Le mercredi est un jour comme un autre pour les élèves de l’immense Collège Lycée La Providence Saint-Charles situé à l’autre bout de ma rue. A peine le jour levé qu’elles et eux passent devant mes vitres sans guère faire de bruit.
Il a encore plu cette nuit mais c’est au sec que je rejoins le Bistrot de la Poste en me procurant un pain au chocolat à la boulangerie contiguë pas vue hier où il est à un euro vingt. Dans les rues et sur les places voisines s’installe un courageux marché. Il est question de rafales de vent atteignant soixante-quinze kilomètres heure. « Moi, j’ai retiré la bâche hier », déclare mon voisin de table. Des averses ou des orages sont également annoncés. Cela va encore être pour moi une journée à ne pas faire grand-chose. A neuf heures et quart, tout à coup, grosse affluence, il repleut et pas qu’un peu. J’attends que ça cesse et rejoins la Cathédrale Saint-Etienne où cette fois j’entre.
Dans cette ville démunie de remparts, les premiers évêques bâtisseurs en ont fortifié la façade et le mur nord (contreforts, mâchicoulis, meurtrières, tour de guet). On y trouve une nef romane et un chœur de style anglo-normand. Réalisé en mil sept cent quarante-cinq par Yves Corlay, le retable de la chapelle est un chef-d’œuvre de style baroque en bois polychrome et doré à la feuille. L’orgue est de Cavaillé-Coll. Il est doté d’un très beau buffet dont certains panneaux viendraient d’Angleterre. Je fais une photo du gisant de pierre de Saint Guillaume. Cette Cathédrale a été restaurée en deux mille dix-huit mais n’est déjà plus étanche. De grosses gouttes tombent sur la table des imprimés à emporter.
Muni de mon parapluie, je retrouve aisément le chemin qui mène à La Cigale pour un nouveau café allongé verre d’eau puis la lecture des missives de Balzac à Madame Hanska. Je n’ai rien fait hier et j’ai bien peur de ne rien faire aujourd’hui. Bientôt, c’est le déluge au désespoir de deux clientes commerçantes : « T’as vu la flotte ? » Elles n’ont rien fait hier et ont bien peur de ne rien faire aujourd’hui.
Vers onze heures trente, en plus de la pluie, arrive le vent, plus question de parapluie. J’enfile mon imperméable, acheté un jour à Saint-Brieuc juste avant la tempête Alex, et descends jusqu’au marché où les ambulants sont dégoûtés. « Tu ranges déjà ? » « Bah, y a personne alors à quoi bon. »
Je choisis de déjeuner près du Bistrot de la Poste à la Brasserie du Père Tranquille qui propose un menu du jour à dix-huit euros quatre-vingt-dix affiché nulle part : crème d’avocat avec sa burrata et ses noix, sauté de veau riz basmati et panna cota au caramel. La musique est folk rock. Les nappes sont à carreaux. Les serveurs aimables et efficaces. J’apprécie surtout l’entrée. Chez le couple moules frites derrière moi la conversation vire au ressentiment. De son côté à lui, car elle l’a trompé avec une connaissance. « Je lui ai promis la mort au téléphone », dit-il. « Après ce que tu m’as fait, ajoute-t-il, je devrais même plus te parler, même plus te fréquenter » puis ils en reviennent à la taille des moules, un peu décevante.
Le temps étant un peu meilleur, je fais des courses chez U puis m’installe à une table ventée au soleil de la terrasse du Transat Kafé pour un café Balzac. J’ai toujours un peu de fièvre et un abattement à quitter la vie. Vers quatorze heures, je suis contraint de migrer sous la halle où sont d’autres tables. Je devrais être abrité mais les gouttes sont de style horizontal. Plus qu’à attendre la prochaine éclaircie et à rentrer avant une autre averse. « Bon, demain c’est bon », se réjouit un couple de touristes derrière moi. « C’est pas sûr, ça change tout le temps », les prévient la serveuse.
*
Jean-Pierre Bouyxou, homme de mauvais genre, est mort ce mardi à l’âge de soixante-dix-neuf ans. On lui doit notamment Satan bouche un coin court-métrage sorti le quatre mai mil neuf cent soixante-huit dont le sujet est Pierre Molinier, un film réédité sur le dévédé Thee Majesty Hommage à Pierre Molinier publié chez Sordide Sentimental par Jean-Pierre Turmel qui me l’a offert un jour. On peut écouter les deux Jean-Pierre sur France Culture dans l’émission Le Rendez-Vous du jeudi six décembre deux mille douze.
Il a encore plu cette nuit mais c’est au sec que je rejoins le Bistrot de la Poste en me procurant un pain au chocolat à la boulangerie contiguë pas vue hier où il est à un euro vingt. Dans les rues et sur les places voisines s’installe un courageux marché. Il est question de rafales de vent atteignant soixante-quinze kilomètres heure. « Moi, j’ai retiré la bâche hier », déclare mon voisin de table. Des averses ou des orages sont également annoncés. Cela va encore être pour moi une journée à ne pas faire grand-chose. A neuf heures et quart, tout à coup, grosse affluence, il repleut et pas qu’un peu. J’attends que ça cesse et rejoins la Cathédrale Saint-Etienne où cette fois j’entre.
Dans cette ville démunie de remparts, les premiers évêques bâtisseurs en ont fortifié la façade et le mur nord (contreforts, mâchicoulis, meurtrières, tour de guet). On y trouve une nef romane et un chœur de style anglo-normand. Réalisé en mil sept cent quarante-cinq par Yves Corlay, le retable de la chapelle est un chef-d’œuvre de style baroque en bois polychrome et doré à la feuille. L’orgue est de Cavaillé-Coll. Il est doté d’un très beau buffet dont certains panneaux viendraient d’Angleterre. Je fais une photo du gisant de pierre de Saint Guillaume. Cette Cathédrale a été restaurée en deux mille dix-huit mais n’est déjà plus étanche. De grosses gouttes tombent sur la table des imprimés à emporter.
Muni de mon parapluie, je retrouve aisément le chemin qui mène à La Cigale pour un nouveau café allongé verre d’eau puis la lecture des missives de Balzac à Madame Hanska. Je n’ai rien fait hier et j’ai bien peur de ne rien faire aujourd’hui. Bientôt, c’est le déluge au désespoir de deux clientes commerçantes : « T’as vu la flotte ? » Elles n’ont rien fait hier et ont bien peur de ne rien faire aujourd’hui.
Vers onze heures trente, en plus de la pluie, arrive le vent, plus question de parapluie. J’enfile mon imperméable, acheté un jour à Saint-Brieuc juste avant la tempête Alex, et descends jusqu’au marché où les ambulants sont dégoûtés. « Tu ranges déjà ? » « Bah, y a personne alors à quoi bon. »
Je choisis de déjeuner près du Bistrot de la Poste à la Brasserie du Père Tranquille qui propose un menu du jour à dix-huit euros quatre-vingt-dix affiché nulle part : crème d’avocat avec sa burrata et ses noix, sauté de veau riz basmati et panna cota au caramel. La musique est folk rock. Les nappes sont à carreaux. Les serveurs aimables et efficaces. J’apprécie surtout l’entrée. Chez le couple moules frites derrière moi la conversation vire au ressentiment. De son côté à lui, car elle l’a trompé avec une connaissance. « Je lui ai promis la mort au téléphone », dit-il. « Après ce que tu m’as fait, ajoute-t-il, je devrais même plus te parler, même plus te fréquenter » puis ils en reviennent à la taille des moules, un peu décevante.
Le temps étant un peu meilleur, je fais des courses chez U puis m’installe à une table ventée au soleil de la terrasse du Transat Kafé pour un café Balzac. J’ai toujours un peu de fièvre et un abattement à quitter la vie. Vers quatorze heures, je suis contraint de migrer sous la halle où sont d’autres tables. Je devrais être abrité mais les gouttes sont de style horizontal. Plus qu’à attendre la prochaine éclaircie et à rentrer avant une autre averse. « Bon, demain c’est bon », se réjouit un couple de touristes derrière moi. « C’est pas sûr, ça change tout le temps », les prévient la serveuse.
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Jean-Pierre Bouyxou, homme de mauvais genre, est mort ce mardi à l’âge de soixante-dix-neuf ans. On lui doit notamment Satan bouche un coin court-métrage sorti le quatre mai mil neuf cent soixante-huit dont le sujet est Pierre Molinier, un film réédité sur le dévédé Thee Majesty Hommage à Pierre Molinier publié chez Sordide Sentimental par Jean-Pierre Turmel qui me l’a offert un jour. On peut écouter les deux Jean-Pierre sur France Culture dans l’émission Le Rendez-Vous du jeudi six décembre deux mille douze.