Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
10 octobre 2021
Ce samedi à sept heures, l’homme du Garibaldi étant à la bourre, c’est Le Sauveur qui m’accueille avec mes deux pains au chocolat. Quand je demande les toilettes au couple d’authentiques Niçois qui tiennent ce troquet, on me confie une clé accrochée à une boîte de conserve qui doit ouvrir la première porte noire dans la rue à droite. C’est sous un escalier et je dois m’y plier.
Le tram Un m’emmène à la Gare de Nice Ville. J’y prends le train Zou de sept heures cinquante-neuf pour Cannes La Bocca et en descends à Antibes. Il n’y a pas long à marcher pour atteindre le Port Vauban où logent de luxueux bateaux, avec en arrière-plan le Fort Carré.
De là, je trouve l’entrée du rempart pour pénétrer dans la vieille ville. Je découvre le marché couvert puis celui de la brocante, place Nationale, où n’est présent qu’un bouquiniste à quatre-vingt-quinze pour cent de daube.
Je vais ensuite à mon gré dans les rues étroites végétalisées aux maisons monochromes blanc cassé et aboutis au Musée Picasso, situé dans l’ancien Château Grimaldi, et à la Cathédrale.
L’heure étant venue d’un café lecture, je m’installe à la terrasse du Café Milo au coin de la place Nationale. Toute la population passe par là en route vers le marché, dont le dingue de service, un quinquagénaire au propos répétitif : « Mon chien, il est mort dans la rue et maintenant, y a des enfants dans les rues, y vont crever. »
A midi je choisis de déjeuner à l’une des grandes terrasses de la place Nationale, celle du Caméo qui propose une formule plat dessert boisson à treize euros cinquante. J’opte pour l’assiette cannibale (carpaccio tartare frites salade), le quart de vin rouge et la glace passion vanille. C’est bien.
Revenu à mon point d’entrée dans la vieille ville, la Porte Marine, je cherche et trouve la maison face à la mer d’où Nicolas de Staël s’est jeté dans le vide. Une plaque en russe et en français indique pudiquement « Le Peintre Nicolas de Staël 1914-1955 Habita Cette Maison Où il mourut le 16 Mars 1955 ».
Le Fort Carré me paraissant trop loin pour mes pieds, je décide de rentrer. Le train Zou de treize heures trente-cinq n’arrive pas. Un message annonce qu’il y a eu « un accident de personne » à la Gare de Golfe-Juan. Peu après le train qui dans l’autre sens doit aller à Marseille est retenu en gare. Je demande à mon voisin de quai s’il y a des bus pour Nice. Oui derrière la Gare, le bus Deux Cent. Il pense que le train suivant va arriver. Je lui explique que non, et qu’il y en a au moins pour deux heures et demie.
Je suis l’un des premiers à avoir compris ce qui nous attend et donc l’un des premiers à l’arrêt du bus où me rejoint bientôt celui à qui j’ai parlé. « Vous aviez raison, me dit-il, l’autre train est supprimé. » Bientôt d’autres se joignent à nous.
Le bus Deux Cent arrive à moitié plein. Je réussis à m’y asseoir. Beaucoup seront debout. Le chauffeur vire une dame en rose qui est montée sans payer puis nous partons dans cette boîte de sardine.
Mon jeune voisin était à la Gare de Golfe-Juan. Il a vu une femme basculer devant le train, sans doute un suicide. Il m’explique que ce bus s’arrête à l’entrée de Nice, qu’il faudra ensuite prendre le tram Deux.
C’est un trajet très éprouvant à cause du monde et des embouteillages. Je suis soulagé quand enfin je monte dans le tram Deux. Celui-ci circule sous terre en centre-ville mais on ne l’appelle pas métro comme à Rouen. J’en sors à Durandy, face au Relax fermé le samedi après-midi, et mets la clé dans la serrure à quinze heures trente, après deux heures de rude épreuve.
*
Comment être à Antibes sons avoir en tête l’Avanie et Framboise de Boby Lapointe Ça ne me mettait pas à l'aise / De la savoir Antibaise / Moi qui serais plutôt pour !
Le tram Un m’emmène à la Gare de Nice Ville. J’y prends le train Zou de sept heures cinquante-neuf pour Cannes La Bocca et en descends à Antibes. Il n’y a pas long à marcher pour atteindre le Port Vauban où logent de luxueux bateaux, avec en arrière-plan le Fort Carré.
De là, je trouve l’entrée du rempart pour pénétrer dans la vieille ville. Je découvre le marché couvert puis celui de la brocante, place Nationale, où n’est présent qu’un bouquiniste à quatre-vingt-quinze pour cent de daube.
Je vais ensuite à mon gré dans les rues étroites végétalisées aux maisons monochromes blanc cassé et aboutis au Musée Picasso, situé dans l’ancien Château Grimaldi, et à la Cathédrale.
L’heure étant venue d’un café lecture, je m’installe à la terrasse du Café Milo au coin de la place Nationale. Toute la population passe par là en route vers le marché, dont le dingue de service, un quinquagénaire au propos répétitif : « Mon chien, il est mort dans la rue et maintenant, y a des enfants dans les rues, y vont crever. »
A midi je choisis de déjeuner à l’une des grandes terrasses de la place Nationale, celle du Caméo qui propose une formule plat dessert boisson à treize euros cinquante. J’opte pour l’assiette cannibale (carpaccio tartare frites salade), le quart de vin rouge et la glace passion vanille. C’est bien.
Revenu à mon point d’entrée dans la vieille ville, la Porte Marine, je cherche et trouve la maison face à la mer d’où Nicolas de Staël s’est jeté dans le vide. Une plaque en russe et en français indique pudiquement « Le Peintre Nicolas de Staël 1914-1955 Habita Cette Maison Où il mourut le 16 Mars 1955 ».
Le Fort Carré me paraissant trop loin pour mes pieds, je décide de rentrer. Le train Zou de treize heures trente-cinq n’arrive pas. Un message annonce qu’il y a eu « un accident de personne » à la Gare de Golfe-Juan. Peu après le train qui dans l’autre sens doit aller à Marseille est retenu en gare. Je demande à mon voisin de quai s’il y a des bus pour Nice. Oui derrière la Gare, le bus Deux Cent. Il pense que le train suivant va arriver. Je lui explique que non, et qu’il y en a au moins pour deux heures et demie.
Je suis l’un des premiers à avoir compris ce qui nous attend et donc l’un des premiers à l’arrêt du bus où me rejoint bientôt celui à qui j’ai parlé. « Vous aviez raison, me dit-il, l’autre train est supprimé. » Bientôt d’autres se joignent à nous.
Le bus Deux Cent arrive à moitié plein. Je réussis à m’y asseoir. Beaucoup seront debout. Le chauffeur vire une dame en rose qui est montée sans payer puis nous partons dans cette boîte de sardine.
Mon jeune voisin était à la Gare de Golfe-Juan. Il a vu une femme basculer devant le train, sans doute un suicide. Il m’explique que ce bus s’arrête à l’entrée de Nice, qu’il faudra ensuite prendre le tram Deux.
C’est un trajet très éprouvant à cause du monde et des embouteillages. Je suis soulagé quand enfin je monte dans le tram Deux. Celui-ci circule sous terre en centre-ville mais on ne l’appelle pas métro comme à Rouen. J’en sors à Durandy, face au Relax fermé le samedi après-midi, et mets la clé dans la serrure à quinze heures trente, après deux heures de rude épreuve.
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Comment être à Antibes sons avoir en tête l’Avanie et Framboise de Boby Lapointe Ça ne me mettait pas à l'aise / De la savoir Antibaise / Moi qui serais plutôt pour !
9 octobre 2021
Même train Zou qu’hier matin ce vendredi, toujours chargé de travailleurs travailleuses, d’où je descends juste avant Monaco, à Cap d’Ail, un lieu qu’Anton Tchekhov lors de ses séjours niçois aimait fréquenter.
Nous ne sommes que deux à quitter le train en cet endroit. Je contourne la Gare désaffectée et trouve le raccourci passant sous les voies. Il ressemble un peu à la rue Obscure de Villefranche-sur-Mer, en plus glauque, et débouche au bord de la Méditerranée.
Cap d’Ail dispose d’un sentier de douanier, certes bétonné. « Danger passage interdit par mer houleuse » est-il écrit en rouge à son entrée. Aujourd’hui, tout est calme ; des sportifs et sportives en profitent. J’opte pour la direction de la Pointe des Douaniers et bien que des nuages moutonneux parsèment le ciel, je peux bientôt ôter ma veste. Cette côte découpée est pleine de charme, de même que le relief montagneux où sont accrochées des habitations luxueuses ou non, beaucoup construites après le passage de Tchekhov.
De la Pointe des Douaniers j’ai vue d’un côté sur la rade de Villefranche où stagne un de ces horribles bateaux de croisière et de l’autre sur les moches immeubles de Monaco. Un hélicoptère décolle de la Principauté. Le Prince peut-être, s’ennuyant sans sa femme exilée en Afrique du Sud.
Mon but étant atteint, je fais le chemin dans l’autre sens et m’installe face à la mer à une table en pierre sur laquelle je peux poser le Journal de Goncourt. Edmond est à Rouen, où il pleut et vente, pour l’inauguration du monument Flaubert.
Tout près est un restaurant où je n’ai pas envie d’aller. Pas davantage je ne veux grimper jusqu’au centre du bourg car je dois ménager mon cœur. Je rentre donc par le même train qu’hier. Il passe ici à onze heures une. J’arrive un peu avant midi au Nomad où c’est le jour de l’aïoli de cabillaud.
-Je vous apporte la tarte aux framboises tout de suite si vous voulez, plaisante le jeune patron.
Son aïoli est excellent. Je lui en fais compliment. Avec mon dessert et le quart de vin blanc, cela fait vingt-deux euros tout rond.
-C’est la pire des choses pour moi un client qui s’en va parce qu’il attend trop, me dit-il, ça veut dire que je ne fais pas bien mon travail.
Ça m’ennuie qu’il prenne la chose comme cela. Je lui dis qu’il est normal que sa serveuse étant en congé il ne puisse pas faire à lui seul la cuisine et le service. Sa jeune femme l’aide un peu mais elle s’occupe aussi de leur enfançon.
*
Cap d’Ail a son volcan, éteint depuis longtemps.
*
Un panneau explicatif sur l’une des demeures majestueuses de Cap d’Ail lui impute un « style éclectique ».
*
Mon essai comparatif toilettes publiques :
Monaco : gratuites, spacieuses, immaculées.
Cap d’Ail : gratuites, immondes, nauséabondes.
Nous ne sommes que deux à quitter le train en cet endroit. Je contourne la Gare désaffectée et trouve le raccourci passant sous les voies. Il ressemble un peu à la rue Obscure de Villefranche-sur-Mer, en plus glauque, et débouche au bord de la Méditerranée.
Cap d’Ail dispose d’un sentier de douanier, certes bétonné. « Danger passage interdit par mer houleuse » est-il écrit en rouge à son entrée. Aujourd’hui, tout est calme ; des sportifs et sportives en profitent. J’opte pour la direction de la Pointe des Douaniers et bien que des nuages moutonneux parsèment le ciel, je peux bientôt ôter ma veste. Cette côte découpée est pleine de charme, de même que le relief montagneux où sont accrochées des habitations luxueuses ou non, beaucoup construites après le passage de Tchekhov.
De la Pointe des Douaniers j’ai vue d’un côté sur la rade de Villefranche où stagne un de ces horribles bateaux de croisière et de l’autre sur les moches immeubles de Monaco. Un hélicoptère décolle de la Principauté. Le Prince peut-être, s’ennuyant sans sa femme exilée en Afrique du Sud.
Mon but étant atteint, je fais le chemin dans l’autre sens et m’installe face à la mer à une table en pierre sur laquelle je peux poser le Journal de Goncourt. Edmond est à Rouen, où il pleut et vente, pour l’inauguration du monument Flaubert.
Tout près est un restaurant où je n’ai pas envie d’aller. Pas davantage je ne veux grimper jusqu’au centre du bourg car je dois ménager mon cœur. Je rentre donc par le même train qu’hier. Il passe ici à onze heures une. J’arrive un peu avant midi au Nomad où c’est le jour de l’aïoli de cabillaud.
-Je vous apporte la tarte aux framboises tout de suite si vous voulez, plaisante le jeune patron.
Son aïoli est excellent. Je lui en fais compliment. Avec mon dessert et le quart de vin blanc, cela fait vingt-deux euros tout rond.
-C’est la pire des choses pour moi un client qui s’en va parce qu’il attend trop, me dit-il, ça veut dire que je ne fais pas bien mon travail.
Ça m’ennuie qu’il prenne la chose comme cela. Je lui dis qu’il est normal que sa serveuse étant en congé il ne puisse pas faire à lui seul la cuisine et le service. Sa jeune femme l’aide un peu mais elle s’occupe aussi de leur enfançon.
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Cap d’Ail a son volcan, éteint depuis longtemps.
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Un panneau explicatif sur l’une des demeures majestueuses de Cap d’Ail lui impute un « style éclectique ».
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Mon essai comparatif toilettes publiques :
Monaco : gratuites, spacieuses, immaculées.
Cap d’Ail : gratuites, immondes, nauséabondes.
8 octobre 2021
En train Zou direction Vintimille ce jeudi matin avec descente au deuxième arrêt, juste avant la presqu’île du Cap Ferrat, à Villefranche-sur-Mer qui fait face au soleil levant. Elle en est toute dorée.
Je longe les maisons colorées et étagées du dix-septième siècle, atteins le Port de la Santé où j’assiste au départ d’un des rares bateaux de pêche, passe devant la chapelle Jean Cocteau, continue à côtoyer la mer sous la Citadelle et arrive au Port Royal de la Darse.
A hauteur de la Capitainerie, je fais demi-tour et grimpe jusqu’à la Citadelle que je découvre en sérieux travaux. Derrière elle se trouve la vieille ville aux ruelles très pentues dominées par l’église Saint-Michel. Je vais dans ce dédale au gré de mon inspiration. Elle me mène à la bien nommée rue Obscure, qui datant du treizième siècle bénéficie aujourd’hui de l’éclairage public en plein jour.
De cette rue je redescends jusqu’au Port de la Santé où se concentrent les restaurants. Installé près du bord de l’eau azurée au Lou Bantry, je bois un café à un euro quatre-vingts puis lis Edmond cependant qu’un pêcheur que l’on pourrait croire payé par l’Office de Tourisme jette du pain dans l’eau, lance sa ligne et remonte des poissons nommés castagnoles. L’un d’eux atterrit sous ma table. D’un léger coup de pied, l’homme le remet à l’eau. « Trop petit », me dit-il.
Le soleil tape rudement sur ces terrasses car il est bas, rendant les parasols inefficaces. Comme de plus les plats proposés pour midi sont basiques et chers, je ne reste pas pour le déjeuner.
Je monte dans le train Zou d’onze heures quatorze et suis un peu avant midi à Nice au Nomad dont la terrasse est toujours à l’ombre. Le plat à dix euros est une entrecôte gnocchi di patate que j’accompagne d’un quart de vin rouge. Ce jour, la serveuse est absente. Le cuisinier qui doit tout faire est vite dépassé. Lassé d’attendre mon dessert, je m’en passe. Cela fait quatorze euros tout rond.
*
Du beau monde à Villefranche-sur-Mer, notamment dans le domaine de la pop. Keith Richards y a vécu en mil neuf cent soixante et onze avec sa fiancée Anita Pallenberg à la villa Nellcôte où les Stones enregistrèrent l'album Exile on Main Street. Tina Turner y a séjourné. Bono itou. Elton John y possède une résidence.
Je longe les maisons colorées et étagées du dix-septième siècle, atteins le Port de la Santé où j’assiste au départ d’un des rares bateaux de pêche, passe devant la chapelle Jean Cocteau, continue à côtoyer la mer sous la Citadelle et arrive au Port Royal de la Darse.
A hauteur de la Capitainerie, je fais demi-tour et grimpe jusqu’à la Citadelle que je découvre en sérieux travaux. Derrière elle se trouve la vieille ville aux ruelles très pentues dominées par l’église Saint-Michel. Je vais dans ce dédale au gré de mon inspiration. Elle me mène à la bien nommée rue Obscure, qui datant du treizième siècle bénéficie aujourd’hui de l’éclairage public en plein jour.
De cette rue je redescends jusqu’au Port de la Santé où se concentrent les restaurants. Installé près du bord de l’eau azurée au Lou Bantry, je bois un café à un euro quatre-vingts puis lis Edmond cependant qu’un pêcheur que l’on pourrait croire payé par l’Office de Tourisme jette du pain dans l’eau, lance sa ligne et remonte des poissons nommés castagnoles. L’un d’eux atterrit sous ma table. D’un léger coup de pied, l’homme le remet à l’eau. « Trop petit », me dit-il.
Le soleil tape rudement sur ces terrasses car il est bas, rendant les parasols inefficaces. Comme de plus les plats proposés pour midi sont basiques et chers, je ne reste pas pour le déjeuner.
Je monte dans le train Zou d’onze heures quatorze et suis un peu avant midi à Nice au Nomad dont la terrasse est toujours à l’ombre. Le plat à dix euros est une entrecôte gnocchi di patate que j’accompagne d’un quart de vin rouge. Ce jour, la serveuse est absente. Le cuisinier qui doit tout faire est vite dépassé. Lassé d’attendre mon dessert, je m’en passe. Cela fait quatorze euros tout rond.
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Du beau monde à Villefranche-sur-Mer, notamment dans le domaine de la pop. Keith Richards y a vécu en mil neuf cent soixante et onze avec sa fiancée Anita Pallenberg à la villa Nellcôte où les Stones enregistrèrent l'album Exile on Main Street. Tina Turner y a séjourné. Bono itou. Elton John y possède une résidence.
7 octobre 2021
Ce mercredi je peux prendre le bus Quinze dont le point de départ est la Promenade des Arts, pas loin du Garibaldi où comme souvent j’ai petit-déjeuné. Son point d’arrivée est le port de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Le trajet est spectaculaire : vue sur la Baie des Anges, sur Villefranche-sur-Mer, sur le phare à l’extrémité de la presqu’île, sur la Baie des Fourmis.
Après une courte visite du port dans lequel sont amarrés de nombreux bateaux de luxe et de rares bateaux de pêcheurs, le tour de la presqu’île apparaissant au-dessus de mes forces, je me contente de celui de la pointe Saint-Hospice par un sentier de pavages scellés par du béton. On est juste au-dessus de la mer et comme souffle un peu de vent, celle-ci est vivante, m’offrant le bruit caractéristique des vagues qui se brisent sur les rochers. Une grimpette me permet de voir de près la chapelle Saint-Hospice actuellement en travaux. Elle est jouxtée d’une gigantesque Vierge en bronze, d’un cimetière marin et d’un cimetière militaire belge (des soldats atteints par les gaz de combat envoyés ici pour guérir et qui y sont morts).
Mon périple achevé (de la plage des Fossettes à la plage de la Paloma), je passe devant l’église Saint-Jean-Baptiste puis prends un café à deux euros à La Civette, un bar cigarier salon de thé fréquenté surtout par des Anglo-Saxons ne manquant pas de moyens financiers. L‘endroit se veut chic mais venue de l’intérieur se fait entendre une radio vulgaire. Elle ne m’empêche pas de poursuivre ma relecture du Journal d’Edmond de Goncourt.
A midi j’ai une table sur le port tout près des bateaux, au Léo Léa, où l’on me demande un passe sanitaire que j’avais presque oublié. Je déjeune d’un tartare classique accompagné de frites fraîches à volonté qui sont loin de valoir celles que l’on peut manger à l’autre extrémité de la France. J’accompagne cela d’un verre de vin rouge bio et fais suivre d’un « café plaisir » (café, brochettes de fruits, glace au coulis de mangue). Alors que tous les présents cherchent l’ombre, une sexagénaire exige le soleil pour sa vieille mère. S’il s’agissait de hâter la fin de sa génitrice, elle n’agirait pas autrement. Son monologue confirme mes soupçons : « Je ne t’ai pas volé d’argent, c’est vrai mon affectation ce n’est pas super carré, mais je me suis aperçue que tu avais donné dix mille euros à mon frère, la seule chose que je te demande de déclarer à l’avocate c’est oui je suis cent pour cent d’accord avec le plan financier. »
L’ancêtre n’a pas dit un mot mais elle est encore vivante quand, après avoir payé mes vingt-trois euros cinquante, je quitte cet endroit sympathique et très fréquenté dont le patron est un peu rude avec son personnel et très aimable avec la clientèle.
Après un ultime tour de port, un bus Quinze étant près à partir je choisis de le prendre et bénéficie à nouveau des vues spectaculaires de son trajet. A l’arrivée, je n’ai qu’une centaine de mètres à faire pour aller lire au Nomad.
*
« Château Saint Jean, Propriété Privée, Chien Très Méchant », lis-je sur un écriteau. Une autre de ces maisons de riches est nommée Demi Paradis. On espère le double pour après la mort.
*
« C’est en regardant une carte de France que Jean Tenenbaum tomba sur Saint-Jean-Cap-Ferrat et décréta aussitôt qu’il s’appellerait désormais Jean Ferrat », signale Ouiquipédia.
Après une courte visite du port dans lequel sont amarrés de nombreux bateaux de luxe et de rares bateaux de pêcheurs, le tour de la presqu’île apparaissant au-dessus de mes forces, je me contente de celui de la pointe Saint-Hospice par un sentier de pavages scellés par du béton. On est juste au-dessus de la mer et comme souffle un peu de vent, celle-ci est vivante, m’offrant le bruit caractéristique des vagues qui se brisent sur les rochers. Une grimpette me permet de voir de près la chapelle Saint-Hospice actuellement en travaux. Elle est jouxtée d’une gigantesque Vierge en bronze, d’un cimetière marin et d’un cimetière militaire belge (des soldats atteints par les gaz de combat envoyés ici pour guérir et qui y sont morts).
Mon périple achevé (de la plage des Fossettes à la plage de la Paloma), je passe devant l’église Saint-Jean-Baptiste puis prends un café à deux euros à La Civette, un bar cigarier salon de thé fréquenté surtout par des Anglo-Saxons ne manquant pas de moyens financiers. L‘endroit se veut chic mais venue de l’intérieur se fait entendre une radio vulgaire. Elle ne m’empêche pas de poursuivre ma relecture du Journal d’Edmond de Goncourt.
A midi j’ai une table sur le port tout près des bateaux, au Léo Léa, où l’on me demande un passe sanitaire que j’avais presque oublié. Je déjeune d’un tartare classique accompagné de frites fraîches à volonté qui sont loin de valoir celles que l’on peut manger à l’autre extrémité de la France. J’accompagne cela d’un verre de vin rouge bio et fais suivre d’un « café plaisir » (café, brochettes de fruits, glace au coulis de mangue). Alors que tous les présents cherchent l’ombre, une sexagénaire exige le soleil pour sa vieille mère. S’il s’agissait de hâter la fin de sa génitrice, elle n’agirait pas autrement. Son monologue confirme mes soupçons : « Je ne t’ai pas volé d’argent, c’est vrai mon affectation ce n’est pas super carré, mais je me suis aperçue que tu avais donné dix mille euros à mon frère, la seule chose que je te demande de déclarer à l’avocate c’est oui je suis cent pour cent d’accord avec le plan financier. »
L’ancêtre n’a pas dit un mot mais elle est encore vivante quand, après avoir payé mes vingt-trois euros cinquante, je quitte cet endroit sympathique et très fréquenté dont le patron est un peu rude avec son personnel et très aimable avec la clientèle.
Après un ultime tour de port, un bus Quinze étant près à partir je choisis de le prendre et bénéficie à nouveau des vues spectaculaires de son trajet. A l’arrivée, je n’ai qu’une centaine de mètres à faire pour aller lire au Nomad.
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« Château Saint Jean, Propriété Privée, Chien Très Méchant », lis-je sur un écriteau. Une autre de ces maisons de riches est nommée Demi Paradis. On espère le double pour après la mort.
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« C’est en regardant une carte de France que Jean Tenenbaum tomba sur Saint-Jean-Cap-Ferrat et décréta aussitôt qu’il s’appellerait désormais Jean Ferrat », signale Ouiquipédia.
6 octobre 2021
Après l’alerte orange hier, ce mardi c’est l’alerte grève. Aucun tramouais ne circule, guère de bus, moins de trains.
Je rejoins donc la Gare à pied et trouve prêt à partir le Fluo de sept heures quarante-neuf pour Vintimille. J’en descends peu après son départ, à Beaulieu-sur-Mer, qui est située à l’entrée de la presqu’île de Saint-Jean-Cap-Ferrat et qui partage avec Menton le titre de commune la plus chaude de France. Ce matin, c’est relatif. Le ciel est gris. Il pleuvait encore il y a une heure.
Je me procure des viennoiseries à la Boulange de Beaulieu et trouve une place à la terrasse du Gran Caffe, établissement italien situé face à une place à kiosque où se tient un semblant de marché. Cet endroit est fréquenté par de jolies jeunes femmes très bien nippées, certaines revenant de l’école où elles ont déposé leur descendance. Je ne suis pas surpris de payer mon café deux euros.
Je descends ensuite jusqu’au port puis trouve le chemin goudronné qui longe la mer. Ce jour, je ne vais pas bien loin, jusqu’à la Baie des Fourmis, et au premier banc, je m’assois derrière le mur de pierre, celui évoqué dans la chanson de Souchon et Voulzy Regarder la mer / Rester, rester / Sur le mur de pierre / Là où le soleil s'est mis / Rester, rester / Tout seul, solitaire / Devant la Baie des Fourmis.
Le soleil étant arrivé, je sors Edmond de mon sac. Je lis un certain temps, puis sachant que les deux trains de début d’après-midi sont supprimés par la grève, je rentre avec celui de onze heures onze.
A l’arrivée je marche à nouveau au milieu de la foule des sans tramouais, repasse à mon logement Air Bibi puis rejoins le Nomad alors que s’en approchent les manifestants grévistes. C’est pendant que je mange mon filet de veau ratatouille qu’ils passent, marchant sur les rails du tram en direction de la place Garibaldi. « La syndicalisation, c’est ça qui leur fait peur » « Le seul syndicat qui lutte, c’est la Cégété », crie une femme survoltée au micro de la sono. Elle invite ceux et celles qui la suivent à remuer un peu plus mais en vain. Après une légère coupure apparaît Effo, un autre syndicat qui lutte mais avec moins de bruit. En tout, ça ne fait qu’un petit millier de manifestants.
*
La bande-son de la Cégété Antisocial, tu perds ton sang-froid, celle de Effo Argent trop cher, la vie n’a pas de prix. J’ai l’impression de voir passer le monde d’hier.
Je rejoins donc la Gare à pied et trouve prêt à partir le Fluo de sept heures quarante-neuf pour Vintimille. J’en descends peu après son départ, à Beaulieu-sur-Mer, qui est située à l’entrée de la presqu’île de Saint-Jean-Cap-Ferrat et qui partage avec Menton le titre de commune la plus chaude de France. Ce matin, c’est relatif. Le ciel est gris. Il pleuvait encore il y a une heure.
Je me procure des viennoiseries à la Boulange de Beaulieu et trouve une place à la terrasse du Gran Caffe, établissement italien situé face à une place à kiosque où se tient un semblant de marché. Cet endroit est fréquenté par de jolies jeunes femmes très bien nippées, certaines revenant de l’école où elles ont déposé leur descendance. Je ne suis pas surpris de payer mon café deux euros.
Je descends ensuite jusqu’au port puis trouve le chemin goudronné qui longe la mer. Ce jour, je ne vais pas bien loin, jusqu’à la Baie des Fourmis, et au premier banc, je m’assois derrière le mur de pierre, celui évoqué dans la chanson de Souchon et Voulzy Regarder la mer / Rester, rester / Sur le mur de pierre / Là où le soleil s'est mis / Rester, rester / Tout seul, solitaire / Devant la Baie des Fourmis.
Le soleil étant arrivé, je sors Edmond de mon sac. Je lis un certain temps, puis sachant que les deux trains de début d’après-midi sont supprimés par la grève, je rentre avec celui de onze heures onze.
A l’arrivée je marche à nouveau au milieu de la foule des sans tramouais, repasse à mon logement Air Bibi puis rejoins le Nomad alors que s’en approchent les manifestants grévistes. C’est pendant que je mange mon filet de veau ratatouille qu’ils passent, marchant sur les rails du tram en direction de la place Garibaldi. « La syndicalisation, c’est ça qui leur fait peur » « Le seul syndicat qui lutte, c’est la Cégété », crie une femme survoltée au micro de la sono. Elle invite ceux et celles qui la suivent à remuer un peu plus mais en vain. Après une légère coupure apparaît Effo, un autre syndicat qui lutte mais avec moins de bruit. En tout, ça ne fait qu’un petit millier de manifestants.
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La bande-son de la Cégété Antisocial, tu perds ton sang-froid, celle de Effo Argent trop cher, la vie n’a pas de prix. J’ai l’impression de voir passer le monde d’hier.
5 octobre 2021
Des Niçois(e)s avec en main un parapluie, je ne l’avais pas encore vu. Ce lundi matin, il fait encore sec mais cela doit mal tourner. Raison pour laquelle je renonce à quitter la ville.
Après mon petit-déjeuner au Garibaldi, je rejoins le début de la coulée verte et la suis (église du Vœu, lycée Masséna, statue du David de Michel-Ange, statue de Masséna, L’Arc de 115°5 de Bernar Venet) jusqu’à son extrémité, à deux pas de la Promenade des Anglais, puis je parcours celle-ci pour la deuxième fois, sans aller plus loin que le Negresco. Seuls sont sur la plage des pêcheurs à la ligne et deux intrépides baigneurs.
Revenu sur mes pas, je m’offre un café lecture au Relax où on commence à s’inquiéter des informations concernant le temps d’après treize heures. Estrosi ferme les établissements scolaires à midi, les parcs et jardins ainsi que les plages une heure plus tard.
Il fait lourd à midi mais rien ne m’empêche de déjeuner au Nomad où en ce jour de reprise le cuisinier arrive au son du canon. Autant dire que mon menu du lundi n’est pas une nouveauté : pièce de bœuf gratin dauphinois tarte aux framboises quart de vin rouge, dix-neuf euros.
Il n’est pas encore treize heures quand j’ai terminé mais la coulée verte est déjà fermée. Ses sans-abris stagnent aux alentours. Je fais le détour nécessaire et me voici rentré. Malgré la fenêtre ouverte, j’ai un peu chaud. Quand est-ce que ça va tomber ?
Pas avant la fin de l’après-midi. Un orage intense et court.
*
Enervements de circonstance sur la Promenade des Anglais :
Une femme à une autre : « Vous avez un problème, madame ? ».
L’autre : « Non, c’est vous qui me regardez bizarrement », puis quand la première s’éloigne : « Salope ! ».
*
La sculpture métallique de Bernar Venet, une courbe de cent quinze degrés cinq, correspondant à la courbure de la Baie des Anges.
*
Les Azuréens, appellation officielle. Ça vaut les Seinomarins.
Après mon petit-déjeuner au Garibaldi, je rejoins le début de la coulée verte et la suis (église du Vœu, lycée Masséna, statue du David de Michel-Ange, statue de Masséna, L’Arc de 115°5 de Bernar Venet) jusqu’à son extrémité, à deux pas de la Promenade des Anglais, puis je parcours celle-ci pour la deuxième fois, sans aller plus loin que le Negresco. Seuls sont sur la plage des pêcheurs à la ligne et deux intrépides baigneurs.
Revenu sur mes pas, je m’offre un café lecture au Relax où on commence à s’inquiéter des informations concernant le temps d’après treize heures. Estrosi ferme les établissements scolaires à midi, les parcs et jardins ainsi que les plages une heure plus tard.
Il fait lourd à midi mais rien ne m’empêche de déjeuner au Nomad où en ce jour de reprise le cuisinier arrive au son du canon. Autant dire que mon menu du lundi n’est pas une nouveauté : pièce de bœuf gratin dauphinois tarte aux framboises quart de vin rouge, dix-neuf euros.
Il n’est pas encore treize heures quand j’ai terminé mais la coulée verte est déjà fermée. Ses sans-abris stagnent aux alentours. Je fais le détour nécessaire et me voici rentré. Malgré la fenêtre ouverte, j’ai un peu chaud. Quand est-ce que ça va tomber ?
Pas avant la fin de l’après-midi. Un orage intense et court.
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Enervements de circonstance sur la Promenade des Anglais :
Une femme à une autre : « Vous avez un problème, madame ? ».
L’autre : « Non, c’est vous qui me regardez bizarrement », puis quand la première s’éloigne : « Salope ! ».
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La sculpture métallique de Bernar Venet, une courbe de cent quinze degrés cinq, correspondant à la courbure de la Baie des Anges.
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Les Azuréens, appellation officielle. Ça vaut les Seinomarins.
4 octobre 2021
L’épisode méditerranéen (comme disent les journalistes) annoncé pour ce dimanche fait faux bond aussi prends-je le train Zou de sept heures quarante-neuf direction Vintimille. J’en descends à la Gare de Monaco. Je la savais enterrée, je ne l’imaginais pas aussi vaste. Il me faut marcher longtemps dans des couloirs de luxe avant de pouvoir respirer l’air frais. Le ciel est plutôt bleu, avec quelques nuages.
Le Palais Princier est fléché pour les piétions. Je passe devant un carabinier habillé de blanc. Lorsque je m’adresse à lui, il me salue militairement avant de me confirmer qu’ici le masque est obligatoire en extérieur. Par une montée assez douce, mais qui m’épuise quand même, j’arrive devant le Palais du Prince, d’architecture sommaire. Un carabinier en garde l’entrée qui, de temps en temps, sort de sa guérite, marche martialement devant l’édifice, puis retourne se poster. Deux autres veillent également sur la place. Leur logis situé en face est assez somptueux.
Je suis seul à cet endroit ce dimanche matin mais plus de cabine téléphonique pour tenter le coup comme Christophe : Allô Stéphanie, ne raccroche pas / C'est dimanche, je passais par-là / Près du Palais, je t'offre un verre.
Seul je le suis aussi devant la Cathédrale et ne croise pas grand monde dans les rues de ce qui tient lieu de vieille ville, dont les ruelles sont un peu trop clinquantes. De là-haut, je considère le port et les horribles immeubles du front de mer. Passant devant le point de départ des bus Deux et l’un étant sur le point de démarrer, j’y fais biper mon passe SudAzur.
Ce bus dont je suis l’unique passager descend vers le port puis chargé de quelques autres prend la direction de Monte Carlo, passe devant le Casino et termine sa course près d’un jardin public qui, comme beaucoup de rues, porte un nom de princesse. Je m’y balade un peu et devant leur enclos trouve qu’ici, même les chèvres ont des airs de princesses.
Avec l’aide de différents autochtones, je redescends près du port par une succession d’ascenseurs puis vais voir à quoi ressemble le marché Condamine vanté par mon Guide du Routard. Pas de quoi m’étonner, ni pouvoir y manger, aussi avec l’aide de deux jeunes Monégasques je retrouve la Gare et son interminable couloir en courbe. Bien que fortement éclairé, il me fait flipper quand j’entends au loin marcher. Je dois y attendre une demi-heure le train pour Nice. Quand enfin il arrive et que je revois le ciel, celui-ci est devenu gris.
Il se met à pleuvoir pendant mon trajet en tram. C’est sous l’auvent de la maison Multari que je déjeune d’une formule lasagnes verre de vin blanc café à douze euros puis je rentre à mon logis provisoire.
*
Mes fenêtres donnent sur la cour, une grande cour à parties privées et à partie commune, entourée de bâtiments de diverses époques et qualités. De cette courée ou des appartements l’entourant me proviennent chaque jour des bruits divers : braillements d’enfants d’une crèche, gueulements de chiens, et parfois, le « Connard ! » du dément.
Ce dimanche après-midi le calme règne, troublé cependant momentanément par les cris d’une femme qui jouit.
Le Palais Princier est fléché pour les piétions. Je passe devant un carabinier habillé de blanc. Lorsque je m’adresse à lui, il me salue militairement avant de me confirmer qu’ici le masque est obligatoire en extérieur. Par une montée assez douce, mais qui m’épuise quand même, j’arrive devant le Palais du Prince, d’architecture sommaire. Un carabinier en garde l’entrée qui, de temps en temps, sort de sa guérite, marche martialement devant l’édifice, puis retourne se poster. Deux autres veillent également sur la place. Leur logis situé en face est assez somptueux.
Je suis seul à cet endroit ce dimanche matin mais plus de cabine téléphonique pour tenter le coup comme Christophe : Allô Stéphanie, ne raccroche pas / C'est dimanche, je passais par-là / Près du Palais, je t'offre un verre.
Seul je le suis aussi devant la Cathédrale et ne croise pas grand monde dans les rues de ce qui tient lieu de vieille ville, dont les ruelles sont un peu trop clinquantes. De là-haut, je considère le port et les horribles immeubles du front de mer. Passant devant le point de départ des bus Deux et l’un étant sur le point de démarrer, j’y fais biper mon passe SudAzur.
Ce bus dont je suis l’unique passager descend vers le port puis chargé de quelques autres prend la direction de Monte Carlo, passe devant le Casino et termine sa course près d’un jardin public qui, comme beaucoup de rues, porte un nom de princesse. Je m’y balade un peu et devant leur enclos trouve qu’ici, même les chèvres ont des airs de princesses.
Avec l’aide de différents autochtones, je redescends près du port par une succession d’ascenseurs puis vais voir à quoi ressemble le marché Condamine vanté par mon Guide du Routard. Pas de quoi m’étonner, ni pouvoir y manger, aussi avec l’aide de deux jeunes Monégasques je retrouve la Gare et son interminable couloir en courbe. Bien que fortement éclairé, il me fait flipper quand j’entends au loin marcher. Je dois y attendre une demi-heure le train pour Nice. Quand enfin il arrive et que je revois le ciel, celui-ci est devenu gris.
Il se met à pleuvoir pendant mon trajet en tram. C’est sous l’auvent de la maison Multari que je déjeune d’une formule lasagnes verre de vin blanc café à douze euros puis je rentre à mon logis provisoire.
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Mes fenêtres donnent sur la cour, une grande cour à parties privées et à partie commune, entourée de bâtiments de diverses époques et qualités. De cette courée ou des appartements l’entourant me proviennent chaque jour des bruits divers : braillements d’enfants d’une crèche, gueulements de chiens, et parfois, le « Connard ! » du dément.
Ce dimanche après-midi le calme règne, troublé cependant momentanément par les cris d’une femme qui jouit.
3 octobre 2021
Ce samedi matin objectif Cannes, seule ville des Alpes Maritime que je connaisse déjà. J’y ai résidé au temps où j’avais une voiture et allais à l’hôtel. Je me souviens que l’hôtelier m’avait dit : « Il faut vous mettre dans la tête que sur la Côte d’Azur tout est cher. » C’est exact pour le magasin U de ma rue où je trouve les mêmes produits qu’à mon U de Rouen mais pas au même prix.
Encore avant, j’étais venu à Cannes un jour d’été, d’embouteillage et de chaleur éprouvante, pour une escapade dans les îles de Lérins, bien accompagné.
Le train de sept heures cinquante-neuf est presque vide. Je m’installe côté mer. C’est encore une belle journée d’été qui commence. Sur des kilomètres de galets se succèdent des pêcheurs à la ligne ayant garé leur voiture carrément sur la plage.
Arrivé à la Gare je trouve rapidement l’église Notre-Dame-de-Bon-Voyage puis tout près le Palais des Festivals. Ces deux bâtiments sans âme pourraient faire nommer la ville Cannes-les-Deux-Eglises. Personnellement je ne suis pratiquant. D’autres se font photographier sur le tapis rouge mais ils sont seuls sur les marches et nul ne les applaudit.
Je fais quelques pas sur la Croisette, autre lieu surfait, puis rebrousse et longe le port où certains riches montrent qu’ils en ont un très gros puis je mets le cap sur la hauteur où est écrit Cannes façon Hollywood.
Après avoir atteint la Porte du Masque (aucun rapport avec le Covid), j’arrive à la Tour du Suquet, au Musée de la Castre et à l’église Notre-Dame-de-l’Espérance d’où l’on a belle vue sur le port et la Croisette.
Sur le parvis, face à la mer, une trentenaire ouvre les bras et lance « William, come to me and marry me !». Dans un français hésitant, elle m’explique que son amoureux est aux Etats-Unis et qu’en raison du Covid elle ne l’a pas vu depuis si longtemps. Je ne juge pas nécessaire de lui dire que les Américains peuvent revenir en France depuis quelque temps. Je lui dis « Bientôt sans doute ».
Redescendu, je me rends compte qu’il n’y a ici ni café ni restaurant pour moi. Aussi je décide de rentrer à Nice. Arrivé à la Gare, j’ai la chance de pouvoir monter immédiatement dans un train qui circule avec cinq minutes de retard.
A onze heures, je suis à la terrasse du Nomad. J’y lis jusqu’à midi puis, après le coup de canon dont la vibration déclenche l’alarme du chantier d’à côté, y déjeune d’une excellente pièce de bœuf tagliatelles au pesto. Avec le quart de vin rouge et l’éclair au chocolat, cela fait dix-neuf euros tout rond.
Je passe ensuite au marché des livres d’occasion, devant l’Hôtel de Ville. Moins de bouquinistes sont présents ce samedi mais qui aime les récits de voyage pourrait repartir avec plusieurs en grand format de chez Phébus à deux euros pièce.
Le café, je le prends au Kalice, sur une place Rossetti bouillonnante. On s’y marie, on s’y donne en spectacle, on se laisse séduire par l’énorme choix du glacier et puis on se retrouve avec un ridicule petit pot en carton et une minuscule cuillère en bois sans autre solution que de manger debout en s’en mettant éventuellement partout.
*
A Cannes, un car promène-touristes entièrement peint par Combas.
*
Dans mon compartiment du Corail Zou de retour, un affreux moutard qui dit à sa mère : « Ne me parle pas comme ça devant les gens ! » Egalement, et face à moi, une jolie blonde en minijupe plissée blanche qui tient son bagage entre ses pieds ce qui l’amène à ouvrir les jambes et à en montrer plus qu’il n’est convenable aux yeux des néo-puritains, mais pas aux miens.
*
Au Nomad, une Niçoise à propos d’une autre Niçoise qui passe : « Comment peut-on mettre un chemisier à fleurs avec une jupe à carreaux ? » C’est vrai que ça fait bizarre.
Deux autres derrière moi :
-Si un jour tu as besoin d’un infirmier, je te recommande Antoine.
-Il faut garder les bonnes adresses.
-Ah oui, je l’ai mis dans mes contacts.
Encore avant, j’étais venu à Cannes un jour d’été, d’embouteillage et de chaleur éprouvante, pour une escapade dans les îles de Lérins, bien accompagné.
Le train de sept heures cinquante-neuf est presque vide. Je m’installe côté mer. C’est encore une belle journée d’été qui commence. Sur des kilomètres de galets se succèdent des pêcheurs à la ligne ayant garé leur voiture carrément sur la plage.
Arrivé à la Gare je trouve rapidement l’église Notre-Dame-de-Bon-Voyage puis tout près le Palais des Festivals. Ces deux bâtiments sans âme pourraient faire nommer la ville Cannes-les-Deux-Eglises. Personnellement je ne suis pratiquant. D’autres se font photographier sur le tapis rouge mais ils sont seuls sur les marches et nul ne les applaudit.
Je fais quelques pas sur la Croisette, autre lieu surfait, puis rebrousse et longe le port où certains riches montrent qu’ils en ont un très gros puis je mets le cap sur la hauteur où est écrit Cannes façon Hollywood.
Après avoir atteint la Porte du Masque (aucun rapport avec le Covid), j’arrive à la Tour du Suquet, au Musée de la Castre et à l’église Notre-Dame-de-l’Espérance d’où l’on a belle vue sur le port et la Croisette.
Sur le parvis, face à la mer, une trentenaire ouvre les bras et lance « William, come to me and marry me !». Dans un français hésitant, elle m’explique que son amoureux est aux Etats-Unis et qu’en raison du Covid elle ne l’a pas vu depuis si longtemps. Je ne juge pas nécessaire de lui dire que les Américains peuvent revenir en France depuis quelque temps. Je lui dis « Bientôt sans doute ».
Redescendu, je me rends compte qu’il n’y a ici ni café ni restaurant pour moi. Aussi je décide de rentrer à Nice. Arrivé à la Gare, j’ai la chance de pouvoir monter immédiatement dans un train qui circule avec cinq minutes de retard.
A onze heures, je suis à la terrasse du Nomad. J’y lis jusqu’à midi puis, après le coup de canon dont la vibration déclenche l’alarme du chantier d’à côté, y déjeune d’une excellente pièce de bœuf tagliatelles au pesto. Avec le quart de vin rouge et l’éclair au chocolat, cela fait dix-neuf euros tout rond.
Je passe ensuite au marché des livres d’occasion, devant l’Hôtel de Ville. Moins de bouquinistes sont présents ce samedi mais qui aime les récits de voyage pourrait repartir avec plusieurs en grand format de chez Phébus à deux euros pièce.
Le café, je le prends au Kalice, sur une place Rossetti bouillonnante. On s’y marie, on s’y donne en spectacle, on se laisse séduire par l’énorme choix du glacier et puis on se retrouve avec un ridicule petit pot en carton et une minuscule cuillère en bois sans autre solution que de manger debout en s’en mettant éventuellement partout.
*
A Cannes, un car promène-touristes entièrement peint par Combas.
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Dans mon compartiment du Corail Zou de retour, un affreux moutard qui dit à sa mère : « Ne me parle pas comme ça devant les gens ! » Egalement, et face à moi, une jolie blonde en minijupe plissée blanche qui tient son bagage entre ses pieds ce qui l’amène à ouvrir les jambes et à en montrer plus qu’il n’est convenable aux yeux des néo-puritains, mais pas aux miens.
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Au Nomad, une Niçoise à propos d’une autre Niçoise qui passe : « Comment peut-on mettre un chemisier à fleurs avec une jupe à carreaux ? » C’est vrai que ça fait bizarre.
Deux autres derrière moi :
-Si un jour tu as besoin d’un infirmier, je te recommande Antoine.
-Il faut garder les bonnes adresses.
-Ah oui, je l’ai mis dans mes contacts.
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