Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
8 janvier 2015
Ce mercredi sept janvier a tout pour être une journée banale à Paris quand, sorti du Péhemmu chinois de la rue du Faubourg-Saint-Antoine et voulant visiter deux expositions de photos dans le Marais, je passe place de la Bastille étonné d’y trouver un grand nombre de policiers et des ambulances filant vers le boulevard Richard-Lenoir. Un passant interroge son téléphone et se tourne vers moi :
-Il y a eu un attentat à Charlie Hebdo, juste à côté, il y a neuf morts.
-Les salauds, lui dis-je avant de rejoindre l’attroupement au carrefour Richard-Lenoir Chemin-Vert.
-C’est juste entre chez moi et la coiffeuse, dit l’une à son téléphone. Je suis aux premières loges.
Camions de télé à antenne géante, quantité d’ambulances, police scientifique, déminage, bataillon de Céhéresses arrivant à pied, les coups de sifflet ne cessent jamais, les caméras filment les ambulances, des badauds photographient les caméras, quelques crétin(e)s font des selfies. Soudain, venu dont ne sait où, apparaît un chariot sur lequel est couché un blessé dont le visage est caché. « Hollande est là ? Non, il est déjà reparti. »
Je vois passer Larcher, Président du Sénat, puis Lellouche, Député de Droite.
-Putain, me dit l’homme à ma gauche, ils viennent de dire sur France Inter que parmi les morts, il y aurait Cabu, Charb et Wolinski.
Je suis abasourdi, écoeuré, incapable de faire autre chose que rester planter là. Je pense que l’un des derniers vestiges d’un temps où la liberté et la lucidité étaient de mise vient d’être salement touché. Bientôt on en est à onze morts dont deux policiers. On parle de Tignous et d’Oncle Bernard.
L’homme à ma droite me raconte qu’il est venu de sa banlieue dès qu’il a su, qu’il pensait trouver là beaucoup de monde choqué comme lui. Contrairement à moi qui ai arrêté de lire Charlie Hebdo au début des années quatre-vingt, après la mort de Reiser, le trouvant moins drôle et moins incisif, il est toujours abonné. Il m’explique que les assassins étaient armés de kalachnikovs, ont crié : « On a vengé le prophète » et se sont enfuis en voiture.
-Ils n’ont pas encore sorti les corps, entend-on d’un journaliste au téléphone.
-Je viens de comprendre pourquoi toutes ces ambulances sont restées garées là, me dit mon voisin accablé.
-C’est incroyable qu’une chose pareille se passe en deux mille quinze, s’écrie un autre homme un peu plus loin, il est vrai qu’eux en sont encore à mil quatre cent.
Personne ne relève. Je me demande si un jour ou l’autre je ne serais pas capable de dire la même chose.
*
Impossible de dormir en rentrant à Rouen où, comme ailleurs, a eu lieu un rassemblement spontané en fin de journée. Je lis les réactions ici ou là, notamment celles de musulmans. Aucun de ceux-ci pour dire : Oui, on a le droit de se moquer de la religion. Le propos est globalement celui-ci : C’est intolérable, on n’avait pas le droit d’assassiner ces gens pour des dessins mais en même temps on ne caricature pas le prophète. Autrement dit, ils n’ont pas mérité ça, mais ils l’ont bien cherché.
-Il y a eu un attentat à Charlie Hebdo, juste à côté, il y a neuf morts.
-Les salauds, lui dis-je avant de rejoindre l’attroupement au carrefour Richard-Lenoir Chemin-Vert.
-C’est juste entre chez moi et la coiffeuse, dit l’une à son téléphone. Je suis aux premières loges.
Camions de télé à antenne géante, quantité d’ambulances, police scientifique, déminage, bataillon de Céhéresses arrivant à pied, les coups de sifflet ne cessent jamais, les caméras filment les ambulances, des badauds photographient les caméras, quelques crétin(e)s font des selfies. Soudain, venu dont ne sait où, apparaît un chariot sur lequel est couché un blessé dont le visage est caché. « Hollande est là ? Non, il est déjà reparti. »
Je vois passer Larcher, Président du Sénat, puis Lellouche, Député de Droite.
-Putain, me dit l’homme à ma gauche, ils viennent de dire sur France Inter que parmi les morts, il y aurait Cabu, Charb et Wolinski.
Je suis abasourdi, écoeuré, incapable de faire autre chose que rester planter là. Je pense que l’un des derniers vestiges d’un temps où la liberté et la lucidité étaient de mise vient d’être salement touché. Bientôt on en est à onze morts dont deux policiers. On parle de Tignous et d’Oncle Bernard.
L’homme à ma droite me raconte qu’il est venu de sa banlieue dès qu’il a su, qu’il pensait trouver là beaucoup de monde choqué comme lui. Contrairement à moi qui ai arrêté de lire Charlie Hebdo au début des années quatre-vingt, après la mort de Reiser, le trouvant moins drôle et moins incisif, il est toujours abonné. Il m’explique que les assassins étaient armés de kalachnikovs, ont crié : « On a vengé le prophète » et se sont enfuis en voiture.
-Ils n’ont pas encore sorti les corps, entend-on d’un journaliste au téléphone.
-Je viens de comprendre pourquoi toutes ces ambulances sont restées garées là, me dit mon voisin accablé.
-C’est incroyable qu’une chose pareille se passe en deux mille quinze, s’écrie un autre homme un peu plus loin, il est vrai qu’eux en sont encore à mil quatre cent.
Personne ne relève. Je me demande si un jour ou l’autre je ne serais pas capable de dire la même chose.
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Impossible de dormir en rentrant à Rouen où, comme ailleurs, a eu lieu un rassemblement spontané en fin de journée. Je lis les réactions ici ou là, notamment celles de musulmans. Aucun de ceux-ci pour dire : Oui, on a le droit de se moquer de la religion. Le propos est globalement celui-ci : C’est intolérable, on n’avait pas le droit d’assassiner ces gens pour des dessins mais en même temps on ne caricature pas le prophète. Autrement dit, ils n’ont pas mérité ça, mais ils l’ont bien cherché.
7 janvier 2015
Autre lecture, en diagonale, Arrière-pensées d’un paresseux de Jerome K. Jerome (Arléa) acheté pour son titre et sa table : « Des joies et des bienfaits de l’esclavage » « De la façon d’entretenir et de diriger une femme » « De l’art de fourrer son nez dans les affaires d’autrui » « Du temps perdu à regarder avant de sauter » « De l’intérêt de ne pas suivre les conseils » etc.
Une huître ne nourrit pas de passions malheureuses, si bien que nous disons que c’est un mollusque vertueux.
Je veux bien croire que Job, ou Grisélidis, ou Socrate auraient aimé avoir un téléphone sous la main, pour s’exercer. Socrate, notamment, se serait sûrement taillé une coquette réputation par la seule grâce d’un abonnement de trois mois.
Jerome K. Jerome a beau me faire sourire, il ne peut plus me donner le plaisir qu’il m’a offert enfant avec son Trois hommes dans un bateau reçu en livre de prix à l’école.
*
Jerome K. Jerome disciple de Schopenhauer :
Notre mère Nature n’a qu’un souci en tête, les enfants. Nous prétendons que l’Amour est le dieu de notre vie, mais il n’en est que le prêtre. Nos romans s’achèvent là où débute le récit de la Nature.
*
En illustration de couverture d’Arrière-pensées d’un paresseux, la reproduction d’un tableau de Moïse Kisling Jean Cocteau dans son atelier. On y voit Cocteau assis dans un fauteuil, faible indice pour en faire un paresseux.
*
Marie de Régnier, fille de José-Maria de Heredia, épouse d’Henri de Régnier, amante de Pierre Louÿs, dans une esquisse de roman épistolaire en mil neuf cent un :
Songez que nous autres jeunes filles, nous sommes des maisons à vendre sans permission de louer en attendant l’acquéreur. Tout ce qui nous est accordé, c’est de faire visiter, et encore pas à tous les étages.
Lu au lit dans Marie de Régnier de Robert Fleury (Plon).
Une huître ne nourrit pas de passions malheureuses, si bien que nous disons que c’est un mollusque vertueux.
Je veux bien croire que Job, ou Grisélidis, ou Socrate auraient aimé avoir un téléphone sous la main, pour s’exercer. Socrate, notamment, se serait sûrement taillé une coquette réputation par la seule grâce d’un abonnement de trois mois.
Jerome K. Jerome a beau me faire sourire, il ne peut plus me donner le plaisir qu’il m’a offert enfant avec son Trois hommes dans un bateau reçu en livre de prix à l’école.
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Jerome K. Jerome disciple de Schopenhauer :
Notre mère Nature n’a qu’un souci en tête, les enfants. Nous prétendons que l’Amour est le dieu de notre vie, mais il n’en est que le prêtre. Nos romans s’achèvent là où débute le récit de la Nature.
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En illustration de couverture d’Arrière-pensées d’un paresseux, la reproduction d’un tableau de Moïse Kisling Jean Cocteau dans son atelier. On y voit Cocteau assis dans un fauteuil, faible indice pour en faire un paresseux.
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Marie de Régnier, fille de José-Maria de Heredia, épouse d’Henri de Régnier, amante de Pierre Louÿs, dans une esquisse de roman épistolaire en mil neuf cent un :
Songez que nous autres jeunes filles, nous sommes des maisons à vendre sans permission de louer en attendant l’acquéreur. Tout ce qui nous est accordé, c’est de faire visiter, et encore pas à tous les étages.
Lu au lit dans Marie de Régnier de Robert Fleury (Plon).
6 janvier 2015
Glissé dans un livret programme de l’Opéra de Rouen au mois de novembre, le dépliant de la Fondation Flaubert, « reconnue d’utilité publique pour son engagement dans la vie culturelle régionale et pour la diffusion et le partage des savoirs », une émanation de l’Université de Rouen, m’apprend que Gustave sera au printemps prochain la victime de l’opération Flaubert dans la ville « mêlant littérature et art contemporain à travers des parcours, colloques, conférences grand public ».
Ce qui est pratique avec les morts célèbres, c’est que l’on peut en faire ce qu’on veut. Ici, Monet, Duchamp et la Jeanne en sont régulièrement les victimes. Corneille trop austère, manquait plus que Flaubert. L’occasion de rappeler ce que Gustave pensait de sa ville natale et de ses habitants :
Rouen, ancienne capitale de la Normandie, chef-lieu du département de la Seine-Inférieure, ville importante par ses manufactures, patrie de Duguernay, de Carbonnier, de Corneille, de Jouvenet, de Hégouay portier du collège, de Fontenelle, de Géricault, de Crépet père et fils. Il s'y fait un grand commerce de cotons filés. Elle a de belles églises et des habitants stupides, je l'exècre, je la hais, j'attire sur elle toutes les imprécations du ciel parce qu'elle m'a vu naître. Malheur aux murs qui m'ont abrité ! aux bourgeois qui m'ont connu moutard et aux pavés où j'ai commencé à me durcir les talons ! (à Ernest Chevalier, le deux septembre mil huit cent quarante-trois)
Ce qui est pratique avec les morts célèbres, c’est que l’on peut en faire ce qu’on veut. Ici, Monet, Duchamp et la Jeanne en sont régulièrement les victimes. Corneille trop austère, manquait plus que Flaubert. L’occasion de rappeler ce que Gustave pensait de sa ville natale et de ses habitants :
Rouen, ancienne capitale de la Normandie, chef-lieu du département de la Seine-Inférieure, ville importante par ses manufactures, patrie de Duguernay, de Carbonnier, de Corneille, de Jouvenet, de Hégouay portier du collège, de Fontenelle, de Géricault, de Crépet père et fils. Il s'y fait un grand commerce de cotons filés. Elle a de belles églises et des habitants stupides, je l'exècre, je la hais, j'attire sur elle toutes les imprécations du ciel parce qu'elle m'a vu naître. Malheur aux murs qui m'ont abrité ! aux bourgeois qui m'ont connu moutard et aux pavés où j'ai commencé à me durcir les talons ! (à Ernest Chevalier, le deux septembre mil huit cent quarante-trois)
5 janvier 2015
Lecture réjouissante au café du Portatif, opuscule en forme de dictionnaire inachevé de Philippe Muray, d’abord à usage personnel (il y rassemblait quelques notions, certains concepts et les néologismes fruits de ses cogitations), publié par Les Belles Lettres/Mille et une nuits après sa mort, d’où je tire trois échantillons :
Evoquant le mode de vie de l’élite sous l’Ancien Régime, Taine le résume ainsi : « Un état-major en vacances pendant un siècle et davantage. » La société des loisirs a élargi à tout le monde, en Occident, ce qui fut le propre de la noblesse, et la conduisit finalement au désastre. On ne transforme pas sans conséquences un peuple qui se sentait utile en tribu d’ornement. La parade culturelle et vacancière substituée à l’action, le tourisme devenu événement, la fête sur les écrans, le désert dans les rues, la passion de la sécurité comme corollaire du divertissement assuré, l’exaltation cordicole enfin comme expression obscure d’une culpabilité générale : voilà ce que la vaste et méprisable classe moyenne, conduite par ses « élites » abjectes, aura imposé au monde.
La littérature comme je l’entends est le trouble-fête de nos jours pseudo-frivoles. La littérature est l’averse qui se déchaîne brutalement et gâche un pique-nique.
Je veux bien passer pour réactionnaire, car toutes les occasions de se rendre antipathique aux progressistes sont bonnes ; mais je trouve un peu fort qu’on me classe parmi les nostalgiques et les pleureuses ; je ne déplore rien. J’essaie de faire rire de ce qui se passe concrètement ici et maintenant.
*
En revanche, impossible pour moi, malgré plusieurs essais, de lire À nos amis, le nouveau livre du Comité Invisible. Je n’y entre pas, question de style peut-être, pesant.
Ce Comité Invisible a cru bon de choisir Jacques Mesrine pour l’épigraphe d’À nos amis : Il n’y a pas d’autre monde. Il y a simplement une autre manière de vivre. Lequel Mesrine semble avoir anticipé en optant pour celle-ci dans son Instinct de mort : Seigneur, protège moi de mes amis… mes ennemis je m’en charge.
Evoquant le mode de vie de l’élite sous l’Ancien Régime, Taine le résume ainsi : « Un état-major en vacances pendant un siècle et davantage. » La société des loisirs a élargi à tout le monde, en Occident, ce qui fut le propre de la noblesse, et la conduisit finalement au désastre. On ne transforme pas sans conséquences un peuple qui se sentait utile en tribu d’ornement. La parade culturelle et vacancière substituée à l’action, le tourisme devenu événement, la fête sur les écrans, le désert dans les rues, la passion de la sécurité comme corollaire du divertissement assuré, l’exaltation cordicole enfin comme expression obscure d’une culpabilité générale : voilà ce que la vaste et méprisable classe moyenne, conduite par ses « élites » abjectes, aura imposé au monde.
La littérature comme je l’entends est le trouble-fête de nos jours pseudo-frivoles. La littérature est l’averse qui se déchaîne brutalement et gâche un pique-nique.
Je veux bien passer pour réactionnaire, car toutes les occasions de se rendre antipathique aux progressistes sont bonnes ; mais je trouve un peu fort qu’on me classe parmi les nostalgiques et les pleureuses ; je ne déplore rien. J’essaie de faire rire de ce qui se passe concrètement ici et maintenant.
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En revanche, impossible pour moi, malgré plusieurs essais, de lire À nos amis, le nouveau livre du Comité Invisible. Je n’y entre pas, question de style peut-être, pesant.
Ce Comité Invisible a cru bon de choisir Jacques Mesrine pour l’épigraphe d’À nos amis : Il n’y a pas d’autre monde. Il y a simplement une autre manière de vivre. Lequel Mesrine semble avoir anticipé en optant pour celle-ci dans son Instinct de mort : Seigneur, protège moi de mes amis… mes ennemis je m’en charge.
3 janvier 2015
Ce vendredi matin, je reçois un message du Centre Pompidou qui s’excuse de m’avoir envoyé paître après que j’ai eu donné mon âge au cours d’une enquête en ligne (comme on dit) : « Lors de la saisie de vos réponses, vous avez été interrompu par un message inadapté à la situation et qui ne vous était pas destiné. Il s’agit d’une mauvaise programmation du questionnaire en ligne. Ce message s’adressait normalement aux seuls anciens adhérents et seulement dans certains cas particuliers. Nous sommes sincèrement désolés de cet incident. »
Y croire ou pas.
*
Première sortie en ville de l’année. L’un, concerné par quelque chose de pas gentil que j’ai écrit :
-Plusieurs personnes me l’ont dit.
-Je peux toujours compter sur quelqu’un pour me dénoncer, lui dis-je.
-Non, ça prouve qu’il y a des gens qui vous lisent.
-Oui, et certains pour me lire et me dénoncer.
*
Une riche idée d’avoir remplacé par celui de « série » le mot « feuilleton » qui faisait charentaises, de même celui de « rétro » par « vintage ». Si quelqu’un en a une pour « charentaises »…
Y croire ou pas.
*
Première sortie en ville de l’année. L’un, concerné par quelque chose de pas gentil que j’ai écrit :
-Plusieurs personnes me l’ont dit.
-Je peux toujours compter sur quelqu’un pour me dénoncer, lui dis-je.
-Non, ça prouve qu’il y a des gens qui vous lisent.
-Oui, et certains pour me lire et me dénoncer.
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Une riche idée d’avoir remplacé par celui de « série » le mot « feuilleton » qui faisait charentaises, de même celui de « rétro » par « vintage ». Si quelqu’un en a une pour « charentaises »…
2 janvier 2015
C’est tirant un chariot empli de bon manger qu’arrive ce trente et un décembre celle venue de Paris pour passer avec moi le réveillon de la Saint-Sylvestre. Après une boisson chaude, nous faisons un tour en ville en évitant les rues commerçantes puis vers dix-neuf heures poussons la porte de l’Hôtel de l’Europe, rue aux Ours, où nous retrouvons le sympathique maître de la maison, Georges-André, qui ira d’une année à l’autre en travaillant.
Devant un kir à la pêche blanche, nous devisons agréablement avec lui puis, après avoir mangé toutes les chips et payé un prix d’ami, le laissons à sa courageuse nuit.
La nôtre est des plus réussies saumon cerf champagne et loup dans la bergerie (vin de Saint-Guilhem-le-Désert). A minuit, nous nous embrassons sous le gui.
Jeudi matin, premier de la nouvelle année, sous un soleil froid, nous nous baladons en bordure de la Seine puis après un déjeuner raisonnable, je la conduis chez ses parents.
C’est tirant un chariot empli de livres qu’elle quitte le logement familial, le soir venu, mais la lecture étant plus pesante que la nourriture, celui-ci se casse au bout de quelques mètres, m’apprend-elle par un message envoyé du train.
*
Rouen, capitale revendiquée de la Normandie, qui, contrairement à Caen et Le Havre, arrête ses bus et son métro à vingt et une heures le soir du réveillon de fin d’année. Le prétexte : pas assez de voyageurs. La réalité : seuls sont comptés les payants et, passé une certaine heure, quasiment personne ne paie. Ce qu’a compris Paris où les transports en commun sont gratuits cette nuit-là et circulent jusqu’au petit matin.
*
- Je vous apporte mes vœux.
- Merci. Je tâcherai d'en faire quelque chose.
Jules Renard (Journal, vingt-huit janvier mil neuf cent un)
Il serait temps que j’organise les notes prises lors de sa relecture l’été dernier (bonne résolution).
Devant un kir à la pêche blanche, nous devisons agréablement avec lui puis, après avoir mangé toutes les chips et payé un prix d’ami, le laissons à sa courageuse nuit.
La nôtre est des plus réussies saumon cerf champagne et loup dans la bergerie (vin de Saint-Guilhem-le-Désert). A minuit, nous nous embrassons sous le gui.
Jeudi matin, premier de la nouvelle année, sous un soleil froid, nous nous baladons en bordure de la Seine puis après un déjeuner raisonnable, je la conduis chez ses parents.
C’est tirant un chariot empli de livres qu’elle quitte le logement familial, le soir venu, mais la lecture étant plus pesante que la nourriture, celui-ci se casse au bout de quelques mètres, m’apprend-elle par un message envoyé du train.
*
Rouen, capitale revendiquée de la Normandie, qui, contrairement à Caen et Le Havre, arrête ses bus et son métro à vingt et une heures le soir du réveillon de fin d’année. Le prétexte : pas assez de voyageurs. La réalité : seuls sont comptés les payants et, passé une certaine heure, quasiment personne ne paie. Ce qu’a compris Paris où les transports en commun sont gratuits cette nuit-là et circulent jusqu’au petit matin.
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- Je vous apporte mes vœux.
- Merci. Je tâcherai d'en faire quelque chose.
Jules Renard (Journal, vingt-huit janvier mil neuf cent un)
Il serait temps que j’organise les notes prises lors de sa relecture l’été dernier (bonne résolution).
1er janvier 2015
C’est un train confortable et silencieux, l’équivalent d’un Corail d’antan, qui me mène à Paris ce lundi matin, ultime de deux mille quatorze. Allant très lentement, il permet à beaucoup de prolonger leur nuit tandis qu’à l’horizon se lève un soleil rouge.
J’ai juste le temps de boire un café au comptoir du Café du Faubourg avant que n’ouvre le Book-Off d’à côté où ce n’est pas l’affluence, ce qui me ravit. Sorti de là avec un petit sac de livres, je reste au Japon entrant en face chez Muji me fournir en carnets à notes puis vais déjeuner en Chine impasse Beaubourg chez New New.
Impressionnante est la file d’attente de celles et ceux qui veulent entrer à la Bibliothèque du Centre Pompidou. Constituée essentiellement d’étudiant(e)s qui subissent une attente de plusieurs heures dans le froid avant de pouvoir travailler, elle fait le tour du bâtiment et va se perdre je ne sais où. Côté Musée d’Art Moderne, l’affluence est également d’actualité, de quoi remonter le moral de Jeff Koons doublement accusé de contrefaçon. Je coupe-file grâce à ma carte d’adhérent mais suis rebuté par celle qui fait face au vestiaire, jamais vue aussi longue. Je ressors et vais boire un café du côté du Forum des Halles fier de sa canopée en construction mais dont le cœur commercial et les entrailles circulatoires resteront déprimantes.
A quatorze heures, j’ai rendez-vous à la porte Saint-Eustache avec l’un à qui je remets le livre qu’il m’a acheté. Par la suite, on me voit me réchauffant dans différents cafés puis au Book-Off de l’Opéra, trop fréquenté.
Le train qui me reconduit à Rouen est l’un de ceux que je n’aime pas, dans lequel on est horriblement secoué, et dont je crains le déraillement. J’y lis Arrière-pensées d’un paresseux de Jerome K. Jerome (Arléa).
*
Le patron du Café du Faubourg à la femme qui lui demande son chemin :
-Première à droite, rue de Charonne, deuxième à gauche, c’est votre impasse.
-Vous pouvez répéter ?
-Vous m’écoutez pas quand je parle. Première à droite, rue de Charonne, deuxième à gauche, c’est votre impasse.
-J’avais oublié que vous étiez un homme et que vous expliquez mal pour qu’on vous repose la question.
Il soupire et garde son calme.
*
« Notre train vient de s’arrêter inopinément. Il est susceptible de repartir d’un moment à l’autre. » (annonce rassurante de la Senecefe) (humour ferroviaire)
J’ai juste le temps de boire un café au comptoir du Café du Faubourg avant que n’ouvre le Book-Off d’à côté où ce n’est pas l’affluence, ce qui me ravit. Sorti de là avec un petit sac de livres, je reste au Japon entrant en face chez Muji me fournir en carnets à notes puis vais déjeuner en Chine impasse Beaubourg chez New New.
Impressionnante est la file d’attente de celles et ceux qui veulent entrer à la Bibliothèque du Centre Pompidou. Constituée essentiellement d’étudiant(e)s qui subissent une attente de plusieurs heures dans le froid avant de pouvoir travailler, elle fait le tour du bâtiment et va se perdre je ne sais où. Côté Musée d’Art Moderne, l’affluence est également d’actualité, de quoi remonter le moral de Jeff Koons doublement accusé de contrefaçon. Je coupe-file grâce à ma carte d’adhérent mais suis rebuté par celle qui fait face au vestiaire, jamais vue aussi longue. Je ressors et vais boire un café du côté du Forum des Halles fier de sa canopée en construction mais dont le cœur commercial et les entrailles circulatoires resteront déprimantes.
A quatorze heures, j’ai rendez-vous à la porte Saint-Eustache avec l’un à qui je remets le livre qu’il m’a acheté. Par la suite, on me voit me réchauffant dans différents cafés puis au Book-Off de l’Opéra, trop fréquenté.
Le train qui me reconduit à Rouen est l’un de ceux que je n’aime pas, dans lequel on est horriblement secoué, et dont je crains le déraillement. J’y lis Arrière-pensées d’un paresseux de Jerome K. Jerome (Arléa).
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Le patron du Café du Faubourg à la femme qui lui demande son chemin :
-Première à droite, rue de Charonne, deuxième à gauche, c’est votre impasse.
-Vous pouvez répéter ?
-Vous m’écoutez pas quand je parle. Première à droite, rue de Charonne, deuxième à gauche, c’est votre impasse.
-J’avais oublié que vous étiez un homme et que vous expliquez mal pour qu’on vous repose la question.
Il soupire et garde son calme.
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« Notre train vient de s’arrêter inopinément. Il est susceptible de repartir d’un moment à l’autre. » (annonce rassurante de la Senecefe) (humour ferroviaire)
31 décembre 2014
A la fin des années trente, Simone de Beauvoir, qui travaille à son premier roman, a sa cour de lycéennes amantes qu’elle entretient, faisant vivre certaines à l’hôtel. Elle les appelle par leur patronyme : Védrine, Sorokine, les deux sœurs Kosakiewitch. Elle a également à charge sa sœur, Poupette, et vit elle-même à l’hôtel, mangeant chaque jour au restaurant (andouillette, langue de bœuf, petit salé aux choux, bœuf mode). Tout cela est financé par son salaire de professeur de philosophie en lycée et quelques cours particuliers, ce qui donne une idée de la faiblesse du coût de la vie (comme on dit) à cette époque.
Là-dessus Sorokine est venue, et comme au mois de juillet elle m’a attirée sur le lit, puis, en sanglotant dans ses bras et contre sa bouche, et au bout d’une heure environ elle a appelé ma main vers des endroits précis de son corps… (mercredi onze octobre mil neuf cent trente-neuf)
Puis on est rentrées à l’hôtel et elle a couché chez moi (en cachette des Kos.) –on a eu une nuit passionnée, c’est fou la force de passion de cette fille ; sensuellement j’ai été plus prise que de coutume, avec la vague idée mufle il me semble qu’il fallait « profiter » au moins de son corps (…) Je crois que votre première rencontre avec elle sera une coucherie indéfinie et frénétique. (…) Elle fait de la masturbation mentale et manuelle à longueur de journée et je lui ai expliqué que passe pour la seconde, mais que la première est désastreuse. (vendredi dix novembre mil neuf cent trente-neuf)
Vous ai-je dit qu’à l’économat en vous payant vos traitements on pousse vers vous un tronc pour les soldats ? J’ai feint discrètement de ne pas le voir. (lundi treize novembre mil neuf cent trente-neuf)
On séparera désormais la leçon de philosophie des séances de baisers –ces séances de baisers l’énervent horriblement de toute façon, mais elle y tient –et je ne veux pas aller plus loin. C’est un petit problème. (jeudi vingt-trois novembre mil neuf cent trente-neuf)
… somme toute, mensonge et vérité se corrigent admirablement, nous avons fait vous et moi du bon travail et il suffira d’un peu d’application pour que cette petite personne puisse être heureuse sans trop gêner –ne croyez-vous pas ? (samedi vingt-cinq novembre mil neuf cent trente-neuf)
Voilà qu’il m’arrive un truc qui m’emmerde un peu : ma famille rapplique à Paris demain soir ; s’il n’y a que mes parents, ça va, ça m’évitera au contraire d’aller en Limousin ; mais je meurs de peur que Poupette ne vienne aussi et que je ne sois obligée de la voir, il faudra que je lui donne au moins une soirée par semaine ; ça sera une soirée de cinéma ou d’Opéra, mais ça m’accable, elle ne se contentera pas de ça. (mardi vingt-huit novembre mil neuf cent trente-neuf)
Vous voilà donc téléphoniste ? ça m’a fait rire de vous imaginer devant l’appareil infernal, comme la grosse femme des lavabos au « Dôme » –mais je voudrais bien que ça ne vous prenne pas trop de temps, infortuné chien. (vendredi huit décembre mil neuf cent trente-neuf)
… on a choisi « La Villa », vous savez, au coin de la rue Vavin, une des seules boîtes où nous ne soyons jamais entrés. C’est marrant, ça ressemble à un dancing de province et très exactement au « Royal » de Rouen ; même décor de pacotille, mauvais orchestre, entraîneuses en satin défraîchi… (dimanche dix décembre mil neuf cent trente-neuf)
… on a été au concert du Conservatoire ; on a retrouvé là un chef d’orchestre, Charles Münch, que nous avions vu autrefois avec Zuorro et que nous aimions beaucoup ; il a une drôle de tête de drogué et il dirige comme un dieu, il ne nous a pas déçues. (lundi onze décembre mil neuf cent trente-neuf)
Sorokine m’a dit sur les putains de bordel avec un étonnement profond : « Les pauvres ! mais elles doivent être tout abruties ! Quel intérêt peut-on trouver à les manipuler ? », mais ce qui est plaisant c’est la sincérité naïve et totale d’une telle question. (jeudi vingt et un décembre mil neuf cent trente-neuf)
… je me suis demandé, sur mon carnet (après la nuit avec Védrine, c’était jeudi vous vous rappelez), pourquoi c’était les femmes qui étaient maladroites aux caresses locales (car Kos. R. et Védrine m’ont également torturée) et non les hommes… (dimanche vingt-quatre décembre mil neuf cent trente-neuf)
… elle m’avait apporté Le Mur pour que je lui explique les obscénités, mais il y avait un bonhomme qui nous regardait d’une manière gênante et on est montées dans ma chambre… (idem)
… il se fait des idées plutôt qu’il n’en a… (à propos d’un certain Jean Kanapa avec qui elle fait du ski à Megève, jeudi vingt-huit décembre mil neuf cent trente-neuf, il deviendra dirigeant communiste)
On ira passer la journée de demain au col de Voza et refaire cette descente où vous vous abîmâtes le genou mon pauvre petit. (samedi trente décembre mil neuf cent trente-neuf)
*
Cette phrase qui résume ce qu’ils sont l’un pour l’autre :
On ne fait qu’un, vous autre moi-même –tout petit charme bien aimé. (mercredi vingt décembre mil neuf cent trente-neuf)
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Derrière le pseudonyme de Védrine : Bianca Bienenfeld (qui deviendra Lamblin par son mariage). Elle donnera sa version de son histoire avec Beauvoir et Sartre en mil neuf cent quatre-vingt-onze sous le titre Mémoires d’une jeune fille dérangée.
Là-dessus Sorokine est venue, et comme au mois de juillet elle m’a attirée sur le lit, puis, en sanglotant dans ses bras et contre sa bouche, et au bout d’une heure environ elle a appelé ma main vers des endroits précis de son corps… (mercredi onze octobre mil neuf cent trente-neuf)
Puis on est rentrées à l’hôtel et elle a couché chez moi (en cachette des Kos.) –on a eu une nuit passionnée, c’est fou la force de passion de cette fille ; sensuellement j’ai été plus prise que de coutume, avec la vague idée mufle il me semble qu’il fallait « profiter » au moins de son corps (…) Je crois que votre première rencontre avec elle sera une coucherie indéfinie et frénétique. (…) Elle fait de la masturbation mentale et manuelle à longueur de journée et je lui ai expliqué que passe pour la seconde, mais que la première est désastreuse. (vendredi dix novembre mil neuf cent trente-neuf)
Vous ai-je dit qu’à l’économat en vous payant vos traitements on pousse vers vous un tronc pour les soldats ? J’ai feint discrètement de ne pas le voir. (lundi treize novembre mil neuf cent trente-neuf)
On séparera désormais la leçon de philosophie des séances de baisers –ces séances de baisers l’énervent horriblement de toute façon, mais elle y tient –et je ne veux pas aller plus loin. C’est un petit problème. (jeudi vingt-trois novembre mil neuf cent trente-neuf)
… somme toute, mensonge et vérité se corrigent admirablement, nous avons fait vous et moi du bon travail et il suffira d’un peu d’application pour que cette petite personne puisse être heureuse sans trop gêner –ne croyez-vous pas ? (samedi vingt-cinq novembre mil neuf cent trente-neuf)
Voilà qu’il m’arrive un truc qui m’emmerde un peu : ma famille rapplique à Paris demain soir ; s’il n’y a que mes parents, ça va, ça m’évitera au contraire d’aller en Limousin ; mais je meurs de peur que Poupette ne vienne aussi et que je ne sois obligée de la voir, il faudra que je lui donne au moins une soirée par semaine ; ça sera une soirée de cinéma ou d’Opéra, mais ça m’accable, elle ne se contentera pas de ça. (mardi vingt-huit novembre mil neuf cent trente-neuf)
Vous voilà donc téléphoniste ? ça m’a fait rire de vous imaginer devant l’appareil infernal, comme la grosse femme des lavabos au « Dôme » –mais je voudrais bien que ça ne vous prenne pas trop de temps, infortuné chien. (vendredi huit décembre mil neuf cent trente-neuf)
… on a choisi « La Villa », vous savez, au coin de la rue Vavin, une des seules boîtes où nous ne soyons jamais entrés. C’est marrant, ça ressemble à un dancing de province et très exactement au « Royal » de Rouen ; même décor de pacotille, mauvais orchestre, entraîneuses en satin défraîchi… (dimanche dix décembre mil neuf cent trente-neuf)
… on a été au concert du Conservatoire ; on a retrouvé là un chef d’orchestre, Charles Münch, que nous avions vu autrefois avec Zuorro et que nous aimions beaucoup ; il a une drôle de tête de drogué et il dirige comme un dieu, il ne nous a pas déçues. (lundi onze décembre mil neuf cent trente-neuf)
Sorokine m’a dit sur les putains de bordel avec un étonnement profond : « Les pauvres ! mais elles doivent être tout abruties ! Quel intérêt peut-on trouver à les manipuler ? », mais ce qui est plaisant c’est la sincérité naïve et totale d’une telle question. (jeudi vingt et un décembre mil neuf cent trente-neuf)
… je me suis demandé, sur mon carnet (après la nuit avec Védrine, c’était jeudi vous vous rappelez), pourquoi c’était les femmes qui étaient maladroites aux caresses locales (car Kos. R. et Védrine m’ont également torturée) et non les hommes… (dimanche vingt-quatre décembre mil neuf cent trente-neuf)
… elle m’avait apporté Le Mur pour que je lui explique les obscénités, mais il y avait un bonhomme qui nous regardait d’une manière gênante et on est montées dans ma chambre… (idem)
… il se fait des idées plutôt qu’il n’en a… (à propos d’un certain Jean Kanapa avec qui elle fait du ski à Megève, jeudi vingt-huit décembre mil neuf cent trente-neuf, il deviendra dirigeant communiste)
On ira passer la journée de demain au col de Voza et refaire cette descente où vous vous abîmâtes le genou mon pauvre petit. (samedi trente décembre mil neuf cent trente-neuf)
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Cette phrase qui résume ce qu’ils sont l’un pour l’autre :
On ne fait qu’un, vous autre moi-même –tout petit charme bien aimé. (mercredi vingt décembre mil neuf cent trente-neuf)
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Derrière le pseudonyme de Védrine : Bianca Bienenfeld (qui deviendra Lamblin par son mariage). Elle donnera sa version de son histoire avec Beauvoir et Sartre en mil neuf cent quatre-vingt-onze sous le titre Mémoires d’une jeune fille dérangée.
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