Cette fois, ça devrait être la bonne. Pas de grosses pluies à craindre, du moins je l’espère en montant une nouvelle fois dans le bus Vingt de huit heures trente-six terminus Hillion Centre.
Arrivé sur place sous un magnifique ciel bleu, je fais une photo de la tour ronde puis de l’église et ensuite trouve le chemin du cimetière qui est aussi celui de la mer. Dans ce cimetière presque marin se trouve la tombe de Georges Palante. S’il y a bien un petit panneau en informant à l’entrée, elle n’est pas située à l’intérieur. Je fais le tour sans la trouver puis poursuis la descente du chemin de l’Hôtellerie.
Il mène à la Plage de l’Hôtellerie. La mer est haute ce vendredi matin. Nous sommes là dans la réserve ornithologique. Je prends le Géherre Trente-Quatre sur la gauche vers le Pisse Oison et j’en profite pour moi-même arroser les herbes. Je ne vais pas plus loin que l’observatoire où je trouve des retraités munis d’appareils photo longs comme l’avant-bras.
Revenu au-dessus de la plage, je prends le Géherre dans l’autre direction jusqu’à atteindre la Maison de la Baie. Celle-ci propose diverses activités qui ne sont pas pour moi.
Aussi je remonte dans le bourg afin de réserver une table pour midi à La Vieille Auberge. Je découvre ensuite que ce pays n’a pas de café. A la boulangerie, je me procure le dernier pain au chocolat et un café allongé pour deux euros cinquante. Un second petit-déjeuner que je prends sur un banc face à la Mairie.
Le vent s’est levé. Le ciel se couvre à l’horizon. « C’est toujours pas ouvert chez Dodron ? », me demande un vieux à canne qui a envie de causer (il tombe mal avec moi). Une vieille me jette un regard noir en passant (c’est peut-être son banc).
Il est onze heures. Si je retournais au cimetière ? Peut-être qu’il y aurait quelqu’un maintenant pour m’indiquer la tombe de Georges Palante. J’ai une meilleure idée. J’entre à la Mairie et je demande à l’employée de l’accueil. Un jeune homme me prend en charge et me montre où sur le plan du cimetière qu’il affiche à l’écran de son ordinateur. C’est facile, elle est contre le mur à droite en entrant.
Je la trouve aisément. La liste des ouvrages du philosophe est partiellement cachée par une potiche de fleurs offerte pour le centenaire de sa mort par 3motsdeplus, compagnie de pratiques littéraires à St-Brieuc et en Armor.
Après l’avoir photographiée, je redescends au bord de la mer qui monte encore et remue. Je m’assois sur l’un des bancs. Il y a trop de vent pour ouvrir Balzac. Le Noré, aka Bilboquet, ne le supporterait pas. Des promeneurs à jumelles matent les oiseaux. Chacun son vice.
Midi approche. Face à la Vieille Auberge est l’Espace Palante, vaste salle communale. Le vingt septembre, lors de la Journée du Patrimoine, à partir de seize heures, la commune rendra un hommage à Georges Palante pour le centenaire de sa mort, passage à la Maison Palante au hameau de La Grandville, lectures, conférence, plaque commémorative et moment de convivialité.
A la Vieille Auberge, le menu du jour est à quinze euros cinquante. Il comporte une entrée, un plat, un dessert, un quart de vin et un café. Je choisis la terrine, l’andouillette frites et la mousse au chocolat. Des nappes rouges et beaucoup de luminaires car aucune fenêtre dans cette salle de restaurant où je suis installé dans un petit coin avec vue sur les autres tables. Pour l’instant, il n’y a personne. « Vous pouvez manger au calme », me dit le patron. « Ça ne va pas durer, c’est complet », ajoute-t-il.
Bientôt arrivent des ouvriers qui prennent des pizzas puis un homo avec sa vieille tante. « Tu veux que j’avance ta chaise, tata ? » Il a un faux air de Guillaume Erner. Le patron aussi a un faux air, mais je ne trouve pas de qui. J’ai rarement mangé une mousse au chocolat aussi bonne.
Les premières gouttes tombent quand je ressors. J’arrive à l’arrêt de bus juste à temps pour choper le treize heures zéro cinq du retour conduit par un chauffeur qui impose à la clientèle la nuisible radio de Bolloré. Pendant le trajet, c’est la drache. Je reçois des gouttes sur la tête. Le toit translucide de ce bus n’est pas étanche. Ce n’est pas un mal car j’ai tendance à m’endormir.
A quatorze heures, un expresso est le bienvenu au Café Gourmand et un peu de Balzac itou.
*
Georges Palante fut le modèle de Louis Guilloux pour son personnage de Cripure dans Le Sang noir. Souvent qualifié de « nietzschéen de gauche », il avait sa résidence secondaire à La Grandville (commune d’Hillion). C’est là que malade, il s’est suicidé le cinq août mil neuf cent vingt-cinq.
*
Autre célébrité liée à Hillion : Minou Drouet. Elle y est née le vingt-quatre juillet mil neuf cent quarante-sept. Je me souviens avoir écouté une émission de France Culture consacrée à icelle et m’être dit : « Mais ce n’est vraiment pas mal ce qu’écrivait cette enfant ».
Arrivé sur place sous un magnifique ciel bleu, je fais une photo de la tour ronde puis de l’église et ensuite trouve le chemin du cimetière qui est aussi celui de la mer. Dans ce cimetière presque marin se trouve la tombe de Georges Palante. S’il y a bien un petit panneau en informant à l’entrée, elle n’est pas située à l’intérieur. Je fais le tour sans la trouver puis poursuis la descente du chemin de l’Hôtellerie.
Il mène à la Plage de l’Hôtellerie. La mer est haute ce vendredi matin. Nous sommes là dans la réserve ornithologique. Je prends le Géherre Trente-Quatre sur la gauche vers le Pisse Oison et j’en profite pour moi-même arroser les herbes. Je ne vais pas plus loin que l’observatoire où je trouve des retraités munis d’appareils photo longs comme l’avant-bras.
Revenu au-dessus de la plage, je prends le Géherre dans l’autre direction jusqu’à atteindre la Maison de la Baie. Celle-ci propose diverses activités qui ne sont pas pour moi.
Aussi je remonte dans le bourg afin de réserver une table pour midi à La Vieille Auberge. Je découvre ensuite que ce pays n’a pas de café. A la boulangerie, je me procure le dernier pain au chocolat et un café allongé pour deux euros cinquante. Un second petit-déjeuner que je prends sur un banc face à la Mairie.
Le vent s’est levé. Le ciel se couvre à l’horizon. « C’est toujours pas ouvert chez Dodron ? », me demande un vieux à canne qui a envie de causer (il tombe mal avec moi). Une vieille me jette un regard noir en passant (c’est peut-être son banc).
Il est onze heures. Si je retournais au cimetière ? Peut-être qu’il y aurait quelqu’un maintenant pour m’indiquer la tombe de Georges Palante. J’ai une meilleure idée. J’entre à la Mairie et je demande à l’employée de l’accueil. Un jeune homme me prend en charge et me montre où sur le plan du cimetière qu’il affiche à l’écran de son ordinateur. C’est facile, elle est contre le mur à droite en entrant.
Je la trouve aisément. La liste des ouvrages du philosophe est partiellement cachée par une potiche de fleurs offerte pour le centenaire de sa mort par 3motsdeplus, compagnie de pratiques littéraires à St-Brieuc et en Armor.
Après l’avoir photographiée, je redescends au bord de la mer qui monte encore et remue. Je m’assois sur l’un des bancs. Il y a trop de vent pour ouvrir Balzac. Le Noré, aka Bilboquet, ne le supporterait pas. Des promeneurs à jumelles matent les oiseaux. Chacun son vice.
Midi approche. Face à la Vieille Auberge est l’Espace Palante, vaste salle communale. Le vingt septembre, lors de la Journée du Patrimoine, à partir de seize heures, la commune rendra un hommage à Georges Palante pour le centenaire de sa mort, passage à la Maison Palante au hameau de La Grandville, lectures, conférence, plaque commémorative et moment de convivialité.
A la Vieille Auberge, le menu du jour est à quinze euros cinquante. Il comporte une entrée, un plat, un dessert, un quart de vin et un café. Je choisis la terrine, l’andouillette frites et la mousse au chocolat. Des nappes rouges et beaucoup de luminaires car aucune fenêtre dans cette salle de restaurant où je suis installé dans un petit coin avec vue sur les autres tables. Pour l’instant, il n’y a personne. « Vous pouvez manger au calme », me dit le patron. « Ça ne va pas durer, c’est complet », ajoute-t-il.
Bientôt arrivent des ouvriers qui prennent des pizzas puis un homo avec sa vieille tante. « Tu veux que j’avance ta chaise, tata ? » Il a un faux air de Guillaume Erner. Le patron aussi a un faux air, mais je ne trouve pas de qui. J’ai rarement mangé une mousse au chocolat aussi bonne.
Les premières gouttes tombent quand je ressors. J’arrive à l’arrêt de bus juste à temps pour choper le treize heures zéro cinq du retour conduit par un chauffeur qui impose à la clientèle la nuisible radio de Bolloré. Pendant le trajet, c’est la drache. Je reçois des gouttes sur la tête. Le toit translucide de ce bus n’est pas étanche. Ce n’est pas un mal car j’ai tendance à m’endormir.
A quatorze heures, un expresso est le bienvenu au Café Gourmand et un peu de Balzac itou.
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Georges Palante fut le modèle de Louis Guilloux pour son personnage de Cripure dans Le Sang noir. Souvent qualifié de « nietzschéen de gauche », il avait sa résidence secondaire à La Grandville (commune d’Hillion). C’est là que malade, il s’est suicidé le cinq août mil neuf cent vingt-cinq.
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Autre célébrité liée à Hillion : Minou Drouet. Elle y est née le vingt-quatre juillet mil neuf cent quarante-sept. Je me souviens avoir écouté une émission de France Culture consacrée à icelle et m’être dit : « Mais ce n’est vraiment pas mal ce qu’écrivait cette enfant ».