« Je m’appelle Margot », me dit celle qui s’apprête à me faire une prise de sang. Je suis le premier arrivé ce vendredi matin deux mai au laboratoire de la place Saint-Marc. Cette sympathique infirmière cherche d’abord à faire apparaître une veine de mon bras gauche, puis me dit que ce sera peut-être mieux au bras droit. C’est là qu’elle me pique sans que je sente grand-chose et prélève la dose de sang nécessaire à l’analyse. Il s’agit de confirmer ou d’infirmer mon diabète. « Vous aurez le résultat peut-être ce soir ou peut-être demain matin », me dit-elle avant que je lui souhaite une bonne journée.
J’achète un pain au chocolat à un euro vingt à la boulangerie Chez Catherine, petit-déjeune, puis m’occupe de remplir mon frigo par un passage chez U où je suis déçu de ne pas voir ma caissière préférée.
Je retourne place Saint-Marc pour explorer le marché de la drouille. Parmi toute cette quincaillerie périmée figurent toujours quelques livres usagés. Olivier, l’aimable bouquiniste aux cheveux noués en catogan, m’annonce qu’aujourd’hui tous ses livres sont à deux euros. Cela vaut la peine que je m’y penche. Parmi eux, j’en trouve deux pour me plaire : La Crèche, Bibiche, l’Affaire St-Jus, Le Laveur, quatre inédits d’Albertine Sarrazin et Journal de prison 1959 de la même, l’un et l’autre aux éditions Sarrazin.
L’après-midi, le soleil étant toujours là, je rejoins Le Sacre et je constate qu’il s’est fait manger une partie de sa terrasse par celle créée pour le restaurant YumMó. A l’heure où j’arrive, treize heures dix, personne n’y mange et pas davantage à l’intérieur. A quatorze heures vingt, le couple de gérants baisse le rideau et s’en va.
Mon café bu, en complément à la lecture de Lettres à Madame Hanska de Balzac, je lis Balzac, Paris d’Eric Hazan, mort récemment, que j’avais vu et écouté à Lyon. Souvenir d’un personnage imbu de lui-même dont les idées d’ultra gauche juraient avec une vie de privilégié.
Vers dix-sept heures trente, je retourne au laboratoire et demande à l’accueil si mon résultat est disponible. Il l’est. Ce n’est qu’au retour chez moi que j’ouvre l’enveloppe. Je pousse un soupir de soulagement. Ma glycémie à jeun présente un résultat quasi normal, contrairement à la précédente et bien que je ne me sois pas nourri de façon prudente pendant mon séjour à Saint-Raphaël : un virgule dix alors que le maximum de la norme est un virgule zéro neuf. Je n’entre pas dans le diagnostic officiel du diabète. Je ne devrais pas recevoir de téléphonage de mon médecin.
C’était la dernière journée de ciel bleu. Au matin du trois mai, il pleut fort et le tonnerre gronde. Ce changement de temps, du beau au mauvais, est tout à fait adapté au malheureux anniversaire que j’ai en tête. Celui de la mort de mon frère Jacques à La Rochelle. Dans la nuit du deux au trois mai. Il y a exactement trente ans.
*
Cité par Eric Hazan, Balzac dans Physiologie du mariage :
Errer dans Paris ! adorable et délicieuse existence ! Flâner est une science, c’est la gastronomie de l’œil. Se promener, c’est végéter ; flâner, c’est vivre.
J’achète un pain au chocolat à un euro vingt à la boulangerie Chez Catherine, petit-déjeune, puis m’occupe de remplir mon frigo par un passage chez U où je suis déçu de ne pas voir ma caissière préférée.
Je retourne place Saint-Marc pour explorer le marché de la drouille. Parmi toute cette quincaillerie périmée figurent toujours quelques livres usagés. Olivier, l’aimable bouquiniste aux cheveux noués en catogan, m’annonce qu’aujourd’hui tous ses livres sont à deux euros. Cela vaut la peine que je m’y penche. Parmi eux, j’en trouve deux pour me plaire : La Crèche, Bibiche, l’Affaire St-Jus, Le Laveur, quatre inédits d’Albertine Sarrazin et Journal de prison 1959 de la même, l’un et l’autre aux éditions Sarrazin.
L’après-midi, le soleil étant toujours là, je rejoins Le Sacre et je constate qu’il s’est fait manger une partie de sa terrasse par celle créée pour le restaurant YumMó. A l’heure où j’arrive, treize heures dix, personne n’y mange et pas davantage à l’intérieur. A quatorze heures vingt, le couple de gérants baisse le rideau et s’en va.
Mon café bu, en complément à la lecture de Lettres à Madame Hanska de Balzac, je lis Balzac, Paris d’Eric Hazan, mort récemment, que j’avais vu et écouté à Lyon. Souvenir d’un personnage imbu de lui-même dont les idées d’ultra gauche juraient avec une vie de privilégié.
Vers dix-sept heures trente, je retourne au laboratoire et demande à l’accueil si mon résultat est disponible. Il l’est. Ce n’est qu’au retour chez moi que j’ouvre l’enveloppe. Je pousse un soupir de soulagement. Ma glycémie à jeun présente un résultat quasi normal, contrairement à la précédente et bien que je ne me sois pas nourri de façon prudente pendant mon séjour à Saint-Raphaël : un virgule dix alors que le maximum de la norme est un virgule zéro neuf. Je n’entre pas dans le diagnostic officiel du diabète. Je ne devrais pas recevoir de téléphonage de mon médecin.
C’était la dernière journée de ciel bleu. Au matin du trois mai, il pleut fort et le tonnerre gronde. Ce changement de temps, du beau au mauvais, est tout à fait adapté au malheureux anniversaire que j’ai en tête. Celui de la mort de mon frère Jacques à La Rochelle. Dans la nuit du deux au trois mai. Il y a exactement trente ans.
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Cité par Eric Hazan, Balzac dans Physiologie du mariage :
Errer dans Paris ! adorable et délicieuse existence ! Flâner est une science, c’est la gastronomie de l’œil. Se promener, c’est végéter ; flâner, c’est vivre.