Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Le jour des septante ans

17 février 2021


Ce Mardi Gras où tout le monde est masqué (quelle farce !) me voit atteindre l’âge déplorable de soixante-dix ans. D’un côté, je pourrais m’en réjouir, certains n’ont pas cette opportunité. D’un autre, cela indique à quel point je suis défraîchi et en chemin vers la fin.
70 ans ! Nous nous suivons de peu, mon cher Valéry – (j’entends comme âge). C’est le 18 janvier prochain que, moi, je bouclerai ce chiffre qui ne me réjouit guère. Quand on regarde la vie derrière soi et qu’on pense à l’incertaine durée qui vous reste ? – Je n’aime pas la mort. Je ne m’y résigne pas. J’entre en rage quand j’y pense. écrivait Paul Léautaud à Paul Valéry le mardi quatre novembre mil neuf cent quarante et un.
Quand le téléphone sonne, vers huit heures et demie, je devine que c’est ma sœur. Elle n’en manque pas un.
-Bon anniversaire mon grand frère, me dit-elle.
-Tu devrais plutôt dire mon vieux frère.
Elle proteste, s’emploie à me convaincre que soixante-dix ans, c’est mieux que d’en avoir quatre-vingts. Notre conversation dure un certain temps. Elle m’apprend la mort récente d’une connaissance commune puis évoque les problèmes de santé des uns et des autres dans son entourage, tous ayant à peu près notre âge. Surtout, que je n’oublie pas de boire assez d’eau, une infection urinaire chez un homme âgé, ça peut être grave.
-Tu es parfaite pour me faire oublier ce qui me tourmente, la félicité-je.
La surprise est pour midi et demi. Lorsque j’ouvre ma boîte à lettres, un gros carton en occupe tout l’espace. L’expéditrice travaille à Paris près de la Bastille.
Ce carton en contient un plus petit emballé dans un papier blanc et empli de bonbons, chocolats et café. Des douceurs qui mettent un peu de gaîté à ce jour compliqué.
La dernière fois que je l’ai vue, c’était pour fêter en retard mon anniversaire précédent, juste avant le premier confinement. Nous nous promettons de fêter comme il se doit celui des septante ans. Quand ce sera possible.
                                                        *
Septuagénaire : un mot qui fâcheusement commence comme sépulture.