Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
22 juillet 2022
C’est sous le parapluie que je rejoins la Gare ce mercredi matin pour un Rouen Paris en deux heures sept si tout se passe bien, mais tout ne se passe pas bien, à peine partis nous sommes arrêtés à Oissel car un train précédent est en panne à Vernon.
En conséquence (comme on dit à la Senecefe), j’ai davantage de temps pour lire Journal des années noires 1940 1944 de Jean Guéhenno. Le relire précisément, car je me souviens l’avoir emprunté à la Bibliothèque Municipale de Louviers quand j’étais lycéen. C’est avec trente minutes de retard que se profile Saint-Lazare.
Au Book-Off de Ledru-Rollin, j’explore les rayonnages à un euro avec moins de réussite que la semaine précédente. J’en sors quand même avec trois livres : Portrait d’une femme romanesque Jean Voilier de Célia Bertin (Editions de Fallois), Je savais lire le ciel de Timothy O’Grady et Steve Pyke (Actes Sud) et Petit catéchisme à l’usage de la classe inférieure d’August Strindberg (Babel).
Je me rapproche alors de la Bastille sous de grosses gouttes de pluie. Après un café au comptoir du Rempart, je me poste près de la statue de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais. Cela fait trop longtemps que je n’ai vu celle qui travaille dans le coin, en cause mon équipée brestoise. Elle me rejoint à douze heures trente.
Rue des Tournelles, nous entrons au Rusti pour un déjeuner italien qui s’avère fort bon. Dans notre conversation, il est d’abord question de sa courte escapade à Binic et des soucis qui sont les siens (malheureusement, elle n’en manque pas), puis je lui parle de ce qui me soûle depuis un mois et elle me propose une solution qui me va tout à fait et qui devrait se concrétiser mercredi prochain. Notre moment de retrouvailles se conclut par un échange non organisé de livres, d’elle à moi Le jeune homme d’Annie Ernaux et de moi à elle Carnets d’un vieil amoureux de Marcel Mathiot, des choix qui ne manquent pas de piquant.
Elle repartie au travail, je rejoins le Book-Off de Quatre Septembre. Je crains un long moment d’en sortir bredouille, jusqu’à ce que je déniche parmi les romans à un euro le dernier écrit par Hélios Azoulay, Juste avant d’éteindre, publié aux Editions du Rocher.
Le train Nomad du retour se traîne, mais comme prévu. Il ne met donc que deux heures seize pour me ramener à Rouen.
*
Chez Book-Off et au Rempart, des familles à cinq enfants, tous vêtus en petit catho. Les mères ont la coupe de cheveux de celle qui a des amis chez ces gens-là, Caroline Cayeux, Ministre, Droitiste.
*
Trains normands : toute accélération est la promesse d’un prochain ralentissement.
En conséquence (comme on dit à la Senecefe), j’ai davantage de temps pour lire Journal des années noires 1940 1944 de Jean Guéhenno. Le relire précisément, car je me souviens l’avoir emprunté à la Bibliothèque Municipale de Louviers quand j’étais lycéen. C’est avec trente minutes de retard que se profile Saint-Lazare.
Au Book-Off de Ledru-Rollin, j’explore les rayonnages à un euro avec moins de réussite que la semaine précédente. J’en sors quand même avec trois livres : Portrait d’une femme romanesque Jean Voilier de Célia Bertin (Editions de Fallois), Je savais lire le ciel de Timothy O’Grady et Steve Pyke (Actes Sud) et Petit catéchisme à l’usage de la classe inférieure d’August Strindberg (Babel).
Je me rapproche alors de la Bastille sous de grosses gouttes de pluie. Après un café au comptoir du Rempart, je me poste près de la statue de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais. Cela fait trop longtemps que je n’ai vu celle qui travaille dans le coin, en cause mon équipée brestoise. Elle me rejoint à douze heures trente.
Rue des Tournelles, nous entrons au Rusti pour un déjeuner italien qui s’avère fort bon. Dans notre conversation, il est d’abord question de sa courte escapade à Binic et des soucis qui sont les siens (malheureusement, elle n’en manque pas), puis je lui parle de ce qui me soûle depuis un mois et elle me propose une solution qui me va tout à fait et qui devrait se concrétiser mercredi prochain. Notre moment de retrouvailles se conclut par un échange non organisé de livres, d’elle à moi Le jeune homme d’Annie Ernaux et de moi à elle Carnets d’un vieil amoureux de Marcel Mathiot, des choix qui ne manquent pas de piquant.
Elle repartie au travail, je rejoins le Book-Off de Quatre Septembre. Je crains un long moment d’en sortir bredouille, jusqu’à ce que je déniche parmi les romans à un euro le dernier écrit par Hélios Azoulay, Juste avant d’éteindre, publié aux Editions du Rocher.
Le train Nomad du retour se traîne, mais comme prévu. Il ne met donc que deux heures seize pour me ramener à Rouen.
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Chez Book-Off et au Rempart, des familles à cinq enfants, tous vêtus en petit catho. Les mères ont la coupe de cheveux de celle qui a des amis chez ces gens-là, Caroline Cayeux, Ministre, Droitiste.
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Trains normands : toute accélération est la promesse d’un prochain ralentissement.
21 juillet 2022
Ce mardi, pour lequel sont prévus quarante et un degrés à Rouen, premier jour de la semaine, qui est celui de la femme du patron, laquelle ne m’aime pas, j’arrive à mon habitude au Son du Cor avec cinq minutes d’avance sur l’heure d’ouverture.
Souvent elle place à l’entrée de la terrasse un grand panneau « Ouverture à 12h ». Cette fois, c’est sa fille, étudiante à Paris, qui sort pour me dire que ça ouvre à midi. « Je sais, lui réponds-je, j’ai l’habitude » et je m’installe à l’une des tables hautes, faute de table basse à l’ombre. Un couple fait de même.
Quand midi a sonné et que la femme de patron nous sert, le couple a droit à deux grands verres d’eau pour accompagner sa commande et moi à un petit. Les consommateurs suivants en ont également un grand. Je ne demande pas d’explication, pourtant s’il en est un qui devrait avoir beaucoup d’eau, c’est moi. On ne cesse de dire qu’il faut hydrater les vieux.
Son mari, la mère de celui-ci (ancienne patronne) et les trois serveurs, quand j’arrive en avance les autres jours, n’en font pas un fromage. Je me demande si elle n’a pas été fonctionnaire dans une vie précédente.
*
Dani, soixante-dix-sept ans, qui meurt à Tours suite à un malaise (victime de la canicule ?), encore un petit bout de mon adolescence qui disparaît.
Naïve / Craintive / Captive
Comme tu les aimes
Aimante / Démente / Savante
Comme tu les aimes
Je veux être toutes celles que tu as connues, chantait-elle en mars mil neuf cent soixante-huit.
Beaucoup de drogue dans sa vie, un retour de boomerang avec Etienne Daho et une fidélité certaine au Centrisme, Dani fut présente aux métingues de Giscard (d’Estaing) en mil neuf cent soixante-quatorze et de Macron en deux mille dix-sept.
*
Songez que nous autres jeunes filles, nous sommes des maisons à vendre sans permission de louer en attendant l’acquéreur. Tout ce qui nous est accordé, c’est de faire visiter, et encore pas à tous les étages. (Marie de Régnier, fille de José-Maria de Heredia, épouse d’Henri de Régnier, amante de Pierre Louÿs, dans une esquisse de roman épistolaire en mil neuf cent un.)
Souvent elle place à l’entrée de la terrasse un grand panneau « Ouverture à 12h ». Cette fois, c’est sa fille, étudiante à Paris, qui sort pour me dire que ça ouvre à midi. « Je sais, lui réponds-je, j’ai l’habitude » et je m’installe à l’une des tables hautes, faute de table basse à l’ombre. Un couple fait de même.
Quand midi a sonné et que la femme de patron nous sert, le couple a droit à deux grands verres d’eau pour accompagner sa commande et moi à un petit. Les consommateurs suivants en ont également un grand. Je ne demande pas d’explication, pourtant s’il en est un qui devrait avoir beaucoup d’eau, c’est moi. On ne cesse de dire qu’il faut hydrater les vieux.
Son mari, la mère de celui-ci (ancienne patronne) et les trois serveurs, quand j’arrive en avance les autres jours, n’en font pas un fromage. Je me demande si elle n’a pas été fonctionnaire dans une vie précédente.
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Dani, soixante-dix-sept ans, qui meurt à Tours suite à un malaise (victime de la canicule ?), encore un petit bout de mon adolescence qui disparaît.
Naïve / Craintive / Captive
Comme tu les aimes
Aimante / Démente / Savante
Comme tu les aimes
Je veux être toutes celles que tu as connues, chantait-elle en mars mil neuf cent soixante-huit.
Beaucoup de drogue dans sa vie, un retour de boomerang avec Etienne Daho et une fidélité certaine au Centrisme, Dani fut présente aux métingues de Giscard (d’Estaing) en mil neuf cent soixante-quatorze et de Macron en deux mille dix-sept.
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Songez que nous autres jeunes filles, nous sommes des maisons à vendre sans permission de louer en attendant l’acquéreur. Tout ce qui nous est accordé, c’est de faire visiter, et encore pas à tous les étages. (Marie de Régnier, fille de José-Maria de Heredia, épouse d’Henri de Régnier, amante de Pierre Louÿs, dans une esquisse de roman épistolaire en mil neuf cent un.)
19 juillet 2022
Il va faire quarante degrés dans une bonne partie de la France ce lundi. « Même à Brest ! », précise Le Parisien. Cela fait plus d’une semaine que nous sommes soumis aux conséquences de l’industrialisation massive et de la croissance économique.
A Rouen, ce jour et le suivant marquent le pic de cette chaleur punitive dont tout le monde se plaint dans les rues, sans évoquer ses causes.
Dans la Gironde c’est pire, en raison des feux qui ravagent la forêt des Landes. Là, la punition est sévère.
Nos gouvernants et leurs opposants, à leur habitude, blablablatent.
Affrontant cette chaleur étouffante, je rejoins Le Flo’s et sa terrasse latérale. J’y termine la lecture du journal de Tatiana Roy, femme de Jules, intitulé par antiphrase Bonheurs quotidiens. Ce journal s’est révélé plus intéressant que ce à quoi je m’attendais. C’est un témoignage édifiant sur le malheur d’avoir pour mari un écrivain.
*
Eugenio Barsanti, Felice Matteucci. Étienne Lenoir, Beau de Rochas, Nikolaus Otto, Gottlieb Daimler et Wilhelm Maybach, ce sont eux qui ont inventé, développé, perfectionné le moteur à combustion et à explosion qui devait faire le bonheur du monde et a fait son malheur, des criminels contre l’humanité involontaires.
*
Dans une boîte à livres un livre de Philippe Sollers Passion fixe. Je l’ouvre au hasard : Un soir, on est allés voir un film sur la collaboration en France pendant la guerre. Ben oui, la collaboration, c’était pendant la guerre.
A Rouen, ce jour et le suivant marquent le pic de cette chaleur punitive dont tout le monde se plaint dans les rues, sans évoquer ses causes.
Dans la Gironde c’est pire, en raison des feux qui ravagent la forêt des Landes. Là, la punition est sévère.
Nos gouvernants et leurs opposants, à leur habitude, blablablatent.
Affrontant cette chaleur étouffante, je rejoins Le Flo’s et sa terrasse latérale. J’y termine la lecture du journal de Tatiana Roy, femme de Jules, intitulé par antiphrase Bonheurs quotidiens. Ce journal s’est révélé plus intéressant que ce à quoi je m’attendais. C’est un témoignage édifiant sur le malheur d’avoir pour mari un écrivain.
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Eugenio Barsanti, Felice Matteucci. Étienne Lenoir, Beau de Rochas, Nikolaus Otto, Gottlieb Daimler et Wilhelm Maybach, ce sont eux qui ont inventé, développé, perfectionné le moteur à combustion et à explosion qui devait faire le bonheur du monde et a fait son malheur, des criminels contre l’humanité involontaires.
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Dans une boîte à livres un livre de Philippe Sollers Passion fixe. Je l’ouvre au hasard : Un soir, on est allés voir un film sur la collaboration en France pendant la guerre. Ben oui, la collaboration, c’était pendant la guerre.
18 juillet 2022
Inhabituel ce vide grenier de mi-juillet organisé place de la Pucelle et alentour. Quand j’arrive, ce dimanche un peu après sept heures, j’y trouve moins d’exposants qu’annoncé. D’autres vont peut-être arriver. Dans cet espoir, des voitures partent à la fourrière.
Qui vend ici ? Pas uniquement des pauvres venus d’ailleurs. Des élégantes proposent leur garde-robe. Deux jeunes femmes ont quelques livres de poche. Pour un euro, je deviens propriétaire d’un ouvrage que j’ai déjà eu : Journal d’Alice James (Editions des Femmes). Mon précédent exemplaire était en mauvais état. Est-ce pour cela que je ne l’ai pas lu et revendu ?
Une heure plus tard, je découvre d’autres livres à bas prix au marché du Clos Saint-Marc chez un marchand ayant acheté un important lot d’invendus. Celui-ci côtoie de la quincaillerie de même origine et pas plus chère.
Une partie de ces livres relève du régionalisme normand. L’autre provient de la réédition numérique de thèses à sujets pointus. Qui dans la clientèle du marché dominical rouennais sera intéressé par Marranisme et hébraïsme dans l’œuvre de Proust de Juliette Hassine qu’édita une première fois la Librairie Minard de Fleury-sur-Orne en mil neuf cent quatre-vingt-quatorze ? Un intrus attire mon attention et devient mien pour un euro : Un plaisir maudit (Enjeux de la masturbation) de Bertrand Ferrier (La Musardine).
*
A chacun ses repères : « Pas le pont de la prison, celui d’après » (un qui a la tête à ça, au téléphone)
Qui vend ici ? Pas uniquement des pauvres venus d’ailleurs. Des élégantes proposent leur garde-robe. Deux jeunes femmes ont quelques livres de poche. Pour un euro, je deviens propriétaire d’un ouvrage que j’ai déjà eu : Journal d’Alice James (Editions des Femmes). Mon précédent exemplaire était en mauvais état. Est-ce pour cela que je ne l’ai pas lu et revendu ?
Une heure plus tard, je découvre d’autres livres à bas prix au marché du Clos Saint-Marc chez un marchand ayant acheté un important lot d’invendus. Celui-ci côtoie de la quincaillerie de même origine et pas plus chère.
Une partie de ces livres relève du régionalisme normand. L’autre provient de la réédition numérique de thèses à sujets pointus. Qui dans la clientèle du marché dominical rouennais sera intéressé par Marranisme et hébraïsme dans l’œuvre de Proust de Juliette Hassine qu’édita une première fois la Librairie Minard de Fleury-sur-Orne en mil neuf cent quatre-vingt-quatorze ? Un intrus attire mon attention et devient mien pour un euro : Un plaisir maudit (Enjeux de la masturbation) de Bertrand Ferrier (La Musardine).
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A chacun ses repères : « Pas le pont de la prison, celui d’après » (un qui a la tête à ça, au téléphone)
15 juillet 2022
C’est avec un train Nomad parti à sept heures quatorze et qui mettra deux heures et sept minutes pour faire Rouen Paris (et il en sera ainsi tout l’été pour cause des travaux d’Eole entre Mantes et Paris) que je rejoins la capitale ce mercredi où il fait trop chaud. Nous passons par l’itinéraire bis, celui de Conflans-Sainte-Honorine.
Dans la voiture Cinq, désormais réservée aux navetteurs mais que je squatte car ils ne sont pas là (en vacances ou partant plus tôt ou prenant leur voiture), la température est maîtrisée. A l’arrivée à Saint-Lazare, le chef de bord est fier d’annoncer trois minutes d’avance. Il parle aussi de quarante degrés à l’extérieur. Il exagère. Néanmoins, la température est déjà trop haute, pour moi et pour beaucoup.
Quand je rejoins le métro Trois, je le découvre à l’arrêt et bondé. Un incident sur la ligne retarde son départ. Je préfère rebrousser jusqu’à la ligne Quatorze que je quitte à la Gare de Lyon. Pédestrement et à l’ombre, je rejoins le carrefour Ledru-Rollin Faubourg-Saint-Antoine. Il est dix heures quand je bois un café au comptoir du Faubourg. Plus de serveuse, le patron est débordé bien que la clientèle soit maigre.
Quelques pas et j’entre chez Book-Off qui bénéficie de la climatisation. Je trouve mon bonheur parmi les livres à un euro : L’année 15 (Journal de guerre) de Giani Stuparich (Verdier), Carnets de voyages à Gargilesse de George Sand (Christian Pirot), Lettres de Julie de Lespinasse (La Petite Vermillon), Journal des années noires de Jean Guéhenno (Folio), Mémoires de Charles d’Agoult (Le Temps retrouvé), Journal de ce qui s’est passé à la tour du Temple (Le Temps retrouvé) et L’Art de choisir sa maîtresse et autres conseils indispensables de Benjamin Franklin (Livre de Poche). Un couple d’hommes sud-américains cherche le sien dans les quarante-cinq tours à un euro pièce. Ils en explorent le court rayon durant une heure et demie et me précèdent à la caisse. Ils en ont pour soixante-sept euros.
Quelques pas de plus et me voici au Péhemmu chinois où je peux m’installer à l’une des deux tables situées près du ventilateur. Adaptant mon menu au temps qu’il fait, je déjeune d’une salade bretonne à neuf euros (bretonne car avec du thon, venu d’on ne sait où). Je l’accompagne d’une carafe d’eau de Paris.
Après ce sobre repas, je descends sous terre. Un rame de métro de la ligne Huit m’emmène jusqu’à Opéra d’où je rejoins pédestrement et à l’ombre le jardin du Palais Royal. J’y partage un banc avec des pique-niqueuses. Ma lecture du jour est Rue du Bac (Salut aux années Blondin) de Denis Lalanne (La Petite Vermillon). Ce livre me déçoit. Il y est beaucoup trop question de sport et de l’auteur, pas assez d’Antoine Blondin.
Vers quatorze heures trente, par le court passage du Beaujolais puis la rue des Petits-Champs et le passage Choiseul, je rejoins le Book-Off de Quatre Septembre, lui aussi climatisé. Comme souvent, j’y trouve moins mon bonheur à un euro. Quand même puis-je mettre dans mon panier La fée Dum-Dum et autres contes parisiens d’Octave Mirbeau (Arcadia Editions), Les souvenirs m’observent de Tomas Tranströmer (Le Castor Astral), Dévotion de Patti Smith (Gallimard) et Les Enervés de Jumièges de Dominique Bussillet (Editions Cahiers du Temps).
La bouffée de chaleur qui me saute dessus quand je sors me rappelle New York où plusieurs fois j’ai cru mourir en passant subitement de la fraîcheur à la touffeur. Au Bistrot d’Edmond, le serveur du comptoir avec mon café m’offre un pichet d’eau.
Mon train de retour doit arriver à Rouen, comme d’habitude, vers dix-neuf heures mais pour cela il part à seize heures quarante-deux. Là encore je voyage dans une voiture Cinq quasi désertée où je termine en diagonale le décevant Lalanne tout en ayant un œil sur le paysage. Peu avant Mantes Station, une sorte de Cathédrale au loin m’intrigue, jamais remarquée jusqu’à alors.
C’est la Collégiale de Mantes-la-Jolie, apprends-je arrivé chez moi. Je découvre aussi que depuis dix-neuf heures, suite à un problème technique, tous les trains pour la Normandie sont bloqués à Saint-Lazare et ne pourront partir avant vingt-deux heures. Je l’ai échappé belle (comme on dit).
*
Peint sur l’un des bancs du Palais Royal : « Un secret a toujours la forme d’une oreille ». Ce mercredi, la chaleur étouffe les conversations. Rien ne tombe dans mon oreille. Je me rattrape avec les yeux, les filles étant à moitié déshabillées.
Dans la voiture Cinq, désormais réservée aux navetteurs mais que je squatte car ils ne sont pas là (en vacances ou partant plus tôt ou prenant leur voiture), la température est maîtrisée. A l’arrivée à Saint-Lazare, le chef de bord est fier d’annoncer trois minutes d’avance. Il parle aussi de quarante degrés à l’extérieur. Il exagère. Néanmoins, la température est déjà trop haute, pour moi et pour beaucoup.
Quand je rejoins le métro Trois, je le découvre à l’arrêt et bondé. Un incident sur la ligne retarde son départ. Je préfère rebrousser jusqu’à la ligne Quatorze que je quitte à la Gare de Lyon. Pédestrement et à l’ombre, je rejoins le carrefour Ledru-Rollin Faubourg-Saint-Antoine. Il est dix heures quand je bois un café au comptoir du Faubourg. Plus de serveuse, le patron est débordé bien que la clientèle soit maigre.
Quelques pas et j’entre chez Book-Off qui bénéficie de la climatisation. Je trouve mon bonheur parmi les livres à un euro : L’année 15 (Journal de guerre) de Giani Stuparich (Verdier), Carnets de voyages à Gargilesse de George Sand (Christian Pirot), Lettres de Julie de Lespinasse (La Petite Vermillon), Journal des années noires de Jean Guéhenno (Folio), Mémoires de Charles d’Agoult (Le Temps retrouvé), Journal de ce qui s’est passé à la tour du Temple (Le Temps retrouvé) et L’Art de choisir sa maîtresse et autres conseils indispensables de Benjamin Franklin (Livre de Poche). Un couple d’hommes sud-américains cherche le sien dans les quarante-cinq tours à un euro pièce. Ils en explorent le court rayon durant une heure et demie et me précèdent à la caisse. Ils en ont pour soixante-sept euros.
Quelques pas de plus et me voici au Péhemmu chinois où je peux m’installer à l’une des deux tables situées près du ventilateur. Adaptant mon menu au temps qu’il fait, je déjeune d’une salade bretonne à neuf euros (bretonne car avec du thon, venu d’on ne sait où). Je l’accompagne d’une carafe d’eau de Paris.
Après ce sobre repas, je descends sous terre. Un rame de métro de la ligne Huit m’emmène jusqu’à Opéra d’où je rejoins pédestrement et à l’ombre le jardin du Palais Royal. J’y partage un banc avec des pique-niqueuses. Ma lecture du jour est Rue du Bac (Salut aux années Blondin) de Denis Lalanne (La Petite Vermillon). Ce livre me déçoit. Il y est beaucoup trop question de sport et de l’auteur, pas assez d’Antoine Blondin.
Vers quatorze heures trente, par le court passage du Beaujolais puis la rue des Petits-Champs et le passage Choiseul, je rejoins le Book-Off de Quatre Septembre, lui aussi climatisé. Comme souvent, j’y trouve moins mon bonheur à un euro. Quand même puis-je mettre dans mon panier La fée Dum-Dum et autres contes parisiens d’Octave Mirbeau (Arcadia Editions), Les souvenirs m’observent de Tomas Tranströmer (Le Castor Astral), Dévotion de Patti Smith (Gallimard) et Les Enervés de Jumièges de Dominique Bussillet (Editions Cahiers du Temps).
La bouffée de chaleur qui me saute dessus quand je sors me rappelle New York où plusieurs fois j’ai cru mourir en passant subitement de la fraîcheur à la touffeur. Au Bistrot d’Edmond, le serveur du comptoir avec mon café m’offre un pichet d’eau.
Mon train de retour doit arriver à Rouen, comme d’habitude, vers dix-neuf heures mais pour cela il part à seize heures quarante-deux. Là encore je voyage dans une voiture Cinq quasi désertée où je termine en diagonale le décevant Lalanne tout en ayant un œil sur le paysage. Peu avant Mantes Station, une sorte de Cathédrale au loin m’intrigue, jamais remarquée jusqu’à alors.
C’est la Collégiale de Mantes-la-Jolie, apprends-je arrivé chez moi. Je découvre aussi que depuis dix-neuf heures, suite à un problème technique, tous les trains pour la Normandie sont bloqués à Saint-Lazare et ne pourront partir avant vingt-deux heures. Je l’ai échappé belle (comme on dit).
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Peint sur l’un des bancs du Palais Royal : « Un secret a toujours la forme d’une oreille ». Ce mercredi, la chaleur étouffe les conversations. Rien ne tombe dans mon oreille. Je me rattrape avec les yeux, les filles étant à moitié déshabillées.
12 juillet 2022
Durant mon absence, InkOj, devenu pour l’occasion artiste municipal, a créé, à la demande de la Mairie, une signalétique colorée sur la chaussée de la rue de la Jeanne. Il s’agit d’apprendre à l’automobiliste qu’il circule dans une zone Trente où le piéton est prioritaire partout quand il traverse, ce qui était déjà le cas quand on avait dans cette rue des passages zébrés classiques.
Après plusieurs jours d’utilisation, je constate que le désir des conducteurs de me laisser passer est moindre qu’avant (et pour les bicyclistes, n’en parlons pas).
Par ailleurs, la plupart des piétons hésitent plus qu’avant à traverser lorsqu’arrive une voiture.
Pour ma part, je me lance hardiment sur l’œuvre d’art.
*
Il est quatorze heures dix ce lundi quand je demande si je peux m’asseoir à une table à l’ombre en terrasse au Zèbre à Pois, rue de la Champmeslé.
-C’est pour déjeuner ? me demande le patron.
-Non, pour boire un café ?
-Je vous préviens, y aura de l’attente.
-Mais je peux m’installer ?
-Oui mais je vous préviens, y aura de l’attente.
-Si vous ne voulez pas me servir, dites-le carrément.
-Vous pouvez vous asseoir mais je m’occupe de la brasserie.
Il n’y a que quelques mangeurs et ils terminent leur repas. Je ramasse mes affaires.
-Merci pour votre visite.
-Et pour la publicité que je vais vous faire.
Après plusieurs jours d’utilisation, je constate que le désir des conducteurs de me laisser passer est moindre qu’avant (et pour les bicyclistes, n’en parlons pas).
Par ailleurs, la plupart des piétons hésitent plus qu’avant à traverser lorsqu’arrive une voiture.
Pour ma part, je me lance hardiment sur l’œuvre d’art.
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Il est quatorze heures dix ce lundi quand je demande si je peux m’asseoir à une table à l’ombre en terrasse au Zèbre à Pois, rue de la Champmeslé.
-C’est pour déjeuner ? me demande le patron.
-Non, pour boire un café ?
-Je vous préviens, y aura de l’attente.
-Mais je peux m’installer ?
-Oui mais je vous préviens, y aura de l’attente.
-Si vous ne voulez pas me servir, dites-le carrément.
-Vous pouvez vous asseoir mais je m’occupe de la brasserie.
Il n’y a que quelques mangeurs et ils terminent leur repas. Je ramasse mes affaires.
-Merci pour votre visite.
-Et pour la publicité que je vais vous faire.
11 juillet 2022
Retrouvailles avec le Marché des Emmurées ce samedi matin, après avoir passé le pont qui mène vers chez les pauvres. Surprise, les deux tiers des vendeurs sont absents. En ce qui concerne les marchands de fruits et légumes, au lieu des quatre ou cinq habituels, il n’y en a qu’un, de qui je n’ai jamais été le client.
Comparé à ce que je payais avant mon escapade finistérienne, pommes de terre, carottes et oignons ont augmenté de cinquante pour cent, mais cela reste moins onéreux qu’aux marchés du dimanche à Rouen ou à Brest.
-Ils sont tous partis en vacances en même temps ? demandé-je à celui à qui je paie.
-Non, c’est la fête, alors y sont pas venus.
-L’Aïd, précise une acheteuse.
« Ah d’accord », leur dis-je. Est-ce pour ça que la nuit dernière j’ai été réveillé par un feu d’artifice ? Amateur sans aucun doute, mais qui a duré plusieurs minutes. J’entendais le bruit de chaque fusée avant l’explosion. Après je ne savais plus si c’était un rêve ou la réalité.
L’après-midi, j’évite Le Sacre pour mon café lecture car là aussi c’est la fête, celle des huit ans de l’équipe actuelle. Je m’installe à la terrasse latérale du Flo’s où souffle un petit vent bienvenu et y achève Mémoires parallèles de Gwenn-Aël Bolloré qui fut patron des Papeteries de l’Odet et des Editions de la Table Ronde. Il y raconte sa vie à travers ses rencontres, le plus souvent celles d’auteur(e)s qu’il a publiés, de droite ou d’extrême-droite mais pas toujours, ainsi croise-t-on, entre autres, Roger Nimier mais aussi Boris Vian, Antoine Blondin mais aussi Léo Ferré.
*
Mémoires parallèles de Gwenn-Aël Bolloré a été publié chez Jean Piccolec, autre Breton, franchement d’extrême-droite. L’auteur, aujourd’hui décédé, et son éditeur, toujours vivant, auraient dû vérifier le chapitre consacré à Anaïs Nin. On y lit que le mari de l’écrivaine était Jean Hugo et son amant Arthur Miller.
Comparé à ce que je payais avant mon escapade finistérienne, pommes de terre, carottes et oignons ont augmenté de cinquante pour cent, mais cela reste moins onéreux qu’aux marchés du dimanche à Rouen ou à Brest.
-Ils sont tous partis en vacances en même temps ? demandé-je à celui à qui je paie.
-Non, c’est la fête, alors y sont pas venus.
-L’Aïd, précise une acheteuse.
« Ah d’accord », leur dis-je. Est-ce pour ça que la nuit dernière j’ai été réveillé par un feu d’artifice ? Amateur sans aucun doute, mais qui a duré plusieurs minutes. J’entendais le bruit de chaque fusée avant l’explosion. Après je ne savais plus si c’était un rêve ou la réalité.
L’après-midi, j’évite Le Sacre pour mon café lecture car là aussi c’est la fête, celle des huit ans de l’équipe actuelle. Je m’installe à la terrasse latérale du Flo’s où souffle un petit vent bienvenu et y achève Mémoires parallèles de Gwenn-Aël Bolloré qui fut patron des Papeteries de l’Odet et des Editions de la Table Ronde. Il y raconte sa vie à travers ses rencontres, le plus souvent celles d’auteur(e)s qu’il a publiés, de droite ou d’extrême-droite mais pas toujours, ainsi croise-t-on, entre autres, Roger Nimier mais aussi Boris Vian, Antoine Blondin mais aussi Léo Ferré.
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Mémoires parallèles de Gwenn-Aël Bolloré a été publié chez Jean Piccolec, autre Breton, franchement d’extrême-droite. L’auteur, aujourd’hui décédé, et son éditeur, toujours vivant, auraient dû vérifier le chapitre consacré à Anaïs Nin. On y lit que le mari de l’écrivaine était Jean Hugo et son amant Arthur Miller.
8 juillet 2022
Quoi de plus saoulant que le retour à la vie quotidienne quand cela se conjugue avec un tas de soucis à régler.
Mon ordinateur de bureau reste à la date d'un certain jour du mois de mai, ce qui m’empêche de l’utiliser pour aller sur Internet.
Mon ordinateur portatif est à bout de souffle, sa batterie ne tient plus la charge.
Mon compte Effe Bé est bloqué depuis le seize juin, ce qui m’empêche par ricochet de me connecter au site d’Air Bibi, et aucun moyen de le débloquer quand on n’a pas de téléphone portatif.
Le tuyau anti débordement de l’évier de ma cuisine est décroché, ce qui conduit à des débordements.
Le revêtement de sol de cette cuisine américaine se désagrège.
Le retard de ménage devient phénoménal.
Il va bien falloir que je fasse le nécessaire. C’était quand même plus simple de vivre au temps d’avant l’omniprésence de l’informatique. Encore plus au temps où l’on avait des domestiques.
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« Je n’ai pas besoin d’être député pour être entendu. Je suis le tribun du peuple : deux fois de suite j’ai eu le vote de plus de 7 millions de gens. » (Mélenchon ce vendredi dans Libération)
Symptomatique à plus d’un titre, notamment l’emploi du mot « gens ».
Mon ordinateur de bureau reste à la date d'un certain jour du mois de mai, ce qui m’empêche de l’utiliser pour aller sur Internet.
Mon ordinateur portatif est à bout de souffle, sa batterie ne tient plus la charge.
Mon compte Effe Bé est bloqué depuis le seize juin, ce qui m’empêche par ricochet de me connecter au site d’Air Bibi, et aucun moyen de le débloquer quand on n’a pas de téléphone portatif.
Le tuyau anti débordement de l’évier de ma cuisine est décroché, ce qui conduit à des débordements.
Le revêtement de sol de cette cuisine américaine se désagrège.
Le retard de ménage devient phénoménal.
Il va bien falloir que je fasse le nécessaire. C’était quand même plus simple de vivre au temps d’avant l’omniprésence de l’informatique. Encore plus au temps où l’on avait des domestiques.
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« Je n’ai pas besoin d’être député pour être entendu. Je suis le tribun du peuple : deux fois de suite j’ai eu le vote de plus de 7 millions de gens. » (Mélenchon ce vendredi dans Libération)
Symptomatique à plus d’un titre, notamment l’emploi du mot « gens ».
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