, il y avait encore la perspective qu’elle se produise si les obligations diverses des exilé(e)s le permettaient. J’ai attendu en vain. Cette année, il n’en a même pas été question. Je n’ai pu en parler avec l’homme au chapeau (et à la barbe de prophète). Deux fois, alors que je lisais à la terrasse du Sacre, je l’ai surpris à passer tout droit, marchant vers ses pénates. Peut-être ne m’a-t-il pas vu. Peut-être que si, mais que, me voyant penché sur mon livre, il ait pensé que je ne le voyais pas et qu’il pouvait filer. Je ne saurais lui en vouloir. Quand nous sommes face à face, nous avons si peu à nous dire.
*
Rentrée sur France Culture. Désormais, les émissions du jour ne commencent qu’à six heures trente et se terminent à vingt-deux heures. Le reste, ce sont des rediffusions, de la radio en conserve.
Au moins, Marie Richeux retrouve-t-elle un horaire compatible avec ma pratique de la radio, et pour parler littérature.
*
Rentrée politique également. D’abord l’épisode Médine reçu sur canapé par la cheffe des Ecolos (ce Médine adulé par Mélenchon). Et maintenant, ces gens de Gauche qui prennent la défense des tenues islamiques à l’école, qamis pour les garçons, abaya pour les filles
Pour qui vais-je pouvoir voter aux Européennes ?
26 août 2023
Deux mois d’été sans que le moindre bruit ne me parvienne de l’appartement voisin, celui de l’étage. La raison en est sa vacance de locataire. L’excité qui l’occupait l’ayant quitté pendant que j’étais en villégiature à Saint-Quay-Portrieux quand il a su que des Policiers désiraient lui parler. Sans doute voulaient-ils lui poser des questions sur sa tentative d’agression du voisin de l’autre côté. Il a préféré la fuite.
Ce calme absolu s’achève ce vendredi après-midi. Une nouvelle locataire s’installe, dont l’âge me donne à penser qu’elle ne fera pas des soirées bière avec ses peutes. Seulement elle a un chien, petit, d’un modèle assez semblable à Abrutus et capable de gueuler comme Aboyus. Je le constate quand cette personne sort en le laissant dans l’appartement.
A son retour, je vais voir ma nouvelle voisine pour lui apprendre que lorsque son chien aboie chez elle, c’est comme s’il aboyait chez moi car il n’y a pas d’isolation phonique entre les appartements.
Elle me promet d’en tenir compte, me dit qu’elle est là suite à une mutation professionnelle et qu’elle ne recevra pas grand monde. Quant à sa chienne, elle est déboussolée par le changement de lieu et devrait faire moins de bruit quand elle se sera habituée. Je l’espère car je crains qu’elle la laisse seule lorsqu'elle ira travailler.
Au moins n’entends-je rien dans la soirée (hormis une courte conversation téléphonique) et la nuit se passe comme s’il n’y avait personne derrière ma cloison.
Ce calme absolu s’achève ce vendredi après-midi. Une nouvelle locataire s’installe, dont l’âge me donne à penser qu’elle ne fera pas des soirées bière avec ses peutes. Seulement elle a un chien, petit, d’un modèle assez semblable à Abrutus et capable de gueuler comme Aboyus. Je le constate quand cette personne sort en le laissant dans l’appartement.
A son retour, je vais voir ma nouvelle voisine pour lui apprendre que lorsque son chien aboie chez elle, c’est comme s’il aboyait chez moi car il n’y a pas d’isolation phonique entre les appartements.
Elle me promet d’en tenir compte, me dit qu’elle est là suite à une mutation professionnelle et qu’elle ne recevra pas grand monde. Quant à sa chienne, elle est déboussolée par le changement de lieu et devrait faire moins de bruit quand elle se sera habituée. Je l’espère car je crains qu’elle la laisse seule lorsqu'elle ira travailler.
Au moins n’entends-je rien dans la soirée (hormis une courte conversation téléphonique) et la nuit se passe comme s’il n’y avait personne derrière ma cloison.
24 août 2023
Avoir laissé ma veste à la maison et emporté une bouteille d’eau, cela devrait suffire pour que je ne souffre pas trop de la chaleur parisienne ce mercredi.
Encore une fois, je peux avoir une place sans voisinage immédiat dans le train de sept heures vingt-quatre et, dans le bus Vingt-Neuf, passé l’arrêt Bourse, je suis seul avec le chauffeur qui à nouveau fait le tour du Marais.
Après passage au Marché d’Aligre où rien de nouveau, je ne trouve pas un livre à un euro que j’aurais envie de lire au Book-Off de Ledru-Rollin.
Comme il ne fait pas aussi chaud que je le craignais, je choisis de rejoindre le quartier des Halles à pied et à midi prends place à la terrasse ombragée de L’Amazonial, rue Sainte-Opportune. J’opte pour la formule entrée plat à quatorze euros cinquante et y choisis tomate et feta au basilic puis brandade de poisson maison au pesto, mesclun et betterave. C’est honorable, sans plus.
La température est supportable dans le sous-sol du Book-Off de Saint-Martin. Il me faut bien chercher pour, parmi les livres à un euro, en trouver un à acheter. C’est Portraits d’automne de Roger Wallet publié au Dilettante.
Du troisième Book-Off, je ressors bredouille et vais au bout de la rue m’asseoir à la terrasse du Bistrot d’Edmond qui fait face à la station de métro Quatre-Septembre. J’ai pour compagnie un livre acheté précédemment, Ordesa de Manuel Vilas, une évocation de ses parents décédés par un auteur qui a du mal à l’accepter et qui regrette de ne pas avoir été plus proche d’eux quand ils étaient vivants. Evidemment cela me saoule et je le parcours plutôt que ne le lis. J’ai dû tomber, quand je l’ai choisi l’autre semaine, sur un des passages qui retiennent mon attention, il y en a quand même. Si j’avais vu que ce livre a eu le Prix Femina étranger en deux mille dix-neuf, je me serais méfié.
Quand je lève les yeux de cet ouvrage décevant, il y a toujours pour me plaire une fille sortant du métro à moitié dévêtue. Chacune a sa manière d’être élégante. Je ne saurais en dire autant des garçons. C’est encore un été où ils portent des pantacourts. Ceux qui sont accompagnés de leur femme ou copine ont toujours l’air d’être son enfant. Allez, l’automne va arriver, finies les culottes courtes, tu vas redevenir grand. Du moins, je l’espère.
*
Sur mon chemin, Miss Manon, « boulangerie artisane » puis Aux désirs de Manon, elle aussi dotée sur son auvent de l’inscription « boulangerie artisane ». Artisanale, Manon, artisanale.
*
La chute du marchand de vin Nicolas. Sur la porte du magasin de Quatre-Septembre, comme sur beaucoup d’autres, cette inscription : « Ici, on vend aussi de la bière ».
Encore une fois, je peux avoir une place sans voisinage immédiat dans le train de sept heures vingt-quatre et, dans le bus Vingt-Neuf, passé l’arrêt Bourse, je suis seul avec le chauffeur qui à nouveau fait le tour du Marais.
Après passage au Marché d’Aligre où rien de nouveau, je ne trouve pas un livre à un euro que j’aurais envie de lire au Book-Off de Ledru-Rollin.
Comme il ne fait pas aussi chaud que je le craignais, je choisis de rejoindre le quartier des Halles à pied et à midi prends place à la terrasse ombragée de L’Amazonial, rue Sainte-Opportune. J’opte pour la formule entrée plat à quatorze euros cinquante et y choisis tomate et feta au basilic puis brandade de poisson maison au pesto, mesclun et betterave. C’est honorable, sans plus.
La température est supportable dans le sous-sol du Book-Off de Saint-Martin. Il me faut bien chercher pour, parmi les livres à un euro, en trouver un à acheter. C’est Portraits d’automne de Roger Wallet publié au Dilettante.
Du troisième Book-Off, je ressors bredouille et vais au bout de la rue m’asseoir à la terrasse du Bistrot d’Edmond qui fait face à la station de métro Quatre-Septembre. J’ai pour compagnie un livre acheté précédemment, Ordesa de Manuel Vilas, une évocation de ses parents décédés par un auteur qui a du mal à l’accepter et qui regrette de ne pas avoir été plus proche d’eux quand ils étaient vivants. Evidemment cela me saoule et je le parcours plutôt que ne le lis. J’ai dû tomber, quand je l’ai choisi l’autre semaine, sur un des passages qui retiennent mon attention, il y en a quand même. Si j’avais vu que ce livre a eu le Prix Femina étranger en deux mille dix-neuf, je me serais méfié.
Quand je lève les yeux de cet ouvrage décevant, il y a toujours pour me plaire une fille sortant du métro à moitié dévêtue. Chacune a sa manière d’être élégante. Je ne saurais en dire autant des garçons. C’est encore un été où ils portent des pantacourts. Ceux qui sont accompagnés de leur femme ou copine ont toujours l’air d’être son enfant. Allez, l’automne va arriver, finies les culottes courtes, tu vas redevenir grand. Du moins, je l’espère.
*
Sur mon chemin, Miss Manon, « boulangerie artisane » puis Aux désirs de Manon, elle aussi dotée sur son auvent de l’inscription « boulangerie artisane ». Artisanale, Manon, artisanale.
*
La chute du marchand de vin Nicolas. Sur la porte du magasin de Quatre-Septembre, comme sur beaucoup d’autres, cette inscription : « Ici, on vend aussi de la bière ».
© 2014 Michel Perdrial - Design: Bureau l’Imprimante