Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
23 octobre 2024
Bon, le boulanger Bon est en vacances. Le bar tabac L’Avenue en bas d’icelle, nommée Victor Hugo, est ouvert et a des croissants. Je petit-déjeune là avant le premier bus Vingt de huit heures dix pour Mèze dont je n’ai pas tout vu. L’arrêt de départ, Pont de Pierre, est en face. Trois euros soixante-dix, c’est dire le prix du croissant.
Arrivé au bord de l’Etang de Thau, je tourne le dos au Port en empruntant l’allée Pierre Vassiliu au-dessus de la plage du Thalassa. Elle mène à l’Ecole de Voile. A des tables en bois une jeunesse encore endormie petit-déjeune. A côté sont la Maison du Temps Libre, la Cuisine Centrale et le Cinéma Le Taurus. Je continue au-delà sur la Promenade du Sergent-Chef Navarro. Elle me conduit au site de la Conque, naturel et protégé. Face à moi, de gauche à droite, le Mont Saint-Clair, les vingt kilomètres du Lido qui va de Sète à Marseillan, le village port conchylicole du Mourre Blanc et, les pattes dans l’eau, plein d’oiseaux, dont quatre flamands roses.
Revenu sur mes pas, je contourne le Port jusqu’au Tabou. « Vous allez bien ? » m’accueille Sami, l’aimable gérant. A côté de moi, on parle héritage. « Si j’avais su, j’aurais pas vendu mes vignes » « Dans la vie, il y a les baiseurs et les baisés » puis on dit du mal d’une qui passe, elle a un peu regrossi mais qu’est-ce qu’elle est moche. Je réserve la même table pour midi. Le plat du jour sera andouillette braisée écrasé de pommes de terre. « J’en aurai peu, si vous êtes intéressé, c’est mieux de la faire mettre de côté. » Ce que je fais. De l’autre côté du Port, un restaurant nommé La Mèzon.
En bas de la rue du Port, la Bouquinerie La Girafe est ouverte. La boutique vaut la peine pour elle-même, ses girafes et son désordre, qui selon le maître des lieux n’en est pas un. Tout est rangé, me dit-il. Quant au contenu, il est énorme, dans tous les genres et de toutes les qualités. Il faudrait fouiller, et cela pour un livre dont le prix n’est pas inscrit dessus. Je fais le tour sans intention d’achat et quelques photos. Ce bouquiniste est un grand baratineur. A celui qui veut acheter deux Tintin pour ses enfants, il explique que les Tintin (dont il a des dizaines) c’est toujours plus cher d’occasion que neuf à cause de la cote. « Regardez ça ! » Il sort cette fameuse cote. Résultat : l’un à quinze euros, l’autre à vingt. Le convaincu sort ses billets. « Vous faites une affaire, dans cinq ans, ils vaudront cinq euros de plus », affirme le commerçant.
Sorti de là indemne, je monte jusqu’à l’église pour regarder sa façade sur le conseil de l’ami d’Orléans qui est passé ici en mars. Effectivement, vestige de la période révolutionnaire, il y est inscrit République Française avec en dessous Liberté Egalité Fraternité.
Rillettes de sardines, andouillette braisée et écrasé de pommes de terre, tarte à la pêche, le tout pour vingt-deux euros quarante, c’est mon choix au Tabou et c’est Céleste qui prend la commande. Elle porte bien son prénom.
Pour le café, je me propulse à l’entrée de l’allée Pierre Vassiliu chez Oscarine, un gros établissement où pendant le service des repas du midi quelques tables restent à disposition pour prendre une boisson. Je suis un peu écrasé par la chaleur quand je bois ce café (un euro quatre-vingts) entouré de femmes qui discutent chiffon, Gucci Dior et tutti.
Le quatorze heures trente-sept me ramène à Sète sans que j’en aie fini avec Mèze.
*
Aujourd’hui, c’est le jour anniversaire de la naissance de Georges Brassens. C’est donc le début de 22 V’la Georges, huit jours de spectacles à sa mémoire où je n’irai pas
*
« Georges Brassens est né le 22 octobre 1921 au domicile de ses parents, au 54 rue de l’Hospice, devenu en 1982 le 20, rue Georges-Brassens. Il grandit dans ce quartier populaire baptisé « Révolution », entre un père libertaire dont la famille est venue de Castelnaudary et une mère pieuse née à Sète de parents italiens. » écrivait l’Agence France Presse à l’occasion de son centenaire.
*
Pierre Vassiliu a passé les dernières années de sa vie à Mèze. Il est mort dans un hôpital de Sète. Ses cendres ont été dispersées dans l’Etang de Thau.
Arrivé au bord de l’Etang de Thau, je tourne le dos au Port en empruntant l’allée Pierre Vassiliu au-dessus de la plage du Thalassa. Elle mène à l’Ecole de Voile. A des tables en bois une jeunesse encore endormie petit-déjeune. A côté sont la Maison du Temps Libre, la Cuisine Centrale et le Cinéma Le Taurus. Je continue au-delà sur la Promenade du Sergent-Chef Navarro. Elle me conduit au site de la Conque, naturel et protégé. Face à moi, de gauche à droite, le Mont Saint-Clair, les vingt kilomètres du Lido qui va de Sète à Marseillan, le village port conchylicole du Mourre Blanc et, les pattes dans l’eau, plein d’oiseaux, dont quatre flamands roses.
Revenu sur mes pas, je contourne le Port jusqu’au Tabou. « Vous allez bien ? » m’accueille Sami, l’aimable gérant. A côté de moi, on parle héritage. « Si j’avais su, j’aurais pas vendu mes vignes » « Dans la vie, il y a les baiseurs et les baisés » puis on dit du mal d’une qui passe, elle a un peu regrossi mais qu’est-ce qu’elle est moche. Je réserve la même table pour midi. Le plat du jour sera andouillette braisée écrasé de pommes de terre. « J’en aurai peu, si vous êtes intéressé, c’est mieux de la faire mettre de côté. » Ce que je fais. De l’autre côté du Port, un restaurant nommé La Mèzon.
En bas de la rue du Port, la Bouquinerie La Girafe est ouverte. La boutique vaut la peine pour elle-même, ses girafes et son désordre, qui selon le maître des lieux n’en est pas un. Tout est rangé, me dit-il. Quant au contenu, il est énorme, dans tous les genres et de toutes les qualités. Il faudrait fouiller, et cela pour un livre dont le prix n’est pas inscrit dessus. Je fais le tour sans intention d’achat et quelques photos. Ce bouquiniste est un grand baratineur. A celui qui veut acheter deux Tintin pour ses enfants, il explique que les Tintin (dont il a des dizaines) c’est toujours plus cher d’occasion que neuf à cause de la cote. « Regardez ça ! » Il sort cette fameuse cote. Résultat : l’un à quinze euros, l’autre à vingt. Le convaincu sort ses billets. « Vous faites une affaire, dans cinq ans, ils vaudront cinq euros de plus », affirme le commerçant.
Sorti de là indemne, je monte jusqu’à l’église pour regarder sa façade sur le conseil de l’ami d’Orléans qui est passé ici en mars. Effectivement, vestige de la période révolutionnaire, il y est inscrit République Française avec en dessous Liberté Egalité Fraternité.
Rillettes de sardines, andouillette braisée et écrasé de pommes de terre, tarte à la pêche, le tout pour vingt-deux euros quarante, c’est mon choix au Tabou et c’est Céleste qui prend la commande. Elle porte bien son prénom.
Pour le café, je me propulse à l’entrée de l’allée Pierre Vassiliu chez Oscarine, un gros établissement où pendant le service des repas du midi quelques tables restent à disposition pour prendre une boisson. Je suis un peu écrasé par la chaleur quand je bois ce café (un euro quatre-vingts) entouré de femmes qui discutent chiffon, Gucci Dior et tutti.
Le quatorze heures trente-sept me ramène à Sète sans que j’en aie fini avec Mèze.
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Aujourd’hui, c’est le jour anniversaire de la naissance de Georges Brassens. C’est donc le début de 22 V’la Georges, huit jours de spectacles à sa mémoire où je n’irai pas
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« Georges Brassens est né le 22 octobre 1921 au domicile de ses parents, au 54 rue de l’Hospice, devenu en 1982 le 20, rue Georges-Brassens. Il grandit dans ce quartier populaire baptisé « Révolution », entre un père libertaire dont la famille est venue de Castelnaudary et une mère pieuse née à Sète de parents italiens. » écrivait l’Agence France Presse à l’occasion de son centenaire.
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Pierre Vassiliu a passé les dernières années de sa vie à Mèze. Il est mort dans un hôpital de Sète. Ses cendres ont été dispersées dans l’Etang de Thau.
22 octobre 2024
Huit kilomètres seulement entre Sète et Frontignan Plage, il faut pourtant deux bus pour y aller, et la correspondance n’est pas la même au retour.
Ce lundi, alors que le ciel va devenir bleu, je prends le Onze de neuf heures à Noël Guignon et en descends à Square de la Liberté à Frontignan où je monte à neuf heures trente dans le Seize dont le terminus est La Bergerie sur la bande de terre entre l’Etang d’Ingril et la Méditerranée, un lieu dont j’espérais mieux, que des commerces pour touristes, et fermés.
Aussi je reviens avec le bus jusqu’au Port de Plaisance à l’arrêt Maison du Tourisme. D’un côté, l’Etang d’Ingril qui donnerait envie de se balader le long, mais c’est impossible, de l’autre, un vaste garage à bateaux, de type marina, une succession de bassins qui fatigue le marcheur, et enfin j’arrive à la plage, guère excitante, un seul café restaurant rencontré, sombre, cher et donnant sur une route.
J’en suis à me dire que je vais rentrer à Sète quand j’avise deux vieilles et un vieux sur un banc. Lui m’indique un autre restaurant, le MG, de l’autre côté du pont, un peu caché, près de l’arrêt de bus. Je leur dis que je m’attendais à plus de vie. « Ici c’est calme mais y a rien », me répond l’une. Ce qui est un bon résumé de la situation.
Au MG, un jeune homme dresse les tables extérieures. Il m’annonce un plat du jour à quatorze euros quatre-vingt-dix et accepte de me servir un café à la table du coin, deux euros. Je suis au bord du Port près du petit chantier naval. J’assiste au soulèvement d’un voilier par le portique à lanières. « Le temps tourne », dit un passant. Effectivement, le ciel bleu se charge de nuages et le vent fraichît. À quelques pas de là, jadis, Paul Valéry manqua se noyer dans la Seine au moment même où sur le pont passaient en voiture Mallarmé, sa femme, sa fille, sa chatte et ses perruches. me raconte Jean Hugo pour me faire patienter. C’est bien sa tombe, à Paul Va’ que j’ai vue hier, j’ai trouvé son nom écrit en gros en agrandissant ma photo.
Vers midi, il fait de nouveau bleu. Le plat du jour est une pressade de porc ibérique aux petits légumes corsés et jus de viande glacé. L’endroit est chic et la cuisine raffinée, seul le plat du jour est à ce prix. Une coupelle d’olives vertes de Lucques m’est offerte avec la carafe d’eau. Elles sont délicieuses et la pressade excellente. Deux couples mangent également en terrasse et dans chacun des deux, on ne se gêne pas pour montrer que l’on se déteste. MG signifie Entre Mer et Garrigue, apprends-je quand je paie.
Sur un banc face au Port, je me chauffe en attendant le bus Seize de treize heures trente-cinq. J’en descends à l’arrêt Gare de Frontignan. Neuf minutes plus tard, un Onze me ramène à Noël Guignon et à quatorze heures trente, je suis au Classic, terrasse café lecture au-dessus du Canal Royal.
*
Vu au passage à Frontignan sa belle église fortifiée et des caves coopératives, mais pas la queue d’une vigne.
*
A l’entrée de Sète, un long canal rectiligne au bord duquel se trouve le Conservatoire Manitas de Plata, né natif d’ici.
Ce lundi, alors que le ciel va devenir bleu, je prends le Onze de neuf heures à Noël Guignon et en descends à Square de la Liberté à Frontignan où je monte à neuf heures trente dans le Seize dont le terminus est La Bergerie sur la bande de terre entre l’Etang d’Ingril et la Méditerranée, un lieu dont j’espérais mieux, que des commerces pour touristes, et fermés.
Aussi je reviens avec le bus jusqu’au Port de Plaisance à l’arrêt Maison du Tourisme. D’un côté, l’Etang d’Ingril qui donnerait envie de se balader le long, mais c’est impossible, de l’autre, un vaste garage à bateaux, de type marina, une succession de bassins qui fatigue le marcheur, et enfin j’arrive à la plage, guère excitante, un seul café restaurant rencontré, sombre, cher et donnant sur une route.
J’en suis à me dire que je vais rentrer à Sète quand j’avise deux vieilles et un vieux sur un banc. Lui m’indique un autre restaurant, le MG, de l’autre côté du pont, un peu caché, près de l’arrêt de bus. Je leur dis que je m’attendais à plus de vie. « Ici c’est calme mais y a rien », me répond l’une. Ce qui est un bon résumé de la situation.
Au MG, un jeune homme dresse les tables extérieures. Il m’annonce un plat du jour à quatorze euros quatre-vingt-dix et accepte de me servir un café à la table du coin, deux euros. Je suis au bord du Port près du petit chantier naval. J’assiste au soulèvement d’un voilier par le portique à lanières. « Le temps tourne », dit un passant. Effectivement, le ciel bleu se charge de nuages et le vent fraichît. À quelques pas de là, jadis, Paul Valéry manqua se noyer dans la Seine au moment même où sur le pont passaient en voiture Mallarmé, sa femme, sa fille, sa chatte et ses perruches. me raconte Jean Hugo pour me faire patienter. C’est bien sa tombe, à Paul Va’ que j’ai vue hier, j’ai trouvé son nom écrit en gros en agrandissant ma photo.
Vers midi, il fait de nouveau bleu. Le plat du jour est une pressade de porc ibérique aux petits légumes corsés et jus de viande glacé. L’endroit est chic et la cuisine raffinée, seul le plat du jour est à ce prix. Une coupelle d’olives vertes de Lucques m’est offerte avec la carafe d’eau. Elles sont délicieuses et la pressade excellente. Deux couples mangent également en terrasse et dans chacun des deux, on ne se gêne pas pour montrer que l’on se déteste. MG signifie Entre Mer et Garrigue, apprends-je quand je paie.
Sur un banc face au Port, je me chauffe en attendant le bus Seize de treize heures trente-cinq. J’en descends à l’arrêt Gare de Frontignan. Neuf minutes plus tard, un Onze me ramène à Noël Guignon et à quatorze heures trente, je suis au Classic, terrasse café lecture au-dessus du Canal Royal.
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Vu au passage à Frontignan sa belle église fortifiée et des caves coopératives, mais pas la queue d’une vigne.
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A l’entrée de Sète, un long canal rectiligne au bord duquel se trouve le Conservatoire Manitas de Plata, né natif d’ici.
21 octobre 2024
Le jour tarde de plus en plus à se lever. Quand il y consent ce dimanche, le ciel est dégagé. Je prends pédestrement le chemin du Cimetière Marin et du Phare Saint-Clair juste au-dessus.
Je m’occupe d’abord du second. On ne peut s’en approcher tout près car il est entouré d'un haut grillage étant encore en fonction J’en fais quelques photos et une de la Citadelle à côté dont les prises de vues sont interdites.
J’entre par la porte du haut dans le Cimetière Marin, là où est une pancarte indiquant Paul Valéry. D’autres me conduisent à sa tombe, du moins j’espère que c’est elle car avec le soleil et ma mauvaise vue je suis en peine de trouver son prénom sur la pierre. C’est plein de Valéry et il y a gravé un vers bien dans sa manière qui n’est pas pour me plaire. Un petit banc fait face à cette tombe supposée de Valéry. Je ne rêve pas, il y a une femme qui pleure et se lamente quelque part. Je la vois au détour d’une allée, une quinquagénaire en larmes devant une tombe qui pourtant ne semble pas récente. L’autre célébrité du lieu se trouve plus bas, fléchée elle aussi. La tombe de Jean Vilar est tristounette, son nom est dans un coin, au-dessus un récipient rouge dans lequel certains ont mis leur petite pierre. J’en ramasse une dans l’allée et l’ajoute au nom de l’ami comédien Bruno Bayeux qui ne m’a pourtant rien demandé. Ce cimetière n’est pas le plus beau des cimetières marins. Il manque de poésie, si j’ose dire. Je découvre qu’en plus, on y creuse à la pelleteuse et qu’il est coupé en deux par une route. Celle-ci traversée, je descends dans cette seconde partie jusqu’à trouver une sortie.
Craignant de ne pas avoir de place en terrasse le long du Canal Royal, je m’arrête au Souras Bar, vue sur le Port et le Phare Saint-Louis, soleil assuré, pour un café verre d’eau lecture de Jean Hugo, un euro quatre-vingts.
Vers onze heures, il fait presque trop chaud. Aussi je lève le camp, direction l’Idéal Bar pour six huîtres de Bouzigues et un verre de Picpoul, attablé à l’ombre avec vue sur les Halles et sur la foule des passants où l’on compte presque autant de chiens que d’enfants.
A midi, je déjeune à l’un de ces restaurants pour touristes du Port, Chez Jojo, huit bulots aïoli, un mi-cuit de thon et une crème brûlée pour la somme habituelle de vingt euros quatre-vingt-dix. Sur la carte, c’est écrit vingt-quatre euros quatre-vingt-dix mais, me dit la serveuse, « Ne vous préoccupez pas ça, c’est le prix pour la saison. » Autrement dit, l’été on se fait estamper. J’ai vue sur les énormes chalutiers, dont le Louis Nocca qui est à visiter. Chez Jojo n’offre pas l’apéro.
Je bois un premier café (deux euros) chez Jadounette, un bar glacier qui a sa terrasse sur une barge. C’est agréable d’être légèrement secoué à chaque passage de bateau. Puis, comme le temps est vraiment estival, je passe le pont de la Civette et m’installe à la terrasse du Central pour un autre café au soleil à deux euros. J’assiste à l’ahurissant défilé des familles sur le quai. Le monde s’écroule et ils continuent à se reproduire, enfournant tout ça dans de grosses voitures qui ajoutent au dérèglement climatique et servent accessoirement à écraser les bicyclistes.
*
Sur une pierre tombale du Cimetière Marin, cette plaque : « A leur Docteur dévoué, ses fidèles clients » Ce médecin ne serait pas ravi s’il pouvait constater que ses patients considéraient être ses clients.
Je m’occupe d’abord du second. On ne peut s’en approcher tout près car il est entouré d'un haut grillage étant encore en fonction J’en fais quelques photos et une de la Citadelle à côté dont les prises de vues sont interdites.
J’entre par la porte du haut dans le Cimetière Marin, là où est une pancarte indiquant Paul Valéry. D’autres me conduisent à sa tombe, du moins j’espère que c’est elle car avec le soleil et ma mauvaise vue je suis en peine de trouver son prénom sur la pierre. C’est plein de Valéry et il y a gravé un vers bien dans sa manière qui n’est pas pour me plaire. Un petit banc fait face à cette tombe supposée de Valéry. Je ne rêve pas, il y a une femme qui pleure et se lamente quelque part. Je la vois au détour d’une allée, une quinquagénaire en larmes devant une tombe qui pourtant ne semble pas récente. L’autre célébrité du lieu se trouve plus bas, fléchée elle aussi. La tombe de Jean Vilar est tristounette, son nom est dans un coin, au-dessus un récipient rouge dans lequel certains ont mis leur petite pierre. J’en ramasse une dans l’allée et l’ajoute au nom de l’ami comédien Bruno Bayeux qui ne m’a pourtant rien demandé. Ce cimetière n’est pas le plus beau des cimetières marins. Il manque de poésie, si j’ose dire. Je découvre qu’en plus, on y creuse à la pelleteuse et qu’il est coupé en deux par une route. Celle-ci traversée, je descends dans cette seconde partie jusqu’à trouver une sortie.
Craignant de ne pas avoir de place en terrasse le long du Canal Royal, je m’arrête au Souras Bar, vue sur le Port et le Phare Saint-Louis, soleil assuré, pour un café verre d’eau lecture de Jean Hugo, un euro quatre-vingts.
Vers onze heures, il fait presque trop chaud. Aussi je lève le camp, direction l’Idéal Bar pour six huîtres de Bouzigues et un verre de Picpoul, attablé à l’ombre avec vue sur les Halles et sur la foule des passants où l’on compte presque autant de chiens que d’enfants.
A midi, je déjeune à l’un de ces restaurants pour touristes du Port, Chez Jojo, huit bulots aïoli, un mi-cuit de thon et une crème brûlée pour la somme habituelle de vingt euros quatre-vingt-dix. Sur la carte, c’est écrit vingt-quatre euros quatre-vingt-dix mais, me dit la serveuse, « Ne vous préoccupez pas ça, c’est le prix pour la saison. » Autrement dit, l’été on se fait estamper. J’ai vue sur les énormes chalutiers, dont le Louis Nocca qui est à visiter. Chez Jojo n’offre pas l’apéro.
Je bois un premier café (deux euros) chez Jadounette, un bar glacier qui a sa terrasse sur une barge. C’est agréable d’être légèrement secoué à chaque passage de bateau. Puis, comme le temps est vraiment estival, je passe le pont de la Civette et m’installe à la terrasse du Central pour un autre café au soleil à deux euros. J’assiste à l’ahurissant défilé des familles sur le quai. Le monde s’écroule et ils continuent à se reproduire, enfournant tout ça dans de grosses voitures qui ajoutent au dérèglement climatique et servent accessoirement à écraser les bicyclistes.
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Sur une pierre tombale du Cimetière Marin, cette plaque : « A leur Docteur dévoué, ses fidèles clients » Ce médecin ne serait pas ravi s’il pouvait constater que ses patients considéraient être ses clients.
20 octobre 2024
La Grimpette de Paul Va’, c’était hier. Chaque veille de vacances de Toussaint, les collégien(ne)s du Lycée Paul Valéry (ça fait aussi Collège) grimpent à la course jusqu’en haut du Mont Saint-Clair. Je choisis d’y grimper ce samedi matin avec le bus Cinq de huit heures cinquante.
J’espérais un meilleur temps, conforme à celui annoncé, mais encore une fois, il fait gris quand j’arrive devant l’imposante croix blanche (éclairée la nuit) qui domine l’esplanade d’où l’on à vue plongeante sur l’Etang de Thau et ses bourg à coquillages, sur le centre de Sète et son Port et sur la Méditerranée. A côté, discrète et ravissante, se trouve la Chapelle Notre-Dame de la Salette, heureusement ouverte. A l’intérieur, les fresques murales datant des années Cinquante s’abîment. On compte sur la charité publique pour les restaurer.
Je redescends à pied, passe devant la Citadelle (« Terrain militaire. Prises de vue interdites ») et arrive au pentu Jardin du Sémaphore. Assis sur un de ses bancs, je contemple le Port, son môle et, à l’extrémité de celui-ci, le phare Saint-Louis. A ma droite, sur le flanc du Mont, l’autre phare, Saint-Clair, toujours en activité, en dessous le Cimetière Marin, à ses pieds, le Théâtre de la Mer. Le soleil promis est maintenant là.
Arrivé en bas, je passe devant l’Office de Tourisme. Je m’y arrête pour demander un plan de Frontignan. On ne sait pas si on a ça mais on a un dépliant « Une journée à Frontignan ». « Ça ne m’intéresse pas, je vous ai demandé un plan. » « Je vais voir », me dit celle à qui j’ai affaire. Elle disparaît dans l’arrière-fond de la boutique. Trois minutes après, elle n’est pas revenue. Je m’en vais. L’Office de Tourisme de Sète est un des plus déplaisants que je connaisse.
La terrasse du Classic est complète quand je retrouve le Canal Royal, celle du Marina aussi. Je trouve une table à demi ensoleillée au Tabary’s. Sur les bateaux Canauxrama on fait des essais de micro. Dès que les familles sont là, les villes deviennent des parcs d’attraction. A Sète, c’est sur l’eau que ça se passe.
Pour déjeuner, direction l’Oscar Café où c’est paëlla et salade de chèvre chaud en entrée pour quinze euros. Le patron à la cuisinière (qui n’est peut-être pas sa femme) : « On risque d’avoir du monde ou pas ? » Eh bien, je suis le seul à manger. Au comptoir et sur le trottoir, les habituels habitués boivent un petit verre.
Une fois nourri, je longe le Canal jusqu’au Classic et réussis à choper une table en terrasse au soleil, parfaite pour lire après le café. Dans le livre de Jean Hugo, une photo de lui-même avec l’Abbé Mugnier en mil neuf cent trente au Mas de Fourques.
*
Une femme à son mari : T’as pris un short, toi, lapin ? » Lapin !
*
Ces enfants à qui leurs parents demandent en s’asseyant à une table de café « Vous voulez boire quelque chose ? » et qui savent qu’ils doivent répondre « Non, de l’eau, »
*
Deux filles. C’est leur chien qui décide de tout. Elles ne peuvent se mettre au soleil pour boire un verre. « C’est pas bon pour ses pattes. »
J’espérais un meilleur temps, conforme à celui annoncé, mais encore une fois, il fait gris quand j’arrive devant l’imposante croix blanche (éclairée la nuit) qui domine l’esplanade d’où l’on à vue plongeante sur l’Etang de Thau et ses bourg à coquillages, sur le centre de Sète et son Port et sur la Méditerranée. A côté, discrète et ravissante, se trouve la Chapelle Notre-Dame de la Salette, heureusement ouverte. A l’intérieur, les fresques murales datant des années Cinquante s’abîment. On compte sur la charité publique pour les restaurer.
Je redescends à pied, passe devant la Citadelle (« Terrain militaire. Prises de vue interdites ») et arrive au pentu Jardin du Sémaphore. Assis sur un de ses bancs, je contemple le Port, son môle et, à l’extrémité de celui-ci, le phare Saint-Louis. A ma droite, sur le flanc du Mont, l’autre phare, Saint-Clair, toujours en activité, en dessous le Cimetière Marin, à ses pieds, le Théâtre de la Mer. Le soleil promis est maintenant là.
Arrivé en bas, je passe devant l’Office de Tourisme. Je m’y arrête pour demander un plan de Frontignan. On ne sait pas si on a ça mais on a un dépliant « Une journée à Frontignan ». « Ça ne m’intéresse pas, je vous ai demandé un plan. » « Je vais voir », me dit celle à qui j’ai affaire. Elle disparaît dans l’arrière-fond de la boutique. Trois minutes après, elle n’est pas revenue. Je m’en vais. L’Office de Tourisme de Sète est un des plus déplaisants que je connaisse.
La terrasse du Classic est complète quand je retrouve le Canal Royal, celle du Marina aussi. Je trouve une table à demi ensoleillée au Tabary’s. Sur les bateaux Canauxrama on fait des essais de micro. Dès que les familles sont là, les villes deviennent des parcs d’attraction. A Sète, c’est sur l’eau que ça se passe.
Pour déjeuner, direction l’Oscar Café où c’est paëlla et salade de chèvre chaud en entrée pour quinze euros. Le patron à la cuisinière (qui n’est peut-être pas sa femme) : « On risque d’avoir du monde ou pas ? » Eh bien, je suis le seul à manger. Au comptoir et sur le trottoir, les habituels habitués boivent un petit verre.
Une fois nourri, je longe le Canal jusqu’au Classic et réussis à choper une table en terrasse au soleil, parfaite pour lire après le café. Dans le livre de Jean Hugo, une photo de lui-même avec l’Abbé Mugnier en mil neuf cent trente au Mas de Fourques.
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Une femme à son mari : T’as pris un short, toi, lapin ? » Lapin !
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Ces enfants à qui leurs parents demandent en s’asseyant à une table de café « Vous voulez boire quelque chose ? » et qui savent qu’ils doivent répondre « Non, de l’eau, »
*
Deux filles. C’est leur chien qui décide de tout. Elles ne peuvent se mettre au soleil pour boire un verre. « C’est pas bon pour ses pattes. »
19 octobre 2024
Un meilleur temps peut-être, un meilleur état de santé peut-être, ce vendredi je suis dans le bus Dix de huit heures quarante en direction de Balaruc qui se montre de loin au soleil quand nous longeons l’Etang de Thau à Frontignan.
J’en descends à l’arrêt Centre Nautique Manureva et là, déception, des nuages apparaissent et surtout un vent froid balaie la Promenade. Je fais néanmoins un quasi tour de la pointe où s’étale ce bourg thermal, m’arrêtant à la fresque en trompe-l’œil de la cabane à Lolo. Personne dehors, hormis des curistes à gros sac vide, spectacle déprimant. Par chance, un bus Dix direction Sète se présente derrière les Thermes, j’y monte.
A dix heures dix, je suis au Tabary’s. A l’intérieur où se retrouve la bourgeoisie bourgeoisante. Des oisifs et des actifs, dont un au téléphone qui tente de vendre une assurance décès. De fausses toiles d’araignées relient les loupiotes qui pendent du plafond car bientôt c’est Allo Ouine. Par la vitre, j’ai vue sur le bateau Vision Sous-Marine, un promène-touristes jaune sur lequel on s’affaire. Immobile depuis mon arrivée, il pourrait bouger dès demain avec l’arrivée des vacanciers de la Toussaint. Je commence là la relecture de Le Regard de la mémoire de Jean Hugo, lu il y a des années, dont j’ai tout oublié. Les souvenirs de l’arrière-petit-fils de Victor commencent en mil neuf cent quatorze à Granville :
Quand je pensais faire mon service en temps de paix, Paul Clemenceau m’avait conseillé de briguer l’emploi d’ordonnance :
–Tu coucheras avec la femme du capitaine, ajoutait-il.
A midi, je déjeune au Flore, un café restaurant un peu crapou en bas de la rue Gambetta, près d’une place où l’on creuse un parquigne souterrain, d’un menu à vingt euros quatre-vingt-dix : soupe de poisson, saucisse aligot d’Aveyron et tarte Tatin. La soupe de poisson est servie avec ses croûtons, sa rouille et son fromage à mettre dans le bol, la saucisse et l’aligot sont corrects, la Tatin décevante.
Sorti de là, je passe prendre un pull à mon logis provisoire puis je me risque à la terrasse du Marina pour un café verre d’eau Hugo, profitant, malgré le vent, de quelques éclaircies. Quand le soleil disparaît, moi aussi.
*
Autre expression des serveuses et serveurs d’ici après qu’on leur a dit merci « Avec plaisir ! »
J’en descends à l’arrêt Centre Nautique Manureva et là, déception, des nuages apparaissent et surtout un vent froid balaie la Promenade. Je fais néanmoins un quasi tour de la pointe où s’étale ce bourg thermal, m’arrêtant à la fresque en trompe-l’œil de la cabane à Lolo. Personne dehors, hormis des curistes à gros sac vide, spectacle déprimant. Par chance, un bus Dix direction Sète se présente derrière les Thermes, j’y monte.
A dix heures dix, je suis au Tabary’s. A l’intérieur où se retrouve la bourgeoisie bourgeoisante. Des oisifs et des actifs, dont un au téléphone qui tente de vendre une assurance décès. De fausses toiles d’araignées relient les loupiotes qui pendent du plafond car bientôt c’est Allo Ouine. Par la vitre, j’ai vue sur le bateau Vision Sous-Marine, un promène-touristes jaune sur lequel on s’affaire. Immobile depuis mon arrivée, il pourrait bouger dès demain avec l’arrivée des vacanciers de la Toussaint. Je commence là la relecture de Le Regard de la mémoire de Jean Hugo, lu il y a des années, dont j’ai tout oublié. Les souvenirs de l’arrière-petit-fils de Victor commencent en mil neuf cent quatorze à Granville :
Quand je pensais faire mon service en temps de paix, Paul Clemenceau m’avait conseillé de briguer l’emploi d’ordonnance :
–Tu coucheras avec la femme du capitaine, ajoutait-il.
A midi, je déjeune au Flore, un café restaurant un peu crapou en bas de la rue Gambetta, près d’une place où l’on creuse un parquigne souterrain, d’un menu à vingt euros quatre-vingt-dix : soupe de poisson, saucisse aligot d’Aveyron et tarte Tatin. La soupe de poisson est servie avec ses croûtons, sa rouille et son fromage à mettre dans le bol, la saucisse et l’aligot sont corrects, la Tatin décevante.
Sorti de là, je passe prendre un pull à mon logis provisoire puis je me risque à la terrasse du Marina pour un café verre d’eau Hugo, profitant, malgré le vent, de quelques éclaircies. Quand le soleil disparaît, moi aussi.
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Autre expression des serveuses et serveurs d’ici après qu’on leur a dit merci « Avec plaisir ! »
18 octobre 2024
« Hier, encore, y avait un peu de ciel bleu mais là c’est complètement bouché », constate-t-on au Classic. La patronne vient d’augmenter l’éclairage. Il faisait tristement sombre quand j’y suis arrivé. Un café déserté par plusieurs de ses habitués du début de matinée. « Ça s’annonce mal pour les vacances de la Toussaint », dit-on encore.
Ce n’est que lorsque j’ai reçu un courrier de l’ami de Stockholm, il y a quelques jours, que j’ai pris conscience que ces vacances arrivaient. Nous ne pourrons pas nous voir à Rouen, quand il y sera avec sa compagne et ses enfants. Aurais-je été là que cela aurait été la même chose. Ils sont pris par un tas d’obligations lors de leur court passage annuel dans la ville où je les ai connus. Plus de rencontre Rouen Stockholm depuis plusieurs années, j’en suis marri.
Il fut un temps où je me souciais des dates de vacances scolaires pour partir, afin d’éviter les familles débordées par leur descendance. Cette fois, je n’y ai même pas pensé.
Un bus Trois me conduit à l’arrêt Théâtre de la Mer. Les vagues mènent une attaque contre le socle rocheux sur lequel est érigé le bâtiment. C’est la Nature à l’assaut de la Culture, la déferlante contre le blockhaus. Quand je veux en faire une image, je reçois de l’eau salée sur la tête. A défaut de m’être baigné dans la Méditerranée, m’en voilà aspergé.
Je rentre pénardement par la Grand’Rue Mario-Roustan où l’on trouve une boutique nommée Chez Ta Mère. Elle est défunte depuis un moment et sert de panneau d’affichage. En bas de cette rue est le Tabary’s sous la véranda duquel je m’achemine vers la dernière page du Journal de Jean-Luc Lagarce. Je l’atteins peu avant midi
Je reste à ma table pour déjeuner d’un couscous royal à quatorze euros. De cet endroit surélevé, ne voyant que le quai d’en face sans voitures et ses maisons à belles façades, je pourrais me croire à Venise. N’était le manque de circulation sur le Canal. Ici, les bateaux semblent amarrés une fois pour toutes. J’ai un peu de mal à terminer ce couscous royal car je suis toujours patraque.
Le sommet du Mont Saint-Clair disparaît dans la brume quand je quitte le Tabary’s pour rejoindre le Classic dont j’apprécie peu le café, mais aime le cadre et l’ambiance. En général, car aujourd’hui déjeunent ici de petits plats micro-ondés surtout des touristes anglophones.
*
Jamais lu un Journal plus attristant que celui de Jean-Luc Lagarce. Le courage dont il fait preuve pendant les années où il souffre atrocement du Sida, ne renonçant à rien. Je me demandais à chaque page mais comment fait-il pour subir tout ça et continuer à écrire, à mettre en scène, à voyager, à rencontrer, à s’occuper de son appartement, à acheter des livres et des disques, alors qu’il est si diminué et se sait condamné.
Ce n’est que lorsque j’ai reçu un courrier de l’ami de Stockholm, il y a quelques jours, que j’ai pris conscience que ces vacances arrivaient. Nous ne pourrons pas nous voir à Rouen, quand il y sera avec sa compagne et ses enfants. Aurais-je été là que cela aurait été la même chose. Ils sont pris par un tas d’obligations lors de leur court passage annuel dans la ville où je les ai connus. Plus de rencontre Rouen Stockholm depuis plusieurs années, j’en suis marri.
Il fut un temps où je me souciais des dates de vacances scolaires pour partir, afin d’éviter les familles débordées par leur descendance. Cette fois, je n’y ai même pas pensé.
Un bus Trois me conduit à l’arrêt Théâtre de la Mer. Les vagues mènent une attaque contre le socle rocheux sur lequel est érigé le bâtiment. C’est la Nature à l’assaut de la Culture, la déferlante contre le blockhaus. Quand je veux en faire une image, je reçois de l’eau salée sur la tête. A défaut de m’être baigné dans la Méditerranée, m’en voilà aspergé.
Je rentre pénardement par la Grand’Rue Mario-Roustan où l’on trouve une boutique nommée Chez Ta Mère. Elle est défunte depuis un moment et sert de panneau d’affichage. En bas de cette rue est le Tabary’s sous la véranda duquel je m’achemine vers la dernière page du Journal de Jean-Luc Lagarce. Je l’atteins peu avant midi
Je reste à ma table pour déjeuner d’un couscous royal à quatorze euros. De cet endroit surélevé, ne voyant que le quai d’en face sans voitures et ses maisons à belles façades, je pourrais me croire à Venise. N’était le manque de circulation sur le Canal. Ici, les bateaux semblent amarrés une fois pour toutes. J’ai un peu de mal à terminer ce couscous royal car je suis toujours patraque.
Le sommet du Mont Saint-Clair disparaît dans la brume quand je quitte le Tabary’s pour rejoindre le Classic dont j’apprécie peu le café, mais aime le cadre et l’ambiance. En général, car aujourd’hui déjeunent ici de petits plats micro-ondés surtout des touristes anglophones.
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Jamais lu un Journal plus attristant que celui de Jean-Luc Lagarce. Le courage dont il fait preuve pendant les années où il souffre atrocement du Sida, ne renonçant à rien. Je me demandais à chaque page mais comment fait-il pour subir tout ça et continuer à écrire, à mettre en scène, à voyager, à rencontrer, à s’occuper de son appartement, à acheter des livres et des disques, alors qu’il est si diminué et se sait condamné.
17 octobre 2024
Pour la nuit de mardi à mercredi et les deux jours qui suivent, la météo annonce un fort vent et des grosses pluies sur le Languedoc, la faute à « une entrée maritime ». Ce vent, je l’entends gronder dans le noir. Il me gêne à peine. Mon principal souci reste d’ordre intestinal.
Au matin, avant même le petit-déjeuner au Classic, je trouve une pharmacie déjà ouverte près des Halles. « Votre médecin aurait dû vous prescrire un probiotique avec », me dit le pharmacien. « Les fois précédentes où j’ai pris des antibiotiques, je n’ai pas eu ce genre de problème alors je ne me suis pas méfié », lui réponds-je. « Ça dépend des antibiotiques », me dit-il, se gardant d’ajouter « Et puis maintenant vous n’êtes plus jeune », mais je l’ai lu. Seize euros, cette petite chose à prendre pendant dix jours, ce qui veut dire qu’il va falloir attendre pour que ça s’améliore.
Le vent souffle fort mais il ne pleut pas. Pour me trouver non loin d’un abri en cas de nécessité, je prends le bus Trois qui longe la Corniche et le quitte à Plan de la Corniche, un lieu doté d’au moins un café restaurant.
Le ciel est quasiment bleu. Je descends pédestrement jusqu’à la Crique de la Nau d’où l’on surplombe la mer agitée qui se heurte aux rochers, cette Méditerranée que je ne vois pas très souvent. Je tente quelques photos, mais appuyer au moment le plus spectaculaire relève de l’impossible.
Remonté, j’entre au bien nommé La Ressource pour mon café verre d’eau lecture du matin, un grand établissement à terrasse qui donne sur la grand-route. La mer n’est pas loin derrière, invisible.
Il fait meilleur qu’annoncé, doux et ensoleillé. C’est ce que je constate en descendant du bus Trois à l’arrêt Savonnerie, non loin des restaurants du Port. Je peux déjeuner dehors car la terrasse est bien protégée du vent au Bamboo, six huîtres de Bouzigues, la pièce du boucher avec ses frites fraîches et un tiramisu pour vingt euros quatre-vingt-dix, la sangria est offerte. L’ambiance est touristique mais sympathique. C’est un restaurant où l’on sort un chauffe-terrasse au gaz pour ceux qui ont froid, je croyais que c’était interdit. Une femme fait garder son chien pendant qu’elle va aux toilettes par la femme de la table voisine. « Elle revient ta mère. » Je ne m’y habituerai jamais.
Je marche ensuite sous un ciel bleu avec petits nuages blancs le long du Canal Royal jusqu’au Classic. Le vent m’oblige à l’intérieur pour le café, le verre d’eau et la lecture. C’est bientôt la fin pour Lagarce. Terrible.
*
Une femme et un homme qui ne sont pas d’accord sur le chemin à suivre. Elle : « Comme tu veux, trésor. » Trésor !
*
Canal Royal, un bâtiment d’habitation de trois étages surmonté d’une petite tour carrée. Mieux vaut que ce ne soit pas les toilettes là-haut quand on est malade comme moi.
Au matin, avant même le petit-déjeuner au Classic, je trouve une pharmacie déjà ouverte près des Halles. « Votre médecin aurait dû vous prescrire un probiotique avec », me dit le pharmacien. « Les fois précédentes où j’ai pris des antibiotiques, je n’ai pas eu ce genre de problème alors je ne me suis pas méfié », lui réponds-je. « Ça dépend des antibiotiques », me dit-il, se gardant d’ajouter « Et puis maintenant vous n’êtes plus jeune », mais je l’ai lu. Seize euros, cette petite chose à prendre pendant dix jours, ce qui veut dire qu’il va falloir attendre pour que ça s’améliore.
Le vent souffle fort mais il ne pleut pas. Pour me trouver non loin d’un abri en cas de nécessité, je prends le bus Trois qui longe la Corniche et le quitte à Plan de la Corniche, un lieu doté d’au moins un café restaurant.
Le ciel est quasiment bleu. Je descends pédestrement jusqu’à la Crique de la Nau d’où l’on surplombe la mer agitée qui se heurte aux rochers, cette Méditerranée que je ne vois pas très souvent. Je tente quelques photos, mais appuyer au moment le plus spectaculaire relève de l’impossible.
Remonté, j’entre au bien nommé La Ressource pour mon café verre d’eau lecture du matin, un grand établissement à terrasse qui donne sur la grand-route. La mer n’est pas loin derrière, invisible.
Il fait meilleur qu’annoncé, doux et ensoleillé. C’est ce que je constate en descendant du bus Trois à l’arrêt Savonnerie, non loin des restaurants du Port. Je peux déjeuner dehors car la terrasse est bien protégée du vent au Bamboo, six huîtres de Bouzigues, la pièce du boucher avec ses frites fraîches et un tiramisu pour vingt euros quatre-vingt-dix, la sangria est offerte. L’ambiance est touristique mais sympathique. C’est un restaurant où l’on sort un chauffe-terrasse au gaz pour ceux qui ont froid, je croyais que c’était interdit. Une femme fait garder son chien pendant qu’elle va aux toilettes par la femme de la table voisine. « Elle revient ta mère. » Je ne m’y habituerai jamais.
Je marche ensuite sous un ciel bleu avec petits nuages blancs le long du Canal Royal jusqu’au Classic. Le vent m’oblige à l’intérieur pour le café, le verre d’eau et la lecture. C’est bientôt la fin pour Lagarce. Terrible.
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Une femme et un homme qui ne sont pas d’accord sur le chemin à suivre. Elle : « Comme tu veux, trésor. » Trésor !
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Canal Royal, un bâtiment d’habitation de trois étages surmonté d’une petite tour carrée. Mieux vaut que ce ne soit pas les toilettes là-haut quand on est malade comme moi.
16 octobre 2024
Je suis affreusement malade toute la nuit, inutile d’entrer dans les détails. Plutôt que la paella de dimanche midi, je crains que ce soit une conséquence de la prise d’antibiotiques. Une nuit sans quasiment dormir, pourtant je tiens debout quand je rejoins le Classic vers huit heures trente. Mon croissant au chocolat me fait moins envie que d’habitude.
Je dois me ménager. Le ciel est gris quand je longe le Canal Royal en direction de la Gare. Je m’arrête devant le numéro cinq du quai Adolphe-Merle. Georges Brassens avait là son pied-à-terre sétois face auquel était amarré son bateau, le Gyss. C’est un modeste immeuble de deux étages, un appartement au premier, un au second. J’imagine qu’il était dans ce dernier.
A proximité, avenue Victor-Hugo, se trouve le Théâtre Molière qui fut inauguré en mil neuf cent quatre, un théâtre à l’italienne où Brassens a chanté sept fois entre mil neuf cent cinquante-six et mil neuf cent soixante-treize. Je réussis à en faire une photo sans voiture ni piéton devant.
En haut de cette avenue qui mène à la Gare, près du Canal Latéral, se trouve la Brasserie Le Vauban. J’y entre pour un café verre d’eau lecture. Lire le Journal de Jean-Luc Lagarce là où il en a écrit quelques lignes est un plaisir d’esthète.
Je pense que depuis les années quatre-vingt-dix le mobilier a été changé. Aussi je ne cherche pas où il pouvait être assis. Quant à l’actuelle patronne, une jolie jeune femme blonde particulièrement gentille, peut-être n’était-elle pas encore née.
A un moment, le pont s’ouvre pour laisser passer des voiliers. Des piétons à valises doivent patienter, de même que les voitures et les bus. Cela dure de longues minutes. Il ne faut pas attendre le dernier moment pour rejoindre son train à Sète.
N’ayant pas faim, je rentre à mon logis provisoire vers midi me contentant pour déjeuner d’un yaourt et d’un verre de jus d’orange.
*
A la jonction du Canal Royal et du Canal Latéral, le vieux gréement que l’on trouve dans chaque ville portuaire. Celui-là n’a pas de nom.
*
Les hommes d’ici ont une façon élégante, de se tenir assis dans les cafés qui me fait songer à celle des hommes new-yorkais. Ils savent occuper l’espace.
Je dois me ménager. Le ciel est gris quand je longe le Canal Royal en direction de la Gare. Je m’arrête devant le numéro cinq du quai Adolphe-Merle. Georges Brassens avait là son pied-à-terre sétois face auquel était amarré son bateau, le Gyss. C’est un modeste immeuble de deux étages, un appartement au premier, un au second. J’imagine qu’il était dans ce dernier.
A proximité, avenue Victor-Hugo, se trouve le Théâtre Molière qui fut inauguré en mil neuf cent quatre, un théâtre à l’italienne où Brassens a chanté sept fois entre mil neuf cent cinquante-six et mil neuf cent soixante-treize. Je réussis à en faire une photo sans voiture ni piéton devant.
En haut de cette avenue qui mène à la Gare, près du Canal Latéral, se trouve la Brasserie Le Vauban. J’y entre pour un café verre d’eau lecture. Lire le Journal de Jean-Luc Lagarce là où il en a écrit quelques lignes est un plaisir d’esthète.
Je pense que depuis les années quatre-vingt-dix le mobilier a été changé. Aussi je ne cherche pas où il pouvait être assis. Quant à l’actuelle patronne, une jolie jeune femme blonde particulièrement gentille, peut-être n’était-elle pas encore née.
A un moment, le pont s’ouvre pour laisser passer des voiliers. Des piétons à valises doivent patienter, de même que les voitures et les bus. Cela dure de longues minutes. Il ne faut pas attendre le dernier moment pour rejoindre son train à Sète.
N’ayant pas faim, je rentre à mon logis provisoire vers midi me contentant pour déjeuner d’un yaourt et d’un verre de jus d’orange.
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A la jonction du Canal Royal et du Canal Latéral, le vieux gréement que l’on trouve dans chaque ville portuaire. Celui-là n’a pas de nom.
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Les hommes d’ici ont une façon élégante, de se tenir assis dans les cafés qui me fait songer à celle des hommes new-yorkais. Ils savent occuper l’espace.
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