Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
25 juin 2025
C’est bientôt la fin de ma tournée d’adieu à l’Alsace, pendant laquelle je serai passé une dernière fois dans la plupart des lieux que je voulais revoir. Ceux laissés de côté, pas de premier ordre, l’ont été pour cause de transport public inadapté.
Le moment est venu de redécouvrir Colmar. Aussi attends-je ce mardi matin le premier bus F, celui de sept heures trois (le suivant dans quarante-quatre minutes). J’en descends à Champ-de-Mars et traverse celui-ci pour rejoindre le Marché Couvert et la Petite Venise (assurément petite).
Impossible d’être totalement seul à cette heure matutinale. Quelques touristes asiatiques sont déjà là. Les hommes mettent un temps fou pour faire une photo de leur femme ou de leur fille. Eux ne se font pas photographier.
Assez vite, je m’assois sur un banc à l’ombre. « Vous écrivez vos pensées du matin ? » me demande un homme bien français qui marche les mains croisées derrière le dos. « Ça doit être ça », lui réponds-je peu désireux d’engager la conversation.
Je rejoins ensuite la place Unterlinden où est une des rares pharmacies de la ville, toujours des médicaments à renouveler, puis je m’assois à nouveau sur un banc à l’ombre, face à la Pâtisserie du Musée, qui elle-même ressemble à un gâteau crémeux. Il est neuf heures, le moment où apparaissent les premiers groupes cornaqués (scolaires et retraités), les quatuors composés de deux vieux couples, les jeunes couples sans enfant et quelques-un(e)s qui vont travailler. Petit Train Blanc et Petit Train Vert s’apprêtent à se disputer la même clientèle. Ils ne s’aiment pas, ne se disent pas bonjour. Petit Train Vert gagne la première manche, démarrant à moitié plein, alors que Petit Train Blanc reste vide.
A dix heures moins le quart, par la rue des Têtes, je rejoins le Café Rapp que j’espère ouvert. Il l’est à peine. Je choisis une place à l’ombre un peu ventée pour un expresso verre d’eau Balzac. Ce sera en 1849, à l’âge de 50 ans, au beau milieu de ma vie. écrit-il le lundi trente et un mai mil huit cent quarante-sept. Il mourra en mil huit cent cinquante, trois ans plus tard.
Dix heures sonnent à la Collégiale que je suis encore le seul client de l’immense terrasse, avantage de l’excentricité de ce lieu. Passe un vieux avec un ticheurte « Je vois la vie en Vosges ».
A onze heures démarrent les jets d’eau et la journée du Café Rapp. A la table d’à côté des Belges, dont l’un dit aux autres : « Sinon, si tu veux voir un beau truc, c’est à une heure de route d’ici, c’est le lac de Gérardmer. »
A midi, une table m’attend chez Meistermann, que j’ai réservée à l’intérieur climatisé. Au menu du jour : croque-monsieur, cuisse de poulet basquaise, verrine orange chocolat. Félix n’est pas là. Un couple occupe sa table. Je m’inquiète. Trois groupes d’Asiatiques, dont un qui mange à l’étage, et un trio d’Asiatiques avec un bébé, composent plus de la moitié de la clientèle du restaurant ce mardi midi. Ce dernier repas est excellent, comme les précédents.
A l’issue, je rejoins l’arrêt du Champ-de-Mars et n’ai que dix minutes à attendre pour voir arriver un bus F qui me ramène à Saint-Joseph dans un appartement aussi chaud que les jours précédents.
*
Revoir ou non Strasbourg ? J’ai hésité, mais la chaleur m’a fait renoncer. Je resterai sur les souvenirs de mes passages là-bas avec celles qui m’ont tenu la main et sur mon séjour d’une semaine seul dans un petit hôtel près de la Cathédrale au temps du Tégévé Rouen Strasbourg, un hiver, quand son Marché de Noël n’était pas aussi couru (l’invitée d’honneur était la Russie).
Celui de Colmar est également victime de surfréquentation, m’a raconté l’homme qui m’a offert un café à Rouffach. Impossible de se croiser à pied dans les rues qui y mènent. La municipalité envisage de le rendre payant pour diminuer l’affluence, m’a-t-il dit.
*
Entre le Café Rapp et le Restaurant Meistermann, une cabine bleue sert de boîtes à livres. Dedans ce mardi matin : Femmes de Nizar Kabbani, en édition bilingue arabe français chez Arfuyen avec une préface de Vénus Khoury-Ghata. Je le mets dans ma poche.
*
Balzac à Madame Hanska : Il faut absolument me médiquer. (Sauvons les mots en voie de disparition)
« Le verbe « médiquer » est à éviter parce qu'il constitue un calque morphosémantique de l'anglais « to medicate » qui entre inutilement en concurrence avec le verbe français « médicamenter ». », s’insurge l’Office Québécois de la Langue Française.
Le moment est venu de redécouvrir Colmar. Aussi attends-je ce mardi matin le premier bus F, celui de sept heures trois (le suivant dans quarante-quatre minutes). J’en descends à Champ-de-Mars et traverse celui-ci pour rejoindre le Marché Couvert et la Petite Venise (assurément petite).
Impossible d’être totalement seul à cette heure matutinale. Quelques touristes asiatiques sont déjà là. Les hommes mettent un temps fou pour faire une photo de leur femme ou de leur fille. Eux ne se font pas photographier.
Assez vite, je m’assois sur un banc à l’ombre. « Vous écrivez vos pensées du matin ? » me demande un homme bien français qui marche les mains croisées derrière le dos. « Ça doit être ça », lui réponds-je peu désireux d’engager la conversation.
Je rejoins ensuite la place Unterlinden où est une des rares pharmacies de la ville, toujours des médicaments à renouveler, puis je m’assois à nouveau sur un banc à l’ombre, face à la Pâtisserie du Musée, qui elle-même ressemble à un gâteau crémeux. Il est neuf heures, le moment où apparaissent les premiers groupes cornaqués (scolaires et retraités), les quatuors composés de deux vieux couples, les jeunes couples sans enfant et quelques-un(e)s qui vont travailler. Petit Train Blanc et Petit Train Vert s’apprêtent à se disputer la même clientèle. Ils ne s’aiment pas, ne se disent pas bonjour. Petit Train Vert gagne la première manche, démarrant à moitié plein, alors que Petit Train Blanc reste vide.
A dix heures moins le quart, par la rue des Têtes, je rejoins le Café Rapp que j’espère ouvert. Il l’est à peine. Je choisis une place à l’ombre un peu ventée pour un expresso verre d’eau Balzac. Ce sera en 1849, à l’âge de 50 ans, au beau milieu de ma vie. écrit-il le lundi trente et un mai mil huit cent quarante-sept. Il mourra en mil huit cent cinquante, trois ans plus tard.
Dix heures sonnent à la Collégiale que je suis encore le seul client de l’immense terrasse, avantage de l’excentricité de ce lieu. Passe un vieux avec un ticheurte « Je vois la vie en Vosges ».
A onze heures démarrent les jets d’eau et la journée du Café Rapp. A la table d’à côté des Belges, dont l’un dit aux autres : « Sinon, si tu veux voir un beau truc, c’est à une heure de route d’ici, c’est le lac de Gérardmer. »
A midi, une table m’attend chez Meistermann, que j’ai réservée à l’intérieur climatisé. Au menu du jour : croque-monsieur, cuisse de poulet basquaise, verrine orange chocolat. Félix n’est pas là. Un couple occupe sa table. Je m’inquiète. Trois groupes d’Asiatiques, dont un qui mange à l’étage, et un trio d’Asiatiques avec un bébé, composent plus de la moitié de la clientèle du restaurant ce mardi midi. Ce dernier repas est excellent, comme les précédents.
A l’issue, je rejoins l’arrêt du Champ-de-Mars et n’ai que dix minutes à attendre pour voir arriver un bus F qui me ramène à Saint-Joseph dans un appartement aussi chaud que les jours précédents.
*
Revoir ou non Strasbourg ? J’ai hésité, mais la chaleur m’a fait renoncer. Je resterai sur les souvenirs de mes passages là-bas avec celles qui m’ont tenu la main et sur mon séjour d’une semaine seul dans un petit hôtel près de la Cathédrale au temps du Tégévé Rouen Strasbourg, un hiver, quand son Marché de Noël n’était pas aussi couru (l’invitée d’honneur était la Russie).
Celui de Colmar est également victime de surfréquentation, m’a raconté l’homme qui m’a offert un café à Rouffach. Impossible de se croiser à pied dans les rues qui y mènent. La municipalité envisage de le rendre payant pour diminuer l’affluence, m’a-t-il dit.
*
Entre le Café Rapp et le Restaurant Meistermann, une cabine bleue sert de boîtes à livres. Dedans ce mardi matin : Femmes de Nizar Kabbani, en édition bilingue arabe français chez Arfuyen avec une préface de Vénus Khoury-Ghata. Je le mets dans ma poche.
*
Balzac à Madame Hanska : Il faut absolument me médiquer. (Sauvons les mots en voie de disparition)
« Le verbe « médiquer » est à éviter parce qu'il constitue un calque morphosémantique de l'anglais « to medicate » qui entre inutilement en concurrence avec le verbe français « médicamenter ». », s’insurge l’Office Québécois de la Langue Française.
24 juin 2025
Un court orage à trois heures du matin ne change rien à la forte chaleur. Je la ressens sur le banc de la Halte Ferroviaire de Saint-Joseph où j’attends le petit train Fluo de sept heures cinquante-sept pour Colmar ce lundi. J’attends ensuite le car Fluo terminus Rouffach de sept heures trente tandis que passe une manifestation de six taxis, feux de détresse, drapeau tricolore. Ils vont sans doute en rejoindre d’autres.
Je suis seul avec le chauffeur après Eguisheim. La route est à flanc de vignoble et si étroite qu’à un point donné le car s’arrête pendant plusieurs minutes. Il attend que celui qui fait le trajet dans l’autre sens arrive. Plus loin, impossible de le croiser. Je (re)vois les trois châteaux en ruine d’Husseren-les-Châteaux et bientôt c’est Gueberschwihr. L’arrêt est en bas du village à la Chapelle (en fait un calvaire). Il y a là le restaurant Belle-Vue qui pourrait faire mon affaire s’il était ouvert à midi.
Sans avoir la réponse, je monte visiter le village qui se trouve sur la partie haute du vignoble. Au-dessus, c’est la falaise et la forêt. J’ai très chaud quand j’arrive sur la place de la Mairie où l’on trouve deux fontaines et trop de voitures. Un peu plus haut, c’’est la remarquable église de Saint-Pantaléon qui a le plus beau clocher roman de la région (il date du douzième siècle) « coiffé par un toit en bâtière, il mesure 36 m de haut avec 3 étages des fenêtres géminées », dit Le Routard. Et partout de belles maisons et des caveaux de dégustation de vins où je n’entre pas.
J’entre dans la minuscule Epicerie du Vignoble. Je me procure un croissant et un café pour seulement deux euros cinquante. Je les consomme sur des marches à l’ombre. Il est neuf heures. Que faire maintenant alors qu’il fait si chaud et que mes pieds me font déjà souffrir ?
Je choisis de redescendre jusqu’au calvaire, l’ennui étant qu’il n’y a pas de car de retour avant douze heures quarante-neuf. Je trouve heureusement un banc à l’ombre sous un pin au boulodrome. Inattendu boulodrome où souffle un vent qui pourrait annoncer un nouvel orage. Balzac est dans mon sac. C’est le moment de l’en sortir et d’en lire un bon morceau. A ma gauche au loin, j’ai le cadran bleu de Saint-Pantaléon qui me donne l’heure. Pour compagnie, des corneilles qui tournent sur ma tête.
Je lis là longtemps tandis que derrière mon dos un vigneron taille ses vignes à la main. A midi, force est de constater (comme disent les journalistes) que le Belle-Vue n’ouvre pas ses paupières. Je vois ses volets clos d’où je suis assis. Il me reste donc quarante-neuf minutes à attendre, alors que de plus en plus le vent tourbillonne. Devant le calvaire, avec au fond les montagnes allemandes, je vois arriver le car Fluo qui va me ramener à Colmar.
Il me laisse à la Gare où il n’y a rien pour déjeuner. Comme tous les lundis, le Café Rapp et le Restaurant Meistermann sont fermés. D’un coup de navette gratuite, je me propulse chez Dussourd où il est encore possible de manger un plat du jour à treize heures quarante-cinq : une côte de porc grillée, jus brun tomaté, pommes grenailles rôties aux herbes, salade de chou-fleur (treize euros quatre-vingt-dix), à une table bien à l’ombre dans le courant d’air et avec une carafe d’eau bien fraîche. C’est meilleur que ce à quoi je m’attendais mais avec la foule du centre de Colmar, il faut attendre pour avoir du pain, il faut attendre pour avoir une carafe d’eau, il faut attendre pour régler l’addition.
Toutes ces attentes font que quand j’arrive à l’arrêt du bus F je n’ai que deux minutes à l’attendre. Je rentre dans mon logis provisoire tout aussi fatigué qu’hier. A quoi servent les orages si après leur passage rien ne change côté température ?
*
Dans le genre village accroché au coteau, j’envisageais d’aller mardi à Husseren-les-Châteaux, mais même car Fluo aux horaires tordus, pas de restaurant sans doute. J’y renonce, me contentant de l’avoir revu au passage.
*
Le boulodrome de Gueberschwihr m’aura été bien utile. Je ne pense pas qu’on y joue souvent à la pétanque. Il est doté d’un tableau à trous dans lesquels se fichent deux bâtonnets attachés à une ficelle pour compter les points.
*
Dans le centre de Gueberschwihr, un restaurant nommé Utopie. Menu unique à sept plats pour quatre-vingts euros, deux verres de vin pour vingt euros. Une certaine idée de l’utopie.
Je suis seul avec le chauffeur après Eguisheim. La route est à flanc de vignoble et si étroite qu’à un point donné le car s’arrête pendant plusieurs minutes. Il attend que celui qui fait le trajet dans l’autre sens arrive. Plus loin, impossible de le croiser. Je (re)vois les trois châteaux en ruine d’Husseren-les-Châteaux et bientôt c’est Gueberschwihr. L’arrêt est en bas du village à la Chapelle (en fait un calvaire). Il y a là le restaurant Belle-Vue qui pourrait faire mon affaire s’il était ouvert à midi.
Sans avoir la réponse, je monte visiter le village qui se trouve sur la partie haute du vignoble. Au-dessus, c’est la falaise et la forêt. J’ai très chaud quand j’arrive sur la place de la Mairie où l’on trouve deux fontaines et trop de voitures. Un peu plus haut, c’’est la remarquable église de Saint-Pantaléon qui a le plus beau clocher roman de la région (il date du douzième siècle) « coiffé par un toit en bâtière, il mesure 36 m de haut avec 3 étages des fenêtres géminées », dit Le Routard. Et partout de belles maisons et des caveaux de dégustation de vins où je n’entre pas.
J’entre dans la minuscule Epicerie du Vignoble. Je me procure un croissant et un café pour seulement deux euros cinquante. Je les consomme sur des marches à l’ombre. Il est neuf heures. Que faire maintenant alors qu’il fait si chaud et que mes pieds me font déjà souffrir ?
Je choisis de redescendre jusqu’au calvaire, l’ennui étant qu’il n’y a pas de car de retour avant douze heures quarante-neuf. Je trouve heureusement un banc à l’ombre sous un pin au boulodrome. Inattendu boulodrome où souffle un vent qui pourrait annoncer un nouvel orage. Balzac est dans mon sac. C’est le moment de l’en sortir et d’en lire un bon morceau. A ma gauche au loin, j’ai le cadran bleu de Saint-Pantaléon qui me donne l’heure. Pour compagnie, des corneilles qui tournent sur ma tête.
Je lis là longtemps tandis que derrière mon dos un vigneron taille ses vignes à la main. A midi, force est de constater (comme disent les journalistes) que le Belle-Vue n’ouvre pas ses paupières. Je vois ses volets clos d’où je suis assis. Il me reste donc quarante-neuf minutes à attendre, alors que de plus en plus le vent tourbillonne. Devant le calvaire, avec au fond les montagnes allemandes, je vois arriver le car Fluo qui va me ramener à Colmar.
Il me laisse à la Gare où il n’y a rien pour déjeuner. Comme tous les lundis, le Café Rapp et le Restaurant Meistermann sont fermés. D’un coup de navette gratuite, je me propulse chez Dussourd où il est encore possible de manger un plat du jour à treize heures quarante-cinq : une côte de porc grillée, jus brun tomaté, pommes grenailles rôties aux herbes, salade de chou-fleur (treize euros quatre-vingt-dix), à une table bien à l’ombre dans le courant d’air et avec une carafe d’eau bien fraîche. C’est meilleur que ce à quoi je m’attendais mais avec la foule du centre de Colmar, il faut attendre pour avoir du pain, il faut attendre pour avoir une carafe d’eau, il faut attendre pour régler l’addition.
Toutes ces attentes font que quand j’arrive à l’arrêt du bus F je n’ai que deux minutes à l’attendre. Je rentre dans mon logis provisoire tout aussi fatigué qu’hier. A quoi servent les orages si après leur passage rien ne change côté température ?
*
Dans le genre village accroché au coteau, j’envisageais d’aller mardi à Husseren-les-Châteaux, mais même car Fluo aux horaires tordus, pas de restaurant sans doute. J’y renonce, me contentant de l’avoir revu au passage.
*
Le boulodrome de Gueberschwihr m’aura été bien utile. Je ne pense pas qu’on y joue souvent à la pétanque. Il est doté d’un tableau à trous dans lesquels se fichent deux bâtonnets attachés à une ficelle pour compter les points.
*
Dans le centre de Gueberschwihr, un restaurant nommé Utopie. Menu unique à sept plats pour quatre-vingts euros, deux verres de vin pour vingt euros. Une certaine idée de l’utopie.
23 juin 2025
Rien entendu de la Fête de la Musique, un jeune couple qui peut-être en revient, assis sur le banc de la Halte Ferroviaire Saint-Joseph, attendant comme moi le train de sept heures trente-deux terminus Metzeral, se fait apporter deux pizzas par un livreur à bicyclette juste avant l’arrivée du train.
Avec ce petit train Fluo qui trace son chemin en écartant les branches, je rejoins Munster ce dimanche matin. Je lis Balzac dans le Parc Hartmann en attendant neuf heures vingt-cinq, le départ du car Fluo qui rejoint la Navette des Crêtes au Col de la Schlucht. Ce car ne s’arrête pas là, il redescend de l’autre côté des Vosges, terminus Gérardmer. C’est mon objectif en ce jour annoncé très chaud. Un pic tape dans un tronc voisin tandis que je lis mais je ne le vois pas.
Une vieille avec une canne, un groupe de retraités réjouis, de la jeunesse allemande et française (pas ensemble) attendent aussi ce car. J’apprends à deux jolies filles françaises à gros sacs à dos la gratuité du car avec leur billet de train.
« Merci monsieur, vous êtes d’ici ? », me dit l’une lorsque, comme moi, elles ont pu monter sans payer. « Non, je l’ai appris, mais pas tout de suite. » Tout le monde s’arrête au Col de la Schlucht sauf la vieille à canne et moi-même. Après, c’est la descente de l’autre côté avec au passage une belle vue sur le Lac de Longemer puis vient le terminus Boulevard d’Alsace.
Il fait fort chaud. Je me procure un plan à l’Office du Tourisme. Les deux rues du centre ville à gauche. Le Lac tout droit. Je vais tout droit et retrouve tout de suite l’impression que j’avais gardée de Gérardmer, un endroit pas terrible. Le Lac petit, six kilomètres de tour, la promenade poussiéreuse et le bord de l’eau envahi par des animations nautiques pour les familles.
Le seul endroit où prendre un café s’appelle Rives du Lac. Il ne propose que des tables au soleil. Celles à l’ombre sont en voie d’être dressées par une matrone qui le prend mal quand je lui demande si on peut déjeuner maintenant. « On fait ça pour pas être en retard. » Il est vrai qu’on est lent dans l’Est. En témoigne la durée des feux rouges à Colmar.
J’achète un café allongé à un euro cinquante à un kiosque et trouve un des rares bancs avec un peu d’ombre pour le boire. A peine y suis-je assis qu’une famille me demande de laisser ma place pour l’ancêtre qui risque de faire un malaise. Je les envoie bouler. Le seul endroit pimpant au bord de ce lac est derrière moi, c’est le Casino. Devant moi, c’est le défilé des familles : « Ah non, tu viens de faire du pédalo et maintenant tu veux une glace ! » Je ne comprends pas d’où vient la notoriété touristique du Lac de Gérardmer. Peut-être parce qu’ici on est loin de la mer et loin d’un lac aménagé digne de ce nom. Les locations de pédalos font des affaires et les adultes mangent des glaces dès onze heures du matin.
Je laisse le lac et rejoins le petit centre ville. A l’entrée de la première rue commerçante est un bar tabac, Le Palais de la Bière, avec des tables à l’ombre et un léger vent rafraîchissant. J’y bois un expresso verre d’eau à un euro quatre-vingt-dix. Où vais-je pouvoir déjeuner ? Je demande à la serveuse. Elle m’indique le San Remo, un restaurant italien, un peu plus haut.
Je vais voir. Il y a déjà une file d’attente devant à midi moins dix, alors je m’y mets. Devant moi, une vieille à cheveux roses et son mari enceint de huit mois. Derrière, une éprouvante famille avec un moutard à flûte. Quand ça ouvre et que c’est mon tour, je demande à l’accueillante une table loin des familles. Elle m’en trouve une au coin sous la véranda, près de celle d’un autre solitaire. Je choisis les lasagnes bolognaises et une carafe d’eau. D’où je suis, j’ai vue sur toute la clientèle. Les cheveux collés par la sueur de ceux qui enlèvent leur casquette. Le gros mari de la femme aux cheveux roses qui s’est endormi après avoir bu une bière et la moitié au moins de la bouteille de rosé qu’ils ont commandée (ça n’empêche pas sa femme de continuer à manger sa pizza). Mes lasagnes sont excellentes. Je les fais suivre d’un tiramisu classique. J’en ai pour vingt-trois euros vingt.
Retour au Palais de la Bière pour le café, puis direction ce qui est pompeusement appelé la Gare Routière, un alignement d’abribus. Ne montent dans le car Fluo de quatorze heures quinze pour Munster que la vieille à canne du matin et moi-même. Au Col de la Schlucht s’ajoutent quelques randonneurs encombrés de sacs et de bâtons.
Nous arrivons à la Gare de Munster à quinze heures. Le petit train Fluo pour Colmar avec arrêt à Saint-Joseph est dans vingt-sept minutes. Chacun cherche de l’ombre où il peut en l’attendant. Il n’a jamais fait aussi chaud qu’aujourd’hui depuis que je suis en Alsace. J’arrive à mon logis Air Bibi épuisé.
*
L’hiver prochain, trente-troisième Festival International du Film Fantastique de Gérardmer. Que ce festival ait lieu ici me semble fantastique. Je dirais même que ça fait peur.
*
Gérardmer, c’est aussi le pays du linge de maison, fabrication et vente directe. Qui pour s’intéresser au linge de maison ? Il fallait être Balzac pour se préoccuper de ce genre de chose.
*
Ne jamais commettre l’erreur de villégiaturer à Gérardmer.
Avec ce petit train Fluo qui trace son chemin en écartant les branches, je rejoins Munster ce dimanche matin. Je lis Balzac dans le Parc Hartmann en attendant neuf heures vingt-cinq, le départ du car Fluo qui rejoint la Navette des Crêtes au Col de la Schlucht. Ce car ne s’arrête pas là, il redescend de l’autre côté des Vosges, terminus Gérardmer. C’est mon objectif en ce jour annoncé très chaud. Un pic tape dans un tronc voisin tandis que je lis mais je ne le vois pas.
Une vieille avec une canne, un groupe de retraités réjouis, de la jeunesse allemande et française (pas ensemble) attendent aussi ce car. J’apprends à deux jolies filles françaises à gros sacs à dos la gratuité du car avec leur billet de train.
« Merci monsieur, vous êtes d’ici ? », me dit l’une lorsque, comme moi, elles ont pu monter sans payer. « Non, je l’ai appris, mais pas tout de suite. » Tout le monde s’arrête au Col de la Schlucht sauf la vieille à canne et moi-même. Après, c’est la descente de l’autre côté avec au passage une belle vue sur le Lac de Longemer puis vient le terminus Boulevard d’Alsace.
Il fait fort chaud. Je me procure un plan à l’Office du Tourisme. Les deux rues du centre ville à gauche. Le Lac tout droit. Je vais tout droit et retrouve tout de suite l’impression que j’avais gardée de Gérardmer, un endroit pas terrible. Le Lac petit, six kilomètres de tour, la promenade poussiéreuse et le bord de l’eau envahi par des animations nautiques pour les familles.
Le seul endroit où prendre un café s’appelle Rives du Lac. Il ne propose que des tables au soleil. Celles à l’ombre sont en voie d’être dressées par une matrone qui le prend mal quand je lui demande si on peut déjeuner maintenant. « On fait ça pour pas être en retard. » Il est vrai qu’on est lent dans l’Est. En témoigne la durée des feux rouges à Colmar.
J’achète un café allongé à un euro cinquante à un kiosque et trouve un des rares bancs avec un peu d’ombre pour le boire. A peine y suis-je assis qu’une famille me demande de laisser ma place pour l’ancêtre qui risque de faire un malaise. Je les envoie bouler. Le seul endroit pimpant au bord de ce lac est derrière moi, c’est le Casino. Devant moi, c’est le défilé des familles : « Ah non, tu viens de faire du pédalo et maintenant tu veux une glace ! » Je ne comprends pas d’où vient la notoriété touristique du Lac de Gérardmer. Peut-être parce qu’ici on est loin de la mer et loin d’un lac aménagé digne de ce nom. Les locations de pédalos font des affaires et les adultes mangent des glaces dès onze heures du matin.
Je laisse le lac et rejoins le petit centre ville. A l’entrée de la première rue commerçante est un bar tabac, Le Palais de la Bière, avec des tables à l’ombre et un léger vent rafraîchissant. J’y bois un expresso verre d’eau à un euro quatre-vingt-dix. Où vais-je pouvoir déjeuner ? Je demande à la serveuse. Elle m’indique le San Remo, un restaurant italien, un peu plus haut.
Je vais voir. Il y a déjà une file d’attente devant à midi moins dix, alors je m’y mets. Devant moi, une vieille à cheveux roses et son mari enceint de huit mois. Derrière, une éprouvante famille avec un moutard à flûte. Quand ça ouvre et que c’est mon tour, je demande à l’accueillante une table loin des familles. Elle m’en trouve une au coin sous la véranda, près de celle d’un autre solitaire. Je choisis les lasagnes bolognaises et une carafe d’eau. D’où je suis, j’ai vue sur toute la clientèle. Les cheveux collés par la sueur de ceux qui enlèvent leur casquette. Le gros mari de la femme aux cheveux roses qui s’est endormi après avoir bu une bière et la moitié au moins de la bouteille de rosé qu’ils ont commandée (ça n’empêche pas sa femme de continuer à manger sa pizza). Mes lasagnes sont excellentes. Je les fais suivre d’un tiramisu classique. J’en ai pour vingt-trois euros vingt.
Retour au Palais de la Bière pour le café, puis direction ce qui est pompeusement appelé la Gare Routière, un alignement d’abribus. Ne montent dans le car Fluo de quatorze heures quinze pour Munster que la vieille à canne du matin et moi-même. Au Col de la Schlucht s’ajoutent quelques randonneurs encombrés de sacs et de bâtons.
Nous arrivons à la Gare de Munster à quinze heures. Le petit train Fluo pour Colmar avec arrêt à Saint-Joseph est dans vingt-sept minutes. Chacun cherche de l’ombre où il peut en l’attendant. Il n’a jamais fait aussi chaud qu’aujourd’hui depuis que je suis en Alsace. J’arrive à mon logis Air Bibi épuisé.
*
L’hiver prochain, trente-troisième Festival International du Film Fantastique de Gérardmer. Que ce festival ait lieu ici me semble fantastique. Je dirais même que ça fait peur.
*
Gérardmer, c’est aussi le pays du linge de maison, fabrication et vente directe. Qui pour s’intéresser au linge de maison ? Il fallait être Balzac pour se préoccuper de ce genre de chose.
*
Ne jamais commettre l’erreur de villégiaturer à Gérardmer.
22 juin 2025
Les cigognes du Café du Marché claquent du bec quand passe la montgolfière ce samedi matin au-dessus de la Halte Ferroviaire de Saint-Joseph. J’attends le petit train Fluo de six heures cinquante pour la Gare de Colmar. C’est l’été, il va faire très chaud, le jour parfait pour atteindre le sommet des Vosges par une boucle nécessitant deux trajets en train et quatre trajets en car. Pour la première fois, je laisse Balzac à la maison.
A la Gare, je prends le car Fluo partant à sept heures trente qui passe par Kaysersberg, Orbey et Le Bonhomme et mène au Lac Blanc (Col du Calvaire) d’où démarre la Navette des Crêtes qui suit la Route des Crêtes. « J’ai un billet de train », dis-je au chauffeur. « Allez-y », me dit-il sans vérifier. Nous sommes quatre voyageurs. Un autre monte à Orbey. On passe au-dessus du Lac Blanc que je suis heureux de revoir et on arrive à la Station du Lac Blanc où j’apprends que c’est le même car qui devient Navette des Crêtes, faisant la route jusqu’au Grand Ballon en passant par le Col de la Schlucht et la Station du Markstein.
Nous repartons à huit heures quarante avec peu de monde. Des randonneurs ont tellement l’habitude de porter un sac à dos qu’ils ne l’enlèvent pas dans le car. A chaque arrêt, c’est un peu qui descendent, un peu qui montent. Beaucoup de forêts, on ne voit au loin que lors de rares trouées. Ça remonte après la Schlucht. Le car a du mal. Un arrêt un peu prolongé au Pied du Hohneck. Des voitures garées partout. Superbes vues après le Pied du Hohneck, sur le lac de la Lande, le lac de Blanchemer et le lac de Kruth. Au loin, le radar du Grand Ballon se fait voir. De l’autre côté de la route, le lac de la Lauch. Passage à la Station du Markstein. Col du Haag. Nous sommes trois à descendre à l’arrivée, au bout de quarante-deux kilomètres à petite vitesse.
Un sentier pierreux me permet de monter pédestrement en vingt minutes en haut du Grand Ballon. Me voici au sommet des Vosges à mille quatre cent vingt-quatre mètres d'altitude. Le tour du radar permet une vue panoramique sur les lointains, même si le ciel est un peu voilé. Vue aussi en contrebas sur le Monument aux Diables Bleus (les Chasseurs Alpins). Quand je redescends les marches du radar, je me rencontre avec un groupe de Kanaks drapeau au vent. « Vous le reconnaissez ce drapeau ? C’est le drapeau des indépendantistes calédoniens », me dit l’un. « Vous êtes venus prendre possession du Grand Ballon ? » (rires) comme on écrit dans les compte-rendu journalistiques. Mes pieds me font souffrir dans la descente.
Des motos, des motos, des motos partout devant le bar du Grand Ballon, même sur l’arrêt du car. Pas une motarde, que des couillus, presque tous Allemands. Ils sont mieux entre eux qu’avec leur femme, ou même avec une autre. Je prendrais bien un café mais c’est service au comptoir, il faudrait se mettre à la file derrière ce troupeau. Je m’y refuse. Je monte à l’étage à une terrasse inemployée dont j’ai l’usage pour moi seul. Vue sur la plaine d’Alsace et la Forêt Noire. Il ne fait pas vraiment moins chaud à cette altitude.
Un car de la Navette doit repartir à onze heures dix, dont la conductrice fait dégager les motos. Elle va s’acheter un café. « Vous avez un ticket ? » me demande-t-elle quand elle revient. « J’ai un billet de train. » « Okay. » Je peux monter m’asseoir avant l’heure du départ. Je suis le seul voyageur quand elle démarre et je fais tout le voyage en solo avec elle jusqu’au Col de la Schlucht où je descends. Je bois un allongé verre d’eau servi à table à la terrasse du Tétras face à l’église, en regardant passer les courageux randonneurs. Ici aussi trop de motos, des cyclistes et un bon lot de familles vulgaires.
A douze heures quarante-deux, je prends le car Fluo pour Munster. Là encore, je suis seul avec le chauffeur qui ne fait aucune difficulté pour mon billet de train. La descente est impressionnante jusqu’à la vallée (l’autre jour, c’était dans la brume). J’arrive à Côté Gare à treize heures trente. Un peu sonné, comme si j’avais conduit toute la matinée.
Je commande une pizza Montagnarde (au munster) et un quart d’edelzwicker. Je suis mieux ici que là-haut, même si à la table voisine sont cinq motards allemands. La serveuse qui m’appelle « l’artiste » n’est pas là, mais celle qui s’occupe de moi, une étrangère à l’accent indéfinissable, peut-être Anglaise, peut-être Ukrainienne, est tout à fait sympathique. « Are you a writer ? Vous êtes écrivain ? », me demande-t-elle au moment où je paie. « Un petit peu, lui dis-je, je raconte mon voyage, je dis du bien de votre restaurant. »
Direction la Gare, j’explore la cabane aux livres en vain et m’assois sur un banc pour attendre le petit train Fluo de quatorze heures trente pour Colmar. A côté de moi, trois jolies collégiennes parlent d’une autre dont le père accepte qu’elle boive un Picon. « Quand même, à quatorze ans, ça se fait pas. » Elles trouvent que vingt et une minutes à pied de la Gare pour aller au centre de Colmar, c’est beaucoup. Je leur apprends l’existence de la navette gratuite et leur dis où la trouver. « Ah cool, on va faire ça ! »
Je descends à Saint-Joseph, la boucle est bouclée.
*
Au Markstein, une Gendarmerie fermée avec près de sa porte une boîte à clés.
*
En juillet août, la Navette des Crêtes circule tous les jours. Avec un meilleur succès, je l’espère, pour la Région Grand Est.
A la Gare, je prends le car Fluo partant à sept heures trente qui passe par Kaysersberg, Orbey et Le Bonhomme et mène au Lac Blanc (Col du Calvaire) d’où démarre la Navette des Crêtes qui suit la Route des Crêtes. « J’ai un billet de train », dis-je au chauffeur. « Allez-y », me dit-il sans vérifier. Nous sommes quatre voyageurs. Un autre monte à Orbey. On passe au-dessus du Lac Blanc que je suis heureux de revoir et on arrive à la Station du Lac Blanc où j’apprends que c’est le même car qui devient Navette des Crêtes, faisant la route jusqu’au Grand Ballon en passant par le Col de la Schlucht et la Station du Markstein.
Nous repartons à huit heures quarante avec peu de monde. Des randonneurs ont tellement l’habitude de porter un sac à dos qu’ils ne l’enlèvent pas dans le car. A chaque arrêt, c’est un peu qui descendent, un peu qui montent. Beaucoup de forêts, on ne voit au loin que lors de rares trouées. Ça remonte après la Schlucht. Le car a du mal. Un arrêt un peu prolongé au Pied du Hohneck. Des voitures garées partout. Superbes vues après le Pied du Hohneck, sur le lac de la Lande, le lac de Blanchemer et le lac de Kruth. Au loin, le radar du Grand Ballon se fait voir. De l’autre côté de la route, le lac de la Lauch. Passage à la Station du Markstein. Col du Haag. Nous sommes trois à descendre à l’arrivée, au bout de quarante-deux kilomètres à petite vitesse.
Un sentier pierreux me permet de monter pédestrement en vingt minutes en haut du Grand Ballon. Me voici au sommet des Vosges à mille quatre cent vingt-quatre mètres d'altitude. Le tour du radar permet une vue panoramique sur les lointains, même si le ciel est un peu voilé. Vue aussi en contrebas sur le Monument aux Diables Bleus (les Chasseurs Alpins). Quand je redescends les marches du radar, je me rencontre avec un groupe de Kanaks drapeau au vent. « Vous le reconnaissez ce drapeau ? C’est le drapeau des indépendantistes calédoniens », me dit l’un. « Vous êtes venus prendre possession du Grand Ballon ? » (rires) comme on écrit dans les compte-rendu journalistiques. Mes pieds me font souffrir dans la descente.
Des motos, des motos, des motos partout devant le bar du Grand Ballon, même sur l’arrêt du car. Pas une motarde, que des couillus, presque tous Allemands. Ils sont mieux entre eux qu’avec leur femme, ou même avec une autre. Je prendrais bien un café mais c’est service au comptoir, il faudrait se mettre à la file derrière ce troupeau. Je m’y refuse. Je monte à l’étage à une terrasse inemployée dont j’ai l’usage pour moi seul. Vue sur la plaine d’Alsace et la Forêt Noire. Il ne fait pas vraiment moins chaud à cette altitude.
Un car de la Navette doit repartir à onze heures dix, dont la conductrice fait dégager les motos. Elle va s’acheter un café. « Vous avez un ticket ? » me demande-t-elle quand elle revient. « J’ai un billet de train. » « Okay. » Je peux monter m’asseoir avant l’heure du départ. Je suis le seul voyageur quand elle démarre et je fais tout le voyage en solo avec elle jusqu’au Col de la Schlucht où je descends. Je bois un allongé verre d’eau servi à table à la terrasse du Tétras face à l’église, en regardant passer les courageux randonneurs. Ici aussi trop de motos, des cyclistes et un bon lot de familles vulgaires.
A douze heures quarante-deux, je prends le car Fluo pour Munster. Là encore, je suis seul avec le chauffeur qui ne fait aucune difficulté pour mon billet de train. La descente est impressionnante jusqu’à la vallée (l’autre jour, c’était dans la brume). J’arrive à Côté Gare à treize heures trente. Un peu sonné, comme si j’avais conduit toute la matinée.
Je commande une pizza Montagnarde (au munster) et un quart d’edelzwicker. Je suis mieux ici que là-haut, même si à la table voisine sont cinq motards allemands. La serveuse qui m’appelle « l’artiste » n’est pas là, mais celle qui s’occupe de moi, une étrangère à l’accent indéfinissable, peut-être Anglaise, peut-être Ukrainienne, est tout à fait sympathique. « Are you a writer ? Vous êtes écrivain ? », me demande-t-elle au moment où je paie. « Un petit peu, lui dis-je, je raconte mon voyage, je dis du bien de votre restaurant. »
Direction la Gare, j’explore la cabane aux livres en vain et m’assois sur un banc pour attendre le petit train Fluo de quatorze heures trente pour Colmar. A côté de moi, trois jolies collégiennes parlent d’une autre dont le père accepte qu’elle boive un Picon. « Quand même, à quatorze ans, ça se fait pas. » Elles trouvent que vingt et une minutes à pied de la Gare pour aller au centre de Colmar, c’est beaucoup. Je leur apprends l’existence de la navette gratuite et leur dis où la trouver. « Ah cool, on va faire ça ! »
Je descends à Saint-Joseph, la boucle est bouclée.
*
Au Markstein, une Gendarmerie fermée avec près de sa porte une boîte à clés.
*
En juillet août, la Navette des Crêtes circule tous les jours. Avec un meilleur succès, je l’espère, pour la Région Grand Est.
21 juin 2025
L’écran bleu de la halte ferroviaire Saint-Joseph affiche désormais le numéro vert de Canicule Info Service. Une dernière fois, j’attends le petit train Fluo de six heures vingt-neuf pour Colmar puis le car Fluo de six heures quarante-cinq terminus Saint-Hippolyte. « Où est-ce que je vous emmène aujourd’hui ? », me demande Michel, son habituel chauffeur. « Je retourne à Bergheim. »
A l’arrivée, je m’engage sur le Chemin des Remparts dans le sens contraire à hier et surtout en contrebas, au pied des murailles restantes et des différentes tours de défense. La boucle faite, j’entre dans la Grand’Rue par la Porte Haute, direction la boulangerie pour un pain au chocolat, puis le café restaurant dont le nom est La Mosaïque. Il est déjà ouvert à huit heures. Un habitué me déplie une table à l’extérieur.
Je poursuis dans la Grand’Rue découvrant au passage qu’il existait un cinéma à Bergheim, nommé Corso. Arrivé à l’église, je monte un escalier pour atteindre son Jardin de l’Esprit où fleurissent les hortensias et d’où on a belle vue sur le Haut-Koenigsbourg et les châteaux de Ribeauvillé. A côté est la Bibliothèque jouxtée par le petit Jardin des Sorcières. Une bibliothécaire y lit une histoire aux enfants de la Crèche voisine.
Encore plus petit est le jardin sur le rempart où je vais à nouveau lire sur l’unique banc. Il a pour nom Jardin d’Aneth. Balzac a toujours le même problème, il manque d’argent : J’ai un tas de petites dépenses au sujet de notre ménage qui grugent la bourse, c’est effrayant. Au loin chante un coq. Un pigeon fait des allers et venues emportant des brindilles pour faire son nid (c’est tard, il me semble).
Vers dix heures trente, je remonte vers la Porte Haute et vois la dame aux cerises qui replie sa table et son parasol. Elle a tout vendu, me dit-elle. Dommage, n’ayant pas envie de faire des courses à Colmar sous la chaleur, je voulais en prendre un sac. De retour au Café Restaurant La Mosaïque, je reprends la lecture avec un expresso puis fais une série de photos des façades des maisons de la place de l’Hôtel-de-Ville.
Midi sonne au cristallin carillon de cette Mairie. Il est surmonté d’une statue de la Justice avec son glaive et sa balance. Hier, j’ai réservé la même table pour déjeuner ce vendredi midi. Le plat du jour est colin pané riz légumes. Je commande aussi un quart d’edelzwicker. « Service !», me dit l’aimable serveuse quand je la remercie de m’avoir versé un peu de vin dans mon verre. Plutôt que « Merci ! », comme je l’écrivais l’autre jour, ce « Service ! » remplace « Avec plaisir ! » ou « Je vous en prie ! » ou encore le lamentable « Y a pas de souci ! » que l’on vous dit au Socrate à Rouen. Je prends le même dessert que la veille. A la table voisine, un homme et une femme n’ayant pas réservé, admis par gentillesse, commandent une bière, se photographient la buvant et demandent une salade pour deux. La serveuse leur dit que ça ne se passe pas comme ça, chacun doit commander un plat, d’autant qu’elle leur a donné une table de quatre. Ils refusent et sont invités à quitter les lieux où il est affiché que le midi, pendant la brasserie, pas de service de bar. Ils ont beau être Allemands, ils le savent bien. Pour moi, cela fait toujours vingt-trois euros quatre-vingt-dix. La maison ferme quinze jours à partir de ce soir. Il y a des fois où je suis là au bon moment.
A mon retour à Colmar, je prends un bus C jusqu’à l’arrêt Manufacture pour acheter des bananes chez Intermarché. Elles sont à quatre-vingt-dix-huit centimes le kilo. Puis j’attends le F qui met comme toujours un certain temps à venir. Mon appartement provisoire est de plus en plus chaud. Bien que la nuit je réussisse encore à le rafraîchir en ouvrant toutes les fenêtres.
*
Les verres à vin alsaciens, élégants et surtout petits. Ce qui fait qu’un quart vous fait plus de deux verres. L’impression d’en avoir davantage.
A l’arrivée, je m’engage sur le Chemin des Remparts dans le sens contraire à hier et surtout en contrebas, au pied des murailles restantes et des différentes tours de défense. La boucle faite, j’entre dans la Grand’Rue par la Porte Haute, direction la boulangerie pour un pain au chocolat, puis le café restaurant dont le nom est La Mosaïque. Il est déjà ouvert à huit heures. Un habitué me déplie une table à l’extérieur.
Je poursuis dans la Grand’Rue découvrant au passage qu’il existait un cinéma à Bergheim, nommé Corso. Arrivé à l’église, je monte un escalier pour atteindre son Jardin de l’Esprit où fleurissent les hortensias et d’où on a belle vue sur le Haut-Koenigsbourg et les châteaux de Ribeauvillé. A côté est la Bibliothèque jouxtée par le petit Jardin des Sorcières. Une bibliothécaire y lit une histoire aux enfants de la Crèche voisine.
Encore plus petit est le jardin sur le rempart où je vais à nouveau lire sur l’unique banc. Il a pour nom Jardin d’Aneth. Balzac a toujours le même problème, il manque d’argent : J’ai un tas de petites dépenses au sujet de notre ménage qui grugent la bourse, c’est effrayant. Au loin chante un coq. Un pigeon fait des allers et venues emportant des brindilles pour faire son nid (c’est tard, il me semble).
Vers dix heures trente, je remonte vers la Porte Haute et vois la dame aux cerises qui replie sa table et son parasol. Elle a tout vendu, me dit-elle. Dommage, n’ayant pas envie de faire des courses à Colmar sous la chaleur, je voulais en prendre un sac. De retour au Café Restaurant La Mosaïque, je reprends la lecture avec un expresso puis fais une série de photos des façades des maisons de la place de l’Hôtel-de-Ville.
Midi sonne au cristallin carillon de cette Mairie. Il est surmonté d’une statue de la Justice avec son glaive et sa balance. Hier, j’ai réservé la même table pour déjeuner ce vendredi midi. Le plat du jour est colin pané riz légumes. Je commande aussi un quart d’edelzwicker. « Service !», me dit l’aimable serveuse quand je la remercie de m’avoir versé un peu de vin dans mon verre. Plutôt que « Merci ! », comme je l’écrivais l’autre jour, ce « Service ! » remplace « Avec plaisir ! » ou « Je vous en prie ! » ou encore le lamentable « Y a pas de souci ! » que l’on vous dit au Socrate à Rouen. Je prends le même dessert que la veille. A la table voisine, un homme et une femme n’ayant pas réservé, admis par gentillesse, commandent une bière, se photographient la buvant et demandent une salade pour deux. La serveuse leur dit que ça ne se passe pas comme ça, chacun doit commander un plat, d’autant qu’elle leur a donné une table de quatre. Ils refusent et sont invités à quitter les lieux où il est affiché que le midi, pendant la brasserie, pas de service de bar. Ils ont beau être Allemands, ils le savent bien. Pour moi, cela fait toujours vingt-trois euros quatre-vingt-dix. La maison ferme quinze jours à partir de ce soir. Il y a des fois où je suis là au bon moment.
A mon retour à Colmar, je prends un bus C jusqu’à l’arrêt Manufacture pour acheter des bananes chez Intermarché. Elles sont à quatre-vingt-dix-huit centimes le kilo. Puis j’attends le F qui met comme toujours un certain temps à venir. Mon appartement provisoire est de plus en plus chaud. Bien que la nuit je réussisse encore à le rafraîchir en ouvrant toutes les fenêtres.
*
Les verres à vin alsaciens, élégants et surtout petits. Ce qui fait qu’un quart vous fait plus de deux verres. L’impression d’en avoir davantage.
20 juin 2025
« Ce train ne circulera pas à partir du 30 juin en raison de l’allègement de l’offre pendant la période estivale », affiche l’écran bleu de la halte ferroviaire de Saint-Joseph. Je suis content que tu sois encore là petit train Fluo de six heures vingt-neuf pour me permettre de prendre une deuxième fois le car Fluo de six heures quarante-cinq terminus Saint-Hipp, dont je veux descendre ce jeudi à Bergheim, élu Village Préféré des Français en deux mille vingt-deux.
Ce car est conduit par le même sympathique chauffeur qu’hier matin, donc pas de problème avec mon billet de train. Je descends au seul arrêt, Porte Haute, sous un ciel bleu. Il fait déjà trop chaud à mon goût.
Je (re)découvre cette Porte devant derrière puis m’engage sur le Chemin des Remparts qui fait le tour du bourg, un rectangle aux angles arrondis de trois cents mètres sur cinq cents. On y trouve des vestiges de rempart, notamment la Tour des Sorcières, et de belles demeures dotées d’un jardin. Alors que je m’apprête à en photographier une, un homme sort la tête d’entre les framboisiers. « Oui, vous pouvez », me dit-il en réponse à ma question. De cet ancien rempart, je revois les châteaux de Ribeauvillé et celui du Haut-Koenigsbourg.
Mon circuit achevé, pendant lequel je n’ai rencontré que deux pénibles femmes à chien, je remonte la Grand’Rue bordée des maisons colorées qu’on était sûr d’y voir, dont une d’un superbe rose. Ayant atteint l’église, je redescends par une parallèle puis reviens vers l’Hôtel de Ville au délicat campanile.
A côté sont une boulangerie où j’achète un pain au chocolat (un euro cinquante) et un café restaurant qui n’a déplié qu’une table en terrasse, la mienne pour un allongé verre d’eau à deux euros cinquante. Il y a malheureusement trop de voitures dans la Grand’Rue de Bergheim. Une s’arrête devant ma table pour me demander la rue des Artisans tellement j’ai l’air d’un gars du pays. Sous l’encorbellement de la maison voisine qui date de mil sept cent quarante-sept, je remarque un alignement de quinze nids d’hirondelles. Un chat roux passant par là les affole. Ça change des cigognes. Ce café cache son nom. Il fait aussi restaurant et affiche en plat du jour à treize euros. Je réserve une table puis vais voir la superbe place de l’Hôtel-de-Ville, sa fontaine, ses maisons toutes remarquables.
Je marche encore une fois vers l’église par une autre rue et rejoins sur le rempart un délicieux jardinet doté d’un seul banc. Idéal pour lire Balzac Nous sommes à la veille de catastrophes politiques, crois-le bien. Ce jardin est si tranquille que je peux y faire pipi avant de rejoindre la place de l’Hôtel-de-Ville et le restaurant où j’ai une table avec vue sur la fontaine et le reste, dont une cigogne sur un toit.
Objectif : déjeuner en moins d’une heure pour prendre le treize heures zéro trois, terminus Gare de Colmar. La serveuse, prévenue, arrive vite avec mon escalope de poulet tomate mozza basilic coquillettes (lesquelles me rappellent mon enfance). J’ai le temps de prendre un dessert, une verrine tiramisu framboise spéculoos à six euros cinquante. Avec le quart d’edelzwicker, j’en ai pour un peu plus de vingt-trois euros.
Au volant du car de retour est le chauffeur qui m’a ramené hier de Saint-Hippolyte. Cette fois, il demande à voir mon billet de train pour en vérifier la date et me le redonne sans un mot.
Le pénible, c’est qu’il faut attendre le bus F en plein soleil devant la Gare. Que celui-ci ne passe que toutes les demi-heures. Qu’en plus, il est souvent en retard. Ce n’est pas pour rien que sur ses flancs il fait de la publicité pour Godot et fils.
*
Dans la Grand’Rue, un avis de recherche vise une fouine, une vraie, qui a saccagé les jardinières municipales.
Devant une maison bleue de cette même rue, une table avec des sacs de cerises d’un kilo à six euros et une caisse pour mettre l’argent. « Les voleurs seront filmés ».
Quand je repasse plus tard, les six sacs sont toujours sur la table, des sacs en plastique, ce qui n’est pas bon pour les cerises.
*
La phrase du jour, entendue au café : « C’est pas de leur faute aux jeunes s’ils sont comme ça. »
*
Malgré son titre honorifique, Bergheim reste à l’abri du tourisme de masse. C’est difficile de faire un choix mais je l’élirais bien Village Alsacien Préféré de Moi-Même.
Ce car est conduit par le même sympathique chauffeur qu’hier matin, donc pas de problème avec mon billet de train. Je descends au seul arrêt, Porte Haute, sous un ciel bleu. Il fait déjà trop chaud à mon goût.
Je (re)découvre cette Porte devant derrière puis m’engage sur le Chemin des Remparts qui fait le tour du bourg, un rectangle aux angles arrondis de trois cents mètres sur cinq cents. On y trouve des vestiges de rempart, notamment la Tour des Sorcières, et de belles demeures dotées d’un jardin. Alors que je m’apprête à en photographier une, un homme sort la tête d’entre les framboisiers. « Oui, vous pouvez », me dit-il en réponse à ma question. De cet ancien rempart, je revois les châteaux de Ribeauvillé et celui du Haut-Koenigsbourg.
Mon circuit achevé, pendant lequel je n’ai rencontré que deux pénibles femmes à chien, je remonte la Grand’Rue bordée des maisons colorées qu’on était sûr d’y voir, dont une d’un superbe rose. Ayant atteint l’église, je redescends par une parallèle puis reviens vers l’Hôtel de Ville au délicat campanile.
A côté sont une boulangerie où j’achète un pain au chocolat (un euro cinquante) et un café restaurant qui n’a déplié qu’une table en terrasse, la mienne pour un allongé verre d’eau à deux euros cinquante. Il y a malheureusement trop de voitures dans la Grand’Rue de Bergheim. Une s’arrête devant ma table pour me demander la rue des Artisans tellement j’ai l’air d’un gars du pays. Sous l’encorbellement de la maison voisine qui date de mil sept cent quarante-sept, je remarque un alignement de quinze nids d’hirondelles. Un chat roux passant par là les affole. Ça change des cigognes. Ce café cache son nom. Il fait aussi restaurant et affiche en plat du jour à treize euros. Je réserve une table puis vais voir la superbe place de l’Hôtel-de-Ville, sa fontaine, ses maisons toutes remarquables.
Je marche encore une fois vers l’église par une autre rue et rejoins sur le rempart un délicieux jardinet doté d’un seul banc. Idéal pour lire Balzac Nous sommes à la veille de catastrophes politiques, crois-le bien. Ce jardin est si tranquille que je peux y faire pipi avant de rejoindre la place de l’Hôtel-de-Ville et le restaurant où j’ai une table avec vue sur la fontaine et le reste, dont une cigogne sur un toit.
Objectif : déjeuner en moins d’une heure pour prendre le treize heures zéro trois, terminus Gare de Colmar. La serveuse, prévenue, arrive vite avec mon escalope de poulet tomate mozza basilic coquillettes (lesquelles me rappellent mon enfance). J’ai le temps de prendre un dessert, une verrine tiramisu framboise spéculoos à six euros cinquante. Avec le quart d’edelzwicker, j’en ai pour un peu plus de vingt-trois euros.
Au volant du car de retour est le chauffeur qui m’a ramené hier de Saint-Hippolyte. Cette fois, il demande à voir mon billet de train pour en vérifier la date et me le redonne sans un mot.
Le pénible, c’est qu’il faut attendre le bus F en plein soleil devant la Gare. Que celui-ci ne passe que toutes les demi-heures. Qu’en plus, il est souvent en retard. Ce n’est pas pour rien que sur ses flancs il fait de la publicité pour Godot et fils.
*
Dans la Grand’Rue, un avis de recherche vise une fouine, une vraie, qui a saccagé les jardinières municipales.
Devant une maison bleue de cette même rue, une table avec des sacs de cerises d’un kilo à six euros et une caisse pour mettre l’argent. « Les voleurs seront filmés ».
Quand je repasse plus tard, les six sacs sont toujours sur la table, des sacs en plastique, ce qui n’est pas bon pour les cerises.
*
La phrase du jour, entendue au café : « C’est pas de leur faute aux jeunes s’ils sont comme ça. »
*
Malgré son titre honorifique, Bergheim reste à l’abri du tourisme de masse. C’est difficile de faire un choix mais je l’élirais bien Village Alsacien Préféré de Moi-Même.
19 juin 2025
Ils sont une bonne dizaine dans le panier de la montgolfière qui passe au-dessus de mon logis Air Bibi puis au-dessus de la halte ferroviaire Saint-Joseph où j’attends ce mercredi le petit train Fluo de six heures vingt-neuf pour Colmar. Il faut se lever tôt pour voler en montgolfière, comme pour aller à Saint-Hippolyte, le car Fluo numéro Dix-Sept part à six heures quarante-cinq.
« Ça me va », me dit le chauffeur quand je lui montre mon billet de train. « Je vous arrêterai au premier arrêt, vous serez tout de suite dans le centre de Saint-Hipp. » Nous passons par Ostheim et son nid de cigognes, Guemar et sa jolie porte d’entrée de ville, Ribeauvillé, Bergheim, un détour par Rodern que je découvre et qui est fort beau, et c’est enfin Saint-Hippolyte.
Je descends donc à l’arrêt Parc Walter devant une chapelle. Je vais au hasard des rues dans ce village qui n’est pas le plus beau de la Route des Vins mais ne manque pas de charme. Je trouve sa maison bleue accrochée à la colline, passe près de l’église, cherche d’où photographier le Château du Haut-Koenigsbourg.
Ma solution est de traverser le parquigne privé de l’Hôtel Val-Vignes (quatre étoiles). J’arrive dans les vignes d’où l’on voit bien le haut château, lequel est partiellement en travaux. Je redescends par le même parquigne. Une pancarte flèche à gauche « Réception » et à droite « Communauté Marianiste ». Plus bas, un écriteau indique « Bolloré Salle Meyer 1er étage ». J’ai l’impression d’être en terrain ennemi. Deux cerisiers offrent leurs fruits dans ce parquigne mais je ne m’y risque pas.
Redescendu dans la rue principale, j’y trouve dans un virage à angle droit la boulangerie Au Virage des Pains. J’y achète un pain au chocolat (un euro quarante). Au bout de cette rue se trouve un panneau « Tour du Village ». Le chemin est prometteur, un étroit sentier à l’ombre près des vignes. Il passe au pied de la Tour des Cigognes (où aucune cigogne n’a fait son nid) et longe des vestiges du rempart. Assez vite il faudrait grimper dans les vignes au chaud soleil de neuf heures du matin. Je rebrousse. L’autre partie de ce Tour du Village commence bien elle aussi, le long d’un bassin où nagent deux cygnes qui viennent me voir (je les soupçonne d’être intéressés) mais ensuite c’est de la route au soleil et qui mène à l’Hôtel Val-Vignes où je n’ai pas envie de retourner.
Je retrouve mes amis les cygnes et sur un banc à l’ombre écris ce début de journée sur mon nouveau carnet aux couleurs pastel et à la tranche rose que j’ai acheté chez Normal à Colmar un matin où la porte automatique ne voulait pas s’ouvrir.
Comme je suis vite fatigué, me dis-je tandis que je peine à retourner au Parc Walter. J’y trouve un frais refuge sous les platanes. A cette hauteur souffle un petit vent frais. De là, je vois toute la plaine d’Alsace et au loin, dans la brume, les montagnes allemandes. J’ai l’occasion d’une longue lecture de Lettres à Madame Hanska dont je suis loin d’être à la fin bien que j’en saute à chaque page, trop de dettes, trop de plans sur la comète.
Peu de cars Fluo atteignent Saint-Hippolyte. Pour en revenir, le seul en première moitié d’après-midi démarre d’ici à douze heures cinquante. Cela aurait pu me permettre de déjeuner vite fait à la winstub qui est près de l’arrêt Parc Walter ou à défaut d’acheter de quoi manger à la supérette à côté. Oui mais les deux, qui doivent appartenir à la même personne, sont fermées le mercredi (je devine des enfants). Je dois retourner chez Au Virage des Pains où on ne fait guère de nourriture à emporter pour le déjeuner. J’achète le dernier pâté lorrain (on peut le manger froid, me dit la boulangère) et une mignonnette tarte aux framboises, le tout pour dix euros quarante.
Vers onze heures trente, je pique-nique sur le banc du Parc. Mon pâté lorrain est fort nourrissant et la petite tarte ronde délicieuse. Derrière la Salle des Fêtes est le très chic Hôtel Restaurant Winstub Le Parc et son bar Le Chambellan. J’y bois un café à trois euros en terrasse ombragée et aérée.
Je n’ai ensuite qu’à attendre le car de retour. Le chauffeur n’est pas le même qu’à l’aller. Il tique à la vue de mon billet de train. Il prétend que la gratuité n’est valable que pour les cars de la Senecefe mais je lui dis que j’ai lu que c’est pour tous les cars Fluo et il me laisse passer en marmonnant.
*
Je ne retournerai pas au Château du Haut-Koenigsbourg. C’est possible avec un car Fluo depuis Sélestat mais je veux rester sur les visites faîtes avec celles qui m’ont tenu la main.
« Ça me va », me dit le chauffeur quand je lui montre mon billet de train. « Je vous arrêterai au premier arrêt, vous serez tout de suite dans le centre de Saint-Hipp. » Nous passons par Ostheim et son nid de cigognes, Guemar et sa jolie porte d’entrée de ville, Ribeauvillé, Bergheim, un détour par Rodern que je découvre et qui est fort beau, et c’est enfin Saint-Hippolyte.
Je descends donc à l’arrêt Parc Walter devant une chapelle. Je vais au hasard des rues dans ce village qui n’est pas le plus beau de la Route des Vins mais ne manque pas de charme. Je trouve sa maison bleue accrochée à la colline, passe près de l’église, cherche d’où photographier le Château du Haut-Koenigsbourg.
Ma solution est de traverser le parquigne privé de l’Hôtel Val-Vignes (quatre étoiles). J’arrive dans les vignes d’où l’on voit bien le haut château, lequel est partiellement en travaux. Je redescends par le même parquigne. Une pancarte flèche à gauche « Réception » et à droite « Communauté Marianiste ». Plus bas, un écriteau indique « Bolloré Salle Meyer 1er étage ». J’ai l’impression d’être en terrain ennemi. Deux cerisiers offrent leurs fruits dans ce parquigne mais je ne m’y risque pas.
Redescendu dans la rue principale, j’y trouve dans un virage à angle droit la boulangerie Au Virage des Pains. J’y achète un pain au chocolat (un euro quarante). Au bout de cette rue se trouve un panneau « Tour du Village ». Le chemin est prometteur, un étroit sentier à l’ombre près des vignes. Il passe au pied de la Tour des Cigognes (où aucune cigogne n’a fait son nid) et longe des vestiges du rempart. Assez vite il faudrait grimper dans les vignes au chaud soleil de neuf heures du matin. Je rebrousse. L’autre partie de ce Tour du Village commence bien elle aussi, le long d’un bassin où nagent deux cygnes qui viennent me voir (je les soupçonne d’être intéressés) mais ensuite c’est de la route au soleil et qui mène à l’Hôtel Val-Vignes où je n’ai pas envie de retourner.
Je retrouve mes amis les cygnes et sur un banc à l’ombre écris ce début de journée sur mon nouveau carnet aux couleurs pastel et à la tranche rose que j’ai acheté chez Normal à Colmar un matin où la porte automatique ne voulait pas s’ouvrir.
Comme je suis vite fatigué, me dis-je tandis que je peine à retourner au Parc Walter. J’y trouve un frais refuge sous les platanes. A cette hauteur souffle un petit vent frais. De là, je vois toute la plaine d’Alsace et au loin, dans la brume, les montagnes allemandes. J’ai l’occasion d’une longue lecture de Lettres à Madame Hanska dont je suis loin d’être à la fin bien que j’en saute à chaque page, trop de dettes, trop de plans sur la comète.
Peu de cars Fluo atteignent Saint-Hippolyte. Pour en revenir, le seul en première moitié d’après-midi démarre d’ici à douze heures cinquante. Cela aurait pu me permettre de déjeuner vite fait à la winstub qui est près de l’arrêt Parc Walter ou à défaut d’acheter de quoi manger à la supérette à côté. Oui mais les deux, qui doivent appartenir à la même personne, sont fermées le mercredi (je devine des enfants). Je dois retourner chez Au Virage des Pains où on ne fait guère de nourriture à emporter pour le déjeuner. J’achète le dernier pâté lorrain (on peut le manger froid, me dit la boulangère) et une mignonnette tarte aux framboises, le tout pour dix euros quarante.
Vers onze heures trente, je pique-nique sur le banc du Parc. Mon pâté lorrain est fort nourrissant et la petite tarte ronde délicieuse. Derrière la Salle des Fêtes est le très chic Hôtel Restaurant Winstub Le Parc et son bar Le Chambellan. J’y bois un café à trois euros en terrasse ombragée et aérée.
Je n’ai ensuite qu’à attendre le car de retour. Le chauffeur n’est pas le même qu’à l’aller. Il tique à la vue de mon billet de train. Il prétend que la gratuité n’est valable que pour les cars de la Senecefe mais je lui dis que j’ai lu que c’est pour tous les cars Fluo et il me laisse passer en marmonnant.
*
Je ne retournerai pas au Château du Haut-Koenigsbourg. C’est possible avec un car Fluo depuis Sélestat mais je veux rester sur les visites faîtes avec celles qui m’ont tenu la main.
18 juin 2025
Comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ? Ce n’est que ce matin qu’une petite lumière s’est allumée dans mon cerveau. Ne pouvant pas arriver à la Gare avec le premier bus F à temps pour prendre le car Fluo numéro Trente de sept heures trente terminus Rouffach, j’achète un billet de train à la halte ferroviaire Saint-Joseph, un euro soixante et tilt ! je me souviens avoir lu que les cars Fluo sont gratuits pour les possesseurs d’un billet de train régional du jour. Quelle économie j’aurais pu faire depuis le début de mon usage quotidien des cars Fluo !
La conductrice du sept heures trente pour Rouffach n’est pas emballée. Elle cherche comment refuser ma montée gratuite. « C’est un billet de Téheuherre », lui dis-je. « Il n’y a pas de retour avant l’après-midi », me dit-elle comme si elle espérait me voir renoncer à mon escapade à Eguisheim qui fut élu autrefois « Village Préféré des Français ».
Eguisheim est à flanc de coteau non loin de Colmar. Je descends à l’arrêt De Gaulle. Une autre touriste fait de même. Je vais l’avoir dans les pattes pendant ma visite, me dis-je la maudissant déjà.
Je commence par faire le Tour du Rempart, lequel n’est pas planté de cerisiers mais de magnifiques bâtisses typiques (« directement sorties d’une aquarelle d’Hansi », dit mon vieux Routard). Je ne sais où arrêter mon regard ni quoi photographier et j’ai le privilège d’être seul. Jusqu’à ce que je croise celle que je ne voulais plus voir.
Ma ronde accomplie, je descends la Grand’Rue dotée de maisons à colombages, de façades Renaissance, de cours dîmières, de maisons de vignerons et de tonneliers. Elle me conduit au Château des Comtes d’Eguisheim et, attenante à celui-ci, à la Chapelle de Saint Léon, car le pape Léon le Neuvième est né à Eguisheim (le « pape voyageur », celui qui convoqua le Concile de Latran). Sa Chapelle aux allures d’église arménienne, ouverte officiellement à neuf heures, l’est déjà à huit heures vingt où un homme secoue la carpette de l’entrée. Je ne reste que deux minutes dans ce lieu de recueillement.
Derrière ce massif Château et cette élégante Chapelle, je découvre la Boulangerie Salon de Thé Marx qui dispose d’une paisible terrasse près du Monument aux Morts. Le pain au chocolat n’est qu’à un euro vingt. Je l’accompagne d’un grand café à trois euros quarante. C’est vers neuf heures qu’arrive du monde et à dix heures, la première visite guidée.
Un chemin de deux heures dans le vignoble est indiqué, le « sentier viticole des grands crus d’Eguisheim », mais la chaleur de nouveau présente m’en dissuade. Je préfère m’asseoir sur un banc à l’ombre, sur la place où se trouve la superbe fontaine papale. J’y suis surplombé par des cigognes et entouré d’hôtels et de restaurants en pain d’épice décorés de géraniums.
L’Office du Tourisme n’ouvre qu’à dix heures. On peut s’y procurer un plan succinct, mais moyennant vingt centimes. « C’est gratuit si vous le téléchargez sur un téléphone », me dit celle qui m’accueille. « Et vous fournissez le téléphone ? » A défaut, j’obtiens une fiche de réclamation que je complète et lui remets. « Une réponse vous sera donnée. »
Je retourne sur mon banc à l’ombre, face à la Chapelle du Pape Léon, et y lis Balzac Hier, il m’a été impossible d’écrire une ligne et j’en suis venu à la triste extrémité, bourré de café, de lire des romans. Je revois passer celle du car, avec son ridicule chapeau cloche à papillons. Certains font des photos de géraniums. Par la fenêtre ouverte de l’une des chambres sous les toits de l’Hostellerie du Château sort la trompe obscène d’un climatiseur.
Je déjeune à l’Auberge des Remparts, loin des remparts, d’une tourte vigneronne à dix-neuf euros, une terrasse bien à l’ombre près d’une vaste fontaine sans géraniums, un bel endroit et un prix exagéré.
Je me pose ensuite sur un banc place Saint-Pierre près des remparts pour attendre le car Fluo du retour de treize heures treize, avec vue sur les cigognes qui ne fichent pas grand-chose dans leur nid. Revoici l’autre avec son chapeau cloche qui évidemment rentre aussi à Colmar. Mon billet de train va-t-il être accepté par le chauffeur ? Il ne me fait aucune difficulté.
*
Que faire de toutes les pièces de vingt centimes accumulées par l’Office du Tourisme d’Eguisheim ? Je suggère de les mettre dans une cagnotte qui pourra aider à la rénovation des toilettes publiques cachées derrière, les plus minables que j’ai utilisées depuis mon arrivée en Alsace.
La conductrice du sept heures trente pour Rouffach n’est pas emballée. Elle cherche comment refuser ma montée gratuite. « C’est un billet de Téheuherre », lui dis-je. « Il n’y a pas de retour avant l’après-midi », me dit-elle comme si elle espérait me voir renoncer à mon escapade à Eguisheim qui fut élu autrefois « Village Préféré des Français ».
Eguisheim est à flanc de coteau non loin de Colmar. Je descends à l’arrêt De Gaulle. Une autre touriste fait de même. Je vais l’avoir dans les pattes pendant ma visite, me dis-je la maudissant déjà.
Je commence par faire le Tour du Rempart, lequel n’est pas planté de cerisiers mais de magnifiques bâtisses typiques (« directement sorties d’une aquarelle d’Hansi », dit mon vieux Routard). Je ne sais où arrêter mon regard ni quoi photographier et j’ai le privilège d’être seul. Jusqu’à ce que je croise celle que je ne voulais plus voir.
Ma ronde accomplie, je descends la Grand’Rue dotée de maisons à colombages, de façades Renaissance, de cours dîmières, de maisons de vignerons et de tonneliers. Elle me conduit au Château des Comtes d’Eguisheim et, attenante à celui-ci, à la Chapelle de Saint Léon, car le pape Léon le Neuvième est né à Eguisheim (le « pape voyageur », celui qui convoqua le Concile de Latran). Sa Chapelle aux allures d’église arménienne, ouverte officiellement à neuf heures, l’est déjà à huit heures vingt où un homme secoue la carpette de l’entrée. Je ne reste que deux minutes dans ce lieu de recueillement.
Derrière ce massif Château et cette élégante Chapelle, je découvre la Boulangerie Salon de Thé Marx qui dispose d’une paisible terrasse près du Monument aux Morts. Le pain au chocolat n’est qu’à un euro vingt. Je l’accompagne d’un grand café à trois euros quarante. C’est vers neuf heures qu’arrive du monde et à dix heures, la première visite guidée.
Un chemin de deux heures dans le vignoble est indiqué, le « sentier viticole des grands crus d’Eguisheim », mais la chaleur de nouveau présente m’en dissuade. Je préfère m’asseoir sur un banc à l’ombre, sur la place où se trouve la superbe fontaine papale. J’y suis surplombé par des cigognes et entouré d’hôtels et de restaurants en pain d’épice décorés de géraniums.
L’Office du Tourisme n’ouvre qu’à dix heures. On peut s’y procurer un plan succinct, mais moyennant vingt centimes. « C’est gratuit si vous le téléchargez sur un téléphone », me dit celle qui m’accueille. « Et vous fournissez le téléphone ? » A défaut, j’obtiens une fiche de réclamation que je complète et lui remets. « Une réponse vous sera donnée. »
Je retourne sur mon banc à l’ombre, face à la Chapelle du Pape Léon, et y lis Balzac Hier, il m’a été impossible d’écrire une ligne et j’en suis venu à la triste extrémité, bourré de café, de lire des romans. Je revois passer celle du car, avec son ridicule chapeau cloche à papillons. Certains font des photos de géraniums. Par la fenêtre ouverte de l’une des chambres sous les toits de l’Hostellerie du Château sort la trompe obscène d’un climatiseur.
Je déjeune à l’Auberge des Remparts, loin des remparts, d’une tourte vigneronne à dix-neuf euros, une terrasse bien à l’ombre près d’une vaste fontaine sans géraniums, un bel endroit et un prix exagéré.
Je me pose ensuite sur un banc place Saint-Pierre près des remparts pour attendre le car Fluo du retour de treize heures treize, avec vue sur les cigognes qui ne fichent pas grand-chose dans leur nid. Revoici l’autre avec son chapeau cloche qui évidemment rentre aussi à Colmar. Mon billet de train va-t-il être accepté par le chauffeur ? Il ne me fait aucune difficulté.
*
Que faire de toutes les pièces de vingt centimes accumulées par l’Office du Tourisme d’Eguisheim ? Je suggère de les mettre dans une cagnotte qui pourra aider à la rénovation des toilettes publiques cachées derrière, les plus minables que j’ai utilisées depuis mon arrivée en Alsace.
© 2014 Michel Perdrial - Design: Bureau l’Imprimante