Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Quatre expositions au Centre Pompidou

7 juillet 2018


Sorti de chez New New, j’entre au Centre Pompidou et grimpe au Niveau Six par la chenille surchauffée afin de voir l’exposition UAM : une aventure moderne. L’Union des Artistes Modernes a prospéré de mil neuf cent vingt-neuf aux années cinquante. C’est l’équivalent français des Bauhaus et De Stijl mais son nom n’a pas été favorable à sa notoriété. J’ignorais son existence jusqu’à ce jour. Je fais le tour des projets et réalisations : architecture, décoration, graphisme, reliure, bijouterie, peinture, sculpture, sans éprouver le désir d’approfondir mes connaissances.
Je descends au niveau Cinq et me met à la recherche de l’exposition qui m’a conduit ici Jean-Jacques Lebel, l’outrepasseur, demandant où au premier gardien que je vois, un jeune homme qui veille sur trois grands Miró.
-Nous on n’est pas là pour ça, me répond-il, on est là pour surveiller. Allez voir à l’information là-bas.
Jamais encore un gardien de musée ne m’avait fait une telle réponse. A l’information, il n’y a personne.
-Elle doit être partie en pause, me dit une autre gardienne, mais je peux peut-être vous renseigner.
L’expo Lebel est au niveau Quatre. Elle n’en revient pas quand je lui dis ce que m’a répondu son collègue. Je vais revoir celui-ci et lui apprend qu’il n’y a personne à l’information mais que j’ai trouvé une gardienne plus correcte que lui.
Peut-être est-ce la proximité des multiples évocations de Mai Soixante-Huit liées au cinquantenaire, mais ce que je vois du Lebel de cette époque, ses peintures, ses happenings, son activisme politique, me mène vite à saturation. Cinq minutes après être arrivé, je ressors.
Dans les salles en face est montrée une exposition intitulée Acquisitions récentes du cabinet d’art graphique. J’en fais le tour. Il y a là de grands noms : Kandinsky, Klee, Appel, Jorn, Giacometti, de Staël, Picabia, mais il s’agit de dations et donc d’œuvres de catégorie secondaire.
Pour finir, je descends au niveau Moins Un afin de voir les photos de Sabine Weiss, période mil neuf cent quarante-cinq/mil neuf cent soixante, groupées sous le titre Les villes, la rue, l’autre. Les villes sont Paris, New York et Moscou. Ces images en noir et blanc du temps de ma naissance et de ma toute petite enfance sont ce qui m’intéresse le plus dans cette visite au Centre Pompidou.
Sorti de là, je vais voir ce que l’on montre dans les présentoirs de rue de la bouquinerie Gilda et pour un euro cinquante achète La France contre les robots de Georges Bernanos (Le Castor Astral).
Gare Saint-Lazare, une jeune soldate de l’opération Sentinelle attire tous les regards. Jolie et frêle, suivie de trois soldats, elle arpente la salle des pas perdus l’œil déterminé, prête à utiliser son fusil-mitrailleur.
Le train de dix-sept heures quarante-huit est à l’heure mais c’est la bétaillère dont on ne peut plus descendre la majorité des vitres, une étuve dont je sors transpirant à l’arrivée à Rouen.
                                                      *
Un homme à un autre, rue du Quatre-Septembre :
-A Bordeaux, nous on n’a pas ça. Ça me choque, moi, des fois.
Ça, ce sont des mendiants, père, mère et enfants en bas âge, assis sur le trottoir en plein soleil
                                                      *
Une femme à une autre, dans le Book-Off de Quatre-Septembre :
-Qu’est-ce que tu as lu comme livres qui t’ont fait du bien ?
-Je ne lis pas des livres comme ça.
                                                     *
Une vieille femme à une autre plus jeune au café La Ville d’Argentan :
-Est-ce que tu peux faire une prière pour moi, pour que mon ascenseur refonctionne.
                                                     *
Ce vendredi un mail du Centre Pompidou pour me demander comment s’est passé ma visite. Il ne pouvait pas mieux tomber (comme on dit).