Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
9 mai 2021
Toute sa vie Korneï Tchoukovski a fait preuve de courage, notamment en soutenant ouvertement les écrivains en proie aux persécutions du régime soviétique. Il est d’ailleurs étonnant qu’il n’ait pas eu droit à un séjour au Goulag. Le dernier à avoir trouver aide et assistance de sa part est Alexandre Soljenitsyne :
Treize avril mil neuf cent soixante-deux : Avant-hier Tvardovski m’a donné à lire le manuscrit d’Une journée d’Ivan Denissovitch, superbe description de la vie dans les camps de Staline. Ça m’a tellement enthousiasmé que j’en ai fait un petit compte-rendu. Tvardovski m’a dit que l’auteur était mathématicien, qu’il avait écrit encore un autre récit, et des poèmes, mais qui sont mauvais, etc.
Dimanche trois mars mil neuf cent soixante-trois : J’ai reçu une lettre de Soljenitsyne !
Six juin mil neuf cent soixante-trois : Aujourd’hui j’ai eu la visite de Soljenitsyne. Il a monté l’escalier aussi rapidement et facilement qu’un jeune homme. Il avait un costume d’été, le visage rose, les yeux jeunes, rieurs. Il parait moins malade qu’on ne l’a dit. « J’ai une tumeur qui était grosse comme deux poings, mais là elle a diminué, les médecins de Tachkent m’ont bien soigné. Ils sont très bons. » Il m’a beaucoup parlé de ses années de captivité. (…)
Quand nous sommes arrivés à la gare, le train était déjà là et commençait même à démarrer, Soljenitsyne a pris ses jambes à son cou et s’est lancé à la poursuite de la rame. Quelle jeunesse, quelle vigueur, quel souffle !
Dix septembre mil neuf cent soixante-quatre : Jeudi. A dix heures et demie j’ai vu arriver Soljenitsyne. Jeune. Il a refusé le café et a demandé du thé. Nous nous sommes embrassés. Il m’a parlé en grand secret de son nouveau roman.
Vingt et un septembre mil neuf cent soixante-cinq : Soljenitsyne se fait calomnier de toutes parts. Ses ennemis font courir le bruit qu’il honore la mémoire de Vlassov, qu’il est un traitre à la patrie, qu’il n’a pas participé aux combats parce qu’il était en captivité.
Mercredi vingt-neuf septembre mil neuf cent soixante-cinq : Soljenitsyne s’est installé chez moi. Nous avons beaucoup parlé, et je me suis rendu compte qu’il était trop absorbé par son sujet pour s’intéresser, disons, à Pouchkine, Léonide Andreïev, Kvitko. Je lui ai lus mes poèmes préférés. Il n’a pas du tout aimé. En revanche, sur sa vie en camp, il est intarissable.
Mardi dix-sept septembre mil neuf cent soixante-huit : On vient de me dire que j’allais recevoir la visite de Soljenitsyne, dont les autorités ont retrouvé la trace dans le village où il s’était réfugié pour écrire.
Vendredi dix-huit octobre mil neuf cent soixante-huit : Hier soir j’ai eu la visite de Soljenitsyne. J’espérais, l’héberger pour une quinzaine de jours, mais il ne restera que vingt-quatre heures. (…) Il m’a dit que sa femme Natacha, qui travaille dans un institut de recherche à Riazan, avait commencé à recevoir des signaux indiquant son prochain licenciement.
Seize juin mil neuf cent soixante-neuf : Hier j’ai eu la visite inopinée d’A. I. Soljenitsyne et de sa femme. Nous nous sommes chaleureusement embrassés. Nous avons mangé sur le balcon. Le temps est paradisiaque : le lilas est foisonnant, exubérant, les coucous nous appellent encore plus gaiement que d’habitude, et le feuillage des arbres est d’une générosité exceptionnelle.
*
Korneï Tchoukovski meurt le vingt-huit octobre mil neuf cent soixante-neuf à l’âge de quatre-vingt-sept ans.
*
Ainsi s’achèvent mes notes prises lors de la lecture de son Journal publié en deux tomes chez Fayard.
Treize avril mil neuf cent soixante-deux : Avant-hier Tvardovski m’a donné à lire le manuscrit d’Une journée d’Ivan Denissovitch, superbe description de la vie dans les camps de Staline. Ça m’a tellement enthousiasmé que j’en ai fait un petit compte-rendu. Tvardovski m’a dit que l’auteur était mathématicien, qu’il avait écrit encore un autre récit, et des poèmes, mais qui sont mauvais, etc.
Dimanche trois mars mil neuf cent soixante-trois : J’ai reçu une lettre de Soljenitsyne !
Six juin mil neuf cent soixante-trois : Aujourd’hui j’ai eu la visite de Soljenitsyne. Il a monté l’escalier aussi rapidement et facilement qu’un jeune homme. Il avait un costume d’été, le visage rose, les yeux jeunes, rieurs. Il parait moins malade qu’on ne l’a dit. « J’ai une tumeur qui était grosse comme deux poings, mais là elle a diminué, les médecins de Tachkent m’ont bien soigné. Ils sont très bons. » Il m’a beaucoup parlé de ses années de captivité. (…)
Quand nous sommes arrivés à la gare, le train était déjà là et commençait même à démarrer, Soljenitsyne a pris ses jambes à son cou et s’est lancé à la poursuite de la rame. Quelle jeunesse, quelle vigueur, quel souffle !
Dix septembre mil neuf cent soixante-quatre : Jeudi. A dix heures et demie j’ai vu arriver Soljenitsyne. Jeune. Il a refusé le café et a demandé du thé. Nous nous sommes embrassés. Il m’a parlé en grand secret de son nouveau roman.
Vingt et un septembre mil neuf cent soixante-cinq : Soljenitsyne se fait calomnier de toutes parts. Ses ennemis font courir le bruit qu’il honore la mémoire de Vlassov, qu’il est un traitre à la patrie, qu’il n’a pas participé aux combats parce qu’il était en captivité.
Mercredi vingt-neuf septembre mil neuf cent soixante-cinq : Soljenitsyne s’est installé chez moi. Nous avons beaucoup parlé, et je me suis rendu compte qu’il était trop absorbé par son sujet pour s’intéresser, disons, à Pouchkine, Léonide Andreïev, Kvitko. Je lui ai lus mes poèmes préférés. Il n’a pas du tout aimé. En revanche, sur sa vie en camp, il est intarissable.
Mardi dix-sept septembre mil neuf cent soixante-huit : On vient de me dire que j’allais recevoir la visite de Soljenitsyne, dont les autorités ont retrouvé la trace dans le village où il s’était réfugié pour écrire.
Vendredi dix-huit octobre mil neuf cent soixante-huit : Hier soir j’ai eu la visite de Soljenitsyne. J’espérais, l’héberger pour une quinzaine de jours, mais il ne restera que vingt-quatre heures. (…) Il m’a dit que sa femme Natacha, qui travaille dans un institut de recherche à Riazan, avait commencé à recevoir des signaux indiquant son prochain licenciement.
Seize juin mil neuf cent soixante-neuf : Hier j’ai eu la visite inopinée d’A. I. Soljenitsyne et de sa femme. Nous nous sommes chaleureusement embrassés. Nous avons mangé sur le balcon. Le temps est paradisiaque : le lilas est foisonnant, exubérant, les coucous nous appellent encore plus gaiement que d’habitude, et le feuillage des arbres est d’une générosité exceptionnelle.
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Korneï Tchoukovski meurt le vingt-huit octobre mil neuf cent soixante-neuf à l’âge de quatre-vingt-sept ans.
*
Ainsi s’achèvent mes notes prises lors de la lecture de son Journal publié en deux tomes chez Fayard.
8 mai 2021
Toute sa vie Korneï Tchoukovski s’est démené au profit des écrivains persécutés par le pouvoir communiste. En témoignent ces extraits de son Journal publié chez Fayard :
Vingt-quatre novembre mil neuf cent soixante-deux : L’inquisition stalinienne s’est cassé les dents sur Akhmatova… Les dizaines de milliers de policiers de Staline, avec tous leurs moyens de torture, avec leurs pistolets et leurs canons, ne sont pas arrivés à faire plier une femme sans défense.
Quatorze mars mil neuf cent soixante-trois : Paoustovski m’a montré une photo (qu’il a tirée de sa poche) : c’était un bloc de marbre sur lequel il y avait gravé : « Marina Tsvétaïeva souhaitait être enterrée ici. » Le marbre a été jeté dans l’Oka. Les autorités ont spécialement réquisitionné un bac pour cette opération. « Mais je sais à quel endroit ils l’ont jeté, et cet été j’essaierai de le repêcher. J’entreprendrai des démarches pour sa réhabilitation. »
Dix-sept février mil neuf cent soixante-quatre : Lida et Frida Vigdorova essaient en ce moment de faire quelque chose pour Iossif Brodski, qui endure depuis quelque temps les persécutions des « russistes », un groupe léningradois de poètes sans talent. Il doit être jugé demain pour dépravation morale.
Six janvier mil neuf cent soixante-six : J’ai eu la visite de Iossif Brodski. Il a l’air solide et même satisfait de celui qui sait que ses poèmes sont confus, certes, mais non dénués de talent. Il n’a pas jugé utile de me remercier de ce que j’ai fait pour lui. Son amour de la poésie anglaise est feint, car il ne comprend presque pas la langue. Pour le reste, c’est un homme très agréable. Il parle d’Anna Akhmatova avec grand respect.
Cinq mars mil neuf cent soixante-six : Elle (Anna Akhmatova) est morte à Domodédovo d’un cinquième infarctus. Je n’ai encore rien dit à Lida. Elle vient d’avoir une sérieuse crise de bradycardie. Et j’ai peur qu’elle ne décide de se rendre aux obsèques à Leningrad. Je connais Akhmatova depuis 1912. Je la revois devant moi – jeune fille frêle, coquette, au nez busqué, et cette image a pour moi plus de réalité que la vieille femme fragile, malade et bouffie qu’elle était devenue. Nos débiles de gouvernants ont procédé à la levée du corps en grand secret, et pas un seul journal n’a soufflé mot de ses funérailles.
Mardi trois décembre mil neuf cent soixante-huit : « Evtouchenko est malade », m’a dit la dame qui m’a ouvert la porte. En fait, il avait passé trois jours à Moscou sans dessoûler. « Je voulais m’acheter un magnétophone, mais j’ai tout dépensé en vodka », dit-il navré. J’ai honte de me montrer devant ma femme. »
Vingt-quatre novembre mil neuf cent soixante-deux : L’inquisition stalinienne s’est cassé les dents sur Akhmatova… Les dizaines de milliers de policiers de Staline, avec tous leurs moyens de torture, avec leurs pistolets et leurs canons, ne sont pas arrivés à faire plier une femme sans défense.
Quatorze mars mil neuf cent soixante-trois : Paoustovski m’a montré une photo (qu’il a tirée de sa poche) : c’était un bloc de marbre sur lequel il y avait gravé : « Marina Tsvétaïeva souhaitait être enterrée ici. » Le marbre a été jeté dans l’Oka. Les autorités ont spécialement réquisitionné un bac pour cette opération. « Mais je sais à quel endroit ils l’ont jeté, et cet été j’essaierai de le repêcher. J’entreprendrai des démarches pour sa réhabilitation. »
Dix-sept février mil neuf cent soixante-quatre : Lida et Frida Vigdorova essaient en ce moment de faire quelque chose pour Iossif Brodski, qui endure depuis quelque temps les persécutions des « russistes », un groupe léningradois de poètes sans talent. Il doit être jugé demain pour dépravation morale.
Six janvier mil neuf cent soixante-six : J’ai eu la visite de Iossif Brodski. Il a l’air solide et même satisfait de celui qui sait que ses poèmes sont confus, certes, mais non dénués de talent. Il n’a pas jugé utile de me remercier de ce que j’ai fait pour lui. Son amour de la poésie anglaise est feint, car il ne comprend presque pas la langue. Pour le reste, c’est un homme très agréable. Il parle d’Anna Akhmatova avec grand respect.
Cinq mars mil neuf cent soixante-six : Elle (Anna Akhmatova) est morte à Domodédovo d’un cinquième infarctus. Je n’ai encore rien dit à Lida. Elle vient d’avoir une sérieuse crise de bradycardie. Et j’ai peur qu’elle ne décide de se rendre aux obsèques à Leningrad. Je connais Akhmatova depuis 1912. Je la revois devant moi – jeune fille frêle, coquette, au nez busqué, et cette image a pour moi plus de réalité que la vieille femme fragile, malade et bouffie qu’elle était devenue. Nos débiles de gouvernants ont procédé à la levée du corps en grand secret, et pas un seul journal n’a soufflé mot de ses funérailles.
Mardi trois décembre mil neuf cent soixante-huit : « Evtouchenko est malade », m’a dit la dame qui m’a ouvert la porte. En fait, il avait passé trois jours à Moscou sans dessoûler. « Je voulais m’acheter un magnétophone, mais j’ai tout dépensé en vodka », dit-il navré. J’ai honte de me montrer devant ma femme. »
7 mai 2021
Dans le Journal de Korneï Tchoukovski, tout ce qu’il convient de savoir sur la vie en Union Soviétique dans les années soixante :
Premier juillet mil neuf cent soixante-deux : D’où qu’elles viennent, les nouvelles sur la situation économique du pays sont on ne peut plus sombres. Quand je pense qu’on a passé quarante ans à crier que le pays allait vers le bonheur, vers la félicité ! Et finalement nous n’arrivons pas à nourrir correctement la population.
Vingt-sept octobre mil neuf cent soixante-trois : L’olympe bureaucratique local vit comme un troupeau de porcs. Ce sont avant tout des gens qui ne pensent pas. Marx, Engels et Lénine ont tout pensé à leur place, ils n’ont donc aucune curiosité, aucune exigence, aucun doute.
Dix-neuf juin mil neuf cent soixante-quatre : J’ai rencontré la sœur de Véra Vass, Smirnova (qui est sourde). Elle est charmante ; c’est une adepte fervente, pieuse de l’esthétique marxiste. Sans doute parce qu’elle est sourde.
Dix-sept mai mil neuf cent soixante-cinq : Nous avons parlé de l’hôpital où je me suis fait soigner – petit paradis réservé aux gens du Comité central et autres grands manitous. Bref : l’hôpital de la honte. Le peuple doit se contenter d’établissements minables, sales, où les lits ont miteux, la nourriture de dernière qualité, le personnel grossier. (…) Dans la chambre voisine de la mienne, il y avait l’épouse du ministre de la Construction, femme parfaitement médiocre, en pleine santé, entièrement occupée à combattre les cinquante ans de son âge.
Quinze août mil neuf cent soixante-cinq : De la même façon on pourrait dire : les journaux sont l’opium du peuple. Et le football aussi. Et nos chansonnettes pleines de cette gaieté factice qui essaie de faire oublier la grisaille générale. Et la fausse bonne humeur des gens qu’on entend à la radio ou à la télévision : « Allez, Ivan Pafnoutitch, racontez-nous comment vous avez obtenus des résultats aussi brillants dans votre kolkhoze… »
Dix-huit août mil neuf cent soixante-cinq : J’ai entendu Gagarine. On aurait dit un pope : « Toutes les voies vous sont ouvertes. » Mais si Lioucha veut aller en Hollande, ou si j’ai envie d’écrire que la Forêt russe de Leonov ne vaut rien, toutes les voies nous sont fermées.
Trente mai mil neuf cent soixante-sept : La « tata Doussia » vient de me faire la morale : « Et pourquoi vous travaillez encore ? Reposez-vous ! Vous croyez donc que vous en avez encore pour longtemps à vivre. Un ou deux ans, c’est tout. »
Tout cela le plus gentiment du monde.
Vendredi vingt-sept septembre mil neuf cent soixante-huit : Hier j’ai eu la visite d’une poétesse de vingt et un ans et de l’un de ses admirateurs (qui est physicien). Elle n’est pas dépourvue d’intelligence, mais ses vers sont creux, et elle les dit de façon maniérée et emphatique. Je lui ai demandé si elle avait des camarades à l’institut. Elle m’a répondu, comme s’il s’agissait d’une chose parfaitement ordinaire : « J’avais des camarades, des copains, mais ils ont tous été exclus. »
Sept mars mil neuf cent soixante-neuf (hospitalisé) : Horreur et damnation : j’ai un voisin qui adore la télévision. A travers le mur j’entends l’appareil aboyer sans discontinuer. Il s’arrête seulement à minuit. Si l’on m’avait dit que j’allais tomber sur un voisin aussi grossier, j’aurais préféré mourir chez moi.
Premier juillet mil neuf cent soixante-deux : D’où qu’elles viennent, les nouvelles sur la situation économique du pays sont on ne peut plus sombres. Quand je pense qu’on a passé quarante ans à crier que le pays allait vers le bonheur, vers la félicité ! Et finalement nous n’arrivons pas à nourrir correctement la population.
Vingt-sept octobre mil neuf cent soixante-trois : L’olympe bureaucratique local vit comme un troupeau de porcs. Ce sont avant tout des gens qui ne pensent pas. Marx, Engels et Lénine ont tout pensé à leur place, ils n’ont donc aucune curiosité, aucune exigence, aucun doute.
Dix-neuf juin mil neuf cent soixante-quatre : J’ai rencontré la sœur de Véra Vass, Smirnova (qui est sourde). Elle est charmante ; c’est une adepte fervente, pieuse de l’esthétique marxiste. Sans doute parce qu’elle est sourde.
Dix-sept mai mil neuf cent soixante-cinq : Nous avons parlé de l’hôpital où je me suis fait soigner – petit paradis réservé aux gens du Comité central et autres grands manitous. Bref : l’hôpital de la honte. Le peuple doit se contenter d’établissements minables, sales, où les lits ont miteux, la nourriture de dernière qualité, le personnel grossier. (…) Dans la chambre voisine de la mienne, il y avait l’épouse du ministre de la Construction, femme parfaitement médiocre, en pleine santé, entièrement occupée à combattre les cinquante ans de son âge.
Quinze août mil neuf cent soixante-cinq : De la même façon on pourrait dire : les journaux sont l’opium du peuple. Et le football aussi. Et nos chansonnettes pleines de cette gaieté factice qui essaie de faire oublier la grisaille générale. Et la fausse bonne humeur des gens qu’on entend à la radio ou à la télévision : « Allez, Ivan Pafnoutitch, racontez-nous comment vous avez obtenus des résultats aussi brillants dans votre kolkhoze… »
Dix-huit août mil neuf cent soixante-cinq : J’ai entendu Gagarine. On aurait dit un pope : « Toutes les voies vous sont ouvertes. » Mais si Lioucha veut aller en Hollande, ou si j’ai envie d’écrire que la Forêt russe de Leonov ne vaut rien, toutes les voies nous sont fermées.
Trente mai mil neuf cent soixante-sept : La « tata Doussia » vient de me faire la morale : « Et pourquoi vous travaillez encore ? Reposez-vous ! Vous croyez donc que vous en avez encore pour longtemps à vivre. Un ou deux ans, c’est tout. »
Tout cela le plus gentiment du monde.
Vendredi vingt-sept septembre mil neuf cent soixante-huit : Hier j’ai eu la visite d’une poétesse de vingt et un ans et de l’un de ses admirateurs (qui est physicien). Elle n’est pas dépourvue d’intelligence, mais ses vers sont creux, et elle les dit de façon maniérée et emphatique. Je lui ai demandé si elle avait des camarades à l’institut. Elle m’a répondu, comme s’il s’agissait d’une chose parfaitement ordinaire : « J’avais des camarades, des copains, mais ils ont tous été exclus. »
Sept mars mil neuf cent soixante-neuf (hospitalisé) : Horreur et damnation : j’ai un voisin qui adore la télévision. A travers le mur j’entends l’appareil aboyer sans discontinuer. Il s’arrête seulement à minuit. Si l’on m’avait dit que j’allais tomber sur un voisin aussi grossier, j’aurais préféré mourir chez moi.
6 mai 2021
Si le troisième confinement m’a amené à suspendre ma tchoukovskimania, il n’est cependant pas question que je n’aille pas jusqu’au bout de ma prise de notes effectuée lors de la lecture de son Journal publié chez Fayard.
Pour commencer, ce qui a trait à son intérêt pour le monde anglo-saxon, notamment sa littérature :
Quatorze août mil neuf cent soixante : J’ai lu également – avec effroi et enthousiasme – The Catcher in the Rye de J. D. Salinger. C’est l’histoire d’un gamin de seize ans qui déteste la routine, mais que celle-ci finit par avaler lentement ; bref, c’est son autobiographie. (…) Et quelle écriture ! Quelle ampleur !
Treize janvier mil neuf cent soixante et un : En ce moment je lis Pnine de Vladimir Nabokov. Grand livre à la gloire de l’homme russe, du Juste, plongé dans la vie universitaire américaine C’est une œuvre poétique, intelligente – l’histoire de Timofey Pnine, professeur distrait, immature, ridicule et sublime. Le livre est plein de sarcasmes et d’amour.
Vingt-trois octobre mil neuf cent soixante-quatre : Hier j’ai reçu la visite de John Cheever. Il ressemble énormément à Welles. La même couleur de cheveux, le même sourire, la même taille, le même grain et la même couleur (rose) de peau. Nous sommes restés quatre heures à bavarder, et bien qu’il eût un billet pour aller au Bolchoï, il a préféré manquer les deux premiers actes. Comme j’ai la grippe, j’avais du mal à me tenir assis, j’avais envie de me coucher, mais j’aime tellement Cheever que j’étais content de passer un moment en sa compagnie. En partant, il m’a embrassé.
Douze février mil neuf cent soixante-cinq : Le New Yorker m’a informé que Cheever m’avait abonné à cette publication. Mais je n’ai toujours rien reçu, et je doute de recevoir jamais quelque chose.
Neuf mai mil neuf cent soixante-cinq : Le Times vient de publier un Literary Supplement, petit opuscule reprenant divers articles, dont un sur mon livre Vif comme la vie (qui n’a jamais fait l’objet d’aucune recension en Russie).
Vingt-cinq juillet mil neuf cent soixante-neuf : Nos enseignants apprennent aux élèves que les Américains sont tellement cruels et inhumains qu’ils envoient des gens sur la lune. Vous vous rendez compte, nous, nous envoyons des appareils, de la technique, alors que ces canailles d’Américains envoient des hommes vivants !
Quatre septembre mil neuf cent soixante-neuf : La milice a fait intrusion dans ma datcha pour en chasser les Reeves, qui étaient arrivés avec leurs trois enfants. (James Reeves, auteur notamment de livres pour enfants)
Mercredi dix-sept septembre mil neuf cent soixante-neuf : Une bonne âme américaine m’avait abonné à Life, à Time et à quelques autres revues. J’ai reçu un exemplaire de chaque publication, et depuis – fini. Ceux qui surveillent le courrier à la poste ont bloqué tous les autres numéros.
J’ai fait une petite sieste, et j’ai rêvé de Klara.
Pour commencer, ce qui a trait à son intérêt pour le monde anglo-saxon, notamment sa littérature :
Quatorze août mil neuf cent soixante : J’ai lu également – avec effroi et enthousiasme – The Catcher in the Rye de J. D. Salinger. C’est l’histoire d’un gamin de seize ans qui déteste la routine, mais que celle-ci finit par avaler lentement ; bref, c’est son autobiographie. (…) Et quelle écriture ! Quelle ampleur !
Treize janvier mil neuf cent soixante et un : En ce moment je lis Pnine de Vladimir Nabokov. Grand livre à la gloire de l’homme russe, du Juste, plongé dans la vie universitaire américaine C’est une œuvre poétique, intelligente – l’histoire de Timofey Pnine, professeur distrait, immature, ridicule et sublime. Le livre est plein de sarcasmes et d’amour.
Vingt-trois octobre mil neuf cent soixante-quatre : Hier j’ai reçu la visite de John Cheever. Il ressemble énormément à Welles. La même couleur de cheveux, le même sourire, la même taille, le même grain et la même couleur (rose) de peau. Nous sommes restés quatre heures à bavarder, et bien qu’il eût un billet pour aller au Bolchoï, il a préféré manquer les deux premiers actes. Comme j’ai la grippe, j’avais du mal à me tenir assis, j’avais envie de me coucher, mais j’aime tellement Cheever que j’étais content de passer un moment en sa compagnie. En partant, il m’a embrassé.
Douze février mil neuf cent soixante-cinq : Le New Yorker m’a informé que Cheever m’avait abonné à cette publication. Mais je n’ai toujours rien reçu, et je doute de recevoir jamais quelque chose.
Neuf mai mil neuf cent soixante-cinq : Le Times vient de publier un Literary Supplement, petit opuscule reprenant divers articles, dont un sur mon livre Vif comme la vie (qui n’a jamais fait l’objet d’aucune recension en Russie).
Vingt-cinq juillet mil neuf cent soixante-neuf : Nos enseignants apprennent aux élèves que les Américains sont tellement cruels et inhumains qu’ils envoient des gens sur la lune. Vous vous rendez compte, nous, nous envoyons des appareils, de la technique, alors que ces canailles d’Américains envoient des hommes vivants !
Quatre septembre mil neuf cent soixante-neuf : La milice a fait intrusion dans ma datcha pour en chasser les Reeves, qui étaient arrivés avec leurs trois enfants. (James Reeves, auteur notamment de livres pour enfants)
Mercredi dix-sept septembre mil neuf cent soixante-neuf : Une bonne âme américaine m’avait abonné à Life, à Time et à quelques autres revues. J’ai reçu un exemplaire de chaque publication, et depuis – fini. Ceux qui surveillent le courrier à la poste ont bloqué tous les autres numéros.
J’ai fait une petite sieste, et j’ai rêvé de Klara.
5 mai 2021
A force de passer, rue Martainville, devant sa porte ouverte, je me décide à entrer dans l’aître Saint Maclou afin de voir à quoi il ressemble maintenant qu’il a été restauré.
C’est bien fait. Il a l’air neuf. Un passage couvert a été créé où sont installés des panneaux racontant l’histoire du lieu, du cimetière de pestiférés à l’école d’art. Il permet d’en sortir ou d’y accéder par la rue Géricault.
Les symboles mortuaires qui décorent les poutres reteintées sont moins visibles qu’avant. En revanche, on ne peut manquer les deux galeries d’art qui s’y nichent désormais, dont la nouvelle ruche de la Reine des Abeilles, aka la Voix de son Maire. Un café nommé Hamlet y est aussi installé, qui aura terrasse je suppose. Ouvrira-t-elle le dix-neuf mai ? Je ne serai pas là pour le voir.
*
Passage au Crédit à Bricoles où je me plains à la guichetière que l’on ne m’envoie plus mon relevé de compte sur papier mais uniquement via Internet.
-C’est dans le cadre de la campagne de dématérialisation, me dit-elle.
-Vous n’avez pas à prendre ce genre de décision sans mon autorisation, lui réponds-je.
Elle recoche la case me permettant de continuer à le recevoir par la Poste, me considérant comme un vieux con dépassé par la technique quand je lui dis que je n’ai pas de smartphone et que je refuse de consulter mon compte avec mon ordinateur. Comme elle me vante encore une fois la dématérialisation, je juge utile de la prévenir :
-Dans quelques années, grâce à l’intelligence artificielle, c’est vous qui serez dématérialisée, et vous n’aurez plus que vos yeux pour pleurer.
C’est bien fait. Il a l’air neuf. Un passage couvert a été créé où sont installés des panneaux racontant l’histoire du lieu, du cimetière de pestiférés à l’école d’art. Il permet d’en sortir ou d’y accéder par la rue Géricault.
Les symboles mortuaires qui décorent les poutres reteintées sont moins visibles qu’avant. En revanche, on ne peut manquer les deux galeries d’art qui s’y nichent désormais, dont la nouvelle ruche de la Reine des Abeilles, aka la Voix de son Maire. Un café nommé Hamlet y est aussi installé, qui aura terrasse je suppose. Ouvrira-t-elle le dix-neuf mai ? Je ne serai pas là pour le voir.
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Passage au Crédit à Bricoles où je me plains à la guichetière que l’on ne m’envoie plus mon relevé de compte sur papier mais uniquement via Internet.
-C’est dans le cadre de la campagne de dématérialisation, me dit-elle.
-Vous n’avez pas à prendre ce genre de décision sans mon autorisation, lui réponds-je.
Elle recoche la case me permettant de continuer à le recevoir par la Poste, me considérant comme un vieux con dépassé par la technique quand je lui dis que je n’ai pas de smartphone et que je refuse de consulter mon compte avec mon ordinateur. Comme elle me vante encore une fois la dématérialisation, je juge utile de la prévenir :
-Dans quelques années, grâce à l’intelligence artificielle, c’est vous qui serez dématérialisée, et vous n’aurez plus que vos yeux pour pleurer.
4 mai 2021
Je ne suis pas surpris ce lundi matin de recevoir à l’approche de ma seconde dose d’AstraZeneca un appel de la secrétaire de mon médecin traitant. Elle m’annonce que celui-ci ne sera pas là le jour prévu et me donne un autre rendez-vous une semaine plus tard avec l’un de ses confrères du cabinet médical.
Ce report n’est pas une catastrophe. Il a même l’avantage de me faire passer de la dixième semaine après la première injection à la onzième, ce qui du point de vue de l’efficacité du vaccin est peut-être mieux.
Si toutefois ce vaccin est vraiment efficace. Ce dont je ne suis pas tout à fait sûr, mais comme je voulais être vacciné le plus tôt possible je n’avais que ce choix. Je ne le regrette pas lorsque je vois ce qui est arrivé il y a peu à l’une de ma connaissance, non encore vaccinée.
Retraitée de l’Education Nationale comme moi, vivant seule comme moi, on ne peut plus prudente comme moi, elle a chopé un méchant Covid. Plusieurs jours à trente-neuf de fièvre, un à quarante et un, puis retour à une température normale mais avec une grosse fatigue et la perte de l’odorat. Elle a fait peur à ses ami(e)s.
Où a-t-elle été contaminée ? Elle ne sait pas. Ce qui relativise les dires de ceux recevant du public qui prétendent qu’on ne risque rien chez eux.
Ce report n’est pas une catastrophe. Il a même l’avantage de me faire passer de la dixième semaine après la première injection à la onzième, ce qui du point de vue de l’efficacité du vaccin est peut-être mieux.
Si toutefois ce vaccin est vraiment efficace. Ce dont je ne suis pas tout à fait sûr, mais comme je voulais être vacciné le plus tôt possible je n’avais que ce choix. Je ne le regrette pas lorsque je vois ce qui est arrivé il y a peu à l’une de ma connaissance, non encore vaccinée.
Retraitée de l’Education Nationale comme moi, vivant seule comme moi, on ne peut plus prudente comme moi, elle a chopé un méchant Covid. Plusieurs jours à trente-neuf de fièvre, un à quarante et un, puis retour à une température normale mais avec une grosse fatigue et la perte de l’odorat. Elle a fait peur à ses ami(e)s.
Où a-t-elle été contaminée ? Elle ne sait pas. Ce qui relativise les dires de ceux recevant du public qui prétendent qu’on ne risque rien chez eux.
2 mai 2021
Le troisième confinement s’achève par temps gris et froid. Il est difficile de rester assis sur le banc du jardin. Je ne le fais que peu longtemps, après avoir constaté que la pelouse a été tondue et un certain nombre de plantes ratiboisées, plus aucune fleur, que de la verdure. Je lis, rassemblée en un seul volume, l’entièreté des œuvres de Jean de La Ville de Mirmont, né à Bordeaux et mort au Chemin des Dames en mil neuf cent quatorze à l’âge de vingt-sept ans. Ce volume regroupe ses poésies (sous le titre L’Horizon chimérique, préfacé par son ami François Mauriac), son unique roman Les Dimanches de Jean Dézert et ses nouvelles (sous le titre Contes).
C’est un fac-similé de l’édition mil neuf cent vingt-neuf de la Librairie Bernard Grasset que j’ai acheté avant-guerre un euro chez Book-Off. Avant de le lire, il m’a fallu en couper les pages. Nombreux sont les témoignages d’écrivains d’autrefois se réjouissant d’avoir à couper les pages avant de pouvoir lire. Ce n’est pas mon cas. Tout travail manuel me saoule.
Chassé par quelques gouttes, je prends en compte les dernières décisions gouvernementales, principalement la réouverture des terrasses le dix-neuf mai, en organisant ma prochaine escapade, d’abord réserver une place dans un Tégévé puis trouver chez Airbibi des hébergements avec ouifi.
*
L’Horizon chimérique a été mis en musique par Gabriel Fauré. Et aussi par Julien Clerc.
*
Les Dimanches de Jean Dézert raconte avec une ironie mélancolique la vie routinière d’un employé âgé de vingt-sept ans du Ministère de l'Encouragement au Bien (Direction du Matériel).
Extrait :
Ce fut au Jardin des Plantes que Jean Dézert connut Elvire Barrochet. Il aurait pu, aussi bien, la rencontrer ailleurs. Mais l’histoire ne serait plus la même.
C’est un fac-similé de l’édition mil neuf cent vingt-neuf de la Librairie Bernard Grasset que j’ai acheté avant-guerre un euro chez Book-Off. Avant de le lire, il m’a fallu en couper les pages. Nombreux sont les témoignages d’écrivains d’autrefois se réjouissant d’avoir à couper les pages avant de pouvoir lire. Ce n’est pas mon cas. Tout travail manuel me saoule.
Chassé par quelques gouttes, je prends en compte les dernières décisions gouvernementales, principalement la réouverture des terrasses le dix-neuf mai, en organisant ma prochaine escapade, d’abord réserver une place dans un Tégévé puis trouver chez Airbibi des hébergements avec ouifi.
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L’Horizon chimérique a été mis en musique par Gabriel Fauré. Et aussi par Julien Clerc.
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Les Dimanches de Jean Dézert raconte avec une ironie mélancolique la vie routinière d’un employé âgé de vingt-sept ans du Ministère de l'Encouragement au Bien (Direction du Matériel).
Extrait :
Ce fut au Jardin des Plantes que Jean Dézert connut Elvire Barrochet. Il aurait pu, aussi bien, la rencontrer ailleurs. Mais l’histoire ne serait plus la même.
30 avril 2021
« Va falloir que tu corriges les inexactitudes de ton compte-rendu de la pub gouvernementale : je te laisse le lien qui va te permettre de la regarder, cette fois attentivement. », m’écrit un fidèle lecteur.
Gasp ! Comment est-ce possible? Contrairement à ce que j’ai écrit hier, on porte le masque dans le spot gouvernemental du cas contact.
Comment ai-je pu penser le contraire ? Je ne sais à quoi attribuer mon erreur. Une hallucination visuelle ? Un ramollissement du cerveau ? Un effet secondaire de la vaccination avec AstraZeneca ?
Je fais amende honorable (comme on dit).
*
Un crache d’Airbus tous les jours, entends-je dire encore une fois à propos des trois cents morts quotidiens du Covid en France. On pourrait aussi trouver que c’est peu : à peine plus de trois morts par département. Les mille sept cents morts journaliers d’avant-guerre n’ont jamais été comptés en équivalent catastrophe d’Airbus.
*
Ce Maire de Lyon qui prend un congé de paternité pour s’occuper de son quatrième enfant. Etre Ecologiste et avoir quatre enfants. Qui plus est, avoir fabriqué le dernier pendant le Covid.
Gasp ! Comment est-ce possible? Contrairement à ce que j’ai écrit hier, on porte le masque dans le spot gouvernemental du cas contact.
Comment ai-je pu penser le contraire ? Je ne sais à quoi attribuer mon erreur. Une hallucination visuelle ? Un ramollissement du cerveau ? Un effet secondaire de la vaccination avec AstraZeneca ?
Je fais amende honorable (comme on dit).
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Un crache d’Airbus tous les jours, entends-je dire encore une fois à propos des trois cents morts quotidiens du Covid en France. On pourrait aussi trouver que c’est peu : à peine plus de trois morts par département. Les mille sept cents morts journaliers d’avant-guerre n’ont jamais été comptés en équivalent catastrophe d’Airbus.
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Ce Maire de Lyon qui prend un congé de paternité pour s’occuper de son quatrième enfant. Etre Ecologiste et avoir quatre enfants. Qui plus est, avoir fabriqué le dernier pendant le Covid.
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