« Vous pourrez trouver de nombreux livres : bandes dessinées, livres d'enfants, livres historiques, vieux papiers ... N'hésitez pas à venir et passer un bon moment dans la salle chauffée Paul Eluard » annoncent les Amys du Vieux Dieppe qui organisent ce ouiquennede leur vente annuelle de livres où se côtoient une trentaine d’exposant(e)s.
Comme je n’ai pas vu Dieppe depuis longtemps, je choisis d’y aller ce samedi, sans illusion sur mon passage à la Paul Eluard, comme disent certain(e)s autochtones. Pour cela, malgré ma carte de vieux, je dois payer huit euros quarante, plus cher qu’un aller à Paris, la faute à Hervé Morin, Duc de Normandie.
Un train peut-il circuler sans contrôleur à son bord ? Oui, celui partant à neuf heures dix le prouve. Nous y sommes peu et il arrive un peu après dix heures. A la sortie de la Gare, je prends à gauche et arrive assez vite à la salle Paul Eluard, petite et laide, mais chauffée. Je passe de table en table, beaucoup de régionalisme, de dieppisme, de romans à l’eau de rose, et comme prévu rien pour moi.
Ressorti, je mets le cap sur le port. La marée est tellement basse que les bateaux sont à peine visibles. Plus grave, L’Espérance, où je comptais déjeuner pour la première fois depuis le déclenchement de la Guerre du Covid, est en congé. Je passe au Pollet voir quoi dans sa boîte à livres, que de la daube. C’est le moment de se réconforter au Tout Va Bien, dans la salle aux fauteuils avec vue sur le début du marché. La Cégété des Douanes y distribue des tracts contre la retraite à soixante-quatre ans. Mes voisin(e)s boivent un café d’avant ou d’après courses. Il est resté à un euro soixante. Le mien terminé, je lis De livre en livre de Michel Cournot (L’un et l’autre / Gallimard), un ouvrage trouvé dans une boîte à livres rouennaise.
Vers onze heures et demie je passe en revue les restaurants du quai. Tous ont rudement augmenté leur prix, plus de menu à quinze euros, rien à moins de vingt. Faute d’inspiration, j’entre au Galion. Je choisis une table avec vue sur le port, précisément sur les mâts de bateaux. Le fondant de camembert aux pommes et lardons n’est qu’une triste salade accompagnée d’une coupelle de camembert fondu tiédasse. La saumonette à la dieppoise n’est pas mauvaise mais il y en a trop peu dans l’assiette. Idem en ce qui concerne la tarte normande. Le pain est médiocre. Cela me coûte vingt et un euros quatre-vingt-dix, et sept euros de plus pour le quart de côtes-du-rhône.
Sorti de ce piège, je vais voir la mer, grise et amorphe, comme ses galets, puis je rejoins le quartier Saint-Rémy et entre au Brazza. Le café y est toujours à un euro cinquante et la clientèle d’habitué(e)s ne nuit pas à la lecture. Je reste là longtemps puis rentre à Rouen par un seize heures quatre pas trop chargé. Encore un train qui circule sans contrôleur. Si j’avais su ça, sans le moindre scrupule, j’aurais voyagé sans billet.
*
Au chapitre Ajar Gary du De livre en livre de Michel Cournot, ceci à propos de La vie devant soi :
J’ai remis le manuscrit à Mme Gallimard, elle l’a beaucoup aimé. J’ai envoyé une photocopie à André François, lui demandant s’il ne voudrait pas faire la couverture. Je vais le voir à la campagne où il me montre un tableau qui convient au livre à merveille, la silhouette d’une femme âgée avec un gosse sur les genoux, il y a même le « trou juif » du livre puisqu’il y a derrière, l’amorce d’un escalier qui semble monter d’un sous-sol. Les deux visages sont « aveugles », deux galets de silex, ramassés à Dieppe, collés à l’image.
Comme je n’ai pas vu Dieppe depuis longtemps, je choisis d’y aller ce samedi, sans illusion sur mon passage à la Paul Eluard, comme disent certain(e)s autochtones. Pour cela, malgré ma carte de vieux, je dois payer huit euros quarante, plus cher qu’un aller à Paris, la faute à Hervé Morin, Duc de Normandie.
Un train peut-il circuler sans contrôleur à son bord ? Oui, celui partant à neuf heures dix le prouve. Nous y sommes peu et il arrive un peu après dix heures. A la sortie de la Gare, je prends à gauche et arrive assez vite à la salle Paul Eluard, petite et laide, mais chauffée. Je passe de table en table, beaucoup de régionalisme, de dieppisme, de romans à l’eau de rose, et comme prévu rien pour moi.
Ressorti, je mets le cap sur le port. La marée est tellement basse que les bateaux sont à peine visibles. Plus grave, L’Espérance, où je comptais déjeuner pour la première fois depuis le déclenchement de la Guerre du Covid, est en congé. Je passe au Pollet voir quoi dans sa boîte à livres, que de la daube. C’est le moment de se réconforter au Tout Va Bien, dans la salle aux fauteuils avec vue sur le début du marché. La Cégété des Douanes y distribue des tracts contre la retraite à soixante-quatre ans. Mes voisin(e)s boivent un café d’avant ou d’après courses. Il est resté à un euro soixante. Le mien terminé, je lis De livre en livre de Michel Cournot (L’un et l’autre / Gallimard), un ouvrage trouvé dans une boîte à livres rouennaise.
Vers onze heures et demie je passe en revue les restaurants du quai. Tous ont rudement augmenté leur prix, plus de menu à quinze euros, rien à moins de vingt. Faute d’inspiration, j’entre au Galion. Je choisis une table avec vue sur le port, précisément sur les mâts de bateaux. Le fondant de camembert aux pommes et lardons n’est qu’une triste salade accompagnée d’une coupelle de camembert fondu tiédasse. La saumonette à la dieppoise n’est pas mauvaise mais il y en a trop peu dans l’assiette. Idem en ce qui concerne la tarte normande. Le pain est médiocre. Cela me coûte vingt et un euros quatre-vingt-dix, et sept euros de plus pour le quart de côtes-du-rhône.
Sorti de ce piège, je vais voir la mer, grise et amorphe, comme ses galets, puis je rejoins le quartier Saint-Rémy et entre au Brazza. Le café y est toujours à un euro cinquante et la clientèle d’habitué(e)s ne nuit pas à la lecture. Je reste là longtemps puis rentre à Rouen par un seize heures quatre pas trop chargé. Encore un train qui circule sans contrôleur. Si j’avais su ça, sans le moindre scrupule, j’aurais voyagé sans billet.
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Au chapitre Ajar Gary du De livre en livre de Michel Cournot, ceci à propos de La vie devant soi :
J’ai remis le manuscrit à Mme Gallimard, elle l’a beaucoup aimé. J’ai envoyé une photocopie à André François, lui demandant s’il ne voudrait pas faire la couverture. Je vais le voir à la campagne où il me montre un tableau qui convient au livre à merveille, la silhouette d’une femme âgée avec un gosse sur les genoux, il y a même le « trou juif » du livre puisqu’il y a derrière, l’amorce d’un escalier qui semble monter d’un sous-sol. Les deux visages sont « aveugles », deux galets de silex, ramassés à Dieppe, collés à l’image.