Avec le car BreizhGo Deux Cent Un de huit heures trente-cinq, en utilisant ma carte de bus Tub car je reste dans l’agglo, je rejoins ce jeudi matin le charmant bourg de Binic.
Le temps d’acheter un pain au chocolat à un euro vingt-cinq à la boulangerie ouverte sept sur sept de l’autre côté du port puis d’entrer au Narval et ça se met à tomber. « C’était pas prévu », commente la clientèle, dont une partie est là pour le marché à côté. Je n’avais jamais vu Binic par mauvais temps, c’est fait. L’allongé est à un euro soixante. Quand je le termine, l’averse cesse, le bar se vide quasiment. Il s’agit de faire ses courses avant la prochaine. Ceux qui restent disent du mal de nos gouvernants. Où que ce soit depuis mon arrivée, j’entends critiquer Bayrou et Macron, lesquels n’ont pas idée de leur degré d’impopularité.
Sous un soleil incertain, je longe le bassin, passe la passerelle, arrive à la digue, emprunte le passage sous la falaise « Attention à vos têtes » et me voici à la plage aux cabanons colorés.
Au retour, la terrasse du Chaland Qui Passe étant complète, c’est à celle de La Bodega, au soleil et sous l’auvent, que je reprends Balzac : Selon moi, l’incendie gagne. D’ici peu de temps, souvenez-vous de ce que je dis, l’Italie aura commencé l’insurrection ; mais ce sera terrible, car vous ne vous figurez pas le chemin que fait le communisme, doctrine qui consiste à tout bouleverser, à partager tout, même les denrées de marchandises entre tous les hommes considérés comme frères. Vous savez quelles sont mes idées sur la répression ; je ne trouve que la mort à infliger à de pareils apôtres qui préparent une conflagration générale. Un peu plus loin dans la même lettre : Si vous saviez à quels hommes l’élection est descendue en France, et par qui nous sommes non pas gouvernés mais administrés ! C’est à dégoûter d’un pays. Enfin l’Europe est folle de Bourgeoisie. On ne peut pas se mettre en travers de son siècle. Ce Balzac ne supporte pas plus l’ordre établi que la révolution. En quoi je lui ressemble.
Deux averses et deux éclaircies plus tard arrivent fille, mère et grand-mère discutant d’accouchement. Je lève le camp. Il est midi et j’ai réservé à La Sentinelle où le menu du jour est à dix-huit euros, deux euros de plus qu’à mon dernier passage, ce qui est raisonnable : cassolette du pêcheur, tête de veau sauce gribiche et flan pâtissier aux pommes. Tout cela est très bon et le personnel jeune et sympathique.
En sortant j’ouvre la boîte à livres du bout de la passerelle et y trouve le Dix/Dix-Huit Révo. Cul. dans la Chine pop. que j’ai eu et sûrement pas lu autrefois ainsi que deux bizarreries locales : Panique chez les cartophiles de l’Atelier Artisanal de la Malhoure Plouhatine, couverture illustrée par Hervé Boivin et Noiraudes en fureur édité par la Médiathèque de l’Ic à Pordic, couverture illustrée par le même Hervé Boivin.
Le café, je le prends au Narval en terrasse face au port sous l’auvent par prudence. Un peu de Balzac et je rentre avec le BreizhGo de quatorze heures sept. Il essuie une averse. Devant moi, au premier rang, un vieux mal lavé à casquette sale vante le blocage du dix septembre au chauffeur qui est d’accord avec lui. Tous deux appartiennent à la tendance facho du mouvement : « Le pognon qu’il envoie en Ukraine, c’est ça qui nous fait mal. Il est le chef des Armées, il a même pas fait son service militaire. Tout ça à cause des cons qui ont voté pour lui deux fois ».
*
« Alors nous, on mange pas ? » (une agressive à qui la serveuse de La Sentinelle vient d’annoncer que c’est complet).
L’énervement est partout.
Le temps d’acheter un pain au chocolat à un euro vingt-cinq à la boulangerie ouverte sept sur sept de l’autre côté du port puis d’entrer au Narval et ça se met à tomber. « C’était pas prévu », commente la clientèle, dont une partie est là pour le marché à côté. Je n’avais jamais vu Binic par mauvais temps, c’est fait. L’allongé est à un euro soixante. Quand je le termine, l’averse cesse, le bar se vide quasiment. Il s’agit de faire ses courses avant la prochaine. Ceux qui restent disent du mal de nos gouvernants. Où que ce soit depuis mon arrivée, j’entends critiquer Bayrou et Macron, lesquels n’ont pas idée de leur degré d’impopularité.
Sous un soleil incertain, je longe le bassin, passe la passerelle, arrive à la digue, emprunte le passage sous la falaise « Attention à vos têtes » et me voici à la plage aux cabanons colorés.
Au retour, la terrasse du Chaland Qui Passe étant complète, c’est à celle de La Bodega, au soleil et sous l’auvent, que je reprends Balzac : Selon moi, l’incendie gagne. D’ici peu de temps, souvenez-vous de ce que je dis, l’Italie aura commencé l’insurrection ; mais ce sera terrible, car vous ne vous figurez pas le chemin que fait le communisme, doctrine qui consiste à tout bouleverser, à partager tout, même les denrées de marchandises entre tous les hommes considérés comme frères. Vous savez quelles sont mes idées sur la répression ; je ne trouve que la mort à infliger à de pareils apôtres qui préparent une conflagration générale. Un peu plus loin dans la même lettre : Si vous saviez à quels hommes l’élection est descendue en France, et par qui nous sommes non pas gouvernés mais administrés ! C’est à dégoûter d’un pays. Enfin l’Europe est folle de Bourgeoisie. On ne peut pas se mettre en travers de son siècle. Ce Balzac ne supporte pas plus l’ordre établi que la révolution. En quoi je lui ressemble.
Deux averses et deux éclaircies plus tard arrivent fille, mère et grand-mère discutant d’accouchement. Je lève le camp. Il est midi et j’ai réservé à La Sentinelle où le menu du jour est à dix-huit euros, deux euros de plus qu’à mon dernier passage, ce qui est raisonnable : cassolette du pêcheur, tête de veau sauce gribiche et flan pâtissier aux pommes. Tout cela est très bon et le personnel jeune et sympathique.
En sortant j’ouvre la boîte à livres du bout de la passerelle et y trouve le Dix/Dix-Huit Révo. Cul. dans la Chine pop. que j’ai eu et sûrement pas lu autrefois ainsi que deux bizarreries locales : Panique chez les cartophiles de l’Atelier Artisanal de la Malhoure Plouhatine, couverture illustrée par Hervé Boivin et Noiraudes en fureur édité par la Médiathèque de l’Ic à Pordic, couverture illustrée par le même Hervé Boivin.
Le café, je le prends au Narval en terrasse face au port sous l’auvent par prudence. Un peu de Balzac et je rentre avec le BreizhGo de quatorze heures sept. Il essuie une averse. Devant moi, au premier rang, un vieux mal lavé à casquette sale vante le blocage du dix septembre au chauffeur qui est d’accord avec lui. Tous deux appartiennent à la tendance facho du mouvement : « Le pognon qu’il envoie en Ukraine, c’est ça qui nous fait mal. Il est le chef des Armées, il a même pas fait son service militaire. Tout ça à cause des cons qui ont voté pour lui deux fois ».
*
« Alors nous, on mange pas ? » (une agressive à qui la serveuse de La Sentinelle vient d’annoncer que c’est complet).
L’énervement est partout.