Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

En lisant les Lettres de Venise du Baron Corvo

10 novembre 2015


Lecture d’il y a quelques semaines, les Lettres de Venise du Baron Corvo, un ouvrage qui regroupe les lettres adressées à son ami anglais Charles Masson Fox, fils d’une famille quaker très respectée, qui avait l’ordre de les détruire, par Frederick Rolfe, dit le Baron Corvo, arrivé à Venise en août mil neuf cent huit.
D’un coup de tampon, sur la page de titre, pour réparer un oubli, l’éditeur Jean-Paul Bertrand (Le Rocher) a indiqué « Traduction et Préface de Michel Bulteau ». Le livre est illustré d’anonymes dessins de garçons nus, ces garçons étant l’objet des désirs et des fantasmes du Baron, comme le montre ces échantillons :
On peut aussi le fourrer, les genoux écartés à l’extrême, se cabrant, eh bien, oui, il pourrait se cabrer (bien ouvert) prêt à recevoir le membre entier dans sa chaleur intime, empalé, éjaculant entre ses fesses. (vingt-huit novembre mil neuf cent neuf)
Imagine un garçon en pleine santé qui adore prendre du plaisir avec un mâle et s’y adonne sans réserve, avec joie et ardeur, eh bien, j’en suis sûr, un tel garçon conservera sa jeunesse et sa fraîcheur infiniment plus longtemps qu’un gaillard qui chasse la donzelle dès la puberté. (onze décembre mil neuf cent neuf)
Tous les deux vous préférez les plus jeunes –ma préférence va à ceux de 16, 17 et 18 ans bien développés. Je ne vous comprends toujours pas. Mon plaisir est incomplet avec un jeune corps. Il est allongé sur le dos. Je me love contre son ventre, mon dard enfoui dans la douceur de ses cuisses. (jeudi treize janvier mil neuf cent dix)
Le Jour de l’An, Zildo quitta l’Osmarin en cachette avec Carlo –(quelle insulte pour Piero que l’outsider Carlo !)– et ils se sont tapé cinq filles, l’une après l’autre, tout nus, en plein jour, de 2 à 4. Et Carlo suivait. « Que de laides créatures dans le monde ! », se lamentait Piero. (Mais imagine le plaisir que ces brutes enfiévrées ont dû procurer aux filles !) (vingt janvier mil neuf cent dix)
Nous avons fini ensemble. Une longue abstinence nous avait fait perdre tout contrôle. Il ne pouvait se retenir ; collés l’un à l’autre, déchargeant des torrents de sperme –des torrents. (vingt-six janvier mil neuf cent dix)
Venise ne réussira pas au Baron Corvo, qui peu à peu s’y appauvrit :
Tu dois savoir que le consul a réagi. Grâce à qui et pourquoi, je ne sais. Mais il m’a écrit spontanément, me proposant un billet pour Douvres ou Newhaven, en troisième classe et sans bagages. (…)
Et, selon la loi italienne, un étranger sans moyen de subsistance est immédiatement reconduit à la frontière. Cela ne doit pas m’arriver. (vingt et un août mil neuf cent dix)
Cela n’arrivera pas, il mourra d’une crise cardiaque le vingt-cinq octobre mil neuf cent treize à l’âge de cinquante-trois ans.