« On vous changera les draps au milieu du mois », m’a dit mon logeur à mon arrivée. Quand je le rappelle par message à sa femme, je lui précise « Vous pouvez faire ça en ma présence ou en mon absence ». Moyennant quoi, elle se présente dimanche en fin d’après-midi avec un sac contenant le nécessaire, qu’elle me remet, et débrouille-toi mon bonhomme. Il est vrai que je ne suis pas à l’hôtel. Je commence la semaine par cette tâche imposée, maudissant l’inventeur de la couette.
Durant ma descente au « cœur de ville » ce lundi, je croise les habituels élèves des Collèges et Lycées, par centaines, du privé et du public. Je suis étonné de les voir si calmes. Au centre de Saint-Brieuc, ce qui est calme, c’est la ville elle-même. Quasiment personne dans les rues piétonnières. A croire qu’il n’y a que la jeunesse pour se lever matin.
Un désagrément m’attend : le Bistrot de la Poste est fermé pour une raison inconnue. Je dois me rabattre, rien d’autre n’étant ouvert, sur La Cigogne, un étroit bar tabac derrière la Cathédrale. L’ambiance est sinistre. Un type au comptoir exige six sucres pour son café. Un autre raconte qu’il postule pour un emploi à sept mille euros au Canada. Le patron porte un pull taché sur sa bedaine. Un euro soixante-dix, son allongé. Je lui fais répéter le prix tellement j’en suis surpris. Dans la région, il est toujours à un euro soixante.
Quand je repasse devant le Bistrot de la Poste, je le vois ouvert et en travaux. Il était pourtant parfait. Je me mets à la recherche d’une pharmacie ouverte. Je la trouve rue Saint-Guillaume, la Pharmacie d’Arvor Giphar. Le Cosidime pour mes yeux est toujours manquant mais son générique est là.
Plus haut, j’entre à La Taverne, « table de caractère », la brasserie un peu chic de la ville, ouverte sept jours sur sept, mais seulement à neuf heures et demie. C’est le moment de mon expresso verre d‘eau Balzac, un euro soixante seulement.
Au moment où je veux partir à la recherche d’un endroit où déjeuner, il se met à rudement pleuvoir. Je décide de rester à La Taverne. Fort aimablement installé par la principale serveuse, une jeune femme noire prénommée Hortense, un prénom qui m’enchante, j’attends midi.
J’opte pour la formule plat du jour et café gourmand à dix-huit euros. Ce plat du jour est une escalope de saumon, crème de moules, fondue de poireaux, champignons. La clientèle se partage entre bourgeoisie d’ici et bourgeoisie d’ailleurs avec leur étalage de petites histoires de familles médiocres. Un couple déjeune avec « la box », à qui la serveuse annonce moins vingt euros sur ce qu’ils prendront. Cela ne les enchante pas. La femme conteste. Le tavernier est obligé de lui fournir les imprimés de l’entreprise qui leur a vendu ce truc. Derrière moi, ce sont deux sœurs et leurs maris. L’une au téléphone : « Les chats vont bien ? Les plantes sont arrosées ? »
Je suis étonné de la profusion de pâtisseries entourant ma tasse de café : far, glace au chocolat, mousse au chocolat, meringue et crème brûlée. Je comprends pourquoi quand, au règlement, on me l’annonce à neuf euros. Ça ne devait pas être celui de la formule. On s’est trompé. Bien sûr, je ne paie que dix-huit euros pour le tout.
Une rapide étape chez U pour assurer ma survie du soir et, profitant du retour du soleil, je m’installe à ma table attitrée au Transat Kafé. Balzac est une nouvelle fois en route pour l’Ukraine. Cette fois, il compte bien se marier. Quoique toujours endetté. Voyez-vous comme je deviens gai, sachant que je quitte cet affreux Paris, mais hélas, les dépenses du voyage commencent.
*
Pendant que ceux qui nous gouvernent bricolent, sous la houlette des cathos tendance Retailleau, une loi restrictive sur la fin de vie, le Tribunal de Paris juge, à partir de ce lundi, douze adhérents d’Ultime Liberté âgés de soixante-quinze à quatre-vingt-neuf ans pour avoir aidé des personnes, malades ou non, à se procurer du pentobarbital, commercialisé sous le nom de Nembutal, afin de leur permettre de se suicider. On leur reproche l’« importation en contrebande de marchandise dangereuse », l’« acquisition et détention de substances illicites » et la complicité de ces délits.
Le point positif de ce procès, c’est qu’il fait découvrir Ultime Liberté, cette association devenue mienne depuis que j’ai quitté la mollassonne Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, à un tas de gens qui ignoraient son existence, comme je le constate sur sa page du réseau social Effe Bé.
Durant ma descente au « cœur de ville » ce lundi, je croise les habituels élèves des Collèges et Lycées, par centaines, du privé et du public. Je suis étonné de les voir si calmes. Au centre de Saint-Brieuc, ce qui est calme, c’est la ville elle-même. Quasiment personne dans les rues piétonnières. A croire qu’il n’y a que la jeunesse pour se lever matin.
Un désagrément m’attend : le Bistrot de la Poste est fermé pour une raison inconnue. Je dois me rabattre, rien d’autre n’étant ouvert, sur La Cigogne, un étroit bar tabac derrière la Cathédrale. L’ambiance est sinistre. Un type au comptoir exige six sucres pour son café. Un autre raconte qu’il postule pour un emploi à sept mille euros au Canada. Le patron porte un pull taché sur sa bedaine. Un euro soixante-dix, son allongé. Je lui fais répéter le prix tellement j’en suis surpris. Dans la région, il est toujours à un euro soixante.
Quand je repasse devant le Bistrot de la Poste, je le vois ouvert et en travaux. Il était pourtant parfait. Je me mets à la recherche d’une pharmacie ouverte. Je la trouve rue Saint-Guillaume, la Pharmacie d’Arvor Giphar. Le Cosidime pour mes yeux est toujours manquant mais son générique est là.
Plus haut, j’entre à La Taverne, « table de caractère », la brasserie un peu chic de la ville, ouverte sept jours sur sept, mais seulement à neuf heures et demie. C’est le moment de mon expresso verre d‘eau Balzac, un euro soixante seulement.
Au moment où je veux partir à la recherche d’un endroit où déjeuner, il se met à rudement pleuvoir. Je décide de rester à La Taverne. Fort aimablement installé par la principale serveuse, une jeune femme noire prénommée Hortense, un prénom qui m’enchante, j’attends midi.
J’opte pour la formule plat du jour et café gourmand à dix-huit euros. Ce plat du jour est une escalope de saumon, crème de moules, fondue de poireaux, champignons. La clientèle se partage entre bourgeoisie d’ici et bourgeoisie d’ailleurs avec leur étalage de petites histoires de familles médiocres. Un couple déjeune avec « la box », à qui la serveuse annonce moins vingt euros sur ce qu’ils prendront. Cela ne les enchante pas. La femme conteste. Le tavernier est obligé de lui fournir les imprimés de l’entreprise qui leur a vendu ce truc. Derrière moi, ce sont deux sœurs et leurs maris. L’une au téléphone : « Les chats vont bien ? Les plantes sont arrosées ? »
Je suis étonné de la profusion de pâtisseries entourant ma tasse de café : far, glace au chocolat, mousse au chocolat, meringue et crème brûlée. Je comprends pourquoi quand, au règlement, on me l’annonce à neuf euros. Ça ne devait pas être celui de la formule. On s’est trompé. Bien sûr, je ne paie que dix-huit euros pour le tout.
Une rapide étape chez U pour assurer ma survie du soir et, profitant du retour du soleil, je m’installe à ma table attitrée au Transat Kafé. Balzac est une nouvelle fois en route pour l’Ukraine. Cette fois, il compte bien se marier. Quoique toujours endetté. Voyez-vous comme je deviens gai, sachant que je quitte cet affreux Paris, mais hélas, les dépenses du voyage commencent.
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Pendant que ceux qui nous gouvernent bricolent, sous la houlette des cathos tendance Retailleau, une loi restrictive sur la fin de vie, le Tribunal de Paris juge, à partir de ce lundi, douze adhérents d’Ultime Liberté âgés de soixante-quinze à quatre-vingt-neuf ans pour avoir aidé des personnes, malades ou non, à se procurer du pentobarbital, commercialisé sous le nom de Nembutal, afin de leur permettre de se suicider. On leur reproche l’« importation en contrebande de marchandise dangereuse », l’« acquisition et détention de substances illicites » et la complicité de ces délits.
Le point positif de ce procès, c’est qu’il fait découvrir Ultime Liberté, cette association devenue mienne depuis que j’ai quitté la mollassonne Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, à un tas de gens qui ignoraient son existence, comme je le constate sur sa page du réseau social Effe Bé.