Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
22 décembre 2022
Par temps doux je rejoins Paris ce mercredi. Il a plu et il va pleuvoir mais quand le bus Vingt-Neuf me dépose à Bastille Beaumarchais, je n’ai pas à sortir mon parapluie.
Aussi vais-je au Marché d’Aligre où les deux principaux marchands de livres sont présents. Chez le mieux fourni, dont les livres sont rangés de façon à ce qu’en apparaisse le dos, je trouve Virginia Woolf et Vanessa Bell Une très intime conspiration de Jane Dunn (Editions Autrement), Chroniques parisiennes d’Alfonso Reyes (Librairie Séguier) et Evadées du harem Affaire d’Etat et féminisme à Constantinople (1906) d’Alain Quella-Villéger (André Versailles éditeur), les trois pour cinq euros. Chez l’autre, dont les livres sont en vrac, flotte à la surface Almanach des Quatre Saisons d’Alexandre Vialatte (Julliard) qui devient mien contre deux euros.
Me voilà bien chargé alors qu’il n’est pas encore dix heures. Après un café au Faubourg, j’explore les rayonnages à un euro du Book-Off d’à côté. Là aussi la pêche est bonne : Notre lâcheté d’Alain Berthier (Le Dilettante), Mémoires du célèbre nain Joseph Boruwlaski, gentilhomme polonais (Flammarion), Presque invisible de Mark Strand (Vif Editions), A travers les grandes plaines Une jeune institutrice à la conquête de l’Ouest correspondance de Sarah Raymond Herndon (Payot) et Wilhelm Reich par sa femme Ilse Ollendorff Reich (Pierre Belfond).
Avec le métro je rejoins Châtelet et, en me salissant un peu les doigts, explore les bacs de livres d’extérieur du Boulinier de la place Joachim-du-Bellay. Comment résister à l’envie d’acheter vingt centimes Toutes à tuer de Patricia Highsmith illustré par Topor (Julliard). Je ne m’arrête pas là. A l’intérieur, sans chercher beaucoup, je mets la main sur deux livres à trois euros cinquante : Lucette Destouches, épouse Céline de Véronique Robert-Chovin (Grasset) et Vie et travaux du R.P. Cruchard et autres inédits de Gustave Flaubert (Publications des Universités de Rouen et du Havre).
Mon sac à dos est bien lourd quand j’entre au restaurant Chez Vigouroux. Sa formule entrée plat est toujours à treize euros cinquante (moins coûteuse que le plat seul, jamais vu ça ailleurs). J’opte pour les rillettes d’oie et le confit de canard frites maison (une rareté désormais, assez moyen). En cuisine s’active un immigré. Au service, ce sont un volubile un peu trop attentif et une grande blonde un peu distante. La clientèle est un mélange de locaux et de touristes. Un groupe de provinciaux en chemin vers le Louvre s’étonne du prix raisonnable des sandouiches, « C’est comme chez nous ». Un comédien au téléphone tient à ce que tout le monde sache qu’il joue dans une pièce de théâtre (il doit se croire essentiel).
A l’issue, je rejoins le Book-Off de la rue Saint-Martin. Parmi les livres à un euro du sous-sol, je trouve plus qu’il n’est raisonnable : Le Père Noël supplicié de Claude Lévi-Strauss (Seuil), Dimanche au Mont-Valérien d’Alain Defossé (Joca Seria), Lettres à William Short de la duchesse de La Rochefoucauld (Mercure de France), Lettres de Michel de Montaigne (Arléa), ainsi que trois ouvrages pornographiques Chroniques scandaleuses de Terrèbre de Léo Barthe (Ginkgo), La Reine des Zoulous de Jacques Almira (Mercure de France) et Les Malheurs d’Angéla de Nicolas Stoecklin (Editions Sabine Fournier). Quand je quitte les lieux, en plus d’un sac à dos plein, j’ai au bout d’un bras un sac en plastique tout aussi lourd.
Chargé comme un baudet, par la ligne Quatorze, je rejoins le troisième Book-Off, celui de Quatre-Septembre, où heureusement, parmi les livres à un euro, je ne trouve pour moi que A pied et à voix haute de Marc Roger (HB Editions).
Quand aurai- je le temps de lire tout ça ?
Aussi vais-je au Marché d’Aligre où les deux principaux marchands de livres sont présents. Chez le mieux fourni, dont les livres sont rangés de façon à ce qu’en apparaisse le dos, je trouve Virginia Woolf et Vanessa Bell Une très intime conspiration de Jane Dunn (Editions Autrement), Chroniques parisiennes d’Alfonso Reyes (Librairie Séguier) et Evadées du harem Affaire d’Etat et féminisme à Constantinople (1906) d’Alain Quella-Villéger (André Versailles éditeur), les trois pour cinq euros. Chez l’autre, dont les livres sont en vrac, flotte à la surface Almanach des Quatre Saisons d’Alexandre Vialatte (Julliard) qui devient mien contre deux euros.
Me voilà bien chargé alors qu’il n’est pas encore dix heures. Après un café au Faubourg, j’explore les rayonnages à un euro du Book-Off d’à côté. Là aussi la pêche est bonne : Notre lâcheté d’Alain Berthier (Le Dilettante), Mémoires du célèbre nain Joseph Boruwlaski, gentilhomme polonais (Flammarion), Presque invisible de Mark Strand (Vif Editions), A travers les grandes plaines Une jeune institutrice à la conquête de l’Ouest correspondance de Sarah Raymond Herndon (Payot) et Wilhelm Reich par sa femme Ilse Ollendorff Reich (Pierre Belfond).
Avec le métro je rejoins Châtelet et, en me salissant un peu les doigts, explore les bacs de livres d’extérieur du Boulinier de la place Joachim-du-Bellay. Comment résister à l’envie d’acheter vingt centimes Toutes à tuer de Patricia Highsmith illustré par Topor (Julliard). Je ne m’arrête pas là. A l’intérieur, sans chercher beaucoup, je mets la main sur deux livres à trois euros cinquante : Lucette Destouches, épouse Céline de Véronique Robert-Chovin (Grasset) et Vie et travaux du R.P. Cruchard et autres inédits de Gustave Flaubert (Publications des Universités de Rouen et du Havre).
Mon sac à dos est bien lourd quand j’entre au restaurant Chez Vigouroux. Sa formule entrée plat est toujours à treize euros cinquante (moins coûteuse que le plat seul, jamais vu ça ailleurs). J’opte pour les rillettes d’oie et le confit de canard frites maison (une rareté désormais, assez moyen). En cuisine s’active un immigré. Au service, ce sont un volubile un peu trop attentif et une grande blonde un peu distante. La clientèle est un mélange de locaux et de touristes. Un groupe de provinciaux en chemin vers le Louvre s’étonne du prix raisonnable des sandouiches, « C’est comme chez nous ». Un comédien au téléphone tient à ce que tout le monde sache qu’il joue dans une pièce de théâtre (il doit se croire essentiel).
A l’issue, je rejoins le Book-Off de la rue Saint-Martin. Parmi les livres à un euro du sous-sol, je trouve plus qu’il n’est raisonnable : Le Père Noël supplicié de Claude Lévi-Strauss (Seuil), Dimanche au Mont-Valérien d’Alain Defossé (Joca Seria), Lettres à William Short de la duchesse de La Rochefoucauld (Mercure de France), Lettres de Michel de Montaigne (Arléa), ainsi que trois ouvrages pornographiques Chroniques scandaleuses de Terrèbre de Léo Barthe (Ginkgo), La Reine des Zoulous de Jacques Almira (Mercure de France) et Les Malheurs d’Angéla de Nicolas Stoecklin (Editions Sabine Fournier). Quand je quitte les lieux, en plus d’un sac à dos plein, j’ai au bout d’un bras un sac en plastique tout aussi lourd.
Chargé comme un baudet, par la ligne Quatorze, je rejoins le troisième Book-Off, celui de Quatre-Septembre, où heureusement, parmi les livres à un euro, je ne trouve pour moi que A pied et à voix haute de Marc Roger (HB Editions).
Quand aurai- je le temps de lire tout ça ?
20 décembre 2022
De tous mes rendez-vous médicaux de la saison automne hiver, il en est un que je redoute. Celui que j’ai ce lundi à quinze heures quinze au Centre d’Imagerie Médicale des Beaux-Arts pour une échographie de la prostate demandée par mon urologue.
« Vous boirez un demi-litre d’eau une heure avant de venir et vous n’allez pas aux toilettes ensuite », m’a dit la secrétaire quand j’ai pris rendez-vous.
Comme si j’en étais capable, alors que précisément mon problème est d’avoir trop souvent envie d’aller aux toilettes et que le traitement que je prends depuis cinq mois ne fait pas effet. « Vous reboirez avant de partir de chez vous », m’a conseillé mon médecin traitant. Ce que je fais.
Le radiologue appelle mon nom un peu avant l’heure prévue. « Tournez le verrou derrière vous, me dit-il, c’est mieux qu’on ne soit pas dérangé pour ce genre d’examen. »
Il commence par m’examiner de l’extérieur avec une douchette puis m’envoie dans des toilettes annexées à son cabinet. « La lumière est sur la gauche, vous pissez et vous revenez me voir. »
C’est le moment de m’enfoncer une caméra dans le fondement. « Je vous mets du gel et puis j’y vais. » C’est un peu douloureux, moins que je craignais.
Quand c’est terminé, je lui demande ce qu’il en est. Rien de grave, c’est à dire pas de cancer (je le savais déjà) mais une prostate trop grosse, d’où mon problème. Il me renvoie en salle d’attente et dans dix minutes j’aurai son compte-rendu. Il en est ainsi et à quinze heures trente, ce mauvais moment est derrière moi.
*
Un homme sympathique et sûr de lui ce radiologue, guère moins âgé que moi. De tous les spécialistes que j’ai dû consulter depuis que je suis vieux, et donc déglingué, c’est le premier à m’avoir demandé : « Qu’est-ce-que vous faisiez de beau avant la retraite ? ».
*
Chez les jeunes médecins, toujours l’impression de n’être qu’un organe. En plus, je doute de leur compétence.
« Vous boirez un demi-litre d’eau une heure avant de venir et vous n’allez pas aux toilettes ensuite », m’a dit la secrétaire quand j’ai pris rendez-vous.
Comme si j’en étais capable, alors que précisément mon problème est d’avoir trop souvent envie d’aller aux toilettes et que le traitement que je prends depuis cinq mois ne fait pas effet. « Vous reboirez avant de partir de chez vous », m’a conseillé mon médecin traitant. Ce que je fais.
Le radiologue appelle mon nom un peu avant l’heure prévue. « Tournez le verrou derrière vous, me dit-il, c’est mieux qu’on ne soit pas dérangé pour ce genre d’examen. »
Il commence par m’examiner de l’extérieur avec une douchette puis m’envoie dans des toilettes annexées à son cabinet. « La lumière est sur la gauche, vous pissez et vous revenez me voir. »
C’est le moment de m’enfoncer une caméra dans le fondement. « Je vous mets du gel et puis j’y vais. » C’est un peu douloureux, moins que je craignais.
Quand c’est terminé, je lui demande ce qu’il en est. Rien de grave, c’est à dire pas de cancer (je le savais déjà) mais une prostate trop grosse, d’où mon problème. Il me renvoie en salle d’attente et dans dix minutes j’aurai son compte-rendu. Il en est ainsi et à quinze heures trente, ce mauvais moment est derrière moi.
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Un homme sympathique et sûr de lui ce radiologue, guère moins âgé que moi. De tous les spécialistes que j’ai dû consulter depuis que je suis vieux, et donc déglingué, c’est le premier à m’avoir demandé : « Qu’est-ce-que vous faisiez de beau avant la retraite ? ».
*
Chez les jeunes médecins, toujours l’impression de n’être qu’un organe. En plus, je doute de leur compétence.
19 décembre 2022
Foutu dimanche, le froid, l’approche de Noël et la fin du Mondial de foute en font le jour le plus détestable de l’année.
Je le commence par un court passage au Marché du Clos Saint-Marc. Un cœur de neufchâtel et une tradigraine sont mes seuls achats.
Pas question de ressortir ensuite, le spectacle des Eurois, des Cauchois et des locaux s’agitant comme fourmis dans les rues de Rouen à la recherche de cadeaux qui pour beaucoup ne feront pas plaisir me déprime.
Dans l’après-midi, la pluie est là à l’heure du match dont depuis trois jours on nous rebat les oreilles. Sur France Culture, La Série musicale de Zoé Sfeiz a pour thème Le tango, l’éternel retour. Plaisir d’entendre entre autres Gotan Project, Nat King Cole, Boby Lapointe, Jeanne Moreau, Léo Ferré et Lili Boniche.
Les gouttes résonnent toujours sur mon toit quand « le match » s’achève par la défaite des joueurs de l’équipe de France. Il n’y a donc pas que le résultat pour doucher les supporteurs locaux. J’entends éclater quelques pétards mouillés puis le silence règne dans les rues.
Cette soirée permet de vérifier ce dont on se doutait : rares sont les Argentins qui résident à Rouen.
*
« Mais dis donc maman, ça ne fait pas plus de six mois que tu as reçu ta dernière dose de rappel ?
Ne t’en fais pas, ma fille, j’ai pris rendez-vous mercredi, avec ton père. »
Ce dialogue sur fond de bruit de couverts est un message radiophonique gouvernemental destiné à promouvoir le rappel de vaccination contre le Covid.
Il m’insupporte.
D’abord, parce qu’il légitime le fait qu’à partir d’un certain âge les enfants s’instaurent les parents de leurs parents.
Ensuite, parce qu’il perpétue l’idée que dans un couple, la femme se charge de prendre les rendez-vous de son mari.
*
« j’ai pris rendez-vous mercredi, avec ton père » et non pas « j’ai pris rendez-vous mercredi avec ton père ». A moins que ce dernier soit médecin, infirmier ou pharmacien. (De l’utilité de la virgule.)
Je le commence par un court passage au Marché du Clos Saint-Marc. Un cœur de neufchâtel et une tradigraine sont mes seuls achats.
Pas question de ressortir ensuite, le spectacle des Eurois, des Cauchois et des locaux s’agitant comme fourmis dans les rues de Rouen à la recherche de cadeaux qui pour beaucoup ne feront pas plaisir me déprime.
Dans l’après-midi, la pluie est là à l’heure du match dont depuis trois jours on nous rebat les oreilles. Sur France Culture, La Série musicale de Zoé Sfeiz a pour thème Le tango, l’éternel retour. Plaisir d’entendre entre autres Gotan Project, Nat King Cole, Boby Lapointe, Jeanne Moreau, Léo Ferré et Lili Boniche.
Les gouttes résonnent toujours sur mon toit quand « le match » s’achève par la défaite des joueurs de l’équipe de France. Il n’y a donc pas que le résultat pour doucher les supporteurs locaux. J’entends éclater quelques pétards mouillés puis le silence règne dans les rues.
Cette soirée permet de vérifier ce dont on se doutait : rares sont les Argentins qui résident à Rouen.
*
« Mais dis donc maman, ça ne fait pas plus de six mois que tu as reçu ta dernière dose de rappel ?
Ne t’en fais pas, ma fille, j’ai pris rendez-vous mercredi, avec ton père. »
Ce dialogue sur fond de bruit de couverts est un message radiophonique gouvernemental destiné à promouvoir le rappel de vaccination contre le Covid.
Il m’insupporte.
D’abord, parce qu’il légitime le fait qu’à partir d’un certain âge les enfants s’instaurent les parents de leurs parents.
Ensuite, parce qu’il perpétue l’idée que dans un couple, la femme se charge de prendre les rendez-vous de son mari.
*
« j’ai pris rendez-vous mercredi, avec ton père » et non pas « j’ai pris rendez-vous mercredi avec ton père ». A moins que ce dernier soit médecin, infirmier ou pharmacien. (De l’utilité de la virgule.)
17 décembre 2022
C’est un petit carnet gris dont les premières pages, où l’on a écrit, sont agrafées ensemble. Les suivantes sont vierges (comme on dit).
Quand j’ôte l’agrafe, je découvre une écriture que j’oserai qualifier de féminine et, à différentes pages, lis ceci :
« Mardi 5 Mai 2020
Liste de résolutions à faire
Etablir le planning des dépenses du mois »
« Démarrage du roman le 15 mai
4 romans en 3 mois »
« A chaque pose apprendre une langue
5 jours pour apprendre les bases de l’espagnol
Apprendre le latin et le grec comme une gymnastique du cerveau »
« Ecrire est une passion, rédiger est un métier
De ce fait, je dois prendre ma plume »
« Afin de ne pas perdre la main, je vais donc rédiger des mots tous les jours, et alors je finirai par tuer mon bp. Ce n’est pas l’envie qui m’en manque, croyez-moi mais plutôt comme une force de la nature. De ce fait, je n’en peux plus.
Il faut écrire pour ne pas sombrer dans la folie. Je vais sombrer dans la folie.
Je vais finir par tuer quelqu'un.
De ce fait, prendre les armes, adieu la plume.
Qu’importe la soirée, je vais au pays du soleil.
Je n’ai plus de patience.
Je n’ai plus de patience.
Pourtant il faut s’armer.
Il faut s’armer de patience.
Je vais le tuer.
Je vais tuer quelqu'un.
Jour du seigneur, mais je vais le tuer.
En fait, cet homme est inutile
Il ne sert à rien, mais à rien
Et je dois le supporter – car il fait partie de ma famille.
Je vais me barrer. »
« Ceci est mon carnet d’écriture
J’aime bien avoir différents carnets. Ecrire plusieurs histoires en même temps
Ce stylo est magique. Maintenant je sais que ce stylo est magique.
J’avais peur des mots. »
Suivent des listes de courses et de tâches à faire.
J’ai trouvé ce carnet dans une boîte à livres rouennaise.
*
Symptomatique de confondre la pause avec la pose.
*
« et alors je finirai par tuer mon bp. », son beau-père peut-être.
Quand j’ôte l’agrafe, je découvre une écriture que j’oserai qualifier de féminine et, à différentes pages, lis ceci :
« Mardi 5 Mai 2020
Liste de résolutions à faire
Etablir le planning des dépenses du mois »
« Démarrage du roman le 15 mai
4 romans en 3 mois »
« A chaque pose apprendre une langue
5 jours pour apprendre les bases de l’espagnol
Apprendre le latin et le grec comme une gymnastique du cerveau »
« Ecrire est une passion, rédiger est un métier
De ce fait, je dois prendre ma plume »
« Afin de ne pas perdre la main, je vais donc rédiger des mots tous les jours, et alors je finirai par tuer mon bp. Ce n’est pas l’envie qui m’en manque, croyez-moi mais plutôt comme une force de la nature. De ce fait, je n’en peux plus.
Il faut écrire pour ne pas sombrer dans la folie. Je vais sombrer dans la folie.
Je vais finir par tuer quelqu'un.
De ce fait, prendre les armes, adieu la plume.
Qu’importe la soirée, je vais au pays du soleil.
Je n’ai plus de patience.
Je n’ai plus de patience.
Pourtant il faut s’armer.
Il faut s’armer de patience.
Je vais le tuer.
Je vais tuer quelqu'un.
Jour du seigneur, mais je vais le tuer.
En fait, cet homme est inutile
Il ne sert à rien, mais à rien
Et je dois le supporter – car il fait partie de ma famille.
Je vais me barrer. »
« Ceci est mon carnet d’écriture
J’aime bien avoir différents carnets. Ecrire plusieurs histoires en même temps
Ce stylo est magique. Maintenant je sais que ce stylo est magique.
J’avais peur des mots. »
Suivent des listes de courses et de tâches à faire.
J’ai trouvé ce carnet dans une boîte à livres rouennaise.
*
Symptomatique de confondre la pause avec la pose.
*
« et alors je finirai par tuer mon bp. », son beau-père peut-être.
15 décembre 2022
Un bruit de perceuse se fait entendre derrière mon mur côté rue ce mercredi en fin d’après-midi. Il fait trop froid pour que j’ouvre la fenêtre afin de m’informer. Ce jeudi matin, je constate la présence, à côté de l’interphone, d’une boîte à clés.
Un appartement de la copropriété devient une location Air Bibi. J’espère que ce n’est pas celui qui jouxte le mien. Son locataire est parti pendant mon séjour à Toulon. Depuis, une jeune femme blonde y a fait des apparitions, des ouvriers aussi, mais à ce jour personne n’y vit, d’où un silence appréciable.
L’ensemble de la copropriété est calme en ce moment. Sauf ce mercredi soir où l’un des voisins de l’autre côté du jardin a fait venir des peutes à lui pour voir « le match » en buvant d’la bière. C’est quand ils ouvrent la fenêtre pour fumer que je les entends.
J’entends aussi les grosses explosions de pétards des fanatiques agglomérés devant le O’Kallaghan’s. Le Préfet a l’air malin avec son arrêté d’interdiction.
*
Il y a déjà un logement Air Bibi dans le coin, au sous-sol du bâtiment en face de chez moi, là où vivait jadis une petite anorexique dont j’avais fait la connaissance. Il est loué régulièrement, sans nuisance le plus souvent.
Sauf récemment, quand l’occupant n’a rien trouvé de mieux que de déposer ses poubelles dans la ruelle où aucun camion d’éboueurs ne peut évidemment passer. Comme il a répété l’opération plusieurs jours de suite, cela a fini par faire un joli tas d’ordures. Certains embrumés de la nuit aggravant le désordre en explosant les sacs et en choutant dans les bouteilles de bière vides. J’ai fini par signaler ça à la Métropole via Internet. Un accusé de réception automatique m’a dit qu’on allait me répondre.
Je n’ai pas reçu de réponse et rien n’a été fait. L’affaire a été réglée par un employé municipal qui passait par hasard dans la venelle.
*
Une Dieppoise de vingt-quatre ans filmée sous la douche par des caméras cachées dans un réveil et dans une multiprise, ça c’est dans un autre Air Bibi rouennais, rue Saint-Gervais.
Un appartement de la copropriété devient une location Air Bibi. J’espère que ce n’est pas celui qui jouxte le mien. Son locataire est parti pendant mon séjour à Toulon. Depuis, une jeune femme blonde y a fait des apparitions, des ouvriers aussi, mais à ce jour personne n’y vit, d’où un silence appréciable.
L’ensemble de la copropriété est calme en ce moment. Sauf ce mercredi soir où l’un des voisins de l’autre côté du jardin a fait venir des peutes à lui pour voir « le match » en buvant d’la bière. C’est quand ils ouvrent la fenêtre pour fumer que je les entends.
J’entends aussi les grosses explosions de pétards des fanatiques agglomérés devant le O’Kallaghan’s. Le Préfet a l’air malin avec son arrêté d’interdiction.
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Il y a déjà un logement Air Bibi dans le coin, au sous-sol du bâtiment en face de chez moi, là où vivait jadis une petite anorexique dont j’avais fait la connaissance. Il est loué régulièrement, sans nuisance le plus souvent.
Sauf récemment, quand l’occupant n’a rien trouvé de mieux que de déposer ses poubelles dans la ruelle où aucun camion d’éboueurs ne peut évidemment passer. Comme il a répété l’opération plusieurs jours de suite, cela a fini par faire un joli tas d’ordures. Certains embrumés de la nuit aggravant le désordre en explosant les sacs et en choutant dans les bouteilles de bière vides. J’ai fini par signaler ça à la Métropole via Internet. Un accusé de réception automatique m’a dit qu’on allait me répondre.
Je n’ai pas reçu de réponse et rien n’a été fait. L’affaire a été réglée par un employé municipal qui passait par hasard dans la venelle.
*
Une Dieppoise de vingt-quatre ans filmée sous la douche par des caméras cachées dans un réveil et dans une multiprise, ça c’est dans un autre Air Bibi rouennais, rue Saint-Gervais.
14 décembre 2022
La froidure toujours, à quoi doivent s’ajouter la neige ou le verglas, à Rouen comme à Paris. Telles sont les prévisions de Météo France pour mercredi. Cela me donne à réfléchir ce mardi soir. Y aller ou pas ? Quel risque de rester bloqué dans un train ? Finalement, je choisis d’annuler mes billets, qui me sont intégralement remboursés.
Au réveil, je constate qu’il floconne très légèrement et que ça ne dure pas. Pour ce qui est du froid, il est bien là.
Sans doute aurais-je pu faire le voyage sans souci, et sur place ne rien recevoir sur la tête. Au moins je ne me caillerai pas dans les rues parisiennes. Quels livres aurais-je trouvé pour me plaire ? Je ne le saurai jamais.
En conséquence, c’est au Socrate qu’en début d’après-midi, après avoir bu un café à un euro quarante, je lis Par les champs et par les grèves de Gustave Flaubert et Maxime Du Camp. Dans ce café, comme dans les autres, le chauffage est au minimum. On ne peut désormais trouver nulle part un endroit où avoir chaud.
Le patron fait ses plans pour le match de ce soir. « A sept heures, on ferme le tabac, on baisse les rideaux. On n’accepte que ceux que l’on connaît et qui ont réservé. » Bref, il a la pétoche.
Le Préfet aussi, qui a décrété l’interdiction de la vente et de l’usage des pétards et des feux d’artifice. Une décision qui sera sans effet.
*
« Je m’attendais à pire, y a rien » (commentaire d’un étudiant sur les réseaux sociaux à propos de la neige qui devait tomber sur la ville).
Au réveil, je constate qu’il floconne très légèrement et que ça ne dure pas. Pour ce qui est du froid, il est bien là.
Sans doute aurais-je pu faire le voyage sans souci, et sur place ne rien recevoir sur la tête. Au moins je ne me caillerai pas dans les rues parisiennes. Quels livres aurais-je trouvé pour me plaire ? Je ne le saurai jamais.
En conséquence, c’est au Socrate qu’en début d’après-midi, après avoir bu un café à un euro quarante, je lis Par les champs et par les grèves de Gustave Flaubert et Maxime Du Camp. Dans ce café, comme dans les autres, le chauffage est au minimum. On ne peut désormais trouver nulle part un endroit où avoir chaud.
Le patron fait ses plans pour le match de ce soir. « A sept heures, on ferme le tabac, on baisse les rideaux. On n’accepte que ceux que l’on connaît et qui ont réservé. » Bref, il a la pétoche.
Le Préfet aussi, qui a décrété l’interdiction de la vente et de l’usage des pétards et des feux d’artifice. Une décision qui sera sans effet.
*
« Je m’attendais à pire, y a rien » (commentaire d’un étudiant sur les réseaux sociaux à propos de la neige qui devait tomber sur la ville).
13 décembre 2022
S’il est un lieu où je devrais me rendre à pied, c’est le cabinet de ma podologue et pourtant ce mardi matin c’est avec un bus Teor d’abord, le métro ensuite, que je rejoins le Boulingrin. Deux raisons à cela, d’abord ça caille et plus important ma nouvelle paire de Doc ne s’est pas encore habituée à mes horribles pieds (ou l’inverse).
Il s’agit de renouveler mes semelles orthopédiques, comme cela doit se faire tous les ans. La première m’a été fort bénéfique. Toute cette année, plus jamais mal aux pieds.
L’aimable et souriante praticienne me soumet aux mêmes mesures que la fois précédente. Une image en couleur de mes points d’appui montre que ceux-ci n’ont pas changé. « C’est bien moi », lui dis-je. L’affaire est rondement menée. Il me reste à payer. Ce n’est pas donné et très mal remboursé.
Une fois la consultation réglée, la secrétaire me donne le second rendez-vous début janvier. D’ici là, la femme de l’art dans son atelier va les fabriquer.
Le ciel est bleu, l’air toujours glacial, quand je redescends vers chez moi. Pédestrement.
*
Encore une fois ma paire de Doc, pointure quarante-six, me fait souffrir aux talons. J’ai dû, comme l’an dernier, la confier au cordonnier de la rue Ganterie pour qu’il les allonge. Il y a un an cela m’avait coûté quatre euros, cette fois douze euros. Quand j’ai demandé la raison d’une pareille augmentation, l’employée m’a répondu : « Changement de direction ».
Il s’agit de renouveler mes semelles orthopédiques, comme cela doit se faire tous les ans. La première m’a été fort bénéfique. Toute cette année, plus jamais mal aux pieds.
L’aimable et souriante praticienne me soumet aux mêmes mesures que la fois précédente. Une image en couleur de mes points d’appui montre que ceux-ci n’ont pas changé. « C’est bien moi », lui dis-je. L’affaire est rondement menée. Il me reste à payer. Ce n’est pas donné et très mal remboursé.
Une fois la consultation réglée, la secrétaire me donne le second rendez-vous début janvier. D’ici là, la femme de l’art dans son atelier va les fabriquer.
Le ciel est bleu, l’air toujours glacial, quand je redescends vers chez moi. Pédestrement.
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Encore une fois ma paire de Doc, pointure quarante-six, me fait souffrir aux talons. J’ai dû, comme l’an dernier, la confier au cordonnier de la rue Ganterie pour qu’il les allonge. Il y a un an cela m’avait coûté quatre euros, cette fois douze euros. Quand j’ai demandé la raison d’une pareille augmentation, l’employée m’a répondu : « Changement de direction ».
12 décembre 2022
Ce n’est pas demain que la France cessera d’être à la traîne dans le domaine des libertés et que je pourrai avoir l’esprit un peu plus tranquille quant à ma fin de vie, le suicide assisté devenu possible. Macron n’est pas plus courageux que Hollande. Ainsi, lors de sa rencontre avec l’enjuponné du Vatican, il a été on ne peut plus faux-jeton : « Sur le sujet de la fin de vie, j'en ai parlé d'initiative au pape, en lui disant que je n'aimais pas le mot d'euthanasie » « La mort, c'est un moment de vie, pas un acte technique. » Sa dernière manœuvre dilatoire est la mise en place de la Convention Citoyenne sur la Fin de Vie où des quidams tirés au sort vont blablater jusqu’en mars.
Dans cette affaire, les cathos de France sont à la manœuvre. Les articles se succèdent dans Le Figaro qui racontent qu’on peut être heureux de vivre quand on est grabataire et incontinent. Libres à eux d’en jouir mais qu’ils ne se mêlent pas du désir d’autres d’en finir.
En face, l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, dont je fais partie depuis des lustres, ne fait pas le poids, molle dans ses actions et s’appuyant à tort sur l’avis des médecins. Parfois, je me demande si elle veut vraiment l’adoption d’une loi permettant à chacun d’en finir quand il juge le moment arrivé. Une loi votée, ce serait sa fin à elle.
Une autre association a vu le jour nommée Ultime Liberté, Association pour la Légalisation du Suicide Assisté et de l’Euthanasie Volontaire, qui dénie aux médecins la faculté de s’occuper de cette question (la plupart de ces médecins étant d’ailleurs cathos). Certain(e)s de ses adhérent(e)s ont vu la Police frapper à leur porte à six heures du matin avec un mandat de perquisition. Il s’agissait de leur confisquer le flacon de Pentobarbital acheté au Mexique via Internet. Les Pieds sur terre sur France Culture en ont fait une délicieuse émission intitulée Barbiturique et vieilles dentelles.
*
Tout ce qui ne pose pas problème dans les autres pays européens est l’objet en France de débats interminables et de conflits hystériques, puis quand une loi est enfin votée, on encense qui l’a portée (Badinter Veil Taubira) comme si on était à la pointe du combat, alors qu’on n’a fait que rattraper les voisins.
*
Mon espoir de voir les joueurs de l’équipe de France de foute vite battus au Qatar a fait long feu. Les hordes de fanatiques sont dans les rues à la fin de chaque match. Ils appellent cela célébrer (hurlements, claque-sons, pétards, feux d’artifice).
Double peine : les joueurs de l’équipe du Maroc gagnent aussi et leurs hordes de fanatiques font encore plus de bruit.
Dans cette affaire, les cathos de France sont à la manœuvre. Les articles se succèdent dans Le Figaro qui racontent qu’on peut être heureux de vivre quand on est grabataire et incontinent. Libres à eux d’en jouir mais qu’ils ne se mêlent pas du désir d’autres d’en finir.
En face, l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, dont je fais partie depuis des lustres, ne fait pas le poids, molle dans ses actions et s’appuyant à tort sur l’avis des médecins. Parfois, je me demande si elle veut vraiment l’adoption d’une loi permettant à chacun d’en finir quand il juge le moment arrivé. Une loi votée, ce serait sa fin à elle.
Une autre association a vu le jour nommée Ultime Liberté, Association pour la Légalisation du Suicide Assisté et de l’Euthanasie Volontaire, qui dénie aux médecins la faculté de s’occuper de cette question (la plupart de ces médecins étant d’ailleurs cathos). Certain(e)s de ses adhérent(e)s ont vu la Police frapper à leur porte à six heures du matin avec un mandat de perquisition. Il s’agissait de leur confisquer le flacon de Pentobarbital acheté au Mexique via Internet. Les Pieds sur terre sur France Culture en ont fait une délicieuse émission intitulée Barbiturique et vieilles dentelles.
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Tout ce qui ne pose pas problème dans les autres pays européens est l’objet en France de débats interminables et de conflits hystériques, puis quand une loi est enfin votée, on encense qui l’a portée (Badinter Veil Taubira) comme si on était à la pointe du combat, alors qu’on n’a fait que rattraper les voisins.
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Mon espoir de voir les joueurs de l’équipe de France de foute vite battus au Qatar a fait long feu. Les hordes de fanatiques sont dans les rues à la fin de chaque match. Ils appellent cela célébrer (hurlements, claque-sons, pétards, feux d’artifice).
Double peine : les joueurs de l’équipe du Maroc gagnent aussi et leurs hordes de fanatiques font encore plus de bruit.
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