Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

En lisant A la demande générale d’André Blanchard

3 février 2015


Poursuivant ma lecture désordonnée des carnets d’André Blanchard, je termine A la demande générale qui couvre la période deux mille neuf à deux mille onze, un volume publié au Dilettante, avec toujours le même dessin en couverture, de Y5/P5 (Bazooka), un scribouillard énervé aux cheveux ébouriffés cerné par les livres, cette fois en couleur mauve.
Le bougon de Vesoul y est selon sa coutume déprimé à la première personne du pluriel et affecté dès deux mille neuf par les prémisses de la maladie qui l’oblige à ne plus fumer et allait le tuer cinq ans plus tard:
C’est le syndrome bronchique qui me présente l’addition, qu’un jour prochain je crains de ne pouvoir régler ; d’où l’obligation d’arrêter. Cette privation m’effraie plus que la maladie.
Hostile au monde comme il va, Blanchard se réfugie dans celui d’avant, faisant régulièrement appel aux anciens:
Allons, continuons d’aller à rebours et de nous trouver bien comme cela.
Ce qui ne lui évite pas l’écueil de reprendre à son compte les tics de langage d’aujourd’hui ou de la veille : Celui qui raffole énorme des livres, Au final, Cela dépend si le sujet nous branche, Je serais au top, comme pub pour Sisyphe, Si le soleil nous la joue à celui qui ne compte pas ses heures.
Toujours gardien de la galerie d’art contemporain, sa seule sortie récréative le mène à la brocante mensuelle où il achète la plupart des livres qu’il lit, beaucoup d’auteurs oubliés, qu’il débine en de longs paragraphes, C’est donc un livre qui pourrait avoir pour titre Où je lis à votre place. Il ne manque pas de lancer quelques piques vers Michon, sa bête noire, et vers le succès du moment : Naissance d’un pont de Maylis de Kerangal. Eh bien, disons que le plus beau dans tout cela, c’est le nom de l’auteur. Dommage qu’il ajoute : Je blague.
Autre sujet auquel Blanchard revient régulièrement et qui me fait passer au paragraphe suivant : Nougat, son chat, dont il narre les derniers mois et la mort avec autant de détails et d’apitoiement qu’un Léautaud, l’une de ses lectures récurrentes.
Il n’empêche que j’aime le lire et qu’il y a toujours par-ci par-là, une formule heureuse qui mérite d’être notée, celle-ci par exemple : J’écris à la place des gens qui ne me liront jamais.
                                                                         *
Je n’oublierai pas cette promenade deux fois crépusculaire (puisque la nuit venait et que nous allions nous quitter) (Proust cité par Blanchard)
                                                                         *
Mot trouvé chez Blanchard : hypallage, que m’explique le Larousse :
Figure de rhétorique consistant à attribuer à certains mots d'une phrase ce qui convient à d'autres mots de la même phrase (par exemple Ce marchand accoudé sur son comptoir avide [V. Hugo].
                                                                         *
Et zeugme d’icelui : Une plume se doit d'être sur ses gardes, et la monter.