Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Exposition Après Eden (Collection Walther) à La Maison Rouge

26 décembre 2015


La Maison Rouge (Fondation Antoine de Galbert) n’est pas loin du Péhemmu chinois, au numéro dix du boulevard de la Bastille. Je n’y suis allé qu’une seule fois. C’était pour l’exposition Jean-Jacques Lebel. J’étais accompagné de celle qui passera me voir à Noël, elle me tenait alors la main.
J’ouvre mon sac à l’employée qui fait office de vigile, achète une entrée à neuf euros et me lance dans la découverte d’Après Eden, l’exposition réalisée à partir de la collection de photos qu’a entreprise, depuis les années quatre-vingt-dix, Artur Walther, natif d’Ulm, installé à New York. Cette collection a pour point de départ la photographie allemande et s’est étendue à la photographie africaine et asiatique. Simon Njami, qui fut commissaire des Rencontres de la Photo Africaine de Bamako pendant sept ans, présente ici des images sérielles sur le thème assez flou de l’Après Eden.
En ouverture est montrée l’intégralité des cent vingt planches du portfolio graines et végétaux de Karl Blossfeldt. Suivent les séries de gravières et de hauts-fourneaux signées Bernd et Hilla Becher (morte récemment), pionniers de la photo conceptuelle, qui plairaient beaucoup à celle qui n’est plus avec moi.
J’en passe et retiens les enfants soldats de Guy Tillim, Faces and Phases portraits de lesbiennes d’Afrique du Sud par Zanele Muholi, Country Girls transsexuels d’Afrique par Sabelo Mlangeni.
Plus loin je trouve le bien connu Malick Sibidé avec ses photos twisteuses, puis ne note pas qui, bien que tout soit intéressant, photos de villes par exemple, reprends mon stylo pour Ma Liuming qui s’est inventé un alter ego féminin, Fen-Ma, que l’on voit gambader nu(e) sur la Grande Muraille de Chine. Ensuite, Ai Weiwei laisse tomber son urne antique et Eadweard Muybridge décompose le mouvement.
Je note aussi African Spirits (série d’autoportraits pour laquelle Samuel Fosso s’identifie aux icônes noires, d’Angela Davis à Nelson Mandela, de Martin Luther King à Patrice Lumumba et Félix Houphouët Boigny), Antlitz der Zeit (portfolio de soixante portraits faits par August Sanders pour ses Hommes du XXe siècle), les portraits de studio de Seydou Keïta (Mali, années cinquante et soixante), The Family de Richard Avedon (un panthéon de la classe dirigeante américaine).
Se trouvent là encore beaucoup de séries d’autres photographes et d’anonymes ainsi que des vidéos que je n’ai pas envie de voir et une jolie jeune femme brune qui dit au téléphone qu’elle est à La Maison Rouge et puis je descends au sous-sol.
Dans ces salles à demi éclairées je trouve les photos en noir et blanc du célèbre Nonuyoshi Araki 101 Works for Robert Frank (scènes érotiques, bondage, scènes domestiques, paysages), celles de Kohei Yoshiyuki (voyeur des rencontres sexuelles nocturnes dans les parcs de Tokyo) et de Daido Moriyama A Room (soixante-quatre photos « brutes, floues et troubles », nus et natures mortes).
Les vidéos entrecroisées de Yang Fudong montrant un monde post nucléaire dans lequel errent humains et chiens occupe l’ultime salle.
Une bien belle collection que celle d’Artur Walther, General Partner chez Goldman Sachs jusqu'à sa retraite en quatre-vingt-quatorze, je sors de La Maison Rouge content d’en avoir profité.
                                                             *
C’est la pagaille sur la ligne entre Rouen et Paris ce mercredi soir, des trains sont annulés dans les deux sens, au moins un est bloqué par un obstacle sur la voie. Celui de dix-huit heures trente pour Rouen est là, il part à l’heure mais est dévié par Argenteuil, ce qui lui cause un retard de « vingt-sept minutes environ » à l’arrivée à Rouen. La Senecefe présente ses excuses. Une jolie voyageuse aurait préféré « un geste », mot qui en dit long sur le rapport qu’ont la plupart des contemporains avec l’argent.
Tout à l’heure, en se levant, elle s’est cognée la tête au porte-bagages. Nous avons échangé un sourire. M’a traversé l’idée de lui faire un petit massage de cuir chevelu mais j’ai retenu mon geste.
                                                            *
Samuel Fosso vit en exil en France depuis que ses archives ont été saccagées lors du pillage de sa maison à Bangui en deux mille quatorze, une partie a été sauvée par le photojournaliste Jérôme Delay, apprends-je quand je veux en savoir plus sur lui à mon retour.