Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
16 juin 2023
Peu de temps avant de quitter mon studio Air Bibi afin de prendre le car BreizhGo direction Paimpol pour en descendre à l’arrêt Bréhec Plage, je me rends compte que cet arrêt n’est pas desservi par les cars du retour avant dix-huit heures quatorze. Sauf le mercredi, où on peut prendre un car scolaire jusqu’à Plouha puis le car numéro Un dans ce bourg. Nous sommes jeudi.
Au lieu de prendre le car, je descends à pied jusqu’à la plage du Casino mais Le Fournil du Casino est en congé le jeudi et Le Mustang ne propose pas de viennoiseries. Aussi, je me rends au Kreisker, un hôtel bar tabac proche, avec terrasse. A une des tables au soleil, je petit-déjeune d’un pain au chocolat et d’un café allongé pour deux euros quatre-vingt-dix.
En face est la Crêperie de la Plage (qui ne donne pas sur la plage). Ou plutôt était, car le bâtiment est éventré et échafaudé. On y fait de sérieux travaux. Je demande à le patronne du Kreisker si elle rouvrira ensuite. Non, ce sera un opticien. J’ai une pensée pour l’ami d’Orléans qui a fréquenté cette crêperie.
A l’angle, toujours droit comme un i, se trouve le bâtiment le plus kitsch de Saint-Quay. De couleur rose, aussi haut que mince, doté d’une tourelle et d’une haute cheminée, il a pour nom Ty Huel. A son rez-de-chaussée est installé un fabricant de pizzas à emporter qui ouvre de temps en temps. Je fais deux photos de cette kitscherie, face et profil.
C’est la fin de l’improvisation. La suite est habituelle et se résume à trois étapes : Poisson Rouge, Plaisanciers, Café de la Plage. C’est peut-être la journée la plus chaude depuis mon arrivée ici. Bien que ce ne soit rien en comparaison des températures ayant cours ailleurs en France, cela diminue mon envie de bouger.
Ce qui fait que je lis trop. J’ai fini Diderot, ses Lettres à Sophie Volland. Je vois en lui un précurseur des Romantiques. Quel amoureux transi il était, notre philosophe.
*
Encornets à l’armoricaine à la terrasse des Plaisanciers où déjà m’entourent trop de vacanciers. A une table : Génération Cinquante en deux exemplaires. A une autre table : un gros chien. Ceux qui n’ont ni enfant ni chien donnent à manger aux moineaux.
*
De beaux imparfaits du subjonctif chez Denis Diderot.
Deux exemples :
Cela m’est arrivé sans que je m’en doutasse.
Je voudrais que vous m’aimassiez comme je vous aime.
Au lieu de prendre le car, je descends à pied jusqu’à la plage du Casino mais Le Fournil du Casino est en congé le jeudi et Le Mustang ne propose pas de viennoiseries. Aussi, je me rends au Kreisker, un hôtel bar tabac proche, avec terrasse. A une des tables au soleil, je petit-déjeune d’un pain au chocolat et d’un café allongé pour deux euros quatre-vingt-dix.
En face est la Crêperie de la Plage (qui ne donne pas sur la plage). Ou plutôt était, car le bâtiment est éventré et échafaudé. On y fait de sérieux travaux. Je demande à le patronne du Kreisker si elle rouvrira ensuite. Non, ce sera un opticien. J’ai une pensée pour l’ami d’Orléans qui a fréquenté cette crêperie.
A l’angle, toujours droit comme un i, se trouve le bâtiment le plus kitsch de Saint-Quay. De couleur rose, aussi haut que mince, doté d’une tourelle et d’une haute cheminée, il a pour nom Ty Huel. A son rez-de-chaussée est installé un fabricant de pizzas à emporter qui ouvre de temps en temps. Je fais deux photos de cette kitscherie, face et profil.
C’est la fin de l’improvisation. La suite est habituelle et se résume à trois étapes : Poisson Rouge, Plaisanciers, Café de la Plage. C’est peut-être la journée la plus chaude depuis mon arrivée ici. Bien que ce ne soit rien en comparaison des températures ayant cours ailleurs en France, cela diminue mon envie de bouger.
Ce qui fait que je lis trop. J’ai fini Diderot, ses Lettres à Sophie Volland. Je vois en lui un précurseur des Romantiques. Quel amoureux transi il était, notre philosophe.
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Encornets à l’armoricaine à la terrasse des Plaisanciers où déjà m’entourent trop de vacanciers. A une table : Génération Cinquante en deux exemplaires. A une autre table : un gros chien. Ceux qui n’ont ni enfant ni chien donnent à manger aux moineaux.
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De beaux imparfaits du subjonctif chez Denis Diderot.
Deux exemples :
Cela m’est arrivé sans que je m’en doutasse.
Je voudrais que vous m’aimassiez comme je vous aime.
15 juin 2023
Ce mercredi, une nouvelle fois, je descends du car BreizhGo à l’arrêt Estran de Binic mais je change de boulangerie, en ayant découvert une deuxième vers la plage de la Banche. Je prends deux pains au chocolat pour deux euros trente. Ils ont l’air meilleur que ceux de l’autre boulangerie, proche de l’église. J’en ai confirmation au Narval où j’ai commandé un café allongé. Il y a du monde dans ce troquet mais guère d’ambiance. Le Narval, c’est le Mustang de Saint-Quay, moins la vie.
Cette fois, j’entreprends de faire le tour du port rectangulaire par la digue séparant celui-ci de la plage rectiligne de la Banche. On n’y trouve que des bateaux de plaisance. Arrivé à moitié, passé ce qui ressemble à une grosse bite à bout rouge, je regarde ce qui se passe côté plage où du bruit se fait entendre. Une pelleteuse cure la piscine d’eau de mer tandis qu’un homme avec une pelle en gratte les parois. « C’est rempli de vase depuis l’temps », déclare l’un des ouvriers. Ça sent bien la vase effectivement.
Arrivé au bout de cette partie du port, je passe de l’autre côté par une sorte d’écluse puis marche sur l’autre digue jusqu’au phare. Je termine par un petit tour sur l’autre plage (on y trouve quelques cabines à portes colorées) que l’on atteint par le tunnel dans la roche et me voici revenant par le quai où sont concentrés bars et restaurants.
Je m’assois à la terrasse ombragée du bar à bières Chez Charly pour un café verre d’eau. Je lis là Diderot, les lettres à sa Sophie, puis paie un euro soixante-dix à la serveuse filiforme à djine troué et passe par les toilettes. Elles sont chics, munies de miroirs qui me rendent multiple. J’ai du mal à supporter mon image de vieux dans un miroir mais bizarrement quand je suis plusieurs cela va mieux. Je fais une photo de ce bénéfique effet d’optique.
Pour déjeuner, je vais à côté, au restaurant La Sentinelle qui affiche un menu du jour à seize euros et dont la carte porte un texte d’Anna Gavalda en faveur des cuisiniers et des autres travailleurs invisibles et indispensables. J’ai une table à l’intérieur près de la vitre ouverte avec vue sur le bout du port. Le jeune patron est aussi sympathique que dynamique et son personnel efficace et souriant. Une petite bouteille de cidre brut Val de Rance à cinq euros accompagne mon choix : tabaki de thon maison, mignon rôti crème de brie, sabayon de pommes, tout cela cuisiné et bon.
-Je vous ai vu prendre des petites notes, me dit l’aimable patron en me serrant la main quand je quitte les lieux.
-J’ai noté le menu et d’autres choses parce que je raconte mon séjour dans la région.
-Donc vous allez parler du restaurant, en bien j’espère.
-Oui, lui réponds-je.
Il ne cherche pas à en savoir plus.
Le car BreizhGo qui me ramène à Saint-Quay me dépose près du Café de la Plage. Il est quatorze heures. C’est le moment de mon café perché.
*
Dans la boîte à livres près de la passerelle : Le Club du suicide de Robert Louis Stevenson (folio). Il passe dans ma poche.
*
Ma voisine sexagénaire du bar Chez Charly à sa semblable : « J’en ai eu pour la mémoire. Je me rappelle plus le nom. » Elle parle d’une huile essentielle qu’avait dit le docteur sur YouTube.
Ça a l’air efficace.
*
Des autochtones à propos du soleil :
-Ça va durer jusqu’à dimanche, après c’est fini.
-Faut qui fasse de l’eau.
-Va falloir qu’ils prennent un ciré, les touristes.
*
La piscine d’eau de mer de Binic, aussi rectangulaire que son port.
Cette fois, j’entreprends de faire le tour du port rectangulaire par la digue séparant celui-ci de la plage rectiligne de la Banche. On n’y trouve que des bateaux de plaisance. Arrivé à moitié, passé ce qui ressemble à une grosse bite à bout rouge, je regarde ce qui se passe côté plage où du bruit se fait entendre. Une pelleteuse cure la piscine d’eau de mer tandis qu’un homme avec une pelle en gratte les parois. « C’est rempli de vase depuis l’temps », déclare l’un des ouvriers. Ça sent bien la vase effectivement.
Arrivé au bout de cette partie du port, je passe de l’autre côté par une sorte d’écluse puis marche sur l’autre digue jusqu’au phare. Je termine par un petit tour sur l’autre plage (on y trouve quelques cabines à portes colorées) que l’on atteint par le tunnel dans la roche et me voici revenant par le quai où sont concentrés bars et restaurants.
Je m’assois à la terrasse ombragée du bar à bières Chez Charly pour un café verre d’eau. Je lis là Diderot, les lettres à sa Sophie, puis paie un euro soixante-dix à la serveuse filiforme à djine troué et passe par les toilettes. Elles sont chics, munies de miroirs qui me rendent multiple. J’ai du mal à supporter mon image de vieux dans un miroir mais bizarrement quand je suis plusieurs cela va mieux. Je fais une photo de ce bénéfique effet d’optique.
Pour déjeuner, je vais à côté, au restaurant La Sentinelle qui affiche un menu du jour à seize euros et dont la carte porte un texte d’Anna Gavalda en faveur des cuisiniers et des autres travailleurs invisibles et indispensables. J’ai une table à l’intérieur près de la vitre ouverte avec vue sur le bout du port. Le jeune patron est aussi sympathique que dynamique et son personnel efficace et souriant. Une petite bouteille de cidre brut Val de Rance à cinq euros accompagne mon choix : tabaki de thon maison, mignon rôti crème de brie, sabayon de pommes, tout cela cuisiné et bon.
-Je vous ai vu prendre des petites notes, me dit l’aimable patron en me serrant la main quand je quitte les lieux.
-J’ai noté le menu et d’autres choses parce que je raconte mon séjour dans la région.
-Donc vous allez parler du restaurant, en bien j’espère.
-Oui, lui réponds-je.
Il ne cherche pas à en savoir plus.
Le car BreizhGo qui me ramène à Saint-Quay me dépose près du Café de la Plage. Il est quatorze heures. C’est le moment de mon café perché.
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Dans la boîte à livres près de la passerelle : Le Club du suicide de Robert Louis Stevenson (folio). Il passe dans ma poche.
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Ma voisine sexagénaire du bar Chez Charly à sa semblable : « J’en ai eu pour la mémoire. Je me rappelle plus le nom. » Elle parle d’une huile essentielle qu’avait dit le docteur sur YouTube.
Ça a l’air efficace.
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Des autochtones à propos du soleil :
-Ça va durer jusqu’à dimanche, après c’est fini.
-Faut qui fasse de l’eau.
-Va falloir qu’ils prennent un ciré, les touristes.
*
La piscine d’eau de mer de Binic, aussi rectangulaire que son port.
14 juin 2023
On parle ragots ce mardi matin au Mustang. Le patron sait qu’il y en a sur son compte mais il s’en bat les couilles. Il est un peu énervé. C’est qu’il n’a pas que des soucis avec les Gendarmes en ce moment. Question médisances, l’habitué en chef donne en exemple sa femme qui fait partie de celles qui se retrouvent à L’Ecume, « une vraie conciergerie ». Personnellement, je ne dis jamais un mot.
Mon café allongé bu, je retourne voir de près la piscine d’eau de mer qui, comme tout Saint-Quay, est dans le brouillard ce matin. Quoi de plus facile que de faire le tour de son mur d’enceinte maintenant qu’il est muni d’un garde-corps. C’est toujours étrange de constater qu’il suffit de savoir qu’on a désormais de quoi se rattraper pour que l’on marche aisément là où deux jours plus tôt on craignait de mettre un pied devant l’autre. Arrivé au plongeoir, j’y grimpe et m’avance à demi sur sa planche. Sur l’esplanade qui domine ce grand bain se trouvent trois branlotin(e)s qui tardent à rejoindre le Collège Stella Maris. Je m’attends à ce qu’elles et lui me crient de sauter, mais non. Je fais une photo et redescends. D’un point de vue esthétique, je la préfère sans cet élément de sécurité.
Quand j’arrive au Vieux Port, il est huit heures trente et encore une fois Le Poisson Rouge est déjà ouvert. Peu après mon installation, le brouillard se lève et le soleil apparaît. Deux travailleurs peignent une bande cyclable sur la chaussée avant l’arrivée des estivants. Je reste un bon moment à lire et entends le patron dire qu’il va fermer pour quelques jours avant l’arrivée des touristes. Lui aussi veut prendre des vacances. Je le comprends mais ça ne m’arrange pas.
Comme l’endroit est aussi une crêperie, je choisis d’y déjeuner. Une formule galette complète, crêpe caramel beurre salé et café est proposée pour onze euros quatre-vingt-dix. La galette est fort bonne, la crêpe correcte. Je les accompagne du contenu d’une petite bouteille de cidre artisanal Sorre à quatre euros.
Peu de monde en terrasse du Café de la Plage vers treize heures, je peux disposer de ma table haute préférée. Depuis ce perchoir, je fais aussi surveillant de baignade. Il y a toujours quelques jolies filles sur lesquelles veiller.
*
Ce garde-corps était présent en juillet deux mille vingt, m’apprend l’ami d’Orléans, photo à l’appui. Il est donc démonté après l’été puis réinstallé à la mi-juin. Cela permet de l’économiser (marées et tempêtes ne sont pas bonnes pour lui) et de curer le fond du bassin à la pelleteuse.
*
Record mondial de la plus longue chenille qui redémarre lors de l’Armada. Rouen mérite vraiment d’être la future Capitale Européenne de la Culture.
Mon café allongé bu, je retourne voir de près la piscine d’eau de mer qui, comme tout Saint-Quay, est dans le brouillard ce matin. Quoi de plus facile que de faire le tour de son mur d’enceinte maintenant qu’il est muni d’un garde-corps. C’est toujours étrange de constater qu’il suffit de savoir qu’on a désormais de quoi se rattraper pour que l’on marche aisément là où deux jours plus tôt on craignait de mettre un pied devant l’autre. Arrivé au plongeoir, j’y grimpe et m’avance à demi sur sa planche. Sur l’esplanade qui domine ce grand bain se trouvent trois branlotin(e)s qui tardent à rejoindre le Collège Stella Maris. Je m’attends à ce qu’elles et lui me crient de sauter, mais non. Je fais une photo et redescends. D’un point de vue esthétique, je la préfère sans cet élément de sécurité.
Quand j’arrive au Vieux Port, il est huit heures trente et encore une fois Le Poisson Rouge est déjà ouvert. Peu après mon installation, le brouillard se lève et le soleil apparaît. Deux travailleurs peignent une bande cyclable sur la chaussée avant l’arrivée des estivants. Je reste un bon moment à lire et entends le patron dire qu’il va fermer pour quelques jours avant l’arrivée des touristes. Lui aussi veut prendre des vacances. Je le comprends mais ça ne m’arrange pas.
Comme l’endroit est aussi une crêperie, je choisis d’y déjeuner. Une formule galette complète, crêpe caramel beurre salé et café est proposée pour onze euros quatre-vingt-dix. La galette est fort bonne, la crêpe correcte. Je les accompagne du contenu d’une petite bouteille de cidre artisanal Sorre à quatre euros.
Peu de monde en terrasse du Café de la Plage vers treize heures, je peux disposer de ma table haute préférée. Depuis ce perchoir, je fais aussi surveillant de baignade. Il y a toujours quelques jolies filles sur lesquelles veiller.
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Ce garde-corps était présent en juillet deux mille vingt, m’apprend l’ami d’Orléans, photo à l’appui. Il est donc démonté après l’été puis réinstallé à la mi-juin. Cela permet de l’économiser (marées et tempêtes ne sont pas bonnes pour lui) et de curer le fond du bassin à la pelleteuse.
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Record mondial de la plus longue chenille qui redémarre lors de l’Armada. Rouen mérite vraiment d’être la future Capitale Européenne de la Culture.
13 juin 2023
Le calme règne au Mustang ce lundi matin, où ne sont présents quand j’y entre que l’habitué en chef, un autre habitué et le patron. Pourtant ce dernier n’est pas serein. Hier matin, à huit heures et demie, les Gendarmes ont déboulé sur sa terrasse emplie de jeunesse saoule. Il aimerait bien savoir qui a appelé les flics. Sûrement un client du vendeur d’huîtres. Il y avait un apprenti Gendarme parmi les jeunes excités. Heureusement, il avait un café devant lui lors du contrôle. « Oh, je risque pas grand-chose, un rappel à la loi ou un rappel à l’ordre. C’est la première fois que ça m’arrive, en quatre ans. »
Mon allongé bu, je mets le cap sur le port du Portrieux par le chemin habituel. J’ai la surprise de trouver Le Poisson Rouge ouvert à huit heures et demie. Le marché du bout du quai y est pour quelque chose. Pourtant, ce n’est pas avant dix heures que s’y retrouvent les porteuses de sacs de courses hebdomadaires. C’est le moment où je m’en vais. Mes pas me mènent au-delà du marché, dans la zone nommée Pôle Nautique Sud Goëlo où l’on trouve des chantiers navals et une école de voile. Une femme, assise sur la digue, seule face la mer, y médite. Si tant est que l’on puisse méditer avec des écouteurs dans les oreilles et un smartphone dans les mains.
Vers onze heures et demie, alors que je traverse à nouveau ce marché, le soleil fait une brutale apparition. « Ça va cogner », annonce une autochtone. Il fait vite chaud effectivement et à midi, aux Plaisanciers, si je mange en terrasse, c’est sous un parasol. Le plat du jour est saucisse avec écrasé de pommes de terre.
Un vent léger souffle devant le Café de la Plage. Il me permet le soleil à la deuxième table haute pour lire après avoir bu un café. A côté, à celle que je préfère, est un couple qui a commandé à manger. « Attention aux mouettes », leur dit la serveuse quand elle apporte leurs plats. Je pense que ce sont plutôt des goélands mais qu’importe. Deux minutes plus tard en arrive un qui se pose sur la rambarde, tout près d’eux. Elle le prend en photo puis il le chasse. Il revient. Il le chasse plus vigoureusement. Peu après, surgi d’on ne sait où, l’oiseau fond sur l’assiette de la femme, se saisit de son pavé de bœuf et file avec. Elle n’a eu que le temps de crier. Aucun verre n’a été renversé.
L’animal s’est posé à dix mètres et réussit à ingurgiter l’énorme morceau de viande volée. Il disparaît. La femme n’a plus que des légumes à manger. Elle raconte sa mésaventure au serveur qui vient les voir quand ils ont terminé. « On nous avait prévenus pourtant. » Il propose de lui refaire un pavé de bœuf mais elle refuse et ils commandent un café.
Quand ils quittent leur table, je vois mieux la piscine d’eau de mer et je n’en crois pas mes yeux. Son mur d’enceinte est désormais entouré d’un garde-corps qui permet d’y circuler sans craindre la chute.
Mon allongé bu, je mets le cap sur le port du Portrieux par le chemin habituel. J’ai la surprise de trouver Le Poisson Rouge ouvert à huit heures et demie. Le marché du bout du quai y est pour quelque chose. Pourtant, ce n’est pas avant dix heures que s’y retrouvent les porteuses de sacs de courses hebdomadaires. C’est le moment où je m’en vais. Mes pas me mènent au-delà du marché, dans la zone nommée Pôle Nautique Sud Goëlo où l’on trouve des chantiers navals et une école de voile. Une femme, assise sur la digue, seule face la mer, y médite. Si tant est que l’on puisse méditer avec des écouteurs dans les oreilles et un smartphone dans les mains.
Vers onze heures et demie, alors que je traverse à nouveau ce marché, le soleil fait une brutale apparition. « Ça va cogner », annonce une autochtone. Il fait vite chaud effectivement et à midi, aux Plaisanciers, si je mange en terrasse, c’est sous un parasol. Le plat du jour est saucisse avec écrasé de pommes de terre.
Un vent léger souffle devant le Café de la Plage. Il me permet le soleil à la deuxième table haute pour lire après avoir bu un café. A côté, à celle que je préfère, est un couple qui a commandé à manger. « Attention aux mouettes », leur dit la serveuse quand elle apporte leurs plats. Je pense que ce sont plutôt des goélands mais qu’importe. Deux minutes plus tard en arrive un qui se pose sur la rambarde, tout près d’eux. Elle le prend en photo puis il le chasse. Il revient. Il le chasse plus vigoureusement. Peu après, surgi d’on ne sait où, l’oiseau fond sur l’assiette de la femme, se saisit de son pavé de bœuf et file avec. Elle n’a eu que le temps de crier. Aucun verre n’a été renversé.
L’animal s’est posé à dix mètres et réussit à ingurgiter l’énorme morceau de viande volée. Il disparaît. La femme n’a plus que des légumes à manger. Elle raconte sa mésaventure au serveur qui vient les voir quand ils ont terminé. « On nous avait prévenus pourtant. » Il propose de lui refaire un pavé de bœuf mais elle refuse et ils commandent un café.
Quand ils quittent leur table, je vois mieux la piscine d’eau de mer et je n’en crois pas mes yeux. Son mur d’enceinte est désormais entouré d’un garde-corps qui permet d’y circuler sans craindre la chute.
12 juin 2023
Encore un dimanche où il va faire beau. Je traverse un bourg désert dans lequel ne se font entendre que les oiseaux. Jusqu’à ce que j’approche du Mustang. A deux cents mètres du troquet, j’entends vociférer. Jamais je n’ai vu autant de viande saoule sur la terrasse. Pas envie de supporter ça. J’achète deux crêpes au Fournil du Casino et vais les manger sur un banc au-dessus de la piscine d’eau de mer qui fut creusée dans la roche en quatre mois l’année mil neuf cent-vingt-neuf.
Je descends la voir de près et m’engage sur son mur d’enceinte en direction du plongeoir. Ce n’est pas large, suffisamment pour que je marche en sécurité, mais quand je suis à mi-parcours, je me mets à craindre la chute, soit dans l’eau soit sur les rochers, ce qui me serait fatal dans l’un ou l’autre cas. Aussi, je pivote lentement sur moi-même et reviens vers sa base. Dommage, j’aurais aimé faire une photo du haut du plongeoir, qui est plus élevé que je ne pensais. A l’origine, il y en avait un autre, à double niveau. Quelques accidents plus tard, il a été remplacé par l’actuel.
Remonté sur le chemin de randonnée, je me rends au Port d’Armor et vais boire un café allongé à la terrasse de L’Ecume.
Et ce n’est qu’à dix heures et demie que je peux m’installer à la terrasse du Poisson Rouge qui ouvre quand il veut.
Avant qu’il ne soit midi, je passe au Fournil de Saint-Quay. J’y achète un sandouiche poulet crudités et une tarte aux abricots pour six euros vingt, les mets dans mon sac à dos et rejoins Le Mustang qui a heureusement changé de clientèle. C’est le jour de la formule huîtres.
Elle m’est servie par Audrey, la serveuse qui plaît à tout le monde. Je suis déçu par deux de ces huîtres qui sont minuscules. Aussi quand je lui tends un billet de dix euros et qu’elle m’en rend deux, bien que je lui ai rappelé la semaine dernière qu’avec le pain et le beurre, c’est huit euros cinquante, je trouve ça juste.
Je mange mon sandouiche poulet crudités et ma tarte aux abricot au-dessus de la Grève Noire. Derrière moi passent des marcheurs à bâtons et des promeneurs de chiens.
-Ne tire pas, il arrive ton père, dit une sexagénaire à son animal.
-Papa est là, confirme le mari en les rattrapant.
En ce jour où il y a un peu de monde à Saint-Quay je réussis quand même à disposer de ma table haute au Café de la Plage. Grâce à un motard qui s’en est servi de porte-blouson. Personne avant moi n’ayant osé lui demander de l’enlever.
*
Le Cinéma Arletty est inscrit aux monuments historiques. Il a été conçu par l'architecte Jean Fauny et fut inauguré en mil neuf cent vingt-sept par Joséphine Baker qui passait ses vacances à Saint-Quay. (ai-je appris par Ouiquipédia)
Je descends la voir de près et m’engage sur son mur d’enceinte en direction du plongeoir. Ce n’est pas large, suffisamment pour que je marche en sécurité, mais quand je suis à mi-parcours, je me mets à craindre la chute, soit dans l’eau soit sur les rochers, ce qui me serait fatal dans l’un ou l’autre cas. Aussi, je pivote lentement sur moi-même et reviens vers sa base. Dommage, j’aurais aimé faire une photo du haut du plongeoir, qui est plus élevé que je ne pensais. A l’origine, il y en avait un autre, à double niveau. Quelques accidents plus tard, il a été remplacé par l’actuel.
Remonté sur le chemin de randonnée, je me rends au Port d’Armor et vais boire un café allongé à la terrasse de L’Ecume.
Et ce n’est qu’à dix heures et demie que je peux m’installer à la terrasse du Poisson Rouge qui ouvre quand il veut.
Avant qu’il ne soit midi, je passe au Fournil de Saint-Quay. J’y achète un sandouiche poulet crudités et une tarte aux abricots pour six euros vingt, les mets dans mon sac à dos et rejoins Le Mustang qui a heureusement changé de clientèle. C’est le jour de la formule huîtres.
Elle m’est servie par Audrey, la serveuse qui plaît à tout le monde. Je suis déçu par deux de ces huîtres qui sont minuscules. Aussi quand je lui tends un billet de dix euros et qu’elle m’en rend deux, bien que je lui ai rappelé la semaine dernière qu’avec le pain et le beurre, c’est huit euros cinquante, je trouve ça juste.
Je mange mon sandouiche poulet crudités et ma tarte aux abricot au-dessus de la Grève Noire. Derrière moi passent des marcheurs à bâtons et des promeneurs de chiens.
-Ne tire pas, il arrive ton père, dit une sexagénaire à son animal.
-Papa est là, confirme le mari en les rattrapant.
En ce jour où il y a un peu de monde à Saint-Quay je réussis quand même à disposer de ma table haute au Café de la Plage. Grâce à un motard qui s’en est servi de porte-blouson. Personne avant moi n’ayant osé lui demander de l’enlever.
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Le Cinéma Arletty est inscrit aux monuments historiques. Il a été conçu par l'architecte Jean Fauny et fut inauguré en mil neuf cent vingt-sept par Joséphine Baker qui passait ses vacances à Saint-Quay. (ai-je appris par Ouiquipédia)
11 juin 2023
Encore de la jeunesse saoule, filles et garçons, en terrasse du Mustang quand j’y arrive ce samedi. Ils sont connus des habitués venant boire un café qui leur disent bonjour en arrivant, comme si tout était normal. Le patron les ressert en verres de bière et verres de rosé. Il fait doux ce matin, mais je choisis de petit-déjeuner à l’intérieur pour être tranquille.
Par le sentier du bord de mer, je rejoins les ports. Face à l’ancien est Le Poisson Rouge. Il annonce une « ouverture exceptionnelle », à onze heures. Je vais marcher sur la grosse pince de Port d’Armor.
Un seul côté de ce nouveau port est accessible aux piétons et pas jusqu’au bout. Cette pince enserre de nombreux bateaux de loisir et les bateaux des pécheurs professionnels. Ces derniers semblent petits au cœur de cette installation qui bien que démesurée ne dénature pas trop le paysage. Ce Port d’Armor est le lieu de transformation de la pêche. Des entrepôts partent de nombreux camions. Plusieurs restaurants y sont implantés, dont Les Plaisanciers.
C’est à la terrasse de ce dernier que je m’installe vers dix heures pour boire un café à un euro cinquante et lire des lettres de Diderot avec vue sur les préparatifs des plongeurs et la file d’attente des bateaux de plaisance devant l’unique pompe de gasoil.
Au fur de ma lecture, la température baisse, aussi je choisis l’intérieur pour déjeuner. J’opte pour le filet de tacaud beurre de betterave risotto aux champignons. Le samedi est le jour des familles de vieilles et vieux. Comme apéritif, certains commandent un pétillant.
Le temps s’est amélioré lorsque j’en sors vers treize heures. Entre la pharmacie et la Poste, le beau Cinéma Arletty a allumé son enseigne. Il doit y avoir une séance cette après-midi. Arrivé au Café de la Plage, le soleil a gagné la partie. La table haute que je convoite est libre. J’y poursuis ma lecture, un œil sur la mer qui essaie ses plus beaux bleus.
*
Il n’y a vraiment qu’en Bretagne que je vois les cafetiers resservir systématiquement de l’alcool à une clientèle déjà saoule. La jeune Iris, à Lanester, l’a payé de sa vie. Celui qui l’a violée puis tuée n’a eu qu’à la ramasser par terre.
Ni ceux qui lui ont resservi à boire alors qu’elle était ivre, ni ceux qui l’ont accompagnée dans cette beuverie puis laissée seule (parmi lesquels son beau-frère) n’auront de comptes à rendre.
Par le sentier du bord de mer, je rejoins les ports. Face à l’ancien est Le Poisson Rouge. Il annonce une « ouverture exceptionnelle », à onze heures. Je vais marcher sur la grosse pince de Port d’Armor.
Un seul côté de ce nouveau port est accessible aux piétons et pas jusqu’au bout. Cette pince enserre de nombreux bateaux de loisir et les bateaux des pécheurs professionnels. Ces derniers semblent petits au cœur de cette installation qui bien que démesurée ne dénature pas trop le paysage. Ce Port d’Armor est le lieu de transformation de la pêche. Des entrepôts partent de nombreux camions. Plusieurs restaurants y sont implantés, dont Les Plaisanciers.
C’est à la terrasse de ce dernier que je m’installe vers dix heures pour boire un café à un euro cinquante et lire des lettres de Diderot avec vue sur les préparatifs des plongeurs et la file d’attente des bateaux de plaisance devant l’unique pompe de gasoil.
Au fur de ma lecture, la température baisse, aussi je choisis l’intérieur pour déjeuner. J’opte pour le filet de tacaud beurre de betterave risotto aux champignons. Le samedi est le jour des familles de vieilles et vieux. Comme apéritif, certains commandent un pétillant.
Le temps s’est amélioré lorsque j’en sors vers treize heures. Entre la pharmacie et la Poste, le beau Cinéma Arletty a allumé son enseigne. Il doit y avoir une séance cette après-midi. Arrivé au Café de la Plage, le soleil a gagné la partie. La table haute que je convoite est libre. J’y poursuis ma lecture, un œil sur la mer qui essaie ses plus beaux bleus.
*
Il n’y a vraiment qu’en Bretagne que je vois les cafetiers resservir systématiquement de l’alcool à une clientèle déjà saoule. La jeune Iris, à Lanester, l’a payé de sa vie. Celui qui l’a violée puis tuée n’a eu qu’à la ramasser par terre.
Ni ceux qui lui ont resservi à boire alors qu’elle était ivre, ni ceux qui l’ont accompagnée dans cette beuverie puis laissée seule (parmi lesquels son beau-frère) n’auront de comptes à rendre.
10 juin 2023
Ce vendredi matin, chez les habitués du Mustang on parle d’un qui a l’air bizarre, qui lui aussi parle tout seul et parfois se balade tout nu, on sait pas, il pourrait faire un truc comme ça, y a pas qu’ailleurs que ça arrive. C’est rapport au cinglé qui a poignardé des enfants en bas-âge à Annecy.
Quand je suis arrivé, il ne pleuvait pas encore. Quand je ressors, quelques gouttes tombent. Pas de quoi mettre ma capuche quand je marche sur mon chemin habituel. Une lueur rose embellit l’horizon. Je fais une photo du sémaphore, de loin car c’est interdit, terrain militaire, puis une d’un pêcheur au bout des rochers, nul ne le dérangera en lui demandant si ça mord.
Le Poisson Rouge a déployé son auvent. J’y lis les premières lettres de Diderot à Sophie Volland qui avait avec l’une de ses sœurs des rapports très particuliers. Parfois la pluie s’accroit puis elle se calme avant de reprendre. Je cherche le bon moment pour partir. Difficile de savoir si dans cinq minutes, il pleuvra davantage ou moins. Je réussis mon coup car, arrivé à la hauteur de la pharmacie, je peux baisser ma capuche. A la boulangerie du milieu, Le Fournil de Saint-Quay, j’achète un sandouiche rustique et une demi-baguette tradition pour accompagner le fromage que j’ai à mon logis provisoire. De l’orage est annoncé dans l’après-midi, le mieux est que je rentre sans être saucer.
Vers quatorze heures trente j’entends qu’on fait le ménage dans l’Air Bibi du dessous où un jeune couple bruyant a passé une seule nuit qui leur a coûté quatre-vingt-dix-huit euros (quarante-sept euros de location, trente-cinq euros de ménage, quatorze euros de frais Air Bibi et deux euros de taxe de séjour). A ce prix, mieux vaut aller à l’hôtel. Ce ménage dure moins d’une heure.
A seize heures doit passer mon logeur afin de m’apporter des draps propres pour la suite de mon séjour. J’ai dû insister pour les obtenir. Ce n’était pas prévu. Je ne le vois pas venir. Je voulais profiter de sa présence pour lui dire que mon sommeil de la nuit dernière a encore une fois été troublé par les occupants de son Air Bibi du dessous et aussi que je subis chaque soir le bruit engendré par celui qui habite au deuxième étage. Quand je le contacte par message, il me répond que le sac avec les draps a été mis devant ma porte par la personne qui faisait le ménage. Pour le manque d’isolation phonique, il espère que ça ne gâche pas mon séjour à Saint-Quay.
L’orage non plus ne passe pas. Il se contente de gronder au loin vers dix huit heures.
*
Un fait divers, et hop, Darmanin, Borne ou Macron filent sur place. Où seront-ils demain ? Cette dérive a commencé avec Sarkozy. L’opposition n’est pas en reste. Mélenchon déclare qu’il a le cœur en miettes.
Quand je suis arrivé, il ne pleuvait pas encore. Quand je ressors, quelques gouttes tombent. Pas de quoi mettre ma capuche quand je marche sur mon chemin habituel. Une lueur rose embellit l’horizon. Je fais une photo du sémaphore, de loin car c’est interdit, terrain militaire, puis une d’un pêcheur au bout des rochers, nul ne le dérangera en lui demandant si ça mord.
Le Poisson Rouge a déployé son auvent. J’y lis les premières lettres de Diderot à Sophie Volland qui avait avec l’une de ses sœurs des rapports très particuliers. Parfois la pluie s’accroit puis elle se calme avant de reprendre. Je cherche le bon moment pour partir. Difficile de savoir si dans cinq minutes, il pleuvra davantage ou moins. Je réussis mon coup car, arrivé à la hauteur de la pharmacie, je peux baisser ma capuche. A la boulangerie du milieu, Le Fournil de Saint-Quay, j’achète un sandouiche rustique et une demi-baguette tradition pour accompagner le fromage que j’ai à mon logis provisoire. De l’orage est annoncé dans l’après-midi, le mieux est que je rentre sans être saucer.
Vers quatorze heures trente j’entends qu’on fait le ménage dans l’Air Bibi du dessous où un jeune couple bruyant a passé une seule nuit qui leur a coûté quatre-vingt-dix-huit euros (quarante-sept euros de location, trente-cinq euros de ménage, quatorze euros de frais Air Bibi et deux euros de taxe de séjour). A ce prix, mieux vaut aller à l’hôtel. Ce ménage dure moins d’une heure.
A seize heures doit passer mon logeur afin de m’apporter des draps propres pour la suite de mon séjour. J’ai dû insister pour les obtenir. Ce n’était pas prévu. Je ne le vois pas venir. Je voulais profiter de sa présence pour lui dire que mon sommeil de la nuit dernière a encore une fois été troublé par les occupants de son Air Bibi du dessous et aussi que je subis chaque soir le bruit engendré par celui qui habite au deuxième étage. Quand je le contacte par message, il me répond que le sac avec les draps a été mis devant ma porte par la personne qui faisait le ménage. Pour le manque d’isolation phonique, il espère que ça ne gâche pas mon séjour à Saint-Quay.
L’orage non plus ne passe pas. Il se contente de gronder au loin vers dix huit heures.
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Un fait divers, et hop, Darmanin, Borne ou Macron filent sur place. Où seront-ils demain ? Cette dérive a commencé avec Sarkozy. L’opposition n’est pas en reste. Mélenchon déclare qu’il a le cœur en miettes.
9 juin 2023
Les cars BreizhGo qui font la liaison Saint-Brieuc Paimpol (ligne numéro Un) ne sont pas des plus récents. J’ai l’impression qu’on y met ceux en fin de course. Certains n’annoncent pas les arrêts. Il faut donc avoir l’œil. Ce jeudi matin, dès que je devine les ruines, je sonne. Le chauffeur me dépose à l’arrêt Eglise à Kérity, logiquement situé devant l’église Saint-Samson. Elle n’a rien de remarquable.
Je remonte la route où circulent trop de voitures et camions jusqu’à trouver le sentier goudronné qui mène à l’abbaye de Beauport. A l’entrée de cet accès est une belle boîte à livres dont j’ouvre les portes. A l’intérieur, près de la daube habituelle, un certain nombre de livres neufs, de la poésie (elle ne se vend pas alors diffusons-la gratuitement). Il y a là des numéros de la revue Rumeurs, des hommages à Pasolini et à Boris Vian (pour son centenaire) et des recueils de divers auteurs publiés à La Passe du Vent. Je parcours tout ça, c’est mauvais.
Rien de plus avantageux pour une abbaye que d’être en ruine. Celle de Beauport l’est à moitié. Le soleil qui est de sortie me fait face, gênant pour les photos. Je la contourne en descendant vers la mer et trouve dans un pré, devant les bâtiments, des bovins qui se la coulent douce. L’un d’eux n’est pas couché, il est vautré. Au loin j’aperçois la pointe de Guilben. Nous sommes ici à Paimpol, dont Kérity est un quartier. Autrefois, c’était une commune indépendante. Jeanne Weber, tueuse en série, surnommée « l’Ogresse de la Goutte d’Or » y est née.
L’abbaye de Beauport se visite en payant mais ce n’est pas mon intention. Je remonte sur la route. La Crêperie de l’Abbaye n’est pas encore ouverte, je ne peux savoir si son intérieur m’inspirerait pour y déjeuner, et le seul troquet, le Cruckin Bar, ne me tente pas pour un café. Je consulte les horaires du car de retour et je vois qu’il y en a un dans cinq minutes à neuf heures quarante-cinq.
Ce qui me permet d’être sur mon perchoir du Café de la Plage à dix heures vingt-cinq. J’y termine Lettres d’Afrique de Karen Blixen, une relecture qui m’a enchanté. J’enchaîne avec Lettres à Sophie Volland de Denis Diderot, début d’une autre relecture.
A midi je déjeune à l’intérieur, du menu du jour à dix-neuf euros, œuf parfait bio crème au lard, burgueur de poisson pané maison sauce citron confit (hélas trop sec), moelleux au chocolat maison glace vanille, puis retrouve ma table haute dehors pour le café. A Rouen c’est le début de L’Armada, un évènement auquel je suis fort content d’échapper.
*
Parmi les livres de poésie de la boîte à livres de Kérity, Eparpillés de Cali (Editions Invenit). Un jour, il a quitté l’Hôtel de l’Europe où il logeait à Rouen avec un livre tiré de ma bibliothèque, des poésies de Guillaume Apollinaire. La comparaison est cruelle.
Je remonte la route où circulent trop de voitures et camions jusqu’à trouver le sentier goudronné qui mène à l’abbaye de Beauport. A l’entrée de cet accès est une belle boîte à livres dont j’ouvre les portes. A l’intérieur, près de la daube habituelle, un certain nombre de livres neufs, de la poésie (elle ne se vend pas alors diffusons-la gratuitement). Il y a là des numéros de la revue Rumeurs, des hommages à Pasolini et à Boris Vian (pour son centenaire) et des recueils de divers auteurs publiés à La Passe du Vent. Je parcours tout ça, c’est mauvais.
Rien de plus avantageux pour une abbaye que d’être en ruine. Celle de Beauport l’est à moitié. Le soleil qui est de sortie me fait face, gênant pour les photos. Je la contourne en descendant vers la mer et trouve dans un pré, devant les bâtiments, des bovins qui se la coulent douce. L’un d’eux n’est pas couché, il est vautré. Au loin j’aperçois la pointe de Guilben. Nous sommes ici à Paimpol, dont Kérity est un quartier. Autrefois, c’était une commune indépendante. Jeanne Weber, tueuse en série, surnommée « l’Ogresse de la Goutte d’Or » y est née.
L’abbaye de Beauport se visite en payant mais ce n’est pas mon intention. Je remonte sur la route. La Crêperie de l’Abbaye n’est pas encore ouverte, je ne peux savoir si son intérieur m’inspirerait pour y déjeuner, et le seul troquet, le Cruckin Bar, ne me tente pas pour un café. Je consulte les horaires du car de retour et je vois qu’il y en a un dans cinq minutes à neuf heures quarante-cinq.
Ce qui me permet d’être sur mon perchoir du Café de la Plage à dix heures vingt-cinq. J’y termine Lettres d’Afrique de Karen Blixen, une relecture qui m’a enchanté. J’enchaîne avec Lettres à Sophie Volland de Denis Diderot, début d’une autre relecture.
A midi je déjeune à l’intérieur, du menu du jour à dix-neuf euros, œuf parfait bio crème au lard, burgueur de poisson pané maison sauce citron confit (hélas trop sec), moelleux au chocolat maison glace vanille, puis retrouve ma table haute dehors pour le café. A Rouen c’est le début de L’Armada, un évènement auquel je suis fort content d’échapper.
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Parmi les livres de poésie de la boîte à livres de Kérity, Eparpillés de Cali (Editions Invenit). Un jour, il a quitté l’Hôtel de l’Europe où il logeait à Rouen avec un livre tiré de ma bibliothèque, des poésies de Guillaume Apollinaire. La comparaison est cruelle.
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