Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
6 avril 2025
Du monde ce samedi matin à la Gare Ferroviaire d’où l’on peut rejoindre Strasbourg en Tégévé. Dans le coin où je petit-déjeune, curieusement nommé Chez Jean, un couple d’affranchis à sacs à dos se fait remarquer, ils vont rejoindre un hôtel pas donné de la rue où je gîte et je suis content de ne pas les avoir pour voisins immédiats. Un autre couple, des retraités, est ici chaque jour pour faire les mots croisés de Var Matin (elle sait qu’il ne faut pas confondre Hermann Hesse et Heinrich Heine).
A huit heures dix, je prends la navette électrique, mais non gratuite, qui mène à la Mairie annexe de Boulouris, commune de Saint-Raphaël. Descendu à ce terminus, je passe sous la voie ferrée, traverse la route de la Corniche et, par le chemin de la Palmeraie, j’atteins la plage de la Tortue. Il y a là un sentier douanier dans les rochers en contrebas des propriétés privées mais la Méditerranée est agitée et le recouvre. Je suis obligé de remonter sur la route de la Corniche pour revenir à pied au centre-ville.
Sans l’avoir voulu, je me retrouve à suivre le « Parcours des Villas de la Belle Époque » : Villa Marjolaine « de style éclectique » « architecte inconnu », Villa Coraline « de style classique », Villa Gaïla connue sous le nom de Villa Mauresque (c’est désormais un hôtel cinq étoiles « wifi gratuit »), Villa Les Cigales « anciennement Villa Maurice » « style anglo-normand », Villa May, Villa Le Castelet, Villa Beau Rivage « Marcel Aymé en fut un des hôtes » « aujourd’hui divisée en appartements », enfin Villa Les Bruyères. De toutes ces demeures, on ne voit pas grand chose de la route, cachées qu’elles sont, hormis celle devenue hôtel, derrière de hauts murs, et sous surveillance électronique. Je n’en peux plus, quand, enfin, par le pentu chemin de la Batterie, je peux rejoindre le Port Santa-Lucia, vaste et récent garage à bateaux de plaisance.
Fort fatigué, je trouve refuge au Lion Rouge pour un café verre d’eau bien mérité. C’est le seul lieu fréquentable et fréquenté de ce gros port. Tables rouges, chaises rouges, murs rouges, tout est rouge. En face, deux ilots : le Lion de Terre et le Lion de Mer. D’où le nom, je suppose, de ce troquet tenu par un couple très sympathique. Le café n’y coûte qu’un euro quatre-vingts. Après l’avoir bu, je sors Balzac. Il est en érection : Je me mets à tes genoux chéris, je les baise, je les caresse, oh je fais en pensée toutes les folies de la terre, je te baise avec ivresse, je te tiens, je te serre…
Il reste encore beaucoup à marcher pour atteindre la Plage du Veillat, puis la Grande Roue et le Vieux Port. Ouf, j’y suis ! Je passe à l’Office de Tourisme car il me manque un horaire de car Zou ! Maria, qui est en formation, a un peu de mal à me satisfaire, mais avec l’aide de sa collègue au téléphone, elle y parvient.
Pas loin est La Brocherie, pizzeria grill, où on peut aussi manger du poisson. Bien qu’il ne soit qu’onze heures et demie, l’aimable gérant me permet de m’installer à une table de la terrasse avec vue sur le Vieux-Port par-dessus la route. Je déjeune de moules farcies au beurre d’escargot, d’une choucroute de la mer et d’une part de tarte aux pommes pour vingt euros quatre-vingts.
Il n’est que midi et demi quand j’ai terminé. Au Café Kro, je retrouve Balzac encore une fois dans un bel état : Malgré moi, mon imagination me reporte près de toi, je te tiens, je te serre, je te baise, je te caresse, et mille caresses les plus amoureuses s’emparent de moi.
A la table voisine, deux couples de retraités parlent des politiciens qui ont connu les tribunaux. Tous ont été « éclaircis ». « Elle, comme par hasard, on la condamne. » Il y a cet adage qui dit « Mieux vaut entendre ça qu’être sourd ». Je n’en suis pas sûr.
*
Rouen Strasbourg en Tégévé, c’était possible autrefois, et j’en ai profité.
A huit heures dix, je prends la navette électrique, mais non gratuite, qui mène à la Mairie annexe de Boulouris, commune de Saint-Raphaël. Descendu à ce terminus, je passe sous la voie ferrée, traverse la route de la Corniche et, par le chemin de la Palmeraie, j’atteins la plage de la Tortue. Il y a là un sentier douanier dans les rochers en contrebas des propriétés privées mais la Méditerranée est agitée et le recouvre. Je suis obligé de remonter sur la route de la Corniche pour revenir à pied au centre-ville.
Sans l’avoir voulu, je me retrouve à suivre le « Parcours des Villas de la Belle Époque » : Villa Marjolaine « de style éclectique » « architecte inconnu », Villa Coraline « de style classique », Villa Gaïla connue sous le nom de Villa Mauresque (c’est désormais un hôtel cinq étoiles « wifi gratuit »), Villa Les Cigales « anciennement Villa Maurice » « style anglo-normand », Villa May, Villa Le Castelet, Villa Beau Rivage « Marcel Aymé en fut un des hôtes » « aujourd’hui divisée en appartements », enfin Villa Les Bruyères. De toutes ces demeures, on ne voit pas grand chose de la route, cachées qu’elles sont, hormis celle devenue hôtel, derrière de hauts murs, et sous surveillance électronique. Je n’en peux plus, quand, enfin, par le pentu chemin de la Batterie, je peux rejoindre le Port Santa-Lucia, vaste et récent garage à bateaux de plaisance.
Fort fatigué, je trouve refuge au Lion Rouge pour un café verre d’eau bien mérité. C’est le seul lieu fréquentable et fréquenté de ce gros port. Tables rouges, chaises rouges, murs rouges, tout est rouge. En face, deux ilots : le Lion de Terre et le Lion de Mer. D’où le nom, je suppose, de ce troquet tenu par un couple très sympathique. Le café n’y coûte qu’un euro quatre-vingts. Après l’avoir bu, je sors Balzac. Il est en érection : Je me mets à tes genoux chéris, je les baise, je les caresse, oh je fais en pensée toutes les folies de la terre, je te baise avec ivresse, je te tiens, je te serre…
Il reste encore beaucoup à marcher pour atteindre la Plage du Veillat, puis la Grande Roue et le Vieux Port. Ouf, j’y suis ! Je passe à l’Office de Tourisme car il me manque un horaire de car Zou ! Maria, qui est en formation, a un peu de mal à me satisfaire, mais avec l’aide de sa collègue au téléphone, elle y parvient.
Pas loin est La Brocherie, pizzeria grill, où on peut aussi manger du poisson. Bien qu’il ne soit qu’onze heures et demie, l’aimable gérant me permet de m’installer à une table de la terrasse avec vue sur le Vieux-Port par-dessus la route. Je déjeune de moules farcies au beurre d’escargot, d’une choucroute de la mer et d’une part de tarte aux pommes pour vingt euros quatre-vingts.
Il n’est que midi et demi quand j’ai terminé. Au Café Kro, je retrouve Balzac encore une fois dans un bel état : Malgré moi, mon imagination me reporte près de toi, je te tiens, je te serre, je te baise, je te caresse, et mille caresses les plus amoureuses s’emparent de moi.
A la table voisine, deux couples de retraités parlent des politiciens qui ont connu les tribunaux. Tous ont été « éclaircis ». « Elle, comme par hasard, on la condamne. » Il y a cet adage qui dit « Mieux vaut entendre ça qu’être sourd ». Je n’en suis pas sûr.
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Rouen Strasbourg en Tégévé, c’était possible autrefois, et j’en ai profité.
5 avril 2025
Un début de journée identique à celui de la veille, ce vendredi, moins les grincements de sommier des voisins ; après le petit déjeuner, je retrouve le même chauffeur dans le bus Huit de huit heures. Cette fois, je vais jusqu’au terminus : La Bastide d’Agay.
La rade d’Agay se déploie en un parfait arrondi entre la Pointe de la Baumette et le Cap Dramont. Je descends voir ça de la plage de la Baumette, phare à gauche, sémaphore à droite. Ensuite, ce sont des propriétés privées qui obligent à marcher sur le trottoir du bord de route qui suit le bord de mer. Je passe au-dessus de la Plage d’Agay, longue et déserte, je frôle la ligne de chemin de fer qui mène à Menton et j’arrive au mignon petit Port d’Agay à cabanons colorés. L’un contient la Capitainerie. Deux bateaux traditionnels, eux aussi colorés, complètent le décor. Une flèche invite à passer sous la voie ferrée pour aller voir une chapelle. Celle-ci s’avère être contemporaine et décevante, néanmoins ouverte.
Remonté sur la route et ne souhaitant pas continuer à marcher jusqu’au Cap Dramont, je prends place à la terrasse ensoleillée du Grand Café d’Agay. C’est le nom de ce petit établissement où l’on écoute la radio Chérie. Chacun sa route, chacun son chemin. Le café y coûte un euro quatre-vingts et le vendredi c’est aïoli (quinze euros quatre-vingt-dix avec un café offert). J’en réserve un et plutôt que lire Balzac entre les voitures et les publicités radiophoniques, je vais faire ça au Port.
J’arrive au moment où s’amarre le bateau avec roues à l’avant d’un pêcheur. « Oh, ça va pescadou ? » l’interpelle l’homme de la Capitainerie, une sorte d’Haddock à barbe blanche. Ce pêcheur ne rapporte pas de poisson. Il s’occupe à bricoler ses filets. Ce lieu serait idyllique s’il n’y avait le bruit d’un engin qui pilonne les rochers du massif au-dessus de la route. Sans doute qu’un riche va y construire sa maison. De temps à autre s’arrête un train régional Zou ! (car il y a une gare à Agay). Le vent souffle de plus en plus fort mais je résiste en lui tournant le dos sur un banc au soleil jusqu’à ce qu’il soit l’heure de déjeuner au Grand Café d’Agay, c’est-à-dire midi.
La terrasse est à l’abri du vent. Mon aïoli est vite arrivé. Il est semblable à tous les aïolis. Des locaux en mangent aussi. « C’est drôle parce que j’aime pas la mayonnaise et j’aime ça l’aïoli », dit une à ma droite aux deux hommes qui l’accompagnent et qui s’en fichent. D’autres sont à l’apéro, dont une femme un peu décatie, une cheffe de bande qui me rappelle une ancienne voisine de la copropriété qu’in petto j’appelais la Bohémienne. « J’suis garée où ? » s’inquiète-t-elle quand elle se lève. « A gauche, là-bas », s’énerve l’un de ses servants.
A droite du Grand Café d’Agay est l’arrêt de bus Agay Village. J’y attends le Huit de treize heures trente-sept avec pour spectacle la circulation routière. Tiens, un camion frigorifique de la maison Kiss My Ice (ah ah ah).
J’arrive à la Gare Routière à quatorze heures. Dix minutes plus tard, je suis en terrasse au Café Kro : café, verre d’eau, Balzac.
*
C’est à Agay qu’Antoine de Saint-Exupéry s’est marié avec Consuelo Suncin de Sandoval. Albert Cohen y a situé une bonne partie de l'intrigue de Belle du Seigneur. Woody Allen y a tourné les scènes d'extérieur de Magic in the Moonlight.
*
Agay est un paradis où même la poussière est parfumée... (Saint-Ex). Je n’ai rien senti mais l’odorat n’est pas mon sens le plus développé.
La rade d’Agay se déploie en un parfait arrondi entre la Pointe de la Baumette et le Cap Dramont. Je descends voir ça de la plage de la Baumette, phare à gauche, sémaphore à droite. Ensuite, ce sont des propriétés privées qui obligent à marcher sur le trottoir du bord de route qui suit le bord de mer. Je passe au-dessus de la Plage d’Agay, longue et déserte, je frôle la ligne de chemin de fer qui mène à Menton et j’arrive au mignon petit Port d’Agay à cabanons colorés. L’un contient la Capitainerie. Deux bateaux traditionnels, eux aussi colorés, complètent le décor. Une flèche invite à passer sous la voie ferrée pour aller voir une chapelle. Celle-ci s’avère être contemporaine et décevante, néanmoins ouverte.
Remonté sur la route et ne souhaitant pas continuer à marcher jusqu’au Cap Dramont, je prends place à la terrasse ensoleillée du Grand Café d’Agay. C’est le nom de ce petit établissement où l’on écoute la radio Chérie. Chacun sa route, chacun son chemin. Le café y coûte un euro quatre-vingts et le vendredi c’est aïoli (quinze euros quatre-vingt-dix avec un café offert). J’en réserve un et plutôt que lire Balzac entre les voitures et les publicités radiophoniques, je vais faire ça au Port.
J’arrive au moment où s’amarre le bateau avec roues à l’avant d’un pêcheur. « Oh, ça va pescadou ? » l’interpelle l’homme de la Capitainerie, une sorte d’Haddock à barbe blanche. Ce pêcheur ne rapporte pas de poisson. Il s’occupe à bricoler ses filets. Ce lieu serait idyllique s’il n’y avait le bruit d’un engin qui pilonne les rochers du massif au-dessus de la route. Sans doute qu’un riche va y construire sa maison. De temps à autre s’arrête un train régional Zou ! (car il y a une gare à Agay). Le vent souffle de plus en plus fort mais je résiste en lui tournant le dos sur un banc au soleil jusqu’à ce qu’il soit l’heure de déjeuner au Grand Café d’Agay, c’est-à-dire midi.
La terrasse est à l’abri du vent. Mon aïoli est vite arrivé. Il est semblable à tous les aïolis. Des locaux en mangent aussi. « C’est drôle parce que j’aime pas la mayonnaise et j’aime ça l’aïoli », dit une à ma droite aux deux hommes qui l’accompagnent et qui s’en fichent. D’autres sont à l’apéro, dont une femme un peu décatie, une cheffe de bande qui me rappelle une ancienne voisine de la copropriété qu’in petto j’appelais la Bohémienne. « J’suis garée où ? » s’inquiète-t-elle quand elle se lève. « A gauche, là-bas », s’énerve l’un de ses servants.
A droite du Grand Café d’Agay est l’arrêt de bus Agay Village. J’y attends le Huit de treize heures trente-sept avec pour spectacle la circulation routière. Tiens, un camion frigorifique de la maison Kiss My Ice (ah ah ah).
J’arrive à la Gare Routière à quatorze heures. Dix minutes plus tard, je suis en terrasse au Café Kro : café, verre d’eau, Balzac.
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C’est à Agay qu’Antoine de Saint-Exupéry s’est marié avec Consuelo Suncin de Sandoval. Albert Cohen y a situé une bonne partie de l'intrigue de Belle du Seigneur. Woody Allen y a tourné les scènes d'extérieur de Magic in the Moonlight.
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Agay est un paradis où même la poussière est parfumée... (Saint-Ex). Je n’ai rien senti mais l’odorat n’est pas mon sens le plus développé.
4 avril 2025
Le jeune couple d’à côté, je ne l’entends pas, sauf ce jeudi matin à sept heures quand elle et lui font grincer le sommier. Une demi-heure plus tard, j’achète mon pain au chocolat à la Boulangerie du Soleil puis monte à la Gare Ferroviaire où pour un euro quatre-vingt-dix j’obtiens un café allongé. Je consomme tout ça à l’une des tables prévues à cet effet puis rejoins la Gare Routière.
A huit heures en part un bus Huit pour Cap Dramont (le suivant dans une heure trente). Un bus en forme de car qui n’annonce pas ses arrêts. Je demande à l’aimable chauffeur de me faire descendre à Camp Long. Mon objectif est de faire pédestrement le tour de ce Cap Dramont.
Un autochtone m’aide à trouver le sentier côtier. Il est fort caillouteux. Je suis dans les belles roches rouges de porphyre du Massif de l’Estérel, longeant des côtes aussi découpées que celles de Bretagne. Ça grimpe. Ça descend. « Balade facile au panorama envoûtant », est-il écrit sur mon plan. C’est néanmoins un peu risqué pour un vieux comme moi. J’y vais prudemment en me faisant parfois aider par les arbres. Personne d’autre sur ce chemin. Arrivé sous le Sémaphore, un semblant de goudron me réjouit. C’est là qu’apparaît l’Ile d’Or et sa tour, laquelle aurait, selon la légende, inspiré Hergé pour son Ile Noire.
Elle fait face au Port du Poussaï où je suis content d’arriver. Dans ce joli petit havre se côtoient une vingtaine de bateaux de plaisance et deux bateaux de pêche. La gargote nommée C le mieux m’offre une place au soleil à sa terrasse sonorisée chansons françaises pour un café verre d’eau à deux euros. Trois gars du coin sont en boucle sur les gens « d’origine maghrébienne ». On aurait dû partager l’Algérie en deux, comme en Israël, le bord de la mer pour les Français et le désert pour les Arabes. Quand ils en sortent, ce n’est pas mieux : « Macron, il a dit en cas d’alerte nucléaire, tu fermes la porte et tu ressors trois jours après. » « Brigitte, quand elle l’a connu, elle aurait dû aller en prison. » Higelin chante Douce France.
De ce Port du Poussaï je remonte une petite route qui me ramène à celle des bus à l’arrêt Le Dramont. Il est onze heures dix. En attendant le Vingt et Un d’onze heures quarante et une, je lis Lettres à Madame Hanska de Balzac sous l’abribus. De tous côtés, l’on me crie que je ne sais pas écrire, et que cela est cruel quand je me le suis déjà dit ; et que je consacre le jour à mes nouveaux travaux, et la nuit à perfectionner les anciens. écrit-il en janvier mil huit cent trente-trois.
Ce Vingt et Un est un bus en forme de bus. J’en descends au Vieux Port et déjeune au Kashmir où le menu à dix-huit euros quatre-vingt-dix est à volonté, sans dessert, mais avec un cheese naan inclus. C’est tranquille et un peu chic. Près de moi, deux jeunes commerciaux, dont l’un a vécu à Rouen. Ils parlent plan de carrière puis technique d’approche. « Il ne faut pas entrer tout de suite dans la négo. » C’est bon comme toujours, cette cuisine exotique.
Je marche ensuite jusqu’à Fréjus pour mon café verre d’eau lecture au Café Kro. J’opte pour une table surélevée en bordure d’intérieur ouvert d’où l’on voit mieux la mer et où on sent moins le vent. Je me nomme Honoré je veux être fidèle à mon nom. Pour une fois, je ne suis pas le seul à lire. Trois femmes de mon âge, chacune à sa table, font de même. L’une est plongée dans La Meurtrière de P.D. James, une autre dans Ma Bible des huiles essentielles et la troisième dans Le musée de l’Innocence d’Orhan Pamuk, un livre emprunté à la bibliothèque municipale.
*
Cap Dramont, une stèle rappelle qu’ici débarqua la trente-sixième division du Texas, le quinze août mil neuf cent quarante-quatre. De violents combats eurent lieu et le lendemain Saint Raphaël était libérée.
*
A la Belle Époque, l’Ile d’Or appartenait à un certain docteur Luthaud qui y recevait le gratin local.
*
Une Anglaise au Café Kro : « C’est vraiment le plus beau, Fréjus. On est allé à Toulon, Nice, Saint-Tropez, Antibes, partout. Et le plus beau, c’est Fréjus ! » Ça n’engage qu’elle.
*
Partout, certains ont le cerveau fondu, mais dans cette région spécialement. Quelles boues que tout cela ! et comme vous me l’écriviez, que l’homme est une perverse bête.
A huit heures en part un bus Huit pour Cap Dramont (le suivant dans une heure trente). Un bus en forme de car qui n’annonce pas ses arrêts. Je demande à l’aimable chauffeur de me faire descendre à Camp Long. Mon objectif est de faire pédestrement le tour de ce Cap Dramont.
Un autochtone m’aide à trouver le sentier côtier. Il est fort caillouteux. Je suis dans les belles roches rouges de porphyre du Massif de l’Estérel, longeant des côtes aussi découpées que celles de Bretagne. Ça grimpe. Ça descend. « Balade facile au panorama envoûtant », est-il écrit sur mon plan. C’est néanmoins un peu risqué pour un vieux comme moi. J’y vais prudemment en me faisant parfois aider par les arbres. Personne d’autre sur ce chemin. Arrivé sous le Sémaphore, un semblant de goudron me réjouit. C’est là qu’apparaît l’Ile d’Or et sa tour, laquelle aurait, selon la légende, inspiré Hergé pour son Ile Noire.
Elle fait face au Port du Poussaï où je suis content d’arriver. Dans ce joli petit havre se côtoient une vingtaine de bateaux de plaisance et deux bateaux de pêche. La gargote nommée C le mieux m’offre une place au soleil à sa terrasse sonorisée chansons françaises pour un café verre d’eau à deux euros. Trois gars du coin sont en boucle sur les gens « d’origine maghrébienne ». On aurait dû partager l’Algérie en deux, comme en Israël, le bord de la mer pour les Français et le désert pour les Arabes. Quand ils en sortent, ce n’est pas mieux : « Macron, il a dit en cas d’alerte nucléaire, tu fermes la porte et tu ressors trois jours après. » « Brigitte, quand elle l’a connu, elle aurait dû aller en prison. » Higelin chante Douce France.
De ce Port du Poussaï je remonte une petite route qui me ramène à celle des bus à l’arrêt Le Dramont. Il est onze heures dix. En attendant le Vingt et Un d’onze heures quarante et une, je lis Lettres à Madame Hanska de Balzac sous l’abribus. De tous côtés, l’on me crie que je ne sais pas écrire, et que cela est cruel quand je me le suis déjà dit ; et que je consacre le jour à mes nouveaux travaux, et la nuit à perfectionner les anciens. écrit-il en janvier mil huit cent trente-trois.
Ce Vingt et Un est un bus en forme de bus. J’en descends au Vieux Port et déjeune au Kashmir où le menu à dix-huit euros quatre-vingt-dix est à volonté, sans dessert, mais avec un cheese naan inclus. C’est tranquille et un peu chic. Près de moi, deux jeunes commerciaux, dont l’un a vécu à Rouen. Ils parlent plan de carrière puis technique d’approche. « Il ne faut pas entrer tout de suite dans la négo. » C’est bon comme toujours, cette cuisine exotique.
Je marche ensuite jusqu’à Fréjus pour mon café verre d’eau lecture au Café Kro. J’opte pour une table surélevée en bordure d’intérieur ouvert d’où l’on voit mieux la mer et où on sent moins le vent. Je me nomme Honoré je veux être fidèle à mon nom. Pour une fois, je ne suis pas le seul à lire. Trois femmes de mon âge, chacune à sa table, font de même. L’une est plongée dans La Meurtrière de P.D. James, une autre dans Ma Bible des huiles essentielles et la troisième dans Le musée de l’Innocence d’Orhan Pamuk, un livre emprunté à la bibliothèque municipale.
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Cap Dramont, une stèle rappelle qu’ici débarqua la trente-sixième division du Texas, le quinze août mil neuf cent quarante-quatre. De violents combats eurent lieu et le lendemain Saint Raphaël était libérée.
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A la Belle Époque, l’Ile d’Or appartenait à un certain docteur Luthaud qui y recevait le gratin local.
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Une Anglaise au Café Kro : « C’est vraiment le plus beau, Fréjus. On est allé à Toulon, Nice, Saint-Tropez, Antibes, partout. Et le plus beau, c’est Fréjus ! » Ça n’engage qu’elle.
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Partout, certains ont le cerveau fondu, mais dans cette région spécialement. Quelles boues que tout cela ! et comme vous me l’écriviez, que l’homme est une perverse bête.
3 avril 2025
Un grondement, mon lit qui tremble très légèrement, ce n’est pas une nouvelle secousse tellurique mais le dernier train du soir qui passe derrière le mur de mon logis Air Bibi. Au matin, après une nuit calme, ce sont les gars de l’agglo qui me réveillent à cinq heures avec leur laveuse et leur balayeuse.
Ici le jour se lève à sept heures douze. J’achète un pain au chocolat (un euro trente) à la Boulangerie du Soleil. L’aimable commerçante m’indique un café ouvert si tôt, en bord de mer dans la commune voisine et accolée de Fréjus (dont la Mairie est entre les mains du Rassemblement National).
Le Café Kro a vue sur la mer au-delà du rond-point. La serveuse a des origines mais ça ne dit rien sur son vote (elle a fait un ramadan pas trop sévère). L’allongé est à un euro quatre-vingts seulement. Le soleil cherche à poindre. Il n’y réussit qu’à moitié. Hormis moi, deux clientes, dont l’une qui dit à l’autre : « Faut pas se couper les ongles le vendredi, ça c’est une connerie. J’ai regardé sur Gougueule. C’est le samedi qu’il faut pas se couper les ongles. »
De retour à Saint-Raphaël (Saint-Raph pour les intimes), je me charge de documents auprès de la sympathique hôtesse de l’Office du Tourisme puis monte à la Gare Routière qui se cache derrière la Gare Ferroviaire. Je m’y fais établir une carte de bus mensuelle illimitée dans l’agglomération Estérel Côte d’Azur (vingt-huit euros) et une carte de dix voyages en cars Zou ! (quatorze euros soixante-dix).
Ainsi paré, je retourne à Fréjus et m’assois sur un banc au-dessus de la plage des Sablettes, vue sur le large. C’est là que je commence ma relecture des Lettres à Madame Hanska de Balzac par la préface et la biographie de l’écrivain. Jusqu’à ce qu’un petit vent se lève et qu’il soit l’heure de trouver un endroit où déjeuner.
C’est par défaut (car tout est cher ici) que je m’installe à la terrasse du Vach’et Moi « spécialités de viande » pour sa formule à dix-sept euros quatre-vingt-dix : beignets de calamars et tartare de bœuf frites salade. Ce dernier est bon et me rappelle celui mangé avec un de ma connaissance au Bouillon d’Or peu avant mon départ. A la fin de mon repas, je suis toujours le seul client de ce resto qui ne paie pas de mine.
Je n’ai qu’une rue à traverser pour retrouver le Café Kro où je m’installe en terrasse sous un chaud soleil pour un café verre d’eau. Je lis là jusqu’à ce que le vent fasse décoller les cendriers.
*
A Saint-Raph, les courses, c’est à Monoprix. Je passe par la place Coullet désormais embellie par une œuvre artistique suspendue composée de deux cents sphères lumineuses. « Cette structure unique en son genre apporte une touche féerique au cœur de la ville. »
*
A Fréjus, les mêmes toilettes publiques gratuites qu’à Paris. « Le cycle de lavage va commencer. Sortez s’il vous plaît ! »
Ici le jour se lève à sept heures douze. J’achète un pain au chocolat (un euro trente) à la Boulangerie du Soleil. L’aimable commerçante m’indique un café ouvert si tôt, en bord de mer dans la commune voisine et accolée de Fréjus (dont la Mairie est entre les mains du Rassemblement National).
Le Café Kro a vue sur la mer au-delà du rond-point. La serveuse a des origines mais ça ne dit rien sur son vote (elle a fait un ramadan pas trop sévère). L’allongé est à un euro quatre-vingts seulement. Le soleil cherche à poindre. Il n’y réussit qu’à moitié. Hormis moi, deux clientes, dont l’une qui dit à l’autre : « Faut pas se couper les ongles le vendredi, ça c’est une connerie. J’ai regardé sur Gougueule. C’est le samedi qu’il faut pas se couper les ongles. »
De retour à Saint-Raphaël (Saint-Raph pour les intimes), je me charge de documents auprès de la sympathique hôtesse de l’Office du Tourisme puis monte à la Gare Routière qui se cache derrière la Gare Ferroviaire. Je m’y fais établir une carte de bus mensuelle illimitée dans l’agglomération Estérel Côte d’Azur (vingt-huit euros) et une carte de dix voyages en cars Zou ! (quatorze euros soixante-dix).
Ainsi paré, je retourne à Fréjus et m’assois sur un banc au-dessus de la plage des Sablettes, vue sur le large. C’est là que je commence ma relecture des Lettres à Madame Hanska de Balzac par la préface et la biographie de l’écrivain. Jusqu’à ce qu’un petit vent se lève et qu’il soit l’heure de trouver un endroit où déjeuner.
C’est par défaut (car tout est cher ici) que je m’installe à la terrasse du Vach’et Moi « spécialités de viande » pour sa formule à dix-sept euros quatre-vingt-dix : beignets de calamars et tartare de bœuf frites salade. Ce dernier est bon et me rappelle celui mangé avec un de ma connaissance au Bouillon d’Or peu avant mon départ. A la fin de mon repas, je suis toujours le seul client de ce resto qui ne paie pas de mine.
Je n’ai qu’une rue à traverser pour retrouver le Café Kro où je m’installe en terrasse sous un chaud soleil pour un café verre d’eau. Je lis là jusqu’à ce que le vent fasse décoller les cendriers.
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A Saint-Raph, les courses, c’est à Monoprix. Je passe par la place Coullet désormais embellie par une œuvre artistique suspendue composée de deux cents sphères lumineuses. « Cette structure unique en son genre apporte une touche féerique au cœur de la ville. »
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A Fréjus, les mêmes toilettes publiques gratuites qu’à Paris. « Le cycle de lavage va commencer. Sortez s’il vous plaît ! »
2 avril 2025
Le train de six heures douze pour Paris est le mien ce mardi premier avril. Je me tiens les pouces, comme on dit en Suisse, pour qu’il ne lui arrive rien. Mon objectif n’est pas Genève mais Saint-Raphaël.
Tout se passe bien. Peu de monde dans le métro Quatorze. J’ai une heure d’attente Gare de Lyon avant le neuf heures neuf pour Nice. C’est un vieux Tégévé dans lequel montent des tas de grosses valises. Je ne suis pas de ceux qui voyagent chargés et qui finissent par s’engueuler devant le coffre à bagages. Il y a aussi celle qui voyage avec son chien, mais point d’enfançon. Harry, notre chef de bord, y va de sa blague de premier avril : « Tempête de neige annoncée à l’arrivée à Nice ».
Traversée de la France sous un ciel bleu. Pour voisin, un étranger qui don’t speak french. Sandouiches triangles à midi. A Marseille, où l’on stagne dix minutes, quelques nuages bourgeonnent à l’horizon. On repart dans l’autre sens. Une femme crie qu’on lui a volé un sac. Il n’était qu’écrasé sous une valise. Après Toulon, on roule au pas, la faute à un problème de passage à niveau. « Arrivée à Saint-Raphaël Valescure avec un quart d’heure de retard », annonce Harry. Ce dont j’avise celle qui doit m’attendre, l’amie de mon logeur, à cinq minutes à pied de la Gare et du Vieux Port, en lui envoyant un texto bourré de fautes de frappe.
Elle n’est point là quand j’arrive devant l’entrée du petit bâtiment où se trouve mon nouveau logis Air Bibi. « J’arrive dans cinq minutes », m’écrit-elle, mesure du Sud car je l’attends le double. C’est au premier étage, avec vue sur une agence immobilière, un petit appartement un peu vieillot, peu cher à la location.
Mon bagage posé, je rejoins le Vieux Port au bout de ma nouvelle rue. Grande roue et grosse basilique. Sous cette basilique, le triptyque Police Municipale et Nationale, Office de Tourisme, McDonald’s. Je m’assois en terrasse au Yachting, face aux bateaux, mais avec une route à voitures entre eux et moi. Des travaux pré Municipale sont en cours pas bien loin. La serveuse est peu aimable et le café à deux euros dix. Nous sommes sur la Côte. Le ciel est maintenant totalement gris. « Au Japon il pleut », se console un couple de retraités à ma gauche qui a de la famille visitant les cerisiers en fleurs.
*
Devant moi, dans le Tégévé, une sexagénaire accompagnant une quinquagénaire aveugle un peu dérangée qui l’accaparait pendant tout le voyage. J’aurais préféré la fille au chien, ce dernier ne disant pas un mot. Comment fait-elle pour supporter ça ? A l’arrivée, je n’en pouvais plus.
*
Le véritable voyage ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux. C’est signé Marcel Proust et figure sur un marque-page trouvé dans un livre acheté chez Book-Off. Au verso : « Prenez l’air, le temps d’une escapade de printemps ! » C’est ce que je fais. Et les nouveaux yeux, je les ai au sens propre.
Tout se passe bien. Peu de monde dans le métro Quatorze. J’ai une heure d’attente Gare de Lyon avant le neuf heures neuf pour Nice. C’est un vieux Tégévé dans lequel montent des tas de grosses valises. Je ne suis pas de ceux qui voyagent chargés et qui finissent par s’engueuler devant le coffre à bagages. Il y a aussi celle qui voyage avec son chien, mais point d’enfançon. Harry, notre chef de bord, y va de sa blague de premier avril : « Tempête de neige annoncée à l’arrivée à Nice ».
Traversée de la France sous un ciel bleu. Pour voisin, un étranger qui don’t speak french. Sandouiches triangles à midi. A Marseille, où l’on stagne dix minutes, quelques nuages bourgeonnent à l’horizon. On repart dans l’autre sens. Une femme crie qu’on lui a volé un sac. Il n’était qu’écrasé sous une valise. Après Toulon, on roule au pas, la faute à un problème de passage à niveau. « Arrivée à Saint-Raphaël Valescure avec un quart d’heure de retard », annonce Harry. Ce dont j’avise celle qui doit m’attendre, l’amie de mon logeur, à cinq minutes à pied de la Gare et du Vieux Port, en lui envoyant un texto bourré de fautes de frappe.
Elle n’est point là quand j’arrive devant l’entrée du petit bâtiment où se trouve mon nouveau logis Air Bibi. « J’arrive dans cinq minutes », m’écrit-elle, mesure du Sud car je l’attends le double. C’est au premier étage, avec vue sur une agence immobilière, un petit appartement un peu vieillot, peu cher à la location.
Mon bagage posé, je rejoins le Vieux Port au bout de ma nouvelle rue. Grande roue et grosse basilique. Sous cette basilique, le triptyque Police Municipale et Nationale, Office de Tourisme, McDonald’s. Je m’assois en terrasse au Yachting, face aux bateaux, mais avec une route à voitures entre eux et moi. Des travaux pré Municipale sont en cours pas bien loin. La serveuse est peu aimable et le café à deux euros dix. Nous sommes sur la Côte. Le ciel est maintenant totalement gris. « Au Japon il pleut », se console un couple de retraités à ma gauche qui a de la famille visitant les cerisiers en fleurs.
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Devant moi, dans le Tégévé, une sexagénaire accompagnant une quinquagénaire aveugle un peu dérangée qui l’accaparait pendant tout le voyage. J’aurais préféré la fille au chien, ce dernier ne disant pas un mot. Comment fait-elle pour supporter ça ? A l’arrivée, je n’en pouvais plus.
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Le véritable voyage ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux. C’est signé Marcel Proust et figure sur un marque-page trouvé dans un livre acheté chez Book-Off. Au verso : « Prenez l’air, le temps d’une escapade de printemps ! » C’est ce que je fais. Et les nouveaux yeux, je les ai au sens propre.
30 mars 2025
Ma dernière lecture de mars deux mille vingt-cinq au café aura été le lourd livre à couverture rigide publié chez Robert Laffont groupant sous le titre A cinq heures, mon ange les lettres écrites de mil neuf cent quarante-huit à mil neuf cent quatre-vingt-deux par Tennessee Williams à Maria St Just son amie pour la vie et quelques lettres d’icelle à lui (les autres perdues).
J’en garde ces extraits :
Trois août mil neuf cent cinquante et un : J’ai déglingué ma voiture en me rendant à Saint-Tropez, je suis entré dans un arbre à plus de 110 km/h et tout le côté est enfoncé. Depuis, je ne suis plus qu’une épave, bien que je n’aie pas été grièvement blessé dans l’accident. Le choc a été terrible. Ma machine à écrire s’est envolée du siège arrière de la voiture et m’a heurté la tête. Je voudrais que tu voies le coup qu’a pris la boîte de la machine à écrire ! Je n’ai eu, miracle, qu’une légère éraflure au-dessus de la naissance des cheveux.
Cinq février mil neuf cent cinquante-deux : Carson a pris le bateau pour l’Italie avec son mari. Nous nous sommes, au moins pour la forme, réconciliés. Pauvre chérie, j’espère qu’elle sera plus heureuse qu’en Angleterre, bien que je craigne que la « grappa » ne remplace le gin. (Carson McCullers)
Vingt-neuf mars mil neuf cent cinquante-deux : Je crois que je n’entends rien aux gens, à moins que ce que ce ne soit des gens que j’ai moi-même inventés. J’ai cessé de me plaindre du comportement du Cheval. Il a parfaitement le droit de se comporter comme il l’entend et je ne peux pas dire qu’il ait jamais fait délibérément quoi que ce soit pour me faire du mal … (le Cheval, Frank Merlo, son amant et le seul amour de sa vie, qu’il appelle ainsi en raison de sa dentition et qui mourra d’un cancer à quarante et un an)
Dix-neuf décembre mil neuf cent cinquante-deux : Moi, je trouve que tout cela est la barbe et que la plupart des gens possèdent bien plus de choses que ce qu’ils devraient avoir, en tout cas le genre de choses qu’on offre. Noël n’est vraiment pas mon truc ; c’est sans doute parce que mon père passait à la maison et laissait planer une ombre immense que l’arbre de Noël le plus scintillant n’aurait pu dissiper.
Vingt-cinq octobre mil neuf cent cinquante-trois : Je n’arrive pas à comprendre comment Bowles l’a supporté toutes ces années. Cette ville n’a aucune beauté, aucun charme, on dirait Miami Beach jeté au milieu de taudis épouvantables. (Tanger)
Mai mil neuf cent soixante et un : Seul Lewis Carroll, pourrait décrire la vie qu’on mène ici, mais je nage deux fois par jour afin de rester « relax ». Nous avons six chiens dont deux seulement sont propres, ou font sur les journaux. Le perroquet rit comme un fou quand il ne gueule pas comme une vieille fille sudiste qui se fait violer par un nègre. Le Cheval s’endort allongé par terre dans le salon et quand je me lève, à l’aube, la télé est encore allumée et au maximum.
Sept février mil neuf cent soixante et onze : Il m’est arrivé un accident plutôt désagréable il y a une quinzaine de jours. Suis tombé dans un aquarium de plus d’un mètre cinquante de profondeur situé juste au pied dans l’escalier extérieur donnant sur un patio non éclairé. Une côte fêlée. Appelé quatre médecins, aucun n’a répondu. Quelques jours après, des douleurs terribles. Finalement, trouvé un médecin cubain qui m’a radiographié le dos et trouvé la côte fracturée. Je porte pour l’instant un bandage élastique serré et j’ai un peu de fièvre.
Mil neuf cent soixante-douze : Papotons, papotons… Il y a deux jours, un Portoricain assassin a défoncé la porte d’entrée de ma maison de Key West et m’a frappé à plusieurs reprises avec une planche de clous rouillés. Il m’a lacéré la poitrine et les bras et allait porter le coup de grâce au visage quand, par miracle, la police est arrivée – je suis toujours vivant.
Dix novembre mil neuf cent soixante-douze : Ce soir, nous avons accompagné Françoise Sagan qui repartait pour Paris. Elle est plus ravissante que jamais, et entourée de très beaux et jeunes – quel est le mot poli pour le dire ? – déviants, je suppose. L’un d’eux est un jeune Français à vous faire perdre la tête, avec une superbe chevelure, et il y a aussi un jeune « Noir » qui est probablement le plus bel homme que j’aie jamais vu : il a pris mon adresse et mon numéro de téléphone.
Sept juin mil neuf cent soixante-treize : La mort de Jane Bowles a-t-elle jamais été annoncée dans les journaux de Londres ? Quel salaud, ce Paul, d’être resté si longtemps sans l’annoncer ! Je crains que tout ce kif ne l’ait un petit peu déshumanisé.
Sept octobre mil neuf cent soixante-treize : Pour l’instant, je n’ai pas de projets sinon d’aller à la cuisine et de manger une cuisse de poulet froide – la vie est pleine de ces petits plaisirs qui font que nous nous accrochons.
Cinq mars mil neuf cent soixante-seize : On m’a invité à présider le festival du film à Cannes, et il se peut que je revienne sur mon refus de ce curieux honneur qui m’est fait si je ne vois pas venir de meilleur prétexte pour partir en voyage.
Vingt-quatre juillet mil neuf cent soixante-seize : Je suis venu sur la côte avec un des gosses d’Andy Warhol, personne d’autre n’étant disponible dans l’immédiat. C’est un ancien micheton reconverti dans la photographie. J’ai commencé à m’énerver quand il a déclaré que la photographie était le seul art de demain, qu’elle remplacerait toute peinture et toute littérature.
Vingt-huit juillet mil neuf cent soixante-dix-sept : Si je vois que je peux me permettre un nouvel aller retour en Concorde, il se peut que je fasse un petit saut en Angleterre.
*
J’avais lu je ne sais où que Tennessee était mort étouffé par le bouchon d’une bouteille d’alcool débouchée avec ses dents. J’apprends dans ce livre qu’il s’agissait d’un bouchon de collyre. Ouiquipédia opte pour un « bouchon d'un vaporisateur nasal ».
J’en garde ces extraits :
Trois août mil neuf cent cinquante et un : J’ai déglingué ma voiture en me rendant à Saint-Tropez, je suis entré dans un arbre à plus de 110 km/h et tout le côté est enfoncé. Depuis, je ne suis plus qu’une épave, bien que je n’aie pas été grièvement blessé dans l’accident. Le choc a été terrible. Ma machine à écrire s’est envolée du siège arrière de la voiture et m’a heurté la tête. Je voudrais que tu voies le coup qu’a pris la boîte de la machine à écrire ! Je n’ai eu, miracle, qu’une légère éraflure au-dessus de la naissance des cheveux.
Cinq février mil neuf cent cinquante-deux : Carson a pris le bateau pour l’Italie avec son mari. Nous nous sommes, au moins pour la forme, réconciliés. Pauvre chérie, j’espère qu’elle sera plus heureuse qu’en Angleterre, bien que je craigne que la « grappa » ne remplace le gin. (Carson McCullers)
Vingt-neuf mars mil neuf cent cinquante-deux : Je crois que je n’entends rien aux gens, à moins que ce que ce ne soit des gens que j’ai moi-même inventés. J’ai cessé de me plaindre du comportement du Cheval. Il a parfaitement le droit de se comporter comme il l’entend et je ne peux pas dire qu’il ait jamais fait délibérément quoi que ce soit pour me faire du mal … (le Cheval, Frank Merlo, son amant et le seul amour de sa vie, qu’il appelle ainsi en raison de sa dentition et qui mourra d’un cancer à quarante et un an)
Dix-neuf décembre mil neuf cent cinquante-deux : Moi, je trouve que tout cela est la barbe et que la plupart des gens possèdent bien plus de choses que ce qu’ils devraient avoir, en tout cas le genre de choses qu’on offre. Noël n’est vraiment pas mon truc ; c’est sans doute parce que mon père passait à la maison et laissait planer une ombre immense que l’arbre de Noël le plus scintillant n’aurait pu dissiper.
Vingt-cinq octobre mil neuf cent cinquante-trois : Je n’arrive pas à comprendre comment Bowles l’a supporté toutes ces années. Cette ville n’a aucune beauté, aucun charme, on dirait Miami Beach jeté au milieu de taudis épouvantables. (Tanger)
Mai mil neuf cent soixante et un : Seul Lewis Carroll, pourrait décrire la vie qu’on mène ici, mais je nage deux fois par jour afin de rester « relax ». Nous avons six chiens dont deux seulement sont propres, ou font sur les journaux. Le perroquet rit comme un fou quand il ne gueule pas comme une vieille fille sudiste qui se fait violer par un nègre. Le Cheval s’endort allongé par terre dans le salon et quand je me lève, à l’aube, la télé est encore allumée et au maximum.
Sept février mil neuf cent soixante et onze : Il m’est arrivé un accident plutôt désagréable il y a une quinzaine de jours. Suis tombé dans un aquarium de plus d’un mètre cinquante de profondeur situé juste au pied dans l’escalier extérieur donnant sur un patio non éclairé. Une côte fêlée. Appelé quatre médecins, aucun n’a répondu. Quelques jours après, des douleurs terribles. Finalement, trouvé un médecin cubain qui m’a radiographié le dos et trouvé la côte fracturée. Je porte pour l’instant un bandage élastique serré et j’ai un peu de fièvre.
Mil neuf cent soixante-douze : Papotons, papotons… Il y a deux jours, un Portoricain assassin a défoncé la porte d’entrée de ma maison de Key West et m’a frappé à plusieurs reprises avec une planche de clous rouillés. Il m’a lacéré la poitrine et les bras et allait porter le coup de grâce au visage quand, par miracle, la police est arrivée – je suis toujours vivant.
Dix novembre mil neuf cent soixante-douze : Ce soir, nous avons accompagné Françoise Sagan qui repartait pour Paris. Elle est plus ravissante que jamais, et entourée de très beaux et jeunes – quel est le mot poli pour le dire ? – déviants, je suppose. L’un d’eux est un jeune Français à vous faire perdre la tête, avec une superbe chevelure, et il y a aussi un jeune « Noir » qui est probablement le plus bel homme que j’aie jamais vu : il a pris mon adresse et mon numéro de téléphone.
Sept juin mil neuf cent soixante-treize : La mort de Jane Bowles a-t-elle jamais été annoncée dans les journaux de Londres ? Quel salaud, ce Paul, d’être resté si longtemps sans l’annoncer ! Je crains que tout ce kif ne l’ait un petit peu déshumanisé.
Sept octobre mil neuf cent soixante-treize : Pour l’instant, je n’ai pas de projets sinon d’aller à la cuisine et de manger une cuisse de poulet froide – la vie est pleine de ces petits plaisirs qui font que nous nous accrochons.
Cinq mars mil neuf cent soixante-seize : On m’a invité à présider le festival du film à Cannes, et il se peut que je revienne sur mon refus de ce curieux honneur qui m’est fait si je ne vois pas venir de meilleur prétexte pour partir en voyage.
Vingt-quatre juillet mil neuf cent soixante-seize : Je suis venu sur la côte avec un des gosses d’Andy Warhol, personne d’autre n’étant disponible dans l’immédiat. C’est un ancien micheton reconverti dans la photographie. J’ai commencé à m’énerver quand il a déclaré que la photographie était le seul art de demain, qu’elle remplacerait toute peinture et toute littérature.
Vingt-huit juillet mil neuf cent soixante-dix-sept : Si je vois que je peux me permettre un nouvel aller retour en Concorde, il se peut que je fasse un petit saut en Angleterre.
*
J’avais lu je ne sais où que Tennessee était mort étouffé par le bouchon d’une bouteille d’alcool débouchée avec ses dents. J’apprends dans ce livre qu’il s’agissait d’un bouchon de collyre. Ouiquipédia opte pour un « bouchon d'un vaporisateur nasal ».
27 mars 2025
Encore un trajet à l’étage ce mercredi dans le train de sept heures vingt-deux. Le ciel est gris tandis que je lis Berlin deux temps trois mouvements de Christian Prigent. Je n’aime pas sa manière d’écrire (ne parlons pas ici de style).
Deux minutes après que j’y suis assis, le bus Vingt-Neuf se glisse difficilement dans la circulation. Aux travaux de la rue du Quatre Septembre succède une fin d’incendie rue Etienne Marcel. Trois camions de pompiers, des tuyaux et des plots. Le bus emporte un de ces plots. Un pompier se glisse sous le véhicule pour le récupérer. Nouvel embouteillage boulevard Beaumarchais dont les murs portent les stigmates de la manifestation antiraciste de samedi dernier. C’est quasiment bloqué autour de la Bastille. Le chauffeur prend l’initiative d’ouvrir la porte avant la station. J’en profite pour m’échapper.
Au Marché d’Aligre, Émile et Amin ont remplacé les livres par des frusques et des bibelots (d’inanité sonore). Je rejoins Mona Lisait pour l’ouverture, pose mon sac, monte à l’étage. M’attend là au prix de cinq euros, richement illustré, Avant les autruches, après les iguanes…, les lettres de René Auberjonois à Gustave Roud, un beau livre carré publié aux Editions Payot Lausanne.
« Le coup de théâtre », c’est la une du Parisien que je feuillette au Camélia où je prends un café. Il s’agit de l’affaire dite du petit Emile, qui m’intéresse plus qu’il est raisonnable. « Au Haut Vernet, personne n’est surpris ». Des ouvriers me coudoient au comptoir. N’est assise que la femme qui désinfecte sa table avec des lingettes.
Je passe au Crédit à Bricoles voir si Free m’a prélevé (oui) puis direction le Book-Off de Ledru-Rollin. J’y remets dans le droit chemin deux collégiennes à qui une employée a dit de chercher Caligula de Camus au rayon Romans. Pas de chance pour elles, il n’est pas au rayon Théâtre.
Je ressors de là avec une provision de livres au format de poche à un euro : Journal d’un étranger à Paris de Curzio Malaparte (La Petite Vermillon), La Paix d’Ernst Jünger (La Petite Vermillon), Ce que chaque jour fait de veuves d’Ivan Cassagnau (Phébus Libretto), Le Jour de ma mère de Joël Schmidt (Editions du Rocher), Histoire de la pudeur de Jean-Claude Bologne (Hachette Littératures), L’Art des putains de Nicolás Fernández de Moratín (Editions Dilecta) et En flagrant délire de John Lennon, « tentative désespérée de traduction par Christiane Rochefort et Rachel Mizrahi » (Pavillon Poche Robert Laffont).
A midi moins cinq, je prends place au Rallye, filet de hareng pommes à l’huile, hachis Parmentier au confit de canard et café pour quatorze euros cinquante.
En métro je rejoins la rue Saint-Martin. Au sous-sol du Book-Off m’énervent celles et ceux qui se collent près de moi devant les rayonnages et celles et ceux qui me bousculent dans les allées et ne demandent pardon qu’après. Je remonte sans avoir frappé quiconque avec quatre livres à un euro : L’Ouverture de la chasse de Dominique de Roux (Editions de Rocher), Instantanés de Roger Grenier (Gallimard), La p’tite Dédée ou l’amour en dessins de Jeanine Warnod (autoédité) et Le train de 5 h 30 de Gabrielle Ciam (Arléa), ce dernier parce qu’ouvert page vingt-sept sur Elle aime caresser les hommes. Elle aime les branler. Ce simple mot déclenche en elle des images qui la font chavirer.
C’est l’heure d’une percée du soleil. Je m’assois à l’une des tables qui en sont baignées au Café Vigouroux, un café à deux euros soixante, un verre d’eau et un œil sur les filles qui sortent de la bouche de métro Saint-Opportune. Arrivées en haut des marches, beaucoup consultent leur smartphone pour savoir où aller. L’une regarde son écran, pousse un cri, pose la main sur la bouche et redescend en courant. Passe un sans-abri porteur d’une petite plante en pot fleurie. Sur une affiche du kiosque, sous la statue de Sainte Opportune, Métal Hurlant annonce ses cinquante ans. Dire que je l’ai vu naître !
Mon train de retour est le seize heures quarante. Comme toujours je voyage dans la voiture Cinq à emplacements libres. Devant moi, outre couloir, une femme et sa fille à chignon serré dans un filet. Cette enfant porte un souite noir où est écrit en blanc Ecole du Ballet de Paris Stanlowa. A ses pieds déchaussés, des pansements rappellent que la danse n’est pas une partie de plaisir. En deux temps trois mouvements, j’achève le livre de Christian Prigent. Sur l’écran de ce train Nomad Krono Plus : « Je suis serein. J’ai déjà mon billet de train ». C’est faire peu de cas des problèmes récurrents durant le trajet entre Paris et Rouen mais ce mercredi tout se passe bien.
*
Un envoi de l’auteur en page de garde du Jour de ma mère : « A Janine et à Léon, Le Jour de ma mère où le terrible pouvoir des interdits au sein des familles. Je vous embrasse. Joël ».
Deux minutes après que j’y suis assis, le bus Vingt-Neuf se glisse difficilement dans la circulation. Aux travaux de la rue du Quatre Septembre succède une fin d’incendie rue Etienne Marcel. Trois camions de pompiers, des tuyaux et des plots. Le bus emporte un de ces plots. Un pompier se glisse sous le véhicule pour le récupérer. Nouvel embouteillage boulevard Beaumarchais dont les murs portent les stigmates de la manifestation antiraciste de samedi dernier. C’est quasiment bloqué autour de la Bastille. Le chauffeur prend l’initiative d’ouvrir la porte avant la station. J’en profite pour m’échapper.
Au Marché d’Aligre, Émile et Amin ont remplacé les livres par des frusques et des bibelots (d’inanité sonore). Je rejoins Mona Lisait pour l’ouverture, pose mon sac, monte à l’étage. M’attend là au prix de cinq euros, richement illustré, Avant les autruches, après les iguanes…, les lettres de René Auberjonois à Gustave Roud, un beau livre carré publié aux Editions Payot Lausanne.
« Le coup de théâtre », c’est la une du Parisien que je feuillette au Camélia où je prends un café. Il s’agit de l’affaire dite du petit Emile, qui m’intéresse plus qu’il est raisonnable. « Au Haut Vernet, personne n’est surpris ». Des ouvriers me coudoient au comptoir. N’est assise que la femme qui désinfecte sa table avec des lingettes.
Je passe au Crédit à Bricoles voir si Free m’a prélevé (oui) puis direction le Book-Off de Ledru-Rollin. J’y remets dans le droit chemin deux collégiennes à qui une employée a dit de chercher Caligula de Camus au rayon Romans. Pas de chance pour elles, il n’est pas au rayon Théâtre.
Je ressors de là avec une provision de livres au format de poche à un euro : Journal d’un étranger à Paris de Curzio Malaparte (La Petite Vermillon), La Paix d’Ernst Jünger (La Petite Vermillon), Ce que chaque jour fait de veuves d’Ivan Cassagnau (Phébus Libretto), Le Jour de ma mère de Joël Schmidt (Editions du Rocher), Histoire de la pudeur de Jean-Claude Bologne (Hachette Littératures), L’Art des putains de Nicolás Fernández de Moratín (Editions Dilecta) et En flagrant délire de John Lennon, « tentative désespérée de traduction par Christiane Rochefort et Rachel Mizrahi » (Pavillon Poche Robert Laffont).
A midi moins cinq, je prends place au Rallye, filet de hareng pommes à l’huile, hachis Parmentier au confit de canard et café pour quatorze euros cinquante.
En métro je rejoins la rue Saint-Martin. Au sous-sol du Book-Off m’énervent celles et ceux qui se collent près de moi devant les rayonnages et celles et ceux qui me bousculent dans les allées et ne demandent pardon qu’après. Je remonte sans avoir frappé quiconque avec quatre livres à un euro : L’Ouverture de la chasse de Dominique de Roux (Editions de Rocher), Instantanés de Roger Grenier (Gallimard), La p’tite Dédée ou l’amour en dessins de Jeanine Warnod (autoédité) et Le train de 5 h 30 de Gabrielle Ciam (Arléa), ce dernier parce qu’ouvert page vingt-sept sur Elle aime caresser les hommes. Elle aime les branler. Ce simple mot déclenche en elle des images qui la font chavirer.
C’est l’heure d’une percée du soleil. Je m’assois à l’une des tables qui en sont baignées au Café Vigouroux, un café à deux euros soixante, un verre d’eau et un œil sur les filles qui sortent de la bouche de métro Saint-Opportune. Arrivées en haut des marches, beaucoup consultent leur smartphone pour savoir où aller. L’une regarde son écran, pousse un cri, pose la main sur la bouche et redescend en courant. Passe un sans-abri porteur d’une petite plante en pot fleurie. Sur une affiche du kiosque, sous la statue de Sainte Opportune, Métal Hurlant annonce ses cinquante ans. Dire que je l’ai vu naître !
Mon train de retour est le seize heures quarante. Comme toujours je voyage dans la voiture Cinq à emplacements libres. Devant moi, outre couloir, une femme et sa fille à chignon serré dans un filet. Cette enfant porte un souite noir où est écrit en blanc Ecole du Ballet de Paris Stanlowa. A ses pieds déchaussés, des pansements rappellent que la danse n’est pas une partie de plaisir. En deux temps trois mouvements, j’achève le livre de Christian Prigent. Sur l’écran de ce train Nomad Krono Plus : « Je suis serein. J’ai déjà mon billet de train ». C’est faire peu de cas des problèmes récurrents durant le trajet entre Paris et Rouen mais ce mercredi tout se passe bien.
*
Un envoi de l’auteur en page de garde du Jour de ma mère : « A Janine et à Léon, Le Jour de ma mère où le terrible pouvoir des interdits au sein des familles. Je vous embrasse. Joël ».
24 mars 2025
Comme ma carte bancaire arrive à échéance à la fin du mois de mars, Free Mobile m’invite à renouveler mon mode de paiement sur son site. Cette fois, j’ai le choix entre enregistrer ma nouvelle carte bancaire ou payer par prélèvement automatique. Je choisis la seconde solution, me disant que c’est plus pratique.
C’est là que commencent les ennuis. Au cours de la procédure un message illustré d’un chat noir apparaît : « Il semblerait qu’il y ait un problème. Retour à l’accueil ». Je recommence. C’est la même chose. J’essaie avec mon smartphone. C’est la même chose.
L’assistance téléphonique de Free annonce une attente de quarante-cinq minutes. Je prends donc contact par écrit aves le « service des conseillers de proximité ».
Nous sommes le treize mars. « Bonjour, vous me demandez de signer dès maintenant mon mandat de prélèvement SEPA mais quand je veux le faire j'ai un message d'erreur avec le dessin d'un chat qui me demande de retourner à l’accueil. Je suis bloqué. Que pouvez-vous faire pour moi? Cordialement. » Une heure plus tard, Numéro Un me demande si j’ai la possibilité de faire cette opération depuis un autre appareil. Je lui dis que c’est pareil avec mon téléphone. « Pourriez-vous dans ce cas réessayer depuis votre ordinateur portable mais en navigation privée ? » Même problème. « Dans ce cas, je vous invite à réessayer demain, il est possible que le site soit en maintenance. Bonne soirée. »
Le lendemain quatorze mars au matin, je réitère. « Bonjour, c'est toujours la même chose que ce soit avec mon ordi ou mon téléphone quand je veux, comme il m'est demandé, signer mon mandat de prélèvement SEPA j'obtiens le message "Il semblerait qu'il y ait un problème Retour à la page d'accueil" avec un dessin de chat. Le problème vient donc de Free. J'ai besoin qu'il soit réglé, car sinon que se passera-t-il quand vous voudrez prélever mon abonnement? Je vous remercie de faire le nécessaire. Cordialement. » Numéro Deux me demande de me reconnecter avec Chrome sur mon Espace Abonné Mobile puis de lui 'envoyer une photo du message d'erreur afin qu’elle puisse faire une remontée. Je n’ai pas Chrome. « Il faut que vous utilisiez le navigateur Chrome, car les autres moteurs de recherche ne sont pas forcément compatibles avec la signature du mandat SEPA. Je vous laisse réessayer pour voir si cela fonctionne ! » Je télécharge Chrome et obtiens le même message d’erreur. « D'accord je vous remercie. Désormais, pouvez-vous m'envoyer une photo de votre écran sur Chrome et sur ordinateur montrant le problème de signature ? Afin de pouvoir faire la remontée interne, j'ai besoin de cette photo, je suis désolée. » La photo refuse de se laisser télécharger sur la page de Free. J’en informe Numéro Deux. « J'ai fait la photo mais elle n’apparaît pas quand je la télécharge dans cet endroit. Vraiment je n'en peux plus. Cela fait deux jours que je passe à perdre ma journée à cause d'un bug de Free. C'est à vous de le régler. Ou alors de me donner un autre moyen de régler mon abonnement, comme avant avec ma carte bancaire. Je me suis laissé séduire par la proposition de prélèvement automatique et c'est le bazar total. J'ai eu tort. Peut-être tort aussi de m’abonner à Free. Je vais faire un tour avant de devenir dingue. »
Le quatorze après-midi, un peu calmé, je réussis à faire passer la photo. Je recontacte le « service des conseillers de proximité » et fais connaissance avec Numéro Trois. « Ma collègue est partie en pause déjeuner, je reprends le traitement de votre dossier, que j'ai bien consulté en amont. Je vous remercie pour la photo. Nous allons pouvoir effectuer une remontée en interne concernant ce problème. Dès que nous avons un retour, nous reviendrons vers vous au plus vite. Je suis navrée, soyez rassuré, je comprends... Nous sommes là pour vous aider, nous sommes une petite équipe sur Rouen et nous suivons votre dossier de près. Ma collègue m'a bien expliqué le problème que vous rencontrez. Je reste disponible. » Je la remercie. « J'aimerais que ce problème soit résolu dans les meilleurs délais car je ne veux pas me retrouver dans l’impossibilité de payer mon abonnement et me retrouver sanctionné ou carrément le téléphone coupé. Si ce paiement par prélèvement automatique s’avère impossible, comment puis-je faire pour régler avec ma nouvelle carte bancaire? Si je vais sur changement de moyen de paiement on ne me propose plus que le prélèvement. » « Je comprends, bien sûr, me répond-elle, vous pourrez régler votre facture directement en boutique Free sur place. Je reste disponible. »
Le dix-sept mars, n’ayant pas de nouvelles de la « remontée », je retrouve le « service des conseillers de proximité ». « Bonjour La situation est toujours la même et aucun retour de votre part. Je vous demande instamment de régler le problème du bug qui empêche de finaliser le paiement par prélèvement automatique ou bien de me donner la possibilité de payer mon abonnement avec ma nouvelle carte bancaire. Votre proposition de payer en me rendant à la boutique Free ne me convient pas du tout, il y a toujours une attente pas possible (de plus certains mois je suis loin de chez moi et loin d'une boutique Free). Dans l’attente que quelqu’un se penche sérieusement sur le problème. Cordialement. » Numéro Quatre me répond : « Bonjour, Vous êtes quelques abonnés avec ce problème de validation du SEPA. Ma collègue a fait une remontée pour votre cas et on est en attente d'une réponse. En attendant, n'hésitez pas à refaire la validation depuis un autre appareil. Nous reviendrons vers vous dès qu'on aura un retour. Cordialement. » A qui je réponds : « J’ai tenté de faire la validation avec mon ordi et avec mon téléphone, c'est le même échec. Espérons qu'il y ait chez Free, quelqu’un qui sache traiter ce bug. J'attends donc votre retour. Bonne soirée. » « Pas de souci, dès qu'on a un retour, je reviens vers vous. Bonne soirée. »
Le vingt mars, de retour encore point, aussi vers dix heures je pousse la porte de la boutique Free de la rue de la Jeanne. Je n’ai pas trop à attendre avant le mécanique « Bonjour, en quoi puis-je vous être utile ? » accompagné du sourire non moins mécanique. Celle qui s’occupe de mon cas m’assure qu’on va arranger ça et refais avec moi la manip sur mon smartphone. Résultat : le chat noir et son message idiot. Elle me dit qu’elle va contourner ça en enregistrant ma carte bancaire pour que je puisse payer avec. Après divers bidouillages de sa part, je tape les chiffres d’icelle. Las, on ne peut finaliser car je n’ai pas sur ce téléphone d’application bancaire. Le sourire disparait. « Si vous n’avez pas l’appli je ne peux rien faire pour vous, au revoir monsieur Perdrial ».
Rentré, je demande de l’aide à un groupe Effe Bé d’utilisateurs de Free Mobile. « Essayez avec un ordinateur à jour et protégé », me conseille-t-on. L’après-midi j’envoie un message à l’un de ma connaissance en qui j’ai confiance et je lui demande s’il peut faire les manips pour moi à distance sur son ordi. Il est dans le train, rendez-vous est pris pour le lendemain.
Le vingt et un mars, on se retrouve vers dix heures et quart sur Messenger, je lui envoie mes codes secrets et bingo ça marche ! Mon prélèvement du vingt-cinq mars devrait être effectué sans problème. Ce samedi matin, au Rocher de Cancale, j’offre un café et un livre à mon sauveur.
*
Ce que je constate après coup, c’est que j’avais la solution dès la première réponse du « service des conseillers de proximité » mais comme le blocage était le même avec mon smartphone, j’ai cru à un problème chez Free. D’autant qu’ensuite ce « service des conseillers de proximité » a embrouillé de plus en plus l’affaire.
*
Mon conseil à Free Mobile : au lieu du message abscons du chat noir « Il semblerait qu’il y ait un problème. Retour à l’accueil », afficher : « Votre ordinateur n’est pas en mesure de poursuivre l’opération, essayez avec un autre. »
*
Dans ses publicités télévisées Free se moque d’un concurrent fictif nommé Reef dont toutes des opérations sont foireuses. Il devrait balayer devant sa porte (comme on dit).
C’est là que commencent les ennuis. Au cours de la procédure un message illustré d’un chat noir apparaît : « Il semblerait qu’il y ait un problème. Retour à l’accueil ». Je recommence. C’est la même chose. J’essaie avec mon smartphone. C’est la même chose.
L’assistance téléphonique de Free annonce une attente de quarante-cinq minutes. Je prends donc contact par écrit aves le « service des conseillers de proximité ».
Nous sommes le treize mars. « Bonjour, vous me demandez de signer dès maintenant mon mandat de prélèvement SEPA mais quand je veux le faire j'ai un message d'erreur avec le dessin d'un chat qui me demande de retourner à l’accueil. Je suis bloqué. Que pouvez-vous faire pour moi? Cordialement. » Une heure plus tard, Numéro Un me demande si j’ai la possibilité de faire cette opération depuis un autre appareil. Je lui dis que c’est pareil avec mon téléphone. « Pourriez-vous dans ce cas réessayer depuis votre ordinateur portable mais en navigation privée ? » Même problème. « Dans ce cas, je vous invite à réessayer demain, il est possible que le site soit en maintenance. Bonne soirée. »
Le lendemain quatorze mars au matin, je réitère. « Bonjour, c'est toujours la même chose que ce soit avec mon ordi ou mon téléphone quand je veux, comme il m'est demandé, signer mon mandat de prélèvement SEPA j'obtiens le message "Il semblerait qu'il y ait un problème Retour à la page d'accueil" avec un dessin de chat. Le problème vient donc de Free. J'ai besoin qu'il soit réglé, car sinon que se passera-t-il quand vous voudrez prélever mon abonnement? Je vous remercie de faire le nécessaire. Cordialement. » Numéro Deux me demande de me reconnecter avec Chrome sur mon Espace Abonné Mobile puis de lui 'envoyer une photo du message d'erreur afin qu’elle puisse faire une remontée. Je n’ai pas Chrome. « Il faut que vous utilisiez le navigateur Chrome, car les autres moteurs de recherche ne sont pas forcément compatibles avec la signature du mandat SEPA. Je vous laisse réessayer pour voir si cela fonctionne ! » Je télécharge Chrome et obtiens le même message d’erreur. « D'accord je vous remercie. Désormais, pouvez-vous m'envoyer une photo de votre écran sur Chrome et sur ordinateur montrant le problème de signature ? Afin de pouvoir faire la remontée interne, j'ai besoin de cette photo, je suis désolée. » La photo refuse de se laisser télécharger sur la page de Free. J’en informe Numéro Deux. « J'ai fait la photo mais elle n’apparaît pas quand je la télécharge dans cet endroit. Vraiment je n'en peux plus. Cela fait deux jours que je passe à perdre ma journée à cause d'un bug de Free. C'est à vous de le régler. Ou alors de me donner un autre moyen de régler mon abonnement, comme avant avec ma carte bancaire. Je me suis laissé séduire par la proposition de prélèvement automatique et c'est le bazar total. J'ai eu tort. Peut-être tort aussi de m’abonner à Free. Je vais faire un tour avant de devenir dingue. »
Le quatorze après-midi, un peu calmé, je réussis à faire passer la photo. Je recontacte le « service des conseillers de proximité » et fais connaissance avec Numéro Trois. « Ma collègue est partie en pause déjeuner, je reprends le traitement de votre dossier, que j'ai bien consulté en amont. Je vous remercie pour la photo. Nous allons pouvoir effectuer une remontée en interne concernant ce problème. Dès que nous avons un retour, nous reviendrons vers vous au plus vite. Je suis navrée, soyez rassuré, je comprends... Nous sommes là pour vous aider, nous sommes une petite équipe sur Rouen et nous suivons votre dossier de près. Ma collègue m'a bien expliqué le problème que vous rencontrez. Je reste disponible. » Je la remercie. « J'aimerais que ce problème soit résolu dans les meilleurs délais car je ne veux pas me retrouver dans l’impossibilité de payer mon abonnement et me retrouver sanctionné ou carrément le téléphone coupé. Si ce paiement par prélèvement automatique s’avère impossible, comment puis-je faire pour régler avec ma nouvelle carte bancaire? Si je vais sur changement de moyen de paiement on ne me propose plus que le prélèvement. » « Je comprends, bien sûr, me répond-elle, vous pourrez régler votre facture directement en boutique Free sur place. Je reste disponible. »
Le dix-sept mars, n’ayant pas de nouvelles de la « remontée », je retrouve le « service des conseillers de proximité ». « Bonjour La situation est toujours la même et aucun retour de votre part. Je vous demande instamment de régler le problème du bug qui empêche de finaliser le paiement par prélèvement automatique ou bien de me donner la possibilité de payer mon abonnement avec ma nouvelle carte bancaire. Votre proposition de payer en me rendant à la boutique Free ne me convient pas du tout, il y a toujours une attente pas possible (de plus certains mois je suis loin de chez moi et loin d'une boutique Free). Dans l’attente que quelqu’un se penche sérieusement sur le problème. Cordialement. » Numéro Quatre me répond : « Bonjour, Vous êtes quelques abonnés avec ce problème de validation du SEPA. Ma collègue a fait une remontée pour votre cas et on est en attente d'une réponse. En attendant, n'hésitez pas à refaire la validation depuis un autre appareil. Nous reviendrons vers vous dès qu'on aura un retour. Cordialement. » A qui je réponds : « J’ai tenté de faire la validation avec mon ordi et avec mon téléphone, c'est le même échec. Espérons qu'il y ait chez Free, quelqu’un qui sache traiter ce bug. J'attends donc votre retour. Bonne soirée. » « Pas de souci, dès qu'on a un retour, je reviens vers vous. Bonne soirée. »
Le vingt mars, de retour encore point, aussi vers dix heures je pousse la porte de la boutique Free de la rue de la Jeanne. Je n’ai pas trop à attendre avant le mécanique « Bonjour, en quoi puis-je vous être utile ? » accompagné du sourire non moins mécanique. Celle qui s’occupe de mon cas m’assure qu’on va arranger ça et refais avec moi la manip sur mon smartphone. Résultat : le chat noir et son message idiot. Elle me dit qu’elle va contourner ça en enregistrant ma carte bancaire pour que je puisse payer avec. Après divers bidouillages de sa part, je tape les chiffres d’icelle. Las, on ne peut finaliser car je n’ai pas sur ce téléphone d’application bancaire. Le sourire disparait. « Si vous n’avez pas l’appli je ne peux rien faire pour vous, au revoir monsieur Perdrial ».
Rentré, je demande de l’aide à un groupe Effe Bé d’utilisateurs de Free Mobile. « Essayez avec un ordinateur à jour et protégé », me conseille-t-on. L’après-midi j’envoie un message à l’un de ma connaissance en qui j’ai confiance et je lui demande s’il peut faire les manips pour moi à distance sur son ordi. Il est dans le train, rendez-vous est pris pour le lendemain.
Le vingt et un mars, on se retrouve vers dix heures et quart sur Messenger, je lui envoie mes codes secrets et bingo ça marche ! Mon prélèvement du vingt-cinq mars devrait être effectué sans problème. Ce samedi matin, au Rocher de Cancale, j’offre un café et un livre à mon sauveur.
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Ce que je constate après coup, c’est que j’avais la solution dès la première réponse du « service des conseillers de proximité » mais comme le blocage était le même avec mon smartphone, j’ai cru à un problème chez Free. D’autant qu’ensuite ce « service des conseillers de proximité » a embrouillé de plus en plus l’affaire.
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Mon conseil à Free Mobile : au lieu du message abscons du chat noir « Il semblerait qu’il y ait un problème. Retour à l’accueil », afficher : « Votre ordinateur n’est pas en mesure de poursuivre l’opération, essayez avec un autre. »
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Dans ses publicités télévisées Free se moque d’un concurrent fictif nommé Reef dont toutes des opérations sont foireuses. Il devrait balayer devant sa porte (comme on dit).
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