Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







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Expositions Love, Ren Hang et Coco Capitán : Busy Living à la Maison Européenne de la Photographie

23 mars 2019


Je montre le contenu de mon sac au vigile qui fait le planton à l’extérieur de la Maison Européenne de la Photographie, paie six euros à l’intérieur, mets mon sac à dos dans un coffre avec pour code la moitié de ma date de naissance puis monte au premier niveau où toutes les salles sont occupées par les photos couleur de nus masculins et féminins signées Ren Hang, artiste chinois dont j’ai découvert l’existence à l’occasion de son suicide.
Ses images que d’aucuns pourraient critiquer pour leur esthétisme, me plaisent. Surtout celles qui montrent de jeunes Chinoises à petits seins. De composition géométrique pour certaines, on y trouve à titre d’accessoires tout un bestiaire et une flore variée. Dans la dernière salle sont montrées les photos les plus pornographiques (certaines sous forme de diapositives). Elle est munie de l’avertissement obligé « Veuillez noter que cette salle contient des images de nature sexuellement explicite, susceptible de heurter un public jeune ou non averti ». Ce n’est pas le cas de celles et ceux qui me côtoient, surtout des moins de trente ans, moitié Français(e)s, moitié Chinois(e)s.
Ren Hang fait partie de ces photographes dont les photos sont aisément reconnaissables. Il n’en fera plus. Il y a deux ans, peu avant ses trente ans, souffrant de dépression, il s’est jeté du toit où il avait fait plusieurs de ses images. « Si la vie est un abîme sans fond, lorsque je sauterai, la chute sans fin sera aussi une manière de voler ».
Aucun catalogue n’accompagne l’exposition car les parents de l’artiste sont ses héritiers, qui ont découvert à sa mort son œuvre et son homosexualité. N’étant enchantés ni de l’une ni de l’autre, ils s’opposent à toute reproduction.
La Maison Européenne de la Photographie présente une autre exposition d’importance Coco Capitán : Busy Living. Les images de cette photographe espagnole de vingt-quatre ans occupent toutes les salles du deuxième étage. Elles ne me touchent pas autant que celles de Ren Hang mais m’intéressent néanmoins (on y voit quelques filles et garçons déculottés). Son travail explore également le graphisme, mais tout est en anglais « BEFORE I die I want to live ».
Enfin, je vais voir les salles du rez-de-chaussée où la Mep fait découvrir les images de Yoonkyung Jang, jeune photographe coréenne née en mil neuf cent quatre-vingt-dix-huit. Ses images ne sont pas sans rapport avec celles de Ren Hang et de Coco Capitán.
Mon sac récupéré, un bus Vingt-Neuf m’emmène à Opéra Quatre Septembre. Au Bistrot d’Edmond, où Charles Trenet chante Que reste-t-il de nos amours ?, je demande à la nouvelle serveuse ce qu’est devenue la précédente qui devait me dire un jour où elle m’avait déjà vu. « Elle ne travaille plus ici », me dit-elle de l’air d’une qui n’a pas envie que je demande pourquoi. Mon café bu, j’explore Book-Off, achetant un euro Lots of love, la correspondance de Scott et Scottie Fitzgerald (Editions Pascuito), que j’ai déjà.
Gare Saint-Lazare, sous la surveillance de la Police Ferroviaire, la Senecefe organise une distribution de petites plantes fleuries pour fêter le printemps dont c’est le premier jour. Je me faufile pour éviter ce cadeau, n’ayant définitivement plus envie de jardiner.
A l’arrivée à Rouen, je mets en route mon ordinateur pour y lire un message de celle que j’ai attendue en vain devant le Rivolux. Il n’y en a pas. J’imagine le pire. Je lui téléphone, tombe sur son répondeur, laisse un message inquiet. J’ai le temps de flipper un moment avant qu’elle ne m’appelle. Une cave menaçait de s’effondrer et d’entraîner tout un immeuble, elle a dû aller superviser l’étayage, m’explique-t-elle.
                                                             *
« Ce n’est pas moi qui m’attaque aux tabous chinois ce sont les tabous chinois qui s’attaquent à moi. » (Ren Hang)
 


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