Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
26 novembre 2024
Comme si je n’avais pas déjà trop de livres, il faut que vendredi matin je me laisse aller à en acheter trois par correspondance, la faute à Gibert Joseph et à ses prix bas sans rapport avec ceux pratiqués dans la boutique du boulevard Saint-Michel, Journal Tome 1, Les Années Hongroises (1943-1948) de Sándor Márai (Albin Michel), Journal 1946-1949 de Max Frisch (Gallimard) et Ceux qui ne dormaient pas - Journal, 1944-1946 de Jacqueline Mesnil-Amar (Stock), le tout pour sept euros quatre-vingt-dix, sans frais de port, un colis qui ne traîne pas, arrivé chez Axel Telecom ce lundi après-midi.
*
Retrouvé ça, prélevé sut une page des Archives de la Seine Maritime :
« Avant le 18e siècle, l'intimité n'existe pas. L'historienne Arlette Farge a montré pour Paris qu'on allait souvent chercher dans les buissons et bosquets cette intimité que l’on n'avait pas chez soi. A Rouen, en 1684, la Ville fait arracher des arbres plantés par les Augustins dans une prairie hors la porte Martainville, car des personnes « commettent plusieurs débauches » sous les arbres. »
*
L’autre jour, dans Les Midis de Culture, Marie Labory s’excuse d’avoir mégenré, ayant pris un pour une ou l’inverse.
*
Dans le même genre, je ne sais plus quelle boutique rouennaise affichait la semaine dernière des prix remisés.
*
Azerbaïdjan, une Cop Vingt-Neuf à bas coût.
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Retrouvé ça, prélevé sut une page des Archives de la Seine Maritime :
« Avant le 18e siècle, l'intimité n'existe pas. L'historienne Arlette Farge a montré pour Paris qu'on allait souvent chercher dans les buissons et bosquets cette intimité que l’on n'avait pas chez soi. A Rouen, en 1684, la Ville fait arracher des arbres plantés par les Augustins dans une prairie hors la porte Martainville, car des personnes « commettent plusieurs débauches » sous les arbres. »
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L’autre jour, dans Les Midis de Culture, Marie Labory s’excuse d’avoir mégenré, ayant pris un pour une ou l’inverse.
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Dans le même genre, je ne sais plus quelle boutique rouennaise affichait la semaine dernière des prix remisés.
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Azerbaïdjan, une Cop Vingt-Neuf à bas coût.
25 novembre 2024
Quelle pluie ce lundi matin à Rouen ! C’est l’occasion pour moi de replonger dans les extraits que j’avais pris lors de ma lecture du Journal de la jeune Julie Manet, de repartir en voyage avec elle, de rencontrer Monsieur Monet et Monsieur Degas.
Lundi trente octobre mil huit cent quatre-vingt-treize : Parties ce matin de bonne heure pour Giverny. Pluie toute la journée. Monsieur Monet nous a montré ses cathédrales. Il y en a vingt-six, elles sont magnifiques, quelques-unes toutes violettes, d’autres blanches, jaunes, avec un ciel bleu, roses avec un ciel un peu vert, puis une dans le brouillard, deux ou trois dans l’ombre au bas et éclairées des rayons du soleil sur les tours. Ces cathédrales, admirablement dessinées sont faites par masses, et cependant on y découvre chaque détail, elles sont tellement dans l’air. Cela me semble si difficile de ne pas dessiner tous les détails.
Ces tableaux de Monsieur Monet donnent une bonne leçon de peinture.
Mercredi huit août mil huit cent quatre-vingt-quatorze : Nous partons aujourd’hui pour la Bretagne par le train de 8 heures du soir, nous descendrons à Saint-Brieuc pour aller à Portrieux.
Jeudi neuf août mil huit cent quatre-vingt-quatorze : La route de Saint-Brieuc à Portrieux est assez longue, on traverse des espèces de petites montagnes, d’une très jolie forme, il y a beaucoup de routes en pente, partout sur la route on voit des femmes avec des châles et de grands bonnets qui ont l’air d’ailes, puis en charrette des religieuses tout en blanc, cela est fort pittoresque.
Dimanche dix-neuf août mil huit cent quatre-vingt-quatorze : A Saint-Marc, il se trouve quelque chose vraiment de très touchant et très triste : c’est une chapelle élevée à la mémoire des marins bretons ayant péri en mer. Tous leurs noms sont inscrits près de l’autel, oh ! comme il y en a, cette mer terrible en a tant englouti, je la croyais moins cruelle.
Samedi trois août mil huit cent quatre-vingt-quinze : Nous prenons un déjeuner fade avec cette omelette jaune de la mère Poulard et ensuite nous visitons l’abbaye en troupeau comme des moutons.
Mercredi quatre mars mil huit cent quatre-vingt-seize : Nous trouvons Monsieur Degas tout seul accrochant des dessins dans la salle du fond. Il répète constamment qu’il ne s’occupe pas du public, ces gens qui se promènent avec des yeux tout ronds et regardent la peinture ou plus tôt la regardent sans la voir en disant : « C’est beau, c’est très beau ».
*
Elle voyage sans indicateur avec un guide d’il y a vingt ans et a eu la possibilité d’entrer dans la petite chapelle Saint-Marc près de Saint-Quay-Portrieux, ce que je n’ai pu faire.
Lundi trente octobre mil huit cent quatre-vingt-treize : Parties ce matin de bonne heure pour Giverny. Pluie toute la journée. Monsieur Monet nous a montré ses cathédrales. Il y en a vingt-six, elles sont magnifiques, quelques-unes toutes violettes, d’autres blanches, jaunes, avec un ciel bleu, roses avec un ciel un peu vert, puis une dans le brouillard, deux ou trois dans l’ombre au bas et éclairées des rayons du soleil sur les tours. Ces cathédrales, admirablement dessinées sont faites par masses, et cependant on y découvre chaque détail, elles sont tellement dans l’air. Cela me semble si difficile de ne pas dessiner tous les détails.
Ces tableaux de Monsieur Monet donnent une bonne leçon de peinture.
Mercredi huit août mil huit cent quatre-vingt-quatorze : Nous partons aujourd’hui pour la Bretagne par le train de 8 heures du soir, nous descendrons à Saint-Brieuc pour aller à Portrieux.
Jeudi neuf août mil huit cent quatre-vingt-quatorze : La route de Saint-Brieuc à Portrieux est assez longue, on traverse des espèces de petites montagnes, d’une très jolie forme, il y a beaucoup de routes en pente, partout sur la route on voit des femmes avec des châles et de grands bonnets qui ont l’air d’ailes, puis en charrette des religieuses tout en blanc, cela est fort pittoresque.
Dimanche dix-neuf août mil huit cent quatre-vingt-quatorze : A Saint-Marc, il se trouve quelque chose vraiment de très touchant et très triste : c’est une chapelle élevée à la mémoire des marins bretons ayant péri en mer. Tous leurs noms sont inscrits près de l’autel, oh ! comme il y en a, cette mer terrible en a tant englouti, je la croyais moins cruelle.
Samedi trois août mil huit cent quatre-vingt-quinze : Nous prenons un déjeuner fade avec cette omelette jaune de la mère Poulard et ensuite nous visitons l’abbaye en troupeau comme des moutons.
Mercredi quatre mars mil huit cent quatre-vingt-seize : Nous trouvons Monsieur Degas tout seul accrochant des dessins dans la salle du fond. Il répète constamment qu’il ne s’occupe pas du public, ces gens qui se promènent avec des yeux tout ronds et regardent la peinture ou plus tôt la regardent sans la voir en disant : « C’est beau, c’est très beau ».
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Elle voyage sans indicateur avec un guide d’il y a vingt ans et a eu la possibilité d’entrer dans la petite chapelle Saint-Marc près de Saint-Quay-Portrieux, ce que je n’ai pu faire.
23 novembre 2024
Songeant au Socrate ce samedi matin à comment ça a commencé cette histoire de diminution de la vue pour cause de cataracte, je me souviens que ça remonte loin. A plusieurs dizaines d’années, quand j’ai commencé à être ébloui par les phares des voitures arrivant en face puis par toutes les sources lumineuses. Au point de progressivement renoncer à conduire la nuit hors des trajets que je connaissais par cœur.
Parallèlement ont eu lieu les chutes dues à la mauvaise vision du sol des trottoirs, des rues piétonnières et des marches d’escalier mal éclairées. La première dans une église, la plus grave à Espelette où je me suis cassé la clavicule. Il y en eut d’autres, sans conséquences, à l’extérieur et à l’intérieur, dont l’une dans l’escalier de l’Opéra de Rouen laissé dans la pénombre à la période de Noël, dont je n’avais pas vu la dernière marche.
Maintenant, j’ai sur chaque lieu un regard nouveau en volume et profondeur. Je vois exactement les creux et des bosses des trottoirs et des rues piétonnières et je distingue parfaitement les angles droits des marches des escaliers, fixes ou mécaniques. Je le constate encore une fois après mon café lecture en allant imprimer à l’automate de la Gare mon prochain billet de train pour Paris puis quand pour rentrer je rejoins par l’escalator le métro, gratuit ce jour, afin d’éviter le vent glacial qui balaie la ville de Rouen en ce lendemain de chute de neige.
*
Personne parmi celles et ceux qui me voient régulièrement depuis des mois ou même des années pour me dire : « Tiens, vous n’avez plus de lunettes ? »
Parallèlement ont eu lieu les chutes dues à la mauvaise vision du sol des trottoirs, des rues piétonnières et des marches d’escalier mal éclairées. La première dans une église, la plus grave à Espelette où je me suis cassé la clavicule. Il y en eut d’autres, sans conséquences, à l’extérieur et à l’intérieur, dont l’une dans l’escalier de l’Opéra de Rouen laissé dans la pénombre à la période de Noël, dont je n’avais pas vu la dernière marche.
Maintenant, j’ai sur chaque lieu un regard nouveau en volume et profondeur. Je vois exactement les creux et des bosses des trottoirs et des rues piétonnières et je distingue parfaitement les angles droits des marches des escaliers, fixes ou mécaniques. Je le constate encore une fois après mon café lecture en allant imprimer à l’automate de la Gare mon prochain billet de train pour Paris puis quand pour rentrer je rejoins par l’escalator le métro, gratuit ce jour, afin d’éviter le vent glacial qui balaie la ville de Rouen en ce lendemain de chute de neige.
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Personne parmi celles et ceux qui me voient régulièrement depuis des mois ou même des années pour me dire : « Tiens, vous n’avez plus de lunettes ? »
21 novembre 2024
Un vieux fond d’optimisme m’a fait prendre un billet pour Paris le vingt novembre, soit huit jours après la seconde opération de la cataracte (un billet annulable sans frais jusqu’à la veille du départ). Et me voici donc ce mercredi dans le sept heures vingt-trois où je débute la lecture de Carnets secrets d’Archibald d’Handrax, un inédit Rivages poche qui commence ainsi On tire les feux d’artifice la nuit pour ne pas blesser les oiseaux. Ce mystérieux baron est mort en deux mille seize dans l’Allier où il a passé toute sa vie, prétend Bernard Quiriny qui signe la préface, mais pas le reste.
Pour que je voie encore mieux la ville avec mes yeux neufs, le soleil est de la partie. Cela n’empêche pas une vieille à béquilles d’être de mauvaise humeur, qui décoche au bicycliste ayant largement le temps de passer devant elle sur le passage piétonnier « T’as pas vu que le feu est rouge, connard ! »
Ça commence au Marché d’Aligre, chez Amin, où je trouve La Seine de Pierre Mac Orlan avec photographies de René-Jacques (Le Castor Astral). En absence du patron, son aide me le dit à trois euros. « Deux euros, ça irait ? » Ça ira. Ayant atteint Re-Read, j’y achète quatre euros Poèmes de Joseph Brodsky (Gallimard). Ici on ne discute pas le prix. La jolie employée est absente, sur laquelle j’aurais bien essayé mes nouveaux yeux. Au Book-Off de Ledru-Rollin, ce sont quatre livres à un euro : Jeux de miroir de Bernard Fraigneau (Glyphe), La Toussaint de Pierre Bergougnoux (Gallimard), Les Causes célèbres de Jean Paulhan (L’Imaginaire/Gallimard) et, que j’ai déjà dans d’autres éditions, Trois filles de leur mère de Pierre Louÿs (Allia).
A la pause déjeuner, je vais dans les toilettes d’Au Diable des Lombards me mettre une goutte d’Ocufen dans chaque œil puis, dans la formule du jour entrée plat, choisis la salade auvergnate et le Parmentier d’effiloché d’agneau. Changement de personnel, une jeune femme au service et un jeune barbu à casquette derrière le comptoir, à deux ça marche mieux et c’est toujours bon.
Le boulevard de Sébastopol traversé, je reprends le remplissage de mon sac au Book-Off de Saint-Martin avec trois livres à un euro : Gabriële d’Anne et Claire Berest (Stock), Lettre à Vouchka de Samuel Brussell (La Baconnière) et Ma mère, musicienne, est morte de maladie maligne à minuit, mardi à mercredi, au milieu du mois de mai mille997 au mouroir mémorial à Manhattan de Louis Wolfson (Attila) acheté pour son titre.
J’achève ma tournée au Book-Off de Quatre Septembre où je ne trouve rien. Il faut dire que le Japon y occupe de plus en plus de place. Cela finit par ressembler à la boutique dédiée à ce pays, autrefois en face, remplacée par une supérette bio. Si j’avais pu lire les petits caractères de mon plan de la capitale, j’aurai supprimé cette ultime étape pour aller découvrir le premier Bibliovore parisien dans le Marais (un autre va ouvrir à Belleville).
A la Gare Saint-Lazare, la voix masculine de la Senecefe menace pour demain jeudi de chute de neige, de verglas et d’un mouvement social, tout cela susceptible de perturber nos lignes.
Dans le seize heures quarante du retour, je retrouve le fantomatique Archibald d’Handrax :
Bibliophilie. Une rareté, Le Jean-Jacques d’Emile Rousseau.
Il disait : On n’a qu’une vie, il s’agit de ne pas la rater à moitié.
Dans certains pays tropicaux, les tornades sont un moyen de transport gratuit et très apprécié.
Il disait : Le monde est une blague dont j’attends la chute.
Le baron a de bonnes lectures, qu’il cite.
De Louis Scutenaire :
C’est un livre admirable, comme il y en a tant.
Le contraire est toujours vrai.
D’Henri de Régnier :
Je n’ai jamais, en écrivant, cherché quoi que ce soit d’autre que le plaisir délicieux et toujours nouveau d’une occupation inutile.
Au fil de la journée, le ciel s’est couvert. J’arrive à Rouen à dix-huit heures zéro deux, après qu’il a plu.
Pour que je voie encore mieux la ville avec mes yeux neufs, le soleil est de la partie. Cela n’empêche pas une vieille à béquilles d’être de mauvaise humeur, qui décoche au bicycliste ayant largement le temps de passer devant elle sur le passage piétonnier « T’as pas vu que le feu est rouge, connard ! »
Ça commence au Marché d’Aligre, chez Amin, où je trouve La Seine de Pierre Mac Orlan avec photographies de René-Jacques (Le Castor Astral). En absence du patron, son aide me le dit à trois euros. « Deux euros, ça irait ? » Ça ira. Ayant atteint Re-Read, j’y achète quatre euros Poèmes de Joseph Brodsky (Gallimard). Ici on ne discute pas le prix. La jolie employée est absente, sur laquelle j’aurais bien essayé mes nouveaux yeux. Au Book-Off de Ledru-Rollin, ce sont quatre livres à un euro : Jeux de miroir de Bernard Fraigneau (Glyphe), La Toussaint de Pierre Bergougnoux (Gallimard), Les Causes célèbres de Jean Paulhan (L’Imaginaire/Gallimard) et, que j’ai déjà dans d’autres éditions, Trois filles de leur mère de Pierre Louÿs (Allia).
A la pause déjeuner, je vais dans les toilettes d’Au Diable des Lombards me mettre une goutte d’Ocufen dans chaque œil puis, dans la formule du jour entrée plat, choisis la salade auvergnate et le Parmentier d’effiloché d’agneau. Changement de personnel, une jeune femme au service et un jeune barbu à casquette derrière le comptoir, à deux ça marche mieux et c’est toujours bon.
Le boulevard de Sébastopol traversé, je reprends le remplissage de mon sac au Book-Off de Saint-Martin avec trois livres à un euro : Gabriële d’Anne et Claire Berest (Stock), Lettre à Vouchka de Samuel Brussell (La Baconnière) et Ma mère, musicienne, est morte de maladie maligne à minuit, mardi à mercredi, au milieu du mois de mai mille997 au mouroir mémorial à Manhattan de Louis Wolfson (Attila) acheté pour son titre.
J’achève ma tournée au Book-Off de Quatre Septembre où je ne trouve rien. Il faut dire que le Japon y occupe de plus en plus de place. Cela finit par ressembler à la boutique dédiée à ce pays, autrefois en face, remplacée par une supérette bio. Si j’avais pu lire les petits caractères de mon plan de la capitale, j’aurai supprimé cette ultime étape pour aller découvrir le premier Bibliovore parisien dans le Marais (un autre va ouvrir à Belleville).
A la Gare Saint-Lazare, la voix masculine de la Senecefe menace pour demain jeudi de chute de neige, de verglas et d’un mouvement social, tout cela susceptible de perturber nos lignes.
Dans le seize heures quarante du retour, je retrouve le fantomatique Archibald d’Handrax :
Bibliophilie. Une rareté, Le Jean-Jacques d’Emile Rousseau.
Il disait : On n’a qu’une vie, il s’agit de ne pas la rater à moitié.
Dans certains pays tropicaux, les tornades sont un moyen de transport gratuit et très apprécié.
Il disait : Le monde est une blague dont j’attends la chute.
Le baron a de bonnes lectures, qu’il cite.
De Louis Scutenaire :
C’est un livre admirable, comme il y en a tant.
Le contraire est toujours vrai.
D’Henri de Régnier :
Je n’ai jamais, en écrivant, cherché quoi que ce soit d’autre que le plaisir délicieux et toujours nouveau d’une occupation inutile.
Au fil de la journée, le ciel s’est couvert. J’arrive à Rouen à dix-huit heures zéro deux, après qu’il a plu.
19 novembre 2024
Me voici ce lundi de retour au Socrate, mon café d’hiver, pas surpris que le vieux lecteur à béquille soit encore là. Il a désormais une longue barbe blanche et commande toujours deux cafés en arrivant. Il a de bonnes lectures, souvent en Pléiade. Ce serait intéressant de parler avec lui mais il ne peut pas ayant subi une trachéotomie. En revanche n’est pas là, et c’est un bénédiction, le vieux buveur de pinte toujours fourré dans son ordinateur et son téléphone qui appelait une « mademoiselle » sûrement de son âge avec qui il commentait l’actualité vue par la télé de Bolloré. L’essentiel de la clientèle est constituée de couples de passage. Une femme, fin de trentaine, mange un burgueur.
Je peux à nouveau lire (je n’en crois pas mes yeux, si). C’est légèrement flou mais qu’importe. J’ai sur ma table Journal du huitième hiver de Samuel Brussell, acheté un euro chez Book-Off. Surprise en l’ouvrant : une dédicace de l’auteur « A toi Jacques, ce feuilleton sentimental, ton ami Samuel ».
*
Un carrousel sur le parvis de la Cathédrale, là où autrefois se dressait un sapin. Plus que jamais à Rouen décembre est le mois de la fête foraine de Noël.
*
Bossuet dans un de ses sermons : Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu'ils en chérissent les causes. Illustration en est donnée après chaque catastrophe liée au changement climatique.
Je peux à nouveau lire (je n’en crois pas mes yeux, si). C’est légèrement flou mais qu’importe. J’ai sur ma table Journal du huitième hiver de Samuel Brussell, acheté un euro chez Book-Off. Surprise en l’ouvrant : une dédicace de l’auteur « A toi Jacques, ce feuilleton sentimental, ton ami Samuel ».
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Un carrousel sur le parvis de la Cathédrale, là où autrefois se dressait un sapin. Plus que jamais à Rouen décembre est le mois de la fête foraine de Noël.
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Bossuet dans un de ses sermons : Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu'ils en chérissent les causes. Illustration en est donnée après chaque catastrophe liée au changement climatique.
18 novembre 2024
Ce samedi matin, j’explore Rouen avec mes yeux tout neufs. D’abord le Clos Saint-Marc où sont quelques marchands de livres. Parmi lesquels Thierry, bouquiniste au large choix, dont le défaut est de déballer ses livres tardivement. Aujourd’hui, il a fait un effort, tout est prêt à neuf heures. Lui n’est pas là, parti garer le camion, me dit son aide.
Comme je vois mieux les tranches des livres dans les cartons, je suis plus à même de trouver des livres qui m’intéressent. Justement me fait signe le second volume de Lettres à Madame Hanska d’Honoré de Balzac. J’ai déjà eu cette correspondance parue chez Bouquins, mais après l’avoir lue, je l’ai vendue puis ai regretté de l’avoir fait. Désirant la relire un jour, je la cherche depuis un moment et me suis rendu compte qu’elle est devenue rare. Je n’espère pas trouver le premier volume vu le désordre qui règne chez ces vendeurs de livres. En quoi j’ai tort. Car à l’autre bout du déballage, au fond d’un carton, je mets la main dessus. Pour ajouter à ma félicité, je trouve aussi Correspondance de Johann Wolfgang von Goethe (Les Presses d’Aujourd’hui). Reste à attendre que Thierry revienne car son aide ne veut pas fixer de prix pour ne pas se faire engueuler. « Sept euros », me dit-il quand il arrive. Un prix que je ne saurais contester.
Il est presque dix heures quand j’entre à la Halle aux Toiles où le Secours Populaire organise sa grande braderie d’avant Noël. On y vend un peu de tout et donc des livres. Je constate que ce sont plutôt des vieux ouvrages un peu abîmés et sans intérêt pour moi. En revanche, parmi les centaines de cédés de toute nature à un euro, je distingue Cinq Têtes II de David Lafore. Je le fais mien en souvenir des deux concerts de ce chanteur fantaisiste chez l’ami Georges-André en son Hôtel de l’Europe.
Un peu plus tard, je fais un tour au Bibliovore où il y a toujours du monde. J’ai la chance de trouver à trois euros Adresses fantômes, texte et dessins de Michel Longuet (Grasset) puis je termine mon circuit par Les Mondes Magiques où il n’y a jamais personne. La bouquinerie de la rue Beauvoisine a de nouveaux soucis de trésorerie et acheter un livre pourrait aider un peu. J’ai beau faire le tour des rayonnages, je n’y vois rien qui puisse m’intéresser. Le rayon Littérature se résume à des biographies anciennes rangées sur deux étagères trop basses. Une femme entre demander s’il y a des livres sur les insectes, mais non rien du tout.
*
Une cantatrice dans l’atelier d’artiste devenu logement Air Bibi en face de chez moi. Je l’entends qui vocalise à tue-tête. S’agit-il d’Ariane Sally Matthews qui en ce moment interprète La Prima Donna d’Ariane à Naxos de Richard Strauss à l’Opéra de Rouen ?
Lui succède le carillonneur de la Cathédrale pour son concert hebdomadaire. Il fait entendre Les Feuilles mortes, chanson de saison Mais la vie sépare ceux qui s'aiment / Tout doucement, sans faire de bruit / Et la mer efface sur le sable / Les pas des amants désunis.
Comme je vois mieux les tranches des livres dans les cartons, je suis plus à même de trouver des livres qui m’intéressent. Justement me fait signe le second volume de Lettres à Madame Hanska d’Honoré de Balzac. J’ai déjà eu cette correspondance parue chez Bouquins, mais après l’avoir lue, je l’ai vendue puis ai regretté de l’avoir fait. Désirant la relire un jour, je la cherche depuis un moment et me suis rendu compte qu’elle est devenue rare. Je n’espère pas trouver le premier volume vu le désordre qui règne chez ces vendeurs de livres. En quoi j’ai tort. Car à l’autre bout du déballage, au fond d’un carton, je mets la main dessus. Pour ajouter à ma félicité, je trouve aussi Correspondance de Johann Wolfgang von Goethe (Les Presses d’Aujourd’hui). Reste à attendre que Thierry revienne car son aide ne veut pas fixer de prix pour ne pas se faire engueuler. « Sept euros », me dit-il quand il arrive. Un prix que je ne saurais contester.
Il est presque dix heures quand j’entre à la Halle aux Toiles où le Secours Populaire organise sa grande braderie d’avant Noël. On y vend un peu de tout et donc des livres. Je constate que ce sont plutôt des vieux ouvrages un peu abîmés et sans intérêt pour moi. En revanche, parmi les centaines de cédés de toute nature à un euro, je distingue Cinq Têtes II de David Lafore. Je le fais mien en souvenir des deux concerts de ce chanteur fantaisiste chez l’ami Georges-André en son Hôtel de l’Europe.
Un peu plus tard, je fais un tour au Bibliovore où il y a toujours du monde. J’ai la chance de trouver à trois euros Adresses fantômes, texte et dessins de Michel Longuet (Grasset) puis je termine mon circuit par Les Mondes Magiques où il n’y a jamais personne. La bouquinerie de la rue Beauvoisine a de nouveaux soucis de trésorerie et acheter un livre pourrait aider un peu. J’ai beau faire le tour des rayonnages, je n’y vois rien qui puisse m’intéresser. Le rayon Littérature se résume à des biographies anciennes rangées sur deux étagères trop basses. Une femme entre demander s’il y a des livres sur les insectes, mais non rien du tout.
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Une cantatrice dans l’atelier d’artiste devenu logement Air Bibi en face de chez moi. Je l’entends qui vocalise à tue-tête. S’agit-il d’Ariane Sally Matthews qui en ce moment interprète La Prima Donna d’Ariane à Naxos de Richard Strauss à l’Opéra de Rouen ?
Lui succède le carillonneur de la Cathédrale pour son concert hebdomadaire. Il fait entendre Les Feuilles mortes, chanson de saison Mais la vie sépare ceux qui s'aiment / Tout doucement, sans faire de bruit / Et la mer efface sur le sable / Les pas des amants désunis.
16 novembre 2024
Bien que l’arc de cercle apparaisse moins souvent dans mon œil gauche, je me rends ce vendredi matin avec un bus Effe Sept à l’usine ophtalmologique. J’arrive un peu avant l’ouverture du cabinet du boss. Quatre personnes me précèdent dans le couloir, qui ont un rendez-vous officiel. La secrétaire et les deux orthoptistes se présentent peu après.
L’aimable secrétaire se souvient pourquoi je viens et m’invite à rejoindre la salle d’attente. Au bout d’un quart d’heure, l’une des deux orthoptistes appelle mon nom. Je lui explique ce qui m'amène, la bévue de l’infirmière mettant des gouttes dans l’œil déjà opéré et les craintes qui en découlent pour moi. Elle examine mes yeux et note les résultats de son observation sur son ordinateur sans me dire quoi que ce soit mais je sens qu’il n’y a rien d’inquiétant. « Le docteur va vous recevoir », me dit-elle.
Je retourne dans la salle d’attente puis elle appelle à nouveau mon nom et me fait entrer dans son espace d’examen. Le boss me rejoint peu après. Je commence par le remercier vivement pour les deux opérations et lui explique mon inquiétude. Il regarde lui-même ce qu’il en est de mes yeux. Rien d’anormal. Il suffit maintenant d’attendre que ceux-ci se remettent totalement de l’intervention, ce qui prendra un mois. Lors du bilan final je serai doté d’une nouvelle paire de lunettes me permettant de lire de près. Pour le reste, je vois parfaitement sans lunettes, le boss ayant profité des interventions pour supprimer ma myopie. Jamais je n’ai vu aussi bien depuis mon enfance. « Je ne me rendais pas compte à quel point je voyais mal », lui dis-je. « J’ai donc eu raison d’insister », me dit-il. « Oui, c’est comme cela qu’il fallait faire avec moi. » Au moment de nous séparer, il me serre la main.
Je vais voir la secrétaire pour fixer le rendez-vous futur. Elle en profite pour me donner la facture du dépassement d’honoraires, quatre cents euros par œil. La Mutuelle Générale de l’Education Nationale m’en remboursera peut-être une partie. Evidemment c’est cher mais le résultat est là. Tranquillisé, bien que sachant que des complications rares soient toujours possibles, je rentre avec un bus Effe Sept.
*
Tout n’est cependant pas réglé pour mes problèmes de vue car même si le boss a posé des stens destinés à faire baisser la pression oculaire et malgré les gouttes que je mets deux fois par jour, mon glaucome va continuer à évoluer.
*
J’aurais eu moins peur de cette opération, qui consiste à remplacer le cristallin opacifié par une lentille synthétique transparente, si le boss m’avait expliqué que, durant l’intervention, je ne verrais et ne sentirais rien, mais quand je lui ai dit que cette opération me faisait peur, tout ce qu’il a su me répondre, c’est « J’ai l’habitude ».
L’aimable secrétaire se souvient pourquoi je viens et m’invite à rejoindre la salle d’attente. Au bout d’un quart d’heure, l’une des deux orthoptistes appelle mon nom. Je lui explique ce qui m'amène, la bévue de l’infirmière mettant des gouttes dans l’œil déjà opéré et les craintes qui en découlent pour moi. Elle examine mes yeux et note les résultats de son observation sur son ordinateur sans me dire quoi que ce soit mais je sens qu’il n’y a rien d’inquiétant. « Le docteur va vous recevoir », me dit-elle.
Je retourne dans la salle d’attente puis elle appelle à nouveau mon nom et me fait entrer dans son espace d’examen. Le boss me rejoint peu après. Je commence par le remercier vivement pour les deux opérations et lui explique mon inquiétude. Il regarde lui-même ce qu’il en est de mes yeux. Rien d’anormal. Il suffit maintenant d’attendre que ceux-ci se remettent totalement de l’intervention, ce qui prendra un mois. Lors du bilan final je serai doté d’une nouvelle paire de lunettes me permettant de lire de près. Pour le reste, je vois parfaitement sans lunettes, le boss ayant profité des interventions pour supprimer ma myopie. Jamais je n’ai vu aussi bien depuis mon enfance. « Je ne me rendais pas compte à quel point je voyais mal », lui dis-je. « J’ai donc eu raison d’insister », me dit-il. « Oui, c’est comme cela qu’il fallait faire avec moi. » Au moment de nous séparer, il me serre la main.
Je vais voir la secrétaire pour fixer le rendez-vous futur. Elle en profite pour me donner la facture du dépassement d’honoraires, quatre cents euros par œil. La Mutuelle Générale de l’Education Nationale m’en remboursera peut-être une partie. Evidemment c’est cher mais le résultat est là. Tranquillisé, bien que sachant que des complications rares soient toujours possibles, je rentre avec un bus Effe Sept.
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Tout n’est cependant pas réglé pour mes problèmes de vue car même si le boss a posé des stens destinés à faire baisser la pression oculaire et malgré les gouttes que je mets deux fois par jour, mon glaucome va continuer à évoluer.
*
J’aurais eu moins peur de cette opération, qui consiste à remplacer le cristallin opacifié par une lentille synthétique transparente, si le boss m’avait expliqué que, durant l’intervention, je ne verrais et ne sentirais rien, mais quand je lui ai dit que cette opération me faisait peur, tout ce qu’il a su me répondre, c’est « J’ai l’habitude ».
15 novembre 2024
Pour l’œil droit, je suis convoqué ce mardi douze novembre à douze heures trente à l’usine ophtalmologique. J’y arrive à pied en avance. Les formalités d’admission faites à l’accueil, je monte au premier étage où je rejoins d’autres malvoyants devant être opérés comme moi de la cataracte. Nous sommes la matière première nécessaire au fonctionnement de l’usine. De temps en temps sort un vieux ou une vieille avec un cache sur l’œil mais personne n’est invité à entrer.
Enfin, vers quatorze heures, une infirmière nous dit qu’on va passer à l’après-midi. Je suis appelé assez vite par un infirmier. Si j’étais moins stressé que la première fois, il se charge de faire remonter la pression quand il me reproche de ne pas avoir prévu mon retour à domicile en transport sanitaire alors qu’on m’a toujours dit que c’était une infirmière qui s’en chargerait. Le problème vient de ce que la secrétaire du boss n’a fait qu’un seul bon pour les deux opérations. L’ambulancier de la première fois l’a gardé. Cet infirmier désagréable me dit que je vais devoir rentrer à mes frais. Heureusement, une infirmière sympathique prend le relais et me dit que ça va s’arranger.
C’est avec elle que je me mets en tenue de malade. Elle me fait asseoir dans l’un des lits à roulettes puis me déplace. Au bout d’un moment une autre infirmière m’y allonge. Elle fixe les instruments de mesure sur mon corps. Arrive un anesthésiste que je suppose jeune au son de sa voix, mais que je ne vois pas car j’ai déjà des gouttes dans l’œil à opérer et garde l’autre fermé.
Ce jeune médecin doit trouver une veine pour le cathéter de la perfusion destinée à me shooter. Il essaie sur le dos de la main gauche là où je lui ai dit que son confrère l’avait fait la semaine dernière, puis sur le dos de la main droite. Il me fait mal pour rien. Nouvelle tentative avec les veines du bras droit où, après m’avoir fait encore une fois bien mal, il y arrive enfin.
Pendant ce temps, l’infirmière continue à me mettre des gouttes dans l’œil droit. Il s’agit de dilater la pupille et celle-ci résiste. Si bien qu’à un moment, elle se trompe et me met des gouttes dans l’œil gauche déjà opéré. Je proteste. Elle me dit que ce n’est pas grave. « Je vais vous enlever ça avec de l’eau. » Ce qu’elle fait. Avant que j’aie pu réagir, elle me tamponne la paupière et repasse à l’œil droit jusqu’à ce que la pupille soit enfin suffisamment dilatée.
Bientôt on me dit que l’on va m’emmener dans la salle d’opération. Le boss, que je ne vois pas, me dit bonjour. Comme la première fois, je ne me rends pas compte de ce qu’il me fait et cela ne dure pas longtemps.
Je suis de nouveau à l’extérieur. Il faut patienter allongé. J’entends les infirmières et infirmiers discuter des cartes Pokémon.
Au bout d’une demi-heure, on vient me dire que je vais pouvoir me lever pour aller prendre une collation. Cette collation est ce que l’on appelait un petit-déjeuner la fois précédente, café noir, jus d’orange, brioche, confiture, auxquels est ajouté un yaourt (jus de fruit industriel et confiture industrielle, de la nourriture que les médecins vous déconseillent de consommer).
Je dois rester à ma table jusqu’à ce qu’une nouvelle infirmière vienne faire les formalités de sortie qui consistent à prendre une dernière fois ma tension, laquelle est encore une fois plus élevée qu’à l’ordinaire, et à me délivrer une autorisation de quitter les lieux. « Un œil ne fait pas l’autre », me dit cette infirmière quand je lui dis que cela s’étant bien passé pour le premier, j’espère qu’il en est de même pour le second.
Je suis ensuite conduit jusqu’au vestiaire. Je ne sais combien nous étions cet après-midi dans l’usine ophtalmologique. Une infirmière m’a dit qu’il y a quarante casiers dans ce vestiaire.
Rhabillé, j’attends que l’on vienne me chercher. C’est une jolie ambulancière qui appelle mon nom. Avec elle je repasse à l’accueil pour régler la facture du dépassement de l’anesthésiste. « Cent euros ! Il ne se gêne pas », me dit la secrétaire. « Et cela pour me charcuter », ne lui dis-je pas. Je retrouve mon ambulancière. Par un chemin que lui dicte son Gépéhesse et qui n’est pas le plus court, elle me ramène chez moi. Il est seize heures trente.
Je passe une nuit moyenne, l’œil droit muni d’un cache scotché et le gauche muni d’un couvre-œil comme il l’est chaque nuit depuis quelques jours.
Au matin, j’ai la désagréable surprise de constater qu’une sorte d’arc de cercle suit le déplacement de cet œil gauche qui a reçu des gouttes par erreur. Je m’inquiète car je crains que cela soit la conséquence de l’erreur de l’infirmière. Vers neuf heures, je téléphone au numéro que l’on m’a donné en cas de problème et explique le mien. Ce téléphone se trouve dans la salle de sortie, me dit l’infirmière qui me répond. Elle ne peut rien me dire sur ce qui m’arrive mais transfère mon appel à la secrétaire du boss.
Celle-ci, qui a l’air de connaître la médecine, me dit que les gouttes mises par erreur ont fait dilater la pupille. Elle me demande si cela diminue ma vue, car c’est ça qui serait inquiétant. Ce n’est pas le cas. Elle me dit qu’elle va en informer le boss et que si cela se maintenait de passer au cabinet vendredi matin pour faire un contrôle.
Un peu rassuré, je retourne m’asseoir dans mon fauteuil de ministre. Mon œil droit voit encore flou et avec l’autre je ne peux lire ce qui est proche. Au fil de la journée, mon œil nouvellement opéré voit de mieux en mieux.
*
Jour trois pour l’œil droit. L’arc de cercle de l’œil gauche est toujours là. Demain direction le cabinet du boss. Je passe chez Ecouter Voir demander s’il y aurait une possibilité de lunettes provisoires pour que je puisse lire un livre. « Votre vue va évoluer pendant un mois jusqu’à la cicatrisation, me dit celle qui me reçoit, il va vous falloir patienter. » Au moins puis-je lire ce qui est à distance, par exemple l’écran de mon ordinateur et dans mon lit, en le tenant assez loin, un livre.
*
Avant les opérations, des messages de sympathie reçus par mail et via Effe Bé, dont deux propositions d’aide si j’avais besoin, auxquelles s’ajoute celle de ma voisine. Je n’en ai pas eu besoin mais j’apprécie le geste.
Enfin, vers quatorze heures, une infirmière nous dit qu’on va passer à l’après-midi. Je suis appelé assez vite par un infirmier. Si j’étais moins stressé que la première fois, il se charge de faire remonter la pression quand il me reproche de ne pas avoir prévu mon retour à domicile en transport sanitaire alors qu’on m’a toujours dit que c’était une infirmière qui s’en chargerait. Le problème vient de ce que la secrétaire du boss n’a fait qu’un seul bon pour les deux opérations. L’ambulancier de la première fois l’a gardé. Cet infirmier désagréable me dit que je vais devoir rentrer à mes frais. Heureusement, une infirmière sympathique prend le relais et me dit que ça va s’arranger.
C’est avec elle que je me mets en tenue de malade. Elle me fait asseoir dans l’un des lits à roulettes puis me déplace. Au bout d’un moment une autre infirmière m’y allonge. Elle fixe les instruments de mesure sur mon corps. Arrive un anesthésiste que je suppose jeune au son de sa voix, mais que je ne vois pas car j’ai déjà des gouttes dans l’œil à opérer et garde l’autre fermé.
Ce jeune médecin doit trouver une veine pour le cathéter de la perfusion destinée à me shooter. Il essaie sur le dos de la main gauche là où je lui ai dit que son confrère l’avait fait la semaine dernière, puis sur le dos de la main droite. Il me fait mal pour rien. Nouvelle tentative avec les veines du bras droit où, après m’avoir fait encore une fois bien mal, il y arrive enfin.
Pendant ce temps, l’infirmière continue à me mettre des gouttes dans l’œil droit. Il s’agit de dilater la pupille et celle-ci résiste. Si bien qu’à un moment, elle se trompe et me met des gouttes dans l’œil gauche déjà opéré. Je proteste. Elle me dit que ce n’est pas grave. « Je vais vous enlever ça avec de l’eau. » Ce qu’elle fait. Avant que j’aie pu réagir, elle me tamponne la paupière et repasse à l’œil droit jusqu’à ce que la pupille soit enfin suffisamment dilatée.
Bientôt on me dit que l’on va m’emmener dans la salle d’opération. Le boss, que je ne vois pas, me dit bonjour. Comme la première fois, je ne me rends pas compte de ce qu’il me fait et cela ne dure pas longtemps.
Je suis de nouveau à l’extérieur. Il faut patienter allongé. J’entends les infirmières et infirmiers discuter des cartes Pokémon.
Au bout d’une demi-heure, on vient me dire que je vais pouvoir me lever pour aller prendre une collation. Cette collation est ce que l’on appelait un petit-déjeuner la fois précédente, café noir, jus d’orange, brioche, confiture, auxquels est ajouté un yaourt (jus de fruit industriel et confiture industrielle, de la nourriture que les médecins vous déconseillent de consommer).
Je dois rester à ma table jusqu’à ce qu’une nouvelle infirmière vienne faire les formalités de sortie qui consistent à prendre une dernière fois ma tension, laquelle est encore une fois plus élevée qu’à l’ordinaire, et à me délivrer une autorisation de quitter les lieux. « Un œil ne fait pas l’autre », me dit cette infirmière quand je lui dis que cela s’étant bien passé pour le premier, j’espère qu’il en est de même pour le second.
Je suis ensuite conduit jusqu’au vestiaire. Je ne sais combien nous étions cet après-midi dans l’usine ophtalmologique. Une infirmière m’a dit qu’il y a quarante casiers dans ce vestiaire.
Rhabillé, j’attends que l’on vienne me chercher. C’est une jolie ambulancière qui appelle mon nom. Avec elle je repasse à l’accueil pour régler la facture du dépassement de l’anesthésiste. « Cent euros ! Il ne se gêne pas », me dit la secrétaire. « Et cela pour me charcuter », ne lui dis-je pas. Je retrouve mon ambulancière. Par un chemin que lui dicte son Gépéhesse et qui n’est pas le plus court, elle me ramène chez moi. Il est seize heures trente.
Je passe une nuit moyenne, l’œil droit muni d’un cache scotché et le gauche muni d’un couvre-œil comme il l’est chaque nuit depuis quelques jours.
Au matin, j’ai la désagréable surprise de constater qu’une sorte d’arc de cercle suit le déplacement de cet œil gauche qui a reçu des gouttes par erreur. Je m’inquiète car je crains que cela soit la conséquence de l’erreur de l’infirmière. Vers neuf heures, je téléphone au numéro que l’on m’a donné en cas de problème et explique le mien. Ce téléphone se trouve dans la salle de sortie, me dit l’infirmière qui me répond. Elle ne peut rien me dire sur ce qui m’arrive mais transfère mon appel à la secrétaire du boss.
Celle-ci, qui a l’air de connaître la médecine, me dit que les gouttes mises par erreur ont fait dilater la pupille. Elle me demande si cela diminue ma vue, car c’est ça qui serait inquiétant. Ce n’est pas le cas. Elle me dit qu’elle va en informer le boss et que si cela se maintenait de passer au cabinet vendredi matin pour faire un contrôle.
Un peu rassuré, je retourne m’asseoir dans mon fauteuil de ministre. Mon œil droit voit encore flou et avec l’autre je ne peux lire ce qui est proche. Au fil de la journée, mon œil nouvellement opéré voit de mieux en mieux.
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Jour trois pour l’œil droit. L’arc de cercle de l’œil gauche est toujours là. Demain direction le cabinet du boss. Je passe chez Ecouter Voir demander s’il y aurait une possibilité de lunettes provisoires pour que je puisse lire un livre. « Votre vue va évoluer pendant un mois jusqu’à la cicatrisation, me dit celle qui me reçoit, il va vous falloir patienter. » Au moins puis-je lire ce qui est à distance, par exemple l’écran de mon ordinateur et dans mon lit, en le tenant assez loin, un livre.
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Avant les opérations, des messages de sympathie reçus par mail et via Effe Bé, dont deux propositions d’aide si j’avais besoin, auxquelles s’ajoute celle de ma voisine. Je n’en ai pas eu besoin mais j’apprécie le geste.
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