Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
15 octobre 2022
Ce vendredi je suis sur l’un des sièges de la poupe du bateau bus de huit heures pour Saint-Mandrier. C’est là que s’assoient les bicyclistes après avoir rangé leur engin tout au fond. Deux d’entre eux lisent durant la traversée de la rade. C’est très rare de voir lire en extérieur dans le Var. Alors deux sur le même bateau, c’est un évènement. Je ne sais ce que lit le plus éloigné, mais celui qui est proche de moi lit un Folio, dont je ne peux voir le titre, de Philip Roth.
A l’arrivée, je traverse la presqu’ile du nord au sud par la route qui mène à la plage de la Coudoulière et, juste avant d’y être, je tourne à gauche, avenue de la Corniche d’Or. Encore une dénomination à la provençale, ce n’est qu’une banale route et si la corniche est belle, elle ne mérite pas la médaille d’or. Je marche un moment sur cette route bordée de villas et peux affirmer qu’à neuf heures moins le quart, il n’y a pas un humain dans les jardins. L’avenue de la Corniche dort.
Un peu avant le bout de cette avenue qui finit en impasse, je descends sur la droite et arrive à la plage de Cavalas sur la baie du même nom, une petite plage de gros galets, au-delà de laquelle c’est militaire jusqu’à l’extrémité de la presqu’île.
Je reviens alors, c’était mon objectif, vers la plage de la Coudoulière par le chenin côtier, huit cents mètres de marche, en passant par la pointe du même nom.
Ce sentier est plaisant et sans grande difficulté. Il donne à voir la baie et sa belle côte rocheuse peuplée d’arbres dont les troncs parfois fleurtent avec l’horizontale. Au loin, comme souvent, sont visibles les Deux Frères. Arrivé au but, je revois la dangereuse grimpette qui prolonge ce chemin côtier, où je me suis imprudemment engagé l’autre fois.
Bien tranquillement, je rejoins par la route la rive nord et son port et m’installe à la terrasse du Mistral. J’y passe un long moment à lire Léautaud puis vers onze heures vais revoir le coin désordonné des pêcheurs.
Entre cet endroit et le bateau des Sauveteurs en Mer est amarré un voilier que lustre une jeune femme en minijupe qui change souvent de position. Assis sur un banc pour attendre le bateau bus d’onze heures trente, je constate sans surprise que la plupart des hommes qui sortent de la boulangerie longent le quai pour passer à proximité du voilier, puis à gauche toute, alors que la diagonale doit être leur chemin habituel.
Je rentre à la proue du vaporetto et cette fois encore, dans mon voisinage, deux ont un livre en main, deux sur le même bateau pour la seconde fois. Une jolie brune étudie la philosophie tout en tentant de se coiffer dans le déplacement d’air créé par la vitesse. Un quinquagénaire feuillette un livre illustré Le Grand Bréviaire des Mers et des Côtes de France publié chez Denoël. Il en oublie de regarder la réalité qui l’entoure.
A midi pile, je suis à La Feuille de Chou où c’est aumônière de lieu noir et gâteau à l’ananas. Pour le café, direction La Réale.
*
Un de ma connaissance poste sur Effe Bé une photo qui montre que les cygnes prolifèrent sur la rivière d’Eure.
En commentaire, j’y vais de ma blagounette :. « Il va falloir mettre les chasseurs sur le coup (de fusil) ».
Douze heures plus tard, je reçois une admonestation signée Effe Bé : « Votre commentaire va à l’encontre de nos Standards de la communauté sur la violence organisée et la promotion d’actes criminels. »
En conséquence, je suis désormais le seul à pouvoir lire ce commentaire.
Le point positif est que je connais maintenant la définition de la chasse pour les robots de Effe Bé :. « violence organisée », « actes criminels ».
A l’arrivée, je traverse la presqu’ile du nord au sud par la route qui mène à la plage de la Coudoulière et, juste avant d’y être, je tourne à gauche, avenue de la Corniche d’Or. Encore une dénomination à la provençale, ce n’est qu’une banale route et si la corniche est belle, elle ne mérite pas la médaille d’or. Je marche un moment sur cette route bordée de villas et peux affirmer qu’à neuf heures moins le quart, il n’y a pas un humain dans les jardins. L’avenue de la Corniche dort.
Un peu avant le bout de cette avenue qui finit en impasse, je descends sur la droite et arrive à la plage de Cavalas sur la baie du même nom, une petite plage de gros galets, au-delà de laquelle c’est militaire jusqu’à l’extrémité de la presqu’île.
Je reviens alors, c’était mon objectif, vers la plage de la Coudoulière par le chenin côtier, huit cents mètres de marche, en passant par la pointe du même nom.
Ce sentier est plaisant et sans grande difficulté. Il donne à voir la baie et sa belle côte rocheuse peuplée d’arbres dont les troncs parfois fleurtent avec l’horizontale. Au loin, comme souvent, sont visibles les Deux Frères. Arrivé au but, je revois la dangereuse grimpette qui prolonge ce chemin côtier, où je me suis imprudemment engagé l’autre fois.
Bien tranquillement, je rejoins par la route la rive nord et son port et m’installe à la terrasse du Mistral. J’y passe un long moment à lire Léautaud puis vers onze heures vais revoir le coin désordonné des pêcheurs.
Entre cet endroit et le bateau des Sauveteurs en Mer est amarré un voilier que lustre une jeune femme en minijupe qui change souvent de position. Assis sur un banc pour attendre le bateau bus d’onze heures trente, je constate sans surprise que la plupart des hommes qui sortent de la boulangerie longent le quai pour passer à proximité du voilier, puis à gauche toute, alors que la diagonale doit être leur chemin habituel.
Je rentre à la proue du vaporetto et cette fois encore, dans mon voisinage, deux ont un livre en main, deux sur le même bateau pour la seconde fois. Une jolie brune étudie la philosophie tout en tentant de se coiffer dans le déplacement d’air créé par la vitesse. Un quinquagénaire feuillette un livre illustré Le Grand Bréviaire des Mers et des Côtes de France publié chez Denoël. Il en oublie de regarder la réalité qui l’entoure.
A midi pile, je suis à La Feuille de Chou où c’est aumônière de lieu noir et gâteau à l’ananas. Pour le café, direction La Réale.
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Un de ma connaissance poste sur Effe Bé une photo qui montre que les cygnes prolifèrent sur la rivière d’Eure.
En commentaire, j’y vais de ma blagounette :. « Il va falloir mettre les chasseurs sur le coup (de fusil) ».
Douze heures plus tard, je reçois une admonestation signée Effe Bé : « Votre commentaire va à l’encontre de nos Standards de la communauté sur la violence organisée et la promotion d’actes criminels. »
En conséquence, je suis désormais le seul à pouvoir lire ce commentaire.
Le point positif est que je connais maintenant la définition de la chasse pour les robots de Effe Bé :. « violence organisée », « actes criminels ».
14 octobre 2022
Pour une fois je quitte le bord de mer ce jeudi en prenant le bateau bus qui va à La Seyne puis le bus Mistral numéro Douze qui en part et mène à Ollioules. J’en descends à l’arrêt Centre.
Le premier bâtiment d’Ollioules qui s’offre à mes yeux est l’Hôtel de Ville dont la façade est dédiée à Octobre Rose avec des cœurs de cette couleur sur toutes les fenêtres. Est aussi accrochée sur cette façade une banderole d’encouragement « Allez les Bleues » aux joueuses de la Coupe du Monde Féminine de Rugby. Et par devant est déployée une banderole en hommage à Samuel Paty « professeur et martyr ». Le mélange des genres est étonnant.
A côté de cette Mairie ébouriffée est l’élégante et sobre église Saint-Laurent. Entre les deux, je prends la rue qui monte où je découvre de belles maisons datant du Moyen-Age et de la Renaissance (sur la porte d’une est présente une affiche appelant à la manifestation contre la vie chère et l’inaction climatique à Paris le seize octobre). D’autres rues ont pour entrée un porche que l’on nomme portègue ou pountet en Provence. Ollioules est une ancienne ville fortifiée. Là-haut sont visibles les ruines d’un château. J’en atteins la base sans aller plus loin.
Redescendu, je prends un café verre d’eau à La Régence (un euro cinquante) avec pour spectacle un joli petit marché assez peu fréquenté.
Après lecture de Léautaud, je vais déjeuner à L’Escale qui propose une formule plat dessert quart de vin à dix-huit euros. Ce plat est une bonne andouillette sauce moutarde avec des frites maison mais le dessert une trop banale tarte aux pommes.
Pour le café je retourne à La Régence et reprends ma lecture tandis que le marché est remballé dans des camionnettes blanches sous la surveillance d’un uniforme. La place est vite nettoyée et c’est alors qu’arrive le bus Douze de quatorze heures pour La Seyne. Une petite attente sur le ponton et voici le bateau bus. Assis à sa proue, je passe une nouvelle fois en revue les navires de l’armée française dont le Charles de Gaulle et suis sur le quai de Toulon à quinze heures précises, n’ayant pas tout vu d’Ollioules, décidé à y retourner.
*
C’est à Ollioules qu’était le Théâtre National de la Danse et de l’Image de Châteauvallon. Cette prestigieuse institution culturelle fut flinguée par le F-Haine qui lui coupa les subventions quand il tenait la Mairie de Toulon.
*
A Ollioules, l’Auberge du Vigneron « bistrot chic élégant ». Si c’est vraiment le cas, c’est mieux de ne pas l’écrire sur la façade.
*
Sujet de conversation des terrasses, la pénurie de carburant due à la grève dans les raffineries. « Même plus d’essence à mettre dans la tondeuse ! ».
*
M’interrogeant sur les multiples messages affichés sur la Mairie d’Ollioules, je cherche de quel parti politique est son Maire : Les Républicains.
Le premier bâtiment d’Ollioules qui s’offre à mes yeux est l’Hôtel de Ville dont la façade est dédiée à Octobre Rose avec des cœurs de cette couleur sur toutes les fenêtres. Est aussi accrochée sur cette façade une banderole d’encouragement « Allez les Bleues » aux joueuses de la Coupe du Monde Féminine de Rugby. Et par devant est déployée une banderole en hommage à Samuel Paty « professeur et martyr ». Le mélange des genres est étonnant.
A côté de cette Mairie ébouriffée est l’élégante et sobre église Saint-Laurent. Entre les deux, je prends la rue qui monte où je découvre de belles maisons datant du Moyen-Age et de la Renaissance (sur la porte d’une est présente une affiche appelant à la manifestation contre la vie chère et l’inaction climatique à Paris le seize octobre). D’autres rues ont pour entrée un porche que l’on nomme portègue ou pountet en Provence. Ollioules est une ancienne ville fortifiée. Là-haut sont visibles les ruines d’un château. J’en atteins la base sans aller plus loin.
Redescendu, je prends un café verre d’eau à La Régence (un euro cinquante) avec pour spectacle un joli petit marché assez peu fréquenté.
Après lecture de Léautaud, je vais déjeuner à L’Escale qui propose une formule plat dessert quart de vin à dix-huit euros. Ce plat est une bonne andouillette sauce moutarde avec des frites maison mais le dessert une trop banale tarte aux pommes.
Pour le café je retourne à La Régence et reprends ma lecture tandis que le marché est remballé dans des camionnettes blanches sous la surveillance d’un uniforme. La place est vite nettoyée et c’est alors qu’arrive le bus Douze de quatorze heures pour La Seyne. Une petite attente sur le ponton et voici le bateau bus. Assis à sa proue, je passe une nouvelle fois en revue les navires de l’armée française dont le Charles de Gaulle et suis sur le quai de Toulon à quinze heures précises, n’ayant pas tout vu d’Ollioules, décidé à y retourner.
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C’est à Ollioules qu’était le Théâtre National de la Danse et de l’Image de Châteauvallon. Cette prestigieuse institution culturelle fut flinguée par le F-Haine qui lui coupa les subventions quand il tenait la Mairie de Toulon.
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A Ollioules, l’Auberge du Vigneron « bistrot chic élégant ». Si c’est vraiment le cas, c’est mieux de ne pas l’écrire sur la façade.
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Sujet de conversation des terrasses, la pénurie de carburant due à la grève dans les raffineries. « Même plus d’essence à mettre dans la tondeuse ! ».
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M’interrogeant sur les multiples messages affichés sur la Mairie d’Ollioules, je cherche de quel parti politique est son Maire : Les Républicains.
13 octobre 2022
Ce mercredi, comme hier, je prends le vaporetto qui va aux Sablettes puis le bus Quatre-Vingt-Sept qui va au Brusc (commune de Six-Fours) et descends au terminus près des deux iles du Gaou. Je reviens alors pédestrement vers le port par le chemin bétonné qui longe la mer.
Ce port est plus étendu que je le pensais. Il est bien organisé : une première partie pour les pointus et autres bateaux traditionnels, une deuxième pour la plaisance à voile et à moteur et une troisième pour les bateaux de pêche. Au sein de la partie plaisance est l’embarcadère Ricard pour l’île des Embiez. Vont là-bas des bateaux où l’on peut caser une voiture.
Mon exploration du port, en face duquel sont quelques belles villas, s’achève devant la Prud’homie des Pêcheurs qui, annonce-t-elle en gros sur son mur, est en fonction depuis mil huit cent vingt. Le Brusc a une longue histoire. Les Grecs y faisaient escale.
Je trouve alors place à la terrasse du Bistro. J’y bois un café à un euro soixante-dix puis lis Léautaud avec vue sur mer.
Les restaurants voisins ne proposant que des plats à la carte et à des prix touristiques, je vais attendre devant la Capitainerie le bus Quatre-Vingt-Sept d’onze heures. Il me dépose aux Sablettes à midi une.
Je traverse le parc Fernand Braudel et me voici à nouveau attablé au Prôvence Plage, un endroit appréciable pour sa vue sur mer, son personnel sympathique et sa formule plat dessert verre de vin café à dix-sept euros quatre-vingts. Aujourd’hui, c’est un bien bon filet de Saint-Pierre sauce citron riz légumes. Comme le dessert est à nouveau la tarte normande, j’obtiens de la remplacer par une glace à deux boules.
Pendant ce repas, le temps a changé. Le ciel s’est couvert et un léger vent souffle. Je rentre donc avec le vaporetto de treize heures et lis à la terrasse abritée de La Réale. Sur le quai passe une fille porteuse d’un chorte où sur les fesses est écrit Saint-Tropez.
*
Au Bistro du Brusc, un tas de chiens à retraité(e)s.
Il semble que ce soit de plus en plus difficile d’être vieux sur la Côte d’Azur sans avoir un chien.
Impossible d’être assis à une table quelque part sans en avoir un à côté de soi au bout d’un moment.
Ces bestioles excitent serveurs et serveuses qui s’empressent de proposer « un toutou bar ».
J’espère que c’est uniquement dans l’espoir d’un pourboire.
*
Au Bistro du Brusc également, trois retraité(e)s (l’une avec chien) qui se plaignent avec des arguments de beaufs de nos gouvernants d’aujourd’hui et d’hier. « Ils nous prennent vraiment pour des cons. »
Je dois me retenir très fort pour ne pas leur dire : « Mais c’est vraiment ce que vous êtes. »
*
Une autre se plaint de sa petite-fille qui vient de faire un bébé de seulement deux kilos quatre. « Moi je faisais des gros, trois kilos six, trois kilos cinq. Fallait qu’y passent. Et y avait pas la péridurale à l’époque. »
Ce port est plus étendu que je le pensais. Il est bien organisé : une première partie pour les pointus et autres bateaux traditionnels, une deuxième pour la plaisance à voile et à moteur et une troisième pour les bateaux de pêche. Au sein de la partie plaisance est l’embarcadère Ricard pour l’île des Embiez. Vont là-bas des bateaux où l’on peut caser une voiture.
Mon exploration du port, en face duquel sont quelques belles villas, s’achève devant la Prud’homie des Pêcheurs qui, annonce-t-elle en gros sur son mur, est en fonction depuis mil huit cent vingt. Le Brusc a une longue histoire. Les Grecs y faisaient escale.
Je trouve alors place à la terrasse du Bistro. J’y bois un café à un euro soixante-dix puis lis Léautaud avec vue sur mer.
Les restaurants voisins ne proposant que des plats à la carte et à des prix touristiques, je vais attendre devant la Capitainerie le bus Quatre-Vingt-Sept d’onze heures. Il me dépose aux Sablettes à midi une.
Je traverse le parc Fernand Braudel et me voici à nouveau attablé au Prôvence Plage, un endroit appréciable pour sa vue sur mer, son personnel sympathique et sa formule plat dessert verre de vin café à dix-sept euros quatre-vingts. Aujourd’hui, c’est un bien bon filet de Saint-Pierre sauce citron riz légumes. Comme le dessert est à nouveau la tarte normande, j’obtiens de la remplacer par une glace à deux boules.
Pendant ce repas, le temps a changé. Le ciel s’est couvert et un léger vent souffle. Je rentre donc avec le vaporetto de treize heures et lis à la terrasse abritée de La Réale. Sur le quai passe une fille porteuse d’un chorte où sur les fesses est écrit Saint-Tropez.
*
Au Bistro du Brusc, un tas de chiens à retraité(e)s.
Il semble que ce soit de plus en plus difficile d’être vieux sur la Côte d’Azur sans avoir un chien.
Impossible d’être assis à une table quelque part sans en avoir un à côté de soi au bout d’un moment.
Ces bestioles excitent serveurs et serveuses qui s’empressent de proposer « un toutou bar ».
J’espère que c’est uniquement dans l’espoir d’un pourboire.
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Au Bistro du Brusc également, trois retraité(e)s (l’une avec chien) qui se plaignent avec des arguments de beaufs de nos gouvernants d’aujourd’hui et d’hier. « Ils nous prennent vraiment pour des cons. »
Je dois me retenir très fort pour ne pas leur dire : « Mais c’est vraiment ce que vous êtes. »
*
Une autre se plaint de sa petite-fille qui vient de faire un bébé de seulement deux kilos quatre. « Moi je faisais des gros, trois kilos six, trois kilos cinq. Fallait qu’y passent. Et y avait pas la péridurale à l’époque. »
12 octobre 2022
Six-Fours-les-Plages a un quartier excentré nommé Le Brusc où se trouvent un port et au-delà de celui-ci, deux îles, Le Petit Gaou et Le Grand Gaou, la première devenue presqu’île, la deuxième attachée à la première par un pont.
Pour aller voir ces îles, je prends le bateau bus qui va aux Sablettes puis, près du débarcadère et avec le même ticket, le bus Quatre-Vingt-Sept jusqu’à son terminus.
Et me voici de bon matin, ce mardi ensoleillé, arrivé au bout du Brusc. Je vais d’abord voir de près celle qu’on voit de loin, la statue du Petit Gaou. Cette imposante Vénus sortie des eaux s’avère être fort laide. Je passe ensuite sur Le Grand Gaou par le pont bitumé près duquel sont amarrés un petit bateau de pêche et un canot bleu.
Il est précisé à l’entrée de cette deuxième île que les bicyclettes y sont interdites, même tenues à la main. Voilà qui console de toutes ces îles où ces engins pullulent.
Cette île inhabitée est petite bien que plus grande que la première. En faire le tour est facile et agréable. Sa végétation est typiquement méditerranéenne et sa côte typiquement bretonne. On a vue sur une troisième île, plus importante, dominée par sa tour de la Marine, celle des Embiez, toute proche et privée, achetée autrefois par Paul Ricard qui y est maintenant enterré. Un bateau Ricard peut vous y emmener moyennant finance.
Quand j’ai bouclé mon tour du Grand Gaou, je vais lire le Journal littéraire de Paul Léautaud sur un banc du Petit Gaou, face à la lagune, et à midi, je déjeune sur cette île du Petit Gaou, au restaurant La Lagune, dont la terrasse donne sur Le Grand Gaou, sur une partie de l’île des Embiez et là-bas, au loin, sur Sanary, m’indique la jeune serveuse après avoir demandé confirmation à son smartphone.
Ici on sert des pizzas, mais pas le mardi, car c’est le jour de congé de celui qui les fait. Cela m’évite peut-être d’être déçu. J’opte pour la daube de calamar longuement mijotée garnie de pommes de terre grenailles, à vingt et un euros, avec une carafe d’eau. Si elle a longuement mijoté, elle m’arrive vite, pas mauvaise, rien d’extraordinaire, et je suis à l’arrêt des bus Mistral pour le Quatre-Vingt-Sept de treize heures.
Il ne va pas aux Sablettes mais au Port de la Seyne où je prends un bateau bus dans la foulée. A quatorze heures pile, je m’assois à la terrasse de La Réale et commande un café verre d’eau.
*
Au Grand Gaou, ce quidam sur un piton rocheux qui attend que je parte de mon piton rocheux pour le photographier, alors que je fais de même avec lui. Il finit par céder et je peux faire ma photo.
*
A huit heures, avant mon départ de Toulon, la sonnerie au drapeau dans la cour de la Préfecture Maritime, et au passage du bateau bus, les marins au garde-à-vous sur la plateforme du Dixmude.
Pour aller voir ces îles, je prends le bateau bus qui va aux Sablettes puis, près du débarcadère et avec le même ticket, le bus Quatre-Vingt-Sept jusqu’à son terminus.
Et me voici de bon matin, ce mardi ensoleillé, arrivé au bout du Brusc. Je vais d’abord voir de près celle qu’on voit de loin, la statue du Petit Gaou. Cette imposante Vénus sortie des eaux s’avère être fort laide. Je passe ensuite sur Le Grand Gaou par le pont bitumé près duquel sont amarrés un petit bateau de pêche et un canot bleu.
Il est précisé à l’entrée de cette deuxième île que les bicyclettes y sont interdites, même tenues à la main. Voilà qui console de toutes ces îles où ces engins pullulent.
Cette île inhabitée est petite bien que plus grande que la première. En faire le tour est facile et agréable. Sa végétation est typiquement méditerranéenne et sa côte typiquement bretonne. On a vue sur une troisième île, plus importante, dominée par sa tour de la Marine, celle des Embiez, toute proche et privée, achetée autrefois par Paul Ricard qui y est maintenant enterré. Un bateau Ricard peut vous y emmener moyennant finance.
Quand j’ai bouclé mon tour du Grand Gaou, je vais lire le Journal littéraire de Paul Léautaud sur un banc du Petit Gaou, face à la lagune, et à midi, je déjeune sur cette île du Petit Gaou, au restaurant La Lagune, dont la terrasse donne sur Le Grand Gaou, sur une partie de l’île des Embiez et là-bas, au loin, sur Sanary, m’indique la jeune serveuse après avoir demandé confirmation à son smartphone.
Ici on sert des pizzas, mais pas le mardi, car c’est le jour de congé de celui qui les fait. Cela m’évite peut-être d’être déçu. J’opte pour la daube de calamar longuement mijotée garnie de pommes de terre grenailles, à vingt et un euros, avec une carafe d’eau. Si elle a longuement mijoté, elle m’arrive vite, pas mauvaise, rien d’extraordinaire, et je suis à l’arrêt des bus Mistral pour le Quatre-Vingt-Sept de treize heures.
Il ne va pas aux Sablettes mais au Port de la Seyne où je prends un bateau bus dans la foulée. A quatorze heures pile, je m’assois à la terrasse de La Réale et commande un café verre d’eau.
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Au Grand Gaou, ce quidam sur un piton rocheux qui attend que je parte de mon piton rocheux pour le photographier, alors que je fais de même avec lui. Il finit par céder et je peux faire ma photo.
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A huit heures, avant mon départ de Toulon, la sonnerie au drapeau dans la cour de la Préfecture Maritime, et au passage du bateau bus, les marins au garde-à-vous sur la plateforme du Dixmude.
11 octobre2022
Ce lundi, je retourne à la Gare Routière, non pour y prendre un car Zou ! mais pour monter dans un bus Mistral numéro Soixante-Dix dont le terminus est la plage de Bonnegrâce à Six-Fours, laquelle touche Sanary que je vais voir une dernière fois.
Près du quai de ce bus est celui du car qui va à Aix-en-Provence dans lequel montent surtout des étudiant(e)s. Un garçon arrive au dernier moment avec sa bicyclette qu’il compte mettre dans la soute. Elle est pleine de valises et de sacs. Il repart en pédalant.
Il fait encore gris quand j’arrive à Sanary mais aucune pluie n’est à craindre. Juste après l’Office du Tourisme est une digue qui s’avance dans la mer. C’est sur celle-ci que je marche afin de faire une série de photos de la ville vue d’en face. Sanary, ce décor pour série, est très photogénique.
Cela fait, je vais m’asseoir à la terrasse de La Marine, y bois un café puis lis Léautaud tandis que peu à peu le ciel se dégage. Jusqu’à ce qu’un autre bus Soixante-Dix me ramène à Toulon pour le déjeuner.
J’opte encore une fois pour La Feuille de Chou où le plat du jour a pour nom : tigre qui pleure et riz thaï. « Un bouillon avec du bœuf en lamelles », m’explique la jeune serveuse qui ose la jupe mais avec des collants. Et non pas du poisson, comme je le pensais. Ce tigre qui pleure ne fera pas partie de mes plats préférés.
Pour le café j’abandonne La Gitane au profit de La Réale, un lieu certes plus bourgeois.
*
Sur le mur de l’Office du Tourisme de Sanary se trouve une plaque commémorative posée à la demande de visiteurs allemands. Elle énumère les écrivains et artistes allemands ou autrichiens qui, fuyant le nazisme, trouvèrent momentanément refuge dans cette commune « capitale de l’exil artistique et littéraire » mais elle omet d’indiquer qu’il s’agissait de juifs.
Pas davantage le mot juif n’est écrit sur le dépliant remis aux touristes pour leur permettre de faire un « parcours de mémoire » de villa d’exilé en villa d’exilé. De plus, dans ce dépliant figure également Aldous Huxley venu résider à Sanary par choix, ce qui entretient la confusion.
Sanary-sur-Mer n’est pas au clair avec son passé. Sa passivité, quand certains des écrivains juifs exilés dans la commune, ceux encore présents à la déclaration de guerre, furent envoyés dans des camps de concentration français, explique peut-être cela.
*
Pas donné le car Zou ! qui va de Toulon à Aix-en-Provence : quinze euros cinquante l’aller. Je n’irai pas revoir le cours Mirabeau. Je me souviens de la fois où j’y ai croisé Bernard Pivot à la Maison de la Presse. J’entrais acheter Libération. Il sortait avec L’Equipe. Ce même jour, sur ce même cours, quand je voulus payer mes croissants à la petite serveuse de la boulangerie, elle me dit qu’elle n’avait pas le droit de toucher à la caisse. Il fallut que j’attende que la patronne soit disponible. Je lui donnai un billet de cinq francs et elle me rendit la monnaie sur dix. Je me tus, jugeant son employée vengée.
Près du quai de ce bus est celui du car qui va à Aix-en-Provence dans lequel montent surtout des étudiant(e)s. Un garçon arrive au dernier moment avec sa bicyclette qu’il compte mettre dans la soute. Elle est pleine de valises et de sacs. Il repart en pédalant.
Il fait encore gris quand j’arrive à Sanary mais aucune pluie n’est à craindre. Juste après l’Office du Tourisme est une digue qui s’avance dans la mer. C’est sur celle-ci que je marche afin de faire une série de photos de la ville vue d’en face. Sanary, ce décor pour série, est très photogénique.
Cela fait, je vais m’asseoir à la terrasse de La Marine, y bois un café puis lis Léautaud tandis que peu à peu le ciel se dégage. Jusqu’à ce qu’un autre bus Soixante-Dix me ramène à Toulon pour le déjeuner.
J’opte encore une fois pour La Feuille de Chou où le plat du jour a pour nom : tigre qui pleure et riz thaï. « Un bouillon avec du bœuf en lamelles », m’explique la jeune serveuse qui ose la jupe mais avec des collants. Et non pas du poisson, comme je le pensais. Ce tigre qui pleure ne fera pas partie de mes plats préférés.
Pour le café j’abandonne La Gitane au profit de La Réale, un lieu certes plus bourgeois.
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Sur le mur de l’Office du Tourisme de Sanary se trouve une plaque commémorative posée à la demande de visiteurs allemands. Elle énumère les écrivains et artistes allemands ou autrichiens qui, fuyant le nazisme, trouvèrent momentanément refuge dans cette commune « capitale de l’exil artistique et littéraire » mais elle omet d’indiquer qu’il s’agissait de juifs.
Pas davantage le mot juif n’est écrit sur le dépliant remis aux touristes pour leur permettre de faire un « parcours de mémoire » de villa d’exilé en villa d’exilé. De plus, dans ce dépliant figure également Aldous Huxley venu résider à Sanary par choix, ce qui entretient la confusion.
Sanary-sur-Mer n’est pas au clair avec son passé. Sa passivité, quand certains des écrivains juifs exilés dans la commune, ceux encore présents à la déclaration de guerre, furent envoyés dans des camps de concentration français, explique peut-être cela.
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Pas donné le car Zou ! qui va de Toulon à Aix-en-Provence : quinze euros cinquante l’aller. Je n’irai pas revoir le cours Mirabeau. Je me souviens de la fois où j’y ai croisé Bernard Pivot à la Maison de la Presse. J’entrais acheter Libération. Il sortait avec L’Equipe. Ce même jour, sur ce même cours, quand je voulus payer mes croissants à la petite serveuse de la boulangerie, elle me dit qu’elle n’avait pas le droit de toucher à la caisse. Il fallut que j’attende que la patronne soit disponible. Je lui donnai un billet de cinq francs et elle me rendit la monnaie sur dix. Je me tus, jugeant son employée vengée.
10 octobre 2022
Eh bien, il pleut encore ce dimanche matin à Toulon, et même plus fort qu’hier. Cela ne m’empêche pas de prendre mon petit-déjeuner au Maryland, abrité sous l’auvent, que je partage avec des commerçants du marché dépités. D’autres ne sont pas venus.
Tous les matins, sauf les lundis, j’assiste à l’installation de ce marché, un spectacle dont je ne suis pas encore lassé. Pas question sur le cours Lafayette d’arriver avec sa camionnette blanche comme c’est souvent le cas ailleurs, notamment à Rouen, de se gêner les uns les autres et de finir par s’embrouiller avant la fin du déchargement. Ici, les stands, la marchandise et les parasols carrés jaunes et rouges qui contribuent à donner à ce marché son caractère provençal, tout est apporté par des transpalettes électriques orange de marque Fenwick.
C’est un véritable ballet de Fenwick qui se croisent et s’entrecroisent. Quand l’un repart à vide, son conducteur s’assoit à califourchon dessus et se fait transporter. Celui qu’utilise le fleuriste pour s’installer devant l’église tire derrière lui des wagons emplis de plantes vertes.
Où sont-ils stockés ? Comment leurs batteries sont-elles rechargées ? A qui appartiennent-ils ? J’ai posé ces questions à l’un des serveurs du Maryland, celui parti à la retraite. Il a été incapable de me répondre. Un journaliste de Var Matin devrait faire un reportage là-dessus.
Ce jour de pluie, je déjeune à l’intérieur du Mondial Café. Je suis le seul à y manger. Au comptoir, sur lequel la bouteille reste posée, des beaufs boivent verre sur verre. Leur conversation tourne sur les trente-cinq heures qui font que le soir à neuf heures et demie, tu peux plus boire d’apéro, le bar il est fermé. Cette fois, j’ai évité le burgueur, au profit de la souris d’agneau pommes vapeur et j’ai bien fait car c’est excellent. Avec le quart de vin rouge, j’en ai pour vingt-deux euros cinquante.
Le café et la lecture qui le suit sont à la brasserie La Réale, sur le port, un euro quatre-vingts. On y est mieux abrité qu’à La Gitane, même s’il ne pleut plus.
*
Derrière le fleuriste du marché, c’est l'église Saint-François-de-Paule. Elle est aux mains des Missionnaires de la Miséricorde divine, de jeunes religieux toujours vêtus de soutanes blanches à large ceinture noire et qui vont pieds nus dans des sandales. Ils disent la messe en latin et veulent l’évangélisation des musulmans. Ils ont racheté un bar gay et en ont fait un bar de la fraternité. Ce n’est pas dans ce bar que j’en ai vu un boire une bière avec une femme qui prenait ses paroles en note, mais à La Gitane.
*
Oublié de noter hier qu’à l’expo d’architecture intérieure de Design Parade Toulon un visiteur déclarant « Il y a un élève de l’Ecole Camondo », celui à qui il parlait a répondu « De l’Ecole des Commandos ? »
On n’est pas à Toulon pour rien.
Tous les matins, sauf les lundis, j’assiste à l’installation de ce marché, un spectacle dont je ne suis pas encore lassé. Pas question sur le cours Lafayette d’arriver avec sa camionnette blanche comme c’est souvent le cas ailleurs, notamment à Rouen, de se gêner les uns les autres et de finir par s’embrouiller avant la fin du déchargement. Ici, les stands, la marchandise et les parasols carrés jaunes et rouges qui contribuent à donner à ce marché son caractère provençal, tout est apporté par des transpalettes électriques orange de marque Fenwick.
C’est un véritable ballet de Fenwick qui se croisent et s’entrecroisent. Quand l’un repart à vide, son conducteur s’assoit à califourchon dessus et se fait transporter. Celui qu’utilise le fleuriste pour s’installer devant l’église tire derrière lui des wagons emplis de plantes vertes.
Où sont-ils stockés ? Comment leurs batteries sont-elles rechargées ? A qui appartiennent-ils ? J’ai posé ces questions à l’un des serveurs du Maryland, celui parti à la retraite. Il a été incapable de me répondre. Un journaliste de Var Matin devrait faire un reportage là-dessus.
Ce jour de pluie, je déjeune à l’intérieur du Mondial Café. Je suis le seul à y manger. Au comptoir, sur lequel la bouteille reste posée, des beaufs boivent verre sur verre. Leur conversation tourne sur les trente-cinq heures qui font que le soir à neuf heures et demie, tu peux plus boire d’apéro, le bar il est fermé. Cette fois, j’ai évité le burgueur, au profit de la souris d’agneau pommes vapeur et j’ai bien fait car c’est excellent. Avec le quart de vin rouge, j’en ai pour vingt-deux euros cinquante.
Le café et la lecture qui le suit sont à la brasserie La Réale, sur le port, un euro quatre-vingts. On y est mieux abrité qu’à La Gitane, même s’il ne pleut plus.
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Derrière le fleuriste du marché, c’est l'église Saint-François-de-Paule. Elle est aux mains des Missionnaires de la Miséricorde divine, de jeunes religieux toujours vêtus de soutanes blanches à large ceinture noire et qui vont pieds nus dans des sandales. Ils disent la messe en latin et veulent l’évangélisation des musulmans. Ils ont racheté un bar gay et en ont fait un bar de la fraternité. Ce n’est pas dans ce bar que j’en ai vu un boire une bière avec une femme qui prenait ses paroles en note, mais à La Gitane.
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Oublié de noter hier qu’à l’expo d’architecture intérieure de Design Parade Toulon un visiteur déclarant « Il y a un élève de l’Ecole Camondo », celui à qui il parlait a répondu « De l’Ecole des Commandos ? »
On n’est pas à Toulon pour rien.
9 octobre 2022
A Toulon, c’est toujours le samedi qu’il pleut. Après mon petit-déjeuner au Maryland, je vais prendre un autre café au bar crêperie du port nommé Le France puis j’y lis Léautaud jusqu’à ce qu’il soit bientôt onze heures.
J’arrive devant l’Ancien Evêché, cours Lafayette, pour l’ouverture de l’exposition Design Parade Toulon organisée hors les murs par la Villa Noailles. Elle montre le travail des dix jeunes lauréats du sixième concours d’architecture intérieure, dont le thème était cette année « une pièce dans une maison au bord de la Méditerranée ».
Dans l’entrée, ça bouchonne à cause d’un lot de familles, dont l’une venue avec le vieux père à qui il faudra indiquer toutes les marches. Je me faufile et demande à une accueillante par où passer pour monter dans les étages. « Vous voulez voir quoi ? », me demande-t-elle. « Peu importe, je veux fuir cette foule. » Elle me montre où trouver l’escalier de l’une des ailes du bâtiment. Me voilà seul mais, arrivé en haut, une autre accueillante me dit que pour aller plus loin il faut retirer ses chaussures. « Non désolé, ça me gave, ça me saoule. »
Redescendu, je trouve l’escalier de l’autre aile et ne rencontre pas d’obstacle à mon entrée dans les différentes salles.
Je me rends compte que la seule chose qui m’intéresse vraiment dans ces propositions d’intérieurs méditerranéens, ce sont les livres posés çà et là comme éléments de décor, un Hervé Guibert, un Milan Kundera, un Paul Valéry.
Tout le reste glisse sur moi. Je n’éprouve pas le besoin de m’informer sur les créateurs et leurs propositions. J’en fais néanmoins des photos, et aussi du bâtiment.
A onze heures trente, je suis dehors, me demandant comment occuper la demi-heure avant de pouvoir me présenter chez Côté Cochon.
Car c’est là que je déjeune encore une fois, à l’abri sous le tivoli installé au fond de la terrasse, de la formule plat dessert café. Je choisis le galetou « Cochon » (émietté de cochon à la broche, pommes de terre et jus de thym, dans une galette de sarrasin) puis une mousse au chocolat noir que m’apporte une nouvelle serveuse. « Je débute », me dit-elle. Elle a les mêmes grandes lunettes que la boulangère de Campaillette. Un moment, j’ai cru que c’était elle.
Près de moi mangent une quadragénaire et son invitée sexagénaire un peu amortie à qui elle raconte son nouvel appartement. « J’ai acheté une console Art Nouveau pour ma chambre », lui dit-elle. Car elle vit seule. Une console, ça console.
*
Point d’autre café à La Gitane. D’une part, le temps est toujours mauvais. D’autre part, à dix-sept heures, il y a « le match » à Mayol.
*
Je n’y connais heureusement rien en rugby, sinon le résultat du match, quarante-sept à zéro contre Brive, me donnerait à penser.
J’arrive devant l’Ancien Evêché, cours Lafayette, pour l’ouverture de l’exposition Design Parade Toulon organisée hors les murs par la Villa Noailles. Elle montre le travail des dix jeunes lauréats du sixième concours d’architecture intérieure, dont le thème était cette année « une pièce dans une maison au bord de la Méditerranée ».
Dans l’entrée, ça bouchonne à cause d’un lot de familles, dont l’une venue avec le vieux père à qui il faudra indiquer toutes les marches. Je me faufile et demande à une accueillante par où passer pour monter dans les étages. « Vous voulez voir quoi ? », me demande-t-elle. « Peu importe, je veux fuir cette foule. » Elle me montre où trouver l’escalier de l’une des ailes du bâtiment. Me voilà seul mais, arrivé en haut, une autre accueillante me dit que pour aller plus loin il faut retirer ses chaussures. « Non désolé, ça me gave, ça me saoule. »
Redescendu, je trouve l’escalier de l’autre aile et ne rencontre pas d’obstacle à mon entrée dans les différentes salles.
Je me rends compte que la seule chose qui m’intéresse vraiment dans ces propositions d’intérieurs méditerranéens, ce sont les livres posés çà et là comme éléments de décor, un Hervé Guibert, un Milan Kundera, un Paul Valéry.
Tout le reste glisse sur moi. Je n’éprouve pas le besoin de m’informer sur les créateurs et leurs propositions. J’en fais néanmoins des photos, et aussi du bâtiment.
A onze heures trente, je suis dehors, me demandant comment occuper la demi-heure avant de pouvoir me présenter chez Côté Cochon.
Car c’est là que je déjeune encore une fois, à l’abri sous le tivoli installé au fond de la terrasse, de la formule plat dessert café. Je choisis le galetou « Cochon » (émietté de cochon à la broche, pommes de terre et jus de thym, dans une galette de sarrasin) puis une mousse au chocolat noir que m’apporte une nouvelle serveuse. « Je débute », me dit-elle. Elle a les mêmes grandes lunettes que la boulangère de Campaillette. Un moment, j’ai cru que c’était elle.
Près de moi mangent une quadragénaire et son invitée sexagénaire un peu amortie à qui elle raconte son nouvel appartement. « J’ai acheté une console Art Nouveau pour ma chambre », lui dit-elle. Car elle vit seule. Une console, ça console.
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Point d’autre café à La Gitane. D’une part, le temps est toujours mauvais. D’autre part, à dix-sept heures, il y a « le match » à Mayol.
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Je n’y connais heureusement rien en rugby, sinon le résultat du match, quarante-sept à zéro contre Brive, me donnerait à penser.
8 octobre 2022
Cette fois, pas question de faire demi-tour. Pour ne pas avoir trop chaud, je prends tôt, devant le Stade Mayol, un bus Mistral numéro Trois direction Le Mourillon et en descends à l’arrêt Mitre à hauteur du Port Saint-Louis. Là commence le chemin côtier qui doit me mener à la Tour Royale marquant l’entrée du Port de Toulon.
J’assiste au lever du soleil (qui vaut bien son coucher) puis me lance sur un chemin d’abord dallé car desservant de pimpantes villas. Après le belvédère (nul nudiste en contrebas à cette heure), il devient de terre et les rochers léchés par la mer me font penser à la Bretagne.
Un rude escalier, heureusement à descendre, me conduit sur la plage de la Mitre connue pour « son rocher en forme de pain de sucre ». Sous un certain angle, j’y vois une belle bite.
Après cette plage de gravier est un petit bout de chemin bétonné au-dessus de la mer puis il n’y a plus rien. Il faut passer d’une pierre baignant dans l’eau à une pierre baignant dans l’eau. Un panneau interdit de le faire en cas de mer agitée. Ce matin, c’est fort calme mais, avant de me lancer, j’attends qu’arrive quelqu’un d’en face. Une coureuse se jouant des difficultés avec l’aisance de la jeunesse me démontre que l’on peut passer.
J’avance prudemment sur ces pierres bien qu’elles ne bougent pas et ne soient pas glissantes. Un pas après l’autre, j’arrive au bout de ma peine et à la Tour Royale. C’est militaire, on ne peut pas entrer, mais il est possible de la contourner.
Je suis alors dans un espace public avec bancs et jeux pour les enfants. De cet endroit le Port de Toulon semble proche. J’assiste de loin à l’entrée d’un sous-marin dont les hommes sont alignés sur le pont. J’entends la trompette du lever des couleurs dans la Tour. Je me dis « Marchons Marchons ».
Au bout de ce parc est un autre terrain militaire. Un aimable balayeur municipal m’explique comment passer par une propriété privée pour rejoindre un bassin du port de plaisance, mais de nouveau l’armée est là avec l’entrée de la Caserne du Mourillon et en face un long et haut mur de pierre qu’il me faut longer. Je dois ensuite contourner la partie du Port réservée aux ferries. Je commence à en avoir plein les pieds quand je vois surgir ma délivrance, le Stade Mayol. La boucle est bouclée (comme on dit).
Il ne me reste plus qu’à aller par le quai jusqu’à la Station Maritime d’où partent et arrivent les bateaux bus et je m’assois presque en face, au Grand Café de la Rade. Il n’est que dix heures. J’ai du temps pour me remettre de mon exploit en lisant Léautaud. De ma table, j’ai quand même la vue sur la mer entre les deux bateaux de riches. Sur l’un un jeune homme, sur l’autre une jeune femme, astiquent. Ça sent le travail que l’on fait parce qu’il faut bien s’occuper.
A midi, comme c’est vendredi, je vais manger l’aïoli chez Béchir. Pour préserver mon foie, je n’essaie pas d’obtenir un supplément de mayonnaise aillée.
Ma place est libre pour le café à La Gitane. Le ouiquennede n’a pas commencé mais il y a déjà foule à Toulon. Près de moi est une jeune femme qui a invité ses parents, une mère grincheuse et un père amorti. Elle se donne beaucoup de mal pour que ce moment en soit un bon, ou du moins en ait les apparences. Une voisine photographie le trio. « Je vais l’envoyer à Natacha, vous allez voir, elle va dire qu’on a de la chance ».
J’assiste au lever du soleil (qui vaut bien son coucher) puis me lance sur un chemin d’abord dallé car desservant de pimpantes villas. Après le belvédère (nul nudiste en contrebas à cette heure), il devient de terre et les rochers léchés par la mer me font penser à la Bretagne.
Un rude escalier, heureusement à descendre, me conduit sur la plage de la Mitre connue pour « son rocher en forme de pain de sucre ». Sous un certain angle, j’y vois une belle bite.
Après cette plage de gravier est un petit bout de chemin bétonné au-dessus de la mer puis il n’y a plus rien. Il faut passer d’une pierre baignant dans l’eau à une pierre baignant dans l’eau. Un panneau interdit de le faire en cas de mer agitée. Ce matin, c’est fort calme mais, avant de me lancer, j’attends qu’arrive quelqu’un d’en face. Une coureuse se jouant des difficultés avec l’aisance de la jeunesse me démontre que l’on peut passer.
J’avance prudemment sur ces pierres bien qu’elles ne bougent pas et ne soient pas glissantes. Un pas après l’autre, j’arrive au bout de ma peine et à la Tour Royale. C’est militaire, on ne peut pas entrer, mais il est possible de la contourner.
Je suis alors dans un espace public avec bancs et jeux pour les enfants. De cet endroit le Port de Toulon semble proche. J’assiste de loin à l’entrée d’un sous-marin dont les hommes sont alignés sur le pont. J’entends la trompette du lever des couleurs dans la Tour. Je me dis « Marchons Marchons ».
Au bout de ce parc est un autre terrain militaire. Un aimable balayeur municipal m’explique comment passer par une propriété privée pour rejoindre un bassin du port de plaisance, mais de nouveau l’armée est là avec l’entrée de la Caserne du Mourillon et en face un long et haut mur de pierre qu’il me faut longer. Je dois ensuite contourner la partie du Port réservée aux ferries. Je commence à en avoir plein les pieds quand je vois surgir ma délivrance, le Stade Mayol. La boucle est bouclée (comme on dit).
Il ne me reste plus qu’à aller par le quai jusqu’à la Station Maritime d’où partent et arrivent les bateaux bus et je m’assois presque en face, au Grand Café de la Rade. Il n’est que dix heures. J’ai du temps pour me remettre de mon exploit en lisant Léautaud. De ma table, j’ai quand même la vue sur la mer entre les deux bateaux de riches. Sur l’un un jeune homme, sur l’autre une jeune femme, astiquent. Ça sent le travail que l’on fait parce qu’il faut bien s’occuper.
A midi, comme c’est vendredi, je vais manger l’aïoli chez Béchir. Pour préserver mon foie, je n’essaie pas d’obtenir un supplément de mayonnaise aillée.
Ma place est libre pour le café à La Gitane. Le ouiquennede n’a pas commencé mais il y a déjà foule à Toulon. Près de moi est une jeune femme qui a invité ses parents, une mère grincheuse et un père amorti. Elle se donne beaucoup de mal pour que ce moment en soit un bon, ou du moins en ait les apparences. Une voisine photographie le trio. « Je vais l’envoyer à Natacha, vous allez voir, elle va dire qu’on a de la chance ».
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