Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
8 janvier 2021
Un semblant de ciel bleu ce vendredi quand le jour se lève. En d’autres temps, cela m’aurait donné envie d’aller à Dieppe. Là, bien que les gouvernants m’en donnent le droit, c’est non. Pas envie de voir cette ville avec ses cafés et restaurants fermés. Pas envie de marcher sans possibilité d’entrer quelque part.
A défaut, grâce à ses Lettres publiées par Gallimard, je m’y balade avec Oscar Wilde. A Dieppe et surtout à Berneval, où après la prison et avant que ça se termine mal, il fut peut-être heureux pendant quelques mois, jusqu’à ce que le mauvais temps l’en chasse.
Robbie me découvrit à Dieppe sur la place du marché parmi les vendeurs de parfums : je dépensais tout mon argent en racines d’iris, fleurs de narcisses et poudre de roses rouges. Il se montra très sévère et m’entraîna ; j’avais déjà dépensé tout mon revenu de deux ans. Hôtel de la Plage, Berneval-sur-Mer, vingt-sept mai mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Reginald Turner
Le Figaro annonce que je fais de la bicyclette à Dieppe ! On nous confond toujours, vous et moi. C’est vraiment délicieux. Je ne vais pas protester. Vous êtes la meilleure moitié de moi-même. Hôtel de la Plage, Berneval-sur-Mer, vingt-huit mai mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Robert Ross
Un vieux monsieur vit dans cet hôtel. Il dîne seul dans sa chambre, puis s’installe au soleil. Venu ici pour deux jours, il est resté deux ans. Sa seule tristesse vient du manque de théâtre. Monsieur Bonnet a le cœur un peu dur à ce sujet : il dit que, puisque le vieux monsieur se couche à huit heures, il ne profiterait pas du théâtre. Mais le vieux monsieur prétend que, s’il se couche à huit heures, c’est parce que Berneval ne compte pas de théâtre. Ils ont débattu la question hier pendant une heure. Je me range de l’avis du vieux monsieur, mais la logique est, je crois, du côté de Monsieur Bonnet. Hôtel de la Plage, Berneval-sur-Mer, trente et un mai mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Robert Ross
L’intérieur de la chapelle est naturellement une horreur moderne ; mais elle contient une statue noire de Notre Dame de Liesse. La chapelle est aussi exiguë qu’une chambre d’étudiant à Oxford. J’espère convaincre le curé d’y célébrer bientôt la messe. Hôtel de la Plage, Berneval-sur-Mer, mardi matin premier juin mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Robert Ross
Je suis dans une situation terriblement précaire, car l’argent qu’on m’avait assuré être mis de côté pour moi ne parut pas lorsque j’en eus besoin. Ce fut une horrible déception, car j’avais naturellement commencé à vivre comme doit vivre un homme de lettres – c’est-à-dire avec un petit salon, des livres et ainsi de suite. Hôtel de la Plage, Berneval-sur-Mer, deux juin mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Lord Alfred Douglas
Je suis le seul client de l’hôtel, mais il est très confortable et le chef – un véritable chef – est un artiste de grande distinction. Le soir, il se promène au bord de la mer afin de chercher des idées pour le menu du lendemain. N’est-ce pas délicieux de sa part ? Hôtel de la Plage, Berneval-sur-Mer, neuf juin mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Will Rothenstein
Vous rappelez-vous la jolie fille du petit café au bord de la rivière à Saint-Martin-l’Eglise où nous sommes allés en voiture suivis de More et de Robbie à bicyclettes ? Nous y sommes retournés hier et elle s’est enquise de vous et de mes autres amis avec un intérêt passionné. Café Suisse, Dieppe, jeudi dix-sept juin mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Lord Alfred Douglas
Je ne sais si vous connaissez Smithers : il porte habituellement un large chapeau de paille et une cravate bleu négligemment nouée et ornée d’une épingle sur laquelle est monté un diamant de l’eau la plus impure – ou peut-être de vin, car il ne touche jamais à l’eau : elle lui monte à la tête. (…) Il raffole d’éditions originales, surtout de femmes : les petites filles le passionnent. C’est l’érotomane le plus accompli d’Europe. C’est aussi un compagnon délicieux et un brave homme, très bon pour moi. Dieppe, mardi dix août mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Reginald Turner
Depuis que Bosie m’a écrit qu’il ne pouvait se permettre de dépenser quarante francs pour venir me voir à Rouen, il n’a plus jamais écrit ; moi non plus. Je suis extrêmement blessé par sa pingrerie et son manque d’imagination. Berneval-sur-Mer, mardi vingt-quatre août mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Robert Ross
Combien je souhaite que, lorsque nous nous retrouverons à Rouen, nous n’ayons jamais été séparés ! Il est entre nous de si vastes abîmes d’espace et de terre ! Mais nous nous aimons l’un l’autre. Bonsoir, chéri. Pour toujours vôtre. Café Suisse, Dieppe, août mil huit cent quatre-vingt-dix-sept (une note infrapaginale explique que cette retrouvaille eut lieu fin août, Douglas dans son Autobiographie : Le pauvre Oscar pleura quand je le retrouvai à la gare. Nous passâmes toute la journée à nous promener à pied, au bras l’un de l’autre ou ne nous tenant par la main et nous fûmes parfaitement heureux.)
Il faisait à Berneval un temps tellement affreux que je suis venu ici, où le temps est bien pire. Je ne peux rester dans le nord de l’Europe : son climat me tue. Cela m’est égal d’être toujours seul lorsque j’ai du soleil et de la joie de vivre autour de moi ; mais ma dernière quinzaine à Berneval fut sombre, horrible, tout à fait propice au suicide. (…)
Je suis profondément déçu de ce que Constance ne m’ait pas demandé de venir voir les enfants. Je présume maintenait que je ne les reverrai jamais. Grand Hôtel de France, Rouen, six septembre mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Carlos Blacker
A défaut, grâce à ses Lettres publiées par Gallimard, je m’y balade avec Oscar Wilde. A Dieppe et surtout à Berneval, où après la prison et avant que ça se termine mal, il fut peut-être heureux pendant quelques mois, jusqu’à ce que le mauvais temps l’en chasse.
Robbie me découvrit à Dieppe sur la place du marché parmi les vendeurs de parfums : je dépensais tout mon argent en racines d’iris, fleurs de narcisses et poudre de roses rouges. Il se montra très sévère et m’entraîna ; j’avais déjà dépensé tout mon revenu de deux ans. Hôtel de la Plage, Berneval-sur-Mer, vingt-sept mai mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Reginald Turner
Le Figaro annonce que je fais de la bicyclette à Dieppe ! On nous confond toujours, vous et moi. C’est vraiment délicieux. Je ne vais pas protester. Vous êtes la meilleure moitié de moi-même. Hôtel de la Plage, Berneval-sur-Mer, vingt-huit mai mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Robert Ross
Un vieux monsieur vit dans cet hôtel. Il dîne seul dans sa chambre, puis s’installe au soleil. Venu ici pour deux jours, il est resté deux ans. Sa seule tristesse vient du manque de théâtre. Monsieur Bonnet a le cœur un peu dur à ce sujet : il dit que, puisque le vieux monsieur se couche à huit heures, il ne profiterait pas du théâtre. Mais le vieux monsieur prétend que, s’il se couche à huit heures, c’est parce que Berneval ne compte pas de théâtre. Ils ont débattu la question hier pendant une heure. Je me range de l’avis du vieux monsieur, mais la logique est, je crois, du côté de Monsieur Bonnet. Hôtel de la Plage, Berneval-sur-Mer, trente et un mai mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Robert Ross
L’intérieur de la chapelle est naturellement une horreur moderne ; mais elle contient une statue noire de Notre Dame de Liesse. La chapelle est aussi exiguë qu’une chambre d’étudiant à Oxford. J’espère convaincre le curé d’y célébrer bientôt la messe. Hôtel de la Plage, Berneval-sur-Mer, mardi matin premier juin mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Robert Ross
Je suis dans une situation terriblement précaire, car l’argent qu’on m’avait assuré être mis de côté pour moi ne parut pas lorsque j’en eus besoin. Ce fut une horrible déception, car j’avais naturellement commencé à vivre comme doit vivre un homme de lettres – c’est-à-dire avec un petit salon, des livres et ainsi de suite. Hôtel de la Plage, Berneval-sur-Mer, deux juin mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Lord Alfred Douglas
Je suis le seul client de l’hôtel, mais il est très confortable et le chef – un véritable chef – est un artiste de grande distinction. Le soir, il se promène au bord de la mer afin de chercher des idées pour le menu du lendemain. N’est-ce pas délicieux de sa part ? Hôtel de la Plage, Berneval-sur-Mer, neuf juin mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Will Rothenstein
Vous rappelez-vous la jolie fille du petit café au bord de la rivière à Saint-Martin-l’Eglise où nous sommes allés en voiture suivis de More et de Robbie à bicyclettes ? Nous y sommes retournés hier et elle s’est enquise de vous et de mes autres amis avec un intérêt passionné. Café Suisse, Dieppe, jeudi dix-sept juin mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Lord Alfred Douglas
Je ne sais si vous connaissez Smithers : il porte habituellement un large chapeau de paille et une cravate bleu négligemment nouée et ornée d’une épingle sur laquelle est monté un diamant de l’eau la plus impure – ou peut-être de vin, car il ne touche jamais à l’eau : elle lui monte à la tête. (…) Il raffole d’éditions originales, surtout de femmes : les petites filles le passionnent. C’est l’érotomane le plus accompli d’Europe. C’est aussi un compagnon délicieux et un brave homme, très bon pour moi. Dieppe, mardi dix août mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Reginald Turner
Depuis que Bosie m’a écrit qu’il ne pouvait se permettre de dépenser quarante francs pour venir me voir à Rouen, il n’a plus jamais écrit ; moi non plus. Je suis extrêmement blessé par sa pingrerie et son manque d’imagination. Berneval-sur-Mer, mardi vingt-quatre août mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Robert Ross
Combien je souhaite que, lorsque nous nous retrouverons à Rouen, nous n’ayons jamais été séparés ! Il est entre nous de si vastes abîmes d’espace et de terre ! Mais nous nous aimons l’un l’autre. Bonsoir, chéri. Pour toujours vôtre. Café Suisse, Dieppe, août mil huit cent quatre-vingt-dix-sept (une note infrapaginale explique que cette retrouvaille eut lieu fin août, Douglas dans son Autobiographie : Le pauvre Oscar pleura quand je le retrouvai à la gare. Nous passâmes toute la journée à nous promener à pied, au bras l’un de l’autre ou ne nous tenant par la main et nous fûmes parfaitement heureux.)
Il faisait à Berneval un temps tellement affreux que je suis venu ici, où le temps est bien pire. Je ne peux rester dans le nord de l’Europe : son climat me tue. Cela m’est égal d’être toujours seul lorsque j’ai du soleil et de la joie de vivre autour de moi ; mais ma dernière quinzaine à Berneval fut sombre, horrible, tout à fait propice au suicide. (…)
Je suis profondément déçu de ce que Constance ne m’ait pas demandé de venir voir les enfants. Je présume maintenait que je ne les reverrai jamais. Grand Hôtel de France, Rouen, six septembre mil huit cent quatre-vingt-dix-sept à Carlos Blacker
7 janvier 2021
Venue des tréfonds des l’Etats-Unis, les pires soutiens de Trump, ce malade mental Président des Etats-Unis depuis quatre ans, et qui a bien failli été réélu, choisi qu’il a été par près de la moitié des électeurs, envahissent le Capitole, à la grande joie des autocrates au pouvoir en Russie, Chine, Iran ou Turquie.
Cette foule de conspirationnistes a sa variante en France, composée en partie de Gilets Jaunes (lesquels ont plusieurs fois tenté d’aller envahir l’Elysée). Cette variante a sa candidate à la Présidentielle : Marion Le Pen (dite Marine), fidèle soutien de Trump, qui si elle se trouve une nouvelle fois au second tour face à Macron en deux mille vingt-deux, n’aura jamais autant de chance de réussir à être élue.
Le problème avec la populace, c’est qu’elle est nombreuse.
*
La Cégété croit savoir que l’odeur qui a empuanti Rouen au tournant de l’an n’était pas due aux feux de cheminée mais à un incident chez Multisol, sous-traitant de Lubrizol. La Préfecture dit que ce n’est pas vrai.
*
Ce qui est sûr, c’est que la Police Municipale est fermée pour des cas de Covid (un avéré, deux présumés). Pas question d’aller y chercher un objet perdu.
Cette foule de conspirationnistes a sa variante en France, composée en partie de Gilets Jaunes (lesquels ont plusieurs fois tenté d’aller envahir l’Elysée). Cette variante a sa candidate à la Présidentielle : Marion Le Pen (dite Marine), fidèle soutien de Trump, qui si elle se trouve une nouvelle fois au second tour face à Macron en deux mille vingt-deux, n’aura jamais autant de chance de réussir à être élue.
Le problème avec la populace, c’est qu’elle est nombreuse.
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La Cégété croit savoir que l’odeur qui a empuanti Rouen au tournant de l’an n’était pas due aux feux de cheminée mais à un incident chez Multisol, sous-traitant de Lubrizol. La Préfecture dit que ce n’est pas vrai.
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Ce qui est sûr, c’est que la Police Municipale est fermée pour des cas de Covid (un avéré, deux présumés). Pas question d’aller y chercher un objet perdu.
6 janvier 2021
Comment entrer en contact avec un restaurant lointain en ce temps de fermeture administrative ? Pour informer le patron de Chez Ma Pomme à Dinard de la somme débitée deux fois sans contact avec sa serveuse à l’issue d’un repas pris en terrasse en octobre dernier, j’ai choisi il y a quelques semaines la voie postale.
La réponse me parvient par le même moyen ce mercredi midi sous forme d’un chèque de vingt et un euros quatre-vingt-dix accompagné d’un petit mot d’excuse. Voilà un bel exemple d’honnêteté commerçante, car en cas de non réponse, qu’aurais-je pu faire ? Rien.
Je ne sais si la vie me laissera le temps de repasser par Dinard mais si c’est le cas on reverra ma pomme à la terrasse de Chez Ma Pomme.
*
La grosse farce du jour : des médecins médiatiques qui se font vacciner devant les caméras des télés « pour montrer l’exemple », parmi lesquels certains qui ne sont que des pipeules, le genre Michel Cymes, tous volant leurs doses à des vieux et autres fragiles.
Pour un médecin, se faire vacciner avant ses patients pendant une catastrophe sanitaire, c’est comme quitter le navire avant ses passagers dans une catastrophe maritime pour un capitaine.
La réponse me parvient par le même moyen ce mercredi midi sous forme d’un chèque de vingt et un euros quatre-vingt-dix accompagné d’un petit mot d’excuse. Voilà un bel exemple d’honnêteté commerçante, car en cas de non réponse, qu’aurais-je pu faire ? Rien.
Je ne sais si la vie me laissera le temps de repasser par Dinard mais si c’est le cas on reverra ma pomme à la terrasse de Chez Ma Pomme.
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La grosse farce du jour : des médecins médiatiques qui se font vacciner devant les caméras des télés « pour montrer l’exemple », parmi lesquels certains qui ne sont que des pipeules, le genre Michel Cymes, tous volant leurs doses à des vieux et autres fragiles.
Pour un médecin, se faire vacciner avant ses patients pendant une catastrophe sanitaire, c’est comme quitter le navire avant ses passagers dans une catastrophe maritime pour un capitaine.
5 janvier 2021
Une enveloppe carrée dorée affranchie avec un timbre orné d’un œuf d’émeu dans ma boîte à lettres en ce premier lundi de janvier, elle contient une carte de vœux sur laquelle figure une sorte de colombe de la paix entourée d’une couronne végétale, un choix assurément féminin, que me confirme l’écriture. « Féminin ou masculin ? » me demande-t-on en me vouvoyant. J’ai déjà répondu.
L’expéditrice anonyme est forcément une de mes amies de chez Effe Bé. Or, seules deux me vouvoient. J’ai vite ma petite idée car sur les deux, l’une m’a titillée sur mon étonnante capacité à reconnaître une écriture féminine. Je ne peux confirmer cette hypothèse avec le cachet de la Poste car on ne trouve plus de flamme touristique sur les enveloppes depuis un certain nombre d’années. C’est bien dommage. Il faudrait pétitionner pour un retour de flamme.
Je me souviens du temps où chaque enveloppe indiquait si le courrier avait été posté à Elbeuf ou à Noirmoutier. A cette époque, il fallait recourir à la ruse lorsqu’on ne désirait pas être reconnu comme expéditeur, mettre son courrier dans une autre enveloppe adressée à un complice, à Paris par exemple, qui le posterait pour vous, vous forgeant un alibi ou vous permettant de rester anonyme. J’ai recouru à ce stratagème, mais je ne sais plus pourquoi.
Cette aimable correspondante me souhaite une année deux mille vingt et un telle que j’en aurai envie. C’est mettre la barre un peu haut.
*
L’œuf d’émeu, ça m’émeut.
*
« C’est bien vous ? », demandé-je à la suspecte ce mardi matin. « Ah zut ! Mais comment vous avez deviné ??? », me répond-elle.
L’expéditrice anonyme est forcément une de mes amies de chez Effe Bé. Or, seules deux me vouvoient. J’ai vite ma petite idée car sur les deux, l’une m’a titillée sur mon étonnante capacité à reconnaître une écriture féminine. Je ne peux confirmer cette hypothèse avec le cachet de la Poste car on ne trouve plus de flamme touristique sur les enveloppes depuis un certain nombre d’années. C’est bien dommage. Il faudrait pétitionner pour un retour de flamme.
Je me souviens du temps où chaque enveloppe indiquait si le courrier avait été posté à Elbeuf ou à Noirmoutier. A cette époque, il fallait recourir à la ruse lorsqu’on ne désirait pas être reconnu comme expéditeur, mettre son courrier dans une autre enveloppe adressée à un complice, à Paris par exemple, qui le posterait pour vous, vous forgeant un alibi ou vous permettant de rester anonyme. J’ai recouru à ce stratagème, mais je ne sais plus pourquoi.
Cette aimable correspondante me souhaite une année deux mille vingt et un telle que j’en aurai envie. C’est mettre la barre un peu haut.
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L’œuf d’émeu, ça m’émeut.
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« C’est bien vous ? », demandé-je à la suspecte ce mardi matin. « Ah zut ! Mais comment vous avez deviné ??? », me répond-elle.
4 janvier 2021
Un psychodrame, ce début de campagne de vaccination contre le Covid. Il y a ceux qui ne veulent pas. Il y a ceux qui veulent vite. Il y a ceux qui ont les vaccins mais pas assez pour tous les volontaires et essaient de faire croire que c’est à cause des réfractaires qu’il ne faut pas brusquer.
Il y a aussi les petits malins, des Maires qui désirent de se faire vacciner avant les prioritaires. Pour montrer l’exemple, disent-ils. Comme si un récalcitrant pouvait changer d’avis à la vue de son Maire piqué ! Cela n’aura pas lieu, et heureusement, car la dose qu’on donnerait à ces héros municipaux serait retirée de l’épaule d’un fragile qui s’il était ensuite contaminé aurait toutes les chances de mourir grâce à eux.
Pour justifier les retards, il y a l’alibi du « consentement éclairé » demandé aux ancêtres, lequel nécessite plusieurs jours de réflexion pour être valide. On pourrait pourtant simplifier : « Tu la veux la piquouze, oui ou merde ? ».
Il y a aussi les petits malins, des Maires qui désirent de se faire vacciner avant les prioritaires. Pour montrer l’exemple, disent-ils. Comme si un récalcitrant pouvait changer d’avis à la vue de son Maire piqué ! Cela n’aura pas lieu, et heureusement, car la dose qu’on donnerait à ces héros municipaux serait retirée de l’épaule d’un fragile qui s’il était ensuite contaminé aurait toutes les chances de mourir grâce à eux.
Pour justifier les retards, il y a l’alibi du « consentement éclairé » demandé aux ancêtres, lequel nécessite plusieurs jours de réflexion pour être valide. On pourrait pourtant simplifier : « Tu la veux la piquouze, oui ou merde ? ».
3 janvier 2021
Lorsque je mets le nez dehors, ce samedi brumeux, pour aller à la Poste de la rue de la Jeanne, celui-ci est surpris par une odeur répugnante typiquement rouennaise. Au moins ne souffré-je pas d’anosmie, ce symptôme de Covid, me dis-je.
Rentré, je constate que sur les réseaux soucieux on suppute sur les origines de cette nuisance olfactive qui atteint toute la ville et ses banlieues huppées. Sans surprise, le suspect numéro un est Lubrizol. La vérité est ailleurs, annonce alors Rouen.fr, le site officiel de la Ville de Rouen :
« Ces odeurs sont sans doute liées aux feux de cheminées en cette période froide. »
Et d’ajouter :
« Les feux de cheminée sont donc à éviter, en particulier les feux d'agrément.
Et est à bannir totalement le brûlage des emballages cadeaux (papier dorés, plastiques et autres combustibles non adéquats). »
L’équation du jour : feux de cheminées + emballages cadeaux = odeur d’hydrocarbure.
*
Cette année encore, une hausse de dix pour cent pour les tarifs postaux. La Poste met ça sur le compte de la diminution du nombre d’envois. Les jours précédents, elle se réjouissait de l’augmentation du nombre de colis, suite à la pandémie, qui l’obligeait à créer des centres de tris supplémentaires.
Rentré, je constate que sur les réseaux soucieux on suppute sur les origines de cette nuisance olfactive qui atteint toute la ville et ses banlieues huppées. Sans surprise, le suspect numéro un est Lubrizol. La vérité est ailleurs, annonce alors Rouen.fr, le site officiel de la Ville de Rouen :
« Ces odeurs sont sans doute liées aux feux de cheminées en cette période froide. »
Et d’ajouter :
« Les feux de cheminée sont donc à éviter, en particulier les feux d'agrément.
Et est à bannir totalement le brûlage des emballages cadeaux (papier dorés, plastiques et autres combustibles non adéquats). »
L’équation du jour : feux de cheminées + emballages cadeaux = odeur d’hydrocarbure.
*
Cette année encore, une hausse de dix pour cent pour les tarifs postaux. La Poste met ça sur le compte de la diminution du nombre d’envois. Les jours précédents, elle se réjouissait de l’augmentation du nombre de colis, suite à la pandémie, qui l’obligeait à créer des centres de tris supplémentaires.
2 janvier 2021
Désagréable passage d’une année obscurcie à une année incertaine, cela débute par une douleur dans la gorge, de type angine mais sans fièvre. Je m’en ouvre au pharmacien qui me propose un collutoire pour atténuer ce symptôme.
Las, il ne me délivre pas du mal. Pire, celui-ci gagne la mâchoire inférieure et l’oreille droite. Quand je me décide à appeler le médecin c’est trop tard, la secrétaire n’est plus là pour me donner un rendez-vous.
Le soir venu, explorant ma cavité buccale à l’aide d’un doigt hardi, je me découvre un kyste sur la gencive au-delà de la dernière molaire. L’auto-chirurgie pourrait-elle être la solution ? Utilisant la trompe du collutoire, je m’acharne sur l’excroissance et en viens à bout. En moins d’une heure tout s’arrange, plus aucune douleur.
Ceci n’est pas une allégorie.
*
« Quoi qu’il arrive », martèle notre Président, qui a retrouvé la santé, durant ses vœux du trente et un décembre à la télévision. Il propose d’accélérer la vaccination. La France commençait à devenir la risée de ses voisins. « Essayer encore, rater mieux ».
Après cela, je me mets au lit avec Lewis Carroll, le premier tome de ses œuvres complètes publiées chez Bouquins dont je ne lis que les préfaces jusqu’à arriver à son Journal. Nulle fête nocturne ne vient troubler ma nuit.
*
« Bonne chance » ou « bon courage », c’est tout ce que l’on peut se souhaiter pour deux mille vingt et un. « Bonne année » ou « bonne santé », comme on l’a fait au début de deux mille vingt, c’est trop risqué.
Las, il ne me délivre pas du mal. Pire, celui-ci gagne la mâchoire inférieure et l’oreille droite. Quand je me décide à appeler le médecin c’est trop tard, la secrétaire n’est plus là pour me donner un rendez-vous.
Le soir venu, explorant ma cavité buccale à l’aide d’un doigt hardi, je me découvre un kyste sur la gencive au-delà de la dernière molaire. L’auto-chirurgie pourrait-elle être la solution ? Utilisant la trompe du collutoire, je m’acharne sur l’excroissance et en viens à bout. En moins d’une heure tout s’arrange, plus aucune douleur.
Ceci n’est pas une allégorie.
*
« Quoi qu’il arrive », martèle notre Président, qui a retrouvé la santé, durant ses vœux du trente et un décembre à la télévision. Il propose d’accélérer la vaccination. La France commençait à devenir la risée de ses voisins. « Essayer encore, rater mieux ».
Après cela, je me mets au lit avec Lewis Carroll, le premier tome de ses œuvres complètes publiées chez Bouquins dont je ne lis que les préfaces jusqu’à arriver à son Journal. Nulle fête nocturne ne vient troubler ma nuit.
*
« Bonne chance » ou « bon courage », c’est tout ce que l’on peut se souhaiter pour deux mille vingt et un. « Bonne année » ou « bonne santé », comme on l’a fait au début de deux mille vingt, c’est trop risqué.
31 décembre 2020
Chez Book-Off, un employé enrhumé on ne peut plus français muni d’un masque de protection à la japonaise., m’étonnais-je le dix-sept janvier dernier sans faire le rapport avec le virus apparu en Chine dont on parlait depuis quelques semaines.
Ma première évocation de l’épidémie date du vingt-sept janvier lorsque je raconte ma journée de la veille passée à Dieppe :
Près de moi sont deux étudiantes. L’une écrit sur son ordinateur. L’autre lit le fil d’actualité de son mobile. « La France est le premier pays européen à être touché par le coronavirus ». A l’extérieur la campagne gît dans le brouillard.
Ce même jour, je citais le propos prémonitoire d’une autochtone au Tout Va Bien :
Trois femmes sexagénaires profitent de l’absence des maris « Y a la Foire aux Livres à la Paul Eluard, y sont là-bas ». Elles sont toutes gaies mais, remarque l’une, « Vous allez voir, on va moins rigoler avec le virus qui s’amène ».
Quatre jours plus tard, c’était le Nouvel An chinois et j’étais à Paris :
… grâce au métro Huit je suis à midi moins le quart au Péhemmu chinois de la rue du Faubourg Saint-Antoine.
-Bonne année du Rat, dis-je à la gentille serveuse.
-On espère qu’elle va être bonne, me répond-elle.
-Oui, cela commence mal, lui dis-je.
-Mais cela va s’arranger, conclut-elle.
Là, le propos de cette charmante fille, que depuis mars la pandémie m’a empêché de revoir, n’était guère prémonitoire.
De semaine en semaine, l’inquiétude monte, comme le montre cet extrait de ma journée à Paris mi-février :
Après m’être tenu à l’écart de nombreux tousseurs (l’air de ce BéO ne serait-il pas coronavicié ?) et avoir dépensé quelques euros, je rejoins Beaubourg à pied.
Et bientôt l’avenir s’annonce sombre :
Les rues ont leur aspect désert qui désole. Comme si la ville de Rouen était déjà confinée en raison de l’expansion du coronavirus, ainsi que le sont depuis hier des villes italiennes situées entre Milan et Venise. Que l’on impose ce genre de mesure en Chine n’a rien d’étonnant, mais qu’un pays, dit démocratique, empêche si rapidement la circulation de sa population sous peine d’amende et de prison, je ne m’y attendais pas.
Où en sera-t-on dans un mois, à la date que j’ai choisie pour une escapade dans le Sud, pas très loin de la frontière, billet et location déjà payés. Cette région sera-t-elle interdite ? Pire, serons-nous tous assignés à résidence ? écrivais-je le vingt-cinq février.
Pourtant, début mars on en rigole encore :
C’est sous le parapluie que je me rends chez mon dentiste ce lundi matin pour la visite bisannuelle. Je suis son premier rendez-vous. « Je ne vous serre pas la main, mais le cœur y est », me dit-il à l’arrivée. « Avec mes assistantes, on se salue avec les pieds », ajoute-t-il en me faisant une petite démonstration.
Enfin, arrive le cinq mars, la dernière fois où je vois celle avec qui je fête en retard mon anniversaire au Café L’Arsenal près de la Bastille :
Faisant fi de la prudence, nous nous embrassons.
La suite, ce sont les jours plombés, confinement, déconfinement, reconfinement.
*
On ne va pas le regretter l’an vain, l’an foiré comme l’appellent certains journalistes (mais Libération le disait déjà de deux mille treize).
Comment nommer celui qui vient ? Je propose l’an brouillé, vu qu’il n’y a aucune visibilité. Espérons qu’à sa fin, ce ne sera pas l’an merdé.
Ma première évocation de l’épidémie date du vingt-sept janvier lorsque je raconte ma journée de la veille passée à Dieppe :
Près de moi sont deux étudiantes. L’une écrit sur son ordinateur. L’autre lit le fil d’actualité de son mobile. « La France est le premier pays européen à être touché par le coronavirus ». A l’extérieur la campagne gît dans le brouillard.
Ce même jour, je citais le propos prémonitoire d’une autochtone au Tout Va Bien :
Trois femmes sexagénaires profitent de l’absence des maris « Y a la Foire aux Livres à la Paul Eluard, y sont là-bas ». Elles sont toutes gaies mais, remarque l’une, « Vous allez voir, on va moins rigoler avec le virus qui s’amène ».
Quatre jours plus tard, c’était le Nouvel An chinois et j’étais à Paris :
… grâce au métro Huit je suis à midi moins le quart au Péhemmu chinois de la rue du Faubourg Saint-Antoine.
-Bonne année du Rat, dis-je à la gentille serveuse.
-On espère qu’elle va être bonne, me répond-elle.
-Oui, cela commence mal, lui dis-je.
-Mais cela va s’arranger, conclut-elle.
Là, le propos de cette charmante fille, que depuis mars la pandémie m’a empêché de revoir, n’était guère prémonitoire.
De semaine en semaine, l’inquiétude monte, comme le montre cet extrait de ma journée à Paris mi-février :
Après m’être tenu à l’écart de nombreux tousseurs (l’air de ce BéO ne serait-il pas coronavicié ?) et avoir dépensé quelques euros, je rejoins Beaubourg à pied.
Et bientôt l’avenir s’annonce sombre :
Les rues ont leur aspect désert qui désole. Comme si la ville de Rouen était déjà confinée en raison de l’expansion du coronavirus, ainsi que le sont depuis hier des villes italiennes situées entre Milan et Venise. Que l’on impose ce genre de mesure en Chine n’a rien d’étonnant, mais qu’un pays, dit démocratique, empêche si rapidement la circulation de sa population sous peine d’amende et de prison, je ne m’y attendais pas.
Où en sera-t-on dans un mois, à la date que j’ai choisie pour une escapade dans le Sud, pas très loin de la frontière, billet et location déjà payés. Cette région sera-t-elle interdite ? Pire, serons-nous tous assignés à résidence ? écrivais-je le vingt-cinq février.
Pourtant, début mars on en rigole encore :
C’est sous le parapluie que je me rends chez mon dentiste ce lundi matin pour la visite bisannuelle. Je suis son premier rendez-vous. « Je ne vous serre pas la main, mais le cœur y est », me dit-il à l’arrivée. « Avec mes assistantes, on se salue avec les pieds », ajoute-t-il en me faisant une petite démonstration.
Enfin, arrive le cinq mars, la dernière fois où je vois celle avec qui je fête en retard mon anniversaire au Café L’Arsenal près de la Bastille :
Faisant fi de la prudence, nous nous embrassons.
La suite, ce sont les jours plombés, confinement, déconfinement, reconfinement.
*
On ne va pas le regretter l’an vain, l’an foiré comme l’appellent certains journalistes (mais Libération le disait déjà de deux mille treize).
Comment nommer celui qui vient ? Je propose l’an brouillé, vu qu’il n’y a aucune visibilité. Espérons qu’à sa fin, ce ne sera pas l’an merdé.
© 2014 Michel Perdrial - Design: Bureau l’Imprimante