Pour une raison de prix du billet, j’ai choisi il y a des semaines d’aller à Paris ce mardi au lieu du mercredi et c’est une bonne chose car les trains Nomad ne sont pas affectés par la grève ce jour alors qu’ils le seront peut-être demain.
Je quitte Rouen avec le sept heures vingt-deux et trouve que les personnes qui prennent ce train le mardi sont plus pénibles que celles du mercredi. Ça baille, ça tousse, ça laisse son sac dans le couloir. Pourtant beaucoup sont les mêmes, parmi lesquels les saumons qui remontent la rame de plus en plus tôt. Je lis Je ne me souviens plus de Philippe De Jonckheere, le négatif des livres de Joe Brainard et de Georges Perec, un livre qui ne me laissera aucun souvenir, comme c’est le cas de presque tous.
Le bus Vingt-Neuf doit toujours compter avec les embouteillages, les travaux ça n’avance pas, et au Marché d’Aligre, peu de livres. Ils sont de plus convoités par les nuisibles qui achètent en scannant avec leur smartphone dans l’espoir d’une revente fructueuse. Bien plus de monde que le mercredi sur ce marché car c’est le premier de la semaine, je ne m’attarde pas. Il souffle à Paris le même vent froid qu’à Rouen. Le soleil qui se montre vers dix heures dix aide à le supporter.
Je passe chez Mona Lisait sans y voir un livre pour moi. Le stock y est peu renouvelé. Un café au comptoir du Camélia et j’entre dans le Book-Off de Ledru-Rollin dont j’espère bien. A tort car, quand je ressors, je n’ai dans mon sac que La Province de François Mauriac (Arléa) déniché au rayon Témoignage.
Je ressors de terre place Sainte-Opportune et entre chez Au Diable des Lombards. La formule du jour est à mon goût : quiche aux fruits de mer et andouillette grillée sauce moutarde pommes sautées. Pourtant, et il est rare que cela m’arrive, j’ai du mal à finir et laisse même quelques pommes sautées. Je dois reconnaître que je suis de mauvaise humeur, sans doute parce que cette année je ne déjeunerai pas avec celle qui travaille près de la Bastille pour son anniversaire qui arrive bientôt. Elle a brutalement coupé les ponts avec moi. Sans que je sache pourquoi. Encore que j’aie une idée ou même deux.
Au Book-Off de Saint-Martin, j’ai le plaisir d’être souvent seul au sous-sol. Cet endroit m’est plus favorable. Je remonte avec six livres : Un jour, tu raconteras cette histoire de Joyce Maynard (Philippe Rey), Sables mouvants de Sybille Bedford (Christian Bourgois), Promenades dans Berlin de Franz Hessel (L’Herne), Les Médecins de l’amour de Philippe Brenot (Zulma), Rues secrètes de Pierre Mac Orlan (Arléa) et Dévotion de Patti Smith (Folio). Suffisamment chargé et fatigué, je rejoins L’Opportun pour un café sous la véranda et Je ne me souviens plus.
Dans la voiture Cinq du seize heures quarante pour Rouen, je poursuis ma lecture. J’en suis au dernier chapitre, dans lequel « Je ne me souviens plus » est remplacé par « J’aimerais ne plus me souvenir ». De quoi maintenir ma morosité à un taux élevé.
*
Je ne me souviens plus du nom des différents candidats aux deux dernières élections présidentielles et même je ne suis plus très sûr de savoir pour qui j’ai voté. Par exemple est-il possible que j’ai voté Bayrou au premier tour de 2007 dans l’espoir que ce serait la meilleure façon de barrer la route à Sarkozy ? Non, je n’ai pas pu faire cela. Je n’en jurerai pas pourtant. A partir du moment où je n’ai plus voté blanc, je crois que je n’ai pas cessé de faire des conneries. Et du coup, m’en rendant compte, j’ai cessé de voter.
Pour ma part, je me souviens parfaitement avoir voté Bayrou au premier tour en deux mille sept pour la même raison que Philippe De Jonckheere. Je n’ai pas du tout l’impression que c’était une connerie et donc je n’ai pas cessé de voter, même si parfois je m’abstiens, aux Municipales notamment. Et je n’ai jamais fait l’erreur de voter blanc, trop d’ambiguïté, « ils sont tous tellement bien que je ne sais pas lequel choisir ».
*
C’est dommage que ce mardi personne n’ait eu l’idée de me demander ce que je lisais. J’aurais voulu voir la tête du quidam auquel j’aurais répondu : Je ne me souviens plus.
Je quitte Rouen avec le sept heures vingt-deux et trouve que les personnes qui prennent ce train le mardi sont plus pénibles que celles du mercredi. Ça baille, ça tousse, ça laisse son sac dans le couloir. Pourtant beaucoup sont les mêmes, parmi lesquels les saumons qui remontent la rame de plus en plus tôt. Je lis Je ne me souviens plus de Philippe De Jonckheere, le négatif des livres de Joe Brainard et de Georges Perec, un livre qui ne me laissera aucun souvenir, comme c’est le cas de presque tous.
Le bus Vingt-Neuf doit toujours compter avec les embouteillages, les travaux ça n’avance pas, et au Marché d’Aligre, peu de livres. Ils sont de plus convoités par les nuisibles qui achètent en scannant avec leur smartphone dans l’espoir d’une revente fructueuse. Bien plus de monde que le mercredi sur ce marché car c’est le premier de la semaine, je ne m’attarde pas. Il souffle à Paris le même vent froid qu’à Rouen. Le soleil qui se montre vers dix heures dix aide à le supporter.
Je passe chez Mona Lisait sans y voir un livre pour moi. Le stock y est peu renouvelé. Un café au comptoir du Camélia et j’entre dans le Book-Off de Ledru-Rollin dont j’espère bien. A tort car, quand je ressors, je n’ai dans mon sac que La Province de François Mauriac (Arléa) déniché au rayon Témoignage.
Je ressors de terre place Sainte-Opportune et entre chez Au Diable des Lombards. La formule du jour est à mon goût : quiche aux fruits de mer et andouillette grillée sauce moutarde pommes sautées. Pourtant, et il est rare que cela m’arrive, j’ai du mal à finir et laisse même quelques pommes sautées. Je dois reconnaître que je suis de mauvaise humeur, sans doute parce que cette année je ne déjeunerai pas avec celle qui travaille près de la Bastille pour son anniversaire qui arrive bientôt. Elle a brutalement coupé les ponts avec moi. Sans que je sache pourquoi. Encore que j’aie une idée ou même deux.
Au Book-Off de Saint-Martin, j’ai le plaisir d’être souvent seul au sous-sol. Cet endroit m’est plus favorable. Je remonte avec six livres : Un jour, tu raconteras cette histoire de Joyce Maynard (Philippe Rey), Sables mouvants de Sybille Bedford (Christian Bourgois), Promenades dans Berlin de Franz Hessel (L’Herne), Les Médecins de l’amour de Philippe Brenot (Zulma), Rues secrètes de Pierre Mac Orlan (Arléa) et Dévotion de Patti Smith (Folio). Suffisamment chargé et fatigué, je rejoins L’Opportun pour un café sous la véranda et Je ne me souviens plus.
Dans la voiture Cinq du seize heures quarante pour Rouen, je poursuis ma lecture. J’en suis au dernier chapitre, dans lequel « Je ne me souviens plus » est remplacé par « J’aimerais ne plus me souvenir ». De quoi maintenir ma morosité à un taux élevé.
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Je ne me souviens plus du nom des différents candidats aux deux dernières élections présidentielles et même je ne suis plus très sûr de savoir pour qui j’ai voté. Par exemple est-il possible que j’ai voté Bayrou au premier tour de 2007 dans l’espoir que ce serait la meilleure façon de barrer la route à Sarkozy ? Non, je n’ai pas pu faire cela. Je n’en jurerai pas pourtant. A partir du moment où je n’ai plus voté blanc, je crois que je n’ai pas cessé de faire des conneries. Et du coup, m’en rendant compte, j’ai cessé de voter.
Pour ma part, je me souviens parfaitement avoir voté Bayrou au premier tour en deux mille sept pour la même raison que Philippe De Jonckheere. Je n’ai pas du tout l’impression que c’était une connerie et donc je n’ai pas cessé de voter, même si parfois je m’abstiens, aux Municipales notamment. Et je n’ai jamais fait l’erreur de voter blanc, trop d’ambiguïté, « ils sont tous tellement bien que je ne sais pas lequel choisir ».
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C’est dommage que ce mardi personne n’ait eu l’idée de me demander ce que je lisais. J’aurais voulu voir la tête du quidam auquel j’aurais répondu : Je ne me souviens plus.