Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
2 août 2018
A onze heure dix-sept, ce mercredi, j’ai place dans le petit train de la région Hauts de France (encore siglé Nord Pas de Calais) quittant Rouen en direction de Lille mais j’en dois descendre avant son terminus. Nous sommes fort peu, dont quelques cyclistes. Ce Téheuherre fait de multiples arrêts notamment en Picardie où les éoliennes ne tournent guère.
L’arrêt avant le mien est Achiet mais on prononce Achiette. Me voici à Arras (je me souviens de l’ami Bidasse). Je reste sur le quai sept pour la correspondance et, après vingt minutes d’attente, je prends garde à ne pas monter dans la partie du Tégévé qui va à Valenciennes mais dans celle qui va à Dunkerque.
Ce second train, dit à grande vitesse, est loin d’être complet et ne va pas plus vite que le précédent. Il s’arrête d’abord à Lens, où s’exhibent les terrils, puis à Béthune (je me souviens du bourreau de Béthune), à Hazebrouck, où le ciel est gris, et arrive enfin à Dunkerque, où le ciel est bleu. Quinze heures viennent de sonner.
Point de chambre à l’hôtel, c’est trop cher, et point de chambre d’hôtes, pour la même raison, j’ai eu recours à Airbnb, deux fois moins coûteux et donc dans les moyens d’un instituteur retraité. Ma logeuse a proposé de venir me chercher. Avec sa petite voiture rouge, elle m’emmène jusqu’à l’un des deux studios qu’elle loue à l’étage de sa maison située à proximité du canal de Furnes.
Mon bagage posé, je marche pendant une demi-heure pour atteindre le centre-ville. Je vois ce qu’il y a à voir : le Beffroi, l’église Saint Eloi, l’Hôtel de Ville, la moche tour cylindrique d’habitation qui lui fait pendant et la statue de Jean Bart. Un diabolo menthe s’impose que je prends au Grand Morien, un café qui tente d’être chic.
*
Cadeau de bienvenue dans le studio loué : une bière blonde du coin, la Jeanlain, brassée au village du même nom. Je la bois sans appétence.
L’arrêt avant le mien est Achiet mais on prononce Achiette. Me voici à Arras (je me souviens de l’ami Bidasse). Je reste sur le quai sept pour la correspondance et, après vingt minutes d’attente, je prends garde à ne pas monter dans la partie du Tégévé qui va à Valenciennes mais dans celle qui va à Dunkerque.
Ce second train, dit à grande vitesse, est loin d’être complet et ne va pas plus vite que le précédent. Il s’arrête d’abord à Lens, où s’exhibent les terrils, puis à Béthune (je me souviens du bourreau de Béthune), à Hazebrouck, où le ciel est gris, et arrive enfin à Dunkerque, où le ciel est bleu. Quinze heures viennent de sonner.
Point de chambre à l’hôtel, c’est trop cher, et point de chambre d’hôtes, pour la même raison, j’ai eu recours à Airbnb, deux fois moins coûteux et donc dans les moyens d’un instituteur retraité. Ma logeuse a proposé de venir me chercher. Avec sa petite voiture rouge, elle m’emmène jusqu’à l’un des deux studios qu’elle loue à l’étage de sa maison située à proximité du canal de Furnes.
Mon bagage posé, je marche pendant une demi-heure pour atteindre le centre-ville. Je vois ce qu’il y a à voir : le Beffroi, l’église Saint Eloi, l’Hôtel de Ville, la moche tour cylindrique d’habitation qui lui fait pendant et la statue de Jean Bart. Un diabolo menthe s’impose que je prends au Grand Morien, un café qui tente d’être chic.
*
Cadeau de bienvenue dans le studio loué : une bière blonde du coin, la Jeanlain, brassée au village du même nom. Je la bois sans appétence.
1er août 2018
Après l’escapade de mai au Sud, escapade imminente au Nord ; dans cette optique, je mets en charge l’appareil photo que m’a donné celle qui travaille à Paris Las, la batterie reste à plat, ce qui m’était déjà arrivé lors de mon arrivée à Montpellier, raison pour laquelle un photographe proche de la place de la Comédie m’en avait vendu une neuve.
Ce lundi après-midi, j’entre dans le magasin Camara, rue du Bec, que tenait auparavant l’un de mes voisins aujourd’hui retraité. Celui qui le remplace ne m’est pas inconnu et réciproquement. Nous nous croisons souvent. Il habite pas loin et connaît également une de mes voisines.
-Ce n’était pas forcément la batterie, m’explique-t-il, cela peut venir du câble ou du boîtier qui fait transformateur ou de l’embout situé dans l’appareil.
Dans ce dernier cas, il faudra que j’achète un chargeur universel qui s’occupera de la batterie hors de l’appareil, mais avant d’en arriver là, je peux brancher le câble de l’appareil photo sur le port Hue Esse Bé de mon ordinateur, après l’avoir séparé du transformateur, et voir si la batterie se charge par ce moyen.
Je le remercie et rentre à la maison pour réaliser l’opération, songeant que son collègue de Montpellier m’a vendu une batterie alors que l’autre devait encore fonctionner.
Au bout d’une heure, la batterie est chargée.
Ce sera donc une escapade avec photos après que j’ai craint devoir m’en passer. En même temps, je ne sais pas pourquoi j’en fais. Ces photos s’accumulent dans la mémoire de mon ordinateur et je ne les regarde jamais. Il est vrai que j’en partage certaines sur le réseau social Effe Bé au risque d’intéresser ou de soûler qui les voit.
Autrefois, mes photos avaient pour unique sujet celle qui m’accompagnait, le bel endroit n’était qu’en arrière-plan. C’était l’époque où j’avais envie d’en faire.
Il y eut aussi une longue période, au temps de la jeunesse, pendant laquelle je ne me posais pas la question, je ne possédais pas d’appareil photo et n’avais aucune envie d’en acheter un.
Ce lundi après-midi, j’entre dans le magasin Camara, rue du Bec, que tenait auparavant l’un de mes voisins aujourd’hui retraité. Celui qui le remplace ne m’est pas inconnu et réciproquement. Nous nous croisons souvent. Il habite pas loin et connaît également une de mes voisines.
-Ce n’était pas forcément la batterie, m’explique-t-il, cela peut venir du câble ou du boîtier qui fait transformateur ou de l’embout situé dans l’appareil.
Dans ce dernier cas, il faudra que j’achète un chargeur universel qui s’occupera de la batterie hors de l’appareil, mais avant d’en arriver là, je peux brancher le câble de l’appareil photo sur le port Hue Esse Bé de mon ordinateur, après l’avoir séparé du transformateur, et voir si la batterie se charge par ce moyen.
Je le remercie et rentre à la maison pour réaliser l’opération, songeant que son collègue de Montpellier m’a vendu une batterie alors que l’autre devait encore fonctionner.
Au bout d’une heure, la batterie est chargée.
Ce sera donc une escapade avec photos après que j’ai craint devoir m’en passer. En même temps, je ne sais pas pourquoi j’en fais. Ces photos s’accumulent dans la mémoire de mon ordinateur et je ne les regarde jamais. Il est vrai que j’en partage certaines sur le réseau social Effe Bé au risque d’intéresser ou de soûler qui les voit.
Autrefois, mes photos avaient pour unique sujet celle qui m’accompagnait, le bel endroit n’était qu’en arrière-plan. C’était l’époque où j’avais envie d’en faire.
Il y eut aussi une longue période, au temps de la jeunesse, pendant laquelle je ne me posais pas la question, je ne possédais pas d’appareil photo et n’avais aucune envie d’en acheter un.
31 juillet 2018
Ce vendredi soir, je m’installe au jardin un peu avant dix-neuf heures afin de profiter du premier concert officiel de carillon donné à Rouen en cette fin juillet C’est le Congrès National de la Guilde des Carillonneurs de France. L’orage est également annoncé.
Pendant trois quarts d’heure, les musicien(ne)s se succèdent dans la tour Saint Romain pour un concert Danses et chansons. Encore une fois, je me réjouis d’habiter aussi près de la Cathédrale. J’entends même les applaudissements. Un jour mon prince viendra, le dernier morceau, retentit au moment précis où rentre du labeur le voisin du quatrième. La jolie brune qui partage depuis peu son appartement l’attendait.
Le ciel est de plus en plus menaçant. Je reste néanmoins dehors, poursuivant la lecture de la Correspondance de Maria Casarès et Albert Camus. Peut-on prévoir à quel instant tombera la première goutte ? Non, elle tombe précisément au moment où on ne s’y attend pas.
*
Deux autres concerts officiels suivent : le samedi à la même heure A quatre mains, puis le dimanche après la messe Relectures. En bonus sont donnés des concerts non annoncés.
Ce ouiquennede, les allergiques auront eu de bonnes raisons de chanter Maudit sois-tu carillonneur.
*
Rue Eau-de-Robec, fonçant sur son vélo, un homme à cheveux blancs, au moins quinquagénaire, employé par une entreprise de livraison de repas. Cet asservissement n’est donc pas réservé à la jeunesse.
*
« Et l’euphorie de la Coupe du Monde, retombée? » me demande l’ami de Stockholm. Complètement, lui réponds-je, et rapidement, deux jours après plus personne n’en parlait, c'est comme une maladie tropicale avec une éruption de fièvre puis une longue période de latence jusqu'à la prochaine fois. Jean-Marie Brohm et Marc Perelman ont bien raison de qualifier le foute de « peste émotionnelle ».
Pendant trois quarts d’heure, les musicien(ne)s se succèdent dans la tour Saint Romain pour un concert Danses et chansons. Encore une fois, je me réjouis d’habiter aussi près de la Cathédrale. J’entends même les applaudissements. Un jour mon prince viendra, le dernier morceau, retentit au moment précis où rentre du labeur le voisin du quatrième. La jolie brune qui partage depuis peu son appartement l’attendait.
Le ciel est de plus en plus menaçant. Je reste néanmoins dehors, poursuivant la lecture de la Correspondance de Maria Casarès et Albert Camus. Peut-on prévoir à quel instant tombera la première goutte ? Non, elle tombe précisément au moment où on ne s’y attend pas.
*
Deux autres concerts officiels suivent : le samedi à la même heure A quatre mains, puis le dimanche après la messe Relectures. En bonus sont donnés des concerts non annoncés.
Ce ouiquennede, les allergiques auront eu de bonnes raisons de chanter Maudit sois-tu carillonneur.
*
Rue Eau-de-Robec, fonçant sur son vélo, un homme à cheveux blancs, au moins quinquagénaire, employé par une entreprise de livraison de repas. Cet asservissement n’est donc pas réservé à la jeunesse.
*
« Et l’euphorie de la Coupe du Monde, retombée? » me demande l’ami de Stockholm. Complètement, lui réponds-je, et rapidement, deux jours après plus personne n’en parlait, c'est comme une maladie tropicale avec une éruption de fièvre puis une longue période de latence jusqu'à la prochaine fois. Jean-Marie Brohm et Marc Perelman ont bien raison de qualifier le foute de « peste émotionnelle ».
30 juillet 2018
L’épaisse chaleur, pire que celle de Paris la veille, me dissuade de bouger jusqu’au Trois Pièces devant lequel, pour l’ultime session des Terrasses du Jeudi, doit se produire SeRvo « parfait mélange de la froideur new-wave de Joy Division et des murs du son de l’alchimie shoegaze ». Je reste à l’ombre dans le jardin. J’y lis la Correspondance de Maria Casarès et Albert Camus. Me parviennent des volutes sonores de MBB Crew, le groupe de blouse rock qui joue près du Bar des Fleurs. La voix du chanteur a quelque chose de Joe Cocker, je ne peux en dire plus.
*
L’après-midi, au Son du Cor, je dois, en plus de mon café habituel, commander un diabolo menthe, question de survie. Près de moi une fille dont je connais déjà beaucoup de choses confie un secret à l’homme avec qui elle boit un verre : elle est enceinte, l’accouchement aura lieu début mars. « Surtout, tu ne le dis à personne », insiste-t-elle. Confier un secret dans un lieu public en ne prenant pas en compte le voisinage est une pratique assez courante.
*
Le lendemain, au même endroit et par la même chaleur, une autre fille dont je connais déjà beaucoup de choses parle de son histoire d’amour vaseuse à l’une de ses amies. Le garçon ne la comprend pas et elle ne sait pas ce qu’il veut. « Comment lui dire, je n’arrive pas à lui expliquer », se plaint-elle. « Eh bien, tu lui écris tout ce que tu viens de me raconter », lui répond sa confidente. Elles s’y mettent à deux, l’intéressée tapant le texte sur son mobile. En toute discrétion.
*
L’après-midi, au Son du Cor, je dois, en plus de mon café habituel, commander un diabolo menthe, question de survie. Près de moi une fille dont je connais déjà beaucoup de choses confie un secret à l’homme avec qui elle boit un verre : elle est enceinte, l’accouchement aura lieu début mars. « Surtout, tu ne le dis à personne », insiste-t-elle. Confier un secret dans un lieu public en ne prenant pas en compte le voisinage est une pratique assez courante.
*
Le lendemain, au même endroit et par la même chaleur, une autre fille dont je connais déjà beaucoup de choses parle de son histoire d’amour vaseuse à l’une de ses amies. Le garçon ne la comprend pas et elle ne sait pas ce qu’il veut. « Comment lui dire, je n’arrive pas à lui expliquer », se plaint-elle. « Eh bien, tu lui écris tout ce que tu viens de me raconter », lui répond sa confidente. Elles s’y mettent à deux, l’intéressée tapant le texte sur son mobile. En toute discrétion.
27 juillet 2018
Canicule et pic d’ozone, ce mercredi parisien sera sous le signe de la chaleur excessive et de la pollution. Cependant, dans la bétaillère de sept heures vingt-quatre, la température est tout à fait supportable. Il y règne un agréable silence. Je lis Eurêka de Jacques Drillon (Le Promeneur) tandis que mon voisin immédiat lit Bien sûr que tu te souviendras de moi d’António Lobo Antunes (Point Seuil). La voisine de devant lit La faille d’Isabelle Sorrente (Folio Gallimard). Lui et elle s’endorment sur leur livre. Un qui a l’air passionné par sa lecture, c’est le quadragénaire qui a dans les mains un livre de la Bibliothèque Verte : Intrigues dans la brousse.
La chaleur est dans le bus Vingt qui mène à la Bastille. Au Café du Faubourg, je lis dans Le Parisien que la canicule est partout, de la Grèce à la Suède, et que ça brûle dans ces deux pays avec des conséquences mortelles pour le premier.
Book-Off est climatisé. Parmi les livres à un euro je trouve Lettres à une jeune fille de Joë Bousquet (Grasset), L’Indifférent de Marcel Proust, (Gallimard), Moi, Eugénie Grandet de Louise Bourgeois (Le Promeneur) et Amours secrètes d’un gentleman d’Edward Sellon (La Bourdonnaye). Au marché d’Aligre deux zones sont bien distinctes. A l’ombre cela va encore. Au soleil c’est insupportable. Le seul vendeur de livres est du mauvais côté.
Je déjeune dans un restaurant officiellement japonais dont je ne sais même pas le nom en ne buvant que de l’eau puis trouve une place à l’ombre dans le port de l’Arsenal. J’y poursuis la lecture d’Eurêka dans lequel Jacques Drillon analyse le verbe trouver depuis ses différentes racines jusqu’au moindre de ses dérivés. J’y trouve une citation de Raymond Queneau que je ne laisse pas passer : Il y a deux sortes d’arbres : le hêtre et le non-hêtre.
Le bus Vingt qui me rapproche du second Book-Off est en surchauffe. J’en sors dégoulinant et vais me rafraîchir au Bistrot d’Edmond où il n’y a guère de clientèle. Après avoir ajouté à mon butin du jour trois livres à un euro, dont Précepteur des Romanov (Le destin russe de Pierre Gilliard) de Daniel Girardin (Actes Sud), je retrouve Saint-Lazare où le train de dix-sept heures quarante-huit est heureusement un Corail mais sa fraîcheur initiale est vite mise à mal par le nombre de voyageuses et voyageurs.
J’arrive à Rouen avec l’impression d’avoir échappé au pire.
*
« Qu’ils viennent me chercher ! » fanfaronne Manu. Il n’en faut pas plus que soient mises en place des opérations « Allons chercher Macron ». Mieux que la chasse aux Pokémon.
*
Est-ce que son lourdaud de garde du corps préféré lui a rendu les clés de la maison du Touquet ? Il les aurait encore si Le Monde n’avait pas publié les noms du justicier de la Contrescarpe et de son comparse. Ce qui est intolérable ne le serait pas si ce n’était connu de tous.
*
-Moi je m’en fous, mais je trouve ça pathétique. (Une jeune femme à l’Arsenal, à propos de tout autre chose, les collègues)
La chaleur est dans le bus Vingt qui mène à la Bastille. Au Café du Faubourg, je lis dans Le Parisien que la canicule est partout, de la Grèce à la Suède, et que ça brûle dans ces deux pays avec des conséquences mortelles pour le premier.
Book-Off est climatisé. Parmi les livres à un euro je trouve Lettres à une jeune fille de Joë Bousquet (Grasset), L’Indifférent de Marcel Proust, (Gallimard), Moi, Eugénie Grandet de Louise Bourgeois (Le Promeneur) et Amours secrètes d’un gentleman d’Edward Sellon (La Bourdonnaye). Au marché d’Aligre deux zones sont bien distinctes. A l’ombre cela va encore. Au soleil c’est insupportable. Le seul vendeur de livres est du mauvais côté.
Je déjeune dans un restaurant officiellement japonais dont je ne sais même pas le nom en ne buvant que de l’eau puis trouve une place à l’ombre dans le port de l’Arsenal. J’y poursuis la lecture d’Eurêka dans lequel Jacques Drillon analyse le verbe trouver depuis ses différentes racines jusqu’au moindre de ses dérivés. J’y trouve une citation de Raymond Queneau que je ne laisse pas passer : Il y a deux sortes d’arbres : le hêtre et le non-hêtre.
Le bus Vingt qui me rapproche du second Book-Off est en surchauffe. J’en sors dégoulinant et vais me rafraîchir au Bistrot d’Edmond où il n’y a guère de clientèle. Après avoir ajouté à mon butin du jour trois livres à un euro, dont Précepteur des Romanov (Le destin russe de Pierre Gilliard) de Daniel Girardin (Actes Sud), je retrouve Saint-Lazare où le train de dix-sept heures quarante-huit est heureusement un Corail mais sa fraîcheur initiale est vite mise à mal par le nombre de voyageuses et voyageurs.
J’arrive à Rouen avec l’impression d’avoir échappé au pire.
*
« Qu’ils viennent me chercher ! » fanfaronne Manu. Il n’en faut pas plus que soient mises en place des opérations « Allons chercher Macron ». Mieux que la chasse aux Pokémon.
*
Est-ce que son lourdaud de garde du corps préféré lui a rendu les clés de la maison du Touquet ? Il les aurait encore si Le Monde n’avait pas publié les noms du justicier de la Contrescarpe et de son comparse. Ce qui est intolérable ne le serait pas si ce n’était connu de tous.
*
-Moi je m’en fous, mais je trouve ça pathétique. (Une jeune femme à l’Arsenal, à propos de tout autre chose, les collègues)
26 juillet 2018
Je découvre ce mardi matin que Philippe Dagen, journaliste au Monde, a fait le déplacement à Rouen pour visiter ABCDuchamp au Musée des Beaux-Arts Le titre de son article est sans pitié : Rouen maltraite Duchamp.
A sa lecture, je constate que la critique qu’il fait de cette exposition commémorative recoupe celle que j’en fis lors du vernissage.
Mais celles et ceux qui découvrent Duchamp ? Il faudrait pour les introduire à un artiste parmi les plus complexes et les plus cultivés que le parcours ne soit pas organisé absurdement par ordre alphabétique. écrit-il. Le procédé est peut-être "festif, interactif, ludique, convivial" comme le prétend le livret officiel, dans lequel on ne ménage pas les adjectifs à la mode, mais il est surtout snob et confus. Si le sous-titre de l’exposition est « L’expo pour comprendre Duchamp », ce doit donc être par antiphrase.
Puis, évoquant la scénographie :
A l’agacement que suscite cette fausse bonne idée (l’ordre alphabétique), irrespectueuse de l’artiste autant que du public, s’ajoute celui que provoque la présentation maniérée jusqu’au ridicule. Des tissus couleur sang de bœuf et vert billard, froissés ou lissés, descendent des plafonds ou drapent des socles sur lesquels les ready made sont posés comme s’il s’agissait de sculpture du XIXe siècle. Pliant…de voyage -l’étui noir d’une machine à écrire Underwood juché sur un pied métallique est traité comme on n’ose plus le faire d’une marbre grec ou néoclassique, et, de même, Roue de bicyclette. Difficile de faire pire dans le contresens visuel et intellectuel.
Sylvain Amic, Directeur des Musées de la ville de Rouen, et Joanne Snrech, co-commissaire de l’exposition, ont dû passer une excellente journée.
*
Au début de son article, Philippe Dagen regrette qu’il soit très peu question des frères et de la sœur de Marcel, et là je ne suis pas de son avis. D’une part, je les considère comme des artistes de seconde zone, qui seraient oubliés sans leur joueur d’échecs de frère. D’autre part, c’est Marcel, et lui seul, qui est mort en mil neuf cent soixante-huit, il y a cinquante ans.
A sa lecture, je constate que la critique qu’il fait de cette exposition commémorative recoupe celle que j’en fis lors du vernissage.
Mais celles et ceux qui découvrent Duchamp ? Il faudrait pour les introduire à un artiste parmi les plus complexes et les plus cultivés que le parcours ne soit pas organisé absurdement par ordre alphabétique. écrit-il. Le procédé est peut-être "festif, interactif, ludique, convivial" comme le prétend le livret officiel, dans lequel on ne ménage pas les adjectifs à la mode, mais il est surtout snob et confus. Si le sous-titre de l’exposition est « L’expo pour comprendre Duchamp », ce doit donc être par antiphrase.
Puis, évoquant la scénographie :
A l’agacement que suscite cette fausse bonne idée (l’ordre alphabétique), irrespectueuse de l’artiste autant que du public, s’ajoute celui que provoque la présentation maniérée jusqu’au ridicule. Des tissus couleur sang de bœuf et vert billard, froissés ou lissés, descendent des plafonds ou drapent des socles sur lesquels les ready made sont posés comme s’il s’agissait de sculpture du XIXe siècle. Pliant…de voyage -l’étui noir d’une machine à écrire Underwood juché sur un pied métallique est traité comme on n’ose plus le faire d’une marbre grec ou néoclassique, et, de même, Roue de bicyclette. Difficile de faire pire dans le contresens visuel et intellectuel.
Sylvain Amic, Directeur des Musées de la ville de Rouen, et Joanne Snrech, co-commissaire de l’exposition, ont dû passer une excellente journée.
*
Au début de son article, Philippe Dagen regrette qu’il soit très peu question des frères et de la sœur de Marcel, et là je ne suis pas de son avis. D’une part, je les considère comme des artistes de seconde zone, qui seraient oubliés sans leur joueur d’échecs de frère. D’autre part, c’est Marcel, et lui seul, qui est mort en mil neuf cent soixante-huit, il y a cinquante ans.
25 juillet 2018
Doda Conrad voulut d’abord être peintre puis il se découvrit un talent de chanteur lyrique (basse). Il eut une vie musicale et personnelle bien remplie, participant par exemple à la Libération de la France dans l’armée américaine, et rencontra nombre de célébrités dont pas mal de femmes de la noblesse dont il devint ami, ainsi la Reine de Belgique Elisabeth. Dodascalies, son livre de souvenirs est facile et agréable à lire. Il m’a procuré quelques soirées de plaisir dans la quiétude estivale du jardin.
Dans son ouvrage, publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-sept par Actes Sud alors qu’il était encore en vie pour quelques mois, Doda Conrad évoque le Théâtre des Arts de Rouen et son chef d’orchestre alors renommé. C’est à la fin des années Soixante, Doda Conrad est conseiller musical de l’ambassadeur des Etats-Unis en France. A ce titre, il se charge de monter Porgy and Bess de George Gershwin allant lui-même chercher outre-Atlantique les chanteurs noirs nécessaires :
La tournée débuta au Théâtre des Arts, à Rouen, le 31 octobre 1968, pour s’achever à Saint-Etienne le 5 février 1969 ; au total, plus de soixante-quinze représentations ! (…) A Rouen comme dans les autres villes, l’ambassadeur décida de faire de la première un évènement : cette triomphale tournée américaine n’allait-elle pas se prolonger pendant plus de trois mois à travers la France ?
Le nouvel ambassadeur, Sargent Shriver – beau-frère du président Kennedy – venait d’entrer en fonctions. Rouen fut son premier contact avec la province française. Le maire, Jean Lecanuet, ne manqua pas l’occasion pour marquer son territoire sur le plan de la politique internationale. Rouen fut donc le coup d’envoi d’un parcours sans faute, grâce, en grande partie, à la présence de Paul Ethuin, un chef d’orchestre d’envergure nationale dont la place aurait dû être à l’Opéra (où il ne fit hélas qu’un court passage !). A Rouen, théâtre de sa carrière, Ethuin finit par blanchir sous le harnais du Théâtre des Arts.
*
De ce Porgy and Bess, qui marqua l’apogée de mes fonctions de conseiller musical, je tire quelque fierté. ajoute Doda Conrad qui est souvent content de lui et a une petite tendance à se donner le beau rôle, ce qui me le rend sympathique. Il va falloir que je l’écoute chanter. Je n’avais jamais entendu parler de lui avant de trouver son livre à un euro chez Book-Off.
*
En annexe des Dodascalies de Doda Conrad, la narration par sa mère, Maria Freund, elle aussi chanteuse, de son internement au Camp de Drancy puis de son transfert à l’Hôpital Rothschild suite à l’intervention d’amies proches des nazis, dont la princesse Hélène Soutzo, la femme de Paul Morand, hôpital d’où elle s’échappa pour se cacher à la campagne jusqu’à la fin de la guerre.
Dans son ouvrage, publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-sept par Actes Sud alors qu’il était encore en vie pour quelques mois, Doda Conrad évoque le Théâtre des Arts de Rouen et son chef d’orchestre alors renommé. C’est à la fin des années Soixante, Doda Conrad est conseiller musical de l’ambassadeur des Etats-Unis en France. A ce titre, il se charge de monter Porgy and Bess de George Gershwin allant lui-même chercher outre-Atlantique les chanteurs noirs nécessaires :
La tournée débuta au Théâtre des Arts, à Rouen, le 31 octobre 1968, pour s’achever à Saint-Etienne le 5 février 1969 ; au total, plus de soixante-quinze représentations ! (…) A Rouen comme dans les autres villes, l’ambassadeur décida de faire de la première un évènement : cette triomphale tournée américaine n’allait-elle pas se prolonger pendant plus de trois mois à travers la France ?
Le nouvel ambassadeur, Sargent Shriver – beau-frère du président Kennedy – venait d’entrer en fonctions. Rouen fut son premier contact avec la province française. Le maire, Jean Lecanuet, ne manqua pas l’occasion pour marquer son territoire sur le plan de la politique internationale. Rouen fut donc le coup d’envoi d’un parcours sans faute, grâce, en grande partie, à la présence de Paul Ethuin, un chef d’orchestre d’envergure nationale dont la place aurait dû être à l’Opéra (où il ne fit hélas qu’un court passage !). A Rouen, théâtre de sa carrière, Ethuin finit par blanchir sous le harnais du Théâtre des Arts.
*
De ce Porgy and Bess, qui marqua l’apogée de mes fonctions de conseiller musical, je tire quelque fierté. ajoute Doda Conrad qui est souvent content de lui et a une petite tendance à se donner le beau rôle, ce qui me le rend sympathique. Il va falloir que je l’écoute chanter. Je n’avais jamais entendu parler de lui avant de trouver son livre à un euro chez Book-Off.
*
En annexe des Dodascalies de Doda Conrad, la narration par sa mère, Maria Freund, elle aussi chanteuse, de son internement au Camp de Drancy puis de son transfert à l’Hôpital Rothschild suite à l’intervention d’amies proches des nazis, dont la princesse Hélène Soutzo, la femme de Paul Morand, hôpital d’où elle s’échappa pour se cacher à la campagne jusqu’à la fin de la guerre.
24 juillet 2018
Il y a cinq mois, je passe à la pharmacie du Drugstore, dont je suis un habitué, afin de prendre un renouvellement des gouttes que je dois mettre chaque soir dans mes yeux.
-Votre Carte Vitale ne passe pas, me dit la rousse pharmacienne. Il faut que vous alliez la remettre à jour à la borne qui est là-bas.
Elle me la montre, à l’autre bout de la pharmacie, près de la porte secondaire.
-Jusqu’à présent, c’était vous qui faisiez ça, lui dis-je. Vous aviez le terminal à côté de la caisse.
-Maintenant, c’est à vous de le faire, me répond-elle. Il y a un début à tout.
En pestant, je pose mes sacs puis vais faire le nécessaire à l’extrémité de ce qui ressemble à un couloir empli de produits de beauté aussi chers qu’inutiles.
-Il y a un début à tout, me répète-t-elle quand je reviens.
-Ce ne sont pas les pharmacies qui manquent, lui dis-je après avoir récupéré mon médicament. J’irai donc ailleurs les prochaines fois. Il y a un début à tout.
Depuis, je fréquente la Pharmacie du Centre où on ne pas encore dit que ma Carte Vitale n’était plus à jour.
Fin mai, consultant Le Caldoche, cette revue annuelle qui donne le calendrier des vide greniers de la région, je constate que le mois de juin est manquant. On passe de la page cinquante à la page soixante-sept.
J’entre à la Maison de la Presse du Drugstore, dont je suis un client très irrégulier, où je l’ai acheté deux moïs plus tôt.
-Je vais regarder si c’est pareil pour les autres, me dit sa brune gérante.
C’est le cas. Tous les exemplaires ont le même manque.
-Je vais vous rembourser, me dit-elle, avant même que je lui demande si c’était possible.
Elle me tend un billet de cinq euros.
-Je m’excuse, ajoute-t-elle.
-Vous n’avez pas à vous excuser, lui dis-je après l’avoir remerciée. Vous n’y êtes pour rien.
Si j’ai une marchande de journaux à conseiller à Rouen, c’est celle du Drugstore, près de la fontaine de la Crosse.
*
Il y a un début à tout, le genre de maxime qui a le don de m’énerver.
-Votre Carte Vitale ne passe pas, me dit la rousse pharmacienne. Il faut que vous alliez la remettre à jour à la borne qui est là-bas.
Elle me la montre, à l’autre bout de la pharmacie, près de la porte secondaire.
-Jusqu’à présent, c’était vous qui faisiez ça, lui dis-je. Vous aviez le terminal à côté de la caisse.
-Maintenant, c’est à vous de le faire, me répond-elle. Il y a un début à tout.
En pestant, je pose mes sacs puis vais faire le nécessaire à l’extrémité de ce qui ressemble à un couloir empli de produits de beauté aussi chers qu’inutiles.
-Il y a un début à tout, me répète-t-elle quand je reviens.
-Ce ne sont pas les pharmacies qui manquent, lui dis-je après avoir récupéré mon médicament. J’irai donc ailleurs les prochaines fois. Il y a un début à tout.
Depuis, je fréquente la Pharmacie du Centre où on ne pas encore dit que ma Carte Vitale n’était plus à jour.
Fin mai, consultant Le Caldoche, cette revue annuelle qui donne le calendrier des vide greniers de la région, je constate que le mois de juin est manquant. On passe de la page cinquante à la page soixante-sept.
J’entre à la Maison de la Presse du Drugstore, dont je suis un client très irrégulier, où je l’ai acheté deux moïs plus tôt.
-Je vais regarder si c’est pareil pour les autres, me dit sa brune gérante.
C’est le cas. Tous les exemplaires ont le même manque.
-Je vais vous rembourser, me dit-elle, avant même que je lui demande si c’était possible.
Elle me tend un billet de cinq euros.
-Je m’excuse, ajoute-t-elle.
-Vous n’avez pas à vous excuser, lui dis-je après l’avoir remerciée. Vous n’y êtes pour rien.
Si j’ai une marchande de journaux à conseiller à Rouen, c’est celle du Drugstore, près de la fontaine de la Crosse.
*
Il y a un début à tout, le genre de maxime qui a le don de m’énerver.
© 2014 Michel Perdrial - Design: Bureau l’Imprimante