Le Journal de Michel Perdrial

Le Journal de Michel Perdrial




Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

4 mars 2024


« Le ciel est-il enfin en train de se dégager au-dessus de la Garancière ? », se demande La Dépêche de Louviers.
« Depuis de longues années, la résidence située à l’angle de la rue Septentrion et de la rue du Pas des Heures à Val-de-Reuil est confrontée à de sérieux soucis d’entretiens. La raison ? Construite en 1977, « la copropriété a connu des difficultés de fonctionnement en particulier pour recouvrer les charges de copropriété auprès de certains copropriétaires qui ne les payaient pas », a rappelé l’adjoint au maire en charge des finances à la ville de Val-de-Reuil, Jean-Jacques Coquelet, lors du dernier conseil municipal. »
« Conséquences : l’état de la résidence s’est dégradé au fil des années. Infiltrations d’eau, pannes d’ascenseur, parties communes dégradées… les habitants ne comptent plus les déboires. »
« Mis à l’écart des plans de renouvellement urbain en raison de son caractère privé, l’immeuble apparaît aujourd’hui « comme une verrue au milieu du quartier », observe Jean-Jacques Coquelet »
« Le syndicat de copropriété est accompagné depuis 2019 par Citémétrie, un bureau d’études et de conseil indépendant. (…) « La grosse partie du dossier a concerné le redressement de la partie impayée », précise Mégane Barnavon, responsable de l’antenne Normandie de Citémétrie. »
« Le plan de sauvegarde a été prolongé jusqu’en 2026 avec l’ambition de démarrer de nouveaux travaux avant la fin de l’année pour rénover la résidence « du sol au plafond ». »
« Le chantier devrait durer entre douze et dix-huit mois. (…) Le montant moyen devrait approcher la somme de 17 000 € par propriétaire. »
Si je m’intéresse à cette copropriété rolivaloise, c’est que j’y ai habité une dizaine d’années m’étant laissé berner par les sirènes de l’accession à la propriété.
Quand je suis arrivé, il n’y avait que des Gaulois dans ma cage d’escalier. Vivait là notamment la seule libraire de la ville, belle-sœur du Maire de l’époque. Quelques années plus tard, j’étais le seul Blanc. Mes nouveaux voisins étaient originaires du Maroc, d’Afrique Noire et du Kurdistan et il n’y avait plus de librairie à Val-de-Reuil. J’ai alors connu les soucis causés par le non paiement des charges par certains. Seuls les travaux indispensables, par exemple l’étanchéité de la toiture étaient effectués. En plus d’en régler ma part, je devais payer une fraction des impayés.
Quand Electricité de France annonça que le courant dans les parties communes allait être coupé, ce qui aurait mis les ascenseurs à l’arrêt, il fallut l’intervention de la Mairie pour que l’on y échappe. Un jour, le syndic refusa de continuer à gérer cette copropriété à problèmes. Un administrateur judiciaire fut nommé, un retraité complètement dépassé qui par son inaction en a incité d’autres à ne pas payer leurs charges. Quand il fut renvoyé, un nouveau syndic accepta de prendre en charge la gestion à condition de ne pas s’occuper du passif.
Malgré cela, je garde un excellent souvenir de mon séjour à la Garancière où dans la chambre blanche me rejoignait celle qui vit maintenant à Asnières-sur-Seine.
Et heureusement, il s’est trouvé un commerçant algérien ayant besoin d’un pied-à-terre en France pour acheter mon appartement sans que j’y perde trop, me permettant de sortir de ce guêpier.
                                                                          *
« Nous sommes l’un des plus vieux immeubles de la ville et nous allons devenir le plus beau ! », se réjouit l’une des résidentes dans l’article de La Dépêche de Louviers.
Je crains qu’elle se réjouisse un peu vite. La légende de la photo qui accompagne cet article est la suivante : « Le projet pourrait être accompagné d'une réhabilitation des parties extérieures de la résidence. Ces travaux seront « optionnels », précise Citémétrie. »
La Garancière risque de rester une verrue au milieu du quartier.
 

2 mars 2024


Pour une fois la bande des retraité(e)s du samedi matin au Socrate est absente. Sa table habituelle est vite occupée par une autre. Celle-ci est composée de deux trentenaires, dont la tête m’évoque ce que Johnny appelait les mauvais garçons, d’une femme du même âge et de plusieurs enfants de moins de dix ans.
-On va prendre comme on a déjà pris dans l’autre bar, dit l’un aux autres.
Quand la serveuse vient les voir, il commande deux vodkas nature, un café et des Coca-Cola puis il la rappelle pour ajouter des croissants pour les enfants.
Il est neuf heures et demie. Un peu tôt pour la vodka mais, mon intuition était bonne, il s’agit de fêter sa libération de Bonne-Nouvelle. Finie la zonzon. C’est effectivement une bonne nouvelle. Je ne sais pas à qui sont les enfants. Ils se tiennent bien. Dès qu’un s’agite un peu, il est rappelé à l’ordre.
-Je sais ce que je vais faire, déclare le libéré. Je vais faire un spectacle pour raconter la prison. J’en ai vu des choses.
Je n’en suis qu’à la moitié de ce gros livre qu’est Correspondance d’Auguste Perret et Marie Dormoy. Au moment où je m’apprête à partir, le donneur d’ordre recommande la même chose sans les croissants et propose de payer. Il y en a pour quarante-six euros.
Leur conversation revient sur l’avenir. La dernière chose que j’entends, c’est « On pourrait braquer le bar ».
                                                                   *
Touristes dépités par le temps médiocre :
-On n’a qu’à retourner à la Cathédrale.
-Laquelle ?
Rouen, la ville aux cent clochers.
                                                                   *
Navrante abstention de Catherine Morin-Desailly, Sénatrice de Rouen, Centriste de Droite, lors du vote du projet de loi constitutionnelle visant à inscrire dans la Constitution la liberté pour les femmes de recourir à l'interruption volontaire de grossesse.
Voter contre ou s’abstenir c’est la même chose, c’est accepter qu’un jour la loi actuelle puisse être remise en question, c’est donc être contre l’avortement.
Tel est l’aveu de Catherine Morin-Desailly.
 

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