Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Quand Anatole Deibler venait à Rouen avec sa guillotine (un)

22 mai 2019


Descendant d’une lignée de bourreaux, Anatole Deibler n’a pas seulement coupé des têtes, il a aussi fait le récit de chacune des missions pour lesquelles lui-même et sa guillotine se rendaient en train dans toute la France. Ces récits ont été publiés en deux mille quatre sous le titre Carnets d’exécutions (1885-1939) par l’Archipel.
Ils sont d’une réjouissante lecture. En voici un premier :
Exécuté à Rouen, le 9 septembre 1901
Le nommé Bouvier Etienne, ajusteur mécanicien âgé de trente-sept ans, condamné par la cour d’Assises de Seine-Inférieure, le 20 juillet 1901, pour avoir, le 4 avril 1901, tenté de violer et d’assassiner la petite Godalier, Madeleine, âgée de cinq ans, habitant chez ses parents, rue Eau-de-Robec à Rouen.
Bouvier avait entraîné la petite Madeleine en lui promettant des gâteaux puis, quand la pauvre enfant s’était trouvée hors de vue des voisins, il l’avait emmenée en courant jusque chez lui. Là, il essaya d’abuser d’elle, mais comme l’enfant criait, il lui trancha la gorge et pour faire disparaître les traces de son crime, il dépeça et désarticula les membres du petit cadavre pour les disperser un peu plus tard en différents endroits.
Mais il ne put le faire aussi facilement qu’il aurait désiré, car, du 4 avril au 20 avril, il dut conserver cachés, dans le matelas sur lequel il couchait, les membres en décomposition de la jeune Madeleine. Le 20, des pêcheurs installés en face de l’île aux Cerises, à Sotteville-lès-Rouen, aperçurent deux paquets flottant sur l’eau. C’étaient les deux bras de la fillette. Le lendemain, deux autres paquets étaient découverts, l’un près du bois de Saint-Léger, l’autre dans une prairie à Darnétal. C’était les restes du cadavre de l’enfant. Bouvier, soupçonné, puis arrêté, fit des aveux complets.
Ses antécédents étaient déplorables : bien qu’alcoolique, il était reconnu par les médecins comme possédant toute sa responsabilité.
Il avait déjà subi cinq condamnations.
                                                               *
Pour une tentative d’assassinat, elle fut quand même bien réussie. On ne saura pas comment s’est comporté le condamné à l’approche de la guillotine. Plus tard, Anatole Deibler devint plus prolixe dans ses comptes-rendus.
J’aurais également aimé savoir dans quelle maison de la rue Eau-de-Robec vivait la pauvre enfant. Etait-ce en face du Son du Cor ?