Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
19 avril 2023
Un petit-déjeuner pris rapidement au Columbus Café après une nuit dans des draps changés hier par mon logeur et sa fille, il est huit heures cinq quand le car Boulogne Desvres où j’ai payé mon euro démarre. Le Guide du Routard Nord Pas de Calais m’a donné envie d’aller voir cette petite ville du Boulonnais de l’intérieur, connue, paraît-il, pour la faïence qu’on y fabrique. En chemin je remarque une belle église fortifiée à tour carrée, un haut viaduc de chemin de fer, des collines qui se succèdent dans la brume, une Maison du Cheval Boulonnais mais pas la queue d’un. La moitié de la dizaine de voyageurs s’arrête à Samer et enfin c’est Desvres où l’autre moitié descend à l’arrêt Eglise, sauf moi qui vais jusqu’à l’arrêt suivant, le terminus situé près d’un étang. Je marche le long de cette eau paisible pour revenir dans le centre. Encore une fois, le ciel est gris et il souffle un vent froid.
« Elle est en travaux l’église, on lui refait la pointe », me dit un promeneur de chien à qui je demande par où passer pour la retrouver. Même sans échafaudages, elle doit être laide, me dis-je en y arrivant. Une boutique sur deux est fermée. Celles qui sont ouvertes ont l’air d’être fermées. Sur une place se tient le marché vers lequel se dirigent quelques femmes et hommes. De la faïence je ne vois que des échantillons sur des façades, notamment sur celle de la Médiathèque.
Mon intention était de déjeuner ici puis de regagner Boulogne en début d’après-midi. Le peu d’intérêt que je trouve à cet endroit et le froid persistant me conduisent à rentrer par le neuf heures trente-cinq. Une femme revenant du marché m’explique où trouver l’arrêt. « De l’autre côté de l’église, près des impôts qu’ont fermé. »
A dix heures vingt, je suis à ma table habituelle de Chez Jules où je reprends ma lecture du Journal de Stendhal et retiens une table pour midi. Les vieux habitués sont là, dynamisés par la présence au milieu d’eux d’une trentenaire. L’un : « Qu’est-ce que t’as là, sur ton bras, tatoué, c’est une abeille ? » Elle : « Oui, c’est une abeille, tout le monde dit que c’est une bite. »
Comme toujours le téléphone ne cesse de sonner pour des réservations. Antonio est à la manœuvre. Un réserveur lui demande à être avec la p’tite serveuse. « La p’tite serveuse ? Angèle ? Okay je note ». Je le croyais patron de cet établissement renommé. Il n’en est rien, la patronne est Madame Leleu, souvent dans son bureau, près de la caisse à midi.
La formule à dix-huit euros de ce mardi comprend un faux-filet sauce au bleu frites fraîches salade, un cheesecake au caramel, un verre de vin rouge et un café. Ce n’est pas la p’tite serveuse qui s’occupe de moi mais un néo barbu qui joue les blasés devant ses deux aides qui débutent dans le métier.
A l’issue, bien que le soleil ne fasse que de courtes apparitions, je prends un café puis lis à la terrasse du Français. Jusqu’à ce que mes mains soient victimes de crampes dues au froid.
« Elle est en travaux l’église, on lui refait la pointe », me dit un promeneur de chien à qui je demande par où passer pour la retrouver. Même sans échafaudages, elle doit être laide, me dis-je en y arrivant. Une boutique sur deux est fermée. Celles qui sont ouvertes ont l’air d’être fermées. Sur une place se tient le marché vers lequel se dirigent quelques femmes et hommes. De la faïence je ne vois que des échantillons sur des façades, notamment sur celle de la Médiathèque.
Mon intention était de déjeuner ici puis de regagner Boulogne en début d’après-midi. Le peu d’intérêt que je trouve à cet endroit et le froid persistant me conduisent à rentrer par le neuf heures trente-cinq. Une femme revenant du marché m’explique où trouver l’arrêt. « De l’autre côté de l’église, près des impôts qu’ont fermé. »
A dix heures vingt, je suis à ma table habituelle de Chez Jules où je reprends ma lecture du Journal de Stendhal et retiens une table pour midi. Les vieux habitués sont là, dynamisés par la présence au milieu d’eux d’une trentenaire. L’un : « Qu’est-ce que t’as là, sur ton bras, tatoué, c’est une abeille ? » Elle : « Oui, c’est une abeille, tout le monde dit que c’est une bite. »
Comme toujours le téléphone ne cesse de sonner pour des réservations. Antonio est à la manœuvre. Un réserveur lui demande à être avec la p’tite serveuse. « La p’tite serveuse ? Angèle ? Okay je note ». Je le croyais patron de cet établissement renommé. Il n’en est rien, la patronne est Madame Leleu, souvent dans son bureau, près de la caisse à midi.
La formule à dix-huit euros de ce mardi comprend un faux-filet sauce au bleu frites fraîches salade, un cheesecake au caramel, un verre de vin rouge et un café. Ce n’est pas la p’tite serveuse qui s’occupe de moi mais un néo barbu qui joue les blasés devant ses deux aides qui débutent dans le métier.
A l’issue, bien que le soleil ne fasse que de courtes apparitions, je prends un café puis lis à la terrasse du Français. Jusqu’à ce que mes mains soient victimes de crampes dues au froid.
18 avril 2023
Ce lundi matin, je prends pour la première fois un car de la Région Hauts-de-France, le Boulogne Calais par la côte, un euro le voyage. Peu de monde dans celui-ci, qui me permet de revoir le Cap Gris Nez puis le Cap Blanc Nez. C’est ensuite le Tunnel sous la Manche et Sangatte où était la Jungle. Partis sous un ciel un peu bleu, nous arrivons sous un ciel très gris. Le soleil est pour l’Angleterre dont on aperçoit les falaises blanches. Le terminus est devant la Gare de Calais Ville. Le car pour Gravelines est à côté, prêt à partir. Il est pris d’assaut par des dizaines de migrants. Des Policiers font la police, pas très cordiaux, pas méchants non plus.
J’entre dans la Gare pour prendre un billet de train à l’automate car l’horaire du car de retour est trop tardif à mon goût. Je choisis celui au prix le moins cher mais une fois imprimé je découvre qu’il est pour un Tégévé partant de Calais Fréthun et ne s’arrêtant qu’à Boulogne Ville. Le chef de gare passe par là, il me dit qu’on va arranger ça au guichet. La guichetière n’est pas d’accord mais elle obéit à son supérieur. Elle corrige mon billet à la main et lui donne un coup de tampon.
Il est temps pour moi de visiter Calais, pas vue depuis longtemps. Je commence par le splendide Hôtel de Ville et la statue des Bourgeois puis vais voir l’église Notre-Dame, la Tour du Guet et le Phare. Il fait vraiment froid, ce qui gâche un peu le plaisir. Je trouve refuge dans un estaminet près du port, La Marinière, pour un café à un euro quarante. Des retraités y picolent gentiment.
Pour déjeuner il y a plusieurs restaurants autour de la place d’Armes, près de la Tour du Guet. Sur cette place est une statue de Charles et Yvonne de Gaulle marchant, sans piédestal. C’est Au Coq d’Or qui a ma préférence, on y propose un menu à treize euros quatre-vingt-dix comprenant une mise en bouche (petite rillette de saumon), un lapin en cocotte frites salade et un café gourmand peu fourni. La salle est essentiellement occupée par un groupe de vieilles et de vieux en voyage organisé « On a fait beaucoup de car » « On a même fait que ça ». Ils ont la bonne idée de ne pas être trop bruyants. Je suis content de mon lapin.
Comme il fait toujours aussi froid, je me rapproche de la Gare par un jardin public dans lequel je croise une nouvelle fois Charles de Gaulle, cette fois accompagné de Winston Churchill, tous deux marchant, sans piédestal, et j’entre à L’Authentique dont je deviens le seul client pour un café à un euro cinquante. On y diffuse une bonne musique américaine qui ne gêne pas ma lecture du Journal de Stendhal mais à quatorze heures le patron m’apprend qu’il ferme jusqu’à seize heures.
Plus qu’à zoner dans les rues comme un migrant. Vers quinze heures, je rejoins la Gare où de nombreux Policiers filtrent les arrivées de trains. Mon Téheuherre est sur le quai Deux. Sur le quai voisin est un train comme je n’en ai jamais vu. Une voyageuse demande à l’équipe de nettoyage ce qu’il en est. « C’est l’Orient Express, faut avoir des ronds, il va jusqu’à Venise. » Sûr que je ne pensais pas le voir ici. Il attend sans doute de riches Anglais, me dis-je. On y fait également le ménage.
Notre train de pauvres part à quinze heures dix-huit. Il arrive à Boulogne Tintelleries avant le passage du contrôleur. Je n’ai donc pas à expliquer mon cas.
*
C’est à Calais que les six et sept avril mil neuf cent vingt et un se sont mariés Charles de Gaulle et Yvonne Vendroux.
*
Trois mille euros pour un Londres Venise avec le Venice-Simplon-Orient-Express, aller simple (Londres Calais se faisant en car de luxe), apprends-je à mon retour.
J’entre dans la Gare pour prendre un billet de train à l’automate car l’horaire du car de retour est trop tardif à mon goût. Je choisis celui au prix le moins cher mais une fois imprimé je découvre qu’il est pour un Tégévé partant de Calais Fréthun et ne s’arrêtant qu’à Boulogne Ville. Le chef de gare passe par là, il me dit qu’on va arranger ça au guichet. La guichetière n’est pas d’accord mais elle obéit à son supérieur. Elle corrige mon billet à la main et lui donne un coup de tampon.
Il est temps pour moi de visiter Calais, pas vue depuis longtemps. Je commence par le splendide Hôtel de Ville et la statue des Bourgeois puis vais voir l’église Notre-Dame, la Tour du Guet et le Phare. Il fait vraiment froid, ce qui gâche un peu le plaisir. Je trouve refuge dans un estaminet près du port, La Marinière, pour un café à un euro quarante. Des retraités y picolent gentiment.
Pour déjeuner il y a plusieurs restaurants autour de la place d’Armes, près de la Tour du Guet. Sur cette place est une statue de Charles et Yvonne de Gaulle marchant, sans piédestal. C’est Au Coq d’Or qui a ma préférence, on y propose un menu à treize euros quatre-vingt-dix comprenant une mise en bouche (petite rillette de saumon), un lapin en cocotte frites salade et un café gourmand peu fourni. La salle est essentiellement occupée par un groupe de vieilles et de vieux en voyage organisé « On a fait beaucoup de car » « On a même fait que ça ». Ils ont la bonne idée de ne pas être trop bruyants. Je suis content de mon lapin.
Comme il fait toujours aussi froid, je me rapproche de la Gare par un jardin public dans lequel je croise une nouvelle fois Charles de Gaulle, cette fois accompagné de Winston Churchill, tous deux marchant, sans piédestal, et j’entre à L’Authentique dont je deviens le seul client pour un café à un euro cinquante. On y diffuse une bonne musique américaine qui ne gêne pas ma lecture du Journal de Stendhal mais à quatorze heures le patron m’apprend qu’il ferme jusqu’à seize heures.
Plus qu’à zoner dans les rues comme un migrant. Vers quinze heures, je rejoins la Gare où de nombreux Policiers filtrent les arrivées de trains. Mon Téheuherre est sur le quai Deux. Sur le quai voisin est un train comme je n’en ai jamais vu. Une voyageuse demande à l’équipe de nettoyage ce qu’il en est. « C’est l’Orient Express, faut avoir des ronds, il va jusqu’à Venise. » Sûr que je ne pensais pas le voir ici. Il attend sans doute de riches Anglais, me dis-je. On y fait également le ménage.
Notre train de pauvres part à quinze heures dix-huit. Il arrive à Boulogne Tintelleries avant le passage du contrôleur. Je n’ai donc pas à expliquer mon cas.
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C’est à Calais que les six et sept avril mil neuf cent vingt et un se sont mariés Charles de Gaulle et Yvonne Vendroux.
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Trois mille euros pour un Londres Venise avec le Venice-Simplon-Orient-Express, aller simple (Londres Calais se faisant en car de luxe), apprends-je à mon retour.
17 avril 2023
Sur mon chemin, chaque matin, je trouve les frères Coquelin, de la Comédie Française, nés à Boulogne-sur-Mer. Ils sont statufiés, vert-de-grisés, au centre d’une fontaine asséchée sur la place sinistrée que je traverse en diagonale quand je vais petit-déjeuner au Columbus Café. L’aîné fut un bon Cyrano. Le cadet écrivit sous le nom de Pirouette.
Ce dimanche, au lieu d’un pain au chocolat, je choisis une patte d’ours. C’est empli de chocolat tiède dégoulinant. Le ciel est vaguement bleu. Je décide de retourner à la Ville Haute.
Cette fois, je fais le tour des remparts dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, notant au passage le nom des portes et des tours : Porte des Dunes, Tour de la Cloquette, Tour Gaïette, Tour du Conseil, Tour des Degrés, Tour de Questinghen, Tour Françoise ou Tour du Coing, Tour Carrée, Porte Gayole, Tour Andrieu, Tour de Fresnes, Tour Gillet, Tour du Colombier, Château-Musée, Porte Flamengue ou Porte Neuve (proche de la Basilique), Grosse Tour Notre-Dame (pas grosse du tout), Tour Saint-Jean, Tour des Près, Tour Ancel, Tour Neuve, Tour Saint-Sauveur, Tour Brassart et à nouveau Porte des Dunes d’où je redescends dans la ville close, direction le Café de la Mairie.
A mon arrivée sortent de l’Hôtel de Ville des hommes en costume cravate et une Préfète ou Sous-Préfète en uniforme. Un soleil voilé donne sur les deux tables disponibles devant la porte de l’estaminet. J’en occupe une.
Bien qu’il fasse frais, après un café à un euro soixante-dix, je reprends ma lecture du Journal de Stendhal. Un couple à valises s’assoit à l’autre table et parle de rentrer. « Que ce soit en week-end ou en vacances, on aime pas trop rester une fois qu’on a quitté la location, c’est bizarre hein ? », constate-elle. La serveuse, qui vient d’arriver, installe le reste de la terrasse sur le côté. « Ça va ? », lui demande un habitué. « Y a des choses qui vont. Y a des choses qui vont pas. Comme chez tout le monde », lui répond-elle. Tout cela ne témoigne pas d’une folle joie de vivre.
Le soleil ne parvient pas à percer le voile nuageux, néanmoins je reste jusqu’à ce qu’il soit l’heure de songer à déjeuner. Dans ce but, je descends jusqu’à la place Dalton et entre au Bureau. Le personnel y est aimable et efficace. Mon Smoky Raclette Burger (seize euros cinquante) que j’accompagne d’un quart de pinot noir (cinq euros quatre-vingts) est fort correct.
*
On s’exagère les défauts de l’endroit où l’on est. (Stendhal, le trente mai mil huit cent six à dix heures du matin à l’auberge de Marchand à Gap)
On se console un peu des défauts de l’endroit où l’on est en pensant qu’on les exagère. (Moi-même, le seize avril deux mille vingt-trois à trois heures de l’après-midi en mon studio Air Bibi à Boulogne-sur-Mer)
Ce dimanche, au lieu d’un pain au chocolat, je choisis une patte d’ours. C’est empli de chocolat tiède dégoulinant. Le ciel est vaguement bleu. Je décide de retourner à la Ville Haute.
Cette fois, je fais le tour des remparts dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, notant au passage le nom des portes et des tours : Porte des Dunes, Tour de la Cloquette, Tour Gaïette, Tour du Conseil, Tour des Degrés, Tour de Questinghen, Tour Françoise ou Tour du Coing, Tour Carrée, Porte Gayole, Tour Andrieu, Tour de Fresnes, Tour Gillet, Tour du Colombier, Château-Musée, Porte Flamengue ou Porte Neuve (proche de la Basilique), Grosse Tour Notre-Dame (pas grosse du tout), Tour Saint-Jean, Tour des Près, Tour Ancel, Tour Neuve, Tour Saint-Sauveur, Tour Brassart et à nouveau Porte des Dunes d’où je redescends dans la ville close, direction le Café de la Mairie.
A mon arrivée sortent de l’Hôtel de Ville des hommes en costume cravate et une Préfète ou Sous-Préfète en uniforme. Un soleil voilé donne sur les deux tables disponibles devant la porte de l’estaminet. J’en occupe une.
Bien qu’il fasse frais, après un café à un euro soixante-dix, je reprends ma lecture du Journal de Stendhal. Un couple à valises s’assoit à l’autre table et parle de rentrer. « Que ce soit en week-end ou en vacances, on aime pas trop rester une fois qu’on a quitté la location, c’est bizarre hein ? », constate-elle. La serveuse, qui vient d’arriver, installe le reste de la terrasse sur le côté. « Ça va ? », lui demande un habitué. « Y a des choses qui vont. Y a des choses qui vont pas. Comme chez tout le monde », lui répond-elle. Tout cela ne témoigne pas d’une folle joie de vivre.
Le soleil ne parvient pas à percer le voile nuageux, néanmoins je reste jusqu’à ce qu’il soit l’heure de songer à déjeuner. Dans ce but, je descends jusqu’à la place Dalton et entre au Bureau. Le personnel y est aimable et efficace. Mon Smoky Raclette Burger (seize euros cinquante) que j’accompagne d’un quart de pinot noir (cinq euros quatre-vingts) est fort correct.
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On s’exagère les défauts de l’endroit où l’on est. (Stendhal, le trente mai mil huit cent six à dix heures du matin à l’auberge de Marchand à Gap)
On se console un peu des défauts de l’endroit où l’on est en pensant qu’on les exagère. (Moi-même, le seize avril deux mille vingt-trois à trois heures de l’après-midi en mon studio Air Bibi à Boulogne-sur-Mer)
16 avril 2023
« J’ai un p’tit coup dans le nez. J’ai plus rien à manger à la maison. Tu peux me livrer quelque chose », entends-je dire le voisin du dessus à son téléphone quand il passe devant ma porte vers une heure du matin. Un peu plus tard, il redescend prendre sa commande auprès d’un scouteuriste.
Il est rare que je sois réveillé par du bruit au cours de la nuit, bien que mon studio Air Bibi soit au rez-de-chaussée. Ce logement pour étudiant, où je paie le tiers de ce que me coûterait une chambre d’hôtel, est confortable, bien chauffé, doté d’une bonne ouifi, d’une télé comme jamais je n’en ai regardé de si grande, d’une vaste salle d’eau dans laquelle est installé un grand frigo (ce qui fait que je ne l’entends pas se mettre en marche). Bref, je dors aussi bien que le peut un vieux qui à chacun de ses réveils songe à son état physique, à son âge et à la mort qui peut venir bientôt. Encore une nuit dont je sors vivant, telle est ma pensée à l’orée de chaque jour.
Ce samedi matin, c’est encore la pluie. Après le petit-déjeuner au Columbus Café où officie un néo barbu, je pousse la porte de Chez Jules vers dix heures. C’est jour de marché place Dalton. Des autochtones ayant terminé leurs courses viennent ici se réchauffer. Nul n’évoque la promulgation de la loi Macron repoussant le départ à la retraite de deux ans. Mes plus proches voisines regrettent les ennuis de la maison Tupperware. « Y avait de bonnes recettes et puis du bon matériel, c’était du costaud ». L’une d’elles raconte qu’elle a eu une femme de ménage qui se mettait en soutien-gorge et en culotte pour travailler « Heureusement que mon mari n’était plus là ». Je lis tranquillement le Journal de Stendhal à une table située contre la vitre d’où je peux voir l’animation du marché. Je constate qu’ici aussi, celui qui vend le moins est le marchand de miel.
A midi, je me rends au Palais de Matsuyama pour un déjeuner japonais à volonté. Pas loin de ma table sont assis un homme et une femme venus d’Ambleteuse. Cette dernière rend hommage sans le savoir à Mary Quant, qui vient de mourir, en portant une jupe à ras le bonbon (comme chantait Léo).
Il ne pleut plus quand je mets le pied dehors, mais il fait trop froid pour que je puisse prendre un café en terrasse. Ce sera donc encore une fois à la maison. Un homme que je croise rue Faidherbe me prévient : « Jésus revient, c’est l’heure de la repentance ».
*
Parler local (on évoque Vanessa Paradis) :
Emploi de core au lieu d’encore : « Elle est core pas mal ».
Emploi de fort pour très : « Elle était fort jolie ».
Il est rare que je sois réveillé par du bruit au cours de la nuit, bien que mon studio Air Bibi soit au rez-de-chaussée. Ce logement pour étudiant, où je paie le tiers de ce que me coûterait une chambre d’hôtel, est confortable, bien chauffé, doté d’une bonne ouifi, d’une télé comme jamais je n’en ai regardé de si grande, d’une vaste salle d’eau dans laquelle est installé un grand frigo (ce qui fait que je ne l’entends pas se mettre en marche). Bref, je dors aussi bien que le peut un vieux qui à chacun de ses réveils songe à son état physique, à son âge et à la mort qui peut venir bientôt. Encore une nuit dont je sors vivant, telle est ma pensée à l’orée de chaque jour.
Ce samedi matin, c’est encore la pluie. Après le petit-déjeuner au Columbus Café où officie un néo barbu, je pousse la porte de Chez Jules vers dix heures. C’est jour de marché place Dalton. Des autochtones ayant terminé leurs courses viennent ici se réchauffer. Nul n’évoque la promulgation de la loi Macron repoussant le départ à la retraite de deux ans. Mes plus proches voisines regrettent les ennuis de la maison Tupperware. « Y avait de bonnes recettes et puis du bon matériel, c’était du costaud ». L’une d’elles raconte qu’elle a eu une femme de ménage qui se mettait en soutien-gorge et en culotte pour travailler « Heureusement que mon mari n’était plus là ». Je lis tranquillement le Journal de Stendhal à une table située contre la vitre d’où je peux voir l’animation du marché. Je constate qu’ici aussi, celui qui vend le moins est le marchand de miel.
A midi, je me rends au Palais de Matsuyama pour un déjeuner japonais à volonté. Pas loin de ma table sont assis un homme et une femme venus d’Ambleteuse. Cette dernière rend hommage sans le savoir à Mary Quant, qui vient de mourir, en portant une jupe à ras le bonbon (comme chantait Léo).
Il ne pleut plus quand je mets le pied dehors, mais il fait trop froid pour que je puisse prendre un café en terrasse. Ce sera donc encore une fois à la maison. Un homme que je croise rue Faidherbe me prévient : « Jésus revient, c’est l’heure de la repentance ».
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Parler local (on évoque Vanessa Paradis) :
Emploi de core au lieu d’encore : « Elle est core pas mal ».
Emploi de fort pour très : « Elle était fort jolie ».
15 avril 2023
Ce vendredi matin, après le petit-déjeuner, je rejoins la station Liane et grimpe dans un bus H prêt à partir. J’en descends à Eglise du Portel. Le temps est moyen mais il ne pleut pas, aussi, après être allé jusqu’à la plage, je la suis côté éoliennes pour atteindre le chemin côtier qui va vers Boulogne.
Ce chemin de Grande Randonnée est d’abord pentu puis plat au-dessus des quatre éoliennes avec quelques passages en creux. C’est un sentier aménagé qui traverse le Parc des Falaises. J’y trouve des chats de haie, des bêtes à cornes, des roseaux desséchés, des canards au bord d’un étang. Il prend fin au-dessus des usines à poissons de Boulogne alors qu’au loin j’aperçois sa plage.
Revenant sur mes pas je trouve un banc abrité du vent où m’asseoir un moment puis je reviens dans le bourg côté mer. La crêperie Le Chant de l’Heurt fait bar et à dix heures et demie il est ouvert. C’est là que, malgré une télé allumée, je bois un café (un euro cinquante) et lis Stendhal avec vue sur le Fort de l’Heurt et les côtes d’Angleterre.
Un peu avant midi, je retourne place de l’église où se termine le marché hebdomadaire et entre à la Brasserie Michel. Aujourd’hui c’est cassoulet à quatorze euros, ce qui me va bien. Je commande en sus un quart de vin rouge à trois euros cinquante qui est meilleur que je le pensais. Deux couples de sexagénaires, chacun ayant son chien, me tiennent compagnie. A ma droite, Jacky et sa femme se chamaillent sur ce qu’ils vont choisir. Devant moi, Ginette reproche à son mari d’avoir choisi leur emplacement au cimetière sans la consulter (elle veut aller voir si ça lui plait car c’est pour le repos éternel). Jacky et sa femme critiquent ce qu’ils ont choisi, un stèque frites pour lui, un tartare pour elle, mais quand la serveuse leur demande si ça a été, ils répondent : « Impeccable ». Mon cassoulet est satisfaisant.
Je ne m’attarde pas. Une fois encore, j’ai la chance de voir rapidement arriver un bus. C’est un C et ça sent la pluie quand j’en descends près du cinéma Les Stars. Pas de lecture en terrasse aujourd’hui, je rentre avant les premières gouttes.
*
Dans ce bus C monte une mère traînant son enfançon à la main parce que le landau est occupé par un gros chien. « C’est un staff, explique-t-elle, je l’ai mis là pour pas que le chauffeur le voie. » Tout le monde le voit. Quand ils descendent, un homme commente : « Bravo pour l’hygiène. »
Ce chemin de Grande Randonnée est d’abord pentu puis plat au-dessus des quatre éoliennes avec quelques passages en creux. C’est un sentier aménagé qui traverse le Parc des Falaises. J’y trouve des chats de haie, des bêtes à cornes, des roseaux desséchés, des canards au bord d’un étang. Il prend fin au-dessus des usines à poissons de Boulogne alors qu’au loin j’aperçois sa plage.
Revenant sur mes pas je trouve un banc abrité du vent où m’asseoir un moment puis je reviens dans le bourg côté mer. La crêperie Le Chant de l’Heurt fait bar et à dix heures et demie il est ouvert. C’est là que, malgré une télé allumée, je bois un café (un euro cinquante) et lis Stendhal avec vue sur le Fort de l’Heurt et les côtes d’Angleterre.
Un peu avant midi, je retourne place de l’église où se termine le marché hebdomadaire et entre à la Brasserie Michel. Aujourd’hui c’est cassoulet à quatorze euros, ce qui me va bien. Je commande en sus un quart de vin rouge à trois euros cinquante qui est meilleur que je le pensais. Deux couples de sexagénaires, chacun ayant son chien, me tiennent compagnie. A ma droite, Jacky et sa femme se chamaillent sur ce qu’ils vont choisir. Devant moi, Ginette reproche à son mari d’avoir choisi leur emplacement au cimetière sans la consulter (elle veut aller voir si ça lui plait car c’est pour le repos éternel). Jacky et sa femme critiquent ce qu’ils ont choisi, un stèque frites pour lui, un tartare pour elle, mais quand la serveuse leur demande si ça a été, ils répondent : « Impeccable ». Mon cassoulet est satisfaisant.
Je ne m’attarde pas. Une fois encore, j’ai la chance de voir rapidement arriver un bus. C’est un C et ça sent la pluie quand j’en descends près du cinéma Les Stars. Pas de lecture en terrasse aujourd’hui, je rentre avant les premières gouttes.
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Dans ce bus C monte une mère traînant son enfançon à la main parce que le landau est occupé par un gros chien. « C’est un staff, explique-t-elle, je l’ai mis là pour pas que le chauffeur le voie. » Tout le monde le voit. Quand ils descendent, un homme commente : « Bravo pour l’hygiène. »
14 avril 2023
Il me faut quasiment enjamber une élève du Collège Privé Saint-Joseph quand je sors de mon Air Bibi ce jeudi matin. Assise en tailleur sur le trottoir, elle fait ses devoirs. Il est temps. Demain commencent ici les vacances. Mon pain au chocolat acheté au coin de la rue, je rejoins le Columbus Café où je commande un allongé qui m’est apporté avec La Voix du Nord par ma préférée. J’y lis qu’hier soir Chez Jules a été évacué pendant le service en raison d’une suspicion de fuite de gaz. Tous les clients ont dû partir. Le personnel est resté sur la place Dalton, dans la tempête Noa, jusqu’à ce que les pompiers annoncent qu’il ne s’agissait pas d’une odeur de gaz mais d’une odeur d’égout due au temps perturbé. Le ciel est bien bleu quand je reviens au studio. Dans l’entrée, je croise le voisin du dessus qui me demande si ça me plaît Boulogne. « Oui et non ».
Il souffle un vent froid qui me dissuade de prendre un bus de bord de mer. Je monte à la Ville Haute et bois un café verre d’eau (un euro cinquante) au Café de la Mairie. L’endroit n’est fréquenté que par des personnes de passage. J’essaie de lire Stendhal malgré la radio locale déplorable qu’on y entend, une nommée Delta.
Quand approchent dix heures, je descends jusqu’à la place Dalton où sont massés les manifestants contre la retraite à soixante-quatre ans, un petit millier peut-être. Ils démarrent au moment où j’entre Chez Jules pour un café congolais verre d’eau et une lecture sans télé ni radio. A la table voisine se trouve un couple de sexagénaires qui est là tous les jours. Elle et lui n’ont pour conversation que la lecture commune de La Voix du Nord. Un maire du coin va commencer sa transition et devenir une maire. « A son âge ? En quoi ça nous concerne ? Il fait ce qu’il veut. Pas de quoi en faire une page dans le journal », commente l’homme. La femme ne dit rien mais n’en pense pas moins. « Ça gaze ? » demande un serveur qui arrive. Sa collègue se plaint d’avoir pris froid lors de l’attente dehors dans la tempête. Une famille anglaise entre pour régler le repas à moitié pris la veille. « C’est offert », lui répond-on. L’assurance doit jouer. Quand même, il n’y a que les étrangers qui viennent voir ce qu’ils doivent, aucun Français.
Peu avant midi, la manif revient à son point de départ, une manif à l’ancienne, sans pétards, sans fumigènes, sans sirènes, surveillée par quelques flics débonnaires. Un discours et c’est la dispersion, pour certains l’apéro aux terrasses sur la place dans le vent froid. Je rejoins Le Bistrot des Vingt où j’ai réservé et j’ai bien fait car c’est complet. Dans la formule à seize euros cinquante, je choisis la pièce du boucher frites salade, la mousse au chocolat et le verre de vin rouge du patron. Tout cela est fort bon.
Dès la fin de ce repas, je rejoins le Café Français, la seule terrasse à l’abri du vent et au soleil, l’endroit idéal pour lire, d’autant que j’y suis le plus souvent seul. « Bonne lecture », me dit une femme qui passe. Malheureusement, elle me demande ensuite si je n’ai pas cinquante centimes ou un euro.
*
Mort de Monseigneur Gaillot, à l’âge de quatre-vingt-sept ans, d’un foudroyant cancer du pancréas. J’étais à Evreux le dimanche vingt-deux janvier mil neuf cent quatre-vingt-quinze pour sa dernière messe quand il fut viré par le Pape après ses déclarations sur les homosexuels, les immigrés, le nucléaire, etc. J’ai écrit un texte sur l’évènement. Il fut publié en revue. Je n’arrive pas à le retrouver.
Il souffle un vent froid qui me dissuade de prendre un bus de bord de mer. Je monte à la Ville Haute et bois un café verre d’eau (un euro cinquante) au Café de la Mairie. L’endroit n’est fréquenté que par des personnes de passage. J’essaie de lire Stendhal malgré la radio locale déplorable qu’on y entend, une nommée Delta.
Quand approchent dix heures, je descends jusqu’à la place Dalton où sont massés les manifestants contre la retraite à soixante-quatre ans, un petit millier peut-être. Ils démarrent au moment où j’entre Chez Jules pour un café congolais verre d’eau et une lecture sans télé ni radio. A la table voisine se trouve un couple de sexagénaires qui est là tous les jours. Elle et lui n’ont pour conversation que la lecture commune de La Voix du Nord. Un maire du coin va commencer sa transition et devenir une maire. « A son âge ? En quoi ça nous concerne ? Il fait ce qu’il veut. Pas de quoi en faire une page dans le journal », commente l’homme. La femme ne dit rien mais n’en pense pas moins. « Ça gaze ? » demande un serveur qui arrive. Sa collègue se plaint d’avoir pris froid lors de l’attente dehors dans la tempête. Une famille anglaise entre pour régler le repas à moitié pris la veille. « C’est offert », lui répond-on. L’assurance doit jouer. Quand même, il n’y a que les étrangers qui viennent voir ce qu’ils doivent, aucun Français.
Peu avant midi, la manif revient à son point de départ, une manif à l’ancienne, sans pétards, sans fumigènes, sans sirènes, surveillée par quelques flics débonnaires. Un discours et c’est la dispersion, pour certains l’apéro aux terrasses sur la place dans le vent froid. Je rejoins Le Bistrot des Vingt où j’ai réservé et j’ai bien fait car c’est complet. Dans la formule à seize euros cinquante, je choisis la pièce du boucher frites salade, la mousse au chocolat et le verre de vin rouge du patron. Tout cela est fort bon.
Dès la fin de ce repas, je rejoins le Café Français, la seule terrasse à l’abri du vent et au soleil, l’endroit idéal pour lire, d’autant que j’y suis le plus souvent seul. « Bonne lecture », me dit une femme qui passe. Malheureusement, elle me demande ensuite si je n’ai pas cinquante centimes ou un euro.
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Mort de Monseigneur Gaillot, à l’âge de quatre-vingt-sept ans, d’un foudroyant cancer du pancréas. J’étais à Evreux le dimanche vingt-deux janvier mil neuf cent quatre-vingt-quinze pour sa dernière messe quand il fut viré par le Pape après ses déclarations sur les homosexuels, les immigrés, le nucléaire, etc. J’ai écrit un texte sur l’évènement. Il fut publié en revue. Je n’arrive pas à le retrouver.
13 avril 2023
Aller ou ne pas aller au Portel ce mercredi alors qu’est annoncée la tempête Noa ? Il a plu toute la nuit et le ciel est gris quand je rejoins le Columbus Café où officie encore ce matin ma serveuse préférée. « Un allongé comme hier ? » me demande-t-elle. Non non, je choisis la Formule Express à deux euros cinquante qui comprend l’allongé et un pain au chocolat.
Réflexion faite, je décide d’y aller, les plus forts coups de vent n’étant annoncés qu’à partir de l’après-midi. Un bus C m’emmène là-bas. Quand j’y arrive, le ciel est presque dégagé.
Descendu en bord de mer, je la longe dans la direction que je n’ai pas explorée. On y trouve un bar restaurant, non encore ouvert évidemment. Au bout de la route commence un sentier côtier dont les creux sont emplis d’eau de pluie. Ce sera pour une autre fois. Je fais le chemin dans l’autre sens jusqu’à la falaise. Là aussi est un sentier que je ne prends pas.
Je m’assois sur un banc en pierre peint en blanc et observe les éoliennes qui tournent bien et un bateau qui passe au loin. J’y reste jusqu’à ce que je ne puisse plus tenir en raison du froid. Direction la place de l’église et comme j‘ai réservé une table pour midi à la Brasserie Michel, c’est en face Au Coq Gaulois, où j’ai si mal mangé samedi dernier, que j’entre pour me réchauffer d’un café à un euro cinquante et essayer de lire malgré le bruit d’une radio musicale. Les habitué(e)s discutent avec le patron et une ancêtre qui doit être la mère dudit car elle s’occupe encore de la caisse. A cause de leur accent, j’ai du mal à comprendre ce qui se dit. Quand même je saisis un symptomatique « On s’en fout de l’Ukraine. Nous, on est en France ».
« Tiens v’là la drache », annonce celui qui boit une bière seul au comptoir. En effet c’en est une belle, agrémentée de coups de tonnerre. Cela se calme, puis reprend, et à midi, alors que je viens de m’asseoir dans la salle de restaurant vieillotte de la Brasserie Michel, j’entends encore de lourdes gouttes claquer sur le toit.
Il y a ici un menu du jour sans choix à quatorze euros : taboulé, rosbif frites haricots verts et salade de fruits. C’est une nourriture dont je suis le seul à profiter. Personne n’entre ici à ma suite. Dans la salle du bar, une tablée fête un anniversaire. Cela met un peu d’animation à mon repas.
Quand je sors, une nouvelle drache s’abat, avec grêlée,. Heureusement, il n’y a qu’une cinquantaine de mètres à parcourir pour atteindre l’abribus. Le premier bus Marinéo qui se présente est un H dont le terminus est Liane. A l’arrivée, une éclaircie me permet de rejoindre mon studio temporaire sans être davantage mouillé. Peu après se produisent les premiers coups de vent dus à la tempête Noa.
*
Toute la nuit, Noa se fait entendre. Cent vingt-huit kilomètres heure à Boulogne-sur-Mer, apprends-je au réveil.
Réflexion faite, je décide d’y aller, les plus forts coups de vent n’étant annoncés qu’à partir de l’après-midi. Un bus C m’emmène là-bas. Quand j’y arrive, le ciel est presque dégagé.
Descendu en bord de mer, je la longe dans la direction que je n’ai pas explorée. On y trouve un bar restaurant, non encore ouvert évidemment. Au bout de la route commence un sentier côtier dont les creux sont emplis d’eau de pluie. Ce sera pour une autre fois. Je fais le chemin dans l’autre sens jusqu’à la falaise. Là aussi est un sentier que je ne prends pas.
Je m’assois sur un banc en pierre peint en blanc et observe les éoliennes qui tournent bien et un bateau qui passe au loin. J’y reste jusqu’à ce que je ne puisse plus tenir en raison du froid. Direction la place de l’église et comme j‘ai réservé une table pour midi à la Brasserie Michel, c’est en face Au Coq Gaulois, où j’ai si mal mangé samedi dernier, que j’entre pour me réchauffer d’un café à un euro cinquante et essayer de lire malgré le bruit d’une radio musicale. Les habitué(e)s discutent avec le patron et une ancêtre qui doit être la mère dudit car elle s’occupe encore de la caisse. A cause de leur accent, j’ai du mal à comprendre ce qui se dit. Quand même je saisis un symptomatique « On s’en fout de l’Ukraine. Nous, on est en France ».
« Tiens v’là la drache », annonce celui qui boit une bière seul au comptoir. En effet c’en est une belle, agrémentée de coups de tonnerre. Cela se calme, puis reprend, et à midi, alors que je viens de m’asseoir dans la salle de restaurant vieillotte de la Brasserie Michel, j’entends encore de lourdes gouttes claquer sur le toit.
Il y a ici un menu du jour sans choix à quatorze euros : taboulé, rosbif frites haricots verts et salade de fruits. C’est une nourriture dont je suis le seul à profiter. Personne n’entre ici à ma suite. Dans la salle du bar, une tablée fête un anniversaire. Cela met un peu d’animation à mon repas.
Quand je sors, une nouvelle drache s’abat, avec grêlée,. Heureusement, il n’y a qu’une cinquantaine de mètres à parcourir pour atteindre l’abribus. Le premier bus Marinéo qui se présente est un H dont le terminus est Liane. A l’arrivée, une éclaircie me permet de rejoindre mon studio temporaire sans être davantage mouillé. Peu après se produisent les premiers coups de vent dus à la tempête Noa.
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Toute la nuit, Noa se fait entendre. Cent vingt-huit kilomètres heure à Boulogne-sur-Mer, apprends-je au réveil.
12 avril 2023
C’est une jolie rousse à tresses et à lunettes qui me sert ce mardi au Columbus Café. A cette heure matutinale, il n’y a décidément que cet endroit à Boulogne-sur-Mer pour déjeuner en paix.
Cela fait, je rejoins la station Liane et y prends quai Dix-Sept le bus Marinéo A de huit heures quarante-huit en direction d’Equihen-Plage, commune sise au sud du Portel que nous contournons en traversant Outreau. Je suis le seul à aller jusqu’à l’arrêt Plage, son terminus.
La plage est un peu plus bas devant la rue du Cap Horn. Elle est balayée par le vent. J’irais volontiers marcher le long de la côte, au-dessus de cette mer agitée, mais je me heurte à une barrière « Danger » « Interdit ». Que faire alors ? Il fait trop frais pour que je m’asseye sur le seul banc à disposition. Une fille à sac à dos sort d’une des maisons et remonte la rue qui mène à l’arrêt de bus. J’en déduis qu’un est pour bientôt et je la rejoins sous l’abribus. « Il est censé arriver à neuf heures vingt-sept », me dit-elle, et justement le voici. Cette fille est rejointe par d’autres qui montent aux arrêts suivants. Toutes descendent à l’arrêt Collège d’ Outreau.
Arrivé à Liane, je fais recharger ma carte de dix voyages pour huit euros puis vais Chez Jules pour un café verre d’eau congolais lecture. Apprenant que le plat du jour est une choucroute de la mer, je retiens une table pour midi.
Cette choucroute de la mer (cabillaud, bar, saumon, moules, saumon fumé, sauce crustacés) est fort bonne. Je l’accompagne d’un verre de vin blanc et la fais suivre d’une excellente mousse au chocolat et d’un café.
Je règle mes dix-huit euros au comptoir, monte à l’étage où sont les toilettes, repasse devant le comptoir et ne suis qu’à moitié surpris quand dans la rue je suis rattrapé par le serveur qui pense que je suis parti sans payer. Je lui présente mon justificatif de paiement (comme on dit).
Après une courte balade le long de la Liane, je retrouve la petite terrasse du Français pour un café lecture au soleil à l’abri du vent. Jusqu’à ce que le ciel bleu soit encore une fois caché par des nuages annonciateurs de pluie.
*
Un trentenaire en terrasse au Français : « J’ai l’impression de travailler travailler pour avoir au final une vie normale ».
*
Terminus d’une des lignes de bus Marinéo : Dernier Sou.
Cela fait, je rejoins la station Liane et y prends quai Dix-Sept le bus Marinéo A de huit heures quarante-huit en direction d’Equihen-Plage, commune sise au sud du Portel que nous contournons en traversant Outreau. Je suis le seul à aller jusqu’à l’arrêt Plage, son terminus.
La plage est un peu plus bas devant la rue du Cap Horn. Elle est balayée par le vent. J’irais volontiers marcher le long de la côte, au-dessus de cette mer agitée, mais je me heurte à une barrière « Danger » « Interdit ». Que faire alors ? Il fait trop frais pour que je m’asseye sur le seul banc à disposition. Une fille à sac à dos sort d’une des maisons et remonte la rue qui mène à l’arrêt de bus. J’en déduis qu’un est pour bientôt et je la rejoins sous l’abribus. « Il est censé arriver à neuf heures vingt-sept », me dit-elle, et justement le voici. Cette fille est rejointe par d’autres qui montent aux arrêts suivants. Toutes descendent à l’arrêt Collège d’ Outreau.
Arrivé à Liane, je fais recharger ma carte de dix voyages pour huit euros puis vais Chez Jules pour un café verre d’eau congolais lecture. Apprenant que le plat du jour est une choucroute de la mer, je retiens une table pour midi.
Cette choucroute de la mer (cabillaud, bar, saumon, moules, saumon fumé, sauce crustacés) est fort bonne. Je l’accompagne d’un verre de vin blanc et la fais suivre d’une excellente mousse au chocolat et d’un café.
Je règle mes dix-huit euros au comptoir, monte à l’étage où sont les toilettes, repasse devant le comptoir et ne suis qu’à moitié surpris quand dans la rue je suis rattrapé par le serveur qui pense que je suis parti sans payer. Je lui présente mon justificatif de paiement (comme on dit).
Après une courte balade le long de la Liane, je retrouve la petite terrasse du Français pour un café lecture au soleil à l’abri du vent. Jusqu’à ce que le ciel bleu soit encore une fois caché par des nuages annonciateurs de pluie.
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Un trentenaire en terrasse au Français : « J’ai l’impression de travailler travailler pour avoir au final une vie normale ».
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Terminus d’une des lignes de bus Marinéo : Dernier Sou.
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