Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud par les élèves du Conservatoire de Rouen

26 juin 2018


Alors que je monte ce samedi la rue Louis-Ricard afin d’assister à dix-huit heures au spectacle de fin d’année des élèves du Conservatoire de Rouen au Théâtre des Deux Rives, je suis dépassé par une bicycliste en qui je reconnais l’ancienne Ministre des Sports qu’un ancien Président de la République va décorer ce soir, la faisant Chevalier de la Légion d’Honneur. L’aisance avec laquelle elle avale la pente n’est pas due à un quelconque effet dopant consécutif à la proche remise de la breloque officielle mais à l’assistance électrique de sa monture.
Ce sont d’autres chevaliers qui sont au programme de la soirée théâtrale : ceux de la Table Ronde, grâce à divers extraits de la décalogie Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud. J’ignorais qu’ils avaient écrit ensemble et je n’ai jamais lu la première. A mon arrivée, je me case en bas de l’escalier. Peu après apparaît Maurice Attias, le professeur de théâtre du Conservatoire. Il s’esbaudit à ma vue.
-J’entends bien votre rire moqueur, lui dis-je.
-Pas du tout, je ne me moque pas, me répond-il, vous êtes là, tout est bien, le monde ne va pas s’écrouler.
Je ne suis pas seul heureusement. On peut diviser le public en quarts, les ami(e)s des apprenti(e)s comédien(ne)s, les familles des apprenti(e)s comédien(ne)s, les ancien(ne)s apprenti(e)s comédien(ne)s, celles et ceux qui ne ratent pas une sortie culturelle.
Ma place habituelle étant réservée à un membre du jury, je m’installe un rang plus haut. A ma gauche s’assoient deux quadragénaires dont l’une ne m’est pas tout à fait inconnue. J’espère passer un bon moment bien que je sois devenu étanche aux contes, aux légendes, à la fiction en général.
Point d’annonce ni de présentation, cela démarre directement, avec des comédien(ne)s sur scène, dans les coursives et dans la salle. Le décor n’est constitué que d’un pupitre où poser le livre et d’un château en Playmobil. Lors des combats, les adversaires s’affrontent avec des épées miniatures. La réécriture du duo Delay Roubaud joue beaucoup du pastiche, de la parodie et des anachronismes. Çà et là, je reconnais l’apport de Jacques Roubaud, ainsi quand sont requis le baron perché et le chevalier inexistant de son ami Italo Calvino, membre comme lui de l’Oulipo, ou quand est évoquée la géométrie de Riemann. Les apprenti(e)s comédien(ne)s ont là l’occasion de montrer leur talent comique. Certain(e)s sont très fort(e)s dans ce domaine.
Après l’entracte, changement de registre. La destruction du château est symbolisée par un tissu blanc le recouvrant et le propos devient plus sérieux. La recherche du Graal n’ayant jamais été l’une de mes activités, cela me plaît moins, d’autant qu’il n’y a guère d’action et beaucoup de monologues, comme celui bien long narrant l’histoire de Tristan et d’Iseult. A un moment mon intérêt se réveille, mais c’est parce que ma voisine vient de coller sa cuisse nue contre ma main posée sur notre accoudoir commun. Elle s’en aperçoit rapidement et reprend une distance réglementaire. Je connais très vaguement son amie, mère d’une apprentie comédienne, pour l’avoir côtoyée autrefois à la terrasse du Son du Cor. On se dit bonjour, pas davantage. Heureusement car sinon elle me demanderait ce que je pense du jeu de sa fille et c’est justement celle qui me convainc le moins.
Après le carnage final, tout le monde se relève pour saluer et est fort applaudi. L’une des apprenti(e)s comédien(ne)s reçoit un bouquet de ses camarades pour avoir participé à la mise en scène. Un autre est offert à Maurice Attias qui dans ses remerciements n’oublie pas l’homme, présent dans la salle, qui a offert à nos yeux son château et accessoires (avec l’aimable autorisation de la marque déposée Playmobil France).
Il est vingt-deux heures lorsque je descends la côte. A la terrasse de l’O'Kallaghan's des buveurs de bière regardent la télé. Y a quoi ce soir ? Du foute évidemment.
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« Les Jeux Olympiques de Paris en 2024, c’est à Valérie Fourneyron qu’on les doit. » (François Hollande à Rouen ce samedi)
C’est bon, on connaît le nom de la coupable.